A la mémoire de Rita Levi-Montalcini

 

 

Les publications de Rita Levi-Montalcini ont trainé sur mon bureau, dans le laboratoire, pendant toutes les années où j’ai travaillé sur les facteurs de croissance. J’avais eu l’immense privilège d’assister à une conférence que cette petite femme effacée et à la voix perchée donna lors d’un congrès de biologie, je crois me souvenir à Amsterdam, alors que le séquençage chimique des protéines en était à ses balbutiements, un domaine dans lequel j’allais quelques années plus tard, après ma thèse et sans le savoir, me perfectionner à UCLA sous la direction d’Emil Smith, l’un des grands spécialistes de l’époque dans cette spécialité ardue qui n’est plus qu’un souvenir anecdotique aujourd’hui pour les biologistes et les biochimistes.

Avec Stanley Cohen, Rita Levi-Montalcini découvrit les signaux chimiques (protéiques) qui commandent la croissance et la différenciation cellulaires, tant des cellules nerveuses que des cellules épidermales et ces travaux d’avant-garde valurent à ces deux scientifiques hors du commun le prix Nobel en 1986. Depuis ces travaux précurseurs, nombres de facteurs de croissance et de régulation cellulaires ont été découverts et leur mode d’action élucidé. Les applications en sont nombreuses tant en recherche fondamentale qu’en bio-médecine comme par exemple l’orientation de la différenciation des cellules souches pour des usages thérapeutiques. Et tous ces travaux ont été rendus possibles par les découvertes de Rita Levi-Montalcini et de Stanley Cohen dans les années 60.

C’est avec une certaine émotion que j’ai appris la mort de cette grande dame hier à Rome à l’age de 103.

 

Quand les célébrités s’intéressent à la science, voilà ce que cela donne !

 

 

En septembre 2012, en pleine campagne électorale, Mitt Romney se demandait haut et fort pourquoi les pilotes de ligne n’ouvraient tout simplement pas la vitre du cockpit s’il y avait un feu à bord (se demandant, et c’est ma remarque personnelle, si la dépression causée n’allait pas tout simplement éteindre le feu), l’ingénieur en aéronautique Jacob Whitfield lui répondit que ce serait bien pire car l’air pressurisé aspiré vers l’extérieur causerait beaucoup plus de dégâts et de blessures qu’un incendie pouvant être maitrisé par le personnel à bord.

 

Depuis qu’elle a mis au monde son enfant, l’actrice January Jones s’administre chaque jour des gélules contenant de la poudre lyophilisée de placenta pour être en bonne santé. Une diététicienne du StGeorge Hospital de Londres lui a répondu qu’en dehors d’un apport en fer, le placenta, cru, cuit ou en poudre, n’apportait aucun bénéfice nutritionnel et pouvait plutôt être déconseillé car il constitue un filtre pour protéger le fœtus des toxines circulant dans le sang de la mère.

 

L’actrice Patsy Palmer se frotte les jambes avec des grains de café pour éviter des accumulations de graisse pouvant conduire à de la cellulite, c’est ce qu’elle a déclaré à la télévision ! Un pharmacien de renom (Gary Moss) lui a répondu que si la cellulite pouvait avoir un effet bénéfique contre la cellulite (il a bien dit « pouvait avoir ») se frotter les jambes avec des grains de café aurait un effet totalement improbable puisque la caféine est emprisonnée dans la structure du grain de café et ne peut en aucun cas pénétrer dans la peau.

 

Quant à Michael Phelps, le champion olympique de natation, il déclare que pisser dans une piscine n’est pas dangereux puisque l’eau javellisée détruira tout. Le biochimiste Stuart Jones lui a répondu du tac au tac que l’urine est essentiellement stérile et que le chlore n’aurait rien à tuer (à moins d’être lourdement atteint par une infection urinaire, remarque personnelle, auquel cas toute baignade serait prohibée non pas pour des raisons d’hygiène mais pour ne pas aggraver le cas).

 

Enfin, pour la star du pop Simon Cowell qui s’auto-administre de l’oxygène pour se donner de l’énergie, un médecin du centre médical pour l’altitude, l’espace et les environnements extrêmes l’a mis en garde contre cette pratique plutôt dangereuse qui risque tout bonnement d’endommager irréversiblement les poumons …

 

Mais quand les célébrités colportent des idées reçues (d’on ne sait où) et totalement infondées, les médias s’en emparent et les ignorants les considèrent vite comme des vérités.

 

Source : Reuters

Les Mayas se sont trompés d’une année dans leur calendrier !

 

La comète ISON récemment découverte par deux astronomes amateurs russes devrait arriver près de notre planète bleue entre octobre 2013 et janvier 2014 et être tellement brillante qu’on pourra presque la voir en plein jour à moins qu’elle soit tout simplement vaporisée par la chaleur solaire avant d’arriver près de nous. Elle se trouve actuellement un peu plus loin que Jupiter et devrait croiser dans les environs de Mars en septembre prochain.

Les Mayas se seraient-ils trompé dans leurs prévisions ? De tous temps mais plus aujourd’hui les comètes ont effrayé le bon peuple qui croyait à une manifestation néfaste des dieux et constituaient des signes avant-coureurs de catastrophes.

En 1680, une comète très brillante apparut dans le ciel et je suis allé par curiosité vérifier quels avaient été les évènements marqués par cette comète. C’est très simple, il suffit d’entrer 1680 sur Google et la page Wikipedia est bien documentée. Seul fait divers, dirions-nous aujourd’hui, fut un autodafé sur la Plaza Mayor à Madrid qui s’ensuivit de la mort sur le bûcher d’une vingtaine de « judaïsants » récalcitrants, les autres ayant opté pour la foi très catholique exigée par l’Inquisition.

 

Source : Reuters

Pour en finir avec la polémique sur le maïs Mon 810 ?

 

Une étude détaillée réalisée sur des porcs dont la physiologie digestive est proche des humains a récemment montré que si l’on nourrit des truies gestantes puis allaitantes avec du maïs Mon 810 qui exprime la toxine du Bacillus thuringiensis (Bt) pour le rendre résistant à certains insectes ravageurs, aucune différence significative ne peut être détectée même si le transgène est présent dans le sang, le lait et les tissus des truies et des porcelets. Le transgène est la protéine Bt et non le gène lui-même appelé Cry1Ab. Les analyses sanguines tant des truies que des porcelets n’ont pas révélé de différences significatives avec des groupes témoins nourris avec un maïs non transgénique, aucun phénomène d’allergie n’a pu être noté et il n’a pas été possible de détecter des anticorps dirigés contre le transgène ou des fragments de ce dernier. Cette étude indépendante, réalisée à l’Institut de Biotechnologie de l’Université de Mexico et en partie financée par l’Union Européenne a été conduite sur deux lots de 12 truies avec du maïs Bt et du maïs contrôle parent, c’est-à-dire exactement identique au précédent en dehors du transgène introduit (lignées PR34N44 et PR34N43 respectivement).

Il faut espérer que cette étude mettra un terme aux errements des ignorants qui se réclament d’un monde plus sain sans OGM.

A ce propos, je voudrais signaler à mes lecteurs qu’une étude réalisée récemment à l’Université d’Arizona a montré clairement que neuf femmes allaitantes sur dix excrétaient dans leur lait du triclosan, une organo-chloré présent dans nombre de crèmes, savons liquides, shampooings, lingettes ou encore dentifrices. Or quand on sait que cet antiseptique est un perturbateur endocrinien reconnu et est également cancérigène, sans apporter un quelconque bénéfice pour la santé, on se demande vraiment quel combat mener contre l’industrie chimique !

 

Sources : Arizona State University et PlosOne.

Chauve-souris : la clé de la longévité ?

J’ai lu il y a quelques jours que les chauve-souris étaient des animaux dangereux puisqu’elles peuvent transmettre des virus mortels pour l’homme comme le virus Ebola de triste renommée mais qui tue plus vite que son ombre et n’est donc pas en mesure de causer une épidémie à grande échelle. Pour quelle raison les chauve-souris, le seul mammifère capables de voler de ses propres ailes, résistent à de tels virus mortels et vivent comparativement à d’autres mammifères de la même taille jusqu’à 40 années alors qu’un rat (de laboratoire) ne vit qu’au plus trois années. C’est un peu comme si l’homme vivait dix fois plus longtemps, soit 700 ans … je veux bien admettre que ma comparaison est spécieuse mais il n’en a pas fallu beaucoup plus pour que des biologistes de l’Université de Californie à Riverside s’intéressent de plus près aux chauve-souris pour comprendre pourquoi leur système immunitaire semblait les protéger contre des virus mortels et pourquoi elles avaient une espérance de vie exceptionnelle.

La plupart des virus ne sont pas directement mortels car ils ont besoin de leur hôte pour se multiplier, ce sont souvent les défenses immunitaires de l’organisme qui en combattant le virus déclenchent une cascade d’évènements parfois mortels comme l’hypercytokinémie qui vient à bout du virus mais aussi des cellules hôtes et des tissus eux-mêmes. Or ces biologistes ont remarqué que les chauve-souris n’exprimaient pas le gène responsable de la surproduction de cytokines et étaient porteuses de nombreux virus sans en être affectées.

Plus incroyable encore, c’est aussi en étudiant les gènes de ces mammifères volants que les mêmes chercheurs ont découvert comment ils pouvaient produire de tels efforts sans endommager leur organisme. Quand on sait qu’un effort physique intense et prolongé produit des radicaux libres hautement délétères pour la cellule et en particulier l’ADN, une cause suspectée parmi d’autres des cancers, les chauve-souris sont équipées d’un arsenal enzymatique qui leur permet de réparer les dommages dus aux radicaux libres et peut-être aussi de vivre aussi longtemps.

Comme quoi la curiosité des scientifiques n’a pas de limite et entre-ouvre quelques espoirs pour trouver l’élixir de jouvence …

 

Source : Reuters

Après la fin du monde … (lamine, SIRT 1, Hutchinson-Gilford, vieillissement)

 

Des biologistes de l’Université de Hong-Kong viennent de montrer que le vieillissement prématuré ou syndrome de Hutchinson-Gilford qui touche un enfant sur quatre millions était le résultat d’une interaction défectueuse entre la lamine A et le gène codant pour la sirtuine. Je sens que mes lecteurs ont déjà mal à la tête et ne comprennent pas le sens de mon billet intitulé « Après la fin du monde » mais ils vont comprendre. Le gène SIRT 1 code pour une activité enzymatique qui désacétyle (encore un mot savant) des protéines impliquées dans l’intégrité du noyau cellulaire et donc de la bonne réplication des chromosomes c’est-à-dire de la multiplication cellulaire. Pour faire simple quand une cellule doit se multiplier pour satisfaire un besoin métabolique comme par exemple la croissance la lamine, une protéine filamenteuse située à l’intérieur de la membrane du noyau cellulaire interagit avec le gène codant pour la sirtuine (SIRT 1) et le processus de multiplication cellulaire est alors initié après acétylation de la lamine. La désacétylation inhibe en quelque sorte cette activité de la lamine sur le gène SIRT 1, ce que les biologistes appellent une boucle rétroactive de régulation.

Les biologistes de Hong-Kong se sont intéressés aux enfants qui vieillissent prématurément ( syndrome de Hutchinson-Gilford) et ont montré que la lamine de ces derniers était modifiée par une mutation qui amenuisait l’interaction de cette protéine constituante de la partie interne de la membrane du noyau avec le gène SIRT 1 (ou en tous les cas son ARN messager) rendant toute multiplication cellulaire difficile ou au moins fortement ralentie conduisant au vieillissement prématuré. Or, on sait également que ce type de régulation a été observé dans des situations pathologiques diverses comme le diabète de type II en relation avec l’obésité, c’est dire l’importance de cette découverte quand on sait que près des deux tiers des Américains, des Mexicains et des Espagnols sont obèses ou en sur-poids.

Mais plus intéressant, en dehors du diabète de type II et de l’obésité car après tout l’obésité est avant tout une question d’hygiène alimentaire personnelle, le gène SIRT 1 est aussi associé à la longévité en contrôlant le vieillissement cellulaire (apoptose) et ce dernier rôle a été clairement mis en évidence chez la levure et confirmé par les chercheurs d’Hong-Kong.

 

Rien à voir avec la fin du monde, me direz-vous, et pourtant … si on peut trouver un moyen d’agir directement sur l’expression du gène SIRT 1, alors on aura trouvé un moyen de prolonger la vie peut-être jusqu’à la fin du monde !

 

Source: Reuters

Le Bon Plaisir (Francis Girod) : critique politico-cinématographique

J’ai revu ce soir par hasard un film de Francis Girod remarquablement interprété par Trintignant, Deneuve et Serrault intitulé « Le Bon Plaisir » et je conseille à ceux qui disposent de ce film dans leurs archives piratées ou simplement enregistrées à la télévision de le revoir. Je ne savais pas que ce film dont le scénario est une imagination de Françoise Giroud basée sur des faits réels, la véritable existence de Mazarine, la fille naturelle de François Mitterrand. Jusque là rien de vraiment excitant ou nouveau, tout y est dit sur wikipedia ou IMDB. Mais j’ai relevé une phrase vraiment révélatrice du Président, Trintignant incarnant Mitterand, à propos de son dauphin : « c’est un édredon ! ».

Je n’invente rien, et que mes lecteurs se donnent la peine de revoir ce film, quand le Président parle de son dauphin, il le qualifie d’édredon, or, depuis Mitterand, c’est le capitaine de pédalo qui gère la destinée de la France, c’est donc le dauphin fictif de Mitterrand, et le scénario prémonitoire de Françoise Giroud se vérifie dans les fait aujourd’hui car le président actuel de la France est en train d’endormir les Français avec des réunions, des comités, des rapports à n’en plus finir qui coutent de l’argent au pays pour repousser l’heure de vérité, celle où il devra constater son incompétence, ses mensonges répétés et son comportement systématique d’esquive lorsqu’il est confronté aux problèmes centraux du pays. Le Président a tous les pouvoirs et il en abuse pour abuser les électeurs et les contribuables, mais jusqu’à quand cette mascarade durera-t-elle … Les Français sont endormis par « l’édredon » mais le réveil sera douloureux !

Le saumon transgénique refait surface …

C’est l’histoire non pas du monstre du Loch Ness ou du serpent de mer mais du saumon transgénique d’élevage qui atteint une taille commercialisable en six mois au lieu de dix huit.

Pour mémoire, ce saumon génétiquement modifié pour sur-exprimer sa propre hormone de croissance a vu le jour il y a une quinzaine d’années et n’est toujours pas approuvé aux USA pour sa commercialisation alors que les Américains importent plus de 60 % du saumon qu’ils consomment. Mais ce n’est pas une histoire de gros sous, c’est surtout l’influence de toute une série de lobbys environnementaux qui ont leur entrée à la Maison Blanche, un peu comme les écolos en France ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour s’installer au gouvernement… En quelques mots, ce saumon transgénique serait pour les humains acromégalique, une sorte de petit monstre qui grandit trop vite et développe une ossature et des muscles plus rapidement que le même saumon sauvage. De plus, l’avantage certain de cette modification est que ce poisson, uniquement destiné à l’élevage captif, continue à grossir et grandir durant l’hiver, ce que ne fait pas le saumon sauvage d’élevage que ce soit en Norvège, en Islande ou en Ecosse ou même au Japon. La procédure d’autorisation de mise sur le marché est donc bloquée aux USA pour des raisons anti-scientifiques alors que paradoxalement on pique les veaux dans ce même pays avec de l’hormone de croissance pour accélérer leur prise de poids. En France, il y a le principe stupide de précaution, aux USA ce sont les lobbys environnementaux qui font la loi en bloquant par toutes sortes de procédures la venue sur le marché d’un animal transgénique, et pourtant, l’essentiel du coton, du soja et du maïs cultivé sur le territoire américain est issu de semences génétiquement modifiées, mais tout le monde s’en accommode puisque depuis l’apparition de ces cultures, il n’y a jamais eu d’incident ni sur la santé animale et humaine ni sur l’environnement, contrairement à ce qu’affirment d’obscurs scientifiques qui manipulent leurs résultats de recherche pour satisfaire leurs convictions rétrogrades et douteuses. Dans le pays (USA) du créationisme, de la vente libre de n’importe quelle arme, du hamburger et du sirop de maïs enrichi en fructose (malbouffe), dans ce pays ou plus des deux tiers des habitants sont en sur-poids, s’attendre à mieux relève de l’illusion.

Mais qu’en serait-il de la France si nos gouvernants devaient débattre d’une telle situation ? On s’apercevrait alors que les politiciens n’ont aucune connaissance véritable de la complexité de la science et agissent comme le pape devant Galilée en refusant de modifier l’ordre établi pour scléroser à jamais la recherche scientifique, je veux parler du principe de précaution mis en avant par des écologistes tout aussi ignorants. Le pape ne voulait pas modifier l’ordre établi, rappelez vous l’histoire …

Lien : http://www.slate.com/articles/health_and_science/science/2012/12/genetically_modified_salmon_aquadvantage_fda_assessment_is_delayed_possibly.4.html

 

 

 

 

Réponse à David Abiker (lexpress.fr)

 

Comme le font beaucoup de blogers, je reproduis ci-dessous (sans sa permission hélas, mais il me pardonnera) la chronique de David Abiker que mes lecteurs pourront savourer à loisir. L’analyse de David Abiker est tellement en concordance avec ma propre opinion que je l’en félicite.

Voici mon commentaire laissé sur lexpress.com ce jour :

Trop bien ! Je pense à 100 % comme vous ! Moi-même exilé depuis près de 15 ans, maintenant à la retraite, je ne viens qu’épisodiquement en France pour voir mes enfants et petits-enfants et mes proches. Mon dernier fils a suivi mon exemple en s’exilant au Japon. Allez à Tokyo et observez comment les Japonais vivent avec le sourire et le respect la grave crise qu’ils traversent depuis le tremblement de terre de mars 2011. Les Français, retranchés dans leur hexagone ne comprennent plus que 21 millions de personnes salariées du privé font vivre les 44 autres millions (y compris les enfants des écoles mais aussi leurs maîtres et professeurs) mais ce petit tiers de la population française se comporte comme les Japonais, courageusement, car il n’y a plus d’autre choix pour eux que de continuer à travailler en silence et résignés devant les grèves répétées des services publics, les augmentations suicidaires des impôts, la pléthore du monde politique mensonger et corrompu (coût : 15 milliards d’euros par an) et la lourdeur administrative décourageante.

Bienvenue dans le club des expatriés !!!

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-depardieu-et-si-on-quittait-la-france-parce-qu-elle-est-devenue-detestable_1200613.html

Et si la France était devenu un pays tout simplement détestable?

Je sais ça n’est pas bien de dire les choses de cette façon, je n’oserais pas le dire sur Europe1, j’aurais peur, je n’assumerais pas. Alors je le dis ici. Dans cette intimité là.

Une réflexion presque intime en partage.

Voilà cette intuition: je suis sûr qu’on ne quitte pas la France pour des raisons fiscales. Je crois qu’on quitte la France parce qu’on a les moyens et surtout l’envie d’aller voir ailleurs si elle n’y est pas. Si elle n’y est plus.

Je crois qu’on quitte la France parce qu’on ne la supporte plus.

Et je crois que la France est devenue insupportable.

Et c’est parce que je ne fais que croire que je m’exprime ici. Pas ailleurs. C’est trop important.

Et notre France n’est pas insupportable qu’aux riches, elle est insupportable à ses habitants, à commencer par les plus pauvres.

Quiconque est en bonne santé mentale dans ce pays a des rêves et des envies d’ailleurs. Il y a deux mois, le manifeste Barrez-vous sonnait déjà le tocsin. Deux ans avant ce texte, j’avais réalisé cette interview du sociologue Louis Chauvel, spécialiste de l’appauvrissement d’une génération et qui donnait à la jeunesse pauvre et désargentée le conseil suivant: partez à l’étranger! Il n’y a pas un sociologue dans ce pays qui ne constate la bunkerisation des classes sociales, l’étanchéité croissante des couches de la société, le blocage des mécanismes de promotion individuelle et collective.

La France est devenu un pays détestable car tous les indicateurs, mêmes les plus insolites, montrent que les Français ne se supportent plus les uns les autres.

Dans la longue liste des symptômes, la fiscalité qui frappe les riches me paraît secondaire, même si pour certains nantis, elle est déterminante. Mais il y en a d’autres. On peut citer en vrac:

– la préférence institutionnalisée pour le chômage qui exclut de facto les plus jeunes, les plus vieux, les femmes et les étrangers, pour ne reposer que sur une base très étroite, à savoir l’homme blanc de 25 à 45 ans;

– l’incapacité à intégrer les étrangers tout en revendiquant un modèle exemplaire d’intégration, les derniers chiffres le montrent, la France terre des droits de l’homme, terre d’asile, terre d’accueil est nulle en matière d’intégration;

– la plus forte consommation au monde d’anxiolytiques et d’antidépresseurs;

– le cynisme qui fait partout office de prêt à penser, de prêt à blaguer;

– la pire des réputations touristiques des Français quand ils se déplacent et des Français quand ils reçoivent et il suffit pour s’en convaincre de jeter un oeil à la dernière étude sur l’hospitalité parisienne;

– des partis populistes qui réalisent aux élections des scores élevés;

– des partis de gouvernement incapables d’affirmer leur modèle de gouvernance et qui embrayent le pas de la démagogie avec à ma gauche les 75% et à ma droite le pain au chocolat;

– des partis de gouvernement ayant chacun donné l’exemple d’élections truqués et non démocratiques pour choisir leurs dirigeants;

– des conflits larvés de génération avec une critique ridicule de la génération Y par la génération X elle-même pleine de rancune à l’égard de la génération qui a fait mai 68;

– une détestation des religions qui confine à la suspicion tant il est avéré que tout ce que ce pays compte de vrais religieux lui est bien plus socialement utile qu’il n’est néfaste à la réalisation du pacte républicain;

– une confiscation politique, démagogique et professionnalisée du débat public par les associations de tous horizons qui ont fait des poursuites judiciaires un moyen d’existence et de promotion politique et sociale de leurs membres;

– une utilisation abusive du principe de précaution dans tous les domaines de la vie collective doublée d’un culte du risque zéro sclérosant, débilitant, infantilisant;,

– une crise syndicale qui n’a jamais été aussi forte: crise de la représentation d’une part, crise des idées de l’autres. Les négociations sur le travail le montreront dans quelques jours, elle prouveront surtout que les syndicats patronaux comme les syndicats de salariés sont surtout soucieux de garantir leur survie dans un système en bout de course;

– une crise économique majeure que la France n’est pas le seul pays à subir mais qu’elle est sans doute le seul pays à combattre avec des idées et des outils qui datent d’un autre siècle;

– une crise enfin de la représentation médiatique qui dresse le portrait d’une société toujours plus individualiste, où l’exhibition des douleurs intimes et non plus collectives est devenu depuis le milieu des années 80 le véritable gasoil du marché publicitaire, y compris dans le secteur public, paradoxalement.

Je pourrais comme ça aligner le catalogue dépressif de ces maux bien de chez nous, je m’en tiens précisément aux symptômes qui traduisent non pas le malaise, mais le malheur, la dégringolade psychologique, l’incapacité à refonder le contrat social, le vivre ensemble et la bienveillance collective.

Dans cette République-là, la parole politique est d’autant plus anxiogène qu’elle est fondée sur un mensonge permanent, un mensonge de bonne foi, hélas.

On invoque une égalité dont la dynamique ne fonctionne pas.
On évoque une exception française qui n’existe pas.
On fonde la loi sur des principes que l’on ne respecte pas.
On traite la jeunesse avec une hypocrisie, une condescendance et une démagogie qu’elle ne nous pardonnera pas.

Voilà pourquoi si j’étais riche ou si j’avais 20 ans, moi aussi je quitterais la France. Je la quitterais avec rancoeur, avec amertume, avec des larmes, comme on quitte une personne qu’on aime et qu’on déteste à la fois, mais je la quitterais quand même, pour me sauver, avec tout l’égoïsme et toute l’énergie du désespoir, et faute de la quitter vraiment, je la quitterais dans ma tête et c’est bien ce que chacun de nous essaie de faire chaque jour pour tenter de l’aimer encore.

Et qu’on ne me serve pas l’argument « minable » et patriotique de la solidarité. C’est un argument donneur de leçon, mal fichu, un argument de sergent recruteur.

Personne n’aime son pays.

Personne n’est amoureux d’un passeport à part quelques doux dingues en rupture. Je n’ai jamais rencontré de ma vie quelqu’un qui avait l’amour du pays, quelqu’un qui me dise, j’aime la France.

En revanche…

Je n’ai rencontré que des gens bien. Tous formidables. Je ne connais pas de Français détestables méritant l’indignité nationale et pour paraphraser le chanteur, je n’en connais que de fragiles. Mais croyez moi quand je croise un patriote étiqueté, je change de trottoir. L’amour du pays c’est ce qui reste avant les premiers coups de canon.

L’amour du pays c’est pour 14-18 ou 1998, c’est pour justifier les morts ou supporter les buts.

La France est devenue un pays insupportable parce qu’elle ne se supporte plus, parce qu’elle est fatiguée de se mentir, parce qu’elle n’aime ni ses jeunes, ni ses vieux, ni ses hommes, ni ses femmes et qu’elle est devenue incapable de pardonner à un artiste, elle qui du temps de la Renaissance les faisait venir de l’Europe entière.

La France est devenue insupportable parce qu’elle est tout simplement malheureuse, malheureuse comme une personne qui vous fait peine.

Partir de France aujourd’hui, ce n’est certainement pas une déchéance, ou un passage à l’acte fou, c’est juste un rêve sain, un rêve de Brésil, un rêve d’ailleurs dans une Europe plombée où d’autres nations, d’ailleurs, réussissent mieux que nous à se réinventer, à gérer le vieillissement, l’éducation, le travail, le partage, l’effort, les retraites. Partir de France, c’est certes un privilège de riche, mais c’est aussi une alternative pour les plus jeunes. Le même Louis Chauvel me disait dans l’entretien cité plus haut qu’il est préférable d’être jeune dans un Canada en crise plutôt que dans une France en croissance, c’est dire.

Alors pourquoi aimerait-on ce pays? Dont l’Etat surendetté donne des leçons de gestion à ses citoyens qui n’en peuvent plus?

Il faudrait être frappadingue pour ne pas avoir envie de partir. Il faut être un immense pervers pour imaginer que le monde n’est pas plus séduisant au dehors que la vieille France au dedans, il faut être un gardien de prison pour faire passer un évadé, un expatrié, un immigré de France, fut-il l’exaspérant Depardieu, pour un coupable, pour un salaud, pour un traître.

Riche ou pauvre, celui qui se sauve nous raconte souvent une histoire que nous ne voulons pas entendre.

Et c’est souvent pour ça qu’on lui en veut.

Internet : le parcours du combattant (couteux) !!!

 

 

quand on arrive dans un pays et qu’on est accro à internet comme j’avoue non sans honte l’être, il faut soit squatter l’équipement d’une personne indulgente soit tenter de se débrouiller tout seul avec les solutions offertes par les fournisseurs d’accès locaux.

Comme le temps le permet, j’avoue que consulter internet au soleil, le matin, en buvant un café ou une bière – selon l’heure – à la terrasse d’un bistrot en regardant à la dérobée le bel arrière train d’une jolie fille, une des rares raisons qui me fait encore croire en dieu, constitue un plaisir certain pour ne pas dire un certain plaisir.

Pour satisfaire mon furieux besoin de me plonger dans internet, non pas pour satisfaire mes penchants libidineux qui ne se limitent qu’aux caresses visuelles que je viens d’évoquer, mais pour alimenter mon blog ou converser avec des amis par courrier ou de vive voix, j’avais à Santa Cruz de Tenerife le choix entre Vodafone, Movistar et Orange. Le tarif attractif de Vodafone (10 euros par mois, modem USB compris) m’a décidé à solliciter les services de ce FAI. Or mon Mac Book Air OS X Lion n’a supporté ce modem que deux jours puis tout s’est dégradé au point que je me suis réellement demandé si je n’avais pas tout simplement planté mon précieux alter ego qu’est mon Mac Book. Il m’a fallu des heures de palabres en anglais approximatif pour expliquer à la jeune préposée qu’après investigation sur internet (justement) en me connectant au réseau de Vodafone, dans leur boutique, que ce modem n’était pas compatible avec l’ OS de mon lap-top.

On a finalement recrédité ma carte après plusieurs heures d’essais infructueux …

Chez Movistar, après une heure d’attente, je me suis laissé dire qu’il fallait que je souscrive un contrat. Or comme je n’ai pas l’intention de rester à Tenerife plus de trois mois, je n’ai pas donné suite à leurs propositions pourtant relativement peu couteuses, environ 45 euros pour trois mois.

Je me suis donc retrouvé dans la boutique d’Orange qui m’a vendu un modem qui ressemble à un petit téléphone portable et j’ai prépayé pour un mois de connexion pour la modique somme de 40 euros mais je dois recharger cette petite machine de marque Canon qui est en réalité un téléphone pour 3 euros par jour !!! C’est nettement moins cher qu’à Palau mais tout de même très couteux …

Moralité : les fournisseurs d’accès à internet nous déplument soigneusement dès qu’on a un besoin particulier à satisfaire dans l’urgence.