La prophylaxie homéopathique, c’est nouveau, ça vient de sortir.

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Il y a plus de 30 ans au cours d’un dîner auquel j’avais été convié chez des amis, je fis la connaissance de Christian Boiron, l’héritier de la plus importante usine de médicaments homéopathiques de France et il me déclara, connaissant mon cursus universitaire, qu’il gagnait de l’argent en vendant du glucose, de l’eau et de l’alcool. Il avait donc une haute opinion de l’efficacité de l’homéopathie. Aux USA comme dans de nombreux autres pays européens l’homéopathie est toujours considérée comme une alternative efficace à l’allopathie et, bien qu’aucune évidence scientifique n’ait jamais pu être avancée pour prouver l’efficacité de cette « médecine alternative » elle reste toujours très populaire, à tel point que des médecins peu scrupuleux proposent l’homéopathie comme une alternative à la vaccination. Cette thérapie consiste à proposer aux patients un traitement consistant à ingérer de fortes doses de vitamine C. Parallèlement ce traitement est supposé « réparer » les dégâts de la vaccination qui est pour ces mêmes médecins la cause principale de l’autisme. Il s’agit dans les pays anglo-saxons, Canada, USA, Grande-Bretagne et Australie de la thérapie CEASE ( cease-therapy.com ). Divers extraits homéopathiques sont ajoutés à la vitamine C et le traitement « orthomoléculaire » ainsi formulé permet au cerveau de l’enfant de se régénérer. Aux Etats-Unis plus de 2000 enfants suivent un tel traitement, ça laisse rêveur.

La « prophylaxie homéopathique » prétend que les « nosodes », un terme regroupant des extraits dilués de tissus humains (ou animaux) infectés par des bactéries ou des virus pathogènes, sont une alternative aux vaccins. Pris oralement ils sont considérés comme plus efficaces que ces derniers. La FDA (aux USA) n’a jamais approuvé ce type de traitement qui est supposé être la panacée pour consolider le système immunitaire des enfants non vaccinés. On ne peut que constater tristement que la rougeole, considérée depuis le début des années 2000 comme éradiquée de part et d’autre de l’Atlantique Nord, a fait un retour inattendu dans ces pays pourtant considérés comme à la pointe du confort sanitaire et médical. La population semble ignorer que la médecine est une science, elle s’enfonce aujourd’hui dans un obscurantisme inquiétant.

Source partielle : The Guardian

Lire aussi l’article paru sur le site Contrepoints ce 12 Juin 2019 :

https://www.contrepoints.org/2019/06/12/346618-le-scandale-du-remboursement-de-lhomeopathie?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=883dea8e17-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-883dea8e17-113560105&mc_cid=883dea8e17&mc_eid=f88419e9a8

 

Alzheimer et homéopathie : même combat !

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Par décret paru au Journal Officiel de la République Française le Premier Juin 2018 les 4 spécialités et leurs génériques prescrites pour non pas soigner la maladie d’Alzheimer mais en retarder l’évolution ne sont plus remboursées par la sécurité sociale française. Il s’agit de l’Aricept ou Donepezil, de l’Exelon (rivastigmine), de la Galantamine (ou Reminyl) et de la Memantine (Ebixa). Il est opportun de rappeller ici que les « spécialités » de l’homéopathie sont toujours remboursées par la sécurité sociale. Mais là n’est pas le fond du problème, encore que … La réalité est tout autre : depuis plus de 15 ans aucun des 500 essais cliniques réalisés dans le domaine du traitement de la maladie d’Alzheimer n’a été couronné d’un quelconque succès. Outre les effets secondaires parfois difficiles à supporter de ces médicaments il s’agit en réalité de vaches à lait des laboratoires pharmaceutiques qui ont osé les mettre sur le marché en dépit des résultats décevants des essais cliniques qui n’ont jamais montré clairement de ralentissement de cette maladie ni de la démence progressive associée à la maladie de Parkinson. Il s’agit pour trois de ces spécialités d’inhibiteurs de l’acétyl-choline estérase, mode d’action qui n’a jamais été formellement montré comme pouvant infléchir l’évolution de ces démences. La quatrième spécialité, la Memantine, interfère avec le système glutamatergique neuronal sans toutefois affecter les jonctions synaptiques, fort heureusement !

C’était un peu difficile à comprendre mais dans la mesure où on ne connait pas encore les causes initiales – il y a probablement une conjonction de plusieurs éléments – de la dégénérescence neuronale, s’attaquer aux effets comme ce fut le choix des grands laboratoires pharmaceutiques n’est à l’évidence pas une solution. Alors que les traitements avec ces produits peuvent atteindre jusqu’à 500 euros par mois pour des résultats loin d’être satisfaisants il faut reconnaître que la décision du gouvernement français est justifiée au grand dam des médecins prescripteurs et des familles qui espèrent toujours une amélioration de l’état de santé de leurs proches. En effet si un malade va consulter son médecin il attend de lui (ou d’elle, qu’on ne m’accuse pas de sexisme) une prescription : c’est rassurant. Alors pourquoi ces mêmes médecins ne prescriraient-ils pas des « spécialités homéopathiques » – qui sont elles toujours remboursées – pour traiter les maladies neurodégénératives puisque tous ces produits coûteux n’ont qu’un effet placebo comme les médicaments homéopathiques ?

L’homéopathie ne guérit pas mais elle peut aussi tuer !

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Il s’agit d’un cas exemplaire de l’inutilité de l’homéopathie mais également de sa dangerosité. Non seulement cette fausse médecine ne guérit pas mais elle peut être dangereuse. Soigner une pathologie sérieuse par l’homéopathie est inutile voire dangereux dans la mesure où des traitements allopathiques permettraient d’en venir à bout. Utiliser des remède dits 100 % naturels fabriqués et vendus par ces firmes d’escrocs comme par exemple Boiron en France ou Hyland’s aux USA, les deux plus grosses compagnies qui se complaisent à abuser de la crédulité de millions de personnes, peut de surcroit être à la limite mortel.

Entre 2006 et 2016 la FDA américaine (Food and Drug Administration), l’équivalent de l’EFSA en Europe, a répertorié les cas de 370 enfants ayant souffert de sérieux effets adverses de gommes à mâcher ou de gels pour calmer les douleurs buccales lors des poussées des dents. Huit enfants sont morts à la suite de l’administration par leurs parents stupidement adeptes des traitements dits naturels et proposés par ces firmes mercantiles. Les « Teething Tablets » proposées par la firme Hyland’s contiennent des extraits de belladone (Atropa belladona) l’une des plantes les plus toxiques qu’on puisse rencontrer un peu partout dans l’Hémisphère nord. Cette plante contient divers alkaloïdes dont de l’atropine et de la scopolamine et elle est connue dans la médecine traditionnelle comme analgésique et son nom provient du fait qu’une décoction dilate les pupilles et rendrait les femmes plus belles ( bella dona). Les enfants sont infiniment plus sensibles que les adultes aux effets des neurotropes de ce type de substances et les firmes productrices de préparations naturelles pour soigner divers maux ne sont pas assujetties à la législation habituelle d’autorisation de mise sur le marché comme c’est le cas pour l’allopathie.

Bien que la FDA ait à plusieurs reprises averti le public que ces tablettes et autres gels utilisés pour les douleurs dentaires chez l’enfant étaient inefficaces voire dangereuses, ces firmes utilisent donc des dilutions suffisantes pour incommoder sérieusement (et très rapidement) des enfants et selon la sensibilité de ces derniers les tuer. Une dilution des principes actifs à 30CH, une notation pour le moins ésotériques – mais ça fait plus sérieux – n’a strictement plus aucun effet et la FDA ne statue en généralement pas. Alors, pour des raisons évidentes de marketing les extraits de belladone de Hyland’s ont été un peu « forcés » dans ces tablettes à mâcher pour bien prouver que ces produits étaient efficaces. Résultat : huit enfants morts, bravo l’homéopathie et bravo aux médecins qui se targuent de prescrire ces produits sachant parfaitement qu’ils sont soit totalement inutiles soit carrément dangereux …

Source : Statnews.com

L’homéopathie tue !

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J’ai souvent disserté sur ce blog de l’homéopathie, l’anti-science par excellence, qui réalise pourtant, rien qu’aux USA, près de 7 milliards de chiffre d’affaire annuel, sans aucun appui scientifique avéré et prospérant seulement en exploitant la crédulité sans limite (comme aurait dit Einstein à propos de la bêtise humaine) de personnes totalement lobotomisées par une publicité mensongère savamment orchestrée par les sociétés impliquées dans ce business de dupes dont en particulier les Laboratoires Boiron sis dans la lointaine banlieue ouest de Lyon, pas très loin de mon hameau natal.

Cette fois-ci c’est plus grave : l’homéopathie tue !

Les idiots qui achètent des gels ou des sucettes pour leur enfant commençant à « mettre » des dents, je crois qu’on utilise cette expression dans nos chaumières, garanties efficaces contre la douleur, produites par des laboratoires homéopathiques et contenant des extraits de belladone pour soit-disant calmer les douleurs des enfants, ont déjà tué à ce jour 10 enfants aux USA. Je suis allé faire une recherche sur Google en entrant « Hyland’s teething products » et j’ai trouvé en première page 11 entrées relatives aux produits pour calmer les enfants … Hyland a versé un gros paquet de dollars à Google pour faire sa publicité auprès des gogos qui veulent passer des soirées calmes devant leur télévision en intoxicant leur enfant avec de la belladone.

Dès 2010 la FDA avait émis une alerte sur les dangers des extraits de cette plante qui furent un temps utilisés comme anti-douleurs mais dont les effets imprévisibles conduisirent rapidement à son interdiction thérapeutique.

La belladone (Atropa belladona) contient plusieurs alcaloïdes neurotoxiques dont l’atropine, la scopolamine et l’hyoscyamine qui interfèrent avec le système nerveux parasympathique pouvant conduire à la mort. Plus de 400 enfants aux USA ont présenté des troubles sérieux nécessitant une hospitalisation en urgence malgré les alertes de la FDA et le fait que Hyland reste dans le déni et n’a pas manifesté la moindre excuse auprès de ses clients. Les produits homéopathiques contenant des extraits de belladone restent toujours en vente libre … C’est vraiment une confirmation que la bêtise humaine n’a pas de limite !

Homéopathie : la mémoire de l’alcool !!!

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L’immense polémique qui surgit en juin 1988 quand Jacques Benveniste osa publier un article dans le périodique scientifique Nature relatif à la mémoire de l’eau n’en finit pas de faire des vagues. On peut dire que cette publication de Benveniste constitue si l’on peut dire l’officialisation  de la fausse-science, on peut dire aussi la scientologie, qui perdure encore de nos jours dans de nombreux domaines. À l’époque le rédacteur en chef de Nature était un dénommé John Maddox. Comme le concept même de « mémoire de l’eau » était – et est encore – une gigantesque imposture scientifique, Maddox n’eut pas besoin d’attendre très longtemps pour voir arriver une avalanche de travaux contredisant ceux de Benveniste. Il en profita tout de même pour écrire un éditorial particulièrement acerbe dénonçant l’imposture de Benveniste. Il est important de rappeler que Benveniste avait obtenu un contrat avec les laboratoires Boiron (leader mondial de l’homéopathie) pour financer ses recherches sur les leucocytes. Inutile d’avoir beaucoup d’imagination pour comprendre que ces laboratoires avaient un immense intérêt à vendre de l’eau au cas où le liquide mémoriserait par dieu seul sait quel mécanisme les substances chimiques qui avaient été initialement mises en solution pour préparer cet échantillon d’eau chimiquement pur après avoir effectué des dilutions d’un facteur 1/10 élevé à la puissance 30 ! Là où l’imposture reprit de l’ampleur c’est quand Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour la découverte du virus du SIDA, apporta son soutien scientifique à Benveniste en 2007 … Cet épisode fâcheux pour Montagnier rappelle les incongruités de Linus Pauling, également nobélisé, qui prétendit que s’administrer plusieurs grammes chaque jour d’acide ascorbique ne pouvait qu’être bon pour la santé … À croire que les Prix Nobel planent sur leur nuage et que tout leur est permis y compris pratiquer de la fausse science.

Cette entrée en matière pour préciser que l’homéopathie, c’est de cette imposture-là dont il s’agit ici, formule des produits chimiques ou des extraits variés de plantes ou d’animaux, y compris des insectes, après des dilutions astronomiques dans de l’eau, de l’eau glucosée ou de l’alcool, à croire que le glucose et l’alcool possèdent aussi cette propriété de mémoire transmise par l’eau ! L’homéopathie n’est pas une science, c’est un commerce frauduleux et extrêmement juteux (voir note en fin de billet). L’homéopathie est-elle efficace ? La réponse est clairement non ! L’homéopathie commercialise des placébos coûteux et pour bien confondre les esprits cette industrie utilise des mots incompréhensibles remontant aux pratiques des alchimistes. Savez-vous ce que vous ingurgitez avec un flacon d’alcool supposé contenir 20CH d’Humulus lupulus ou de Natrum Muriaticum ? Heureusement parce que vous seriez surpris(e). Le Natrum Muriaticum c’est du vulgaire sel de cuisine et l’Humulus lupulus le tout aussi vulgaire houblon qu’on ajoute au malt pour donner sa saveur amère à la bière !!!

Les associations protectrices de la santé humaine ont obtenu l’affichage obligatoire de la présence de produits provenant de plantes génétiquement modifiées. Quid de l’homéopathie qui échappe aux régulations imposées à l’allopathie en termes d’affichage ? C’est le flou artistique. Mais parmi ces médications d’une autre époque il y a une formulation qui possède un réel principe actif : l’alcool. Il existe une préparation homéopathique contenant comme seul principe actif 20 % d’alcool pour combattre la constipation. La boite de 6 ampoules de 2 centilitres coûte 36 dollars et pour ce prix-là on peut s’acheter une bouteille de bonne vodka qui contient le même principe actif ! Pire encore les enfants peuvent se traiter avec cette « préparation » anti-constipation. Pour ma part je préfère le rhum agricole des Antilles françaises …

Si le régulateur exigeait un étiquetage sérieux des produits homéopathiques cette industrie disparaîtrait immédiatement car ses adeptes comprendraient qu’ils sont pris pour de fieffés imbéciles. La résurgence de la pseudo-science n’a pas de limites dans la mesure où elle permet de réaliser des profits à bon compte. Par exemple la firme américaine CVS-Caremark ( investors.cvscaremark.com ) s’est donné pour mission de « réinventer la pharmacie » en commercialisant des produits homéopathiques innovants. J’ignorais qu’on pouvait innover dans la fraude et le mensonge mais la fin justifie les moyens …

Inspiré d’un article paru dans Slate.com

Note : Au cour d’un dîner lyonnais mondain intime, nous n’étions qu’une douzaine de convives, j’ai rencontré Christian Boiron et en tant que biologiste intègre je me suis permis de l’interpeller au sujet de ses activités industrielles plus que douteuses. Il m’a simplement et presque naïvement répondu qu’il gagnait sa vie en vendant des petites billes de glucose colorées, de l’eau et éventuellement de l’alcool à 20 degrés et qu’il se moquait du reste car il employait plusieurs milliers de personnes et qu’à ce titre il était respecté … À méditer.

Le Prince Charles en visite aux USA pour soutenir l’homéopathie, les médecines alternatives et d’autres billevesées !

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Je me bornerai ici à traduire librement un article paru dans un blog américain de Slate.com écrit par David Gorski que j’ai trouvé intéressant ( http://www.slate.com/articles/health_and_science/medical_examiner/2015/03/prince_charles_visits_washington_d_c_and_kentucky_homeopathy_and_anti_gm.html ). J’ai ajouté quelques commentaires de mon cru …

Comme beaucoup d’Américains, j’ai tendance à considérer la famille royale britannique (c’est David Gorski qui écrit, je n’ai pas d’opinion personnelle) avec un certain amusement en réalisant qu’une telle nation avancée comme la Grande-Bretagne maintienne toujours un appendice du gouvernement suranné et inutile, sinon très coûteux, que sont la Reine et la famille royale avec ses coutumes de succession au trône médiévales et héréditaires. C’est aussi le mélange fascinant de l’ancien et du moderne dont est capable la famille royale en organisant le mariage du Prince William et de Catherine Middleton. Richesse et pompe mises à part, je ne peux toujours pas manifester de sympathie pour le Prince Charles qui, du haut de ses 66 ans, a passé sa vie à attendre de devenir roi. D’un autre côté, en tant qu’éditeur du blog Science-Based Medicine mon attention pour le Prince Charles est moins historique ou culturelle que médicale, raison pour laquelle je m’intéresse à sa visite aux USA cette semaine (l’article a été écrit le 16 mars).

Mardi, le Prince de Galles et la Duchesse de Cornouailles arrivent aux USA pour une visite de 4 jours. Selon les informations divulguées par le Bureau du Prince, Charles et Camilla entreprendront une large consultation pour promouvoir la collaboration entre les USA et le Royaume-Uni dans des domaines clés comme le développement durable et le changement climatique, créant des opportunités pour la jeunesse, encourageant la responsabilisation sociale et en promouvant les liens historiques et culturels. Ils passeront pour cela trois jours à Washington DC mais ce n’est pas cet aspect de leur visite qui attire l’attention de ceux qui se préoccupent de science dans le domaine médical. Vendredi 20 mars Charles et Camilla se rendront à Louisville dans le Kentucky où le Prince « montera en exergue le travail accompli par les membres de la communauté locale et des organisations caritatives pour protéger, préserver et promouvoir la santé et le bien-être des habitants de Louisville par la cohésion de la communauté, les initiatives sur la pureté de l’air et l’enseignement d’une alimentation saine« . Ça semble assez bénin et peut-être l’est-ce aussi. Cependant, peu de temps après le communiqué de presse de l’office du Prince un article paru dans le Daily Beast (un site que je consulte régulièrement, voir le lien) intitulé : « Le Prince Charles qui croit aux sorcières veut donner une leçon de médecine aux Américains » :

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Ce titre a peut-être choqué certains Américains mais il n’est pas injustifié. Ce que les Anglais connaissent du Prince, la plupart des Américains l’ignorent : le Prince Charles est un fervent défenseur des médecines alternatives dont l’homéopathie, l’une des formes les plus ridicules et élaborées de charlatanisme d’un point de vue scientifique. (Je précise que witchcraft  signifie sorcellerie et quackery charlatanisme).

En bref, l’homéopathie est un système médical vieux de deux cent ans inventé par Samuel Hahnemann et basé sur deux lois : la loi des similitudes qui stipule que ce qui est semblable au mal guérit ce mal et la loi des infinitésimaux qui considère que diluer un remède homéopathique le rend plus puissant. En homéopathie une dilution de « 30C », c’est-à-dire 30 dilutions successives d’un facteur 100, n’est pas rare, c’est une dilution d’un facteur de 10 élevé à la puissance 36 soit dix mille milliards de fois supérieure au nombre d’Avogadro, ce qui veut dire qu’il est extrêmement improbable que la moindre molécule de matière active originale puisse encore se trouver dans la préparation homéopathique. Le nombre d’Avogadro ou constante du même nom est le nombre de molécules vrais que contient « une mole » d’une substance donnée. Par exemple dans 18 grammes d’eau il y a N molécules d’eau vraies :

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Un tel genre de remède homéopathique, l’Oscillococcinum, vendu par Boiron pour traiter la grippe consiste en une dilution « 200C » (je vous laisse le soin de calculer) de Anas Barbariae Hepatis et de Cordis Extractum, en d’autres termes des extraits de foie et de cœur de canard de barbarie (voir la note en fin de billet) …

En 2008, devant le soutien du Prince à l’homéopathie et d’autres charlatanismes, la blogosphère britannique médicale surnomma le Prince de « Charlatan Royal ». David Colquhoun, pharmacologiste à l’University College de Londres, déclara même que le Prince Charles représentait un réel danger pour le gouvernement et sa politique de santé du pays. En bref, les critiques ont considéré que le Prince utilisait sa position et son influence pour promouvoir les médecines alternatives.

Charles s’est intéressé depuis son enfance aux thérapies médicales alternatives. Il alla en effet, alors jeune Prince, en voyage de découvertes spirituelles dans les contrées sauvages du Kenya sous la protection du guide et gourou Laurens van der Post. Après la mort de cet individu une biographie le décrivit comme fraudeur, fantaisiste, menteur, compulsivement infidèle à son épouse et « paternaliste » (on peut aussi traduire par pédophile) qui falsifia son livret militaire pour se donner de l’importance. Van der Post était un partisan du « vitalisme », une croyance mettant en avant l’existence d’une force vitale ou force de vie semblable au qi et au prana dans les médecines traditionnelles chinoise ou ayurvédique. Il s’avéra en réalité que cet individu était avant tout un charlatan bien qu’il fut promu conseiller de Margaret Thatcher et le véritable gourou du Prince Charles. Le Prince Charles basa donc ses croyances en ces médecines alternatives sur le vitalisme et usa de sa notoriété pour les promouvoir. En 2006 il osa même prêcher pour une intégration des médecines alternatives dans la médecine conventionnelle devant un parterre de fonctionnaires de l’OMS à Genève parce que, selon lui, elles sont enracinées dans les traditions anciennes qui comprirent intuitivement le besoin de maintenir une balance harmonieuse entre notre corps, notre esprit et la nature et ainsi la médecine moderne avait donc besoin de cette intégration dans une approche plus holistique, tout en vantant au passage certaines pratiques de la médecine chinoise comme l’acupuncture. La Fédération Américaine des Sociétés de Biologie Expérimentale marqua le coup en décrivant le Prince Charles comme parti en guerre contre la science ! Dans la foulée, treize des plus éminents médecins du Royaume-Uni publièrent une lettre ouverte dénonçant l’intégration des médecines alternatives, dont l’homéopathie, dans le système de santé publique anglais comme le souhaitait le Prince Charles ( http://www.homeowatch.org/news/baum.html ).

La Fondation pour une Santé Intégrée (FIH) créée par le Prince Charles en 1993 avait pour but d’explorer comment des thérapies alternatives prouvées comme étant saines pouvaient fonctionner en harmonie avec la médecine conventionnelle. Cette fondation fit l’objet d’attaques réitérées car elle promouvait le charlatanisme et fut finalement interdite en 2010 pour malversations frauduleuses d’un montant de 300000 livres. Un porte-parole de cette fondation déclara que de toutes les façons l’arrêt des activités de cette fondation avait été programmé et que les évènements avaient seulement accéléré sa fermeture. Curieusement une nouvelle entité naquit des cendres de la fondation du Prince Charles et fit la une des journaux avec un tant soit peu de sarcasmes non dissimulés : ( http://www.theguardian.com/lifeandstyle/2010/aug/02/prince-charles-college-medicine-holistic-complementary ) . Le Prince a lui-même fait la promotion d’une teinture à base de pissenlit et d’artichaut qui facilite la digestion tout en détoxifiant l’organisme. Il essuya des critiques féroces l’accusant de colporter son charlatanisme auprès des médias : ( http://www.theguardian.com/uk/2009/mar/11/prince-charles-detox-tincture ).

Passons sur les sordides démêlés entre le Prince Charles et un certain Edzard Ernst, médecin ouvert aux médecines alternatives à propos d’une chaire proposée à l’Université d’Exeter. Ce médecin, évincé de la chaire de médecine alternative de l’Université à la suite d’une intervention directe du Prince n’en finit plus de publier des ouvrages dénonçant le charlatanisme de l’ensemble de ces pratiques n’ayant strictement rien à partager avec la science. Bref, Ernst fut mis à la retraite anticipée pour en quelque sorte lui imposer le silence et ainsi ne plus invectiver directement le Prince de Galles.

Franchement, pourquoi les Américains se soucieraient-ils de la visite du Prince Charles sur leur sol ? Peut-être bien parce que la conférence d’inauguration de ce symposium de Louisville sera présentée par le Prince. On peut s’étonner des très vagues articles relatant cet événement. Laconiquement ce symposium est en partie encouragé par le gouverneur démocrate de l’Etat, le maire de Louisville, la Fondation charitable Owsley Brown et l’Institut de l’Air, de l’Eau et du Sol dirigé par une dénommée Christina Lee Brown, également membre d’une organisation basée en Grande-Bretagne appelée « Sustainable Food Trust » qui n’est qu’une organisation orientée « bio » comme les aime le Prince de Galles ( http://sustainablefoodtrust.org/about-us/ ) franchement hostile aux plantes transgéniques et à toute nourriture pouvant contenir la moindre trace de produits issus de plantes transgéniques. Naturellement cette organisation a soutenu Séralini dans ses travaux ainsi qu’une obscure pseudo-scientifique australienne qui publia des travaux sur des porcs nourris avec du maïs transgénique, travaux publiés dans une revue sans comité de lecture et même pas référencée par PubMed, c’est dire le niveau … On comprend donc mieux pourquoi le Prince Charles a accepté cette invitation pour soutenir les pseudoscientifiques, les charlatans et la médecine anti-science puisque ces sujets ont toujours été sa préoccupation première … Après un tel récit (ce commentaire est de mon cru comme plusieurs autres remarques, traduction libre ai-je précisé) on comprend sans peine pourquoi la Princesse Diana décida de fuir cet étrange personnage.

http://www.thedailybeast.com/articles/2015/02/20/witchcraft-believing-prince-charles-to-lecture-u-s-on-medicine.html

Note : Christian Boiron m’avait confié personnellement il y a une bonne trentaine d’années sans aucune gène qu’il faisait fortune en vendant de l’eau et du glucose. Lui-même ne croyait pas à l’efficacité de l’homéopathie.

L’homéopathie revisitée

 

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Il faut d’abord définir ce qu’est l’homéopathie car beaucoup d’utilisateurs des médicaments homéopathiques ne savent pas trop ce dont ils parlent. L’homéopathie est apparue il y a environ 200 ans et constitue aujourd’hui la première médecine alternative. Le traitement est basé sur le principe de « similitude » qui consiste à traiter un patient avec des substances faisant apparaître les mêmes symptômes que ceux de la maladie dont il souffre. Dans la pratique, des substances variées allant d’un métal commun comme le fer jusqu’à des extraits de plantes voire d’insectes sont diluées presque jusqu’à l’infini pour potentialiser l’eau. Cette eau est ensuite mélangée avec du glucose, le tout est séché et transformé en petites sphères éventuellement colorées. D’autres préparations homéopathiques se présentent sous forme liquide et il s’agit dans ce cas d’extraits hydroalcooliques également fortement dilués. La littérature scientifique et médicale relative à l’homéopathie est abondante, on s’en doute, puisque les laboratoires pharmaceutiques qui vendent en définitive de l’eau avec un peu d’alcool et surtout du glucose doivent entretenir le bien-fondé de leur business à l’aide d’études variées donnant lieu à des publications supposées être d’une valeur scientifique inattaquable.

Une étude australienne récente (fin 2013, voir le lien) s’est penchée sur la question de la validité de l’homéopathie en ratissant très largement le domaine. Juste pour situer l’immense travail qui a été réalisé la base de données Medline (EMBASE.com) a permis de faire sortir 436 citations valides sur 172931 comprenant le mot homeopathy, la base PubMed 711 citations, la base PubMed Health 169 et la base Cochrane 50 soit un total de 1367 articles relatifs à l’homéopathie et susceptibles d’analyses ultérieures, le reste étant sans valeur. L’étude a été naturellement réalisée selon des critères de tri suivant des protocoles d’analyse parfaitement définis internationalement afin de ne pas introduire d’erreurs d’appréciation préjudiciables à l’analyse globale finale. Sur ces 1367 publications seulement 60 se sont révélées présenter une qualité scientifique suffisante pour être prises en compte en détail.

On peut immédiatement se rendre compte que la littérature scientifique relative à l’homéopathie semble relever du « n’importe quoi » sans aucune valeur stricto sensu. Chacun pourra penser ce qu’il veut mais on se trouve dans un domaine relativement opaque supposé être scientifique par ailleurs. Que ressort-il de cette longue et soigneuse étude ? Pas grand chose ! Mais il est vraiment intéressant de parcourir cette étude dont le lien est en fin de billet pour les curieux. Soixante-huit pathologies pour lesquelles sont décrits des traitements homéopathiques ont été analysées en détail et il est tout à fait intéressant d’en citer quelques-unes pour bien situer l’analyse. C’est un peu fastidieux mais riche d’enseignements. Le traitement des enfants susceptibles aux otites (3 revues, 365 cas) aucune évidence d’une quelconque efficacité de l’homéopathie ! Diarrhées chez l’enfant (4 revues, 544 cas), qualité médiocre des études mais aucune différence détectable (Pulsatilla nigrans, soufre, camomille, Calcarea carbonica) par rapport à un placebo. Enfants « faisant pipi au lit » (énurèse nocturne, 20 cas) aucun effet significatif. Amibiase et giardiase (19 études) pas d’effets notoires. Rhumes, rhinites (1259 cas) aucun effet (Oscillococcinum) par rapport à un placebo. Candidiase vaginale récurrente (150 cas) aucun effet ! Spondylite ankylosante (104 cas), injections intramusculaires d’extraits de Formica rufa) aucun effet ! Je rappelle à mes aimables lecteurs que Formica rufa désigne la fourmie commune et que cet insecte est utilisé en homéopathie selon le principe de base de la cure du mal par le mal. Polyarthrite chronique (traitement avec Rhumaselect) : idem, aucun effet ! …

Vous en voulez une autre louche ? Continuons.

Fibromyalgies en d’autres termes plus compréhensibles douleurs musculaires, les traitements avec Arnica, Rhus toxicodendron et bryone, la bryone étant suffisamment diluée pour n’avoir aucun effet car c’est une plante hautement toxique (7 études, 163 cas), aucun effet ! Arthrite rhumatoïde, migraines et maux de tête, une soixantaine de « spécialités » disponibles selon les patients, ça coûte plus cher, aucun effet ! Anxiété, le traitement le plus couramment prescrit est le nitrate d’argent (à des doses homéopathiques naturellement) aucun effet ! Règles douloureuses : étude peu significative (205 cas, seulement 103 pris en compte) traitement avec « folliculinum », aucun effet !

Pour le traitement des allergies, on entre dans le délire le plus total et je conseille à mes lecteurs de lire ce rapport, il m’est venu comme une lassitude dans mon énumération car globalement l’homéopathie ne sert strictement à rien, c’est un miroir aux alouettes coûteux, un business qui exploite la crédulité des malades et dont le remboursement par les systèmes de protection sociale tant des consultations chez les médecins soit-disant spécialisées en homéopathie que des médicaments devrait être immédiatement supprimé. Une telle décision ferait prendre conscience à des millions de personnes qu’elles sont cyniquement trompées par un corps médical peu regardant et avide de profits et par des firmes pharmaceutiques qui n’ont de pharmaceutique que le nom. Je me souviens de Christian Boiron des Laboratoires Boiron bien connus en particulier des Français qui me disait en souriant qu’il était le plus gros vendeur de glucose de France …

http://www.nhmrc.gov.au/_files_nhmrc/file/your_health/complementary 

_medicines/nhmrc_homeopathy_overview_report_october_2013_140407.pdf