La couleur caramel (E150) un cancérigène ?

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Le caramel est l’un des colorants alimentaires les plus utilisés. Sa fabrication est simple, on chauffe des sucres, n’importe lesquels, en présence d’acide ou d’ammoniaque et le produit résultant est une sorte de liquide dense, brun sombre, très visqueux et utilisé pour colorer toutes sortes de produits alimentaires, depuis les boissons gazeuses bien connues jusqu’au whisky en passant par certaines variétés de pain, certaines bières, boissons à base de malt et thés glacés, des confiseries et autres gâteaux et même du chocolat …

En Californie, après les résultats d’une étude montrant que le caramel était carcinogène sur les souris quel que soit leur sexe, et sur les rats femelles seulement, parue en 2007, un intense lobbying fit voter en 2011 un amendement appelé proposition 65 qui renforçait l’acte relatif aux substances toxiques datant de 1986. Selon cet amendement tout produit comportant une substance suspectée carcinogène devait être étiqueté en spécifiant que la teneur en cette substance était inférieure à la dose définie comme ne comportant pas de risque significatif sur une vie entière supérieur à l’apparition d’un cancer pour 100000 personnes. Une substance reconnue comme cancérigène se trouvant dans le caramel préparé en présence d’ammoniaque était mentionnée dans cette liste. Il s’agit du 4-methylimidazole (4-MEI) dont la quantité ingérée ne doit pas dépasser 29 microgrammes par jour et par kg de poids corporel. Après le passage de la proposition 65 les fabricants de boissons légères se sont engagés à réduire la quantité de cette substance dans leurs produits, et pourtant …

Une étude parue dans le journal PlosOne (voir le DOI) a passé en revue toutes sortes de sodas et autres boissons contenant du caramel et analysé leurs teneurs en 4-MEI en Californie et dans le Grand New-York. Parallèlement l’étude a englobé une large collecte de données sur les habitudes par tranches d’âge des consommateurs de boissons non alcoolisées, genre soft-drink, en Californie et autour de New-York où il n’existe pas d’équivalent à la proposition 65 qui limite la teneur en 4-MEI de ces boissons. L’analyse statistique des habitudes des buveurs de soft-drinks a été standardisée en tenant compte d’une série de paramètres pour finalement exprimer l’ingestion de 4-MEI en mg/kg de poids corporel/jour et les surprises ne se sont pas fait attendre.

La limite de consommation de 4-MEI fixée à 29 microgrammes/kg/jour est dépassée chez les adolescents et les jeunes adultes, ramenant le risque de cancer de 1 pour 100000 à 1 pour 10000 en particulier pour le Pepsi-Cola et les boissons à base de malt, très populaires aussi en Europe du Nord, pour lesquels le risque pourrait être beaucoup plus élevé. Si les résultats ne sont pas alarmants en eux-mêmes, ils n’ont pris en compte que 25 % des sources alimentaires de 4-MEI avec les soft-drinks car en effet on retrouve également ce composé chimique dans de nombreux plats pré-cuisinés notamment dans les sauces de ces préparations industrielles. Il est donc encore très difficile de se prononcer sur la dangerosité des soft-drinks colorés en brun. Enfin, les organismes officiels, FDA aux USA et EFSA en Europe, ont contesté les expériences en laboratoire relatant l’apparition de cancers du poumon avec les rongeurs, souris et rats, pour d’obscures raisons. Il n’en demeure pas moins qu’une certaine prudence doit être de mise en particulier avec les jeunes enfants, on ne sait jamais.

Source : PlosOne doi:10.1371/journal.pone.0118138

La controverse de Wei-Hock « Willie » Soon ou la délation « verte »

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Ce n’est pas un scoop d’apprendre que certains scientifiques universitaires émargent pour financer leur laboratoire sur des crédits accordés par des entreprises privées. Une de mes anciennes collègues de travail sévissant à UCLA a financé pendant trente années une très grande partie des travaux du laboratoire qu’elle dirigeait à l’aide de financements provenant de grands laboratoires pharmaceutiques car ses recherches étaient susceptibles de déboucher sur des applications cliniques. Où est le mal ? J’ai moi-même travaillé en tant qu’agent de l’Etat pendant près de 13 années dans un laboratoire privé et je n’ai jamais eu d’angoisse existentielle, en d’autres termes je ne me suis jamais senti vendu au grand capital alors que mes collègues universitaires purs et durs, pétris d’idéaux surannés, m’ont qualifié de traitre à la grande cause du service public. Si j’avais poursuivi mes travaux au sein de l’Université en étant financé par cette même entreprise privée, où j’avais choisi d’aller travailler, la situation aurait été encore plus intenable. Bref, au cours de ces quelques années de ma carrière j’ai compris que l’Université allait se stérilisant au fil des années, déconnectée de la réalité du monde de l’industrie pour rester fidèle à je ne sais quel idéal d’indépendance dont l’aliénation ne pouvait être qu’une attitude mercantile entrainant par voie de conséquence une qualité amoindrie des recherches puisque ces dernières correspondaient forcément aux projets du grand capital. C’est ainsi que la production scientifique de l’Université française, à de très rares exceptions près, a régressé année après année et n’est plus maintenant que l’ombre d’elle-même. Franchement, si je devais aujourd’hui refaire carrière dans la recherche je n’irais certainement pas à l’Université, un univers clos et idéologiquement corrompu. Aux USA comme en Allemagne, en Grande-Bretagne ou au Japon, les Universités ont depuis toujours tissé des liens étroits avec le milieu industriel. Dans le cadre de contrats bien définis, l’éventuelle propriété industrielle d’une découverte est exploitée conjointement par l’Université et l’industriel qui a financé, toujours en partie, les travaux de recherche.

Pour en venir à Wei-Hock « Willie » Soon, astrophysicien au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, ce n’est donc pas un scoop d’apprendre que ses travaux ont été financés par l’industrie privée comme très probablement beaucoup d’autres laboratoires de la même Université d’Harvard. Or il se trouve que Willie Soon (voir le lien) est un « climatosceptique » dérangeant et qu’en d’autres temps il aurait été proprement brûlé vif au milieu d’une foule hurlante et fanatique du réchauffement, sans faire ici de jeu de mots. Les agissements réprouvés par l’Église de Scientologie Climatique de ce triste sire, empêcheur notoire de tourner en rond, ont été dénoncés par Greenpeace, le bras armé de l’IPCC. Pour Greenpeace il est intolérable qu’un climatologue soit financé par le cartel des pétroliers et des charbonniers. D’après cette organisation terroriste Soon a publié pas moins de onze articles depuis 2008 sans mentionner ses liens avec l’industrie des énergies fossiles. Le dernier en date, paru dans Science Bulletin, un périodique publié par la Chinese Academy of Sciences et propriété de Springer ( DOI 10.1007/s11434-014-0699-2 ), relate la pauvreté des modèles de prédiction de l’évolution du climat selon l’IPCC. Il n’en fallut pas plus pour énerver Greenpeace qui a donc mené une enquête approfondie (voir le lien en fin de billet) sur les agissements de Soon réprouvés par la morale ipécécienne. On n’a pas le droit de contredire les affirmations de l’IPCC, surtout quand on est un scientifique vendu au grand capital pétrolier, surtout quand ces financements deviennent occultes lorsqu’ils transitent par des fondations comme la Charles G. Koch Foundation. Selon Greenpeace : « De tous ceux qui sont dans le déni du changement climatique, un scientifique a été particulièrement impliqué dans la campagne contre le consensus climatique durant toute sa carrière : Willie Soon ». D’après l’enquête inquisitoriale de Greenpeace, Soon a été très tôt déformé par ses professeurs, dont David Legates, professeur de géographie à l’Université du Delaware et farouche climatosceptique, normal, ses travaux de recherche sont financés essentiellement par Exxon-Mobile. Bonjour l’ambiance …

D’autant plus que la fondation Koch, du nom du père des deux frères Charles et David, à la tête d’un immense empire industriel entièrement privé, est mal vue par Greenpeace puisqu’elle est l’émanation du Mal dont les ramifications vont du pétrole aux forêts en passant par les engrais et les ressources minérales … Que des domaines qui hérissent Greenpeace et bien sûr aussi le WWF. De plus, comme pour enfoncer le clou, les frères Koch sont des libertariens qui ne rechignent pas à financer certains membres du Parti Républicain ou encore l’Institut Cato, la bête noire des écolos. Une occasion pour Greenpeace de faire coup double et de descendre ces mécréants qui ne croient pas au Credo de l’Eglise de Scientologie Climatique. Toujours est-il que cette histoire révèle au grand jour les agissements de Greenpeace, dignes de la Gestapo ou de la Stasi ou encore de l’Inquisition.

Note : quand on entre Willie Soon dans Wikipedia on ouvre un article de toute évidence caviardé par Greenpeace. Voilà un autre agissement souterrain de cette organisation terroriste qui méprise toute espèce d’honnêteté, piégée par son idéologie malthusienne reposant sur des mensonges et des hypothèses défiant le bon sens scientifique le plus basique. Quand on pense que ces gens dictent leurs volontés aux politiciens, c’est vraiment très inquiétant …

http://www.greenpeace.org/usa/en/campaigns/global-warming-and-energy/polluterwatch/koch-industries/CASE-STUDY-Dr-Willie-Soon-a-Career-Fueled-by-Big-Oil-and-Coal/

http://en.wikipedia.org/wiki/Willie_Soon

Illustration : Fred C. Koch

Sexe et climat … il ne manque plus que la drogue

 

Je livre à mes lecteurs cette dépêche de l’agence ATS

Un tribunal interdit à l’ex-président du Giec de quitter le pays

Un tribunal indien a interdit jeudi à l’ancien président du Giec, l’autorité scientifique sur le réchauffement planétaire, de quitter le pays, selon les avocats. La police enquête sur des accusations de harcèlement sexuel contre lui.

Rajendra Pachauri, qui a démissionné mardi de ses fonctions au Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), n’a en outre pas le droit de se rendre sur son lieu de travail, selon les conditions assorties à sa mise en liberté sous caution.

M. Pachauri, 74 ans, est accusé de harcèlement sexuel sur une jeune femme de 29 ans, chercheuse dans son centre d’études, l’Institut d’énergie et de ressources (TERI).

L’ex-président du Giec est sous liberté conditionnelle jusqu’au 27 mars, ce qui signifie que la police ne peut l’arrêter ni le placer en garde à vue avant cette date. Il est soigné depuis la semaine dernière dans un hôpital de New Delhi pour des troubles cardiaques.

La plaignante accuse notamment M. Pachauri de lui avoir envoyé courriels, SMS ou messages instantanés via l’application WhatsApp. L’ex-président du Giec nie les accusations de la jeune chercheuse et assure que son adresse e-mail et son téléphone ont été piratés.

(ats / 26.02.2015 20h57)

« Je suis contre le féminisme, je n’ai pas envie de perdre mes privilèges » (Hanna Arendt, 1958)

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Patricia Arquette reconnue à la cérémonie des Oscars comme meilleure actrice féminine de second rôle a transformé son petit discours de remerciement en une diatribe en faveur du féminisme. Je cite pêle-mêle quelques bribes de son discours très orienté égalité des genres, un doux relent des convictions du Tea Party qui comme chacun ne le sait pas en Europe est une sorte d’émanation des néo-cons en plus démagogique. Ahhh ! L’égalité des genres … C’est quoi au juste ? Les femmes veulent-elles se prendre pour des hommes ou bien l’inverse ? Rêvons-nous d’un monde asexué ou alors la différence chromosomique entre hommes et femmes est-elle une tare ? La Miss Arquette n’a pas mâché ses mots : « Il est temps pour toutes les femmes d’Amérique – et pour tous les hommes qui aiment les femmes et tous les homosexuels et tous les gens de couleur pour lesquels nous avons tous lutté – de lutter maintenant pour nous ». On ne peut pas faire mieux dans l’apologie du féminisme. Ce n’était pourtant pas tout à fait le discours qu’attendaient les vraies féministes politisées. Un peu rétrograde selon leur goût, car parmi les LGBT et les gens de couleur il y a aussi des femmes. Comme pour en rajouter une petite couche Arquette a déclaré qu’après tout il était fondamental « que les salaires des femmes soient égaux à ceux des hommes, ce n’en serait que bénéfique pour les femmes de toutes les races, pour leurs enfants et pour la société en général ».

Il n’y a pas erreur, Patricia Arquette a choisi la remise des Oscars pour toucher la plus grande audience qui lui était offerte par la retransmission télévisuelle de l’un des évènements les plus médiatisés aux USA. Tout ce bruit pour finalement pas grand chose, le Président Kennedy n’avait-il pas fait passer un amendement en 1963 sur l’égalité des salaires – à compétences égales – entre hommes et femmes. Cette décision ne fut jamais remise en cause.

Hanna Arendt avait dit : « Je suis contre le féminisme, je n’ai pas envie de perdre mes privilèges ». Belle déclaration à méditer car elle est éminemment ambigüe et aurait pu être le fait d’un homme. Après tout, en tant qu’homme, je peux aussi être contre le féminisme car je n’ai pas non plus envie de perdre mes privilèges … Mais au fait quels sont les privilèges de l’homme et comment les femmes les conceptualisent-elles ? Il est très facile d’établir par exemple une liste détaillée des zones érogènes de l’homme et de la femme, la femme est largement gagnante. Parce que l’homme est affublé d’un pénis la femme se sent affaiblie et frustrée, ben voyons ! N’est-ce pas de la mauvaise foi ? Il ne faut pas oublier les chromosomes et dans ce domaine, l’homme est incontestablement gagnant depuis qu’on sait que l’un des chromosomes X de la femme est silencieux, alors l’homme a donc le privilège de posséder un X et un Y, tous deux en parfait état de fonctionner, sauf que le chromosome Y ne sert qu’à la maturation des organes sexuels et à l’âge adulte n’est plus vraiment utile. On revient donc à la case départ en profitant au passage de mettre à mal la théorie du genre qui ne repose sur rien de tangible ni physiologiquement ni génétiquement. L’homme a besoin de la femme pour perpétuer l’espèce et transmettre ses gènes et la femme a également besoin de l’homme pour exactement les mêmes raisons. Féminisme, théorie du genre et autres billevesées alimentent un débat qui n’a pas lieu d’être. Patricia Arquette, finalement, aurait pu faire l’économie de son pamphlet féministe, la face du monde n’aurait pas changé …

Source : inspiré d’un article paru dans Daily Beast. LGBT : lesbiennes, gays, bi et trans. Hanna Arendt, philosophe, 1906-1975

Où on reparle de l’ozone et des effets délétères des chlorocarbones

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L’histoire du « trou d’ozone » qui agita les méninges de milliers de scientifiques et de fonctionnaires des Nations-Unies jusqu’en 1987 puis les années suivantes finit par aboutir au fameux et fumeux Protocole de Montréal régulant la production de CFCs, ces composés utilisés notamment comme fluides caloporteurs dans les machines frigorifiques. Ce qui est rétrospectivement stupéfiant dans cette histoire rocambolesque de nocivité des chlorocarbones pour l’ozone tient au fait très simple, mais que jamais personne n’a osé relever ouvertement, qu’avant les années 80 il n’y avait jamais eu d’observations par satellite de ce fameux trou d’ozone supposé exister au dessus de l’Antarctique et dans une moindre mesure au dessus de l’Arctique. L’ingéniosité des activistes de l’époque soucieux de l’environnement – on ne parlait pas encore de réchauffement climatique mais ça n’allait pas tarder – fut que ce simple petit détail passa sciemment aux oubliettes. Comment créer une peur planétaire au sujet de ce « trou » si on avait dit ouvertement qu’avant les satellites d’observations il n’y avait pas de trou d’ozone ou encore, en d’autres termes si l’on veut, que ce trou avait peut-être toujours existé pour des raisons inexpliquées mais qu’on ignorait son existence. L’argument aurait été vraiment difficile à digérer lors de ce grand raout québécois qui finit par accoucher du fameux Protocole avec un P majuscule.

Un autre paramètre également soigneusement mis de côté fut l’intense lobbying de Dupont de Nemours qui avait dans ses cartons un remplaçant fraîchement breveté pour les CFCs incriminés. En effet, depuis le début des années 70 des chimistes de l’Université de Californie à Irvine émirent l’hypothèse – difficilement vérifiable et jamais formellement vérifiée depuis – que le chlore issu de la dégradation des CFCs par les rayons ultra-violets réduisait la vitesse de formation d’ozone dans la stratosphère. L’hypothèse de la catalyse par le chlore de la destruction de l’ozone dans les hautes couches de l’atmosphère valut le prix Nobel de chimie en 1995 à trois des imposteurs qui l’émirent, Paul Crutzen, Frank Rowland et Mario Molina ! Il faut le faire mais bon, les sommités attribuant le Prix Nobel sont probablement tous des vieux gâteux qui n’y comprennent strictement rien puisqu’ils ont aussi attribué ce prix à Al Gore pour ses bienfaits rendus à l’humanité …

Bref, cette gigantesque supercherie profita grassement à la firme Dupont et constitua l’un des points de départ de la théorie tout aussi fumeuse des gaz à effet de serre car, émanant d’on ne sait quel laboratoire, les CFCs furent considérés comme des gaz à effet de serre, donc associés au réchauffement climatique d’origine humaine. Qui plus est les CFCs, dont la durée de vie dans l’atmosphère fut estimée à près d’un siècle par on ne sait pas non plus quelle étude dont on ne peut retrouver aucune trace étaient dans la foulée déclarés comme dix mille fois plus efficaces que le CO2 pour contribuer au réchauffement de la planète.

L’année 2015 devrait être celle de la disparition totale des hydrofluorocarbones (HFCs) qui font partie de la famille des gaz à effet de serre selon les termes du Protocole de Kyoto. Pour ceux qui ne se sont jamais vraiment intéressé à cette histoire surréaliste de CFCs les HFCs sont des substituts aux chlorofluorocarbones mais ne contenant pas de chlore (ni de brome) et donc moins « dangereux » pour la couche d’ozone mais « dangereux » tout de même pour le climat. Pour raviver les mémoires quoi de plus opportun que de parler subitement des oubliés du Protocole de Montréal, les bromo- et chlorométhanes. Il en avait été fait mention brièvement lors des discussion de couloir tant à Montréal en 1987 que lors des divers raouts qui suivirent aux frais des contribuables de la planète entière, un peu comme les réunions mondaines de l’Eglise de Scientologie Climatique dont la prochaine grand-messe est prévue en décembre 2015 à Paris sous la présidence de Mademoiselle Ségolène Royal.

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C’est donc un article paru dans la sublimement honnête revue scientifique Nature Geoscience ( doi:10.1038/ngeo2363 ) qui nous rappelle l’existence de ces gaz nocifs pour l’ozone, au cas où on aurait oublié qu’ils existent réellement. Je ne me suis pas abaissé à déranger mes correspondants fidèles de par le monde abonnés à Nature pour m’envoyer un reprint de cet article mais le seul résumé suffit à détecter l’arnaque scientifique judicieusement organisée. Je le traduis aussi fidèlement que possible ici (version originale en fin de billet) :

« Les halogènes issus des substances à longue vie créées par l’homme, telles que les chlorofluorocarbones, sont la principale cause de la récente diminution de l’ozone atmosphérique, un gaz à effet de serre. Des observations récentes montrent que les substances à très faible durée de vie, en général de moins de six mois, sont aussi une source importante d’halogènes stratosphériques. Les substances bromées à vie courte sont naturellement produites par les algues et le phytoplancton, alors que les substances chlorées à vie courte sont principalement d’origine humaine. Ici nous utilisons un modèle de transport chimique pour quantifier la diminution de l’ozone dans l’atmosphère inférieur (lisez basses couches de l’atmosphère) par les substances halogénées à vie courte et un modèle de transfert radiatif pour quantifier les effets radiatifs de cette diminution d’ozone. Selon nos simulations, la perte d’ozone due aux substances à vie courte a un effet radiatif de près de moitié de celui des halocarbones à longue durée de vie en référence à l’année 2011 et, depuis les temps préindustriels, a contribué pour un total d’environ – 0,02 W/m2 au forcing radiatif global. Nous trouvons que les substances bromées à vie courte d’origine naturelle exercent un effet radiatif sur l’ozone 3,5 fois plus important que celui des halocarbones à durée de vie longue, en normalisant la comparaison aux atomes d’halogènes, et montrons que les teneurs atmosphériques au niveau de la mer du dichlorométhane, non controlé par le protocole de Montréal, sont en croissance rapide. Nous en concluons que des accroissements possibles futurs significatifs de ces substances halogénées à vie courte dans l’atmosphère, à la suite de changements dans les processus naturels ou par des émissions d’origine humaines perdurant, pourraient être importants pour le climat futur ».

Il faut noter d’emblée qu’il ne s’agit que d’une modélisation appuyée sur aucune donnée scientifique valable ou observation sur le terrain. Encore une énième régurgitation nauséeuse d’un super-ordinateur qui n’a fait que ce qu’on lui a demandé : abonder dans le sens de l’alarmisme. Car il s’agit bien de cela, alarmer et terroriser les gogos qui ne croient que ce que l’on veut bien leur faire croire. Puisqu’il s’agit en réalité d’abord du bromométhane ou bromure de méthyle, c’est la même chose, ce gaz utilisé pour procéder à des fumigations détruisant bactéries, champignons et insectes et donc produit industriellement, environ 70000 tonnes par an, l’est aussi naturellement à raison d’une soixantaine de milliers de tonnes ( ! ) par le phytoplancton, les algues et aussi par les plantes de la famille des Brassicacées. Cette famille botanique comprend aussi bien le choux que le colza. Cultiver du colza serait-il mauvais pour le climat ? Faut-il détruire les algues et le phytoplancton pour préserver le climat ? Le résumé de l’article mentionne que des changements dans les processus naturels seraient en cause dans cette production de bromure de méthyle. Si on poursuit l’argument des auteurs de cet article, il faudrait donc cesser immédiatement de cultiver une quelconque brassicacée, c’est mauvais pour l’effet de serre et l’ozone ! La prolifération d’algues vertes résultant du lessivage des engrais azotés est également néfaste, donc il ne faudra plus utiliser d’engrais, ils sont mauvais pour le climat. Quand à la production de chlorométhane c’est presque pire puisque l’essentiel provient du phytoplancton, source de toute vie marine. Quant au chlorure de méthylène ou dichlorométhane, il est également produit par les algues mais surtout industriellement comme solvant et dans de nombreuses applications, un composé chimique dont on ne peut raisonnablement pas se passer. Restent les tri-halogénés, bromoforme et chloroforme qui encore une fois sont produits massivement par les algues, beaucoup plus que par l’industrie.

On se demande donc quel est le but de cet article de Nature Geoscience sinon de tout simplement incriminer la nature qui serait responsable de la production indésirable de gaz à effet de serre à durée de vie courte, fort heureusement, pouvant néanmoins contribuer à la destruction de la couche d’ozone et ainsi dérégler le climat. Cet article est un pamphlet terroriste publié à point nommé pour rappeler aux terriens que le Protocole de Montréal avait oublié les algues et le plancton et qu’il faut vite faire quelque chose pour ne pas griller comme des toasts (Christine Lagarde à Davos 2013) mais c’est aussi une bonne occasion pour ces scientifiques auto-proclamés de l’Université de Leeds qui font un usage compulsif et irraisonné de leurs ordinateurs de faire des demandes de crédits de recherche supplémentaires pour poursuivre leurs travaux informatiques sans queue ni tête … C’est ainsi que fonctionne la science climatique !

Source : University of Leeds News Desk et Nature Geoscience, illustration : phytoplancton.

Note : Au début du résumé de cet article de Nature il est mentionné que l’ozone est un gaz à effet de serre. Je rappelle à mes lecteurs le billet de ce blog mentionnant l’ozone, puits à photons énergétiques, UV-B et C. Voici le lien : https://jacqueshenry.wordpress.com/2014/11/18/theorie-de-leffet-de-serre-atmospherique-suite-et-fin/ . Dans cet article citant le Docteur Gerhard Stehlik il est clairement démontré que l’ozone ne peut pas jouer le rôle de gaz à effet de serre selon la terminologie erronée de l’IPCC. En effet, les photons infra-rouges sont dissipés par l’ozone lors du retour O3 → O2 dans toutes les directions. Selon les lois de Planck et de Stefan-Boltzmann ces photons IR ne peuvent pas « réchauffer » les couches inférieures de l’atmosphère plus chaudes mais seulement se dissiper dans l’Espace. Prétendre que l’ozone est un gaz à effet de serre est donc une affirmation anti-scientifique :

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Halogens released from long-lived anthropogenic substances, such as chlorofluorocarbons, are the principal cause of recent depletion of stratospheric ozone, a greenhouse gas. Recent observations show that very short-lived substances, with lifetimes generally under six months, are also an important source of stratospheric halogens. Short-lived bromine substances are produced naturally by seaweed and phytoplankton, whereas short-lived chlorine substances are primarily anthropogenic. Here we used a chemical transport model to quantify the depletion of ozone in the lower stratosphere from short-lived halogen substances, and a radiative transfer model to quantify the radiative effects of that ozone depletion. According to our simulations, ozone loss from short-lived substances had a radiative effect nearly half that from long-lived halocarbons in 2011 and, since pre-industrial times, has contributed a total of about −0.02 W m2to global radiative forcing. We find natural short-lived bromine substances exert a 3.6 times larger ozone radiative effect than long-lived halocarbons, normalized by halogen content, and show atmospheric levels of dichloromethane, a short-lived chlorine substance not controlled by the Montreal Protocol, are rapidly increasing. We conclude that potential further significant increases in the atmospheric abundance of short-lived halogen substances, through changing natural processes. or continued anthropogenic emissions, could be important for future climate.

Histoire de vaccins : où l’imbécillité prend le dessus sur la raison !

 

L’un des membres de ma famille proche a développé une phobie de l’aluminium. Il n’y a pas de « papier alu » dans la cuisine, c’est mauvais pour la santé parce que l’aluminium déclenche des maladies neurodégénératives. J’ignore quels sont les arguments avancés pour persister dans une telle conviction, sans doute la désinformation que l’on peut lire dans la presse de caniveau destinée en particuliers aux femmes au foyer du genre « Femme Actuelle » ou « Elle » en France pour ne citer que ces titres pour lesquels il est difficile de trouver l’adjectif correspondant à leur médiocrité. Mais dans de nombreux autres pays, la désinformation bat son plein quotidiennement et plus c’est sensationnel plus les tirages des quotidiens sont élevés. À croire que certains lecteurs sont avides de nouvelles, fausses pour la plupart d’entre elles, qui vont alimenter leur peur. C’est d’ailleurs une excellente thérapeutique pour ne pas penser aux vrais problèmes qui pourraient réellement faire très peur.

L’aluminium est le deuxième métal le plus abondant de la croute terrestre après le silicium, il y en a de partout, le moindre grain de sable ou la moindre parcelle de terre en contient. Une tasse à café, une assiette, un verre contiennent de l’aluminium. Il y a de l’aluminium dans le béton, les cailloux, le sable des plages, beaucoup d’huisseries modernes, bref, un monde sans aluminium est impossible à imaginer.

Et pourtant la polémique à propos des effets néfastes de l’aluminium resurgit périodiquement tel le monstre du Loch Ness et pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours en une du Toronto Star, journal de langue anglaise canadien au plus fort tirage, au sujet du Gardasil :

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Le Gardasil est un vaccin protégeant contre le virus du papillome qui est un virus cancérigène au même titre que la cigarette ! Sa formulation contient un adjuvant à base d’hydroxyde d’aluminium et il a suffi pour que cette crainte de l’aluminium réapparaisse une nouvelle fois et affole la populace perméable à n’importe quelle désinformation. Je cite un passage de l’article du Toronto Star : « Des centaines de milliers d’adolescentes au Canada ont pris sans problème le Gardasil, un vaccin montré comme protégeant du HPV. Mais une enquête du « Star » a trouvé que depuis 2008 au moins 60 Canadiennes ont fait l’expérience d’une maladie débilitante après inoculation du vaccin. Les patientes et leurs parents déclarent que ces incidents pointent l’importance d’une révélation entière des risques (du vaccin) ». Le journal s’est focalisé sur le cas de Kaitlyn Armstrong une ado férue de danse et de sports en tous genres qui, plusieurs semaines après le deuxième rappel du vaccin, se mit à souffrir de douleurs articulaires lui interdisant de danser ou de pratiquer un quelconque exercice physique. Il n’en fallut pas plus pour que des associations telles que Age of Autism, SafeMinds ou Vaxtruth s’emparent de l’évènement et en diffusent une large information servant leur propagande à point nommé. Naturellement cette jeune fille relia tout de suite l’administration du vaccin au mal dont elle souffrait soudainement compte tenu de la concomitance, à quelques semaines près, entre les deux évènements. Rien de plus facile dans ces conditions que de faire un tel rapprochement qui fut repris par les associations anti-vaccins. Cet événement aboutit finalement à établir une relation de cause à effet qui fut alors reprise par les médias dont le Toronto Star.

Il s’avéra par la suite que cette jeune fille fut diagnostiquée comme souffrant de fibromyalgie. Cette maladie dont les causes sont inconnues est une hypersensibilité à la douleur, pour résumer. Elle concerne près de 5 % de la population et il n’existe pas de traitement totalement efficace. Comme les causes de la fibromyalgie se trouvent dans le cerveau, en particulier au niveau de l’hippocampe, autant dire que les anti-vaxxers s’en sont donné à cœur joie pour incriminer encore une fois l’adjuvant à base d’hydroxyde d’aluminium du vaccin, de presque tous les vaccins … un argument pour ces obscurantistes qui ont tout simplement fait fi du principe de relation de cause à effet. Il s’est tout simplement agi d’une fâcheuse coïncidence, d’un pur effet du hasard que cette jeune fille, en cours de vaccination contre le HPV, développe une fibromyalgie.

Le Toronto Star s’est fendu d’un long article sur l’évolution de la maladie de cette jeune fille dont l’intensité à fini par diminuer et éventuellement disparaître. Ce journal insista sur les traitement charlatanesques auxquels se soumit Kaitlyn, suivant les conseils d’obscurs organismes prônant le respect de la nature, auprès d’un naturopathe réputé de Toronto, convaincu que sa patiente était allergique aux métaux. Il décida qu’il fallait désintoxiquer son sang à l’aide d’agents chélatants par injection intraveineuse, rien que ça ! Pour la petite histoire les agents chélatants sont des composés chimiques qui séquestrent les métaux et une fois complexés à un métal celui-ci est éliminé par les reins. Ces molécules chimiques peuvent occasionner de graves dommages au foie et aux reins, mais qu’à cela ne tienne il était urgent de procéder à un tel traitement pour la jeune Kaitlyn.

Le sorcier ou plutôt l’escroc proposant ses services dans le cadre d’une médecine alternative a suggéré à Kaitlyn qu’il fallait qu’elle se débarrasse du surplus d’aluminium suspecté être la cause de sa fibromyalgie et provenant des doses de vaccin qu’on lui avait administré plusieurs semaines avant l’apparition des premiers symptômes de sa maladie. Autant dire que la relation de cause à effet était bien établi dans la tête du dénommé Jaconello ( http://www.jaconello.com/chelation-therapy-a-treatment-for-blocked-arteries.html ) qui sévit à Toronto dans toutes sortes de rubriques thérapeutiques entrant d’après lui dans le domaine de la détoxification. Ce médecin fait dans l’anti-science et abuse de la crédulité de ses clients jusqu’au jour où l’un d’entre eux passera de vie à trépas à la suite des traitements invraisemblables et inefficaces qu’il leur suggère comme par exemple injecter de l’eau oxygénée par voie intraveineuse, certes très diluée, pour détoxifier l’organisme, mais pourquoi pas de l’eau de Javel ?

Les activistes anti-vaccins sont à l’affut de toute information macabre susceptible d’alimenter leur idéologie insensée. Par exemple, une jeune fille de Laval, Québec, deux semaines après la deuxième injection de Gardasil, se noya dans sa baignoire. Sa mère, plusieurs mois plus tard, établit une relation de cause à effet entre le vaccin et le décès de sa fille et alla jusqu’à intenter un procès à Merck, le fabricant du Gardasil. Il apparut que cette jeune fille souffrait de céphalées récurrentes selon son médecin traitant et qu’elle avait probablement eu un malaise en prenant son bain mais l’affaire fut reprise par les activistes anti-vaccins et le mal était fait. Les études sérieuses relatives à l’inocuité du Gardasil et concernant maintenant des millions de jeunes filles dans le monde sont mises en doute par ces activistes car elle sont, selon eux, en partie financées par Merck pour le Gardasil ou GSK pour le Cervarix, ce qui est loin d’être prouvé : au Danemark et en Suède le suivi post-vaccination est effectué par les agences nationales de santé. Dans ce mouvement anti-vaccins on retrouve les idées du Tea Party qui a coutume d’alarmer plutôt que de rationaliser. L’esprit humain a une fâcheuse tendance à confondre corrélation et causalité car il arrive souvent que ces deux notions soient contre-intuitives. Quand cette confusion est « arrangeante » pour conforter une cause idéologique alors toute espèce d’esprit critique disparaît. Curieux comportement qui défie les règles basiques de la logique et de la science. Mais les rédacteurs des journaux à sensation, les réalisateurs de programmes de télévision en mal d’audience et les éditeurs de pamphlets, des ONG que je ne nommerai pas ici et des politiciens le savent bien, alimenter la peur est toujours payant …

Pour conclure cette lamentable histoire, le Los Angeles Times a trouvé opportun de démolir l’argumentation du Toronto Star dont le rédacteur en chef a finalement présenté ses excuses auprès de ses lecteurs en publiant un autre article titrant : « Les familles veulent plus de transparence au sujet du vaccin contre l’HPV » et l’éditeur en chef s’est fendu du commentaire suivant : « Cet article a été globalement critiqué par le milieu médical et les organismes de santé publique pour ne pas montrer clairement les évidences scientifiques de l’innocuité du vaccin ant-HPV Gardasil. Il n’existe aucune évidence scientifique ou médicale d’une quelconque face cachée de ce vaccin ». On est rassuré, certes, mais le mal est fait !

Sources : http://www.sciencebasedmedicine.org et http://www.latimes.com/business/hiltzik/la-fi-mh-how-a-major-newspaper-20150213-column.html#page=1

Klotho, un gène prometteur pour soigner les maladies neurodégénératives …

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Qui connait ou se souvient de Klotho, Lachesis et Atropos, les trois « Destinées » de la mythologie grecque. J’avoue franchement que je n’ai jamais été très féru de mythologie grecque et j’avoue aussi que je n’avais jamais entendu parler des « Destinées ». Les amours de Zeus et Leda, une partouze zoophilique improbable, m’avaient plus impressionné dans ma jeunesse … Klotho avait le pouvoir de décider de la vie ou de la mort des simples mortels et de changer le destin de ces derniers ou même de les ressusciter. C’est ainsi que quand le roi de Pise dans le Péloponnèse, fils de Tantale, fut tué, coupé en morceaux et transformé en ragout par son propre père pour l’offrir aux dieux, Klotho le ramena à la vie. Inutile d’insister plus avant sur le pouvoir que possédait cette Destinée.

Si j’ai fait cette digression au sujet de Klotho c’est tout simplement parce qu’une équipe de biologistes japonais a appellé « klotho » un gène qui, quand il devient inactif à la suite d’une mutation, induit un vieillissement prématuré, une durée de vie largement diminuée, l’infertilité, l’apparition d’artériosclérose, d’atrophie de la peau, d’ostéoporose et de troubles respiratoires typiques de la vieillesse. Le gène klotho a donc un droit de vie ou de mort sur un individu et il code pour un enzyme de type particulier impliqué dans l’hydrolyse des formes conjuguées d’hormones stéroïdes. Les hormones stéroïdes, notamment sexuelles, circulent dans le sang attachées à du glucose et l’enzyme codé par klotho permet à ces hormones de recouvrer leur activité au niveau cellulaire en se fixant sur leurs récepteurs spécifiques. L’expression de cet enzyme diminue avec l’âge, ceci expliquant cela, mais si à la suite d’une manipulation génétique adéquate on fait en sorte que le dit gène soit sur-exprimé chez des souris ces dernières vivent plus longtemps et en excellente santé.

Il en est de même chez les humains ! On a identifié chez certains sujets des variants génétiques du gène klotho qui est alors légèrement sur-exprimé. Ces sujets présentent, leur âge avançant, de meilleures facultés cognitives et une mémoire également améliorée en comparaison de personnes ne présentant pas ces mutations. Cependant, malgré ces observations relevant d’ « études de cas » comme on dit en médecine, il avait été impossible d’établir un lien entre le produit du gène klotho et les désordres cognitifs tels que ceux caractérisant la maladie d’Alzheimer. Il existe en laboratoire des souris génétiquement modifiées de telle manière qu’elles présentent tous les symptômes de la maladie d’Alzheimer tels qu’ils sont observés chez l’homme et si on fait en sorte que le gène klotho soit sur-exprimé chez ces mêmes souris, donc doublement transgéniques, on observe alors une amélioration significative des déficits cognitifs, une atténuation des dysfonctionnements cérébraux et un allongement de la vie alors que la formation de plaques amyloïdes reste pourtant inchangée chez ces souris spéciales servant de modèle pour l’étude de la maladie d’Alzheimer. Le produit du gène klotho rend curieusement le cerveau résistant à la dégradation induite par ces plaques amyloïdes toxiques pour les neurones. Et cette protéine, qui existe sous forme circulante dans le sang et également sous une forme intégrée aux membranes cellulaires, agit directement sur un récepteur cérébral particulier appelé NMDA. Les biologistes japonais ont fait preuve de créativité culturelle en donnant à un tel gène le nom d’une divinité grecque, NMDA n’est qu’une vulgaire abréviation qui signifie N-methyl-D-aspartate (voir note en fin de billet). Ce récepteur est en réalité un récepteur du glutamate, un neurotransmetteur très important, et également un transporteur d’ions dans les cellules nerveuses induisant une stimulation de ces dernières. Il joue également un rôle dans la plasticité neuronale, un élément clé pour maintenir l’apprentissage et la mémorisation à des niveaux satisfaisants. C’est ce qui a été montré avec ces souris doublement transgéniques, d’une part reproduisant la maladie d’Alzheimer et d’autre part sur-exprimant le produit du gène klotho, elle présentaient une activité amplifiée de ce récepteur NMDA.

Idéalement il resterait à trouver une drogue agissant sur le promoteur du gène klotho pour contrecarrer en stimulant son expression les effets toxiques et inflammatoires de la maladie d’Alzheimer sur les neurones. Un beau sujet d’investigation qui risque malheureusement d’être très long avant d’en entrevoir des applications thérapeutiques …

Note : le récepteur du glutamate appelé NMDA pourrait faire croire que le N-methyl-D-aspartate est un constituant naturel de l’organisme. Or il n’en est rien, il s’agit d’un produit de synthèse qui tue les cellules nerveuses en les sur-excitant par son rôle d’agoniste du récepteur du glutamate sur lequel il se fixe. Il existe parfois des ambiguïtés dans la prose scientifique et appeler ce récepteur du nom d’un de ses agonistes finalement neurotoxique sème le trouble dans la bonne compréhension de ce travail réalisé à l’Université de Californie à San Francisco. Finalement les Japonais avaient raison d’appeler leur gène klotho.

Source : Gladstone Institutes et UCSF, illustration:les trois Destinées (Wikipedia).

Bataille entre les Université de Berkeley et d’Harvard pour la « propriété » du CRISPR !

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Je ne voudrais pas ennuyer mes lecteurs avec un exposé tellement spécialisé que moi-même je dois faire un effort pour comprendre de quoi il s’agit mais il se passe en ce moment une bataille féroce et complexe entre deux laboratoires américains à propos d’un brevet dont les potentialités d’application sont tellement vastes, des milliards voire des dizaines de milliards de dollars en jeu, qu’il est intéressant d’en faire un compte-rendu aussi compréhensible que possible. Il s’agit de savoir qui est propriétaire du brevet d’application du CRISPR dans le domaine des thérapies géniques et des manipulations de l’ADN. Je sens que certains de mes lecteurs vont décrocher, thérapies géniques, CRISPR, c’est déjà ésotérique … Il s’agit pourtant de l’une des plus grandes avancées, peut-être la plus grande, de ces dernières années dans le domaine de la biologie moléculaire avec des applications tellement vastes que même les auteurs des brevets ne peuvent toutes les embrasser clairement à ce jour dans les « revendications » formulées à l’appui de la demande de ces brevets.

CRISPR, acronyme de « Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats », je ne le répéterai pas, est un système mis au point par les bactéries pour se défendre contre les attaques virales, en quelque sorte un système immunitaire au niveau moléculaire consistant à détruire l’ADN d’un virus attaquant ces bactéries. En bref il s’agit d’un complexe de protéines comprenant un système de reconnaissance spécifique de l’ADN à attaquer lui-même constitué d’ADN et d’une machinerie d’enzymes qui vont couper cet ADN viral étranger pour le rendre inactif. La bactérie se défend comme elle peut mais ce truc est fantastiquement sophistiqué et efficace. Depuis sa découverte à la fin des années 80 par une équipe de biologistes de l’Université d’Osaka dirigée par le Professeur Yoshizumi Ishino qui ne comprit pas ce à quoi il avait à faire, ce système de reconnaissance au niveau de l’ADN de séquences très précises a fait l’objet d’une intense recherche qui s’est focalisée pour utiliser le CRISPR comme outil moléculaire pour éteindre ou éditer des gènes de manière ultra-spécifique et cette approche fut rendue possible en grande partie avec l’apparition de machines permettant d’une part de séquencer l’ADN rapidement et également de machines synthétisant des brins d’ADN répondant à une utilisation ciblée. Ce système, d’origine bactérienne et ubiquitaire, c’est-à-dire qu’il est universellement présent dans les bactéries, constitue un outil d’une versatilité quasiment sans limites. Les curieux peuvent se plonger dans le long article de Wikipedia relatif au CRISPR : http://en.wikipedia.org/wiki/CRISPR . Subodorant à juste titre que les applications potentielles de cet outil étaient immenses le laboratoire de génomique de l’Université de Berkeley dirigé par le Docteur Jennifer Doudna déposa un brevet en mai 2012 relatif aux applications du CRISPR dans une multitude de domaines. Pendant le même temps une autre équipe travaillant sur le même sujet au Broad Institute de génomique du MIT sur le campus de l’Université d’Harvard et dirigée par le Docteur Feng Zhang a déposé quasiment le même brevet concernant les applications du CRISPR sur les cellules eucaryotes, c’est-à-dire possédant un noyau, plantes, animaux et êtres humains, pressentant comme Doudna les immenses potentialités de cet outil.

Le MIT a immédiatement affuté ses couteaux comme Doudna de son côté et il appartient maintenant à la justice de décider qui a ce qu’on appelle l’antériorité de la découverte du CRISPR mais aussi de ses applications. L’affaire est en effet complexe car ces applications potentielles et déjà démontrées dans une multitude de situations semblent « évidentes » pour les uns mais « leur » propriété pour les autres, tout dépend de quel côté on se place … L’affaire est bien décrite côté MIT en suivant ce lien :

http://www.technologyreview.com/featuredstory/532796/who-owns-the-biggest-biotech-discovery-of-the-century/ mais les Régents de l’Université de Californie, propriétaires du brevet de Doudna ne l’entendent pas du tout de cette oreille bienveillante ni le Helmholtz Center for Infection Research à Braunschweig en Allemagne, copropriétaire du brevet déposé par le laboratoire de Doudna en la personne d’une certaine Emmanuelle Charpentier, biologiste française exilée et de renommée mondiale, co-auteur de ce brevet (voir le lien). On va donc droit vers un duel à rebondissements d’autant plus que Zhang n’a pas apprécié la réception fastueuse organisée par le gratin de la Silicon Valley, Zuckerberg était présent, pour remettre à ces deux biologistes talentueuses le Breakthrough Prize, ça se passait le 9 novembre 2014, trois millions de dollars à chacune …

Qui a l’antériorité du brevet, là est toute la question. C’est seulement en 2012 que Doudna et Charpentier ont démontré toute la potentialité du CRISPR en synthétisant une molécule faisant partie d’un CRISPR modifié qui pouvait pénétrer dans une bactérie et couper l’ADN à un endroit choisi par avance. En janvier 2013 elles franchirent une nouvelle étape en réussissant à couper un gène dans des cellules humaines et à le remplacer par un autre gène toujours avec ce même outil, ce qu’on appelle une « édition » de gène. L’équipe d’Harvard publia des travaux presque identiques au même moment. La compétition s’accéléra alors et en quelques mois des centaines d’expérimentations furent couronnées de succès prouvant que cette technique peut révolutionner l’agriculture et la médecine. Un gène a pu être ainsi introduit chez une souris souffrant d’une maladie génétique et se retrouver guérie à la suite de cette insertion ciblée au bon endroit sans perturber le reste du chromosome ! Des gènes variés ont été « édités » avec des plantes. On peut même rêver de pouvoir, dans un proche futur, créer des super-embryons (humains) présentant des caractéristiques génétiques améliorées. L’industrie pharmaceutique pourtant souvent réticente à considérer immédiatement les avancées de la recherche fondamentale s’intéresse de très près au CRISPR comme par exemple Novartis qui envisage très sérieusement d’éditer par cette technique des gènes d’immunoglobulines pour attaquer certains cancers …

Mais revenons à la polémique sur les brevets. En réalité personne n’a inventé le CRISPR que les bactéries ont mis au point depuis des centaines de millions d’années. Nous nous sommes seulement contenté de comprendre comment ce truc fonctionnait, Ishino est passé à côté de cette compréhension car il était trop surpris par la séquence de ce gène atypique. Une fois qu’il eut identifié le gène qu’il appela « iap », Ishino regarda autour de ce gène pour savoir s’il n’y aurait pas un site (une séquence de bases de l’ADN) pouvant être éventuellement reconnu par une protéine entrainant alors l’expression de ce gène ou au contraire la répression de son expression. En fait il ne trouva pas ce qu’il cherchait mais au contraire un enchainement bizarre répété cinq fois de petits bouts de séquence d’ADN de 29 bases les uns à la suite des autres mais séparés les uns des autres par des espaceurs de 32 bases. Ishino et son équipe ne purent trouver d’explication à ce résultat pour le moins surprenant. Avec l’avènement des machines à séquencer quelques années plus tard on découvrit que ces séquences répétitives se retrouvaient pratiquement dans toutes les bactéries et le nom de CRISPR fut adopté en 2002 par Ruud Jansen de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas. Jansen observa que ces séquences étaient toujours accompagnées autour d’elles des même gènes codant pour des DNAses, des enzymes coupant l’ADN comme une paire de ciseaux coupe un fil. Les machines à séquencer facilitèrent alors la compréhension de cet enchainement répétitif « palindromique » de petites séquences d’ADN : elles avaient une origine virale et servaient donc à se lier à l’ADN d’un virus pénétrant dans la bactérie pour que le produit des gènes associés, ces DNAses, détruisent l’ADN viral.

Doudna comprit très vite l’intérêt que représentait ce système pour construire un outil permettant de couper spécifiquement n’importe quel ADN à un endroit précis choisi à l’avance alors que les biologistes ne disposaient alors que d’enzymes pour la plupart d’origine bactérienne coupant l’ADN, certes au niveau de séquences de bases connues, mais de manière non spécifique, pas du tout exactement là on on le souhaitait comme par exemple à un endroit précis d’un chromosome. En modifiant le CRISPR à l’aide d’une séquence d’ARN pouvant s’hybrider avec une région bien précise de l’ADN Doudna réussit à lui associer deux DNAses qui permirent de carrément éliminer un gène d’un chromosome ! À l’inverse en construisant une autre panoplie enzymatique autour du CRISPR il est possible d’introduire un gène à la bonne place dans un chromosome, une immense avancée dans l’ingénierie génétique. Autant dire que les applications sont tellement variées que la bataille pour le brevet entre l’Université de Californie et l’Université d’Harvard promettent un feuilleton à rebondissements … À suivre

Sources : Doudna RNALab ( http://rna.berkeley.edu )

http://www.helmholtz-hzi.de/en/research/research_topics/bacterial_and_viral_pathogens/regulation_in_infection_biology/e_charpentier/

http://www.technologyreview.com/featuredstory/532796/who-owns-the-biggest-biotech-discovery-of-the-century/

À la recherche de l’immortalité perdue

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Proust avait intitulé son œuvre magistrale « À la Recherche du Temps Perdu » qu’il commença a écrire au début du XXe siècle. S’il vivait aujourd’hui il constaterait avec un étonnement d’enfant à quel point les êtres humains sont devenus dépendants de l’information et de toutes les technologies qui tournent autour de ce thème, téléphone, télévision, internet, mais aussi qu’ils sont emportés par un maelström d’amas de tôle de toutes les couleurs qui encombrent les rues des villes sans vraiment en améliorer l’esthétique … mais il serait aussi fasciné par les découvertes récentes de la biologie qui sont aussi à la recherche non pas du temps perdu mais d’une prolongation de ce temps qui nous est compté. À l’époque de Proust l’espérance de vie, si on avait survécu à toutes les maladies infectieuses de l’enfance et de l’adolescence, pouvait atteindre au mieux 70 ans pour les couches aisées de la population. La moyenne mondiale, estimée, était de seulement 31 ans au début de ce XXe siècle, cinq ans de plus que durant le néolithique, également une estimation. Tout a changé avec l’avènement des antibiotiques et des vaccins, progrès technologiques dont les effets sur l’espérance de vie ont été amplifiés par l’hygiène, l’abondance de nourriture et le développement économique. Proust est mort à 51 ans d’une pneumonie, il pourrait aujourd’hui vivre au moins jusqu’à 80 ans, à peu près l’espérance de vie moyenne des hommes en France. Aurait-il trouvé pour autant le temps perdu ?

C’est ce que les biologistes de tous bords tentent d’aborder, non pas le temps passé et perdu mais celui qu’on pourrait perdre de ne l’avoir pas vécu en mourant « prématurément ». Le mécanisme d’élimination des cellules défectueuses chez la mouche du vinaigre avec l’activation du gène « Azot », contraction du nom de la divinité aztèque Ahuizotl, constitue une piste sérieuse dans la recherche de la longévité. Également, l’activation de l’expression du gène de la télomérase avec une drogue judicieusement imaginée par des chimistes experts en modélisation moléculaire faciliterait l’allongement de la vie. Enfin, il existe certains produits prometteurs mais plutôt difficiles à mettre en œuvre comme le resveratrol ou la rapamycine (voir les liens en fin de billet).

Les médias ne se sont pas trompé : chaque jour qui passe est une occasion de mentionner un jour que le café est bon pour la santé et la longévité, le lendemain c’est le vin rouge, puis c’est le tour du chocolat ou du fromage. Les « études » se succèdent et sont contredites par d’autres études. On se demande dès lors si la quête du temps n’est pas finalement une chimère. Pourtant la recherche de la pilule de longue vie est et restera d’actualité, c’est ce que pense Bill Gifford dans un livre qui vient de paraître (et que je n’ai pas lu ni ne lirai) intitulé « Spring Chicken : Stay Young Forever (Or Die Trying) », titre qu’on peut traduire ainsi : Oiseaux du printemps : restez jeune pour toujours (ou mourrez en essayant). Un titre alléchant mais empreint également d’un certain réalisme car pour cet auteur qui a fait une large compilation de tout ce qui se fait en matière d’allongement de l’espérance de vie il apparaît que ce serait plutôt le style de vie qui soit l’un des éléments déterminants de l’allongement de la vie. Si Jeanne Calment cessa de fumer ses deux cigarettes quotidiennes à 117 ans, c’est surtout son style de vie saine qui lui permit d’atteindre l’age de 122 ans et 164 jours. À cent ans elle faisait encore du vélo et continua à boire son verre de porto quotidien et déguster ses deux kilos de chocolat par semaine. Mais sa longue vie calme et sans stress aucun depuis son enfance furent incontestablement des éléments en faveur de sa longévité exceptionnelle puisqu’à l’age de 110 ans elle était encore autonome. Pour Bill Gifford il ne fait aucun doute que le style de vie est important : de l’exercice physique, pas d’excès, pas de stress, une nourriture saine … mais notre organisme est soumis à sa propre dégradation en raison tout simplement des minuscules imperfections biologiques qui s’accumulent et entrainent finalement notre vieillissement.

Le Washington Post insiste par exemple sur la vie moderne de l’employé de bureau qui reste assis devant l’écran de son ordinateur plus de 8 heures par jour. Il use son organisme prématurément (voir le lien) :

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Alors ? Manger du chocolat comme la vieille Jeanne, boire un petit coup, mais pas trop, baiser régulièrement ? Il paraît que c’est excellent pour se déstresser car le stress tue ! Il n’y a pas encore de recette contre le vieillissement, le botox ou le collagène (illustration) n’y suffiront pas. Un jour certain, mesdames, la peau de votre visage se plissera, s’effondrera sur elle-même, changera de couleur et vous n’y pourrez absolument rien car votre organisme vieillit inexorablement depuis la naissance. Tout ce discours me rappelle Desproges qui dans un de ses fameux réquisitoires racontait l’histoire de Toto qui va voir son médecin. Après lui avoir décrit ses souffrances, le médecin finit par conclure qu’il souffrait de la vie, une maladie qu’on attrape à la naissance et dont on finit par mourir …

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https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/02/15/du-nouveau-a-propos-du-resveratrol/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2012/07/01/la-rapamycine-revient-sur-le-devant-de-la-scene-immunosuppresseur-alzheimer-serotonine-et-dopamine/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/01/31/une-autre-approche-vers-limmortalite-pas-pour-tout-de-suite/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/01/22/limmortalite-peut-etre-pour-bientot/

Sources : http://www.amazon.com/Spring-Chicken-Young-Forever-Trying/dp/1455527440/ et http://apps.washingtonpost.com/g/page/national/the-health-hazards-of-sitting/750/?tid=sm_tw

Voir aussi : http://www.bloomberg.com/news/features/2015-02-12/does-a-real-anti-aging-pill-already-exist-

En médecine l’évaluation des risques laisse plutôt à désirer …

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Dans la rubrique médecine préventive qui est un terme plutôt vague et fourre-tout, les médecins n’en finissent pas de prodiguer des conseils à leurs patients (clients) pour les prémunir contre toutes sortes de pathologies. Les médecins sont d’autre part assaillis de publicités en provenance des laboratoires pharmaceutiques et de recommandations émanant des organismes étatiques à tel point qu’ils ne savent parfois plus vraiment comment formuler un jugement sinon objectif du moins crédible. L’un des domaines très « juteux » des recommandations prodiguées par les médecins à leurs patients est tout ce qui concerne les maladies cardiovasculaires dont l’athérosclérose. Les enjeux économiques sont en effet considérables et le corps médical subit la pression constante des laboratoires pharmaceutiques pour prescrire telle ou telle drogue supposée active dans le traitement de cette affection.

Une récente étude réalisée conjointement par une dizaine d’universités américaines et publiée dans le dernier numéro des Annals of Internal Medicine (doi:10.7326/M14-1281) indique clairement que l’estimation des risques de maladies cardiovasculaires était erronée et ceci depuis de nombreuses années. Cette étude a concerné 4227 personnes non diabétiques et ne présentant aucun signe clinique de maladies cardiovasculaires au début de l’étude, âgées de 50 à 74 ans, hommes et femmes, suivies depuis l’année 2002. Passons sur les détails des analyses statistiques utilisant 4 méthodes d’approche différentes mais celles-ci ont permis d’évaluer le bien-fondé des recommandations concernant la prévention des risques cardiovasculaires. Il est apparu que, systématiquement, le facteur risque était surestimé. Pour que les choses soient plus parlantes, cette estimation a été traduite en pourcentages, 100 % étant une évaluation fidèle ou très proche de la réalité compte tenu des paramètres biochimiques et sanguins des patients. Chez les hommes la surévaluation était systématique et variait entre 137 et 254 %. En d’autres termes et au minimum près de 40 % des hommes s’étaient vu prescrire au moins un médicament inutilement et parmi les 60 % restants c’était systématiquement des prescriptions pléthoriques et inutiles conduisant à l’apparition de symptômes secondaires induits par ces outrances médicamenteuses.

Cette étude remet en cause un certain nombre de pratiques médicales comme par exemple la prescription d’aspirine qui est certes un médicament anodin mais pas tant que ça. L’aspirine inhibe la formation de caillots sanguins mais présente aussi un facteur de risque hémorragique et la surestimation des risques cardiovasculaires a conduit à des hospitalisations en urgence avec des conséquences sur la santé des patients et des ramifications financières qui auraient pu être largement évitées. Pour la prescription des statines, ces médicaments réduisant le taux de cholestérol sanguin et de plus en plus prescrits sans raison évidente, la situation est encore plus préoccupante. La surestimation du risque de maladies cardiovasculaires semble conduire les médecins à justement ne pas prendre de risques eux-mêmes et à prescrire 2,5 fois trop souvent ces statines. Énoncé autrement sur 5 patients trois d’entre eux se voient prescrire ce genre de médicament sans raison justifiée, ça fait beaucoup … Une méta-étude a montré que les statines réduisaient effectivement les risques d’accidents cardiovasculaires mais la même étude n’a pas pris en compte l’incidence des effets secondaires de ces médicaments sur la santé, sinon le bien-être, des patients.

En définitive les médecins appliquent des règles d’évaluation des pathologies de leurs patients qui ne sont pas toujours adaptées et les patients encouragent leur médecin traitant à leur prescrire des médicaments sans justification, parce qu’ils se sentent rassurés. On se trouve donc dans une situation inédite où en quelque sorte la médecine est mise en équations et le médecin ne joue plus que le rôle de prescripteur au détriment des conseils d’hygiène de vie personnelle qu’il pourrait prodiguer à ses « clients » devenus des consommateurs avant d’être de vrais malades. Cette dérive coûteuse et dangereuse de la pratique médicale est à déplorer mais ce sont aussi les organismes officiels et les laboratoires pharmaceutiques qui sont responsables de cet état de fait avec souvent une complicité inavouée (on appelle ça le lobbying) bafouant les règles fondamentales de l’éthique.

Source : Forbes