Nouvelles du Japon : l’assurance-vie en France vue de l’Empire du Soleil Levant
Un ami et ancien collègue de mon fils, français et expatrié au Japon depuis plus de 12 ans comme ce dernier, m’a raconté une histoire vécue inouïe qui devrait préoccuper bon nombre de Français bien connus pour privilégier l’assurance-vie comme canal favori pour leur épargne. Après avoir sévi au back-office d’une société de gestion de portefeuilles à Tokyo il a trouvé un nouvel emploi dans l’office d’une grosse compagnie d’assurance européenne implantée au Japon dont je tairai le nom pour des raisons de confidentialité simples à comprendre.
Son père, français et résidant en France, avait il y a de nombreuses années souscrit une assurance-vie auprès d’un organisme bien connu des Français dont je tairai également le nom pour ne pas m’attirer de problèmes. Quelques plus ou moins trois mois avant sa mort ce vieux monsieur, sensiblement de mon âge, avait omis de reconduire son contrat. Je suis incapable de préciser comment et quand il faut satisfaire une telle formalité n’ayant jamais eu moi-même la moindre envie de souscrire à une assurance-vie. Bref, le père de cet ami est mort avant de faire cette démarche nécessaire, semble-t-il, pour que son contrat perdure. Et cet ami de mon fils s’est rendu dans l’urgence en France pour s’occuper de toutes les formalités relatives aux obsèques de son père, passé au four dans une boite en carton qu’il a fallu payer une fortune et régler les frais de crémation qui faisaient pourtant l’objet d’une couverture totale dans le cadre du contrat d’assurance de son père.
Je ne me permettrai pas d’épiloguer au sujet de l’industrie de la mort qui est certaine d’avoir toujours des clients qui sont, puisque nous sommes tous mortels, captifs par définition et pour cette raison les tarifs ne cessent d’augmenter à un rythme bien supérieur à celui de l’inflation. Mais dans le cas du décès du père de cet ami de mon fils il dut dont payer quelques 4000 euros pour le transport du corps, son gardiennage pendant quelques jours et l’incinération. En outre comme son contrat n’avait pas été « confirmé » ou « oublié » par négligence compte tenu de l’état de santé de cet homme, tout le capital accumulé qui selon les dires de cet ami de mon fils devait se situer entre cent et deux-cent mille euros (c’était un homme relativement aisé épargnant depuis de nombreuses années) fut tout simplement effacé !
L’ami de mon fils m’a indiqué que les grandes compagnies d’assurance qui oeuvrent dans le domaine de l’assurance-vie réalisent l’essentiel de leurs bénéfices avec ce genre de situation. En effet, le capital investi et constitué durant de nombreuses années de labeur et parfois de privations est, dans ce cas qui est loin d’être isolé, perdu pour les ayant-droit. Il s’agit en quelque sorte d’une arnaque organisée dont beaucoup de familles n’ont même pas conscience. Il faut vivre au Japon et ne pas être en mesure d’assister son vieux père pour découvrir cette entourloupe. Travaillant au sein d’une importante compagnie d’assurance européenne implantée à Tokyo, je le répète, cet ami sait naturellement de quoi il parle : les compagnies d’assurance-vie sont des voleurs et elles profitent des faiblesses des vieux pour réaliser l’essentiel de leurs profits en ces temps de politique monétaire de taux d’intérêt proches de zéro. C’est bien inquiétant.