Nouvelles du Japon : le pouvoir des traditions et autres réflexions

Le Japon n’est définitivement pas un pays comme les autres. Les gestes quotidiens sont imprégnés d’une solide tradition dont l’épicentre est le respect de tout être vivant et de toute chose. Le respect des personnes sous-entend le respect de la nature, des lieux où l’on vit, de la moindre fleur ou petit arbuste. On pourra dire que les horticulteurs passant leur vie entière à tailler un arbre pour en faire une véritable œuvre d’art ou reprendre l’art de leur maître et garder cet arbre nain en vie pendant plusieurs siècles illustre parfaitement cette véritable symbiose entre les Japonais et la nature. Certes dans une ville comme Tokyo la nature a souvent perdu ses droits. Néanmoins j’observais ce lundi matin en marchant tranquillement le long d’une grande rue passante du quartier résidentiel où habite mon fils quelques personnes, un lundi matin, s’affairant au pied de quelques arbres bordant cette grande avenue afin de nettoyer, amender et rajouter quelque fleur au pied de chacun de ces arbres alors qu’en France ou en Espagne ce même genre d’espace est un réceptacle pour les excréments des chiens ou des filtres de cigarettes. Rien de tout cela le long de cette grande artère d’orientation est-ouest empruntée par de gros camions autorisés à utiliser du carburant diesel, des autobus et toutes sortes de petites camionnettes de livraison.

Le sens de l’esthétique et la célébration de la nature se retrouvent dans ces petits détails qui paraissent inutiles mais enjolivent la vie. Dans les quartiers résidentiels au dédale inattendu de petites ruelles devant chaque maison il y a des fleurs jalousement entretenues et souvent les résidents taillent ici ou là un arbre pour en faire un « bonzaï », 盆栽, non pas comme les professionnels mais pour rappeler ces mêmes créatures végétales ornant les sanctuaires shinto, le haut lieu de la tradition japonaise. J’en discutais avec un ami de mon fils hier dimanche lors du diner d’anniversaire de mon petit-fils et je lui rappelais, me hasardant peut-être en territoire inconnu, que les traditions du peuple japonais sauveraient ce peuple de la culture nord-américaine dite « woke » qui devient la norme en occident. Et la discussion dériva vers la Corée. Japon et Corée, deux frères ennemis pourtant aux traditions si semblables, issues d’un confucianisme adapté à chacun de ces pays. Nous en sommes arrivés à l’usage de la fourchette en Asie (je suis très maladroit avec les baguettes pour déguster les plats servis sur la table) assurant que le seul pays d’Asie où l’usage de la fourchette est répandu est la Thaïlande. Les baguettes font partie de la tradition immuable car dès l’âge de deux ans les enfants se familiarisent avec ces instruments.

On pourrait citer encore à l’infini des traits du comportement des Japonais entrant dans le cadre de la tradition immuable. Cela fera l’objet d’autres billets à venir …

Nouvelles du Japon : Naomi Osaka, héroïne japonaise contre les discriminations

L’actuelle troisième joueuse mondiale de tennis, de mère nippone et de père haïtien, a été érigée en héroïne de mangas pour filles. Un choix qui n’est pas anodin et qui permet d’interroger le Japon sur son rapport à la diversité ethnique alors qu’il se voit toujours en société relativement homogène.

Héroïne des courts de tennis, Naomi Osaka devient héroïne de manga. La joueuse japonaise, actuelle numéro 3 mondiale, va se retrouver, avec raquette et cheveux roses, à la une d’Unrivalled – Naomi Tenkaichi, littéralement : « Sans rivale – Naomi, la meilleure sous le ciel ».

L’éditeur Kodansha a annoncé le 29 novembre que le mensuel Nakayoshi, numéro un au Japon de « shojo manga » (少女漫画), les mangas pour filles, publierait dès février 2021 la série dessinée par l’auteure à succès Futago Kamikita, avec une héroïne « combattant pour protéger de l’obscurité, les rêves et les espoirs de chacun », soutenue par sa sœur, Mari, et ses parents.

L’éditeur surfe sur la popularité de celle qui est devenue l’icône d’un Japon métissé et ouvert au monde. Née en 1997 de mère nippone et de père haïtien, la jeune femme au sourire timide et à la volonté de fer a grandi aux Etats-Unis mais a choisi, devenue adulte, la nationalité japonaise.

Du racisme au Japon ?

Ses succès et son style faussement ingénu teinté de « kawaii » (« mignon », 可愛い ) l’ont vite rendue populaire – elle a une poupée Barbie à son effigie – et donnent un écho particulier à ses prises de position en soutien au mouvement Black Lives Matter (BLM) aux Etats-Unis et à la lutte contre les discriminations dans son pays natal. Les appuis sont nombreux, les critiques également. « Il n’y a pas de racisme au Japon. Ne provoquez pas de problème », lui a lancé en juin un Japonais sur Twitter. Pas démontée, la jeune femme a réagi par un virulent « NANIIIII?! » (« Quoi ?! » en japonais, 何 ) car elle se veut la « représentante des gens qui pensent qu’ils ne sont pas représentés ».

Sa voix porte dans un pays qui abritait, fin 2019, 2,93 millions d’étrangers, un record, dont 810 000 Chinois, 440 000 Coréens du Sud et 410 000 Vietnamiens. L’Archipel compte aussi un nombre croissant de métis, les « hafu » (prononciation japonaise de « half », « moitié » en anglais, métis, ハーフ), de plus en plus visibles dans le sport de haut niveau avec Naomi Osaka, mais aussi avec les sprinters Abdul Hakim Sani Brown (Nippo-ghanéen) ou Asuka Cambridge (Nippo-jamaïcain) ou le joueur de baseball Yu Darvish (Nippo-iranien). Une naissance sur 30 était en 2019 celle d’un « hafu » contre une sur 50 en 1990.

Cette internationalisation n’empêche pas les discriminations de perdurer dans un pays qui se sent toujours ethniquement pur. Longtemps, les victimes furent les Chinois et les Coréens. Nombre d’entre eux ont choisi un nom japonais pour « se fondre » dans la majorité. En l’absence de législation contre les discriminations, des politiciens n’hésitent pas à jouer sur le rejet de l’étranger. Candidat à la mairie de Tokyo en juillet, Makoto Sakurai, auparavant organisateur des « Heito supitchi », les discours de haine dans les rues contre les Coréens, appelait à interdire les aides sociales aux étrangers. Selon une enquête gouvernementale de 2017, 40% des étrangers se sont vu refuser l’accès à un appartement au motif que la résidence est « interdite aux étrangers ».

Blancheur de la peau

Les clichés perdurent dans un pays où la blancheur de peau reste valorisée et où une peau sombre, voire une simple ascendance étrangère, peut susciter de l’hostilité. « Comment Mme Osaka, multiculturelle, peut-elle représenter le Japon ? » s’interrogeait en 2019 Kunihiko Miyake, le président du centre d’analyses Foreign Policy Institute. Dans un spot publicitaire la même année, le géant des nouilles instantanées Nissin présentait Naomi Osaka et l’autre star du tennis nippon, Kei Nishikori, en version manga. La joueuse y apparaissait très « blanche» ». « Je suis bronzée, c’est assez évident », avait-elle réagi. Nissin avait retiré le spot et présenté ses excuses : « Il n’y avait aucune intention de blanchir ».

Au Japon, il y a une pression excessive pour que les gens se comportent et apparaissent comme des Japonais «normaux», regrette Julian Keane, du Centre de recherche sur les cultures urbaines de l’Université d’Osaka (ouest). « Un hafu qui réussit à l’international est généralement salué pour son héritage japonais, pas pour son héritage multiculturel », ajoute Kaori Mori Want, de l’Université Konan (Okayama, sud-ouest).

La hausse du nombre d’étrangers pousse de plus en plus de victimes à s’exprimer. « Je pensais que si je sautais de mon balcon et que je renaissais, je serais peut-être un Japonais normal », a ainsi écrit en juin, dans un tweet très remarqué, Louis Okoye, métis nippo-nigérian aujourd’hui joueur de baseball professionnel, qui a profité du mouvement BLM pour détailler son enfance ponctuée de moqueries sur sa couleur de peau.

Naomi Osaka peut-elle changer la donne ? Son sponsor, Nike, semble y croire. Dans une publicité diffusée depuis le 28 novembre dans l’archipel, vue plus de 16,8 millions de fois et suscitant de vifs débats sur Twitter, l’équipementier sportif met en scène trois jeunes footballeuses, une Japonaise, une Coréenne et une Noire. Toutes victimes de harcèlement à l’école, elles s’interrogent sur leur normalité, leurs qualités, avant de surmonter leurs souffrances par la persévérance. Un peu comme Naomi Osaka, d’ailleurs présente dans le spot.

Article de Philippe Esnard, correspondant à Tokyo du quotidien Le Temps

Note. J’ai deux petits-enfants métis franco-japonais. Ils sont parfaitement intégrés …

À la faveur des mouvements féministes les femmes font plus souvent des rêves érotiques

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Puisque les rêves ont depuis toujours été considérés comme une porte ouverte vers les désirs inconscients, quand une femme garde en mémoire un rêve érotique les spécialistes du sommeil et du rêve de l’Université de Freiburg en Allemagne, sous la direction du Docteur Michael Schredl, ont voulu en savoir plus. Ils ont donc interrogé 2900 femmes volontaires pour participer à leurs études. Elles devaient raconter leurs rêves, du moins ceux dont elles se souvenaient, et si possible décrire les motivations de ces derniers. La première surprise fut que près d’une femme sur cinq se souvient d’avoir fait un rêve érotique alors que cette fréquence était inférieure à une sur dix il y a 20 ans. La deuxième surprise que réserva cette étude est le fait que même les femmes satisfaites sexuellement avec leur partenaire se surprennent à faire des rêves concernant parfois un inconnu croisé dans la rue ou un homme qu’elles ont cotoyé la journée précédente dans un cadre neutre comme par exemple une réunion de travail. Interrogées dans le détail la plupart des participantes avouaient être incapables d’expliquer quelles pouvaient être les motivations profondes de tels rêves.

L’explication la plus simple que purent trouver ces spécialistes des rêves est que la femme se sent libérée pas seulement dans sa vie de tous les jours mais également dans ses pensées … et ses rêves. Enfin, un grand nombre de femmes ont déclaré que, conscientes de leurs rêves, ces derniers influaient sur leur comportement les jours suivants. Serait-ce cette fameuse porte ouverte vers l’inconscient ? Comme s’il pouvait s’agir d’un contrôle lorsqu’il fut demandé à ces femmes si elles rêvaient de politique, moins de 4 % ont répondu par l’affirmative, peut-être rêvaient-elles de se prendre pour Angela Merkel ou Christine Lagarde mais l’histoire ne le dit pas.

Source et illustration : The Telegraph

Nouvelles du Japon : le manque de respect des touristes énerve les japonais !

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 La Préfecture de Tottori va installer plus de panneaux en coréen, en chinois et en anglais pour inciter les touristes à ne pas vandaliser les dunes de sable qui constituent la principale attraction de la ville éponyme. Ces dunes sont situées au bord de la Mer du Japon, au sud de l’île de Honshu. Elles s’étalent sur près de 20 kilomètres. D’une hauteur atteignant parfois 50 mètres elles peuvent être visitées à pied ou à dos de chameau. Les touristes ont pour habitude d’inscrire en grosses lettres des messages dont il ne leur restera qu’une photo-souvenir dans la mémoire de leur smart-phone. Or cette pratique a été interdite par les autorités locales depuis plus de dix ans. Malgré cette interdiction les touristes étrangers de plus en plus nombreux se moquent des indications précisant qu’ils sont passibles d’une amende de 50000 yens (400 euros).

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Il n’y a pas qu’à Tottori que les Japonais commencent à s’inquiéter de l’afflux de touristes – 30 millions en 2018 et 40 millions attendus en 2020 à la faveur des jeux olympiques – et de leurs comportements irrespectueux. À Kyoto les échoppes du marché Nishiki ont installé des panneaux en plusieurs langues expliquant aux touristes qu’il n’est pas poli de manger en marchant, qu’il est illégal de jeter n’importe quoi dans la rue et plus anecdotique de ne pas inscrire ses initiales avec un couteau sur un arbre des parcs.

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À Kamakura, ancienne capitale du Japon située au sud de Yokohama, les autorités locales ont apposé des panneaux à la sortie de la gare qui dessert la ville indiquant que manger en marchant est une offense publique en se basant sur des plaintes des commerçants de la rue Komashi (Komashi dori, illustration ci-dessus) où près de 60000 touristes déambulent chaque jour. Il est de même interdit de fumer dans la rue en marchant. Quand on séjourne dans un pays étranger l’éducation élémentaire consiste à respecter les coutumes locales. Le respect d’autrui et des lieux est un principe fondamental au Japon. Ce principe est enseigné aux enfants dès leur plus jeune âge.

Source partielle : The Guardian

Nouvelles du Japon : L’ikigaï peut-il nous procurer une meilleure vie ?

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Ikigaï (生き甲斐 en japonais) est la contraction de deux mots l’un signifiant « la vie » et l’autre « la réalisation de ce que l’on désire ». Ça paraît compliqué mais, bien que je ne lise ni ne parle le japonais, les kanji ont des significations parfois synthétiques difficiles à traduire. Ikigaï peut donc se traduire plus simplement par « la raison de vivre » ou encore l’idée d’avoir un but dans la vie. Pour quelle raison on se lève le matin ? Voilà une bonne question car si on y réfléchit à deux fois autant rester couché ! Le concept japonais d’ikigaï aide au contraire à se lever et à avoir une vie active, à donner une « valeur à la vie ».

Il faut alors se poser 4 questions au réveil :

1. Qu’est-ce que j’aime ? 2. À quoi suis-je bon ? 3. Qu’es-ce que le monde attend de moi ? et 4. Que puis-je faire pour mériter un salaire ? Ces 4 questions peuvent aider à comprendre le concept d’ikigaï bien qu’il n’ait rien à voir avec la notion de travail ou de salaire. Il s’agit plutôt d’une philosophie de la vie. Un sondage réalisé en 2010 indiqua que seulement un tiers des Japonais, femmes ou hommes, mentionnaient leur activité professionnelle comme étant leur ikigaï.

Selon le Professeur d’anthropologie à l’Université d’Hong-Kong Gordon Matthews il faut associer à l’ikigaï deux autres concepts philosophiques japonais, l’ittaikan (一体感) ou l’ « idée d’appartenir à un groupe ou à avoir un rôle à jouer dans ce groupe », et le jigo jitsugen (je n’ai pas trouvé l’écriture en kanji) qui englobe en réalité les deux premiers concepts. Il en résulte un fait de la vie et non pas un style de vie, encore une autre approche difficile à comprendre. C’est peut-être la raison pour laquelle les Japonais sont si créatifs dans leur travail et aussi la raison qui explique leur longévité inégalée dans le monde.

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Source et illustration : The Telegraph

L’égalité des genres ?

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Une étude paru dans le journal britannique The Lancet en 2016 concernant la consommation d’alcool dans 195 pays montre clairement que les femmes sont très en retard par rapport aux hommes. Mais c’est ironique car les hommes boivent plus et meurent beaucoup tôt que les femmes. L’étude a comptabilisé 2,8 millions de morts prématurées dans le monde en 2016 ayant été provoquées par l’excès de boissons alcoolisées. Les femmes ne sont donc pas égales aux hommes mais elles sont franchement moins idiotes qu’eux. Le graphique (source Statista) ne concerne que les dix premiers pays dans le classement. Ça laisse rêveur.

Le campagnol des prairies : un modèle de fidélité (conjugale) amoureuse ?

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Ce petit rongeur natif des grandes prairies d’Amérique du Nord est un modèle d’étude de la fidélité du couple et il a été étudié en détail au Centre de Neurosciences sociales à l’Emory University d’Atlanta pour tenter de décrypter les mécanismes neuronaux qui établissent la fidélité conjugale. Le campagnol des prairies est en effet strictement monogame durant sa courte existence, pas beaucoup plus de deux années. Pour comprendre le protocole expérimental utilisé il faut rappeler que ce campagnol (Microtus ochrogaster) est plus actif le jour durant l’hiver et plutôt nocturne durant l’été et les couples se forment à la fin de l’hiver. Le mâle et la femelle s’occupent conjointement des petits qui sont capables de se nourrir dès l’âge de deux semaines. Une stimulation lumineuse directe de certaines zones du cerveau a permis d’élucider le mécanisme de fidélité de ces couples de petits rongeurs car les couples se forment au printemps quand les jours commencent à augmenter.

Il est apparu évident que deux zones du cerveau sont particulièrement impliquées dans la fidélité, le cortex préfrontal médian et le nucleus accumbens et ces deux zones cérébrales sont connectées par des neurones spécifiques. le nucleus accumbens est sensible à la lumière via le nerf optique et se trouve être également le centre nerveux traitant les mécanismes de récompense, de l’accoutumance et du plaisir.

Lorsque une femelle est mise en présence d’un mâle inconnu l’activité des neurones du nucleus accumbens est d’autant plus élevée que le couple va se former rapidement après la période qu’on appellerait anthropomorphiquement « le flirt ». En stimulant ce noyau accumbens à l’aide d’éclairs lumineux produits par une micro-fibre optique implantée dans le cerveau l’équipe de neurobiologistes a pu ainsi montrer que des femelles ayant déjà formé auparavant un couple avec un mâle, mises alors en présence d’un autre mâle inconnu, dédaignaient ce dernier malgré ces stimuli lumineux censés au contraire provoquer ce que l’on pourrait appeler l’approche amoureuse. Les circuits neuronaux semblent avoir été figés afin de permettre cette fidélité de couple. Si au contraire une femelle n’ayant pas encore formé de couple et également stimulée par des éclairs lumineux (directement dans le cerveau) est mise en présence d’un mâle alors la formation du couple – la période de « flirt » – est beaucoup plus rapide.

Toute la question est de savoir si on peut influer d’une manière ou d’une autre, à l’aide de drogues par exemple, sur la naissance de l’amour et des sentiments et leur solidité dans le temps. Le campagnol des prairies ne reste tout de même qu’un modèle d’étude et ces expériences très démonstratrices ne peuvent pas être extrapolées à l’homme, du moins en ce qui concerne les comportements amoureux.

Source et illustration : Emory University

La reconnaissance du visage, un résultat de l’évolution

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Nous sommes des bipèdes de la famille des primates et les chimpanzés sont nos plus proches cousins dans cette famille animale quoiqu’en pensent les créationistes. Au cours de l’évolution l’homme a donc appris à marcher sur ses deux pieds et la position verticale a entraîné des modifications inattendues de l’ensemble de l’anatomie et du comportement. Tous les animaux vivant en groupes, comme les chimpanzés et les hommes, ont élaboré des mécanismes de reconnaissance de leurs congénères afin d’assurer la stabilité et la sécurité du groupe. Chez l’homme la reconnaissance du visage et du corps fait appel à des activités cérébrales très précises. Le visage d’une personne constitue une sorte de carte d’identité pour le cerveau et notre mémoire dispose d’un répertoire qui nous permet d’identifier nos congénères et nos proches. En comparaison du visage du chimpanzé, celui de l’homme est plus expressif, mieux « rempli » de tissus mous, plus coloré et il reflète très précisément l’état de l’humeur de la personne. Il existe un test simple d’inversion de l’image d’un visage qui reste identifiable car les mécanismes de reconnaissance situés dans le cerveau maintiennent cette reconnaissance. Chez le chimpanzé, ce test est également positif.

Le changement de posture, c’est-à-dire la démarche verticale, a également entrainé une perte de la reconnaissance d’autres parties du corps. Cette posture met chez la femme la poitrine en évidence. Il s’agit du second mécanisme de reconnaissance après le visage, la femme étant le seul primate à posséder une poitrine gonflée en dehors des périodes de lactation contrairement aux femelles chimpanzés.

La posture verticale a eu également pour conséquence de dissimuler l’aire ano-génitale chez la femme alors qu’elle reste en évidence chez la femelle chimpanzé. Et elle est d’autant plus évidente que lors de la période d’ovulation cette partie du corps devient tuméfiée et se colore en rose vif. Les biologistes se sont donc posé la question suivante au sujet des chimpanzés : cette zone ano-génitale entre-t-elle dans les schémas de reconnaissance avec la même importance que le visage chez l’homme ?

Pour répondre à cette question, une équipe de scientifiques de l’Université d’Amsterdam collaborant avec celle de Kyoto a donc procédé à une étude minutieuse relative au temps nécessaire pour que des hommes ou des femmes, des étudiants volontaires de l’Université, reconnaissent un visage ou la présence d’une poitrine concourant à identifier le sexe de la personne et des tests identiques ont été appliqués avec d’autres parties du corps comme les pieds ou les fesses. Le même type d’approche a été appliqué à des chimpanzés à l’aide de photos originaires du sanctuaire japonais de primates de Kumamoto. Dans une autre série de tests, les visages étaient ensuite inversés afin d’affiner dans ce cas les temps de réponse. Les 5 chimpanzés, 4 femelles et un mâle, qui participèrent à cette étude étaient tous des pensionnaires de l’Institut de recherche sur les primates de l’Université de Kyoto.

L’expérience est schématisée par l’illustration ci-dessous :

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Plusieurs centaines de tests ont été réalisés tant avec le groupes de volontaires de l’Université d’Amsterdam qu’avec les 5 chimpanzés. Il est apparu que chez les femmes et les hommes la reconnaissance du visage est prépondérante qu’il s’agisse de photos en couleur ou en grisé. Chez les chimpanzés, qu’il s’agisse de femelles ou de l’unique mâle, la reconnaissance de l’arrière-train, la zone ano-génitale, est plus marquée avec des photos en couleur alors que le visage et plus reconnaissable que cette zone dans le cas des photos en grisé. La couleur joue donc un rôle important dans ce mécanisme, mais pas seulement car le temps de réponse varie quand les photos sont inversées dans le même sens tant pour le visage que pour l’arrière-train alors que cette différence n’existe par pour les photos des pieds qui constituaient en quelque sorte un contrôle.

Chez le chimpanzé l’observation de l’aire ano-génitale constitue donc un mécanisme de reconnaissance sociale aussi important que celle du visage chez l’homme. La couleur, en particulier celle des lèvres et des yeux, est également d’une grande importance chez l’homme pour la reconnaissance du visage. Il est reconnu que la femme colore ses lèvres afin de paraître plus attractive et ce détail peut être considéré comme une réminiscence de la coloration de l’arrière-train des femelles chimpanzés au cours de l’ovulation puisque la zone ano-génitale de la femme n’est plus visible en raison de la posture verticale quand elle est totalement nue. Les auteurs de cette étude n’ont fait que suggérer ce dernier point …

Source : PlosOne, doi : 10.1371/journal.pone.0165357

Vous saurez tout sur les chatouilles …

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Le rire n’est pas le propre de l’homme

Pourquoi on ne peut pas se chatouiller soi-même ? Aristote avait déjà noté que c’était impossible. Et pourquoi se met-on à rire quand quelqu’un vous chatouille ? Les chatouillements qui provoquent un rire hors de contrôle sont appelés gargalésie, et ceux qui sont agréables mais ne provoquent pas de rire la knimésie. J’ai découvert ces mots savants que je n’avais jamais entendu en lisant un article rapportant les travaux du Docteur Michael Brecht réalisés au centre de neurosciences de l’Université Humboldt à Berlin sur les rires des rats quand on leur chatouille le dos, le ventre ou la queue.

Le rire des rats (voir le film, lien en fin de billet) quand on les chatouille est inaudible car il s’agit de petits cris émis dans une fréquence (50 kHz) que l’oreille humaine ne perçoit pas. En enregistrant ces sons il a été possible de comprendre un peu ce qui se passait au niveau du comportement du rat qui en « redemande » tout simplement parce qu’il apprécie le rire provoqué par les chatouillements, le rire étant bon pour la santé comme pour les humains, c’est bien connu. Dans un environnement normal, le rat se laisse caresser mais si on le place dans une situation de stress : un éclairage violent par exemple, il ne réagit plus aux chatouilles. C’est aussi exactement comment cela se passe chez les êtres humains, en situation de stress les chatouilles ne sont plus agréables, ne font plus rire et sont insupportables. Un enfant ne se laisse pas chatouiller par un étranger qu’il ne connait pas, c’est bien connu aussi.

Tout se passe dans le cortex neurosensoriel. En implantant des électrodes dans le cerveau du rat une stimulation électrique déclenche un comportement analogue à celui provoqué par les chatouillements ainsi que le rire qui les accompagne. De plus, dans cette situation, le cerveau sécrète de la sérotonine, un neurotransmetteur jouant un rôle central dans les mécanismes de la récompense.

Source : Science, doi : 10.1126/science.aah5114 

Article aimablement communiqué par le Docteur Brecht qui est vivement remercié ici.

http://science.sciencemag.org/content/sci/suppl/2016/11/09/354.6313.757.DC1/aah5114s1.mp4

 

Climat : L’illusion du contrôle

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Il s’agit de l’espérance d’une probabilité de réussite personnelle inappropriée plus élevée que la probabilité objective ne le justifierait.

Ellen Langer, dans son ouvrage « Illusion of Control » (1975), montra que les individus, dans des situations variées, se comportent comme si les chances de parvenir à un but précis étaient sous leur contrôle. En d’autres termes Langer indiqua que les « indices de compétence » dans une situation de choix ou de compétition étaient systématiquement surestimés et conduisaient à des approches intellectuelles ou manuelles défiant les lois les plus basiques de la probabilité. L’un des exemples fameux qu’utilisa Langer pour exposer le comportement totalement fallacieux et typiquement humain tendant à défier les probabilités est la manière dont un joueur de crap dans un casino lance les dés sur la table. S’il essaie d’obtenir des nombres élevés (de 4 à 6) il lancera les dés plus énergiquement que s’il désire des nombres faibles, de 1 à 3. Ce comportement défie le bon sens statistique et il porte donc le nom d’illusion du contrôle.

On retrouve ce type d’attitude illusoire avec la théorie de l’effet de serre du CO2 et l’échafaudage du principe (dogme) du réchauffement climatique. L’humanité toute entière se trouve baignée dans l’illusion du contrôle du climat par des actions et des modifications du mode de vie quotidien permettant d’atteindre ce but. Le climat passé qui a sévi sur Terre – il y eut de longues périodes chaudes suivies de décennies de froidure – échappa totalement au pouvoir humain. L’optimum médiéval favorisa une croissance significative de la population, un bien-être généralisé et par voie de conséquence l’édification des cathédrales en Europe, les migrations des Vikings vers le « Nouveau Monde » ou encore l’arrivée des hordes de Gengis Khan jusqu’en Europe. Ce réchauffement fut favorable à l’agriculture qui permit la disparition des famines à répétition. Cet épisode fut suivi du minimum de Maunder durant lequel, par exemple, la Cour du Roi Louis XIV se gelait dans les galeries du Palais de Versailles. L’atmosphère y était proprement irrespirable car tous ces gens se lavaient parcimonieusement en raison du froid intense.

Quelle put être l’influence de l’activité humaine sur ces deux évènements climatiques puisqu’il n’était alors pas question d’émissions de CO2, de combustibles fossiles, de centrales nucléaires, de CFCs ou d’autres trous d’ozone ? En aucun cas ces deux évènements ne purent être reliés à une quelconque conséquence de l’activité humaine.

Aujourd’hui l’idéologie contemporaine relative au climat a redonné tout son sens à l’illusion du contrôle telle que Langer la décrivit.

Cette illusion est d’autant plus caricaturale quand on prend la peine de rappeler les faits comme je l’ai fait de nombreuses fois, le « on » étant l’auteur de ce blog. Toute cette illusion repose sur le fait que le CO2 est toxique pour le climat et qu’il va durablement modifier ce dernier. Ce n’est pas une affirmation illusoire et provenant de mon imagination mais elle s’appuie sur des travaux scientifiques incontestables respectant les lois fondamentales de la physiques qu’il serait vain de contester.

Pour ce qui concerne le climat l’illusion du contrôle du climat est évidente dans la mesure où grâce à la signature isotopique des combustibles fossiles (rapports C-12/C-13) les activités humaines ne contribuent qu’à hauteur de 5 % pour l’ensemble de ce CO2, soit à peine 20 parties par million. Il est illusoire d’imaginer obtenir une modification de l’évolution naturelle du climat en imposant de repenser globalement le mode de vie de l’Humanité.

L’Humanité n’a aucun pouvoir pour tenter de modifier l’évolution du climat. Cette évolution ne dépend que des cycles de l’activité magnétique du Soleil dont on a récemment précisé mathématiquement la périodicité passée à l’aide d’un modèle donc vérifié pour les épisodes climatiques extrêmes passés, modèle qui prévoit, au contraire de ce que les prévisions de l’IPCC laissent envisager dans l’illusion, un refroidissement progressif et dévastateur des conditions climatiques au moins hors des zones intertropicales. La campagne d’intoxication planétaire relative à la crise climatique aurait fait les délices de l’esprit analytique d’Ellen Langer, bien que n’étant qu’une psychologue. L’Humanité toute entière, à son corps défendant, doit s’engager dans une mutation fondamentale de ses modes de vie afin de « sauver » le climat. Un illusion, le climat ne peut pas être contrôlé sinon très localement, car il dépend du comportement du Soleil ! Que faire contre les modifications du champ magnétique solaire ? Lancer les dés avec plus de conviction ?

Voilà en résumé cette chimère dans laquelle s’engagent aveuglément les nations, comportement qui leur sera hautement dommageable quand adviendra le grand refroidissement prévu pour les années 2020-2025 et qui durera jusqu’en 2100. Bon courage dans l’illusion …

https://en.wikipedia.org/wiki/Illusion_of_control , illustration Ellen Langer

https://bobtisdale.files.wordpress.com/2015/11/tisdale-on-global-warming-and-the-illusion-of-control-part-1.pdf

Note : le deuxième lien renvoie à l’ouvrage de Bob Tisdale en accès libre relatif à la question du changement climatique.