Il y a plusieurs jours je suis allé au coin de ma rue confier une petite statuette un peu érotique sculptée par l’auteur de mes jours à un imprimeur. Pas n’importe quel imprimeur puisqu’il sévit dans trois dimensions. J’ai ainsi pu découvrir avec cet Anglais fort sympathique ce qu’est l’impression 3D, que ce soit la reproduction d’objet après scanning ou la création de novo de structures issues de l’imagination de celui qui sait utiliser un logiciel de création graphique en trois dimensions. Une technique tellement tributaire de l’informatique que sans le développement récent de la puissance de calcul des ordinateurs elle n’aurait pas pu voir le jour et envahir progressivement la vie quotidienne. On peur faire des photos en 3D, résultat surprenant basé sur l’épaisseur de la couche de matière plastique déposée qui filtre plus ou moins les rayons lumineux quand on visionne le résultat par transparence, tout simplement bluffant.
Le scanning de la petite statuette a créé beaucoup de problèmes en particulier de réflexion des rayons laser car cette statuette est en métal. Un peu de poudre et les réflexions parasites ont été éliminées mais le traitement ultime du fichier, une vingtaine de gigas tout de même, a fait apparaître d’autres bugs que le logiciel de retraitement ne pouvait pas prendre en compte en raison de la taille du fichier de scanning. Il a fallu tout recommencer à zéro pour obtenir un ensemble de données moins volumineux. Et c’est sur ce point qu’achoppe l’impression 3D car l’opérateur doit maîtriser l’ensemble de la technologie afin d’évaluer quels paramètres il doit introduire dans le logiciel pour arriver à un résultat satisfaisant en particulier quand l’objet à reproduire est complexe. Quant aux imprimantes elles-mêmes, elles demandent une surveillance de tous les instants, l’enceinte peut être trop chaude ou trop froide, des gouttes de plastique peuvent se déposer intempestivement là où il ne faut pas, tout l’ensemble peut subitement se bloquer pour une raison inconnue ? Je parle d’une petite imprimante à 2000 euros. Cet anglais débordant d’idées réalise aussi des répliques avec une imprimante sous vide partiel qui projette des goutelettes microscopiques de matière et le résultat est surprenant.
L’impression 3D a déjà envahi toutes sortes de domaines de l’industrie ou encore de la médecine. Dans ce dernier cas la machine est capable de projeter des cellules vivantes pour constituer une structure tridimensionnelle qui va reproduire un organe. Avec des résines et des micro-billes métalliques on peut reproduire une bielle ou un vilbrequin de moteur de voiture, ce n’est pas encore complètement au point mais il est certain qu’un jour prochain, quand on achètera une voiture, le manuel d’entretien comprendra des liens informatiques pour télécharger les dossiers permettant de reproduire les pièces d’un carburateur ou d’une pompe avec une imprimante située au coin de la rue.
Plus encore, dans le domaine de l’alimentation, l’impression 3D fait une entrée prometteuse ! Le fabricant italien de pâtes Barilla vient de créer une joint-venture avec la société néerlandaise TNO pour l’impression 3D de pâtes. Imaginez que vous arriviez avec votre petite amie dans un restaurant et vous donnez avec une clé USB le fichier contenant la forme des pâtes que vous voulez faire imprimer et que vous avez créé la veille sur votre ordinateur au lieu de vous abrutir devant la télévision, des petits cœurs et des marguerites, par exemple, en moins de dix minutes le chef viendra servir dans l’assiette de votre petite amie un assortiment de cœurs et de marguerites pour lui prouver votre grand amour le jour de la Saint-Valentin. C’est pas beau !

Au dernier salon informatique de Las Vegas, une imprimante 3D spécialement modifiée dans ce but, était capable de produire des petits gâteaux aux formes aussi inattendues qu’alléchantes, un domaine où l’imagination est sans limites. En quelques minutes le tour est joué. Bientôt, il y aura dans certaines cuisines spécialisées des séries d’imprimantes produisant à des vitesses record des petits canapés et des petits fours, les cuisiniers dignes de ce nom ne serviront qu’à faire les préparations qu’ils introduiront dans des réservoirs et les machines feront le reste.
Peut-être qu’à l’heure qu’il est ma petite statuette a pu être reproduite éventuellement en plus grande taille, j’irai m’en enquérir ce soir.
Bons rêves
Source et illustration : itwire.com