Un nouveau scandale médicamenteux se profile-t-il ?

Il est maintenant reconnu que la « malbouffe » est à l’origine de la nouvelle pathologie qui touche surtout les pays occidentaux. Il s’agit de l’obésité morbide. Le phénomène interpèle. En effet, des pays comme le Mexique ne disposent pas d’eau potable « à tous les étages » et heureusement que le Coca-Cola est là puisqu’il est produit avec de l’eau stérilisée avec de l’ozone et ultra-filtrée. Le seul détail réside dans le fait que le Coca-Cola est une boisson outrageusement sucrée qui favorise l’obésité. Avec tous les autres sodas sucrés il s’agit de la première cause d’obésité pathologique qui sévit dans les pays occidentaux. Cette obésité s’accompagne de diabète de type 2 non insulino-dépendant. Pour comprendre la suite de ce billet il est nécessaire de faire un bref rappel de la régulation du sucre, essentiellement le glucose, circulant dans le sang. Le saccharose ou sucre de betterave ou de canne est constitué d’une molécule de glucose et d’une molécule de fructose. Ces deux unités ne sont pas métabolisées ni utilisées par les mêmes voies métaboliques dans l’organisme à part égale. Le glucose est très rapidement « brûlé » pour fournir de l’énergie ou stocké sous forme de glycogène dans le foie et les muscles pour une utilisation ultérieure. J’anthropomorphise cette description pour une meilleure compréhension. Il n’existe pas de mécanisme de stockage du fructose qui est donc dégradé pour produire un précurseur des acides gras, donc favoriser l’apparition d’une augmentation du volume du tissu adipeux inutile et ainsi de l’obésité avec le diabète de type 2 comme conséquence.

Puisque l’organisme fonctionne dans le but d’éviter une pénurie de glucose, le principal « combustible » du cerveau et des muscles. Le fructose joue néanmoins un rôle important dans l’apport en énergie de la cellule puisqu’il peut se retrouver sous forme phosphorylée à partir du glucose mais également entrer dans le processus de stockage hépatique et musculaire du glucose. En effet l’insuline, une hormone sécrétée par le pancréas, stimule la dégradation du glucose et du fructose dans le processus appelé glycolyse pour optimiser le stockage du glucose. Dans ces conditions l’organisme a mis au point un système de régulation très sophistiqué dont les deux acteurs sont l’insuline qui dit à la cellule de stocker du glucose et une autre hormone également d’origine pancréatique, le glucagon, qui redirige le tronc métabolique de la glycolyse vers la production d’acides gras. La production de glucose sous sa forme phosphorylée en position 1 va ainsi pouvoir être utilisé pour le stockage de ce sucre sous forme d’un polymère appelé glycogène. J’ai rédigé ce rappel de mémoire sans vérifier si je n’avait pas écrit de graves erreurs mais mes lecteurs pourront vérifier, il me semble avoir été exact.

L’apparition du diabète de type 2 est en réalité une conséquence de la consommation abusive de saccharose. La régulation ne sait plus où elle en est. En d’autres termes il est préférable de faire de l’alcool à l’aide de levures en les nourrissant avec du saccharose plutôt que de charger l’organisme avec ce sucre mal utilisé et conduisant à des déviances métaboliques qui nuisent à la santé de milliards de personnes dans le monde.

Venons-en donc à l’objet de cette note. Les laboratoires pharmaceutiques ont trouvé la poule aux œufs d’or pour combattre l’obésité car elle entre dans le cadre des préoccupations des décideurs politiques et la stratégie est simple. Il suffit de créer synthétiquement un analogue du glucagon qui se fixe sur le récepteur de ce dernier. La conséquence est évidente : puisque ce que j’ai mentionné plus haut, la glycolyse est réorientée vers une diminution de la concentration sanguine de glucose, ce qui est le cas pour le diabète de type 2 : de fortes teneurs en glucose sanguin, alors cette approche de stimulation du récepteur du glucagon va bien provoquer une chute du taux de glucose sanguin mais par voie de conséquence stimuler également le « brûlage » du fructose et non la fin fatale vers la production d’acides gras. Il existe aujourd’hui deux traitements pour combattre le diabète de type 2 et ces deux médicaments sont des analogues du glucagon qui ont été modifiés pour persister dans la circulation sanguine près d’une semaine. Il s’agit du Semaglutide connu sous le nom d’Ozempic et le Tirzepatide qui ont strictement le même mode d’action.

Les conséquences sur le métabolisme sont spectaculaires : diminution du glucose sanguin, perte d’appétit et perte de poids, tout pour plaire aux médecins peu scrupuleux qui voient de plus en plus d’obèses pathologiques consulter. Ces médecins peu scrupuleux, il faut appeler un chat un chat, prescrivent maintenant l’Ozempic pour perdre du poids, ce qui est réel, mais également comme coupe-faim. Aux Etats-Unis la demande a explosé et la FDA laisse faire. Un article récent du quotidien Le Monde (que je ne lis jamais) souligne ce nouveau fait de société apparu en France (lien en fin de billet) mais n’analyse pas les graves conséquences sur la santé. Ces « drogues » présentent un effet secondaire qui a été décrit dans la littérature médicale. Une molécule comme l’Ozempic rétroagit sur les cellules endocrines du pancréas et peuvent provoquer une inflammation du pancréas conduisant à plus ou moins court terme à un cancer fatal de cet organe. La glande thyroïde est également concernée. On se trouve donc à l’évidence devant un nouveau scandale sanitaire d’ampleur mondiale. Les laboratoires pharmaceutiques tels que Novo Nordisk ou Eli Lilly (il y a plus de 5 acteurs dans ce domaine dont Sanofi) ne lâcheront pas le morceau puisque les réseaux sociaux se sont emparés de cette nouvelle thérapeutique de perte de poids et on peut parier que les autorités sanitaires se feront graisser la patte abondamment pour autoriser la prescription de ces médicaments dangereux au moins jusqu’à expiration de leurs brevets. En conclusion la santé est devenue une marchandise source de profits pour des criminels, ces entreprises pharmaceutiques, qui ne sont préoccupées que par les dividendes versés à leurs actionnaires et leurs propres profits. Mais jusqu’à quel point les vrais coupables de cet état de fait ne sont pas ces actionnaires eux-mêmes dont par exemple le gestionnaire de fonds BlackRock ? 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/01/l-utilisation-de-l-antidiabetique-ozempic-pour-maigrir-inquiete-les-autorites-de-sante_6163744_3224.html

Les chasseurs de peste

La peste, une maladie infectieuse transmise par les puces des rongeurs et également les poux de personne à personne, est provoquée par un bacille appelé Yersinia pestis. Cette maladie a ravagé l’humanité entière de l’Europe occidentale à la Chine à plusieurs reprises, périodes épidémiques très curieusement espacées par de longues années sans aucune manifestation de peste. Elle a décimé des peuples entiers depuis le Néolithique récent aussi appelé Age du bronze il y a environ 5000 ans jusqu’à la fin du XIXe siècle. La première vague de peste bien documentée historiquement sévit du sixième au huitième siècle, la seconde pandémie du quatorzième au début du dix-neuvième siècle et la dernière aux dix-neuvième et vingtième siècles. Il ne s’agissait pas d’épidémies continues mais de périodes de très forte mortalité suivies d’accalmies. La grande peste du quatorzième siècle 1346-1353 tua plus de la moitié de la population européenne. La recherche dans le domaine de la peste a donc consisté à identifier la première épidémie puis les liens entre les différentes épidémies successives et enfin à expliquer pourquoi il y eut de longues périodes sans peste. Une équipe de biologistes des Universités de Melbourne et Sydney ont mis à profit les développements récents du séquençage des acides nucléiques anciens pour tenter de construire une sorte d’arbre généalogique de la bactérie Yersinia pestis.

Toutes les séquences étudiées sont disponibles dans la banque d’information biotechnologique NCBI. Pour se faire une idée de la complexité de cette étude 1657 séquences ont été identifiées comme susceptibles d’intérêt dont 1473 récentes (vingtième siècle) et 184 antérieures au dix-neuvième siècle. Le lieu géographique où ont été trouvés les restes humains a nécessité de remonter aux publications originales. Deux souches de Yersinia ont été utilisées pour compléter l’arbre phylogénétique au cours du temps, Y.pestis et Y.pseudotuberculosis, cette dernière souche aidant à localiser les points de différenciation des divers variant génétiques de la bactérie. Pour information le réservoir de Y.pestis existe toujours en particulier dans le Parc National de Yosemite aux Etats-Unis et il est constitué d’écureuils gris et des cas de peste sont signalés chaque année. Cette maladie est aussi présente en Afrique subsaharienne et à Madagascar.

La dernière pandémie en date débuta dans la région du Yunnan en Chine à la fin du dix-huitième siècle, elle se répandit dans la province au cours du siècle suivant pour atteindre Hong-Kong en 1895 d’où elle se dispersa dans d’autres pays jusqu’à l’Australie et l’Europe et les Amériques. La précédente pandémie (14-19e siècles) semble avoir eu pour origine géographique la Horde dorée, c’est-à-dire le croissant couvrant l’Asie centrale jusqu’à l’Europe ; Elle atteignit la Crimée en contournant le Caucase. Cette vague pandémique est probablement originaire du Xinjiang, plus précisément les montagnes de Tien Shan (Tajikistan), et suivit la route de la soie pour sa dispersion jusqu’en Europe à partir du port de Marseille lors de l’une des vagues successives la plus meurtrière au début du dix-huitième siècle.

L’étude publiée dans la revue Communications Biology ( https://doi.org/10.1038/s42003-022-04394-6 ) a permis de constituer un arbre phylogénétique en se basant sur une fréquence de mutations de l’ordre de 12 par siècle. La distance génétique par rapport à la souche originelle correspond au nombre de substitutions ponctuelles de nucléotides par site sur les 601 séquences de Y.pestis analysées.

La peste va-t-elle réapparaître mondiale ? Depuis la dernière pandémie des 19e-20e siècle la mise au point d’antibiotiques permet d’exclure cette possibilité à moins que la bactérie devienne multi-résistance à tous les antibiotiques connus. Deux cas de multi-résistance a été décrits à Madagascar, l’un en 2014 et l’autre en 2017.

Pourquoi dégage-t-on des mauvaises odeurs sous les aisselles ?

Les odeurs corporelles désagréables – presque personne n’y échappe – font les délices des grandes multinationales de la cosmétique. C’est la raison pour laquelle Unilever a financé une très belle étude dont le but à peine dissimulé est de mettre au point un produit susceptible de contrecarrer spécifiquement le processus biologique produisant ces « mauvaises odeurs » corporelles. Les travaux ont été réalisés en majeure partie à l’Université de York en Grande-Bretagne et il me paraissait intéressant de les commenter sur mon blog. La perception des odeurs corporelles est très relative selon les personnes mais également selon les ethnies. Certains Africains considèrent que les Blancs « sentent la mort » alors qu’inversement il arrive à un Européen de trouver qu’un Africain dégage une odeur pour laquelle il ne trouve pas facilement de description : acide, aigre, poivrée … ? Je n’ai jamais trouvé qu’une belle Africaine sentait le vinaigre ! Notre odeur corporelle est le résultat d’un mélange complexe de molécules chimiques volatiles depuis des acides gras à courte chaine comme l’acide butyrique et son isoforme l’acide isobutyrique ou encore l’acide valérique dont l’odeur est franchement incommodante. Il existe également des composés soufrés volatiles qu’il est facile de déceler au niveau des aisselles. Qui n’a jamais fait l’expérience d’une aisselle d’un voyageur dans une rame de métro en fin de journée se tenant le bras levé pour tenir une poignée alors qu’il fait chaud et que l’on transpire ? C’est parfois très désagréable.

C’est exactement ce petit détail qui préoccupe les fabricants de cosmétiques et auquel il fallait trouver une explication. Il existe trois zones principales émettant des odeurs dites corporelles : les aisselles, les tétons et les organes génitaux externes, zones du corps auxquelles il convient d’ajouter les pieds. La peau d’un être humain comporte un peu plus de 4 millions de poils et donc autant de follicules pileux auxquels sont associées des glandes sébacées. Le derme renferme aussi des glandes eccrines dont la fonction est d’excréter essentiellement de l’eau c’est-à-dire la sueur qui est totalement inodore contrairement à ce que l’on croit. Il existe enfin des glandes dites apocrines qui excrètent diverses substances bénéfiques pour la santé générale de l’épiderme. Les aisselles, les tétons et la partie externe des organes génitaux sont particulièrement riches en glandes apocrines. L’excrétion de ces glandes est constituée de lipides, de protéines, d’acides gras à longue chaine, de dérivés de la glutamine et enfin des petits peptides contenant de la cystéine, l’un des amino-acides constituant les protéines qui contient du soufre. Les aisselles sont colonisées par diverses bactéries qui se nourrissent de ces « aliments » gratuitement mis à leurs disposition par les glandes apocrines.

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Le premier résultat de l’étude dont il est fait mention ici (voir le lien en fin de billet) n’a pas été d’identifier quel produit volatile était le constituant de ces mauvaises odeurs. En effet il s’agit d’une approche hasardeuse car certaines de ces molécules chimiques sont détectées par les cellules olfactives alors qu’elles se trouvent dans l’air environnant à des concentrations infinitésimales. L’approche plus logique fut de mettre en présence les bactéries variées retrouvées au niveau des aisselles et de leur donner pour croître ce qu’elles trouvaient, c’est-à-dire les sécrétions des glandes apocrines. Le schéma ci-dessous résume cette approche.

Le seul candidat identifié sans ambiguïté est le 3-methyl-3-sulfanylhexane-1-ol (3M3SH) et son précurseur sans odeur est le Cys-Gly-3M3SH sécrété par les glandes apocrines :

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L’illustration ci-dessus montre la structure du Cys-Gly-3M3SH en regard de la félinine, un composé très proche se trouvant dans l’urine des félins. Lorsqu’un félin, un chat domestique par exemple, a uriné dans la nature ou chez vous madame chat-chat, son urine dégage rapidement une forte odeur nauséabonde. Il s’agit du résultat du clivage de la félinine conduisant à la libération d’un produit volatile, un alcool soufré, dans ce cas du 3-mercapto-3-methylbutanol, considéré comme la « phéromone » spécifique des félins.

Les bactéries impliquées dans le « traitement » des excrétions des glandes apocrines produisant des thioalcools sont des Staphylocoques mais seulement certaines souches parmi les centaines qui constituent cette famille de bactéries très communes sur la peau. Ces souches particulières possèdent une activité enzymatique précise permettant de traiter la S-hydroxyalkyl-L-cystéinylglycine des glandes apocrines qui a fait l’objet d’attention particulière dans le but de trouver finalement un produit susceptible d’interférer avec cette production de thioalcools nauséabonds. Le gène codant pour l’enzyme en question a été identifié dans la souche de Staphylocoque « hominis », propre à l’homme comme son nom l’indique, et l’enzyme a été sur-exprimé pour en élucider la structure. L’étude ne dit pas quel inhibiteur a été mis au point, si tant est que ces travaux ont été réalisés. En conclusion les préoccupations des cosméticiens font souvent progresser la connaissance d’un aspect bien intime de l’humanité …

Source et illustrations : https://doi.org/10.1038/s41598-020-68860-z

Vers un vaccin anti-Covid … ça ne plait pas à l’Eglise catholique

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Dans la plupart des pays producteurs de vaccins des cellules foetales humaines sont utilisées pour produire ces vaccins. Ces lignées cellulaires ont été établies à partir de fœtus provenant d’avortements thérapeutiques ayant eu lieu il y a des dizaines d’années et conservés dans de l’azote liquide pour des usages ultérieurs. Certaines cellules foetales ont été congelées au début des années 1960 et utilisées pour produire les vaccins dirigés contre la rougeole, la rubéole, le zona ainsi que le vaccin contre l’hépatite A. Ces cellules ont également été utilisées pour la mise au point de thérapies dirigées contre par exemple l’hémophilie. L’une des lignées cellulaires humaines très utilisée pour la production de vaccins est la lignée HEK-293 établie en 1972 à partir de cellules rénales d’un fœtus humain. La lignée PER.c6 établie en 1985 par le laboratoire Janssen provenait de cellules de rétine d’un fœtus de 4 mois et demi. Ces deux lignées sont considérées comme d’excellents candidats pour la mise au point d’un vaccin dirigé contre le Covid-19. La lignée HEK-193 est utilisée actuellement par CanSino Biologics à l’Institut de biotechnologie de Pékin, l’Université d’Oxford et l’Université de Pittsburg pour la mise au point de ce vaccin. CanSino et l’Université d’Oxford ont déjà entamé les essais cliniques en phase II.

Ces cellules humaines sont utilisées pour produire de vastes quantités d’adénovirus modifié génétiquement pour contenir un des gènes du Covid-19 tout en étant lui-même non pathogène, c’est-à-dire ne pouvant pas se répliquer dans les cellules d’un candidat à la vaccination. Utilisé pour confectionner un vaccin cet adénovirus est sensé pénétrer dans les cellules humaines et ces dernières vont alors produire la protéine du Covid qui est supposée immunogène afin d’orienter le système immunitaire pour protéger ensuite le sujet utilisé au cours des essais cliniques en phase II puis III. C’est sensiblement la même approche qui a été utilisée par le passé pour la mise au point de divers vaccins. L’autre stratégie choisie par la société ImmunityBio/NantKwest consiste à utiliser ces même lignées de cellules humaines pour produire non pas un adénovirus atténué mais des protéines formant les protubérances du virus lui permettant de s’arrimer aux cellules humaines au cours de l’infection. Ces protéines entreront alors dans la composition d’un vaccin à protéines et non par l’intermédiaire d’un virus atténué modifié.

Pourquoi choisir des cellules humaines ? La raison est simple et tient en deux parties. D’abord les cellules humaines sont la cible du virus. En second lieu la machinerie enzymatique de ces cellules peut ajouter correctement – humainement dirons-nous – divers sucres sur ces protéines alors que des cellules de singe ou de tout autre animal en sont incapables. Cette étape est indispensable pour obtenir une réponse immunitaire spécifique. Et c’est là que réside toute la difficulté de la mise au point du vaccin. Et il y a un caractère d’urgence au cas où une deuxième vague épidémique arriverait au cours de l’hiver 2020-2021.

Pourtant, malgré ce caractère d’urgence, les autorités des Eglises catholiques canadiennes et américaines se sont élevées contre cette pratique d’utilisation de cellules humaines provenant de fœtus issus d’avortements. Des groupes et des organisations non-gouvernementales opposés à l’avortement se sont également émus que les laboratoires pharmaceutiques et les Universités utilisent de telles cellules. Pour répondre à ces opposants à l’avortement dont il n’est plus question depuis longtemps puisque la lignée HEK-293 a été établie en 1972 il faut mentionner qu’il est interdit d’utiliser des cellules humaines provenant de tumeurs comme par exemple les cellules HeLa immortelles depuis 1951 provenant d’un cancer du col de l’utérus et donc modifiées par un virus oncogène ( https://en.wikipedia.org/wiki/HeLa ) pour produire un vaccin et ceci pour des raisons éthiques et non religieuses ou idéologiques. Ceci étant l’utilisation de cellules foetales humaines à des fins d’études biomédicales provenant de fœtus issus d’avortements thérapeutiques délibérés a été récemment interdit par le Président Trump. Cette décision a été prise à des fins électoralistes pour plaire aux électeurs de la droite religieuse conservatrice américaine opposée à l’avortement en ces termes : « il s’agit de promouvoir la dignité de la vie humaine depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ». Une mort naturelle par Covid-19 ?

Source : Science Magazine

Coronavirus, chloroquine et BCG : une bien dérangeante vérité.

Le Professeur Didier Raoult a confirmé avec le succès que l’on connaît maintenant que le fait de chercher dans les « vieilleries » médicamenteuses pouvait réserver des surprises. Une grande surprise qui a pris de court les gigantesques compagnies pharmaceutiques dont le pouvoir se trouve ainsi écorné. Ces vieilleries ne rapportent la moindre fraction de kopeck à ces mastodontes qui dictent leurs ordres aux gouvernements et pourtant elles se révèlent efficaces pour traiter précocement un nouveau virus. Et des vieilleries il y en a dans toutes ces grosses entreprises. Lorsque je travaillais dans le domaine de l’agrochimie il y avait dans le centre de recherche un local où étaient entassés des centaines de milliers de flacons et petits pots contenant toutes les molécules qui avaient été synthétisées par le passé par la firme Rhône-Poulenc aujourd’hui disparue. Tout était soigneusement répertorié et il suffisait de se plonger quelques minutes dans la banque de données pour retrouver le numéro de référence et ainsi le flacon ou le poudrier correspondant dans cet étrange local à l’accès sévèrement contrôlé. À l’époque les laboratoires concernés par la santé humaine, animale ou végétale commençaient à peine à mettre en place le « screening » haute fréquence automatique. Les techniques modernes de tests concernent une multitude d’aspects du métabolisme général chez les humains à l’aide de cultures cellulaires. Au niveau des micro-organismes ces tests peuvent être orientés vers les mécanismes de réplication de ces derniers ainsi que les stratagèmes utilisés pour pénétrer dans les cellules. Il suffit donc de disposer de ces approches devenues d’une sensibilité encore inimaginable il y a 25 ans et qui ne cessent de s’améliorer pour découvrir de nouvelles propriétés à ces vieilles molécules, propriétés qui n’avaient pas été envisagées ni étudiées par le passé puisque ces outils de détection n’existaient pas.

C’est exactement ainsi que la chloroquine et son dérivé hydroxylé ont présenté des effets sur le virus SARS-Cov-2. Le gros problème réside dans le fait que cette molécule n’est plus depuis bien longtemps protégée par un brevet quelconque et c’est très gênant pour le lobby mondialisé de la pharmacie pour lequel le profit est le nerf de la guerre. Il en est de même pour ces mêmes entreprises de continuer à fabriquer de vieux vaccins comme le BCG (bacille Calmette-Guérin) qui date des années 1920 puisqu’une dose de ce vaccin ne coûte que 20 centimes d’euros. C’est vieux et pas cher, donc c’est probablement inefficace voire dangereux. Et c’est ainsi que de nombreux pays occidentaux ont abandonné l’obligation de vacciner les enfants contre la tuberculose. Pire encore de fausses publications scientifiques ont dénoncé les effets pervers imaginaires de nombreux vaccins et des activistes totalement ignorants des réalités de la médecine et de la biologie organisent des campagnes de propagande contre les vaccins.

L’attitude irrationnelle des décideurs politiques a favorisé l’apparition de souches de bacille de la tuberculose résistantes à la plupart des antibiotiques connus y compris dans les pays développés mettant en avant le fait que l’efficacité du BCG était controversée. Le faible prix de vente du vaccin a conduit certains fabricants à négliger les conditions de la production conduisant à perturber l’approvisionnement mondial en vaccin. Aujourd’hui les principaux producteurs de vaccin (Chine, Bulgarie, Japon ou encore Brésil) bénéficient d’un appui financier gouvernemental pour pérenniser leur activité. Dans ces pays la vaccination des nouveaux-nés est d’ailleurs obligatoire. Cette longue entrée en matière relative au BCG se justifie par la découverte statistique fortuite d’une relation entre la vaccination contre la tuberculose et l’incidence de la mortalité provoquée par le virus SRAS-Cov-2 décrite par des chercheurs du département de science biomédicale de l’institut de Technology de New-York. Cet article n’a pas été soumis à une revue par un comité de lecture et a donc été immédiatement critiqué peut-être pour les mêmes raisons que pour l’hydroxychloroquine. Toutes les données examinées dans cette étude provenaient pour le BCG du site http://www.bcgatlas.org/ et pour la grippe à coronavirus de l’état en date du 21 mars 2020 via la Johns Hopkins University.

Il suffit d’un graphique pour illustrer la corrélation entre l’incidence de la mortalité par le SRAS-Cov-2 et la vaccination systématique et de longue date avec le BCG :

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Certes depuis le 21 mars 2020 il y a eu des changements notoires dans les diverses mortalités mais cette étude succincte révélait une tendance : plus la date rendant la vaccination obligatoire était ancienne meilleure la protection contre le virus était observée. Le cas de l’Iran est emblématique : la vaccination a été rendue obligatoire au début des années 1980 et la majorité des morts provoqués par le virus étaient de plus des anciens combattants de la guerre Iran-Irak dont pour beaucoup les poumons avaient été atteints par des gaz de combat et n’avaient jamais été vaccinés avec le BCG. La forte différence de mortalité entre le Danemark et l’Espagne peut résider dans le fait que la vaccination a été rendue obligatoire dans ces pays respectivement après la deuxième guerre mondiale et seulement à la fin des années 1960 (Espagne). Des études complémentaires sont nécessaires pour infirmer ou confirmer cette observation. Je ne suis pas médecin mais j’imagine que lorsque cette grippe aura disparu quelques curieux se pencheront à nouveau sur ces informations.

Pour conclure ce billet un peu atypique je voudrais revenir sur ce thesaurus, cette collection extraordinaire de molécules qui existe toujours, un véritable trésor, il existe certainement toujours dans un local anonyme d’un des établissements de l’ex-Rhône-Poulenc, soigneusement sauvegardé, cette collection de molécule qui décèle peut-être des centaines voire des milliers de molécules qui, comme la chloroquine, pourraient traiter des maladies contre lesquelles nous sommes aujourd’hui complètement démunis. Tant pis pour le lobby pharmaceutique qui cherche à faire des profits indus et qui a organisé cette campagne ignoble contre la chloroquine et, on peut le suspecter, contre la relation entre le coronavirus et le BCG. Ces entreprises préfèrent mettre sur le marché des « mab », acronyme de monoclonal antibody, à 1000 dollars le flacon plutôt que retourner à la paillasse du laboratoire ou encore bidouiller les seuils admissibles des taux de cholestérol sanguin pour inonder les populations avec des statines dont les effets indésirables sont soigneusement dissimulés en créant une situation de dépendance du médecin praticien à leurs propagande. Même le législateur est corrompu par ces « Big Pharma » qui disposent d’un pouvoir immense adossé sur le mensonge systématique. Un prochain billet au sujet d’une autre maladie respiratoire aigüe traitée également avec l’hydroxychloroquine combinée à un « vieux » médicament antibiotique.

https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2017.12.010

https://doi.org/10.1101/2020.03.24.20042937

Retraitement « bio » des déchets de matières plastiques (1)

Ce n’est pas mon but d’abonder dans le sens Gunter Pauli (lien en fin de billet) quand il affirme qu’un jour ou l’autre on arrivera à recycler tous les déchets que l’économie moderne génère ni approuver le fait que la société Apple s’est lancée pour la bonne cause, surtout la sienne, en rachetant toutes les décharges de par le monde où sont entreposés des déchets électroniques pour éventuellement les recycler un jour, non, ce n’est pas l’objet des deux prochains billets dont voici la première partie.

Il s’agit pour l’instant de science, de biologie très sophistiquée à l’état brut, en attendant des applications industrielles à grande échelle du recyclage « biologique » des matières plastiques dont la production annuelle atteint des centaines de millions de tonnes sans aucune alternative valorisante autre que l’incinération pour produire de l’électricité. Le petit Nicolas, fameux laryngophoniste, imposteur adulé par tous les Français, ne peut pas comprendre le moindre mot de l’un ou l’autre des articles parus dans la revue « Frontiers in Microbiology » du 13 février 2020 faisant état de l’avancement du traitement enzymatique et/ou microbiologique des divers déchets « plastiques » produit de par le monde. Cet illustre hélicoptériste s’est contenté d’émettre le concept fumeux d’économie circulaire, une vue de l’esprit totalement inapplicable à l’échelle de centaines de millions de tonnes de déchets. Tiens, il est sorti de sa grotte infestée de milliers de chauve-souris celui-là … Il doit y avoir une opportunité vert-rouge à saisir !

Des biologistes de l’Université de Düsseldorf en Allemagne se sont attaqué de manière raisonnée et pragmatique la dégradation du polyéthylène-téréphtalate (PET), le polyester constituant des bouteilles à usage unique et des films alimentaires. Ils ont identifié la présence d’une activité dite cutinase ou polyestérase qui hydrolyse les polymères comportant des liaisons ester dans une bactérie marine appelée Pseudomonas aestusnigri. Faisant une recherche dans les banques de données génomiques le gène de l’enzyme en question a été identifié par analogie de séquences. Il a été isolé et inséré dans l’ADN de la bactérie E. coli puis produit en grandes quantités afin d’être cristallisé pour pouvoir procéder à une étude fine de sa structure.

Ce travail fastidieux et complexe n’a pas été entrepris par curiosité scientifique mais dans le but de procéder à une amélioration de l’activité d’hydrolyse. Connaissant très précisément la structure du site actif de cet enzyme l’équipe de Düsseldorf a alors procédé à une mutagenèse dirigée vers quelques bases de l’ADN du gène pour modifier ce site actif au niveau de quelques amino-acides seulement afin d’obtenir un enzyme montrant une activité satisfaisante pour envisager dans un futur encore indéterminé le traitement du PET par voie strictement enzymatique. Le problème à résoudre avec ce type d’activité enzymatique réside dans le fait que la molécule qui doit être attaquée est un polymère. Il faut donc que le site actif de l’enzyme dans lequel est introduite une molécule d’eau pour casser la liaison ester soit suffisamment ouvert sinon l’hydrolyse de cette liaison ne pourra pas être efficace.

Connaissant la structure tridimensionnelle de la protéine enzymatique diverses mutations ont permis cette amélioration de l’activité, des mutations pas nécessairement au niveau du site actif rendant en quelque sorte la protéine « plus souple ».

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Ces remarques sont illustrées par la figure ci-dessus qui est une modélisation du site actif de l’enzyme tel que déduit de la structure obtenue par diffraction de rayons X. En bleu (A) figure l’enzyme natif et la flèche indique la position de la sérine-171 (cent-soixante-et-onzième aminoacide de la séquence de la protéine). La figure C montre la même sérine active dans le site de l’enzyme modifié. Le site actif comprend trois aminoacides, la sérine-171, l’acide aspartique-106 et l’histidine-249. Ont été superposés les oligomères d’éthylène téréphtalate utilisé comme substrat lors de cette étude. La figure F montre l’agencement probable de trois unités de cet oligomère. On remarque que le site actif est bien plus béant (Figure C) avec l’enzyme modifié que celui de l’enzyme natif (A).

Il reste à montrer la faisabilité industrielle de la « digestion » du PET dans un fermenteur avec cet enzyme produit en quantités massives comme le sont aujourd’hui toutes sortes d’enzymes pour des applications aussi variées que les lessives, la synthèse chimique, l’industrie agro-alimentaire ou le traitement des fibres textiles.

Source : https://doi.org/10.3389/fmicb.2020.00114

Et pour les amateurs de Gunter Pauli :

https://www.youtube.com/watch?v=OVd8YOFvVtc

et de Hulot : https://www.youtube.com/watch?v=J0-U1Z8SssM

Le biotope bactérien de la langue : un monde très organisé

Dans ce qu’il est courant d’appeler l’écologie microbienne la question fondamentale est de savoir comment les systèmes microbiens s’organisent les uns avec les autres. La cavité buccale, en particulier la langue, a été choisie pour réaliser une telle étude et les résultats obtenus sont tout à fait surprenants. Afin de comprendre comment l’équipe de biologiste de l’école dentaire de l’Université d’Harvard a procédé il est nécessaire de décrire la technique utilisée dans cette étude consistant à visualiser l’organisation spatiale des communautés de bactéries présentes sur la langue à l’échelle de la bactérie elle-même mais également à des échelles beaucoup plus grandes de centaines de microns. Vingt-quatre anticorps dirigés contre diverses bactéries présentes normalement dans la cavité buccale ont été utilisés dans cette étude. Tous ces anticorps ont été « marqués » avec des molécules fluorescentes émettant dans des longueurs d’onde variées selon l’éclairage monochromatique des préparations étudiées à l’aide de lasers émettant dans diverses longueurs d’onde. Des échantillons ont été prélevés sur la langue de volontaires à l’aide de grattoirs. Ces échantillons ont été éventuellement transférés sur des lames de microscope et fixés avec du formaldéhyde pour ensuite être examinés par visualisation à l’aide de la collection d’anticorps couplés à des molécules fluorescentes. L’acquisition des images correspondaient pour chaque pixel à une surface de 0,11×0,11 micron.

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Les grattoirs prélevaient également des cellules épithéliales de la langue et l’étude a consisté à étudier l’organisation des diverses bactéries autour de ces cellules épithéliales. Il apparaît que les bactéries s’organisent en clones issus d’une seule bactérie parente et forment un territoire pour chacune des espèces. Ces territoires semblent peu, ou ne pas, s’interpénétrer et forment des biofilms hétérogènes autour de chaque cellule épithéliale de la langue. Dans le cliché ci-dessus la fluorescence en grisé provient de la cellule épithéliale et l’organisation, ici dans un plan, montre très clairement l’hétérogénéité du biofilm bactérien dont l’épaisseur comporte plusieurs dizaines de bactéries individuelles. Il faut garder présent à l’esprit le fait que les cellules épithéliales de la langue ont une durée de vie limitée et que l’épithélium est en constante régénération. Comme l’illustre le schéma ci-dessous la première colonisation de la surface des cellules épithéliales « neuves » est suivie d’une séquence de consolidation des clones provenant de bactéries individuelles et le biofilm, selon l’apport de nutriments, se structure progressivement pour former une frontière avec le milieu liquide de la salive :

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Naturellement si on regarde notre langue dans un miroir elle apparaît homogène …

Source : https://doi.org/10.1016/j.celrep.2020.02.097

Chromosomes sexuels et longévité : tout un programme

Il faut se rendre à l’évidence l’égalité des sexes (des genres) est un leurre. La femme et l’homme sont différents et d’une manière générale les femelles et les mâles dans le règne animal sont différents, qu’il s’agisse d’araignées, de poissons, d’oiseaux ou de primates, pour faire court. Chez les primates, dont l’espèce humaine fait partie, la femme est dite « homogamétique » puisqu’elle possède deux chromosomes sexuels X alors que l’homme est hétérogamétique car il possède dans son patrimoine génétique un chromosome X et un chromosome Y. Il en va autrement chez les reptiles et les oiseaux qui descendent des dinosaures. Les mâles sont homogamétiques puisque leur sexe est déterminé par deux chromosomes Z alors que les femelles sont hétérogamétiques car elles possèdent un chromosome sexuel Z  et un chromosome W. Des biologistes de l’Université des Nouvelles Galles du Sud à Sydney ont rassemblé toutes les données relatives à la longévité différentielle dans le règne animal selon le sexe en établissant pour chaque espèce le rapport entre la longévité des individus sexuellement homogamétiques et cette longévité pour les individus sexuellement hétérogamétiques selon la formule mathématique simple :

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Ils ont exclu dans leur étude les espèces dont le sexe est déterminé par la température d’incubation des œufs comme chez les tortues ou les crocodiles pour ne citer que ces deux exemples. Ils ont enfin exclu les nombreuses espèces hermaphrodites allant des cnidères jusqu’aux gastéropodes. L’expression logarithmique de ce rapport indique clairement que la longévité ou espérance de vie est favorisée par la présence de deux chromosomes sexuels identiques que ce soit pour les mâles chez les oiseaux ou pour les femelles chez la majorité des autres espèces animales.

 

Capture d’écran 2020-03-04 à 18.31.12.pngPar exemple chez les femelles homogamétiques l’espérance de vie est en moyenne de 17,6 % supérieure à celle des mâles correspondants hétérogamétiques – c’est le cas de l’espèce humaine. Cette étude a confirmé le fait que chez les oiseaux où le mâle est sexuellement homogamétique son espérance de vie est de 20,9 % supérieure à celle de la femelle dont les gènes sexuels sont WZ donc hétérogamétiques.

Le jour où on pourra expliquer pourquoi il en est ainsi les biologistes auront franchi un grand pas dans la compréhension des raisons sous-jacentes de la longévité. Il sera peut-être alors possible d’imaginer des stratagèmes pour allonger l’espérance de vie, mais le chemin sera long et tortueux. Il faut donc reconnaître que pour l’espèce humaine la femme dispose d’un avantage indéniable en terme de longévité et vouloir à tout prix être l’égale de l’homme la femme ira-t-elle jusqu’à abréger sa vie pour être en tous points égale à l’homme ?

Source et illustrations : http://dx.doi.org/10.1098/rsbl.2019.0867

Les moustiques fuient le froid pour être attirés par le chaleur corporelle

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Les moustiques sont les animaux les plus meurtriers de la planète. Plus de sept cent mille de personnes meurent chaque année de maladies transmises par les moustiques telles que le paludisme, la dengue, le virus du Nil occidental et la fièvre jaune, pour la plupart des enfants. 200 autres millions sont infectés et souffrent souvent de symptômes rémanents (comme votre serviteur depuis 22 ans).

La découverte décrite ci-après pourrait offrir la possibilité de tromper ou d’annihiler les capteurs de température de ces insectes afin qu’ils ne propagent pas la maladie.

« Des systèmes sensoriels comme ceux des moustiques sont d’excellentes cibles pour développer de nouvelles façons de repousser ou de leurrer les moustiques pour les empêcher de nous piquer ou pour créer de nouvelles façons d’aider à piéger et à tuer ces créatures qui propagent tant de maladies« , a déclaré Garrity (lien en fin de billet).

Un rapide rappel historique

Au début du 20e siècle, Frank Milburn Howlett, un scientifique britannique en service en Inde, remarqua que les moustiques planaient toujours autour de sa théière à l’heure du thé. À titre d’expérience, il piégea dans un sac de gaze quelques-uns de ces insectes et mit ce sac près d’un récipient rempli d’eau chaude. Lorsque la chaleur fut détectée par les volatiles, « l’effet était le plus intéressant », écrit-il dans un document de recherche en 1910. Les moustiques étaient attirés sur le côté du sac le plus proche de l’air chaud qui montait. Howlett observa également que les moustiques ne semblaient pas attaquer les animaux à sang froid, suggérant que c’était la chaleur corporelle qui les attirait vers les humains.

D’autres recherches ont depuis montré que sur des distances de plusieurs pieds (quelques mètres), les moustiques sont attirés par le dioxyde de carbone que nous expirons, les odeurs que nous dégageons et des indices visuels pour nous trouver. Mais lorsqu’ils atteignent quelques centimètres, c’est la température de notre corps qui joue un rôle majeur dans leur guidage.

Seules les femelles de l’espèce se comportent de cette façon. Comme on l’a appris plus tard, elles utilisent les protéines de notre sang pour nourrir leurs œufs. Les mâles ne se nourrissent que du nectar des fleurs.

Cherchent-ils la chaleur ou évitent-ils la fraîcheur ?

L’année dernière, Garrity et plusieurs collègues ont publié un article dans la revue Neuron qui a bouleversé la pensée conventionnelle sur les récepteurs de détection de température à l’extrémité des antennes des mouches. Ces récepteurs étaient supposés agir comme des thermomètres, sondant la température de l’environnement pour faire comprendre à la mouche si l’environnement est chaud ou froid. Au lieu de cela, Garrity et ses collègues ont découvert que les récepteurs détectaient uniquement si la température changeait, permettant à la mouche de savoir si les choses les entourant devenaient plus chaudes ou plus froides.

Pour cette raison, Garrity renomma ces capteurs de température cellules de refroidissement et cellules de chauffage. Ces capteurs sont tellement sensibles qu’ils peuvent détecter quelques centièmes de degré de température par seconde. Les moustiques sont de proches parents évolutifs des mouches et ils possèdent également des cellules de refroidissement et des cellules de chauffage.

Alors qu’il aurait semblé logique d’examiner les « cellules de chauffage » des insectes pour comprendre ce qui les attire vers la chaleur humaine, le groupe de Garrity a considéré une hypothèse alternative – et contre-intuitive – peut-être que les insectes n’étaient pas attirés par la chaleur, peut-être volaient-ils pour s’éloigner du froid. Cela signifierait que les cellules de refroidissement seraient celles sur lesquelles se concentrer.

La cellule de refroidissement spécifique que Garrity et ses collègues ont étudié s’appuie sur un récepteur moléculaire appelé IR21a. IR signifie récepteur ionotrope. Il s’agit d’un groupe de protéines qui aident les neurones à transmettre des signaux. L’IR21a facilite la transmission d’un signal de baisse de température autour de l’insecte. L’équipe de Garrity a éliminé le gène du moustique responsable de la production du récepteur IR21a. Ils ont ensuite placé environ 60 insectes mutants dans un récipient de la taille d’une boîte à chaussures avec une plaque sur sa paroi arrière chauffée à une température corporelle proche de 37 degrés, et ont donné aux moustiques une bouffée de dioxyde de carbone pour imiter la respiration humaine.

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Alors que les moustiques non mutants se sont rapidement rassemblés sur la plaque portée à la température du corps pour essayer de se nourrir, les moustiques mutants ont largement ignoré la plaque. Sans le récepteur IR21a, ils ne pouvaient plus se diriger vers l’endroit le plus chaud de leur voisinage en évitant la zone froide. Dans une deuxième expérience, les moustiques ont été placés dans une petite cage en filet. Au-dessus de la cage, les chercheurs ont placé deux tampons de gaze imprégnés de sang humain, l’un à 23 degrés (température ambiante) et l’autre à 31 degrés (température à la surface d’une main humaine). Comparés aux moustiques non mutants placés dans la même configuration, les mutants ont montré une préférence réduite pour le sang à 31 degrés. Cette dernière expérience prouve également que l’odeur du sang n’attire pas le moustique.

Selon Garrity, le récepteur IR21a est activé chaque fois que les moustiques se déplacent vers une température plus froide. Étant donné que les humains sont généralement plus chauds que leur environnement, cela signifie que lorsqu’un moustique s’approche d’un humain, IR21a est silencieux. Mais si l’animal vient à s’écarter de sa trajectoire et commence à s’éloigner de sa proie à sang chaud, l’IR21a s’active, ne s’éteignant qu’une fois que l’insecte corrige cette trajectoire pour s’approcher à nouveau de sa proie.

En fin de compte, le suivi des changements de température est extrêmement utile pour aider ces animaux à déterminer précisément où nous mordre, car les vaisseaux sanguins sous-jacents sont l’endroit le plus chaud de notre peau. Garrity a déclaré que l’IR21a semble agir comme « une alarme ennuyeuse ». Elle se déclenche chaque fois que la femelle de moustique se dirige vers des objets plus frais. Lorsqu’elles cherchent des humains, elles semblent être poussées à faire tout ce qu’il faut pour « couper le son de l’alarme ».

Comment tout a commencé

Le gène de l’IR21 provient d’une créature marine qui a vécu il y a plus de 400 millions d’années et a finalement donné naissance à des crustacés modernes comme les homards et les crabes et à des insectes. Une fois que les ancêtres des insectes modernes se sont finalement aventurés sur la terre, le gène a été transmis à l’ancêtre commun des mouches et des moustiques. Lorsque les trajectoires évolutives de ces insectes ont divergé il y a environ 200 millions d’années, chaque espèce a développé des utilisations différentes pour le récepteur IR21a. Les mouches l’utilisent pour éviter la chaleur, les moustiques pour trouver, par différence, de la chaleur et se nourrir de sang humain.

Source et illustration : Science 6 février 2020 doi : 10.1126/science.aat9847 aimablement communiqué par le Docteur Paul A. Garrity, Brandeis University, qui est remercié ici.