La stupidité du principe de précaution : illustration avec le tritium à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi

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Je me suis permis ici de faire figurer un article de Yann Rousseau paru le 28 janvier sur le site Les Echos pour illustrer l’incommensurable imbécillité des politiciens (japonais en l’occurence mais il en est de même en Europe) qui sont obnubilés par le principe de précaution et la peur irraisonnée du nucléaire civil. Certes il y a eu un grave accident nucléaire au Japon mais il faut relativiser la gravité de la situation. Durant ma carrière de recherche en biologie j’ai utilisé des doses importantes de tritium. Je me suis certainement contaminé sans le savoir comme j’ai aussi eu la surprise de m’être contaminé à deux reprises par de l’iode radioactif, ce qui est beaucoup dangereux. Et pourtant je suis toujours vivant et bien vivant …

« Comment 16 grammes de tritium dans un million de litres d’eau paralysent Fukushima »

Neuf ans après la catastrophe, le gouvernement japonais doit se prononcer sur le sort de l’eau « contaminée » qui s’accumule sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Tokyo préférerait un rejet en mer, conforme à ce que font les autres centrales [nucléaires] de la planète [situées en bord de mer], mais le projet tétanise la région.

Les cerisiers ont presque tous disparu de Fukushima Daiichi. Plantés à partir des années 1970 pour égayer la gigantesque centrale nucléaire du nord-est du Japon, la plupart des « sakuras » ont été abattus après la catastrophe de mars 2011 qui a ravagé le site et sa région. Plus de 800 des 1.200 arbres à fleurs recensés auraient été abattus sur les neuf dernières années, laissant place à un décor de science-fiction.

Pour figer les poussières radioactives, les collines sont désormais recouvertes d’un ciment gris clair et de longues dalles de béton renforcé sur lesquelles ont poussé partout de gigantesques citernes bleues et grises. La centrale est noyée sous ces 965 réservoirs contenant chacun près de 1.200 tonnes d’eau « contaminée ».

L’heure des choix

Tepco, l’opérateur, estime qu’il peut encore trouver un peu d’espace pour en construire quelques dizaines de plus. « Mais très vite, à l’été 2022, on va atteindre notre capacité de stockage maximale », explique Junichi Matsumoto, le porte-parole de la division en charge du démantèlement chez l’électricien. « Le gouvernement va devoir prendre une décision sur la gestion de cette eau », prévient-il, sans s’engager sur le sujet, conscient de son extrême sensibilité.

Depuis la catastrophe, Tepco pompe en permanence les eaux chargées en éléments radioactifs qui s’accumulent sur le site. Le groupe doit capter les eaux qu’il utilise pour refroidir les réacteurs 1, 2 et 3, mais également récupérer les eaux naturelles souterraines qui s’infiltrent toujours dans les sous-sols ravagés des tranches construites au pied d’une colline.

Reste le tritium

Au total, Tepco a déjà « récupéré » 1,18 million de mètres cubes d’eau qu’il a filtré dans ses trois usines de décontamination construites sur place. « Nous parvenons à retirer 62 des 63 radionuclides contenus dans ces eaux », détaille Kenji Abe, l’un des cadres de l’électricien. « Mais il en reste un, le tritium », ajoute-t-il avant de présenter au visiteur du jour un petit bocal pharmaceutique contenant 30 centilitres de cette eau de la discorde. « Elle n’a pas d’odeur, pas de couleur, elle est peu radioactive », insiste-t-il.

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Selon les calculs du ministère japonais de l’Industrie, l’ensemble de l’eau stockée sur le site contient 860 TBq (terabecquerels) de tritium soit l’équivalent de… 16 grammes de cet isotope radioactif de l’hydrogène. En décembre dernier, les autorités nippones ont expliqué que ces eaux pourraient  soit être évaporées dans l’air, soit être progressivement diluées en mer sur une vingtaine d’années.

En France aussi…

Tokyo rappelle que de l’eau tritiée a été rejetée dans l’océan pendant des décennies, avant la catastrophe, sans qu’aucun dégât sur l’environnement ne soit jamais constaté. Les autres centrales nucléaires de la Terre rejettent aussi de l’eau tritiée », note encore Masato Kino du ministère de l’Industrie.

En France, le site de retraitement de la Hague en a rejeté, lui, en 2018… 11400 TBq selon Orano, qui précise dans son rapport environnemental que la limite autorisée sur le site français est de 18500 TBq. Le complexe français écoule ainsi en vingt jours ce que la centrale de Fukushima Daiichi voudrait rejeter en… vingt ans. Depuis l’accident, ce n’est pas si simple. Nous avons un important problème de perception et nous devons obtenir l’accord de chacun », souffle le haut fonctionnaire.

Pêcheurs en souffrance

En dehors du site, le projet d’un rejet en mer fait l’unanimité contre lui. Dans le port d’Onahama, aussi situé dans la préfecture de Fukushima mais à une cinquantaine de kilomètres plus au sud,  les associations de pêcheurs sont catégoriques. « Nous souffrons déjà des rumeurs blessantes sur nos poissons », s’inquiète, un matin de criée, Hisashi Maeda, de la coopérative de la pêche au chalut.

Malgré des milliers de tests et l’absence de concentration de radio-césium supérieures aux standards internationaux les plus rigoureux, les consommateurs continuent de bouder les produits locaux. En 2019, les ventes de la préfecture n’ont représenté que 15 % des volumes enregistrés avant la catastrophe. Les marins pensent qu’un rejet, forcément mal compris, porterait un coup terrible à la filière.

Défiance générale

Les ONG sont tout aussi méfiantes. « Il y a d’autres solutions que le rejet dans l’air ou l’eau comme le fait croire le gouvernement, explique Kazue Suzuki, de Greenpeace. Mais les technologies d’extraction du tritium sont coûteuses et donc ils ne veulent pas les envisager », avance l’experte  qui préférerait voir appliquer une stratégie de stockage de long terme et dénonce les erreurs passées de Tepco.

En septembre 2018, l’électricien avait dû admettre qu’une grande partie des eaux stockées sur le site contenait, contrairement à ses premières estimations, encore des radionucléides bien plus dangereux que le tritium. « Nous sommes aujourd’hui certains que 25 % peut être relâché sans problème. Et nous allons retraiter les 75 % qui auraient encore des concentrations d’autres radionucléides supérieurs aux standards », promet Kenji Abe, son bocal d’eau à la main.

Auteur : Yann Rousseau, à Fukushima Daiichi. Illustrations provenant de l’article des Echos

Bref commentaire. La deuxième illustration a probablement été mise en scène pour la cause journalistique. En effet le tritium se désintègre pour former de l’hélium-3 avec émission d’un anti-neutrino et d’un électron de faible énergie (rayonnement beta) qui ne traverse ni le verre ni le plastique. L’opérateur vérifiant la radioactivité du flacon d’eau avec un compteur de type Geiger recherchait des éléments radioactifs émettant des rayons gamma émis par les produits de fission de l’uranium ou par l’uranium combustible lui-même. Il faut enfin se souvenir que du tritium est naturellement présent dans l’eau car il apparaît massivement au cours de la collision d’un atome d’azote avec un neutron de haute énergie provenant du rayonnement cosmique. Ma conclusion, personnelle et que je ne partage qu’avec moi-même, est qu’il faut rejeter toutes ces « eaux tritiées » dans l’océan et il ne se passera strictement rien, les poissons contiennent déjà du tritium mais aussi, et surtout, du potassium-40 beaucoup plus radioactif que le tritium. Mais le principe de précaution étant respecté au Japon il suffirait qu’un tremblement de terre d’intensité moyenne détruise quelques-uns de ces immenses réservoirs construits à la hâte pour qu’on n’entende plus parler de ce tritium …

Et si le changement climatique était la cause de la chute de Rome?

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Pour l’historien Kyle Harper, c’est au refroidissement global et à la première pandémie de peste bubonique que l’on doit l’effondrement de la puissance romaine (Article paru sur le quotidien suisse romand Le Temps)

Pourquoi Rome est-elle tombée? La question a longtemps hanté les nuits des historiens. Comment le plus grand empire du monde préindustriel a-t-il pu trébucher, s’enliser et mourir, lui qui a son apogée faisait le tour de la Méditerranée, brassait des multitudes de peuples sous le sceau rassembleur de la citoyenneté, frappait une monnaie unique, développait des axes commerciaux et maintenait la paix sur trois continents? Bien sûr, les fameuses «invasions barbares» ont longtemps servi de clé de compréhension. En corollaire, la non moins fameuse «décadence». Les vigoureux peuples du Nord venaient remplacer naturellement des élites romaines avachies et corrompues.

Invincible en apparence

Dans Comment l’Empire romain s’est effondré, Kyle Harper remet tout à plat en introduisant deux acteurs jusqu’ici négligés: le changement climatique conjugué à l’arrivée des premières grandes pandémies. Professeur d’histoire à l’Université d’Oklahoma, Harper reconstitue l’histoire d’un empire invincible en apparence, miné puis anéanti par des facteurs écologiques insurmontables. Passionnante démonstration de ce que la vie et la mort d’une civilisation ne tiennent pas uniquement aux intrigues de palais ou aux affrontements militaires, mais tout autant, si ce n’est plus, à des facteurs non humains: «Les sociétés dépendent de leur fondement écologique», écrit Harper en référence à une géniale intuition de Malthus.

La première pandémie

A la réflexion, c’est non pas la chute mais la longévité de Rome qui impressionne. Le climat, là aussi, a joué le rôle d’allié dans les grandes heures de la république et de l’empire d’Auguste. Toute la Méditerranée est alors baignée d’un soleil généreux qui favorise l’accroissement démographique, donc la levée d’impôts et l’expansion de l’empire. Même le Sahara est vert ! Mais vers 150 après J.-C., une instabilité climatique s’installe, conduisant à une ère nettement plus froide appelée petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive. Eruptions volcaniques cachant le soleil et ruinant les récoltes, famines, épidémies microbiennes : l’empire vacille, des villes sont anéanties, mais il résiste tant bien que mal… jusqu’à la première grande pandémie de l’histoire.

Les pestes dites antonines (165) ou de Cyprien (251) n’étaient que des répétitions générales. La peste de Justinien, qui démarre en 541 et qui connaît d’innombrables recrudescences, est le premier cas de peste bubonique de grande ampleur. Les estimations de mortalité sont immenses, entre le tiers et la moitié des sujets de Justinien. Chose fascinante, écrit Harper dans son livre savant mais accessible au grand public, c’est que, dans un monde qui n’a pas la moindre notion d’hygiène, le spectaculaire réseau de routes et l’existence de grandes métropoles densément peuplées ont sans doute largement favorisé la propagation des pandémies. L’empire a ainsi contribué à sa propre perte du fait même de son génie constructeur.

Fièvre eschatologique

Par ailleurs, Harper constate que les Huns – dont personne ne nie qu’ils sont le déclencheur d’un effet domino de peuples en marche qui va bouleverser les structures de l’empire – ont connu un bouleversement profond qui a changé le centre de gravité de leur empire nomade du côté de l’ouest. Là aussi peut-être, un effet des maladies dont on sait qu’elles ont voyagé loin. Autre élément soulevé par l’historien : les conséquences de ces dévastations dans l’Antiquité tardive sur les mentalités. Dans les lambeaux de l’empire devenu chrétien, on vit le sentiment de la fin du monde prochaine. La venue de l’islam, avance Harper, qui va bientôt conquérir la majeure partie de l’empire d’Orient, n’est pas étrangère à cette fièvre eschatologique.

Entre la Rome qui fêtait avec confiance ses mille ans d’existence en 248, avec la certitude d’être pour toujours le centre du monde, et la Rome dépeuplée et saisie d’angoisse trois siècles plus tard, avec ses églises remplies de survivants implorant la Vierge de les épargner, avec des campagnes vides et totalement méconnaissables, c’est un monde qui trépasse. Et même si l’humanité ne s’est pas éteinte, avec de nouvelles dynamiques débouchant sur de nouvelles entités politiques et sociales, on ne peut s’empêcher de lire en filigrane, dans l’étonnant destin de l’Empire romain, un avertissement adressé à notre civilisation globale du XXIe siècle, qui met la planète entière en surchauffe.

Commentaire.

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La « chute » de cet article contredit les remarques initiales. En effet, l’optimum climatique romain (lien sur ce blog) connut des températures moyennes d’environ 2 degrés supérieures à celles observées aujourd’hui. Il n’est pas nécessaire de réfléchir très longtemps pour comprendre que ce sont ces températures moyennes élevées qui favorisèrent une plus importante évaporation des mers et des océans provoquant des pluies plus abondantes et par conséquent des récoltes également plus abondantes. La prospérité que connut l’Empire romain est à rapprocher avec celle que connut 1000 ans plus tard l’Europe avec la construction des cathédrales.

https://jacqueshenry.wordpress.com/2019/12/06/etre-climato-realiste-est-une-vraie-mission-episode-4-temperature-et-co2-zoom-sur-les-derniers-milliers-dannees/


Brève. La psychose du coronavirus chinois

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Il est tout à fait incroyable que le monde entier soit transporté par une panique incompréhensible à propos de ce virus qui sévit en Chine depuis quelques semaines.

Il y aurait déjà quelques 130 morts … Mais ce n’est encore rien, le pire est à craindre. Il n’existe ni vaccin ni médicaments pour combattre ce virus.

Et alors ? Où est le problème toutes proportions gardées si on garde en mémoire le nombre de morts provoqués par la rougeole dans le monde en 2019 : plus de 140000, et pas seulement des enfants !

Pourtant il existe un vaccin particulièrement efficace pour juguler cette maladie qui tue, preuve en est la statistique de l’OMS. L’opinion publique devrait plutôt être prise de panique en raison de la montée en puissance des mouvements et autres associations d’obscurantistes qui sont opposés à la vaccination.

Petit cours de « leçon de choses » à la maison

Dans mon enfance nous apprenions toutes sortes de « choses » à l’école et l’instituteur appelait ces cours des leçons de choses. Ils stimulèrent ma curiosité et je ne l’ai toujours pas perdue. Il y a quelques jours je suis allé au marché et j’ai acheté pour un prix modique une barquette d’un demi kilo de fraises magnifiques que j’ai laissé sur la table. Un ami est venu me rendre visite et il a tout de suite senti l’odeur particulière et inoubliable des fraises. Pourtant les fraises étaient protégées par un film en plastique constitué de PET (polyéthylène-téréphtalate) c’est-à-dire la même matière que celle des bouteilles d’eau minérale. Sa finesse, quelques microns seulement, le rend extensible. Cet ami était étonné que l’odeur des fraises se répande dans la pièce en traversant le film de plastique. J’ai alors vérifié que l’ensemble de la barquette était bien enrobé dans le film. Et je me suis demandé pourquoi l’arôme de la fraise traversait ce film pourtant sensé être imperméable aux odeurs.

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Le PET est un polyester très « hydrophobe » c’est-à-dire qui n’aime pas l’eau. Quant à l’arôme de la fraise c’est un cocktail complexe d’au moins huit lactones volatiles. Les lactones sont également des esters un peu particuliers puisqu’ils se forment entre une fonction acide et un alcool (-OH) de la même molécule pour former des cycles à 5 ou 6 atomes selon la position de l’ -OH qui sont stables. Voici deux lactones constituant l’arôme de la fraise parmi les 8 lactones du même type que l’on retrouve dans ce fruit :

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Ces molécules également hydrophobes traversent donc le film de PET, du moins celui utilisé par le maraîcher de l’île de Tenerife qui cultive les fraises en question. Les récepteurs olfactifs du nez arrivent à détecter ces lactones pourtant présentes et détectables à des concentrations de l’ordre de quelques parties par milliard (ppb). Mais il ne faut pas se méprendre au sujet de cette grandeur physique. En effet dans un litre d’air qui contient 10 ppb d’une de ces lactones il y a tout de même 267000 milliards de molécules « vraies » de la gamma-octalactone représentée ci-dessus, par exemple, de quoi provoquer un signal électrique suffisant au niveau des récepteurs olfactifs pour que le cerveau l’interprète et le mémorise, une faculté de « mémoire des odeurs » du cerveau qui m’a toujours fasciné.

Enfin pour terminer cette petite leçon de choses je me suis aussi rendu compte que les fraises devaient être consommées rapidement car elles ont tendance à pourrir, ce qui est rassurant puisqu’elles ne sont donc pas traitées chimiquement. Cette pourriture est typique du champignon Botrytis cinerea qui affectionne particulièrement le raisin.

L’outil CRISPR-cas9 : un espoir pour sauver les bananes ?

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La course à l’ingénierie génétique de la banane de nouvelle génération est lancée. Le gouvernement colombien a confirmé le mois dernier qu’un champignon destructeur de bananes avait envahi les Amériques – la source d’une grande partie de l’approvisionnement mondial en bananes. L’invasion a provoqué une nouvelle urgence aux efforts pour créer des fruits qui peuvent résister au fléau.

Les scientifiques utilisent plusieurs approches expérimentales pour sauver la banane. Une équipe australienne a inséré un gène de résistance de bananier sauvage dans la variété commerciale la plus connue – la Cavendish – et teste actuellement ces bananes modifiées au cours d’essais sur le terrain. Les chercheurs se tournent également vers le puissant et précis outil d’édition de gènes CRISPR pour renforcer la résilience de la Cavendish contre ce champignon, connu sous le nom de Fusarium wilt tropical race 4 (TR4) et provoquant la mort des bananiers, maladie initialement appelée maladie de Panama.

La reproduction de la résistance au TR4 dans le Cavendish en utilisant des méthodes conventionnelles (sélection d’hybrides) n’est pas possible car la variété est stérile et se propage par clonage. Ainsi, la seule façon de sauver la Cavendish pourrait être de modifier son génome, explique Randy Ploetz, phytopathologiste à l’Université de Floride à Homestead. La variété Cavendish représente 99% des exportations mondiales de bananes.

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James Dale, biotechnologue à l’Université de technologie du Queensland à Brisbane, en Australie, a commencé à recevoir des demandes de renseignements sur ses bananes génétiquement modifiées (GM) en juillet, alors que les premières rumeurs montraient que TR4 avait atteint la Colombie. Ensuite, la Colombie a déclaré une urgence nationale, affirme Dale, « car la menace est immense. »

Une alternative séduisante

Ce n’est pas la première fois qu’une variété de banane commerciale est menacée d’extinction. Dans la première moitié des années 1900, une autre souche du champignon Fusarium appelée TR1 a presque anéanti la meilleure banane de l’époque, la Gros Michel. Mais les agriculteurs avaient un renfort dans la Cavendish, qui était résistante au TR1, assez ferme pour résister à la manipulation pendant l’exportation et avait une texture et un goût largement acceptables. Dans les années 1960, de grands producteurs de bananes comme Chiquita, maintenant basés à Fort Lauderdale, en Floride, se tournaient vers la Cavendish.

Cette fois-ci il n’y a pas d’alternative facile. Rodomiro Ortiz, généticien des plantes à l’Université suédoise des sciences agricoles d’Alnarp, dit qu’aucune espèce de bananier naturelle n’a les qualités qui ont rendu la Cavendish si populaire et la capacité de résister au TR4.

Et le champignon est un adversaire coriace. Il ne peut pas être tué avec des fongicides, et il peut persister dans le sol sous forme de spores jusqu’à 30 ans. Cela a permis au TR4 de se répandre lentement dans le monde, probablement en faisant de l’auto-stop sur du matériel contaminé ou dans le sol. La souche a commencé à détruire les cultures de bananes dans les années 1990 en Asie avant d’envahir l’Australie et les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique. Maintenant, TR4 est dans les Amériques, et les chercheurs disent que la Cavendish pourrait s’éteindre complètement au cours des prochaines décennies à moins qu’ils ne puissent modifier cette variété pour la rendre résistante au champignon.

L’équipe de Dale s’est concentrée sur la modification des plantes de Cavendish en insérant un gène de la banane sauvage Musa acuminate malaccensis qui confère une résistance au TR4. Après avoir publié des résultats prometteurs en 2017 à partir d’un petit essai sur le terrain, Dale a commencé une étude plus vaste il y a 15 mois. Dale et ses collègues ont planté des Cavendish transgéniques sur un demi-hectare de terrain infesté de TR4 dans le nord de l’Australie. Les bananes transgéniques se portent bien, dit Dale, tandis qu’environ un tiers des bananes régulières qu’il a plantées à des fins de comparaison sont infectées par le champignon.

Il prévoit de demander aux régulateurs australiens l’autorisation de commercialiser cette banane transgénique Cavendish après la fin de l’étude en 2021. Mais il est impossible de prédire si les autorités donneront leur feu vert, ni combien de temps pourrait durer la procédure d’approbation.

Même si la banane transgénique de Dale obtient l’approbation, la commercialisation pourrait être un problème. Les cultures génétiquement modifiées ont longtemps été confrontées à des pressions publiques dans le monde entier, en particulier en Europe. «Dale possède maintenant d’excellentes bananes qui semblent presque immunisées contre le TR4», explique Ploetz. « Mais la question de savoir si les consommateurs achèteront ce produits est un autre problème. »

Transformer des bananes avec CRISPR

Dans une tentative de rendre les bananes biotechnologiques plus agréables au goût pour les régulateurs, Dale édite également le génome de Cavendish avec CRISPR pour augmenter sa résilience au TR4, au lieu d’insérer des gènes étrangers. Plus précisément, il essaie d’activer un gène dormant dans la Cavendish qui confère une résistance à TR4 – le même gène qu’il a identifié chez M. acuminate var malaccensis. Mais le travail en est encore à ses débuts. « Il faudra encore quelques années avant que ceux-ci ne soient mis sur le terrain pour des essais« , explique Dale.

D’autres chercheurs utilisent CRISPR pour renforcer les défenses de la Cavendish de différentes manières. Leena Tripathi, biologiste moléculaire à l’Institut international d’agriculture tropicale de Nairobi, au Kenya, utilise l’outil d’édition de gènes pour supprimer les gènes Cavendish qui semblent rendre la plante vulnérable au TR4. Jusqu’à présent, elle n’a édité que du tissu Cavendish en laboratoire. La prochaine étape consistera à faire pousser les tissus en jeunes plants (illustration), puis à voir si les plantes survivent à l’exposition au TR4. Des chercheurs philippins ont proposé d’aider à tester la Cavendish édité par Tripathi dans leur pays; TR4 y est présent, mais pas au Kenya.

Enfin une start-up biotechnologique, Tropic Biosciences à Norwich, au Royaume-Uni, essaie d’utiliser CRISPR pour renforcer le système immunitaire de la Cavendish. Toutes les plantes produisent des petits brins d’ARN qui contrôlent l’activité de certains de leurs propres gènes. Et des études récentes suggèrent que certains de ces brins d’ARN peuvent parfois supprimer les gènes des agents pathogènes, paralysant ainsi les envahisseurs. Il s’agit d’un processus naturel d’interférence ARN. La société de biotechnologie utilise CRISPR pour modifier les brins d’ARN dans la Cavendish afin qu’ils réduisent au silence les gènes dans TR4.

Mais on ne sait pas comment les régulateurs du monde entier accueilleront les bananes modifiées par génie génétique. En 2016, le département américain de l’Agriculture a décidé de ne pas réglementer un champignon de consommation courante dont le génome a été édité à l’aide de CRISPR, suggérant qu’il pourrait traiter les bananes éditées de manière similaire. De surcroit les gouvernements de Colombie, du Chili, du Brésil, du Japon et d’Israël ont publié des déclarations officielles indiquant qu’ils pourraient également être indulgents avec les cultures éditées par CRISPR. L’Union européenne a toutefois déclaré qu’elle évaluerait les cultures modifiées génétiquement aussi strictement que les autres aliments génétiquement modifiés.

Ortiz soutient les efforts d’ingénierie des chercheurs, mais il met en garde contre le fait de se concentrer uniquement sur une solution biotechnologique au fléau rampant des bananes. Il y a plus d’un millier d’autres types de bananes en dehors de la Cavendish, dit-il. Ils ne produisent pas des rendements aussi élevés que ceux de la Cavendish, peuvent être expédiées facilement et ont à peu près les mêmes propriétés organoleptiques, et Ortiz dit que les entreprises commerciales de bananes pourraient essayer de créer un marché pour ces variétés alternatives. « Nous devons exploiter la diversité disponible« , dit-il, « et avoir une campagne de marketing qui dit que vous pouvez profiter de la banane par d’autres moyens.« 

Inspiré d’un article publié sur le site de l’hebdomadaire scientifique Nature.

Autres liens à propos des régulations : https://www.nature.com/articles/d41586-018-05814-6

https://www.nature.com/news/gene-edited-crispr-mushroom-escapes-us-regulation-1.19754

Relire aussi sur ce blog : https://jacqueshenry.wordpress.com/2017/11/20/un-immense-espoir-pour-sauver-la-banane/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2016/01/15/vers-une-disparition-des-bananiers/

L’adénocarcinome mortel du pancréas provoqué par un champignon ?

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En janvier 2019 il était question sur ce blog d’une bactérie se trouvant communément dans la bouche et provoquant l’apparition de plaques dentaires. Il s’agissait de Porphyromonas gingivalis dont on a montré la présence d’un marqueur spécifique (ARN-16S) systématiquement dans les cerveaux de malades morts de la maladie d’Alzheimer et j’avais qualifié cette découverte de terrifiante. Auparavant un lien non ambigu entre cette même bactérie P. gingivalis et la polyarthrite rhumatoïde avait été démontré. Mais tant la bouche que les fosses nasales ou encore la peau sont colonisées par toutes sortes de microorganismes dont des champignons. C’est au tour d’un champignon très commun sur la peau mais pouvant provoquer toutes sortes de dermatites, Malassezia globosa, qui vient d’être identifié comme lié à l’adénocarcinome du pancréas, un cancer fatal dans tous les cas. L’identification de la présence de ce champignon a été réalisée à l’aide de sondes ADN en lien avec l’adénocarcinome.

Ce champignon microscopique entre dans le tube digestif facilement puisqu’il se trouve partout sur la peau et il a été également identifié comme l’un des facteurs promouvant certaines formes d’ulcères de l’estomac. Normalement le système immunitaire prend en charge ce type de microorganisme . Au niveau de la peau des réactions immunitaires parfois intenses peuvent provoquer des dermatites récurrentes mais au niveau du tube digestif c’est une autre propriété de ce champignon qui lui permettra de survivre et de coloniser éventuellement le pancréas. La première étape permettant l’apparition des conditions requises pour que l’adénocarcinome du pancréas se développe est une réaction immunitaire dirigée contre le champignon. Cette réaction provoque une inflammation du pancréas par l’activation de la « cascade du complément » : le composant C3 de cette cascade est activé par une protéine (MBL, mannose binding lectin) reconnaissant un sucre, le mannose, présent à la surface du champignon.

Le processus d’apparition d’une tumeur est alors initié et l’issue est généralement fatale car le diagnostic est souvent tardif. Les biologistes de la faculté de médecine de l’Université de New-York n’ont pas encore de réponses et ceci d’autant moins que ce champignon est très commun sur la peau.

Source : https://doi.org/10.1038/s41586-019-1608-2

Lien : https://jacqueshenry.wordpress.com/2019/01/27/maladie-dalzheimer-coup-de-theatre-terrifiant/

https://en.wikipedia.org/wiki/Complement_system

Mille milliards d’euros pour sauver le climat en Europe. Qui va payer ?

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(Article paru sur le site Project Syndicate)

Sous la présidence d’Ursula von der Leyen, la Commission européenne met en place de grands projets pour lutter contre le changement climatique. Avec un investissement prévu de 1000 milliards d’euros, cette commission espère transformer l’Europe en une économie neutre en carbone d’ici 2050. 

Mais une grande partie de ce « pognon de dingue » pour satisfaire les fantasmes de ce qu’on appelle désormais le « Green New Deal à l’européenne » proposé par la Commission proviendrait d’effets de levier financier. En 2020, l’UE n’allouera officiellement à ces fins que 40 milliards d’euros environ, dont la plupart sont déjà inclus dans le budget des années précédentes. Ce seront sans doute seulement 7,5 milliards d’euros de financement supplémentaire dans le cadre de ce plan qui seraient en fait nouveaux. L’astuce encore une fois, comme Jean-Claude Junker, l’homme à la sciatique chronique, l’avait pratiquée, consistera à procéder à des opérations hors-bilan administrées par la Banque Européenne d’Investissements (BEI)

En substance, l’UE a fait et fera donc encore ce que faisaient les grandes banques avant la crise financière de 2008, c’est-à-dire lorsqu’elles ont contourné la réglementation en déplaçant une partie de leurs activités vers des produits hors bilan et des véhicules financiers à usage spécial. Dans le cas de l’UE, les garanties offertes par la Commission et les différents États membres de l’UE sont suffisantes pour une cote de crédit élevée, et donc pour l’émission d’obligations européennes. Les fonds générés seront utilisés à des fins publiques et privées, et parfois même pour des partenariats public-privé. Mais si les garanties devaient être honorées un jour ce sont alors les contribuables de la zone euro qui paieraient la facture.

Ces budgets parallèles prévus sont problématiques, non seulement parce qu’ils permettraient à la Commission de contourner l’interdiction d’emprunter à laquelle elle est soumise par les traités, mais aussi parce qu’ils impliquent in fine la Banque centrale européenne. Certes, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déjà annoncé qu’elle souhaitait que la banque joue un rôle plus actif dans les activités respectueuses du climat au sein de la zone euro, alors de ce fait la BCE examine dès à présent l’opportunité de poursuivre les achats ciblés d’obligations émises par des institutions qui auront reçu le « sceau d’approbation climatique » de la Commission. Comment cela fonctionnera-il ? Nul ne le sait car ce mécanisme d’approbation est pour le moins opaque.

Dans la pratique, bien sûr, cela signifie très probablement que la BCE rachètera les obligations «vertes» actuellement émises par la BEI. Ces achats réduiront alors les taux d’intérêt auxquels la BEI peut s’endetter, ce qui conduira inévitablement à l’activation de l’imprimerie de la BCE pour fournir les fonds nécessaires à la politique climatique.

Certes il est louable de vouloir agir sur le changement climatique (ce n’est pas moi qui l’affirme, ce sont les mots d’Hans-Werner Sinn). Mais dans le cadre du plan actuel, la BCE serait alors poussée dans une zone grise plus vraiment légale. La BCE n’est pas contrôlée démocratiquement, mais plutôt gérée par les technocrates de son conseil d’administration. Chaque État membre, petit ou grand, nomme son propre représentant, qui dispose alors de droits de vote égaux, d’une immunité personnelle et de l’autonomie de fonctionner sans aucune responsabilité parlementaire puisque comme chacun sait le Parlement européen n’a pas de pouvoir. En outre, en vertu du traité de Maastricht, le conseil d’administration de la BCE est principalement tenu de maintenir la stabilité des prix et ne peut soutenir des mesures de politique économique distinctes que si cela ne met pas en danger sa capacité à remplir ce mandat. Dans le cas de l’accord « vert », les dangers sont évidents. Si la demande supplémentaire créée par l’expansion des projets verts est financée par l’impression d’argent au lieu de collecter des impôts, elle ne retirera pas la demande des autres secteurs de l’économie européenne et sera donc potentiellement inflationniste.

De telles situations conduisent à se remémorer l’article 123 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Cet article interdit strictement à la BCE de participer au financement «des institutions, organes, bureaux ou agences de l’Union, des gouvernements centraux, régionaux, locaux ou d’autres autorités publiques, d’autres organismes de droit public ou des entreprises publiques des États membres ». Mais, bien sûr, la BCE a déjà contourné cette règle en achetant environ 2000 milliards d’euros de dette publique sur le marché, outrepassant ainsi les limites de son mandat à un degré juridiquement douteux.

Les derniers plans pour contourner le traité de Maastricht n’amélioreront pas les choses. Avant la crise financière, la BCE ne s’intéressait qu’à la politique monétaire. Pendant la crise, elle s’est transformée en une autorité de sauvetage public qui a sauvé des banques et des gouvernements en faillite. Maintenant, elle devient un gouvernement économique qui peut « imprimer » son budget comme bon lui semble.

La violation évidente de l’esprit du traité de Maastricht sera double : l’UE assumera la dette secrètement, et elle le fera par le biais de l’imprimerie. En tant que tels, les plans de la Commission saperont davantage la crédibilité de l’institution même sur laquelle l’Europe s’appuie pour sa stabilité financière et macroéconomique et ses perspectives de croissance à long terme – et cela à un moment où le monde devient encore plus incertain, compétitif et agressif. Dans ces conditions on ne peut que craindre un avenir très sombre pour l’Union européenne et tout cela risque de très mal se terminer.

Hans-Werner Sinn est professeur d’économie à l’Université de Munich. Il a été président de l’Institut Ifo (Institut de recherche économique de l’Université de Munich) et siège au conseil consultatif du ministère allemand de l’économie. Article paru sur le site Project Syndicate

Les marchands de malheur de Davos inaugurent une nouvelle ère moyenâgeuse pour la science du climat.

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Il y a quelque chose de sinistre dans l’air sec de la montagne à Davos cette année. Comme toujours, le spectacle est presque burlesque et grotesque : l’élite mondiale est descendue dans la station de ski de luxe dans ses jets privés pour discuter du réchauffement climatique autour de côtelettes de soja indonésiennes poêlées cuites par un célèbre chef végétalien venu du Canada par avion. Mais sous l’hypocrisie minable persiste un mensonge encore plus obscur : un consensus inimaginable sur la façon de «sauver la planète».

Prenez le discours de Greta Thunberg, qui a démenti les chiffres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat concernant les réductions nécessaires des émissions de carbone. « J’ai répété ces chiffres à maintes reprises », a-t-elle lancé alors que les PDG totalement dénués d’intelligence et les apparatchiks de l’ONU écarquillaient les yeux devant l’adolescente activiste vêtue d’un sweat à capuche morigénant capricieusement au sujet des délais manqués et des objectifs ratés.

La stratégie fade et conviviale de Greta est surprenante et cela renforce sa ruse : que la science est incroyablement claire, les actions nécessaires sont incontestables, et que sa tâche est simplement de «continuer à le répéter» jusqu’à ce que nous nous ennuyions.

Naturellement, Donald Trump n’en avait rien à faire. Il a laissé filer cette cascade de relations publiques de brouilleuse de cartes, rejetant les «prédictions de l’apocalypse» et les «prophètes de malheur». À sa manière, le président fulminait en se dissimulant – sinon tout à fait – devant ces affirmations déconcertantes. Le réchauffement climatique se produit, mais la science du climat elle-même est désordonnée, mystifiante et ambivalente. De ce fait la certitude avec laquelle les écolo-guerriers présentent leur cas est donc scandaleusement malhonnête.

Les liens de causalité établis entre le réchauffement climatique et les feux de brousse australiens en sont un exemple. Greta a tweeté son désespoir face à l’échec du monde « à faire le lien entre la crise climatique et les événements météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles comme les « Australian Fires ». Mais la vérité gênante est que les scientifiques n’ont pas définitivement lié les feux de brousse aux seuls changements climatiques. Cela peut être un facteur parmi tant d’autres. L’Académie australienne des sciences elle-même concède: «La croissance démographique, le changement climatique, les températures extrêmes, les sécheresses, les tempêtes, le vent et les inondations se croisent de manières difficiles à démêler.»

La rhétorique trompeuse des feux de brousse raye à peine la surface des problèmes avec ce consensus. « Nous savons parfaitement que les humains sont à l’origine du réchauffement de la planète, a déclaré Sir David Attenborough dans une récente interview à la BBC ajoutant que : c’est maintenant un « moment de crise ». Mais la prose par onomatopées cassantes de Sir David se confond avec les fondements mal assurés de ses affirmations apocalyptiques.

Vous n’avez pas besoin de contester que l’homme contribue au réchauffement climatique pour se demander s’il est sain de parler du problème avec une certitude inébranlable, ou pour demander si la situation est si urgente qu’elle nécessite le gaspillage de milliards de dollars pour y remédier. Les scientifiques n’ont pas incontestablement prouvé que d’autres facteurs n’y contribuent pas non plus. Des études sur la chaleur pénétrant dans les océans par des dissidents comme le physicien israélien Nir Shaviv, par exemple, suggèrent que le Soleil a un effet important sur le changement climatique. Les éco-catastrophistes n’ont pas validé de manière crédible ses conclusions, publiées dans le prestigieux Journal of Geophysical Research.

De telles incertitudes sont importantes lorsque l’on demande aux gens de faire de grands sacrifices au nom de l’objectif du zéro carbone net. Tous nos efforts peuvent ne pas faire de différence de toutes les façons. Mais les opinions contraires ne sont pas autorisées. Certains chercheurs sont effrayés par le passage de l’effort scientifique basé sur la théorie et les preuves à la dépendance à la modélisation prédictive approuvée par l’IPCC. Ici, le culte du « managérialisme » et la manie de l’éco-catastrophisme se sont dangereusement rapprochés, tandis que les bureaucrates universitaires poussent pour des projets de recherche qui attirent des investissements informatiques alléchants.

Comme Galilée et Descartes à la veille des Lumières, les érudits ont trouvé des moyens subtils pour esquiver les soupçons des réactionnaires inquisitoires. Ils publient discrètement des articles sans communiqué de presse, ou avec des encarts «éco-consensuels» incongrus, même si ceux-ci sont souvent en contradiction avec leurs résultats.

Quand la civilisation occidentale est-elle entrée dans ce nouvel âge des ténèbres ? Les scènes effrayantes de la prestation manichéenne de Greta à Davos offrent un indice. Le managérialisme, une idéologie qui a rempli le vide créé par l’effondrement du communisme et la désillusion post-soixante-huit avec le capitalisme de marché, infecte tous les coins de la société. L’astuce est que la survie de ce managérialisme repose sur le déni flagrant de la complexité chaotique dont il se nourrit. Il considère que tous les problèmes (comme toutes les sociétés) partagent plus de similitudes que de différences et peuvent donc être résolus par des processus génériques optimisés.

Ainsi, des militants comme Greta réduisent le changement climatique à une maladie clairement diagnostiquée qui peut être traitée en respectant des délais précis, tandis que le reste d’entre nous paie la facture. Et donc nos élites – qui partagent la même conviction arrogante qu’ils sont en possession de toute l’expertise pour faire face aux subtilités de la Terre refusent ardemment de reconnaître tout ce qui met en doute les «faits» établis. Malheureusement, jusqu’à ce que l’ère de ce managérialisme s’effondre sur elle-même, nous serons tous prisonniers de cette illusion.

Article de Sherelle Jacobs paru sur The Telegraph

Imagerie fonctionnelle par résonance magnétique et interactions sociales

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L’effet sur l’activité cérébrale des interactions sociales est difficile à étudier directement. En général ces interactions sont étudiées indirectement en présentant par exemple des photos au sujet lorsque ce dernier est soumis à une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. Toutes les études réalisées à ce jour souffrent donc de ce manque de connexion directe entre deux personnes puisque le sujet étudié n’est qu’un spectateur et non un acteur. Il est en effet difficile d’étudier l’état de fonctionnement du cerveau sans un contact direct, physique, entre deux personnes interagissant activement durant l’étude par imagerie fonctionnelle. Cet écueil a été résolu en construisant un appareil de résonance magnétique nucléaire suffisamment grand pour que deux personnes puissent être simultanément soumises à l’étude.

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L’imagerie fonctionnelle consiste à suivre l’évolution de la consommation d’oxygène, en d’autres termes l’accroissement du métabolisme, dans certaines régions du cerveau, au cours de l’étude, ce qui se traduit par une accélération du flux sanguin que va détecter l’appareil d’imagerie. L’approche précédente avait consisté à placer chaque sujet dans un appareil IRM, un système de vidéo et de sonorisation permettant aux deux sujets d’interagir. Il manquait cependant le contact direct, c’est-à-dire une situation proche de la réalité, un appareil spécial d’un diamètre suffisant pour accueillir deux personnes se faisant face simultanément. La tête de chaque sujet est placée dans un bouclier comportant le bobinage entourant le crâne permettant le découplage du volume cérébral pour l’étude de l’hémodynamique de chaque cerveau au cours de l’interaction directe. Les sujets ont été choisi parmi des étudiants de l’Université de Turku en Finlande d’un âge moyen de 23 ans vivant une relation amoureuse, 7 couples hétérosexuels et 3 couples de femmes homosexuelles. Ce choix a permis d’étudier l’hémodynamique cérébrale directement au cours d’une interaction physique réelle.

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Au cours de l’étude l’expérimentateur donnait l’ordre au deux sujets se trouvant visage contre visage d’avoir un contact physique direct pendant 30 secondes puis de rester sans contact pendant les 30 secondes suivantes, etc, … Durant chaque séquence l’une des deux personnes était « active » mais devait minimiser ses mouvements afin de ne pas perturber le champ magnétique. Les deux sujets devaient garder les yeux ouverts le battement des cils étant autorisé.

La figure ci-dessus illustre un résultat global concernant les deux sujets à qui était donné l’ordre oral d’entrer en contact physique pendant 30 secondes puis de cesser ce contact durant les 30 secondes suivantes, etc … Les composants indépendants des réponses au niveau des cortex (IC) varient selon l’ordre vocal (IC2) ou la phase de contact autorisée par l’opérateur (IC1). Le signal normalisé de la consommation d’oxygène n’est pas superposable pour ces deux situations et les zones du cortex impliquées sont également différentes. Dans le cas du contact physique (baiser léger tel qu’aucun mouvement notoire ne puisse perturber le champ magnétique) deux zones sont particulièrement actives, l’une au niveau du cortex somato-sensoriel et l’autre au niveau du cortex moteur. Par contre la stimulation vocale de l’opérateur se répercute vers les zones bilatérales du cortex auditif. Le dispositif du casque ne permettant pas de détecter en détail les changements intervenant au niveau du cortex préfrontal ces informations ont été partiellement perdues.

L’étape suivante consistera à mettre en œuvre un casque couvrant le front mais de telle manière que les deux sujets puissent échanger leurs regards et être en contact si possible labial. Les résultats de cette étude sont déjà fascinants et ont conduit l’Union européenne à encourager ces travaux par une aide financière substantielle.

Source et illustrations : http://dx.doi.org/10.1101/861252

Le financement des « ONGs » européennes et leurs répercussions économiques

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En Europe il existe des ONGs tolérées et financées par les gouvernements, c’est du moins la version officielle qui est admise par l’homme de la rue. Dans un récent billet sur ce blog j’ai mentionné ce financement largement abusif des ONGs qui sévissent en France, financement par les impôts des contribuables, et qu’il serait urgent de mettre de l’ordre dans ce système obsolète qui date de 1901. Curieusement aucun de mes lecteurs n’a laissé de commentaire à ce sujet alors qu’il me paraît d’une extrême importance pour la sécurité nationale comme vous allez le découvrir avec deux exemples. Certes le panel que représentent les lecteurs de mon blog n’est pas représentatif de l’opinion générale. Pour autant quand j’aborde le problème posé par les ONGs je dois reconnaître que ces organismes bénéficient de la sympathie de l’opinion. Or cette attitude de confiance aveugle est complètement trompeuse. Pour éclairer la gouverne de mes chers lecteurs je vais reprendre sans trop les déformer deux propos d’Alain Juillet qui a été longtemps conseiller pour l’Intelligence économique auprès de la DGSE. D’ailleurs pourquoi les déformerais-je puisque Monsieur Juillet est infiniment mieux informé que votre serviteur. Voici donc les deux exemples que j’ai choisi étant donné que je connais dans le détail ces deux domaines.

En ce qui concerne les OGMs (organismes génétiquement modifiés), les disciples de José Bové détruisaient allègrement avec l’appui de Greenpeace (ONG qui n’a de vert [green] que le nom) les plantes transgéniques en essais plein-champ. Ces véritables commandos de terroristes réduisant à néant des années de travaux de recherche académique étaient financés sans le savoir et très indirectement par tout un montage financier opaque, nous étions au début des années 1990 pour vous remémorer ces évènements, alors que la France était le leader européen de la transgenèse végétale avec l’INRA, le CNRS, Limagrain et Rhône-Poulenc et je vous laisse deviner qui les finançait : … Monsanto !

Cette gigantesque multinationale américaine voulait tuer dans l’oeuf toute velléité française d’interférer dans ses visées de domination mondiale du marché des plantes génétiquement modifiées.

Il faut avoir travaillé dans l’intelligence économique comme Alain Juillet (intelligence ici est une traduction inappropriée du mot anglo-saxon éponyme qui signifie information et par extension espionnage, cf. l’Intelligence Service anglais) pour affirmer de tels propos. Heureux écolos anti-OGMs qui ont été manipulés par Monsanto sans jamais le savoir : ils n’ont même pas compris que de l’autre côté de l’Atlantique on les prenait pour des débiles mentaux puisqu’eux-mêmes clouaient au pilori cette firme multinationale … et Monsanto et Pioneer Seeds se frottaient les mains avec naturellement l’encouragement de la Maison-Blanche car il fallait à tout prix protéger l’industrie américaine. José Bové devrait être poursuivi en justice pour avoir détruit le patrimoine intellectuel français au profit des Etats-Unis en étant un acteur « écologiste » aux ordres de Monsanto. Malheureusement il clamerait son innocence car il est trop c*n pour avoir pu imaginer un seul instant qu’il était manipulé par une multinationale américaine.

Venons-en maintenant à la technologie française du nucléaire civil, un autre domaine que je connais bien pour avoir travaillé comme consultant auprès d’EDF justement dans le domaine du nucléaire. Il s’agit d’un autre gros morceau qui a mobilisé une multitude d’ONGs dont encore une fois Greenpeace. Pour la petite histoire le premier réacteur à eau pressurisée produisant de l’électricité construit en France est le réacteur de Chooz A sous licence Westinghouse concédée à la Compagnie Franco-américaine de Constructions Atomiques plus connue ensuite sous le nom de Framatome. Il s’agissait d’un réacteur d’une puissance de 300 MW qui fut définitivement arrêtée en 1991 après 24 ans de fonctionnement et de bons et loyaux services rendus. Cette installation a été arrêtée car elle n’était plus rentable en raison de son implantation souterraine qui compliquait considérablement les interventions de maintenance. Puis avec l’appui du gouvernement français via le CEA et les excellents services de recherche et développement d’EDF la France améliora considérablement le procédé originel Westinghouse au point que le pays commença à exporter son savoir-faire en Corée (du sud) puis en République sud-africaine. Le site de Chooz comprend aujourd’hui deux réacteurs d’une puissance électrique de 1560 MW électriques chacun, les immédiats précurseurs de l’EPR avec ceux du site de Civaux dans la Vienne.

Après l’accident de la centrale nucléaire américaine de Three Mile Island (illustration) le 28 mars 1979 provoqué par une erreur humaine l’industrie électro-nucléaire américaine a été mise au point mort et le savoir-faire a progressivement disparu. Comme aujourd’hui le seul pays européen, hors Russie, encore capable de construire des centrales nucléaires est la France alors les Etats-Unis ont tout fait pour fragiliser le savoir-faire industriel français dans le domaine du nucléaire civil afin de relancer l’industrie américaine dans ce domaine, ce qui reste encore hypothétique. Même le gouvernement français a cédé au scandaleux chantage exercé par les USA pour céder le département énergie d’Alstom à General Electric agrémenté de faits (non avérés) de corruption pour discréditer l’image d’Alstom entrant dans le cadre de l’extraterritorialité de la loi américaine (cf. l’affaire Pierruci).

La cession d’Alstom, pilier incontournable de l’industrie électro-nucléaire française, a été approuvée par un certain Emmanuel Macron en personne alors qu’il se trouvait au Ministère des finances français méprisant ainsi toutes les conséquences stratégiques d’une telle opération strictement financière à ses yeux. Afin que l’opinion publique française soit anesthésiée lors de cette transaction les USA n’ont jamais cessé d’épauler diverses ONGs pour discréditer l’énergie nucléaire française, en particulier Greenpeace qui bien qu’interdite de séjour aux USA (ainsi qu’en Russie et en Chine pour d’autres raisons) continue d’être financée par le lobby américain ultra-puissant des énergies fossiles.

On peut légitimement se poser la question d’une éventuelle action souterraine des lobbys américains, via des ONGs européennes et pas seulement françaises, pour la fermeture totalement stupide et sans aucune espèce de motivation économique du surrégénérateur de Creys-Malville. Quant à la fermeture tout aussi stupide de l’usine de Fessenheim elle est le résultat également de la pression d’ONGs allemandes et suisses avec à leur tête Corinne Lepage probablement manipulée, sans jamais en avoir eu conscience elle-même – au niveau de la clairvoyance elle pourrait être classé au même niveau que José Bové – par les lobbys américains qui veulent vendre leur pétrole, leur gaz et leur charbon aux Européens. Au risque de me répéter la prochaine centrale nucléaire qui verra le jour sur le sol français aura été entièrement fabriquée par la Chine à qui la France a cédé tout son savoir-faire y compris celui des turbines en sous-estimant l’immense aptitude des Chinois à admirablement tout très bien copier. Dès lors ces actions à la cow-boy des Américains ne font que favoriser les Chinois et les Russes, belle réussite ! Et la présidence de la République française s’en lave les mains. J’en ai la nausée …