Pandémie de SARS-CoV-2 : la conclusion, et après ?

Je cite de mémoire cette pensée de Michel Maffesoli : « Je te fais peur, je te protège, mais tu te soumets ». Il est probable que cette citation soit inspirée de Machiavel mais je n’ai pas réussi à prouver cette allégation. Ce que l’on sait est que Lénine s’est inspiré du concept défini par la citation de Maffesoli. Pour Lénine il suffit de faire peur aux individus pour les dominer. À l’exception des Suédois, tous les peuples européens en ont subi les conséquences lors de l’épidémie de coronavirus. L’État a alimenté la peur, il a ensuite protégé ses administrés, quelles que fut la justification des décisions prises pour cette protection et finalement comme on put le constater les peuples se sont soumis sans discuter, persuadés que l’État les avait protégés à bon escient. Enfin Goebbels a appliqué à grande échelle ce concept machiavélique en assurant aux Allemands que les ethnies germaniques représentaient les « vrais hommes » à l’exclusion de toutes les autres ethnies, en particulier les juifs, les tziganes ou encore les slaves et qu’ils étaient par nature dangereux pour les aryens pure souche. Il est inutile de rappeler ici ce que furent les conséquences de cette propagande de Goebbels.

Les conséquences de la manipulation de la peur sont multiples et variées. Par exemple l’application du principe de précaution, un autre concept adossé à la peur, remonte à l’idéologie de Goebbels : il faut se méfier des Juifs, par exemple … Cette idéologie antisémite développée par Hitler fut le fondement de la politique du parti nazi allemand. Il faut tout de même rappeler un fait que les historiens ont tous occulté. Hitler souffrait des symptômes d’une syphilis au stade tertiaire. Il est vrai, à sa décharge, que durant la première moitié du vingtième siècle, alors que les antibiotiques n’existaient pas, cette maladie était beaucoup plus répandue qu’on ne le croit encore aujourd’hui. Il n’existait aucun traitement pour endiguer la progression de ce mal dont l’évolution détruisait le psychisme et les facultés cognitives des personnes en souffrant. Hitler était tout simplement atteint de démence.

Le principe de précaution a conduit et conduit toujours à des manifestations de peur surprenantes. Pour ne citer que quelques exemples caricaturaux, la peur du changement du climat, la peur des plantes génétiquement modifiées, la peur de la dégradation de l’environnement, la peur de l’énergie nucléaire, bref, toutes sortes de phobies entretenues à dessein par le pouvoir politique qui n’oublie aucune occasion pour dire à son peuple qu’il est là pour le protéger. C’est tellement facile de se comporter ainsi. Curieusement la technologie récente de pseudo-vaccins à ARN messager afin de combattre le SARS-CoV-2 qui n’a jamais fait ses preuves depuis plus de 20 ans n’a fait l’objet d’aucune opposition de la part des comités d’éthique ni de peur et pour cause : les gouvernements occidentaux ont alimenté la peur du coronavirus et selon l’adage cité plus haut et qui fait l’objet de ce billet : « Vous avez peur du coronavirus, l’Etat vous protège avec ce « vaccin ! » ». Cette machination machiavélique a autorisé ainsi les gouvernements à piétiner l’ensemble des dix articles du Code de Nuremberg, il fallait faire très fort : « l’Etat vous protège, mais vous devez vous soumettre ». Et dans le cas de la thérapie génique basée sur des ARNs messagers synthétiques « Vous devez vous soumettre puisque l’Etat vous protège ». Les 10 articles du Code de Nuremberg sont consultables ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Nuremberg

Il est très intéressant de passer en revue ces articles et de les replacer dans le contexte de l’épidémie de coronavirus et la mise en place des campagnes de « vaccination ». Le premier article présente le consentement éclairé du sujet soumis à des expérimentations. L’a-t-on demandé aux personnes désirant être « vaccinées » ? Non, et cette opération a été imposée par le pouvoir politique. L’article 2 stipule qu’une telle approche expérimentale ne doit être choisie que s’il n’existe pas d’autres alternatives thérapeutiques, or l’efficacité de l’HCQ avait été démontrée près de 20 ans plus tôt avec le SRAS puis le MERS et cette observation avait fait l’objet d’une publication dans un journal d’audience internationale, L’effet très largement protecteur de l’Ivermectine aurait, selon le Code de Nuremberg, mettre fin à cette campagne de « vaccination » internationale puisque l’efficacité de cette thérapie génique a vite été mise en doute avec l’apparition de nouveaux virus mutants. L’article 3 précise que les expérimentations sur les animaux dont les résultats sont négatifs doivent mettre fin aux essais, or autant les hamsters que les petits primates de laboratoires sont morts après injection de l’ARN messager synthétique supposé être la panacée pour combattre le coronavirus, selon des divulgations des rapports de Pfizer et Moderna. L’article 4 du Code de Nuremberg précise que l’expérimentation ne doit conduire à aucune souffrance, y compris la mort, or cette thérapie, que l’on sache, est toujours considérée comme expérimentale et ce jusqu’à la fin de l’année 2023. En regard du comptage morbide des divers effets secondaires et des décès d’adultes en parfaite santé, enfants morts-nés et fausses-couches, cet article a été tout simplement violé.L’article 5 est éloquent : si l’expérimentation englobe également les médecins impliqués dans les essais, ceux-ci étant responsables, ils courent le même risque que les sujets soumis à cette expérimentations. Combien de médecins et de pharmaciens de Pfizer ou Moderna ont eux-mêmes participé à ces essais, il serait intéressant de disposer d’informations à ce sujet. L’article 6 précise le rapport bénéfice/risque sans le nommer. Les documents qu’a obtenu le Professeur Chossudovsky et figurant dans le lien en fin de billet du 5 mars 2023 sur ce blog sont également éloquents : ce rapport bénéfice/risque est tout simplement catastrophique et jamais cette thérapie génique n’aurait du être ni commercialisée ni par conséquent utilisée à grande échelle. L’article 7 revient sur les effets secondaires. Quant à l’application de l’article 8 de ce Code à l’évidence les évaluateurs des principaux laboratoires acteurs de la « Vaccination » étaient incompétents ou, sur ordre, ont dissimulé leurs observations. L’article 9 est à peine documenté dans le rapport de Pfizer : pour des raisons inconnues ou dissimulées, un nombre significatif de participants à l’expérimentation n’ont pas répondu aux questionnaire qui leur était demandé dans le cadre du contrat les liant aux laboratoires ou ont abandonné les essais pour des raisons non précisées dissimulant peut-être des effets secondaires délétères. Enfin l’article 10 précise la responsabilité des personnels compétents ayant suivi l’essai. On ne peut qu’exprimer un doute sérieux à ce sujet.

Le caractère d’urgence de cette vaccination a servi d’alibi aux décideurs politiques et ils sont responsables devant la loi pour avoir provoqué des morts et des invalidités, les laboratoires pharmaceutiques ayant pris le soin de se décharger de toute responsabilité pénale en raison de ce caractère d’urgence. Ne jouons pas sur les mots : toute cette histoire sent à en être suffoqué la corruption généralisée du monde politique sans oublier les traficotages éhontés des laboratoires pharmaceutiques. Il s’agit d’un crime contre l’humanité toute entière et non pas des évènements localisés comme ceux qu’on avance au sujet du conflit ukrainien ou des enfant yéménites qui meurent de faim. Et l’organisation de ce crime trouve ses racines dans la soif de profit des grandes firmes pharmaceutiques et le grand dessein du monde politique de financiariser la santé. Je ne citerai qu’un exemple révoltant de cette « financiarisation » du corps humain et de la santé. Il s’agit du projet d’utilisation de l’utérus de jeunes femmes en état de mort cérébrale pour servir de mères porteuses contre monnaie sonnante et trébuchantes, cela va de soi. Quoi qu’il en soit cette pandémie de SARS-CoV-2 a laissé des traces et devra être conclue par un grand procès à l’encontre des laboratoires pharmaceutiques et d’un nombre incalculable de décideurs politiques … Enfin j’aitrouvé une piste pour tenter de citer les propos de Michel Maffesoli. Il mentionne cet adage au cours d’une causerie organisée par Radio Courtoisie ( https://www.youtube.com/watch?v=sC6bHPZDo6Q ). Illustration : SARS-CoV-2 avec les spiculeshttps://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.03.02.972927v1.full.pdf

Bref addendum au billet relatif au féminisme

J’ai oublié dans ce papier citant Colette d’opposer féminisme et féminité. Il s’agit à l’évidence de deux notions différentes. J’ai reçu une éducation dite «bourgeoise ». Attention ! que mes lecteurs ne se méprennent pas, il n’y a rien de péjoratif dans cette expression bien au contraire et la notion d’éducation est également ambigüe comme par exemple l’Éducation nationale qui devrait s’appeler « Le Ministère de la Transmission du Savoir ». L’éducation, donc, que j’ai reçu de mes parents consistait à être respectueux, un peu comme ce qu’apprennent les petits Japonais dès le plus jeune âge et j’en sais quelque chose puisque j’ai deux petits-enfants franco-japonais. En ce qui concerne l’attitude d’un homme à l’égard des femmes est clair : il s’agit de respect. Ouvrir la portière du siège passager d’une voiture pour accueillir une passagère, ouvrir la porte d’un ascenseur et laisser pénétrer une femme la première dans la cabine, baiser la main droite sans poser ses lèvres dessus plutôt que de l’embrasser sur les joues et bien d’autres petits détails, c’est le respect voire l’admiration de la féminité. Ce que recherchent les femmes chez les hommes c’est d’être admirées, respectées et désirées et ce désir, qu’il ait une connotation sexuelle ou pas, doit d’abord être le respect et on pourrait aussi dire la galanterie.

Malheureusement les femmes ne supportent plus ce genre d’attitude car elles se considèrent comme égales aux hommes et veulent être traitées comme telles. Les femmes ont perdu tout notion de féminité. Fort heureusement j’ai eu la chance dans ma vie de connaître des femmes qui étaient jalouses de leur féminité et usaient du charme de leur féminité comme arme de séduction. C’est le passé et c’est bien regrettable …

Nouvelles du monde et d’ailleurs

Note à l’intention de mes lecteurs. Mettre sur ce blog une liste de liens pour voir une vidéo me frustre un peu. J’ai donc décidé de changer la formule en laissant sur ce blog des informations disparates qui m’autorisent à laisser un petit commentaire très personnel. Bonne lecture.

La centrale nucléaire de Zaporizhzhia contrôlée et sécurisée maintenant par les forces armées de la République de Dontesk conjointement avec l’armée russe est toujours en grande partie à l’arrêt car les groupes électrogènes d’urgence endommagés par des rockets tirés par l’armée ukrainienne n’ont pas été entièrement réparés. Or ces équipements sont essentiels pour la sécurité d’une usine électro-nucléaire et celle-ci ne peut en aucun cas est remise en fonctionnement sans cette sécurité. On se souvient des conséquences de la submersion par le tsunami des installations électriques d’urgence de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, la principale conséquence du grand tremblement de terre du 11 mars 2011. Je rappelle ici que tous les groupes électrogènes d’urgence de toutes les installations nucléaires françaises sont vérifiés chaque mois pour des raisons identiques de sécurité (World Nuclear News).

Le Pakistan espère finaliser son accord avec l’Iran pour la construction d’un oléoduc depuis la ville iranienne de Asaluyeh vers Gwadar puis Nawabshah au Pakistan pour acheminer par voie terrestre du pétrole. Le Pakistan est décidé à défier les sanctions unilatérales imposées à l’Iran par les Etats-Unis. Après l’attentat terroriste perpétré par les Américains pour détruire les gazoducs NordStream pour en quelque sorte punir la Russie, ce même Etat terroriste va-t-il oser saboter ce futur oléoduc ? (Source : The Cradle)

À la suite du tremblement de terre qui a dévasté la région nord de la Syrie frontalière de la Turquie les Emirats Arabes Unis (UAE) ont débuté un intense lobbying en faveur de la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe. Tout dépendra de la position de MBS qui a ouvertement déclaré que le soutien financier aux jihadistes d’Al-Qaeda par l’Arabie saoudite devenait de moins en moins populaire, tremblement de terre oblige. À la suite des accords de vente de leur pétrole à la Chine contre des renminbi convertibles les autorités saoudiennes ont tendance à considérer que les Etats-Unis n’interfèreront pas non plus si l’ Arabie saoudite et les UAE bravent les sanctions imposées à la Syrie par les USA. Dans ce contexte le Congrès américains vient de voter une loi pour ordonner le débat définitif des contingents de l’armée américaine encore stationnés en Syrie, quelques 600 personnels militaires stationnés dans la région pétrolière de la Syrie qu’ils pillent ouvertement pour financer les groupes terroristes (Source ZeroHedge)

L’Iran vient de découvrir un immense gisement de lithium constitué de pegmatites, un granit également riche en beryllium, tantale et niobium. Les réserves estimées sont de l’ordre de 8,5 MT (millions de tonnes) plaçant l’Iran deuxième producteur de lithium après le « triangle » Chili + Bolivie + Argentine (9,3 MT) mais bien avant l’Australie (3,8 MT). Il est aisé de comprendre que la Chine ne tardera pas à s’intéresser de très près à cette découverte iranienne puisque la Chine dispose déjà de gisements dans les « salinas » des zones désertiques du nord-ouest du pays. Avec le contrôle par la Chine d’une des mines de nickel de Nouvelle-Calédonie dont on peut extraire du cobalt sans aléas politiques majeur comme par exemple en RDC alors la Chine constituera un monopole mondial des voitures tout-électrique. Cette information doit provoquer des sueurs froides au vieux Joe (Source : ZeroHedge et The Cradle).

Le Professeur Jeffrey Sachs finit par parler, il était temps ! Il a dirigé la commission du Lancet relative au coronavirus durant deux années et il a déclaré que le SARS-CoV-2 dont la modification génétique artificielle est maintenant admise par les généticiens du monde entier avait été modifié dans un laboratoire américain puis répandu dans la ville de Wuhan dès le mois d’octobre 2019 pour élaborer la thèse d’une fuite du laboratoire P4 de Wuhan. Cette fuite n’a jamais pu être prouvée par les experts chinois. On ignore les sources de Jeffrey Sachs (Source unz.com). Voir à ce sujet Alexandra Henrion-Caude : https://www.youtube.com/watch?v=jt93RxwLae0

La loi Hamon de 2014 permettait aux consommateurs de lancer une action de groupe (« class-action » en anglais). Un projet de loi est débattu actuellement à l’Assemblée nationale française pour fixer les modalités de ces actions de groupe. Elle devrait être adoptée à l’unanimité car la situation sociale et économique dégradée de la France mérite que les citoyens s’expriment et concrétisent leurs revendications via la justice. Il reste un point très problématique : la probité de cette dite justice quand on constate l’activité vulgairement insultante du Garde des Sceaux devant les députés. La justice défend plus volontiers les assassins que les victimes, bien triste France (source France-Soir).

Je ne sais plus quel politicien se plaignant des réactions de son peuple avait déclaré qu’il ne fallait pas changer les décideurs politiques mais qu’il fallait tout simplement changer le peuple, peut-être Churchill mais je n’en suis pas certain … Une chronique de H16, toujours d’une ironie grinçante que j’affectionne particulièrement, suggère que l’Intelligence artificielle est déjà capable de remplacer un être humain, voire un journaliste si l’algorithme est correctement conçu. Constatant les progrès constants de ChatGPT(ne me demandez pas de quoi il s’agit, je n’en sais rien), H16 extrapole sa réflexion au remplacement des journalistes qui se contentent de faire du « copié-collé », puis des politiciens qui fondamentalement ne servent à rien, puis des fonctionnaires qui eux aussi ne servent à rien et enfin du peuple lui-même (j’extrapole aussi sur ce dernier point…). Lisez la chronique de H16 c’est un pur délice (https://h16free.com/2023/03/08/73668-apres-lia-qui-remplace-les-journalistes-lia-remplacera-t-elle-les-politiciens ).

Enfin pour terminer cette revue voici une grande nouvelle d’ailleurs. Le télescope James Webb a permis l’étude spectrale d’une galaxie géante aux confins de l’Univers d’une masse équivalente à 10000 milliards de masse solaire dont les propriétés permettent de conclure qu’elle ne devrait pas se trouver là puisque son âge a été déterminée comme étant de 600 millions d’années après le « big-bang » avec un z-shift, en d’autres termes cette galaxie géante s’éloigne très rapidement du centre de l’Univers, ce dernier restant à déterminer. Les astrophysiciens sont complètement désemparés puisqu’il s’agit d’une découverte remettant en cause toute cette théorie du big bang. Cherchez l’erreur ! ( source :https://arxiv.org/pdf/2207.12446.pdf ). Prochaine revue dans quelques jours … 

Comment le colonialisme britannique tua 100 millions d’Indiens en quarante ans

Article de Dylan Sullivan (Université Macquarie, Sydney) et Jason Hickel (Institut des Sciences et Technologies de l’Environnement, Université de Barcelone) paru sur le site Aljazeera le 2 décembre 2022, lien en fin de billet

Ces dernières années ont vu une résurgence de la nostalgie de l’Empire britannique. Des ouvrages de renom comme « Empire : How Britain Made the Modern World » de Niall Ferguson et « The Last Imperialist » de Bruce Gilley affirment que le colonialisme britannique a apporté prospérité et développement à l’Inde et à d’autres colonies. Il y a deux ans, un sondage YouGov a révélé que 32 pour cent des Britanniques sont activement fiers de l’histoire coloniale de la nation.

Cette image rose du colonialisme entre en conflit dramatique avec la réalité historique. Selon les recherches de l’historien économique Robert C Allen, l’extrême pauvreté en Inde a augmenté sous la domination britannique, passant de 23 % en 1810 à plus de 50 % au milieu du XXe siècle. Les salaires réels ont diminué pendant la période coloniale britannique, atteignant un nadir au 19ème siècle, tandis que les famines sont devenues plus fréquentes et plus mortelles. Loin de bénéficier au peuple indien, le colonialisme britannique en Inde a été une tragédie humaine avec peu de parallèles dans l’histoire.

Les experts s’entendent pour dire que la période de 1880 à 1920 – le sommet de la puissance impériale britannique – a été particulièrement dévastatrice pour l’Inde. Des recensements complets de la population effectués par le régime colonial à partir des années 1880 révèlent que le taux de mortalité a augmenté considérablement au cours de cette période, passant de 37,2 décès pour 1000 habitants dans les années 1880 à 44,2 dans les années 1910. L’espérance de vie est passée de 26,7 à 21,9 ans.

Dans un article publié récemment dans la revue World Development, nous avons utilisé les données du recensement pour estimer le nombre de personnes tuées par les politiques impériales britanniques au cours de ces quatre décennies brutales ( https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2022.106026 ). Des données robustes sur les taux de mortalité en Inde n’existent qu’à partir des années 1880. Si nous nous servons de cela comme base de référence pour la mortalité « normale », nous constatons que quelque 50 millions de décès supplémentaires se sont produits sous l’égide du colonialisme britannique pendant la période de 1891 à 1920.

Cinquante millions de décès est un chiffre ahurissant, mais c’est une estimation prudente. Les données sur les salaires réels indiquent qu’en 1880, le niveau de vie dans l’Inde coloniale avait déjà considérablement baissé par rapport à ses niveaux précédents. Allen et d’autres chercheurs soutiennent qu’avant le colonialisme, le niveau de vie des Indiens était peut-être « comparable à celui des régions en développement de l’Europe occidentale ». Nous ne savons pas avec certitude quel était le taux de mortalité pré-coloniale de l’Inde, mais si nous supposons qu’il était semblable à celui de l’Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles (27,18 décès pour 1 000 personnes), nous constatons que 165 millions de décès supplémentaires se sont produits en Inde au cours de la période de 1881 à 1920.

Bien que le nombre exact de décès soit sensible aux hypothèses que nous faisons au sujet de la mortalité de base, il est clair qu’environ 100 millions de personnes sont mortes prématurément au plus fort du colonialisme britannique. C’est l’une des plus grandes crises de mortalité induite par les politiques de l’histoire humaine. Elle est plus importante que le nombre combiné de décès survenus au cours de toutes les famines en Union soviétique, en Chine maoïste, en Corée du Nord, au Cambodge de Pol Pot et en Éthiopie de Mengistu. Elle est plus importante que le nombre total de victimes civiles, militaires et collatérale de l’ensemble des deux premières guerres mondiales du vingtième siècle (ajout de votre serviteur et traducteur).

Comment la domination britannique a-t-elle causé ces pertes de vie ? Il y avait plusieurs mécanismes. Premièrement, la Grande-Bretagne a détruit le secteur manufacturier de l’Inde. Avant la colonisation, l’Inde était l’un des plus grands producteurs industriels au monde, exportant des textiles de haute qualité aux quatre coins du monde. Les tissus bon marché produits en Angleterre ne pouvaient tout simplement pas rivaliser. Cela a commencé à changer, cependant, lorsque la British East India Company a pris le contrôle du Bengale en 1757.

Selon l’historien Madhusree Mukerjee, le régime colonial a pratiquement éliminé les droits de douane indiens, permettant aux marchandises britanniques d’inonder le marché intérieur, mais a créé un système de taxes et de droits internes exorbitants qui a empêché les Indiens de vendre du tissu dans leur propre pays mais de le réserver exclusivement à l’exportation.

Ce régime commercial inégal a écrasé les fabricants indiens et a effectivement désindustrialisé le pays. Comme le président de l’ « East India and China Association » s’en est vanté devant le Parlement anglais en 1840 : « Cette entreprise a réussi à convertir l’Inde d’un pays manufacturier en un pays exportateur de produits bruts ». Les fabricants anglais ont gagné un avantage énorme, tandis que l’Inde a été réduite à la pauvreté et sa population a été rendue vulnérable à la faim et à la maladie.

Pour aggraver les choses, les colonisateurs britanniques ont établi un système de pillage légal, connu par leurs contemporains sous le nom de « ponction des richesses » (drain of wealth). La Grande-Bretagne a taxé la population indienne et a ensuite utilisé les revenus engendrés par ces taxes pour acheter des produits indiens – indigo, céréales, coton et opium – obtenant ainsi ces produits gratuitement. Ces marchandises étaient ensuite consommées en Grande-Bretagne ou réexportées à l’étranger, les revenus étant empochés par l’État britannique et utilisés pour financer le développement industriel de la Grande-Bretagne et de ses colonies de colons – les États-Unis, le Canada et l’Australie.

Ce système a vidé l’Inde de biens valant des milliers de milliards de dollars en argent d’aujourd’hui. Les Britanniques ont été impitoyables en imposant le « drain of wealth », forçant l’Inde à exporter des aliments même lorsque la sécheresse ou les inondations menaçaient la sécurité alimentaire locale. Les historiens ont établi que des dizaines de millions d’Indiens sont morts de faim au cours de plusieurs famines considérables provoquées par cette politique à la fin du XIXe siècle, car leurs ressources ont été acheminées vers la Grande-Bretagne et ses colonies de colons.

Les administrateurs coloniaux étaient pleinement conscients des conséquences de leurs politiques. Ils ont vu des millions de personnes mourir de faim, mais ils n’ont pas changé de cap. Ils ont continué de priver sciemment les gens des ressources nécessaires à leur survie. La crise de mortalité extraordinaire de la fin de la période victorienne n’était pas un hasard. L’historien Mike Davis soutient que les politiques impériales de la Grande-Bretagne « étaient souvent l’équivalent moral exact de bombes larguées depuis 18 000 pieds d’altitude (6000 mètres) ».

Nos recherches révèlent que les politiques d’exploitation de la Grande-Bretagne ont été associées à environ 100 millions de décès en trop au cours de la période 1881-1920. Il s’agit d’un cas simple de réparation, avec de forts précédents en droit international. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne a signé des accords de réparation pour indemniser les victimes de l’Holocauste et plus récemment a accepté de payer des réparations à la Namibie pour les crimes coloniaux perpétrés là-bas au début des années 1900. Dans le sillage de l’apartheid, l’Afrique du Sud a payé des réparations aux personnes qui avaient été terrorisées par le gouvernement de la minorité blanche.

L’histoire ne peut être changée, et les crimes de l’empire britannique ne peuvent pas être effacés. Mais les réparations peuvent aider à remédier à l’héritage de privation et d’iniquité que le colonialisme a produit. C’est une étape critique vers la justice et la guérison.

Source : https://www.aljazeera.com/opinions/2022/12/2/how-british-colonial-policy-killed-100-million-indians via le site Informationclearinghouse.info traduit par votre serviteur.

L’Ukraine utilise des armes chimiques contre l’armée russe

Au vu et au su de tout le monde ccidental l’armée ukrainienne a publié un post montrant clairement des capsules d’armes chimiques qui libèrent un gaz particulièrement toxique. Il s’agit du chlorure de cyanogène, Cl-CN. Lien : https://www.donbass-insider.com/fr/2023/02/08/ukraine-utilise-ouvertement-des-armes-chimiques-contre-les-soldats-russes-et-loiac-reste-silencieuse . Puisque selon le régime de Kiev, les Russes et les russophones sont des sous-hommes pourquoi ne pas les exterminer par tous les moyens. On en est là aujourd’hui. L’OIAC n’a pas réagi probablement sur ordre de Washington qui laisse faire. De part mon expérience passée je connais bien son homologue le bromure de cyanogène (Br-CN) beaucoup plus facile à utiliser en laboratoire car solide à la température ambiante alors que le chlorure se volatilise dès une température supérieure à dix degrés. Donc il est préférable d’utiliser le bromure pour « activer » des gels d’agarose afin de fixer des protéines ou des peptides et bien d’autres molécules selon leur structure chimique. Il faut néanmoins prendre des précautions drastiques car un mauvais contrôle du pH au cours de cette activation peut provoquer la libération d’acide bromhydrique très irritant pour les voies respiratoires et d’acide cyanhydrique qui peut tuer un expérimentateur en quelques secondes.

Quels sont les effets du chlorure de cyanogène ? Outre le fait qu’il peut gravement intoxiquer un soldat il va laisser des séquelles en formant des liaisons covalents au niveau de l’épithélium respiratoire mais pire encore, s’il passe dans la circulation sanguine alors les dommages peuvent être généralisés et durables. On se retrouve en Ukraine 75 ans en arrière quand l’Allemagne nazie exterminait massivement les juifs et les tsiganes (ainsi que les slaves) dans des chambres à gaz avec du Zyclon B qui n’est autre que de l’acide cyanhydrique. Aujourd’hui les pays occidentaux laissent faire. Il est vrai que le régime ukrainien est fortement teinté de l’idéologie nazie, ceci explique cela. Un jour viendra où le monde politique occidental devra rendre des comptes devant l’opinion. Source Donbass-Insider, lien ci-dessus.

Evolution du marché mondial de l’automobile : grosse surprise

Alors que l’industrie de production d’électricité d’origine nucléaire est en Chine en plein essor avec une vingtaine d’usines en construction, j’y reviendrai dans un prochain billet, la Chine a en moins de deux ans égalé l’Allemagne au niveau des exportations d’automobiles individuelles, propulsées par des moteurs à combustion interne ou électriques. La firme japonaise Toyota reste le leader mondial sur ce marché export avec trois millions de véhicules exportés en agrégeant toutes les usines non situées sur le territoire national nippon. L’industrie automobile coréenne est maintenant dépassée par la Chine. L’article de Mish Shedlock sur son site mish.talk est éloquent et se passe d’autres commentaires :

Plus intéressant encore est le marché des pièces détachées relatives aux véhicules automobiles exportés par la Chine. De 2010 à à 2020 le marché à l’export stagnait aux alentours de 10-15 milliards de dollars par an. Le marché des pièces détachées a parallèlement fortement augmenté pour ensuite se stabiliser autour d’un volume de 50 milliards de dollars. L’examen du graphique ci-dessous indique clairement une recherche de la qualité et de la fiabilité des voitures individuelles “made in PRC”. Ce n’est en effet que ce seul facteur qui permet un accroissement potentiel du marché export à venir. Si la confiance du consommateur est assurée alors le marché peut s’accroître avec un service après vente correctement organisé dans les pays importateurs. Il est intéressant à ce propos de se souvenir des déboires de Peugeot et Citroën dans le courant des années 1970-1980 sur le marché export vers l’Amérique du Nord. Ce fut un véritable fiasco car les dirigeants de ces deux entreprises n’avaient pas saisi l’importance du service après vente et de la disponibilité des pièces de rechange afin de pérenniser les ventes à l’export.

Pour terminer le commentaire sur ce graphique, l’incroyable montée en puissance des exportations de véhicules individuels entre 2020 et 2022 triplant en deux ans seulement avec toujours parallèlement une augmentation de l’exportation des pièces détachées de seulement 37 %, ceci indiquant que la qualité des véhicules est devenue pleinement satisfaisante. Pour plus de précisions l’essentiel des voitures électriques dites chinoises en Europe proviennent en réalité de trois fabricants européens devenus chinois car rachetés par BYD Co et Nio Inc. Il s’agit des voitures électriques vendues sous les marques Volvo et MG, avec les voitures électriques Dacia Spring et BMW iX3 étant exclusivement produites en Chine ! L’explication est limpide : la Chine est devenue en seulement quelques années le premier producteur mondial de batteries pour véhicules électriques. L’objectif de l’Association chinoise des fabricants de véhicules automobiles individuels est de vendre à l’export deux fois plus de voitures que Toyota à l’horizon 2030.

Source : https://mishtalk.com

La prochaine grande crise économique est toute proche

Lorsqu’on observe l’évolution de la situation économique des pays de l’Europe occidentale le bouc émissaire trop facilement trouvé est le conflit ukrainien et l’arrêt des exportations de gaz à peu de frais en provenance de la Russie garanti par des contrats à long terme. L’inflation serait également provoquée par les mêmes causes. C’est trop facile, ce n’est justifié que par une russophobie alimentée par Washington répandue 24/24 heures par les médias “de grand chemin” aux ordres des politiciens européens eux-mêmes aux ordres des USA. La tendance inflationniste a été provoquée par la création de monnaie par la BCE, la banque centrale britannique et la FED lors de la pandémie coronavirale et l’augmentation du prix des combustibles fossiles avait déjà débuté avant les évènements d’Ukraine en raison du déséquilibre croissant entre l’offre et la demande, déséquilibre provoqué par le tarissement des investissements en raison du respect des critères ESG. Les banques centrales ont encore une fois commis le même erreur : augmenter les taux d’intérêt pour juguler cette inflation. Cette augmentation des taux a un impact aux multiples facettes : sur la capacité d’emprunt des entreprises, sur les retraites par capitalisation en raison de la chute de la valeur nominale des obligations qui perdent leur caractère liquide sur les marchés et enfin, bien plus préoccupant encore, la frilosité des investisseurs, petits et grands, dans le secteur du bâtiment.

C’est précisément ce à quoi on assiste aux Etats-Unis d’une manière extrêmement préoccupante et l’analyse de la situation américaine mérite quelques commentaires, d’autant plus que l’Union européenne a suivi la FED dans cette politique d’augmentation des taux d’intérêt. La chute de l’euro par rapport au dollar, soutenu par des taux plus élevés qu’en Europe, a paniqué les responsables de la BCE et cet organisme a corrigé le tir en augmentant de manière substantielle les taux de base dans la zone euro et tous les autres Etats européens hors zone euro ont suivi la même tendance, y compris la Suisse, craignant une chute de la valeur de leur monnaie par rapport au dollar. La crise obligataire ne pourra pas être enrayée mais c’est avant tout la crise immobilière qui va précipiter dans l’abime l’ensemble des économies européennes. Le vieil adage “quand le bâtiment va bien, tout va bien” va à nouveau se vérifier et ce sera sanglant, pire que la crise des subprimes car dans ce cas la cause première n’aura pas été exportée par les américains qui avaient monétisé de la dette immobilière domestique mais en raison de l’incurie totale des hautes autorités des banques centrales dont la BCE.

La gigantesque crise du secteur “brick&mortar” américain va, il ne faut pas se bercer d’illusion, se répandre en Europe et ce ne sera pas à cause du conflit ukrainien. En un graphique on comprend tout de suite l’ampleur de la crise immobilière américaine :

Après la crise des subprimes provoquée par le laxisme des banques qui accordaient des prêts hypothécaires pour l’acquisition d’un logement à des ménages non solvables que ces mêmes banques ont monétisé pour se débarrasser de ces créances “pourries” les USA ont établi quelques régulations afin d’éviter une nouvelle crise. Il s’agit d’un contrôle plus strict des disponibilités financières des ménages candidats à l’acquisition d’un logement individuel. Les ménages ou les personnes seules sollicitant un prêt immobilier doivent apporter des preuves de leurs revenus afin que l’organisme bancaires puisse ou non accorder un prêt. Il s’agit du “Legal Entity Identifier” (LEI). Ces données statistiques sont corroborées par l’indice de bonne santé du secteur du bâtiment (en rouge, échelle de gauche) que calculent mois après mois les analystes de ce que l’on appellerait en France la Chambres syndicale des entreprises du bâtiment, dans le cas des USA il s’agit de la “National Association of Home Builders” (NAHB). L’indice NAHB est donc très proche du LEI puisque ces deux indices sont liés. À partir de l’année 2018 les taux d’intérêt ont diminué de près de 300 points de base (courbe en bleu, échelle de droite inversée) mais l’indice NAHB a été profondément perturbé par l’épidémie coronavirale avec un retour très rapide à la normale : les taux continuant à diminuer le nombre de demandes de prêts a augmenté et le secteur “brick&mortar” a retrouvé des couleurs. Est alors survenue l’inflation et un coup d’arrêt brutal a été asséné aux demandes de prêt immobilier et le marché est entré dans une spirale dévastatrice beaucoup plus profonde qu’en 2020. Les taux pratiqués pour les prêts immobiliers ont maintenant atteint environ 6,5 % en base annuelle. Si à ce taux est ajouté celui des crédits à la consommation, de l’ordre de 12 %, il est facile de comprendre que la politique de la FED provoque donc un désastre dans le secteur du bâtiment américain. Or selon l’adage cité plus haut cette crise va entrainer une récession incontrôlable de l’économie américaine. Je rappelle ici que 22 % des “millenials” résident chez leurs parents car ils sont dans l’incapacité de satisfaire les critères d’attribution de prêts immobiliers et, plus alarmant encore, 12 % des ménages sans enfants n’ont pas d’autre choix que de vivre dans leur véhicule automobile, toutes ethnies confondues. Et pendant ce temps-là les Etats-Unis continuent à imprimer fraîchement des dollars pour subventionner l’économie de l’Ukraine et ils puisent dans les stocks d’armements et de munitions des bases militaires américaines situées en Europe et en Corée (c’est nouveau) pour soutenir l’armée ukrainienne …

La politique anti-inflation choisie par la FED, inflation qu’elle a créé en augmentant la masse monétaire, va donc dévaster l’ensemble de l’économie des Etats-Unis, pays où le vieil adage “quand le bâtiment va, tout va” revêt toute sa réalité. Comme la BCE suit la même politique la situation européenne du secteur du bâtiment va suivre la même pente. Combinée au renchérissement insoutenable du prix de l’énergie il faut donc s’attendre à une crise économique et sociale majeure qui affectera l’ensemble de l’Union européenne, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets. Le “whatever it takes” de Mario Draghi, quinze années de laxisme monétaire, nécessitera peut-être aussi quinze années pour que l’économie retrouve quelque vigueur. Pour clore ce billet il faut aussi rappeler que le prix des voitures d’occasion a augmenté de plus de 100 % aux USA, le marché de l’automobile neuve est exsangue pour les mêmes raisons mais pire encore les ménages se séparent de leur deuxième voiture car ils en sont contraints pour boucler leurs fins de mois. Tous ces signes concourent pour affirmer une fois encore que la crise économique qui arrive sera vraiment terrible pour toutes les nations et en particulier la France qui ne pourra pas y faire face en raison de son tissu industriel en voie de disparition.

Pourquoi le gouvernement français n’a plus aucun pouvoir

Tous les pays membres de l’OTAN sont endettés et ne peuvent plus faire face à la crise profonde à laquelle ils n’échapperont pas. Le pays le plus endetté est les USA et compte bien faire payer sa dette à tous les pays qui utilisent le dollar comme monnaie d’échange en reproduisant le sale coup des subprimes de 2008, c’est-à-dire vendre leur dette en la monétisant. Mais les pays de l’Occident ne se laisseront pas berner une deuxième fois. Aux pays de l’OTAN il faut ajouter la Corée et le Japon, les 51e et 52e Etats américains, c’est un état de fait qu’il ne faut pas nier. La dette totale de la France est tout simplement monstrueuse : si on prend en compte, outre la dette dite officielle, tous les postes déficitaires classés perfidement dans les “hors-bilan” on arrive à un montant global du passif de l’Etat français équivalent à plus de trois fois le PNB. Personne n’ose le dite clairement, c’est-à-dire près de sept trilliards d’euros ! Dans ces conditions tout ce que déclare le gouvernement n’est que boniment et ne sera jamais réalisé. Impossible d’augmenter par exemple le budget de la défense, impossible de réaliser une réforme des retraites sans raser les présents retraités malgré les déclarations tonitruantes du gouvernement. Macron s’en moque puisque tous ces retraités qui ont voté pour lui lors des dernières élections ne pourront pas voter à nouveau pour lui car il ne pourra pas rempiler pour un troisième mandat, la loi le lui interdit.

Un pays lourdement endetté avec une balance commerciale chroniquement déficitaire n’a plus aucun pouvoir. La France, traditionnellement, était exportatrice de denrées agricoles. C’est le passé : aujourd’hui la France importe à hauteur de 30 % les denrées agricoles pour nourrir la population, du jamais vu depuis que la France existe, les Gaulois exportaient du vin dans tout l’empire romain. La raison est simple : la population agricole est rurale et les habitudes n’ont pas changé depuis le règne des seigneurs sur leurs fiefs. Les paysans sont taillables et corvéables à merci. Pour sauver la population de la France j’avais préconisé dans un précédent billet sur ce blog d’annuler la dette de tous les exploitants agricoles et de reporter leurs impôts et leurs charges sociales (MSA) sur la population générale non impliquée dans la production de denrées alimentaires. Rien n’a été fait dans ce sens et à court terme la population française urbanisée devra dépenser une fortune pour se nourrir car les exploitations ne trouvent plus de repreneur lorsque l’exploitant des lieux décide de cesser son activité.

Au Japon les candidats à la reprise d’un exploitation de production de riz bénéficient d’une multitude d’avantages, aides de l’Etat payées par le prix du riz le plus souvent surtaxé dans ce but. C’est très facile car les Japonais trouvent leur riz à grains courts et plus ou moins collant le seul riz comestible. Le Japon produit des légumes, des fruits, du lait et des produits laitiers ainsi que du blé tendre avec lequel les boulangers produisent du pain meilleur que la baguette parisienne. Mais les consommateurs sont disposés à y mettre le prix. Tous les détaillants de fruits, légumes et viande ne sont pas tributaires de coopératives agricoles ou de centrales d’achat, les circuits économiques concernant l’alimentation ressemblent à des “circuits courts” à l’échelle nationale. Pourquoi la France ne prend-t-elle pas exemple sur le Japon ? La population aura toujours besoin de se nourrir. Pourquoi taxer les exploitants agricoles de manière outrancière alors que cette corporation a une véritable mission de salut public ?

Dans le domaine de l’industrie la situation est pire encore. Les entrepreneurs sont asphyxiés par les charges sociales et les impôts alors que eux aussi ont pour mission de créer des emplois et donc de contribuer à la survie de la population. Encore une fois la situation de l’industrie française est catastrophique car l’Etat français n’a plus aucune marge de manœuvre en raison de la dette publique exorbitante et se voit contraint de taxer ces entreprises pour faire fonctionner sa mécanique débordante d’individus inutiles. Tous ces éléments d’analyse convergent pour affirmer que la France est au bord de la faillite. Un jour prochain le Trésor français se trouvera en panne sèche car plus aucun créancier n’osera prêter à la France, d’ailleurs l’inversion des taux signifie que les créanciers n’accordent déjà plus aucune confiance dans le pouvoir de la France d’honorer sa dette. Le taux à dix ans est à ce jour de 2,62 % et le taux à un mois n’est que de 1,98 %. Dans une situation économique normale, c’est-à-dire inspirant la confiance, cette différence devrait être l’inverse exact de la situation actuelle (source : tradingeconomics.com). François Fillon fut massacré par l’intelligentsia soutenant le “mozart de la finance” quand il déclara que la France était en faillite et on constate aujourd’hui que ce “mozart de la finance” n’est qu’un acteur de théâtre refoulé qui a embrassé une carrière dépassant ses capacités intellectuelles.

La France est donc effectivement en faillite et la réforme des retraites est là pour le confirmer. Si les retraites actuellement versées ne sont pas diminuées ce sera un coup d’épée dans l’eau. Le président s’en moque, il n’aime ni la France ni les Français, y compris ceux qui ont voté pour lui. Personnellement je me bats avec l’administration française depuis plus de 4 mois pour régulariser la domiciliation de ma retraite à Papeete. C’est un signe révélateur d’une gestion calamiteuse du paiement des retraites car les caisses sont vides ! Je conclurai ce billet de mauvaise humeur en déclarant que la seule planche de salut qui reste à la France est de quitter l’Union européenne, d’abandonner l’euro, dévaluer le franc nouvelle formule de 30 % dans l’espoir de revitaliser à l’exportation les rares entreprises qui survivent sur le territoire et enfin de prendre les mesures indiquées plus haut pour l’agriculture en taxant de surcroit toutes les denrées alimentaires importées. Mais je dois rêver les yeux ouverts sur le texte que j’écris …

Scènes d’aujourd’hui samedi 21 janvier à Papeete

Un gros bateau de croisière en provenance de Miami a déversé l’équivalent de 5 % de la population de la ville en une multitude de “figues sèches” qui ne consomment rien sur place, collées à leur téléphone portable relié à l’antenne du bateau lui-même relié aux USA. J’ai discuté quelques minutes avec une Américaine qui n’arrivait pas à obtenir une liaison téléphonique et qui ne m’a raconté que des banalités sans intérêt. Le bateau partait ensuite en Australie, Sydney puis Brisbane, avec une brève escale aux Samoa américaines en ignorant superbement toutes les autres îles. Même si on m’offrait une telle croisière je refuserais.

Dans la rue, comme tous les jours sur le Boulevard de la Reine Pomaré, un groupe de joueurs de ukulele se faisait plaisir. Il manquait malheureusement de jeunes danseuses avec des demi-noix de coco en guise de soutien-gorge et de la paille de pandanus autour de la taille, mais ce spectacle fait maintenant partie du passé. (Excusez la mauvaise qualité du cliché, faire des photos avec mon téléphone est un cauchemar …). On aperçoit l’étrave du bateau sur la gauche du cliché.

«La Troisième Guerre mondiale a commencé»

Emmanuel Todd

10/01/2023 Emmanuel Todd avec Fabien Clairefond du Figaro Vox

Penseur scandaleux pour les uns, intellectuel visionnaire pour les autres, «rebelle destroy» selon ses propres termes, Emmanuel Todd ne laisse pas indifférent. L’auteur de La Chute finale, qui prédisait dès 1976 l’effondrement de l’Union soviétique, était resté discret en France sur la question de la guerre en Ukraine

L’anthropologue réservait jusqu’ici la plupart de ses interventions sur le sujet au public japonais, publiant même dans l’Archipel un essai au titre provocateur: La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé. Pour Le Figaro, il détaille sa thèse iconoclaste. Il y rappelle que si l’Ukraine résiste militairement, la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Une double surprise qui rend, selon lui, incertaine l’issue du conflit.

Emmanuel Todd est anthropologue, historien, essayiste, prospectiviste, auteur de nombreux ouvrages. 

Plusieurs d’entre eux, comme «La Chute finale», «L’Illusion économique» ou «Après l’empire», sont devenus des classiques des sciences sociales. 

Son dernier ouvrage, «La Troisième Guerre mondiale a commencé», est paru en 2022 au Japon et s’est écoulé à 100.000 exemplaires.

Pourquoi publier un livre sur la guerre en Ukraine au Japon et pas en France?

 Les Japonais sont tout aussi antirusses que les Européens. Mais ils sont géographiquement éloignés du conflit, il n’y a donc pas un véritable sentiment d’urgence, ils n’ont pas notre rapport émotionnel à l’Ukraine. Et là-bas, je n’ai pas du tout le même statut. Ici, j’ai la réputation absurde d’être un «rebelle destroy», alors qu’au Japon je suis un anthropologue, un historien et un géopoliticien respecté, qui s’exprime dans tous les grands journaux et revues, et dont tous les livres sont publiés. Je peux m’exprimer là-bas dans une ambiance sereine, ce que j’ai d’abord fait dans des revues, puis en publiant ce livre, qui est un recueil d’entretiens. Cet ouvrage s’appelle La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé, avec 100.000 exemplaires vendus aujourd’hui.

La Troisième Guerre mondiale : pourquoi ce titre?

Parce que c’est la réalité, la Troisième Guerre mondiale a commencé. Il est vrai qu’elle a commencé «petitement» et avec deux surprises. On est parti dans cette guerre avec l’idée que l’armée de la Russie était très puissante et que son économie était très faible. On pensait que l’Ukraine allait se faire écraser militairement et que la Russie se ferait écraser économiquement par l’Occident. Or il s’est passé l’inverse. L’Ukraine n’a pas été écrasée militairement même si elle a perdu à cette date 16% de son territoire ; la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Au moment où je vous parle, le rouble a pris 8% par rapport au dollar et 18% par rapport à l’euro depuis la veille de l’entrée en guerre.

Il y a donc eu une sorte de quiproquo. Mais il est évident que le conflit, en passant d’une guerre territoriale limitée à un affrontement économique global, entre l’ensemble de l’Occident d’une part et la Russie adossée à la Chine d’autre part, est devenu une guerre mondiale. Même si les violences militaires sont faibles par rapport à celles des guerres mondiales précédentes.

N’exagérez-vous pas? L’Occident n’est pas directement engagé militairement…

Nous fournissons des armes quand même. Nous tuons des Russes, même si nous ne nous exposons pas nous-mêmes. Mais il reste vrai que nous, Européens, sommes surtout engagés économiquement. Nous sentons d’ailleurs venir notre véritable entrée en guerre par l’inflation et les pénuries.

Poutine a fait une grosse erreur au début, qui présente un immense intérêt socio-historique. Ceux qui travaillaient sur l’Ukraine à la veille de la guerre considéraient ce pays, non comme une démocratie naissante, mais comme une société en décomposition et un «failed state» en devenir. On se demandait si l’Ukraine avait perdu 10 millions ou 15 millions d’habitants depuis son indépendance. On ne peut trancher parce que l’Ukraine ne fait plus de recensement depuis 2001, signe classique d’une société qui a peur de la réalité. Je pense que le calcul du Kremlin a été que cette société en décomposition s’effondrerait au premier choc, voire même dirait «bienvenue maman» à la sainte Russie. Mais ce que l’on a découvert, à l’opposé, c’est qu’une société en décomposition, si elle est alimentée par des ressources financières et militaires extérieures, peut trouver dans la guerre un type nouveau d’équilibre, et même un horizon, une espérance. Les Russes ne pouvaient pas le prévoir. Personne ne le pouvait.

Mais est-ce que les Russes n’ont pas sous-estimé, malgré l’État de décomposition réelle de la société, la force du sentiment national ukrainien, voire la force du sentiment européen de soutien envers l’Ukraine? Et vous-même ne le sous-estimez-vous pas?

Je ne sais pas. Je travaille là-dessus, mais en chercheur, c’est-à-dire en admettant qu’il y a des choses que l’on ne sait pas. Et pour moi, bizarrement, l’une des champs sur lesquels j’ai trop peu d’informations pour trancher, c’est l’Ukraine. Je pourrais vous dire, sur la foi de données anciennes, que le système familial de la petite Russie était nucléaire, plus individualiste que le système Grand Russe, qui était davantage communautaire, collectiviste. Ça, je peux vous le dire, mais ce qu’est devenue l’Ukraine, avec des mouvements de population massifs, une auto-sélection de certains types sociaux par le maintien sur place ou par l’émigration avant et pendant la guerre, je ne peux pas vous en parler, on ne sait pas pour l’instant.

L’un des paradoxes que j’affronte, c’est que la Russie elle ne me pose pas de problème de compréhension. C’est là-dessus que je suis le plus en décalage par rapport à mon environnement occidental. Je comprends l’émotion de tous, il m’est pénible de parler en historien froid. Mais quand on pense à Jules César enfermant Vercingétorix dans Alésia, puis l’emmenant à Rome pour célébrer son triomphe, on ne se demande pas si les Romains étaient méchants, ou déficients par les valeurs. Aujourd’hui, dans l’émotion, en phase avec mon propre pays, je vois bien l’entrée de l’armée russe en territoire ukrainien, les bombardements et les morts, la destruction des infrastructures énergétiques, les Ukrainiens crevant de froid tout l’hiver. Mais pour moi, le comportement de Poutine et des Russes est lisible autrement et je vais vous dire comment.

Pour commencer, j’avoue avoir été cueilli à froid par le début de la guerre, je n’y croyais pas. Je partage aujourd’hui l’analyse du géopoliticien «réaliste» américain John Mearsheimer. Ce dernier faisait le constat suivant: Il nous disait que l’Ukraine, dont l’armée avait été prise en main par des militaires de l’Otan (américains, britanniques et polonais) depuis au moins 2014, était donc de facto membre de l’Otan, et que les Russes avaient annoncé qu’ils ne toléreraient jamais une Ukraine membre de l’Otan. Ces Russes font donc, (ainsi que Poutine nous l’a dit la veille de l’attaque) une guerre de leur point de vue défensive et préventive. Mearsheimer ajoutait que nous n’aurions aucune raison de nous réjouir d’éventuelles difficultés des Russes parce que, comme il s’agit pour eux d’une question existentielle, plus ça serait dur, plus ils frapperaient fort. L’analyse semble se vérifier. J’ajouterais un complément et une critique à l’analyse de Mearsheimer.

Lesquels?

Pour le complément: lorsqu’il dit que l’Ukraine était de facto membre de l’Otan, il ne va pas assez loin. L’Allemagne et la France étaient, elles, devenues des partenaires mineurs dans l’Otan et n’étaient pas au courant de ce qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande parce que nos gouvernements ne croyaient pas en la possibilité d’une invasion russe. Certes, mais parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’Otan maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev.

Maintenant la critique: Mearsheimer, en bon Américain, surestime son pays. Il considère que, si pour les Russes la guerre d’Ukraine est existentielle, pour les Américains elle n’est au fond qu’un «jeu» de puissance parmi d’autres. Après le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan, une débâcle de plus ou de moins…. Quelle importance? L’axiome de base de la géopolitique américaine, c’est: «On peut faire tout ce qu’on veut parce qu’on est à l’abri, au loin, entre deux océans, il ne nous arrivera jamais rien». Rien ne serait existentiel pour l’Amérique. Insuffisance d’analyse qui conduit aujourd’hui Biden à une fuite en avant. L’Amérique est fragile. La résistance de l’économie russe pousse le système impérial américain vers le précipice. Personne n’avait prévu que l’économie russe tiendrait face à la «puissance économique» de l’Otan. Je crois que les Russes eux-mêmes ne l’avaient pas anticipé.

Si l’économie russe résistait indéfiniment aux sanctions et parvenait à épuiser l’économie européenne, tandis qu’elle-même subsisterait, adossée à la Chine, les contrôles monétaire et financier américains du monde s’effondreraient, et avec eux la possibilité pour les États-Unis de financer pour rien leur énorme déficit commercial. Cette guerre est donc devenue existentielle pour les États-Unis. Pas plus que la Russie, ils ne peuvent se retirer du conflit, ils ne peuvent lâcher. C’est pour ça que nous sommes désormais dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont l’issue doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre. Chinois, Indiens et Saoudiens, entre autres, jubilent.

Mais l’armée russe semble tout de même dans une très mauvaise posture. Certains vont jusqu’à prédire l’effondrement du régime, vous n’y croyez pas?

Non, au début il semble y avoir eu, en Russie, une hésitation, le sentiment d’avoir été abusé, de ne pas avoir été prévenu. Mais là, les Russes sont installés dans la guerre, et Poutine bénéficie de quelque chose dont on n’a pas idée, c’est que les années 2000, les années Poutine, ont été pour les Russes les années du retour à l’équilibre, du retour à une vie normale. Je pense que Macron représentera à l’opposé pour les Français la découverte d’un monde imprévisible et dangereux, des retrouvailles avec la peur. Les années 90 ont été pour la Russie une période de souffrance inouïe. Les années 2000 ont été un retour à la normale, et pas seulement en termes de niveau de vie: on a vu les taux de suicide et d’homicide s’effondrer, et surtout, mon indicateur fétiche, le taux de mortalité infantile, plonger et même passer au-dessous du taux américain.

Dans l’esprit des Russes, Poutine incarne (au sens fort, christique), cette stabilité. Et, fondamentalement, les Russes ordinaires estiment, comme leur président, faire une guerre défensive. Ils ont conscience d’avoir fait des erreurs au début, mais leur bonne préparation économique a augmenté leur confiance, non pas face à l’Ukraine (la résistance des Ukrainiens est pour eux interprétable, ils sont courageux comme des Russes, jamais des Occidentaux ne se battraient si bien!), mais face à ce qu’ils appellent «l’Occident collectif», ou bien «les États-Unis et leurs vassaux». La véritable priorité du régime russe, ce n’est pas la victoire militaire sur le terrain, c’est de ne pas perdre la stabilité sociale acquise dans les 20 dernières années.

Ils font donc cette guerre «à l’économie», surtout une économie d’hommes. Parce que la Russie garde son problème démographique, avec une fécondité de 1,5, enfant par femme. Dans cinq ans ils vont avoir des classes d’âge creuses. À mon avis, ils doivent gagner la guerre en 5 ans, ou la perdre. Une durée normale pour une guerre mondiale. Ils font donc cette guerre à l’économie, en reconstruisant une économie de guerre partielle, mais en voulant préserver les hommes. C’est le sens du repli de Kherson , après ceux des régions de Kharkiv, et de Kiev. Nous comptons les kilomètres carrés repris par les Ukrainiens, mais les Russes eux attendent la chute des économies européennes. Nous sommes leur front principal. Je peux évidemment me tromper mais je vis avec la notion que le comportement des Russes est lisible, parce que rationnel et dur. Les inconnues sont ailleurs.

Vous expliquez que les Russes perçoivent ce conflit comme «une guerre défensive», mais personne n’a tenté d’envahir la Russie, et aujourd’hui, du fait de la guerre, l’Otan n’a jamais eu autant d’influence à l’Est avec les pays Baltes qui veulent l’intégrer.

Pour vous répondre, je vous propose un exercice psycho-géographique, qui peut se faire par un mouvement de zoom arrière. Si on regarde la carte d’Ukraine, on voit l’entrée des troupes russes par le Nord, l’Est, le Sud… Et là, effectivement, on a la vision d’une invasion russe, il n’y a pas d’autre mot. Mais si on fait un immense zoom arrière, vers une perception du monde, mettons jusqu’à Washington, on voit que les canons et missiles de l’Otan convergent de très loin vers le champ de bataille, mouvement d’armes qui avait commencé avant la guerre. Bakhmout est à 8400 kilomètres de Washington mais à 130 kilomètres de la frontière russe. Une simple lecture de la carte du monde permet je pense, d’envisager l’hypothèse que «Oui, du point de vue russe, cela doit être une guerre défensive.»

Selon vous, l’entrée en guerre des Russes s’explique aussi par le relatif déclin des États-Unis…

Dans “Après l’empire”, publié en 2002, j’évoquais le déclin de longue période des États-Unis et le retour de la puissance russe. Depuis 2002, l’Amérique enchaîne échecs et replis. Les États-Unis ont envahi l’Irak, mais en sont repartis laissant l’Iran acteur majeur du Moyen-Orient. Ils ont fui l’Afghanistan. La satellisation de l’Ukraine par l’Europe et par les États-Unis n’a pas représenté un surcroît de dynamisme occidental mais l’épuisement d’une vague lancée vers 1990, relayée par le ressentiment antirusse des Polonais et des Baltes. Or c’est dans ce contexte de reflux américain que les Russes ont pris la décision de mettre au pas l’Ukraine, parce qu’ils avaient le sentiment d’avoir enfin les moyens techniques de le faire.

Je sors de la lecture d’un ouvrage de S. Jaishankar, ministre des Affaires étrangères de l’Inde (The India Way), publié juste avant la guerre, qui voit la faiblesse américaine , qui sait que l’affrontement entre la Chine et les États-Unis ne fera pas de vainqueur mais va donner de l’espace à un pays comme l’Inde, et à bien d’autres. J’ajoute: mais pas aux Européens. Partout on voit l’affaiblissement des États-Unis, mais pas en Europe et au Japon parce que l’un des effets de la rétraction du système impérial est que les États-Unis renforcent leur emprise sur leurs protectorats initiaux.

Si on lit Brzeziński (Le Grand Échiquier), on voit que l’empire américain s’est constitué à la fin de la deuxième Guerre mondiale par la conquête de l’Allemagne et du Japon, qui sont toujours aujourd’hui des protectorats. À mesure que le système américain se rétracte, il pèse de plus en plus lourdement sur les élites locales des protectorats (et j’inclus ici l’ensemble de l’Europe). Les premiers à perdre toute autonomie nationale, seront (ou sont déjà) les Anglais et les Australiens. Internet a produit dans l’anglosphère une interaction humaine avec les États-Unis d’une telle intensité que leurs élites universitaires, médiatiques et artistiques sont pour ainsi dire annexées. Sur le continent européen nous sommes un peu protégés par nos langues nationales, mais la chute de notre autonomie est considérable, et rapide. Souvenons-nous de la guerre d’Irak, lorsque Chirac, Schröder et Poutine faisaient des conférences de presse communes contre la guerre

Beaucoup d’observateurs soulignent que la Russie a le PIB de l’Espagne, ne surestimez-vous pas sa puissance économique et sa capacité de résistance?

La guerre devient un test de l’économie politique, elle est le grand révélateur. Le PIB de la Russie et de la Biélorussie représente 3,3% du PIB occidental (États-Unis, anglosphère, Europe, Japon, Corée du Sud), pratiquement rien. On peut se demander comment ce PIB insignifiant peut faire face et continuer à produire des missiles. La raison en est que le PIB est une mesure fictive de la production. Si on retire du PIB américain la moitié de ses dépenses de santé surfacturées, puis la «richesse produite» par l’activité de ses avocats, par les prisons les mieux remplies du monde, puis par toute une économie de services mal définis incluant la «production» de ses 15 à 20.000 économistes au salaire moyen de 120 000 dollars, on se rend compte qu’une part importante de ce PIB est de la vapeur d’eau. La guerre nous ramène à l’économie réelle, elle permet de comprendre ce qu’est la véritable richesse des nations, la capacité de production, et donc la capacité de guerre. Si on revient à des variables matérielles, on voit l’économie russe. En 2014, nous mettons en place les premières sanctions importantes contre la Russie, mais elle augmente alors sa production de blé, qui passe de 40 à 90 millions de tonnes en 2020. Alors que, grâce au néo-libéralisme, la production américaine de blé, entre 1980 et 2020, est passée de 80 à 40 millions de tonnes. La Russie est aussi devenue le premier exportateur de centrales nucléaires. En 2007, les Américains expliquaient que leur adversaire stratégique était dans un tel état de déliquescence nucléaire que bientôt les États-Unis auraient une capacité de première frappe sur une Russie qui ne pourrait répondre. Aujourd’hui, les Russes sont en supériorité nucléaire avec leurs missiles hypersoniques.

La Russie a donc une véritable capacité d’adaptation. Quand on veut se moquer des économies centralisées, on souligne leur rigidité, et quand on fait l’apologie du capitalisme, on vante sa flexibilité. On a raison. Pour qu’une économie soit flexible, il faut bien sûr le marché, des mécanismes financiers et monétaires. Mais il faut d’abord une population active qui sache faire des choses. Les États-Unis sont maintenant plus de deux fois plus peuplés que la Russie (2,2 fois dans les tranches d’âges étudiantes). Reste qu’avec des proportions par cohortes comparables de jeunes faisant des études supérieures, aux États-Unis, 7% font des études d’ingénieur, alors qu’en Russie c’est 25%. Ce qui veut dire qu’avec 2,2 fois moins de personnes qui étudient, les Russes forment 30% de plus d’ingénieurs. Les États-Unis bouchent le trou avec des étudiants étrangers, mais qui sont principalement Indiens et plus encore Chinois. Cette ressource de substitution n’est pas sûre et diminue déjà. C’est le dilemme fondamental de l’économie américaine: elle ne peut faire face à la concurrence chinoise qu’en important de la main-d’œuvre qualifiée chinoise. Je propose ici le concept d’équilibrisme économique. L’économie russe, quant à elle, a accepté les règles de fonctionnement du marché (c’est même une obsession de Poutine de les préserver), mais avec un très grand rôle de l’État, mais elle tient aussi sa flexibilité des formations d’ingénieurs qui permettent les adaptations, industrielles et militaires.

Beaucoup d’observateurs pensent, au contraire, que Vladimir Poutine a profité de la rente des matières premières sans avoir su développer son économie…

Si c’était le cas, cette guerre n’aurait pas eu lieu. L’une des choses marquantes dans ce conflit, et qui le rend si incertain, c’est qu’il pose (comme toute guerre moderne), la question de l’équilibre entre technologies avancées et production de masse. Il ne fait aucun doute que les États-Unis disposent de certaines des technologies militaires les plus avancées, et qui ont parfois été décisives pour les succès militaires ukrainiens. Mais quand on entre dans la durée, dans une guerre d’attrition, pas seulement du côté des ressources humaines mais aussi matérielles, la capacité à continuer dépend de l’industrie de production d’armes moins haut de gamme. Et nous retrouvons, revenant par la fenêtre, la question de la globalisation et le problème fondamental des Occidentaux: nous avons délocalisé une telle proportion de nos activités industrielles que nous ne savons pas si notre production de guerre peut suivre. Le problème est admis. CNN, le New York Times et le Pentagone se demandent si l’Amérique arrivera à relancer les chaînes de production de tel ou tel type de missile. Mais on ne sait pas non plus si les Russes sont capables de suivre le rythme d’un tel conflit. L’issue et la solution de la guerre dépendront de la capacité des deux systèmes à produire des armements.

Selon vous cette guerre est non seulement militaire et économique, mais aussi idéologique et culturelle…

Je m’exprime ici surtout en tant qu’anthropologue. Il y a eu en Russie des structures familiales plus denses, communautaires, dont certaines valeurs ont survécu. Il y a un sentiment patriotique russe qui est quelque chose dont on n’a pas idée ici, nourri par le subconscient d’une nation famille. La Russie avait une organisation familiale patrilinéaire, c’est-à-dire dans laquelle les hommes sont centraux et elle ne peut adhérer à toutes les innovations occidentales néoféministes, LGBT, transgenres… Quand nous voyons la Douma russe voter une législation encore plus répressive sur «la propagande LGBT», nous nous sentons supérieurs. Je peux ressentir ça en tant qu’Occidental ordinaire. Mais d’un point de vue géopolitique, si nous pensons en termes de soft-power, c’est une erreur. Sur 75% de la planète, l’organisation de parenté était patrilinéaire et l’on peut y sentir une forte compréhension des attitudes russes. Pour le non-Occident collectif , la Russie affirme un conservatisme moral rassurant. L’Amérique latine cependant est ici du côté occidental.

Quand on fait de la géopolitique, on s’intéresse à de multiples domaines: les rapports de force énergétiques, militaires, la production d’armes (qui renvoie aux rapports de force industriels). Mais il y a aussi le rapport de force idéologique et culturel, ce que les Américains appellent le «soft power». L’URSS avait une certaine forme de soft power, le communisme, qui influençait une partie de l’Italie, les Chinois, les Vietnamiens, les Serbes, les ouvriers français… Mais le communisme faisait au fond horreur à l’ensemble du monde musulman par son athéisme et n’inspirait rien de particulier à l’Inde, hors du Bengale-Occidental et du Kerala. Or, aujourd’hui, la Russie telle qu’elle s’est repositionnée comme archétype de la grande puissance, non seulement anticolonialiste, mais aussi patrilinéaire et conservatrice des mœurs traditionnelles, peut séduire beaucoup plus loin. Les Américains se sentent aujourd’hui trahis par l’Arabie saoudite qui refuse d’augmenter sa production de pétrole, malgré la crise énergétique due à la guerre, et prend de fait le parti des Russes: pour une part, bien sûr, par intérêt pétrolier. Mais il est évident que la Russie de Poutine, devenu moralement conservatrice, est devenue sympathique aux Saoudiens dont je suis sûr qu’ils ont un peu de mal avec les débats américains sur l’accès des femmes transgenres (définies comme mâles à la conception) aux toilettes pour dames.

Les journaux occidentaux sont tragiquement amusants, ils ne cessent de dire: «La Russie est isolée, la Russie est isolée». Mais quand on regarde les votes des Nations unies, on constate que 75% du monde ne suit pas l’Occident, qui paraît alors tout petit. Si l’on est anthropologue, on peut expliquer la carte, d’une part des pays classés comme ayant un bon niveau de démocratie par The Economist (à savoir l’anglosphère, l’Europe…) , d’autre part des pays autoritaires, qui s’étalent de l’Afrique jusqu’à la Chine en traversant le monde arabe et la Russie. Pour un anthropologue, c’est une carte banale. Sur la périphérie «occidentale» on trouve les pays de structure familiale nucléaire avec des systèmes de parenté bilatéraux, c’est-à-dire où les parentés masculines et féminines sont équivalentes dans la définition du statut social de l’enfant. Et au centre, avec le gros de la masse afro-euro-asiatique, on trouve les organisations familiales communautaires et patrilinéaires. On voit alors que ce conflit, décrit par nos médias comme un conflit de valeurs politiques, est à un niveau plus profond un conflit de valeurs anthropologiques. C’est cette inconscience et cette profondeur qui rendent la confrontation dangereuse. Source : blogs de Mediapart

Note de votre serviteur. Au Japon on trouve tous les ouvrages d’Emmanuel Todd en français et une grande partie d’entre eux traduits en japonais. Cet anthropologue dont j’ai lu beaucoup d’oeuvres dont en particulier “Origine des Systèmes Familiaux”, une étude absolument incontournable, que l’ai même lu deux fois car la première lecture ne permet pas de saisir dans leur profondeur certains arguments, est probablement, du moins selon moi, le plus grand anthropologue français présent. Todd est dénigré par les intellectuels progressistes car ses idées et ses analyses ne correspondent pas à leur idéologie globaliste. Et puisque j’ai utilisé ce néologisme j’ai l’occasion d’exposer mon opinion au sujet du globalisme. Cette idéologie n’est pas adaptée à la nature humaine qui est au contraire fondamentalement individualiste. Le globalisme a conduit au marxisme-léninisme tel que l’a enduré le peuple russe pendant 70 ans. La nature profonde de l’Homo sapiens sapiens n’a pas fondamentalement évolué depuis 100000 ans, il réagit souvent avec son cerveau “reptilien” et se recroqueville dans une cellule familiale aujourd’hui restreinte dans le monde moderne alors que la vraie structure ancestrale de la cellule familiale avait pris la forme de cellules étendues englobant plusieurs générations comme cela a été très bien décrit dans l’ouvrage de Todd que j’ai cité plus haut.