
L’homme fait partie de la famille des primates au même titre que le chimpanzé ou le gorille et les scientifiques qui ont découvert que notre génome était incroyablement proche des singes, nos cousins, se posent maintenant des questions presque existentielles sur les différences entre le gorille ou le chimpanzé et l’homme. Ces infimes différences génétiques, selon ces experts que je ne contredirai pas, sont le résultat de l’évolution naturelle. En quelques millions d’années nos lointains ancêtres se sont différenciés des grands singes à tel point que par exemple le volume et la complexité de notre cerveau nous a permis de parler et d’effectuer des raisonnements déductifs, peut-être la plus importante différence entre nous humains et le bonobo ou le chimpanzé. Quant au comportement social et son évolution il constitue encore une énigme que la génétique ne peut pas totalement expliquer. Ce billet est dédié à l’évolution sociale de l’homme, ce qui le différencie des grands singes et ce qui le différencie aussi de ces derniers au niveau de son comportement et de ses attributs sexuels. Que mes lecteurs ne croient surtout pas que ce genre de sujet me préoccupe compulsivement, je ne fais que relater un article paru dans The Conversation (voir le lien) qui tente de préciser la relation entre les caractères sexuels secondaires et le comportement social et ce qui à ce niveau différencie l’homme de ses plus proches cousins.
Cet article a été écrit par le Docteur Mark Maslin, Professeur de paléoclimatologie à l’University College de Londres et je me suis permis d’en reproduire ici de larges extraits. Les hommes ont un pénis beaucoup plus long et large que tous les autres grands singes. Même le gorille mâle qui arrive à peser en moyenne 200 kg est pourvu d’un pénis d’à peine 8 centimètres de long en pleine érection. De plus les testicules du gorille sont à peu près de la même taille que ceux ces humains, plutôt petits – sinon ridicules – si on les compare à ceux du chimpanzé. Les testicules du chimpanzé et du bonobo représentent en volume près du tiers de leur cerveau alors que chez l’homme ils atteignent péniblement 3 % du poids de ce dernier. Si comme le Docteur Maslin on en reste à ces observations anatomiques on peut spéculer sur la signification de l’évolution et de l’interdépendance entre les caractères sexuels, la poitrine des femelles (femmes) est également prise en considération, et le comportement social et sexuel.

Le comportement sexuel des grands singes est très variable. Ils sont tout aussi bien polygames (on dit polygynes) que multi-partenaires, tant les mâles que les femelles. Le dimorphisme sexuel, les gorilles et les chimpanzés mâles sont très nettement plus lourds et trapus que les femelles, semble lié à l’occurence de sortes de harems du moins chez les gorilles et aussi les orangs-outans. Un gorille mâle vit avec plusieurs femelles et agit en sorte qu’aucun intrus ne vienne empiéter sur son territoire. Ce n’est pourtant pas le cas des chimpanzés : dans un groupe tous les mâles et toutes les femelles s’accouplent parfois plusieurs fois par jour sans discernement, une sorte de joyeuse communauté. Une femelle est donc par conséquent porteuse du sperme d’une multitude de partenaires sexuels ce qui constitue une compétition directe dans le processus de transmission des gènes. Le chimpanzé, au cours de l’évolution, s’est donc équipé de testicules presque monstrueux (photo ci-dessous) pour produire des quantités massives de sperme plusieurs fois par jour. Les gorilles qui vivent en harem, un mâle non disputé pour plusieurs femelles, sont pourvus de testicules d’une taille presque ridicule pour leur stature, à peu de choses près comme les hommes. Comme les gorilles d’ailleurs, quand l’homme éjacule deux fois en une journée le comptage des spermatozoïdes chute dramatiquement. Si on s’arrête à cette dernière observation il est possible d’en déduire que la monogamie ou l’activité sexuelle de l’homme est une conséquence de la petite taille de ses testicules.

Venons-en à la taille du pénis et à son diamètre. Là encore il n’y a pas de règles générales chez les primates y compris l’homme. Par exemple le babouin mâle hamadryas endémique en Somalie et en Ethiopie est pourvu d’un pénis d’un longueur de 14 centimètres pour un poids moyen de 25 à 30 kg, soit à peu près la longueur moyenne d’un pénis humain … Mais pour nous une simple règle de trois laisse rêveur, imaginez-vous, chers lecteurs, munis d’un pénis de 40 centimètres de long ! En ce qui concerne les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outans, nos plus proches cousins, l’homme est champion dans cette catégorie bien que son pénis ait un aspect plutôt simple. Le pénis humain n’est pas grumeleux, il est dépourvu de crêtes, de brides ou d’un gland de forme bizarre. En un mot il est plutôt banal.
Cette banalité de l’aspect du pénis se retrouve justement chez les primates comme le gorille qui sont polygynes. Les anthropologues en ont déduit que l’homme était initialement polygyne (polygame) avant d’évoluer vers la monogamie assez récemment au cours de l’évolution. Parmi 185 groupes ethniques humains étudiés 84 % d’entre eux pratiquent la polygynie. À notre époque moderne la polygamie reste le privilège d’hommes ayant un statut social élevé et disposant de revenus suffisants pour entretenir plusieurs femmes. Je suis allé plusieurs fois dans l’île française de Mayotte majoritairement musulmane. Seuls les hommes très riches peuvent entretenir plusieurs femmes comme par exemple « Papa » Abdou que j’ai rencontré plusieurs fois pour lui acheter des fleurs d’ylang-ylang et qui, propriétaire de magnifiques plantations, a quatre épouses vivant chacune dans une maison qui lui est dédiée, meublée avec tout le confort moderne … et les nombreux enfants qu’il faut nourrir (mais les générosités de la République Française sont heureusement là pour prendre en grande partie en charge les grosses charges de Papa Abdou, c’est aussi l’évolution !
Pourtant, si on se limite à des considérations purement physiologiques, il serait avantageux pour l’homme d’assurer une descendance avec le plus grand nombre de femmes afin d’avoir le maximum de chances de transmettre ses gènes. La taille du pénis ne présenterait alors plus d’avantage en terme d’évolution. Ce n’était probablement pas le cas lorsque l’homme a compris que la polygamie demandait un incroyable effort pour protéger ses partenaires et sa descendance inévitablement nombreuse pour les loger, les protéger et les nourrir. L’évolution vers la monogamie serait donc de ce fait un phénomène naturel accompagnée d’une taille du pénis satisfaisante, dans tous les sens du terme, pour sa partenaire. En réalité l’organe sexuel le plus important reste le cerveau qui finalement commande notre comportement social et intime.
Note : la femelle bonobo n’exhibe pas de seins qui puissent la distinguer des mâles sauf quand elle allaite. Le sexe de la femme a le même aspect anatomique que celui des femelles bonobo ou chimpanzé hors période d’ovulation pour ces dernières.
Source et illustrations : http://theconservation.com/why-did-humans-evolve-big-penises-but-small-testicles-71652