Pourquoi les cheveux blanchissent (première partie)

La plupart d’entre nous trouvent nos premiers cheveux «gris» vers la trentaine, généralement au niveau des tempes, puis plus tard, sur tout le cuir chevelu. Alors que beaucoup de gens trouvent les cheveux poivre et sel attrayants, d’autres font de grands efforts pour les dissimuler. La règle des cheveux gris est qu’à 50 ans, la moitié de la population a perdu la couleur dans 50% de ses cheveux. Lorsque les chercheurs ont testé cette règle, ils ont constaté que 74% des personnes âgées de 45 à 65 ans avaient les cheveux gris, avec une intensité moyenne de 27% et d’une manière générale les hommes ont plus de cheveux gris que les femmes. Les Asiatiques et les Africains ont moins de cheveux gris que les Caucasiens.

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La couleur des cheveux est produite par les mélanocytes, qui migrent dans le bulbe pileux à mesure que les follicules pileux se développent in utero. Les mélanocytes produisent un pigment qui est incorporé dans les fibres capillaires en croissance pour produire des cheveux dans une gamme assez impressionnante de nuances. La couleur des cheveux dépend de la présence et des rapports de deux groupes de mélanines : les eumélanines (pigments bruns et noirs) et les phéomélanines (pigments rouges et jaunes). Alors que les variations du rapport de ces pigments peuvent produire un grand nombre de couleurs et de tons, les frères et sœurs ont souvent une couleur de cheveux étonnamment similaire.

La couleur des cheveux varie selon le site du corps, les cils étant les plus foncés car ils contiennent des niveaux élevés d’eumélanine.. Les cheveux du cuir chevelu sont généralement plus légers que les poils pubiens, qui ont souvent une teinte rouge, en raison de la présence de plus de pigments de phaeomélanine. Une teinte rouge-brune est également courante dans les poils des aisselles, de la barbe, des sourcils et du pubis, même chez les personnes ayant des cheveux essentiellement bruns sur leur cuir chevelu. Les hormones telles que l’hormone stimulant les mélanocytes (MSH) peuvent assombrir les cheveux clairs, tout comme les niveaux élevés d’oestrogène et de progestérone durant la grossesse. Certains médicaments tels que ceux pour prévenir le paludisme peuvent éclaircir les cheveux, tandis que certains médicaments contre l’épilepsie peuvent les assombrir.

Les enfants blonds ont tendance à voir leurs cheveux foncer vers l’âge de sept ou huit ans. Le mécanisme de ce changement de pigmentation est inconnu mais probablement indépendant des hormones sexuelles car cet assombrissement précède la puberté de plusieurs années. Les jeunes parents trouvent souvent que la première couche des cheveux de leur bébé est plus foncée que prévu. Ce n’est que lorsque ces premiers cheveux foetaux sont tombés et remplacés, vers huit à 12 mois, que l’on peut avoir une indication précise de la couleur des cheveux d’un enfant.

Croissance

La croissance des cheveux humains est cyclique. Pendant la phase anagène, les cheveux poussent en continu à raison de 1 cm par mois. L’anagenèse peut durer de trois à cinq ans pour un follicule du cuir chevelu (et d’autres parties du corps) et produire des cheveux qui poussent entre 36 et 60 cm de long. À la fin de la phase anagène, l’activité du follicule pileux s’éteint, la croissance des cheveux s’arrête et reste éteinte pendant environ trois mois. Vers la fin de cette phase de repos (phase télogène), les cheveux correspondant aux follicules éteints tombent et le follicule reste vide jusqu’au redémarrage de la phase anagène du cycle. Ces cycles ne sont pas synchronisés pour tous les follicules pileux. C’est pourquoi la chute des cheveux est en réalité continue. La production de pigments s’allume et s’éteint également au rythme du cycle capillaire. Lorsque les cellules pigmentaires s’éteignent à la fin d’un cycle capillaire si elles ne se réactivent pas avec le début du cycle suivant alors les cheveux deviennent gris puis blancs.

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Perdre de la couleur

Les facteurs génétiques semblent être importants pour déterminer quand nous devenons gris. Les jumeaux identiques semblent devenir gris à un âge, un rythme et un schéma similaires, mais les gènes de contrôle n’ont pas encore été identifiés. Il n’y a aucune preuve permettant de lier l’apparition du grisonnement au stress, à l’alimentation ou au mode de vie. Certaines maladies auto-immunes telles que le vitiligo et l’alopécie areata peuvent endommager les cellules pigmentaires et provoquer un grisonnement précoce. Cependant, ces conditions sont rares et ne peuvent expliquer qu’une infime fraction du grisonnement. Le grisonnement précoce se produit dans les syndromes de vieillissement prématuré tels que la progeria de Hutchinson et le syndrome de Werner, où chaque aspect du vieillissement dans le corps est accéléré. Le grisonnement prématuré peut également être observé chez les personnes atteintes d’anémie pernicieuse, de maladie thyroïdienne auto-immune ou de syndrome de Down.

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Alors, pourquoi la production de pigments ne redémarre-t-elle pas?

À la fin de chaque cycle capillaire, certains mélanocytes producteurs de pigments sont endommagés et meurent. Si le stock de cellules souches mélanocytaires du follicule pileux peut reconstituer le fonctionnement normal du bulbe pileux, cela permet de maintenir la production de pigments. Mais lorsque le réservoir de cellules souches est épuisé, la production de pigments s’arrête et les cheveux deviennent gris.

Les scientifiques savent depuis longtemps que pour empêcher les cheveux de devenir gris, ils devraient soit prolonger la vie des mélanocytes dans le bulbe pileux – en les protégeant des blessures – soit étendre le réservoir de cellules souches des mélanocytes dans la région supérieure du follicule pileux afin qu’ils continuent de remplacer les cellules pigmentaires perdues.

Un groupe de scientifiques français des laboratoires de recherche de l’Oreal a identifié une nouvelle série d’agents qui protègent les mélanocytes du follicule pileux des dommages pouvant apparaître en fin de cycle capillaire. Ils permettent à la production de pigments de redémarrer dès le début du prochain cycle capillaire. Ces agents agissent en imitant l’action d’une enzyme appelée DOPAchrome tautomerase. Cette enzyme est l’antioxydant naturel du bulbe pileux qui protège les mélanocytes des dommages oxydatifs. En dupliquant les effets de la tautomérase DOPAchrome, le métabolisme et la survie des mélanocytes s’améliorent. Les produits proposés par l’Oreal sont des antioxydants. Les shampooings proposés par la firme l’Oreal n’ont qu’une efficacité très limitée et nous découvrirons pourquoi dans un prochain car la biologie évolue.

Lien. Administration of agents mimicking dopachrome tautomerase (TRP-2) activity for protecting hair follicle melanocytes US Patent #8445004B2, https://patents.google.com/patent/US8445004

Source. Adapté d’un article paru sur le site The Conversation le 16 mars 2015

 

 

Le « ravalement de façade » au laser, pourquoi c’est efficace ?

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Contrairement aux êtres humains les souris, les rats ou encore les lapins sont capables de régénérer les follicules pileux après la cicatrisation d’une blessure. Le Docteur Luis Garza, Professeur de dermatologie à l’école de médecine de la Johns Hopkins University, a voulu comprendre quelle était la raison de cette différence. Avec son équipe il a observé que les cellules meurtries par une blessure libéraient des petits ARNs double-brin, c’est-à-dire se conformant en double hélice comme des petits morceaux d’ADN. Ces dsRNAs (acronyme de double strand RNA, désolé l’anglais est la langue scientifique internationale) sont non-codants. L’équipe de Garza a recherché si ce type de dsRNAs était aussi présent dans la peau de patientes se soumettant à des traitements de jouvence par laser pour éliminer les rides ou les taches de vieillesse puisque ce type d’intervention induit des dommages cellulaires au niveau du derme. Les analyses de petites biopsies avant et après traitement dermatologique esthétique ont montré qu’en effet des dsRNAs apparaissaient systématiquement à la suite de ces traitements incluant également des micro-perforations ou des nettoyages par abrasion de l’épiderme.

Dix-sept patientes âgées en moyenne de 55 ans se sont portées volontaires pour cette étude. Les parties du corps soumises à ces traitement étaient la face et les avant-bras et les biopsies furent pratiquées avant et une semaine après le début du traitement. Le but de cette étude fut de rechercher si le mécanisme de régénération de la peau tel que celui observé chez les animaux de laboratoire existait aussi chez l’homme, dans ce cadre il s’agissait de femmes. Le mécanisme de régénération fait intervenir ces dsRNAs et aussi la présence anormalement élevée d’acide rétinoïque. Les dsRNAs activent un récepteur situé à la surface des cellules appelé TLR3 dont la fonction est de reconnaître les particules virales entrainant alors une réponse immunitaire. Quant à l’acide rétinoïque, ce métabolite est connu pour être impliqué dans la régénération des membres des salamandres mais aussi des follicules pileux des souris après une blessure.

Les même types d’activation du TLR3 et de la synthèse d’acide rétinoïque ont été découvert en comparant les biopsies. Ce mécanisme a alors été étudié en détail avec des cultures de kératinocytes humains. Un dsRNA synthétique constitué d’un brin d’acide poly-ribo-inosinique et d’un brin d’acide poly-ribo-cytidylique a été utilisé dans le but d’élucider le mécanisme de différenciation cellulaire. Il est apparu que le dsRNA activait bien le récepteur TLR3 et que cette activation induisait la synthèse des 3 enzymes impliqués dans la voie de biosynthèse de l’acide rétinoïque à partir du rétinol, le principal constituant de la vitamine A.

Les traitements par laser de la peau dans le but de la rajeunir ne sont donc pas une vue de l’esprit. Il existe bel et bien une explication physiologique qui a finalement été élucidée. L’idéal serait de disposer d’agonistes (ou stimulateurs) du récepteur TLR3 mais on entre dans le domaine de la fiction car ce qui se passe au niveau cellulaire in vitro est loin de refléter la réalité d’un tissu complexe comme la peau en dépit du fait qu’un traitement facial par laser infra-rouge peut durer plus d’une année pour apprécier des résultats satisfaisants.

Source. doi : 10.1038/s41467-019-10811-y

Se blanchir la peau quand on est « noir », un non sens dangereux !

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Dans les pays tropicaux, en particulier en Afrique, avoir la peau pigmentée est considéré comme une sorte de tare génétique. Pourtant l’évolution de l’Homo sapiens issu de l’Afrique devait donc avoir la peau pigmentée pour se protéger de l’aggression du rayonnement ultra-violet solaire. Or allez en Scandinavie ou en Islande, pays que j’ai visité lors de séjours professionnels ou touristes, il est rarissime que les natifs de ces pays aient la peau noire. Au contraire celle-çi est claire car l’organisme a besoin du rayonnement ultra-violet pour synthétiser la vitamine D à partir d’un précurseur du cholestérol. Il y a des exceptions en ce qui concerne les populations andines. Les montagnards des pays andins vivant à des altitudes supérieures à 3000 mètres ont, au cours de leur évolution qui est relativement courte, adapté la pigmentation de leur peau pour se protéger du rayonnement UV d’autant plus intense que l’on se trouve à une altitude élevée.

En Afrique les règles de la beauté féminine consistent avant tout à avoir la peau claire. Alors que le rayonnement ultra-violet est intense dès lors que l’on habite près de l’Equateur les élégantes d’Abidjan, de Konakry ou de Lagos tentent par tous les moyens d’ « éclaircir » leur peau, au moins celle de leur visage. Il s’agit d’une mode d’un nouveau genre qui a ouvert un marché lucratif à de pseudo-sociétés cosmétiques qui ont tout de suite détecté un marché particulièrement juteux pour écouler des produits le plus souvent dangereux pour la santé dont l’effet supposé est d’éclaircir la peau. Et ça marche, du moins commercialement parlant. Tous les produits chimiques, qu’ils aient une action sur la pigmentation de la peau ou non, sont vendus à grands coups de publicité (mensongère) pour établir un marché hautement lucratif. Il s’agit parfois de stéroïdes dont les effets secondaires sont redoutables comme par exemple l’apparition d’infections cutanées qui provoquent une telle dégradation de la qualité de l’épiderme que les femmes qui se sont pliées à ce genre de traitement finissent par porter une burka. C’est un peu comme si elles étaient victimes de la lèpre !

Tout faire pour se blanchir la peau est en réalité une conséquence lointaine de la période coloniale de ces pays africains. La mémoire collective a assimilé le fait qu’avoir la peau blanche était synonyme de supériorité comme l’étaient les représentants des puissances coloniales. En Afrique du Sud par exemple, alors qu’émerge un aparteid d’un nouveau genre consistant à exproprier les Blancs qui va, entre parenthèses conduire ce pays à un désastre similaire à celui que connaît toujours le Zimbabwe qui a suivi cette politique, paradoxalement les élégantes de Johannesburg se font blanchir la peau en ayant recours à des procédés dangereux pour leur santé car il n’existe aucune régulation, en quelque sorte n’importe quel escroc peut écouler un stock de produits chimiques sans être inquiété par les autorités. Pour donner une image de l’ampleur de cet engouement l’OMS a estimé en 2011 que plus de 60 millions de Nigérianes (77 % des femmes de ce pays de 180 millions d’habitants) utilisent n’importe quoi pour avoir la peau de leur visage aussi blanche que possible, depuis l’hydroquinone jusqu’à des stéroïdes de synthèse qui n’ont jamais été testés dans les conditions strictes respectées par les laboratoires de cosmétiques des pays occidentaux. Tous ces produits universellement utilisés en Afrique sont interdits aus Etats-Unis ! Serait-ce une sorte de déviance induite par la colonisation ? Nul doute que la réponse est positive et il ne fait aucun doute que des laboratoires occidentaux en profitent largement car ils échappent dans ces pays africains aux régulations de leurs propres pays.

En conclusion agir à l’encontre de l’évolution naturelle qui a habité l’humanité durant des millénaires ne peut que conduire à des catastrophes sanitaires de grande ampleur, surtout dans des pays qui n’ont pas encore assimilé la culture, disons, du respect de l’intégrité corporelle, encore qu’il y a beaucoup à dire à ce sujet.

Source et aussi illustration : très partiellement inspiré d’un article paru sur le site de l’AFP

Comment se brosser les dents « écolo » ?

Il ne s’agit pas ici de faire la promotion d’une pâte dentifrice écologique 100 % bio, à vrai dire je ne sais même pas si ce genre de produit existe car je n’ai pas pris la peine de me documenter (j’enrichis la multinationale GlaxoSmithKline quand je me brosse les dents) mais plutôt les brosses à dent. Les manches en plastique des brosses à dent ne sont pas recyclables et grèvent le budget carbone de la planète et cette constatation a percuté le cerveau d’un travailleur social de Lausanne en Suisse. Il a donc suivi des cours de gestion d’entreprise à Fribourg (toujours en Suisse) et a créé sa « start-up » comme on dit, c’est à la mode, et avec une couleur écolo, verte si possible, ça peut rapporter gros.

Les poils des brosses à dent écologiques sont en nylon, un polymère synthétique dégradable avec le temps, les manches en bambou et l’emballage en carton recyclé avec un label vert qui précise que cet emballage et la brosse à dent sont 100 % exempts de bis-phénol A. Des poils en racines de chiendent auraient été encore plus écolos mais franchement plus compliqués à mettre en oeuvre. Et c’est un franc succès ! Le « start-upien » suisse produit maintenant des coques pour smart-phone et des protections pour ordinateurs portables en bambou, le must ! Comme c’est beau la vie en vert …

Source et illustration : 20min.ch

En vacances, profitez du soleil mais sans en abuser

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En cette période estivale les rituels bains de soleil à la plage ou plus prosaïquement dans son jardin font presque partie du folklore des vacances. Cette pratique n’est pas sans dangers surtout pour les personnes qui ont la peau claire et n’arrivent pas à bronzer. Étymologiquement la peau va prendre la couleur du bronze mais outre l’aspect esthétique recherché il s’agit d’une réaction de celle-ci aux rayons ultra-violets (UV) dont les effets cancérigènes sont prouvés contrairement à ceux de beaucoup d’autres produits considérés comme « probables cancérigènes » sans qu’il n’y ait jamais eu de preuves formelle de cet effet. Mais là n’est pas l’objet de ce court billet.

Toutes les crèmes dites solaires supposées protéger la peau des rayons UV ont, sans exception, une efficacité médiocre. Si elles contiennent effectivement des produits arrêtant les UV ces produits sont détruits par ces derniers et il faudrait se tartiner la peau toutes les 5 minutes pour espérer une protection significative. Il existe pourtant une plante qui stimule la production, sans bain de soleil, de la mélanine par la peau, la substance qui protège naturellement contre les rayons UV et conduit au bronzage tant recherché.

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Cette plante, de la famille des coléus, le Plectranthus barbatus, synthétise un composé chimique appelé forskoline du nom précédent de cette plante le Coleus forskohlii ou coléus indien. Il s’agit d’un diterpène qui n’a pas d’effet de protection sur les UV mais stimule la peau pour produire massivement de la mélanine selon un mécanisme biologique plutôt complexe au sujet duquel je ne m’étendrai pas. Appliquée en lotion sur la peau, une décoction aqueuse de cette plante provoque un « bronzage » protecteur rapide et il paraît, selon la médecine traditionnelle indienne qu’en tisane ce coléus serait même un hypotenseur.

Source : ScienceAlert, illustrations Wikipedia

« Aloe vera » : encore une grosse arnaque !

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Quand j’étais enfant je suçais mon pouce et mes parents ne trouvèrent pas d’autre moyen pour corriger cette habitude que de me barbouiller le pouce avec de l' »aloès », une sorte de jus brunâtre que la pharmacienne du village vendait dans ce seul but. Je me souviens très bien de cette célibataire entre deux âges aux cheveux graisseux tressés sur le sommet de la tête, semblant gênée par sa grosse poitrine tendue sous sa blouse blanche, avec une grosse paire de lunettes d’écaille cachant son inquiétant visage qui officiait au milieu de flacons variés dans un réduit où flottait une odeur indescriptible d’iode, d’antiseptiques et de parfum bon marché.

Le résultat de l’application de l' »aloès » était une sorte de teinture et un gout amer du doigt qui était supposé me dissuader de continuer à sucer mon pouce. C’était la seule application connue de ce qu’on appelle maintenant pompeusement l’Aloe vera. Et depuis cette époque rien n’a vraiment changé car toutes les études tendant à prouver que cette plante présentait des effets bénéfiques variés sur la peau ont échoué : l’aloès n’a strictement aucun effet bénéfique pour la peau ! L’unique principe actif de l’Aloe vera est donc l’aloïne, une anthraquinone glycosylée au goût amer très prononcé qui imprègne la peau durablement.

L’utilisation du mot latin a pourtant induit une nouvelle mode et on ne compte plus aujourd’hui le nombre impressionnant de produits supposés contenir des extraits de cette plante qui pousse comme du chiendent dans certaines contrées dont en particulier les Iles Canaries. Les crèmes, les pommades, les gels, les lotions diverses et variées, si possible de couleur verte (artificielle) et parfumées (artificiellement) assurent la fortune de laboratoires de cosmétologie pas vraiment regardants qui se sont précipité les yeux fermés dans cette escroquerie juteuse. Sans jeu de mot, car les feuilles charnues de cette plante dite succulente emmagasinent de l’eau dans un tissu incolore et opalescent pas vraiment « juteux » qui serait à la base de tous ces effets prétendument bénéfiques pour la peau.

Ici aux Canaries les touristes se font arnaquer dans des boutiques spécialisées dans la vente de toutes sortes de préparations soit-disant à base d’Aloe vera. Or des contrôles très sérieux effectués par des laboratoires indépendants mandatés par Bloomberg aux USA pour rechercher au moins deux des composants de cette plante, l’aloïne et accessoirement l’acemannane, ont clairement montré qu’ils sont systématiquement absents de ces préparations frelatées aux noms et aux propriétés mensongères. À n’en pas douter un instant la situation est identique en Europe.

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Pour obtenir un kilo d’extrait sec d’Aloe vera il faut récolter à la main 400 kilos de feuilles en se protégeant avec des gants épais. Or cet extrait est avantageusement remplacé par une vulgaire maltodextrine, un additif alimentaire qui ne coûte que quelques dollars le kilo. Pourquoi se priver : abuser de la bonne foi d’une clientèle manipulée par une publicité mensongère qui a envahi les pages web avec la complicité mercantile de Google est tellement facile …

Source : Bloomberg

Traitement anti-rides avec du Botox : attention danger !

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En dehors du fait que moins d’un millionième de gramme de toxine botulique peut tuer un adulte, ce produit maintenant commercialisé par la société Allergen sous le nom de Botox® est très largement utilisé en cosmétique pour améliorer l’aspect du visage. Cette toxine est en effet un violent inhibiteur de la production d’acétylcholine dans les jonctions synaptiques des neurones conduisant à une paralysie musculaire. Cet effet est mis à profit par les esthéticiens pour prévenir la formation de rides outre bien d’autres applications à caractère strictement médical. Mais l’utilisation de Botox est-elle aussi anodine que le prétendent ces médecins esthéticiens pas toujours diplômés ? C’est la question que se sont posé des biologistes de l’Université du Wisconsin à Madison.

La conclusion de leurs travaux parus dans le journal Cell est sans appel : l’utilisation de Botox est dangereuse pour le cerveau ! Mesdames, avant de décider de vous faire traiter le visage pour éviter l’apparition de rides, réfléchissez-y à deux fois en pensant à l’intégrité de votre cerveau …

En cultivant des neurones dans un système à deux compartiments les biologistes dirigés par le Docteur Edwin Chapman ont montré clairement que la toxine Botox migrait vers les neurones situés en amont via les jonctions synaptiques selon un processus de transport axonal endommageant alors ces derniers neurones comme le montre la figure ci-dessous :

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L’effet local recherché par les esthéticiens se situe au niveau de l’injection de Botox qui se lie à un récepteur (SNARE) conduisant à une paralysie musculaire discrète. Mais il y a aussi un autre mécanisme qui prend en charge la molécule de toxine, qui est une protéine, et la rend capable d’être transportée le long des axones pour se retrouver ensuite loin du point d’injection. La toxine se lie en effet à d’autres composants du fluide intracellulaire pour former des petits complexes schématisés dans la figure par des petits cercles gris, la toxine étant, elle, schématisée par un point bleu. La conséquence sciemment ignorée par les esthéticiens malgré des mises en garde répétés des régulateurs par précaution car il n’existait pas jusqu’à cette étude récente de preuve formelle d’un effet délétère du Botox sur le cerveau est une atteinte de certains neurones éloignés du point d’injection.

L’utilisation du Botox en cosmétique (esthétique) est un gros business mais c’est dangereux quoiqu’en pense la société Allergen (voir le lien).

Source et illustration : http://dx.doi.org/10.1016/j.celrep.2016.06.104

et aussi : http://www.allergan.com/miscellaneous-pages/allergan-pdf-files/2013annualreport

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Se laver les cheveux tous les jours : une mauvaise habitude

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Kim Kardashian se lave les cheveux seulement deux fois par semaine et elle a bien raison ! Se shampouiner les cheveux élimine le sébum naturellement sécrété par les glandes sébacées alors que cette matière huileuse est bénéfique pour l’épiderme mais également pour les cheveux. Le sébum protège en effet la peau et les cheveux d’une déshydratation excessive. Qui ne s’est pas rendu compte qu’après un lavage des cheveux à l’aide d’un détergent y compris très peu agressif des pellicules se formaient inévitablement. C’est tout simplement parce que l’épiderme est déshydraté après ce lavage puisqu’il n’y a plus de sébum. D’ailleurs les shampooings dits « anti-pelliculaires » contiennent des corps gras. Les Marquésiennes, après s’être lavé leur longue chevelure, utilisent du Monoï parfumé avec des petites fleurs de l’ylang-ylang local qui pousse un peu de partout dans la forêt pour re-huiler cette dernière et maintenir son aspect brillant si particulier.

Comme Kim Kardashian, il est plutôt approprié de laver ses cheveux une à deux fois par semaine et de les rincer chaque jour pour éliminer la poussière, c’est suffisant.

Cependant et selon la nature des cheveux, le sébum adhère à ces derniers en maintenant leur solidité et des cheveux bouclés naturellement requièrent plus de corps gras pour leur intégrité structurale. Enfin les colorations et le chauffage des cheveux pour leur imprimer des courbures permanentes sont des agressions qu’il faudrait éviter ou limiter. Un dernier conseil, manger de la glycine – une douzaine de grammes chaque jour – est un excellent traitement pour les cheveux …

Source : Business Insider

Le vieillissement du visage : pas de traitement en vue

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Le « look » facial est l’un des plus importants arguments de marketing des cosméticiens. Mais la question est de connaitre les raisons pour lesquelles certaines personnes du même âge paraissent plus vieilles que d’autres. C’est ce à quoi se sont attaqués une équipe de biologistes de l’Université de Leiden sponsorisée par Unilever, l’un des géants mondiaux de la cosmétique et ils n’ont pas été déçus malgré la minceur des résultats obtenus. Une femme voulant paraître plus jeune pourra se tartiner de crèmes apaisantes, rajeunissantes, revitalisantes, anti-rides, anti-vieillesse ou je ne sais quoi encore … dans ce domaine les cosméticiens font preuve d’une créativité surprenante, elle ne pourra rien contre le vieillissement de son épiderme facial, un processus qui ne dépend que … de la génétique.

Depuis des temps immémoriaux les femmes cherchent à paraître plus jeunes, un signe de bonne santé et de fécondité. Or le vieillissement du corps et donc de l’épiderme est un processus inexorable qui est la résultante d’une multitude de facteurs. L’apparition de rides, de taches de vieillesse, de dépigmentation constituent la hantise des femmes qui veulent à tout prix paraître encore jeunes et séduisantes. Il y a cependant des femmes qui semblent, de par leur aspect visuel, vieillir plus lentement que d’autres. C’est sur la base de cette observation qu’une équipe de 5 personnes, une sorte de jury de la beauté, a examiné et noté l’aspect de la face de 2693 personnes, toutes originaires des Pays-Bas, hommes et femmes, pour en déterminer ce qu’on pourrait appeler l’ « âge facial ».

Après avoir établi un classement, une étude du génome de ces personnes a été effectuée afin d’établir une carte des SNPs (single nucleotide polymorphisms) et la réponse n’a pas tardé : l’apparence faciale « plus vieille » est liée à une abondance des SNPs au niveau d’un gène particulier appelé MC1R et ce n’est pas n’importe quel gène puisqu’il s’agit de celui codant pour le récepteur de la mélanocortine (voir ci-dessous). Là où les choses se compliquent si on se place du point de vue du cosméticien, c’est tout simplement parce qu’il ne pourra jamais rien faire pour influer sur une déficience de ce récepteur : des femmes (et des hommes) possédant dans leur bagage génétique des gènes du MC1R codant pour un récepteur de la mélanocortine déficient auront, les années passant, un aspect « plus vieux », point à la ligne.

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Cette étude n’est pourtant pas un coup d’épée dans l’eau car elle révèle que l’aspect du vieillissement est bel et bien multifactoriel, outre le mauvais fonctionnement de la télomérase, un enzyme qui maintient peu ou prou une longueur satisfaisante des extrémités des chromosomes, les télomères, dont on a découvert la fonction avec le syndrome de Werner qui conduit à un vieillissement généralisé et prématuré de l’organisme. Le récepteur de la mélanocortine est important pour l’organisme à plus d’un titre et pas seulement pour l’aspect de l’épiderme car la protéine en question, sécrétée par l’hypophyse, est multifonctionnelle. Elle conduit effectivement à la MSH, l’hormone stimulant les mélanocytes et participant par ailleurs à la régulation énergétique de l’organisme, mais également à l’ACTH, celle qui régule le fonctionnement des glandes surrénales et enfin à la lipotropine, sous deux formes, une autre hormone qui régule le fonctionnement du tissu adipeux et intervient dans le développement de l’obésité. Il s’agit donc bien d’un processus complexe ciblant de nombreux aspects du métabolisme et toute perturbation conduit à une dégradation, entre autres signes extérieurs, de l’aspect visuel du visage aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

Unilever, comme d’autres cosméticiens, pourra créer à l’infini des crèmes de beauté anti-vieillissement, rien n’y fera si ce récepteur est génétiquement endommagé à moins de ruser et d’y incorporer des substances dont les propriétés pharmacologiques sont encore inconnues et qui n’ont donc pas actuellement d’usage thérapeutique comme par exemple le BMS-470539, un produit anti-inflammatoire qui se fixe spécifiquement sur le récepteur MC1R (voir le lien). Dans un prochain billet je proposerai à mes lecteurs une autre approche inattendue des effets de la mélanocortine.

Source et illustration : http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2016.03.008

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1476-5381.2010.00688.x/abstract;jsessionid=5ABFDC4B8197FCBB7AE4ECEEB80A5B98.f03t04

La beauté du visage féminin a un prix : des allergies

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Je ne lis pas les magazines exclusivement réservés à une clientèle féminine. Ils font tellement de publicité pour les produits de beauté qu’il est certain qu’ils ne dénigreront jamais ces derniers au risque de perdre leurs annonceurs. Et pourtant on peut considérer que cette lacune est non seulement une faute grave mais également un manque de respect pour les lectrices : la plupart des produits de beauté, fonds de teint, couleurs pour les paupières, les pommettes ou les cils, rouges à lèvre, crèmes hydratantes, colorants capillaires et autres produits de beauté tels que les shampoings, les déodorants ou les gels-douche contiennent des allergènes puissants et des substances cancérigènes.

La plupart des parfums utilisés en cosmétiques sont allergènes et ce pouvoir allergène est amplifié par les conservateurs comme la paraphénylène-diamine ou la methylisothiazolinone. Près d’une femme sur cinq souffrira dans sa vie de dermatite de contact au niveau du visage ( PMID : 19268112 ). Certains hommes ne sont pas à l’abri de ce type d’allergie car les crèmes à raser et les lotions après rasage contiennent ces même molécules dangereuses.

Un agent de préservation largement utilisés dans tous ces produits cosmétiques très courants est le quaternium-15 appelé aussi Dowicide Q. Comme son nom l’indique il est fabriqué par la Dow Chemical Company et c’est un bactéricide. Cette propriété bactéricide et également fongicide est due au fait que cette drôle de molécule en forme de cage se dégrade en produisant du formaldéhyde ou formol.

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Or le formol est non seulement allergène ( doi:10.1111/j.1600-0536.2009.01615.x ) mais classé parmi les produits potentiellement cancérigènes et comme son usage est interdit en cosmétique en tant que bactéricide les fabricants ont trouvé la parade en incluant dans leurs formulations le quaternium-15. Ce n’est pas tout ! Beaucoup de produits cosmétiques ou de « beauté » contiennent du propylène glycol, un vulgaire antigel, également allergène. Se procurer des produits de beauté dans des échoppes dites « bio » n’arrange pas la situation. Pour ne prendre qu’un exemple parmi bien d’autres la ligne de produits de beauté dits bio Burt’s Bees ( burtsbees.co.uk ) contient très souvent du propolis contenu dans la cire d’abeille, en particulier les rouges à lèvre. Or certaines personnes développent à la longue une allergie au propolis sans qu’on ne sache exactement s’il en est directement la cause.

On ne peut pas exclure que les produits naturels ne présentent pas de propriétés allergènes, le baume du Pérou en est un exemple caricatural. Ce liquide aromatique huileux est extrait des écorces d’un arbre originaire d’Amérique centrale ( Myroxolon balsamum ) et rappelle l’odeur de la vanille et de la cannelle. Pour cette raison il est très largement utilisé, certes en quantités infimes, dans un grand nombre de produits cosmétiques comme parfum. Or cette huile essentielle est également puissamment allergène.

Madame, la prochaine fois que vous utiliserez du rouge à lèvres, votre bouche pourrait soudainement ressembler à un vilain groin de cochon. Il vous faudra alors plusieurs jours voire semaines pour retrouver votre beauté originale mais après cet incident désagréable évitez d’utiliser l’un ou l’autre de vos produits de beauté favoris contenant l’une ou l’autre des substances énumérées ci-dessus. Assurez-vous également que vos crèmes de beauté ne contiennent pas d’extraits de mangue car la peau de ce fruit contient aussi un allergène particulièrement puissant et dévastateur appelé urushiol …

Inspiré d’un article paru dans The Daily Beast