Néonicotinoïdes et abeilles : l’ambiguïté persiste

Alors que j’avais alerté les lecteurs de mon blog sur les errements idéologiques du gouvernement français au sujet de l’interdiction des néonicotinoïdes pour la prévention des ravageurs sur les cultures de betterave sucrière en France (billets des 3 août et 1 octobre de cette année) ce gouvernement a accordé une autorisation spéciale aux producteurs de betteraves français après avoir pris conscience que la totalité de la filière risquait de disparaître. Je ne suis toujours pas certain que les députés, les sous-secrétaires d’Etat et autres conseillers de divers comités théodules gravitant autour du gouvernement aient pas pris conscience de la gravité de leurs décisions ni du caractère brouillon et irréfléchi de leurs décisions. Ont-ils fini par reconnaître qu’ils avaient commis une immense erreur qui les décrédibilise totalement non pas seulement auprès des « betteraviers » mais également auprès de l’opinion publique ?

Cette erreur est la conséquence d’une totale méconnaissance de l’agriculture dans son ensemble et en particulier de la culture des betteraves. Sous le faux prétexte que les néonicotinoïdes sont dangereux pour les abeilles pollinisatrices, j’y reviendrai, l’ignorance de tous les pitres qui gravitent autour des ministères est flagrante : les betteraves sont des plantes dont le cycle de croissance (ou de vie, comme vous voudrez) est de deux ans. La première année cette plante se consacre entièrement à une croissance végétative pour produire une racine riche en sucres. Elle ne fleurira que la seconde année si elle n’est pas arrachée pour la récolte. Voilà l’erreur du gouvernement dont la faculté de jugement a été obscurcie par des idéologues opposés à tout traitement chimique des cultures car cette pratique est préjudiciable à l’équilibre des écosystèmes. Dans le cas de la betterave à sucre de quel écosystème s’agit-il puisque la plante ne fleurit pas et ne peut donc pas attirer les insectes pollinisateurs dont les abeilles font partie ? L’utilisation des insecticides par les betteraviers est néanmoins vitale pour détruire les attaques de pucerons vecteurs du virus de la jaunisse ainsi que d’autres ravageurs comme certains coléoptères.

Les entomologistes étudiant les abeilles (Apis mellifera) ont certes reconnu que les insecticides tels que les néonicotinoïdes étaient toxiques pour ces insectes irremplaçables mais ils ont considérablement modéré leurs jugement après avoir découvert que les abeilles, comme l’homme, étaient sensibles à de nouvelles maladies émergentes, outre celles déjà identifiées comme le Varroa et l’Acarine. Ces spécialistes ont identifié ces dernières années pas moins de 12 virus différents mortels pour les abeilles. Le réservoir de certains de ces virus est le Varroa. La dernière invasion virale en date est le virus de la paralysie chronique de l’abeille (CBPV, Chronic Bee Paralysis Virus), un virus à ARN dont le réservoir semble être la fourmi. La progression de ce virus est constante en Europe depuis son apparition à la fin des années 2000, l’épicentre se situant, pour l’Europe, en Slovénie. Toutes les attaques virales dont sont victimes les abeilles tend à relativiser l’impact des insecticides, dont les néonicotinoïdes. Il faut donc raison garder mais la plus grande menace pour les abeilles reste paradoxalement la mondialisation de leur commerce. En effet, il existe des pays importateurs d’abeilles et les exportateurs répondant à la demande croissante sont malheureusement peu scrupuleux ou ne disposent pas des infrastructures pour vérifier l’état sanitaire des ruches exportées. Pour déterminer si une ruche est porteuse d’un virus il est nécessaire de faire appel aux derniers outils de la biologie moléculaire dont l’amplification du matériel génétique par RT-PCR qui permet d’obtenir un diagnostic rapide et non équivoque. Dans le cas de la Grèce, pays gros exportateur de ruches, les services vétérinaires sont inexistants ou très mal équipés pour ce genre de diagnostic. L’état sanitaire des abeilles devra à l’avenir être étroitement surveillé si on veut éviter des pandémies virales de l’abeille à l’échelle mondiale. Ça ne vous rappelle rien ?

Sources : diverses dont doi : 10.1038/s41467-020-1519-0

Histoire de bourdons et d’abeilles

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Dans le domaine de l’agriculture sous serre, les plantes nécessitant des insectes pollinisateurs posent quelques problèmes aux horticulteurs. C’est la raison pour laquelle il existe une grosse demande de la part de ces professionnels en particulier de bourdons pour polliniser les tomates cultivées sous serre. Or les bourdons semblent en voie d’extinction dans de nombreux pays dont en particulier au Canada et aux USA. Comme on pouvait s’y attendre les écologistes politiques, très friands de ce genre d’information, ont immédiatement accusé l’activité humaine, dont l’agriculture intensive détruit les biotopes naturels mais aussi les pesticides dont les néonicotinoïdes inscrits sur la liste noire de ces mêmes écologistes et enfin, on pouvait s’y attendre aussi, le réchauffement climatique.

Or il n’en est rien ! Au moins en Amérique du Nord et en Europe les bourdons sont dévastés non pas par tous les facteurs énumérés ci-dessus mais par les abeilles (Apis millifera) d’origine européenne, c’est-à-dire la grande majorité des abeilles utilisées quasiment industriellement pour polliniser les cultures en plein champ et accessoirement pour produire du miel. En effet ces abeilles dont ces mêmes écologistes ont déploré la disparition, sont porteuses de deux virus qu’elles transmettent aux bourdons lorsque ces deux espèces, d’ailleurs apparentées phylogénétiquement, butinent les même fleurs. Cette découverte réalisée à l’Université du Vermont est tout à fait inattendue et s’explique aisément.

Les abeilles sont de véritables animaux d’élevage au même titre que les poulets ou les porcs et elles ont accumulé au cours de cet « élevage » toutes sortes de microorganismes pathogènes et de parasites. Deux virus originaires des abeilles européennes se transmettent par ce processus de butinage commun vers les bourdons. Il s’agit du BQCV, ou Black Queen Cell Virus, qui attaque la pupe des reines et du DWV (Deformed Wing Virus) qui infecte aussi les abeilles et a pour effet de déformer les ailes de ces dernières, ce qui limite dramatiquement leurs performances de butinage. L’étude de cette transmission virale horizontale a été réalisée en identifiant la présence de ces virus dans les bourdons (Bombus bimaculatus ou B. vagans) oeuvrant près de ruches ou à plus d’un kilomètre de ruches d’Apis millifera d’origine européenne. Cette distance de un kilomètre est considérée comme une sécurité car le bourdon n’effectue jamais de vols aussi longs depuis son nid.

Lorsque les bourdons butinaient près d’un rucher infecté par l’un ou l’autre de ces deux virus (le plus souvent les deux) 75 % d’entre eux devenaient infectés par le BQCV et près de 10 % par le DWV en une saison. Or comme les producteurs de bourdons pour la pollinisation des plantes cultivées sous serre se fournissent en recherchant des nids de bourdons naturels, il est évident qu’ils devront prendre des précautions drastiques lors de leurs campagnes de prélèvements puis d’élevage car les bourdons infectés peuvent alors transmettre ces virus à d’autres bourdons et ainsi ruiner un élevage entier.

La conclusion de ce travail est évidente. Il ne faut pas tout de suite incriminer l’activité humaine pour des raisons idéologiques devant une telle situation encore que la domestication intensive des abeilles avec leur cortège de pathogènes puisse être le résultat indirect de cette activité humaine.

Source : https://doi.org/10.1371/journal.pone.0217822.t001 , illustration Wikipedia

L’effet Allee et la résilience des colonies d’abeilles

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Pour les non-initiés, dont je fais partie pour de nombreux domaines de la science, il faut rappeler ce qu’est un effet Allee. J’ai découvert cet effet en lisant un article paru dans PlosOne au sujet du symptôme de disparition des colonies d’abeilles (voir le lien). Brièvement l’effet Allee, du nom du scientifique, écologiste et zoologiste de son métier, le Docteur Warder Clyde Allee (1885-1955) relie l’état de « santé » d’animaux sociaux avec leur population. Allee étudia durant toute sa carrière les bénéfices que pouvaient tirer des animaux en vivant en groupes plutôt qu’en solitaires. Il découvrit que la coopération entre individus d’un groupe était essentielle et bénéfique. L’effet Allee décrit la corrélation positive entre la densité de population d’une espèce animale quelconque et l’état de robustesse et de santé de cette population. L’effet Allee a été confirmé aussi bien avec les populations de suricates qu’avec les sardines. Par exemple si une population de suricates (ces drôles de mangoustes vivant dans la savane du sud de l’Afrique) n’est pas suffisamment nombreuse, trop d’individus seront occupés à surveiller les alentours par rapport à ceux qui rechercheront de la nourriture. Ce déséquilibre affectera les chances de survie du groupe. Ce dernier nécessite en effet pour sa prospérité et sa survie une coopération optimale de tous ses membres.

Dans le cas des colonies d’abeilles, il n’y a qu’une seule reine, des ouvrières qui s’occupent du couvain et des butineuses qui rapportent de la nourriture. La bonne santé et la survie d’une ruche, indépendamment de facteurs externes dont la disponibilité en nourriture, dépendent du nombre d’abeilles adultes. Ce paramètres n’a jamais été étudié en détail et l’article paru dans PlosOne le 24 février dernier apporte quelques éclaircissement sur son incidence dans la mortalité des ruchers.

Les insectes sociaux comme les abeilles ou encore les fourmis sont soumis à un effet Allee dit fort ou critique. En d’autres termes les performances de reproduction et de survie d’une ruche sont étroitement liées au nombre d’individus constituant la colonie et ce facteur démographique est essentiel. S’il y a trop peu de jeunes ouvrières pour s’occuper du couvain ou pas assez de butineuses la colonie est condamnée à mort. Dans les cas d’absolue nécessité des butineuses peuvent revenir vivre à l’intérieur de la ruche s’il n’y a pas assez d’ouvrières. L’aspect critique de la densité de population d’une ruche n’a pas été totalement exploré et c’est ce qui est exposé dans cet article.

La population d’une ruche doit se situer toujours entre deux limites : une limite inférieure assurant la stabilité de cette population et une limite supérieure qui favorise l’apparition d’une essaim fille qui va émigrer avec sa propre reine sans que la population restant dans la ruche n’ait atteint la limite basse critique. Les apiculteurs connaissent d’ailleurs très bien ce phénomène : une ruche qui essaime doit préserver une population suffisante pour assurer sa survie. Et ces mêmes apiculteurs n’ignorent pas que plus un essaim est robuste en terme de nombre d’individus plus il a de chance de prospérer ultérieurement.

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Le modèle appliquant l’effet Allee à la population d’une ruche est assez clair et dépend étroitement de l’équilibre à un instant t entre le nombre de jeunes ouvrières et la mortalité des butineuses. Pour que l’effet de la mortalité sur l’évolution de la population soit nul il faut que la ruche comprenne au moins 20000 abeilles. Dans la figure ci-dessous l’apparition de nouvelles ouvrières, en trait plein, doit toujours être supérieure à la mortalité (pointillés). On retrouve le point inférieur d’instabilité mortelle pour la ruche – moins de 1500 individus – et le point supérieur de stabilité autorisant un essaimage.

L’ordonnée du graphe représente le nombre de nouvelles ouvrières nécessaires par individu existant, ouvrières et butineuses, pour maintenir la population stable, si j’ai bien compris le sens de l’article. Il résulte de ce modèle appliquant l’effet Allee fort que cet effet a des conséquences critiques sur la résilience d’une colonie aux facteurs externes introduisant une perturbation de la mortalité naturelle. La mort des colonies d’abeilles est un fait reconnu et multifactoriel mais elle dépend aussi de ce qu’on pourrait appeler la prospérité de cette colonie en nombre d’individus.

Les curieux peuvent se plonger dans cet article, certes très théorique mais fort bien documenté et en accès libre.

Sources : https://en.wikipedia.org/wiki/Allee_effect et doi:10.1371/journal.pone.0150055.g001

La mortalité des abeilles : un lointain souvenir ?

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J’ai écrit dans ce blog plusieurs billets sur les malheurs des abeilles depuis le 16 janvier 2013 et l’inquiétante mortalité des colonies. Vous pouvez retrouver tous ces billets en effectuant une recherche avec l’onglet situé en haut et à droite de la page. Le dernier en date relate les « zombees » parasitées par une minuscule mouche qui pond un oeuf dans l’abdomen de l’abeille avec un ovipositeur spécialisé. L’une des conclusions qu’on pouvait entrevoir de la volumineuse presse scientifique au sujet du mal des colonies d’abeilles est qu’il s’agit d’un phénomène multifactoriel, les pesticides n’étant que l’un de ces facteurs. Depuis deux ans les néonicotinoïdes, accusés de décimer les ruchers, ont été interdits en Europe et aux dernières nouvelles il n’y a pas eu d’amélioration notable de l’état sanitaire des ruches. Devant ces observations déroutantes certaines personnes ont eu l’audace d’incriminer le changement du climat comme une des causes de la mortalité des abeilles.

Mais que se passe-t-il aux USA ? Sans qu’aucune restriction n’ait été imposée au sujet de l’utilisation de pesticides, en particulier les néonicotinoïdes, depuis 2006 le nombre de ruches n’a cessé d’augmenter, passant d’un plus bas de 2,4 millions à maintenant 2,7 millions de ruches dûment répertoriées. On est encore loin des 3,7 millions de la fin des années 80 mais la tendance est au repeuplement. C’est un peu un pavé dans la mare des alarmistes qui revendiquent haut et fort un monde sans produits chimiques et un retour à la nature primordiale telle qu’en rêvait Rousseau, pas le douanier mais l’exécrable pseudo-philosophe dont l’idéologie est encore encensée par les néo-écologistes. Et ce pavé a été lancé par le Washington Post non pas hier matin mais le 23 juillet dernier. Naturellement l’information a été soigneusement occultée, en particulier en Europe, sur ordre des gouvernements et de la Commission Européenne pourris de l’intérieur par les mouvements écologistes.

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Certes le Washington Post n’a pas pour réputation d’abonder dans le sens des mouvements écologistes, mais cet article relate des faits incontestables. Ces mouvements écolos clament que chaque année 30 % des ruchers disparaissent. À ce rythme-là il y a belle lurette qu’il n’y aurait plus une seule abeille tant en Amérique du Nord qu’en Europe ou encore en Chine. Comme on peut le constater ce n’est pas le cas. Aux USA, les producteurs, par exemple d’amandes ou de pommes, payent les apiculteurs pour qu’ils viennent entreposer leurs ruches au moment de la floraison près des vergers. Comme cette sorte de transaction commerciale est répertoriée auprès de l’USDA, on peut suivre presque en temps réel le mouvement des ruches sur tout le territoire américain. D’autre part, compte tenu de l’impact de la pollinisation par les abeilles sur la production agricole, tout a été organisé pour optimiser la production d’essaims et de reines : n’importe quel apiculteur peut trouver sur le marché un essaim avec une reine pour la somme de 100 dollars. Les abeilles sont contrôlées sur le plan sanitaire et l’apiculteur a l’obligation de déclarer aux autorités sanitaires compétentes toute maladie apparaissant dans ses ruches.

Depuis 2006 le prix du miel a doublé comme a également doublé le prix de la pollinisation. C’est un business incontournable quand on le met en face de ce que cette pollinisation rapporte au secteur agricole : 15 milliards de dollars par an !

Qu’en est-il dans les autres pays, en particulier en Europe ? J’espère que mes lecteurs m’apporteront quelques éléments de réponse …

Source et illustrations : The Washington Post du 23 juillet 2015. Les abeilles : de parfaites capitalistes, industrieuses, efficaces, obsédées dans leur recherche du succès …

Les Zom-bees ou abeilles zombies …

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L’un des romans les plus fameux de Philip Roth est titré en français « La Couleur du Mensonge », en anglais « The Human Stain », dont Robert Benton réalisa un film remarquable mettant en scène l’inoubliable Anthony Hopkins aux côtés de Nicole Kidman et de Gary Sinise en 2003. Ce film extraordinairement réaliste n’a pas perdu une once de son intensité avec les années. Le mot de trop fut « zombie » qu’utilisa Coleman Silk (Anthony Hopkins), Professeur et Chairman de l’Université de Nouvelle-Angleterre où il sévissait comme professeur de lettres classiques, pour qualifier les élèves inscrits mais jamais présents à ses cours précipita sa chute et sa disgrâce. On l’accusa de racisme envers les étudiants de couleur car le mot zombie a une toute autre signification dans le Sud des Etats-Unis.

Ce petit rappel cinématographique et littéraire pour introduire les abeilles zombies ou « zom-bees ».

Les ruches, comme chacun sait sont ravagées par toutes sortes de parasites dont le varoa, champignons microscopiques, bactéries et autres virus de par le monde. Comme si cela ne suffisait pas elles subissent les pesticides dévastateurs qu’utilisent les agriculteurs pour se débarrasser des insectes ravageurs qui ne sont nullement spécifiques d’un insecte particulier mais sont dommageables pour les abeilles qui n’ont jamais été classées parmi les ravageurs, bien au contraire. L’histoire des abeilles zombies se passe aux Etats-Unis et a été découverte par un pur effet du hasard par un résident des environs de San Francisco qui découvrit que des abeilles avaient élu domicile dans l’épaisseur du mur de sa maison. Le Docteur John Hafernik, entomologiste de son métier à l’Université de Californie à San Francisco, ne se précipita pas sur son téléphone pour appeler les pompiers comme le lui suggérait son épouse mais imagina une petite expérience consistant à installer à la nuit tombée un petit piège autour de l’orifice d’où entraient et sortaient les abeilles au cours de la journée pour éventuellement les étudier ultérieurement. Comme les abeilles ne peuvent se diriger qu’à la lumière du jour en analysant les diverses longueurs d’onde lumineuses polarisées réfléchies par les objets, dont les fleurs, depuis le proche ultra-violet et dans tout le spectre visible, John fut étonné de constater que des abeilles désorientées sortaient de leur « nid » mural au milieu de la nuit, attirées par la faible lueur de la lanterne de la terrasse de sa maison. Il captura ces abeilles qui ne lui semblaient pas en parfaite santé et de surcroit, ce qui lui fit comprendre qu’il se passait quelque chose de vraiment anormal était que les abeilles sortaient en pleine nuit malgré le froid d’un mois de janvier. Plus encore, le lendemain matin, il retrouva son petit piège rempli de près de 100 abeilles mortes.

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Comme tout scientifique curieux il mit les abeilles dans une boite en plastique pour les examiner ultérieurement. À sa grande surprise, après une semaine (il avait oublié la boite dans son garage) il constata que des cocons rougeâtres étaient disséminés autour des abeilles mortes. Très professionnellement il confia cette découverte fortuite à ses collaborateurs et ces derniers identifièrent une mouche d’à peine deux millimètres de long, l’Apocephalus borealis qui avait imaginé la redoutable stratégie d’infester la totalité d’une ruche en quelques mois ! Après avoir pondu un oeuf dans l’abdomen d’une abeille ouvrière à l’aide d’un genre de dard appelé ovipositeur, la mouche ne se contente pas d’une seule abeille mais continue son travail destructeur jusqu’à épuisement de ses oeufs. Il faut ensuite environ un mois pour que les « asticots » sortent du corps de l’abeille morte tombée au fond de la ruche pour que le cycle recommence, pupe, métamorphose puis une nouvelle génération de mouches … On comprend aisément que ce parasite d’un nouveau genre rende les abeilles complètement désorientées, des zombies ou « zom-bees » quelques instants avant leur mort, s’activant au milieu de la nuit en s’échappant de la ruche pour éventuellement sauver ce qui reste de leur famille, en particulier la reine, dans un réflexe de désespoir.

L’apocephalus est maintenant sous haute surveillance grâce à un site spécialisé à l’intention des apiculteurs amateurs et professionnels mis en place par le Docteur Hafernik ( https://zombeewatch.org ).

Source The Atlantic et PlosOne ( 10.1371/journal.pone.0029639 ). Illustrations PlosOne