À la suite de ce court billet au sujet des décisions prises par la ville d’Oxford pour limiter la circulation automobile dans la partie centrale de l’agglomération j’ai jugé opportun d’établir une comparaison avec les villes de banlieue de l’agglomération de Tokyo dont en particulier celle où réside mon fils depuis maintenant plus de 15 ans et que je connais très bien. J’ai en effet séjourné deux fois par an pour des durées de séjour de près de deux mois excepté lors de la pandémie de coronavirus pendant toutes ces années. La ville de Suginami (Suginami-ku) fait partie de l’ensemble des villes formant l’agglomération de Tokyo. Elle est située dans la partie ouest de celle-ci. Elle est essentiellement résidentielle et compte 580000 habitants pour une superficie de 34 km2. La ville est desservie par une ligne du métro de Tokyo, la Marunouchi line, et par trois compagnies de chemins de fer, la JR est, la Keio line et la compagnie Seibu dont les tracés sont dans le sens est-ouest. Il existe également au moins trois grands axes routiers dont les deux principaux sont également orientés est-ouest, Suginami se trouvant à en peu plus de 10 kilomètres à vol d’oiseau de Shinjuku, l’un des grands centres d’affaire de la ville de Tokyo proprement dite. Depuis la gare ferroviaire desservant la ville de Suginami une série de lignes d’autobus permet d’atteindre diverses autres villes et quartiers des alentours en particulier dans la direction nord-sud. Tous ces autobus sont mus par des systèmes de propulsion hybrides consommant du gaz de pétrole liquéfié (comme d’ailleurs la plupart des taxi).

Venons-en donc à la circulation automobile dans cette ville de Suginami. Je rappelle ici à mes lecteurs que les véhicules diesel de moins de 20 tonnes ainsi que les deux-roues à moteurs 2-temps sont interdits dans toutes les grandes villes japonaises depuis environ 20 ans et je rappelle également qu’il faut disposer d’une place de stationnement privée pour obtenir l’autorisation d’acquérir une automobile car il est strictement interdit de stationner son véhicule privé dans toutes les rues sans exception, y compris dans les quartiers résidentiels pourtant calmes. Toutes les infrastructures de transports en commun ainsi que les restrictions mentionnées ci-dessus ont pour effet de limiter le nombre de voitures particulières dans la circulation automobile générale et par conséquent la pollution de l’atmosphère. Enfin presque toutes les gares ferroviaires comprennent un grand centre commercial, propriété de la Japan rail (JR) ou d’autres compagnies privées de chemins de fer. Ceci a pour conséquence le fait que les employés allant le plus souvent travailler dans le centre de Tokyo peuvent faire leurs achats en revenant chez eux le soir en s’arrêtant aisément dans ces centres commerciaux souvent imposants et par conséquent très pratiques. Enfin, depuis leur résidence personnelle ou en copropriété les habitants se déplacent en vélo électrique pour procéder à leurs petites emplettes.

Après la fin de la deuxième guerre mondiale et le grand bombardement aérien dont fut victime l’agglomération de Tokyo, les grandes lignes de chemin de fer et les grands axes routiers ont été repensés dans le but de rendre les déplacements dans cette immense conurbation maintenant de plus de 38 millions d’habitants de telle manière que la vie des habitants soit facilitée au maximum. Les dernières mesures prises dans le but de diminuer la pollution constituent l’achèvement de ce long programme rendant l’agglomération de Tokyo attractive. Aujourd’hui la qualité de l’air est parfaite et je peux affirmer qu’on peut voir les étoiles le soir dans ce quartier résidentiel de Suginami alors que les rues sont bien éclairées.
Si on tente d’établir un parallèle entre Tokyo dans son ensemble et n’importe quelle ville européenne on se rend compte d’une part que dans certaines de ces villes les petites compagnies de chemin de fer privées qui s’étaient multipliées au cours de la première moitié du vingtième siècle ont été démantelées après la seconde guerre mondiale et les lignes de tramway urbaines ont subi le même sort. L’engouement incontrôlé pour la voiture individuelle a fait le reste. Les villes européennes, et pas seulement en Grande-Bretagne mais également en France, en Belgique ou en Italie, sont devenues irrespirables, perpétuellement encombrées par des véhicules polluants, dont les autobus, nuisant ainsi à la qualité de vie. Le manque total de vision à long terme des décideurs locaux ou nationaux a rendu la vie urbaine pratiquement insalubre. Pour bien insister sur cette différence entre le Japon et l’Europe en général, il n’y a jamais de grève dans les transports en commun au Japon et les trains sont toujours à l’heure, ils sont d’une propreté irréprochable, toutes les stations de métro ou de train sont propres et j’ajouterai enfin que les ascenseurs sont tous en état de marche et que les toilettes sont impeccables.