Mobilité urbaine. Et si les Européens prenaient exemple sur le Japon

À la suite de ce court billet au sujet des décisions prises par la ville d’Oxford pour limiter la circulation automobile dans la partie centrale de l’agglomération j’ai jugé opportun d’établir une comparaison avec les villes de banlieue de l’agglomération de Tokyo dont en particulier celle où réside mon fils depuis maintenant plus de 15 ans et que je connais très bien. J’ai en effet séjourné deux fois par an pour des durées de séjour de près de deux mois excepté lors de la pandémie de coronavirus pendant toutes ces années. La ville de Suginami (Suginami-ku) fait partie de l’ensemble des villes formant l’agglomération de Tokyo. Elle est située dans la partie ouest de celle-ci. Elle est essentiellement résidentielle et compte 580000 habitants pour une superficie de 34 km2. La ville est desservie par une ligne du métro de Tokyo, la Marunouchi line, et par trois compagnies de chemins de fer, la JR est, la Keio line et la compagnie Seibu dont les tracés sont dans le sens est-ouest. Il existe également au moins trois grands axes routiers dont les deux principaux sont également orientés est-ouest, Suginami se trouvant à en peu plus de 10 kilomètres à vol d’oiseau de Shinjuku, l’un des grands centres d’affaire de la ville de Tokyo proprement dite. Depuis la gare ferroviaire desservant la ville de Suginami une série de lignes d’autobus permet d’atteindre diverses autres villes et quartiers des alentours en particulier dans la direction nord-sud. Tous ces autobus sont mus par des systèmes de propulsion hybrides consommant du gaz de pétrole liquéfié (comme d’ailleurs la plupart des taxi).

Venons-en donc à la circulation automobile dans cette ville de Suginami. Je rappelle ici à mes lecteurs que les véhicules diesel de moins de 20 tonnes ainsi que les deux-roues à moteurs 2-temps sont interdits dans toutes les grandes villes japonaises depuis environ 20 ans et je rappelle également qu’il faut disposer d’une place de stationnement privée pour obtenir l’autorisation d’acquérir une automobile car il est strictement interdit de stationner son véhicule privé dans toutes les rues sans exception, y compris dans les quartiers résidentiels pourtant calmes. Toutes les infrastructures de transports en commun ainsi que les restrictions mentionnées ci-dessus ont pour effet de limiter le nombre de voitures particulières dans la circulation automobile générale et par conséquent la pollution de l’atmosphère. Enfin presque toutes les gares ferroviaires comprennent un grand centre commercial, propriété de la Japan rail (JR) ou d’autres compagnies privées de chemins de fer. Ceci a pour conséquence le fait que les employés allant le plus souvent travailler dans le centre de Tokyo peuvent faire leurs achats en revenant chez eux le soir en s’arrêtant aisément dans ces centres commerciaux souvent imposants et par conséquent très pratiques. Enfin, depuis leur résidence personnelle ou en copropriété les habitants se déplacent en vélo électrique pour procéder à leurs petites emplettes.

Après la fin de la deuxième guerre mondiale et le grand bombardement aérien dont fut victime l’agglomération de Tokyo, les grandes lignes de chemin de fer et les grands axes routiers ont été repensés dans le but de rendre les déplacements dans cette immense conurbation maintenant de plus de 38 millions d’habitants de telle manière que la vie des habitants soit facilitée au maximum. Les dernières mesures prises dans le but de diminuer la pollution constituent l’achèvement de ce long programme rendant l’agglomération de Tokyo attractive. Aujourd’hui la qualité de l’air est parfaite et je peux affirmer qu’on peut voir les étoiles le soir dans ce quartier résidentiel de Suginami alors que les rues sont bien éclairées.

Si on tente d’établir un parallèle entre Tokyo dans son ensemble et n’importe quelle ville européenne on se rend compte d’une part que dans certaines de ces villes les petites compagnies de chemin de fer privées qui s’étaient multipliées au cours de la première moitié du vingtième siècle ont été démantelées après la seconde guerre mondiale et les lignes de tramway urbaines ont subi le même sort. L’engouement incontrôlé pour la voiture individuelle a fait le reste. Les villes européennes, et pas seulement en Grande-Bretagne mais également en France, en Belgique ou en Italie, sont devenues irrespirables, perpétuellement encombrées par des véhicules polluants, dont les autobus, nuisant ainsi à la qualité de vie. Le manque total de vision à long terme des décideurs locaux ou nationaux a rendu la vie urbaine pratiquement insalubre. Pour bien insister sur cette différence entre le Japon et l’Europe en général, il n’y a jamais de grève dans les transports en commun au Japon et les trains sont toujours à l’heure, ils sont d’une propreté irréprochable, toutes les stations de métro ou de train sont propres et j’ajouterai enfin que les ascenseurs sont tous en état de marche et que les toilettes sont impeccables. 

L’écologie urbaine : le cas d’Oxford

Alors que la plupart des pays européens s’enfoncent dans une crise énergétique dont ils ne se relèveront pas les idées abondent pour que chacun réduise sa consommation d’énergie et ce qui serait encore plus civique leur « empreinte carbone ». Il faut reconnaître qu’en période de crise les décideurs politiques en profitent pour mettre en place des mesures temporaires qui ont pour particularité de devenir définitives. La ville d’Oxford en Grande-Bretagne, située au bord de la Tamise à l’ouest de Londres vient d’arrêter un plan pour réduire la circulation des véhicules à moteur bien qu’une usine de montage de BMW-mini y soit implantée, mais ce n’est pas le problème qui préoccupe les « experts » municipaux.

La seule solution pour réduire l’empreinte carbone des habitants d’Oxford, près de 170000 personnes, est de les contraindre à la marche à pied plutôt que d’utiliser leur véhicule. Un judicieux découpage de la ville qui s’étend sur 45 km2, soit la moitié de Paris intra muros, c’est-à-dire non compris les bois de Vincennes et Boulogne, découpage concocté par les fonctionnaires du comté d’Oxfordshire, a fait ressortir que la ville pouvait être virtuellement découpée en six quartiers autour du centre de la ville. De la partie la plus périphérique de chacun de ces quartiers il ne faudra pas plus de 15 minutes pour se rendre dans le centre de la ville à pied. Comme dans certaines villes dirigées par la gauche écolo en France les véhicules automobiles seront filtrés afin de ne pas provoquer trop de trafic et de pollution dans le centre historique où se trouve l’Université et la majeure partie des activités commerciales.

Afin de décourager les habitants de l’ensemble du comté des systèmes de filtrage seront mis en place en diverses artères dont StCross Road, Thames street, Hythe Bridge street et StClements, Marston road et Hollow way tous les jours de 7 heures du matin à 19 heures. Seuls les piétons et les bicyclettes pourront franchir ces points de filtrage au cours de la journée. Pour le maire de la ville les habitants s’habitueront à ce plan. Les habitants de chaque quartier pourront se déplacer à leur guise dans leurs quartiers respectifs mais devront obtenir un permis pour franchir ces points de filtrage vers le centre historique et d’affaire de la ville. Seules les personnes à mobilité réduite et celles travaillant dans un hôpital ou tout autres établissement de soins pourront franchir avec leur véhicule les points de filtrage.

L’article paru sur le quotidien local Oxford Mail précise que tous les véhicules commerciaux et de livraisons seront autorisés à franchir les points de filtrage mais devront également être munis d’un permis. À n’en pas douter ces permis deviendront rapidement payants. La multitude de parcs petits et grands feront alors d’Oxford une ville « verte ». L’article de l’Oxford mail ne dit rien des personnes désirant se rendre en calèche tractée par un beau cheval blanc dans le magnifique centre historique de la ville où se trouve la plus vieille université anglo-saxone car ne vous y trompez pas la crise énergétique sera durable et la traction animale redeviendra au goût du jour et style de vie amish est peut-être pour demain.

Source : https://www.oxfordmail.co.uk/news/23073992.traffic-filters-will-divide-city-15-minute-neighbourhoods/

L’irradiation gamma : une solution pour éradiquer les moustiques

Une expérience pilote financée par l’IAEA (International Atomic Energy Agency) a permis de réduire la population de moustiques porteurs du virus de la dengue de plus de 90 %.

À Cuba, comme dans la plupart des pays tropicaux, la dengue est un problème croissant. Transmise par l’espèce de moustique Aedes aegypti, cette infection virale provoque une forte fièvre, des douleurs musculaires et articulaires, des éruptions cutanées et, dans les cas les plus graves, la mort. À l’échelle mondiale, le nombre de cas de dengue signalés à l’Organisation Mondiale de la Santé a été multiplié par huit au cours des deux dernières décennies. « À Cuba, le contrôle d’Aedes aegypti est une priorité nationale », a déclaré René Gato Armas, entomologiste et chef du groupe de techniques d’insectes stériles (SIT) à l’Institut de médecine tropicale Pedro Kourí de Cuba.

« Après une importante épidémie de dengue en 1981, le gouvernement a déployé un programme national intensif basé sur des méthodes conventionnelles qui a presque éradiqué le moustique à la fin de la décennie. Depuis lors, cependant, les flambées épidémiques de cas importés sont fréquentes. Actuellement, la dengue est considérée comme une maladie endémique à Cuba. Il a été noté que l’utilisation aveugle d’insecticides a également déclenché une résistance aux insecticides chez Aedes aegypti.

La SIT est une approche de contrôle des populations d’insectes reposant sur la libération de moustiques mâles stérilisés. L’irradiation, comme avec les rayons gamma et les rayons X, est utilisée pour stériliser les insectes élevés en masse afin que, tant qu’ils restent sexuellement actifs, ils ne puissent pas produire de progéniture. Au cours des cinq dernières années, Gato Armas a travaillé en étroite collaboration avec des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour collecter des données de base et développer l’essai pilote SIT comme alternative à des efforts de lutte contre les moustiques qui perdent en efficacité et qui nuisent à l’environnement.

Un essai pilote d’une campagne SIT a été mené entre avril et août 2020 dans une zone de 50 hectares à El Cano, un quartier isolé du sud-ouest de La Havane. Arroyo Arenas, un autre quartier de taille similaire, a été utilisé comme site témoin non traité. Lors de l’essai pilote, près de 1,3 million de moustiques mâles stériles ont été relâchés. Les moustiques mâles ne sont pas porteurs de la dengue, ne piquent pas et ne se nourrissent pas de sang.

L’IAEA a aidé Cuba à se doter d’équipements pour séparer les moustiques mâles et femelles avant l’irradiation et leur libération dans la nature et a aidé à équiper des installations d’élevage de moustiques. Avant l’essai, Cuba avait peu de capacité d’élevage d’insectes et l’IAEA a aidé des étudiants boursiers cubains à suivre une formation sur cette technique au Brésil, en Colombie, au Mexique et dans les laboratoires de l’IAEA en Autriche.

« L’utilisation de la SIT pour les moustiques est relativement nouvelle partout dans le monde, et des essais pilotes comme celui-ci montrent à quel point ils peuvent être prometteurs », a déclaré Rui Cardoso Pereira, chef de la section de lutte contre les insectes nuisibles au Centre conjoint FAO/IAEA des techniques nucléaires pour l’Alimentation et l’Agriculture. « Les institutions nationales peuvent désormais mettre en œuvre efficacement la SIT et seront bientôt en mesure de soutenir d’autres pays dans cette technique », a déclaré Raquel Scamilla Andreo Aledo, responsable de la gestion du programme de l’IAEA pour Cuba. Gato Armas a déclaré qu’il était possible que d’ici la fin de 2022, la zone d’étude du projet augmente, mais cela nécessitera des mises à niveau de l’équipement, y compris un « trieur de sexe » automatisé, pour réduire la main-d’œuvre chronophage et réduire les coûts.

Notes. Outre la dengue l’Aedes aegypti est un vecteur du virus de la fièvre chikungunya souvent confondue avec la dengue, de la fièvre Zika, du Mayaro virus, de la fièvre jaune et probablement d’autres maladies virales. La technique de séparation des moustiques mâles et femelles est basée sur la différence de taille des pupes, celles des femelles étant légèrement plus grosses. Les pupes mâles sont ensuite irradiées et après l’éclosion les mâles sont libérés.

Source : IAEA/FAO et doi : 10.1051/parasite/2020041

Triclosan : un scandale sanitaire à bas bruit ?

Découvert au début des années 1960 par la firme suisse Ciba le Triclosan, dont la production mondiale approche les 2000 tonnes par an, est toujours entaché de suspicions de la part de nombreux scientifiques. Sa structure chimique pourrait faire penser à un perturbateur endocrinien mais rien n’a été prouvé en ce sens. Par contre les bénéfices de ses propriétés anti-bactériennes et anti-fongiques et son innocuité supposée pour la santé humaine ont favorisé son utilisation dans près de 2000 applications, depuis les gels pour se laver les mains, les dentifrices, les shampooings, les savons variés, les liquides pour vaisselle manuelle, le traitement préventif des jouets pour enfants, la literie, le nettoyage des instruments chirurgicaux, bref le Triclosan fait partie du quotidien. Par exemple la majorité des sacs-poubelle est traitée avec du Triclosan. Comme ce produit est insoluble dans l’eau son élimination des eaux usées est facilitée par cette propriété car il est adsorbé par les solides qui seront incinérés ou serviront d’engrais. Dans ce dernier cas le Triclosan peut se retrouver dans les eaux de ruissellement adsorbé sur des microparticules et être retrouvé ensuite dans les rivières. Son effet sur la faune et la flore aquatique est mal connu bien que ce produit compte parmi les dix plus importants polluants.

Le Triclosan est éliminé de l’organisme après conjugaison avec un sucre dans le foie et élimination dans l’urine alors qu’une partie est adsorbée par les selles. Pourtant une récente étude ( https://doi.org/10.1038/s41467-021-27762-y ) a montré que si l’incidence de l’inflammation des intestins et du colo-rectum était en progression depuis une cinquantaine d’année il n’y avait pas de relation directe avec le Triclosan. Entre 1999 et 2015 ce syndrome a augmenté de plus de 50 % dans les pays développés, alors la cause pourrait être attribuée au Triclosan. L’une des conséquences est l’apparition de cancers du colon et c’est pourquoi une équipe plurinationale de biologistes s’est penchée sur le devenir du Triclosan dans l’intestin pour éventuellement identifier l’une des causes de ces inflammations colorectales. Le tractus intestinal humain est directement exposé au Triclosan via le dentifrice et une partie de ce produit est conjuguée à un sucre pour en faciliter l’élimination par les reins. Mais la flore bactérienne transforme ce conjugué à nouveau en Triclosan et ce fait a été mis en évidence chez des patients ayant été soumis à un traitement oral d’antibiotiques car l’abondance de la forme conjuguée du Triclosan dans l’urine était alors multipliée par un facteur 6 et par un facteur 200 dans les selles.

L’étape suivante a donc consisté à identifier l’activité enzymatique bactérienne qui libère le Triclosan chez des souris. Le résultat essentiel de cette étude indique que l’activité enzymatique impliquée dans la libération du Triclosan provoque une inflammation de l’épithélium intestinal, toujours chez les souris, en raison de l’accumulation de Triclosan adsorbé par les matières semi-solides transitant dans l’intestin. La solution serait de mettre au point un inhibiteur de cet enzyme bien identifié et nécessitant une flavine comme cofacteur. Pourtant la solution la plus logique serait d’interdire la vente, surtout de dentifrices contenant du Triclosan, ce que la FDA a proposé dès 2013. Gageons que des laboratoires pharmaceutiques trouveront un produit qui laisse le Triclosan dans sa forme conjuguée dans le tractus intestinal ajoutant ainsi une autre molécule au cocktail déjà très complexe de tout ce que les êtres humains ingèrent ou recouvrent leur peau puisque les anti-inflammatoires constituent également une confortable source de revenus pour cette industrie. On se retrouve ainsi dans le cas typique du vieillard en fin de vie qui doit ingérer trois pilules actives et sept pilules pour combattre les effets adverses des trois premières. Il y a encore une fois un très bel avenir pour les laboratoires pharmaceutiques … 

Encore une décision démagogique de la Commission européenne

La directive de la Commission européenne datant de 2019 relative à l’interdiction de tous les objets en matière plastique à usage unique vient d’entrer en vigueur ce 3 juillet 2021. Elle devient donc obligatoire et toute entreprise productrice de ces objets ou toute société utilisant ces dits objets pourront être lourdement sanctionnées. Il s’agit des verres en polystyrène et de leur couvercle en polyéthylène-téréphtalate (PET), des assiettes, cuillères, fourchettes et couteaux en plastique, des « pailles » pliables ou non pour aspirer un liquide, des petites barquettes également en polystyrène largement utilisées par la restauration rapide, des sacs en plastique, petits ou grands, non réutilisables, des boites avec alvéoles pour les œufs également en polystyrène, bref un ensemble de produits que des centaines de millions de personnes utilisent quotidiennement en Europe. L’Agence européenne de l’environnement, organisme à l’origine de cette décision de la Commission n’a pas pour l’instant mis ses gros doigts dans tous les objets à usage unique utilisés en médecine y compris les masques dont le port est encore obligatoire dans de nombreux pays, épidémie coronavirale oblige. Les filtres des cigarettes sont également inclus dans cette longue liste et comme les fabricants de cigarettes ont eu largement le temps depuis 2019 de se préparer pour la mise au point de filtres biodégradables ils vont donc payer pour les éliminer, comprenez : le prix des cigarettes va augmenter. Tous ces objets à usage unique doivent donc être remplacés par leurs équivalents biodégradables d’origine naturelle …

C’est facile à décréter sur le papier et d’un revers de main, cependant les conséquences pourraient être en totale contradiction avec l’esprit initialement vertueux de cette décision de la Commission européenne. La plupart des pays occidentaux ont mis au point les techniques permettant de recycler une grande majorité de matières plastiques pour fabriquer de nouveaux objets de toutes sortes. Cependant fabriquer de novo à partir de pétrole ces mêmes objets est plus rentable. Il faudrait que le prix du pétrole sur le marché internationale atteigne 200 dollars/baril pour que le recyclage de ces matières plastiques devienne profitable. Donc, à quelques rares exceptions près comme pour le PET, les matières plastiques sont utilisées comme combustibles pour produire de l’électricité et dans ce « circuit court » seuls les coût de la collecte et du transport interviennent en théorie car ils sont pris en charge par les contribuables.

Le pétrole, LA bête noire des écologistes, a pourtant amélioré la biosphère par le passé. Il est intéressant et non caricatural de citer ici quelques exemples. La chasse à la baleine n’a plus aucune justification puisque la graisse de baleine utilisée pour fabriquer des lubrifiants mais également prisée par les parfumeurs a été remplacée par des produits pétroliers. Les éléphants, les ours polaires et bien d’autres animaux sauvages ne frôlent plus l’extermination car on fabrique des produits ressemblant à de l’ivoire, des fourrures synthétiques ressemblant à celle des ours polaires ou des bébés phoques aussi appelés « blanchons » et des cuirs en simili-peau de crocodile. Des forêts entières ont été épargnées car le charbon puis le pétrole ont remplacé le bois comme combustible et le béton armé les grandes poutres de bois pour la construction, les animaux de trait, chevaux, mules et autres bœufs et zébus ont été remplacés par des tracteurs alors que ces animaux étaient de gros consommateurs de nourriture. La mécanisation agricole a réduit la main-d’oeuvre humaine dans des proportions inimaginable avant l’apparition des premières machines dont la complexité n’a cessé d’augmenter. Enfin des milliers d’hectares de terres agricoles ont été libérées car elles étaient auparavant utilisées pour la production de plantes tinctoriales car les pigments colorés sont maintenant fabriqués à bas prix par la pétrochimie. Je voudrais glisser ici un exemple qui va soulever une polémique : pourquoi abattre des milliers chênes centenaires pour reproduire à l’original la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris alors que des matériaux composites légers et résistants pourraient être utilisés avantageusement ?

Voilà donc le paradoxe qui échappe aux écologistes : le pétrole a largement contribué à la reforestation des pays occidentaux, à un retour à l’état sauvage de nombreuses terres pourtant arables, à la préservation d’espèces animales qui à la fin du dix-neuvième siècle étaient au bord de la disparition. Il va donc être nécessaire maintenant comme conséquence de cette décision de la Commission européenne de trouver des alternatives à tous les produits en matière plastique à usage unique. Il est évident que l’esprit de la réglementation européenne est de préserver la nature mais inévitablement il sera fait appel à des produits d’origine agricole, fibres, bois et autres produits strictement biodégradables. Il ne sera plus question de parler d’économie circulaire si chère aux agitateurs écologistes mais de retour en arrière technologique ou de retour vers des industries coûteuses en énergie telle que les verreries et le verre consigné comme dans les années 1950-1960 qui a disparu au profit des bouteilles en PET. Il est un point incontournable qu’il ne faut pas ignorer : toutes ces mesures entraineront un surcoût qui sera à la charge des consommateurs. Encore une mesure démagogique qui aggravera la pauvreté des plus démunis …

Un « site » de Santa Cruz de Tenerife dont l’origine est peu connue

Quand des touristes visent la ville ils n’ont aucune idée de l’origine de cette curieuse colline en bord de mer à une centaine de mètres de l’auditorium de la ville, œuvre de l’architecte Calatra Valls, rien à voir avec l’ancien premier ministre français ( ? ) inauguré au début des années 2000. Cette colline à la couverture herbeuse maladive recouverte d’arbres d’aspect chétif, vus de loin, fait penser à un promontoire volcanique ancien. J’ai demandé au fils de ma nièce en visite ici quelle pouvait être l’origine de cette colline. J’ai tenté de lui fournir quelques indices : l’herbe a beaucoup de peine à pousser malgré un système d’arrosage parfaitement adapté. L’autre indice très surprenant est que cet endroit est clôturé et son accès est strictement interdit. Mon petit-neveu n’a pas su répondre …

Il faut remonter aux années 1920 pour comprendre le fonctionnement de la ville. C’était une bourgade en plein développement puisqu’elle vivait de l’activité portuaire, le seul port en eaux calmes de l’île, et accessoirement de la production de bananes. L’automobile n’en était qu’à ses premiers balbutiements et les habitants n’avaient pas trouvé d’autre endroit pour évacuer les ordures urbaines en tous genres qui étaient transportées sur des chariots tirés par des bœufs. On imagine sans peine qu’ils ne pouvaient parcourir de longues distances comme les camions de collecte modernes qui compressent les rebuts d’une ville comme Santa Cruz pour les transporter à 60 kilomètres, ce qui a lieu aujourd’hui. Bref, cette colline est artificielle, il s’agit d’un dépotoir à ciel ouvert, et si elle est interdite au public c’est en raison des émanations de méthane et de bien d’autres gaz toxiques. Peu d’habitants de la ville connaissent l’origine de cette sorte de promontoire dominant l’océan. On oublie vite les horreurs que nos prédécesseurs ont commis mais quand la nature n’arrive pas à reprendre possession d’un site détérioré par l’homme, et que ce dernier n’a pas réussi à forcer cette nature émergent alors de nombreuses questions existentielles …

Retour sur la mortalité des saumons dans les rivières de l’Etat de Washington

L’Etat de Washington c’est loin de l’Europe et pourtant les pneus des voitures qui circulent dans les villes, sur les autoroutes et dans les petits villages contiennent les mêmes produits additifs pour en améliorer les performances. Le 6PPD (N-(1,3-dimethylbutyl)-N’-phenyl-p-phenylenediamine) est un antioxydant qui protège les pneus contre une dégradation prématurée par des agents oxydants tels que l’oxygène et l’ozone. L’ozone se forme par réaction entre les oxydes d’azote et les rayons ultra-violets solaires. Les oxydes d’azote sont produits dans les agglomérations par les moteurs à combustion interne des automobiles et le peu de rayons UV suffit pour que les taux d’ozone augmentent parfois dangereusement comme en particulier les grandes villes. Or l’ozone est un des plus puisants oxydants existants et les pneus se dégradent rapidement en raison de cette oxydation. D’où l’additif anti-oxydant qu’est le 6PPD. Comme indiqué dans le schéma ci-dessous le 6PPD, après avoir piégé deux molécules d’ozone, se retrouve sous forme de 6PPD-quinone dans les poussières d’usure des pneus que tout un chacun respire dans une ville ou près d’une autoroute très fréquentée.

Selon ce dont je me souviens du métabolisme énergétique de la cellule vivante, la 6PPD-quinone est probablement un puissant inhibiteur de la chaine respiratoires mitochondriale et peut également interférer avec l’échange gazeux oxygène/CO2 au niveau des poumons. Dans le cas des poissons il s’agit des branchies beaucoup plus sensibles aux même inhibiteurs. Dans l’article relatif à cette étude sur les saumons coho que m’a aimablement communiqué le Docteur Kolodziej il n’est pas fait mention du mécanisme d’action de la 6PPD-quinone mais il est certain, à mon humble avis, que ce produit soit également toxique pour les êtres humains.

Ah ! Chères automobiles ! Pendant des dizaines d’années on a respiré des poussières d’amiante provenant de l’usure des garnitures de freins et des mécanismes d’embrayage. Personne ne s’en est vraiment préoccupé. Pendant des années on a respiré du plomb-tétraéthyle, un additif anti-cliquetis qui a fini par être interdit et remplacé par des dérivés oxygénés et maintenant par de l’éthanol « bio », c’est mieux. Je ne suis pas un opposant forcené aux véhicules automobiles mais, puisque je dissertais au sujet du principe de précaution il y a peu, jamais les ingénieurs et chimistes qui ont travaillé pour améliorer la durée de vie des pneus auraient été capables de découvrir que cette 6PPD-quinone tuait massivement les saumons des rivières de l’Etat de Washington près de Seattle, jamais les fabricants de garniture de freins ou de disques d’embrayage auraient imaginé il y a 50 ans que l’amiante provoquait des cancers mortels de la plèvre. Faut-il supprimer les voitures pour autant ? Non ! Donc le principe de précaution est toujours inopérant et il en sera ainsi encore longtemps.

Je citerai un dernier exemple rejoignant le SARS-CoV-2 : puisque toutes les mesures de restriction susceptibles de freiner la propagation de ce virus mises en place en vertu du principe de précaution sont inopérantes, on se trouve encore une fois devant la totale stupidité de ce principe …

Liens: https://jacqueshenry.wordpress.com/2020/12/13/du-saumon-a-loseille-aux-pneus-des-voitures/

Biodégradation des matières plastiques (2) : le polyuréthane

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En ces temps d’angoisse existentielle coronavirale l’actualité semble réduite à sa plus simple expression si on s’amuse à ignorer tout ce qui est relatif à ce virus dont la gestion a été abordée avec une méthode moyenâgeuse dans certains pays. Mais les préoccupations environnementales restent présentes et ici je ne voudrais pas mentionner la fausse nouvelle d’une relation entre cette épidémie et le changement climatique, non ! Il s’agit de l’immense problème du recyclage des matières plastiques qui envahissent la planète, un recyclage raisonné qui évite l’incinération éventuellement toxique pour les êtres vivants ainsi que l’enfouissement, une solution pas satisfaisante non plus. Pour reprendre la rhétorique des écologistes il faut mettre au point un traitement « renouvelable » des matières plastiques, « sustainable » en anglais, la tarte à la crème des écolos. Le cinquième plus commun des polymères est le polyuréthane dont la production atteint près de 4 millions de tonnes chaque année.

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Le polyuréthane est un polymère cristallin de 4,4′-méthylène diphenyl diisocyanate et de toluène-2,4-diisocyanate avec du 4,4′-diisocyanate et du 2,4-diaminotoluène. Le polymère résultant est presque résistant à toute biodégradation en raison de sa structure cristalline. La dégradation de ce produit n’est alors possible que s’il existe un microorganisme capable d’excréter un enzyme qui va attaquer la structure cristalline mais encore faut-il que ce microorganisme ou un autre lui étant associé disposent de l’équipement enzymatique capable de dégrader dans sa cellule les petits oligomères produits par cette dégradation extracellulaire. Le problème est la toxicité et l’aspect carcinogénique des premiers produits de biodégradation du polyuréthane que sont le 4,4′-diaminophénylméthane et le 2,4-diaminotoluène.

En fouillant dans des décharges de produits en matière plastique proches de la ville de Leipzig en Allemagne des biologistes ont néanmoins découvert un Pseudomonas capable d’utiliser le 2,4-diaminotoluène comme seul substrat carboné et azoté dans un milieu de culture exclusivement minéral. Il s’agit de la souche Pseudomonas putida sp.TDA1. Le séquençage total du génome de cette bactérie a montré qu’il existait une série d’enzymes de la famille des dioxygénases impliqués dans le métabolisme des catécholamines et des

noyaux aromatiques.

On assiste avec ce travail (doi ci-dessous) à une adaptation de l’équipement enzymatique bactérien à des substrats d’origine artificielle. La prochaine étape consistera à sélectionner une souche de Pseudomonas présentant une croissance plus rapide pouvant être associée à un champignon excrétant les premiers enzymes de dégradation de l’édifice cristallin du polymère afin d’atteindre des rendements de dégradation satisfaisants. Mais le chemin à parcourir reste encore très long avant qu’il soit possible de transformer des millions de tonnes de polyuréthanes en biomasse. On peut rêver.

Source:https://doi.org/10.3389/fmicb.2020.00404

Illustrations : éponge de polyuréthane et réaction de polymérisation (Wikipedia).

Au Japon les espaces publics ne sont pas encombrés par des voitures en stationnement

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Quelle pire horreur peut-on constater quand on flâne dans une belle ville comme Paris ou Madrid et aussi et surtout Santa Cruz de Tenerife (qui n’est pas particulièrement une belle ville) avec tous ces tas de tôle multicolore encombrant les chaussées, posés comme des détritus sur l’espace public. Comment les municipalités peuvent-elles tolérer un tel état de fait ? Le stationnement des automobiles sur l’espace public devrait être payant avec un tarif dissuasif pour éviter cet envahissement des rues par les voitures. Dans cette grande avenue du quartier de Shinjuku il n’y a pas de voitures en stationnement et de larges trottoirs sont à la disposition des piétons. Dans de nombreuses villes européennes les trottoirs ont été rétrécis pour permettre que les automobilistes puissent garer leur tas de tôle !

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Dans les quartiers résidentiels de Tokyo comme ici à Suginami à l’ouest du centre de l’agglomération il n’y a pas de trottoirs du tout et les propriétaires résidants d’automobiles doivent obligatoirement disposer d’une aire de stationnement privée. D’ailleurs on ne peut pas acquérir une voiture neuve si on ne peut pas prouver qu’on dispose d’un espace pour laisser sa voiture, avec plans cadastraux à l’appui. Dans le centre-ville de Tokyo dont la superficie est identique à celle de Paris intra muros le tarif horaire des parkings ou des zones très rares avec parcmètres oscille entre 15 et 30 euros pour chaque heure utilisée. De tels prix sont largement dissuasifs et l’utilisation des transports en commun devient donc une nécessité. Il devient alors évident que ces transports en commun doivent être irréprochables.

Les habitants de Tokyo se déplacent beaucoup en bicyclette, de plus en plus souvent électrique, pour aller de leur domicile à la station de train ou de métro la plus proche et des parkings sont aménagés près de ces stations de train ou de métro où se trouvent également des taxis attendant le client ou plutôt des clients attendant un taxi. Tout est donc organisé pour que la vie quotidienne des habitants de cette immense ville soit supportable. De ce fait il y a très peu de pollution et en dehors de situations exceptionnelles comme un tremblement de terre, un typhon ou une forte chute de neige le système de transports en commun de surface fonctionne admirablement bien. Les Européens peuvent s’inspirer largement de ces grandes villes du Japon. Je suis Français et je me demande combien de ministres du transport des divers gouvernements ont fait le déplacement pour voir sur place comment des villes comme Tokyo ou Osaka fonctionnent quotidiennement. Je glisserai ici une dernière remarque : les trottinettes électriques sont interdites au Japon …

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Pour l’anecdote un vieil autobus de ramassage scolaire abandonné dans un petit parking !

Pollution au plomb : un autre débat inattendu.

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Il existe encore en France et d’autres pays européens de nombreux logements anciens dans lesquels les adductions d’eau sont constituées de tuyaux en plomb, installées au tout début du XXe siècle et qui permettaient d’afficher fièrement au bas des immeubles « eau et gaz à tous les étages ». Le gaz (« à l’eau ») était également acheminé et distribué avec des tuyaux en plomb. J’avais acheté un vieil appartement dans le centre de Lyon et les arrivées de gaz et d’eau étaient en plomb. J’ai eu l’occasion d’apprendre à réaliser une soudure plomb-cuivre pour restaurer l’installation à l’intérieur de cet appartement. Finalement je suis arrivé à réaliser cette soudure bien que n’étant nullement plombier de mon état. Là où la situation se complique au sujet du plomb dont j’ai laissé mes impressions au sujet du chantier de Notre-Dame de Paris sur ce blog est que cette omniprésence de tuyaux en plomb en particulier dans une immense majorité d’immeubles tant à Paris que dans d’autres grandes villes françaises et européennes est la perturbation induite par la présence de chlore dans l’eau, un état de fait qui ne date qu’après la fin de la deuxième guerre mondiale.

En effet, il existe dans l’eau que l’on boit des traces de manganèse et ces traces vont perturber le processus naturel de protection contre une éventuelle pollution de cette eau par des oxydes de plomb avec la couche de carbonate de plomb qui se forme à l’intérieur des tuyaux. Et c’est là qu’intervient le rôle du chlore, en réalité les radicaux hypochlorite fortement oxydants, pour transformer une infime partie du carbonate de plomb en oxyde de plomb PbO2. La présence de manganèse, indispensable pour de nombreuses voies métaboliques essentielles dans notre organisme accélère d’un facteur 100 l’oxydation du carbonate de plomb déposé sur les parois des tuyaux en oxyde que l’on va finalement ingérer en buvant l’eau du robinet. Quand les spécialistes de la qualité de l’eau, après s’être rendu compte que l’hypochlorite (l’eau de Javel pour faire plus simple) amplifiait la formation d’oxyde de plomb, ils ont remplacé cette forme de chlore par de la chloramine. Curieusement ils ont observé que la formation d’oxyde de plomb dépendait de la composition de l’eau et qu’invariablement cette formation dépendait étroitement de la présence de manganèse dans l’eau.

L’oxyde de plomb ne se voit pas à l’oeil nu quand on remplit un verre d’eau mais il s’agit en fait d’une forme insoluble du plomb qui a longtemps été utilisée par les peintres comme pigment. Il ne faut pas confondre l’oxyde de plomb avec la céruse, un pigment blanc de formule PbCO3.Pb(OH)2, combinaison d’un carbonate et d’un hydroxyde du même métal également utilisé en peinture et interdit en raison de sa toxicité comme le PbO2 où le plomb se trouve à l’état Pb(IV), qui ingéré sera rapidement transformé dans l’estomac en chlorure tout aussi toxique qui va s’accumuler dans l’organisme – nos reins sont incapables de l’éliminer – et provoquer le saturnisme.

Source et illustration : Environmental Science and Technology, https://doi.org/10.1021/acs.est.8b07356