La votation suisse : les écolos enfin à visage découvert !

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L’agence de presse suisse ats (dépêche du 30.11.2014 08h27) a enfin dévoilé le caractère malthusien nauséabond des écologistes. Je cite :

Votations: trois initiatives promises au moins à un succès d’estime

Les Suisses disent ce dimanche s’ils veulent limiter drastiquement l’immigration, abolir les forfaits fiscaux et contraindre la Banque nationale à miser sur l’or. Le verdict tombera dans l’après-midi. Les sondages donnent ces trois initiatives perdantes, mais des surprises ne sont pas exclues.

Le texte de l’association Ecologie et population (Ecopop), qui sonne comme une redite de l’initiative contre l’immigration de masse, a soulevé le plus de passions. Il limite la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2% sur une moyenne de trois ans. Il exige en outre que 10% des fonds de l’aide au développement aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.

Pour convaincre, les partisans de l’initiative « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles » ont brandi le spectre d’une Suisse à 12 millions d’habitants, à la nature bétonnée, aux trains bondés, aux loyers revus à la hausse et aux services sociaux surchargés. Les opposants, de gauche comme de droite, dénoncent de fausses réponses à ces problèmes et une atteinte fatale aux accords bilatéraux avec l’UE. (…)

Ben voyons ! On est enfin clairement fixé sur les visées des écolos : ce ne sont ni le climat ni les OGM ni l’uranium qui les met mal à l’aise mais la surpopulation « pauvre ». Beau programme même si on est en Suisse, un véritable scandale !

Nouvelles chroniques japonaises # 4

1 Encore de belles magouilles en vue

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Le gouvernement français a sainement et logiquement imposé des détecteurs de fumée dans les logements privés à partir de 2015. C’est une bonne décision mais qui va certainement faire des heureux, les petits malins qui vont se lancer immédiatement dans ce marché hautement juteux avec la bénédiction de leurs potes politiciens. Jusqu’à ce jour les détecteurs de fumée ne sont obligatoires que dans les locaux publics et professionnels, question de sécurité oblige. Par contre pour son logement, le propriétaire ou le locataire n’était pas tenu d’installer un détecteur à moins d’être un paranoïaque de la sécurité. Ces dispositifs émettent une alarme sonore quand de la fumée vient perturber l’ionisation normale de l’air due au rayonnement alpha émis par quelques centaines de nanogrammes (milliardièmes de gramme) d’américium. La présence de fumée ralentit le mouvement des ions entre les deux électrodes du détecteur par rapport à une chambre d’ionisation témoin. Ces appareils simples à installer au plafond – ils sont pratiquement tous munis d’une surface adhésive – fonctionnent avec des piles de longue durée et il ne faut naturellement pas oublier de changer la pile régulièrement. Cette disposition constitue donc aussi une aubaine pour les fabricants de piles dans la mesure où dans des pays comme la Grande-Bretagne on estime que plus de la moitié des détecteurs ne sont plus fonctionnels car les piles sont déchargées depuis des années. Si le détecteur de fumée d’un modèle ancien n’émet pas un signal quand les piles sont déchargées inutile de dire que ce n’est plus qu’un ornement inutile au milieu du plafond.

Au Japon les détecteurs de fumée sont obligatoires depuis 5 ans, un détecteur par pièce, les piles installées ont une durée de vie de 10 ans et en cas d’absence d’énergie, le détecteur émet un signal sonore mais encore faut-il être présent dans la pièce pour le noter. Afin d’être certain que tout fonctionne bien, un petit bouton est accessible et si on appuie sur ce dernier, le détecteur se met à parler et dit quelque chose comme « tout va bien, merci » …

Si l’ensemble des logements de France doivent être équipés de ce type d’accessoire, autant choisir le modèle dernier cri.

2 Les médicaments over-the-counter

Les drugstores, ça n’existe pas en France et on se demande bien pourquoi, mettent ici au Japon à la disposition des consommateurs toutes sortes de médicaments dont une boite de sachets de poudre à consommer avec une boisson non alcoolisée, c’est préférable, pour combattre les premiers effets de la grippe ou d’un gros rhume. Cette « spécialité » est très abordable financièrement (800 yens pour 44 sachets, soit moins de 7 euros) puisque non prescrite par un médecin et non remboursable, elle s’appelle « Pabron’s Gold Tablet » :

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Naturellement ce produit est accompagné d’une longue notice d’utilisation et de mises en garde diverses et ce n’est pas surprenant si on se penche sur les ingrédients. Acetaminophen (ou paracetamol) 300 mg, bromhexine (mucolytique) 4 mg, dihydrocodéine 8 mg, noscapine (opioïde proche de la codéine) 16 mg, methylephedrine (décongestionnant dérivé de l’éphédrine) 20 mg, lysozyme (enzyme lysant les bactéries se trouvant entre autres excrétions dans les larmes) 30 mg, carbinoxamine (antihistaminique) 2,5 mg, caféine 25 mg, vitamines B1 et B2 … Avec tout ça on est paré pour survivre à une bonne attaque grippale. Et comme on n’a pas le droit d’aller travailler si le test du virus de l’influenza est positif – 5 minutes dans n’importe quel hôpital – et que cette absence au travail n’est pas décomptée des congés de maladie, autant dire qu’une bonne grippe qu’on peut avantageusement soigner avec un gargarisme au rhum des îles françaises de la Caraïbe permet de s’offrir une journée cool chez soi. Par contre trouver du rhum blanc de la Guadeloupe à Tokyo relève du parcours du fantassin de samouraï.

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Billet d’humeur politique

 

C’est parfaitement incongru de s’intéresser à la politique française quand on se trouve dans une île perdue à mille kilomètres au sud de Tokyo en plein Océan Pacifique faisant partie de l’archipel des Ogasawara, patrimoine mondial … Mais j’avais une furieuse envie de commenter cette ineptie parmi tant d’autres du gouvernement socialo-écolo-marxiste au pouvoir en France, pour son plus grand malheur, je veux dire celui de la France, à propos des jours de carence lors de congés de maladie. La suppression de l’unique journée de carence dans la fonction publique – il y en a 3 dans le privé – est à l’évidence une mesure électoraliste car qui reste-t-il dans l’Hexagone pour voter socialo-écolo-marxiste sinon les fonctionnaires ? Alors, le gouvernement, en dépit de la situation catastrophique de la Sécurité sociale, a supprimé cette mesurette qui a permis, un seul jour de carence faut-il le rappeler, d’économiser 6 jours de congés maladie par an en moyenne pour l’ensemble de la fonction publique : 34 en 2007, 40 en 2013. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, il n’y a même pas besoin de les commenter sinon pour ajouter que les fonctionnaires sont des tire-au-flanc, entretenus par les travailleurs du secteur privé, qui profitent du système de protection sociale mis en place par le gouvernement de Vichy et abondé par le parti communiste en 1945, un schéma de société dans lequel la France vit toujours et s’y complait.

Si on prend la peine de lire le dernier article de la Fondation IFRAP on est stupéfié : 40 % des agents de la fonction publique ont bénéficié à tors ou à raison d’un congé de maladie en 2013. La suppression du jour de carence a entrainé une augmentation des congés de maladie « pour convenance personnelle » de courte durée, du genre week-end prolongé, suivez mon regard ! Quand on sait que la situation du machin pétainiste de couverture sociale est au bord de la banqueroute et que les fonctionnaires en sont les principaux responsables, il serait urgent d’au moins aligner le régime des fonctionnaires sur celui du secteur privé. On s’apercevrait alors comme par magie qu’il y a beaucoup trop d’employés dans le secteur public si tout le monde était normalement au travail comme par exemple à l’Educ Nat où il est bien connu qu’à un instant donné, plus du tiers des agents est absent pour toutes sortes de raisons aussi ubuesques les unes que les autres.

Le problème évident est que ce sont des fonctionnaires qui contrôlent des fonctionnaires, comme ce sont des politiciens qui contrôlent des politiciens. Décidément la France est bien malade de sa fonction publique et elle ne s’en remettra pas …

Et puisque je séjourne au Japon, j’en profite pour rappeler que dans ce pays le nombre de jours de congé-maladie avec salaire est limité à six par an, vous avez bien lu : six jours par an. Au delà l’arrêt de maladie est décompté des congés payés (21 jours par an) et au cas où il devrait se prolonger jusqu’à épuisement des congés payés, sans assurance-maladie complémentaire prenant ce risque en charge, il n’y a plus aucun revenu perçu.

Source : IFRAP

Pendant ce temps-là Thevenoud est toujours député et l’ensemble de l’Assemblée Nationale est complice de ses forfaits pour lesquels n’importe quel citoyen serait proprement mis en prison !

Comment l’ocytocine (l’hormone de l’amour) peut aider à traiter l’angoisse ?

 

Le « conditionnement » à la peur est un phénomène psychologique bien décrit dans la littérature spécialisée. Quand on a par exemple été victime d’un accident de la circulation, le moindre crissement de pneus ravive immédiatement des souvenirs désagréables. Certains sons ou images restent intimement gravés dans la mémoire et sont interconnectés avec les régions du cerveau impliquées dans la peur, l’angoisse ou la souffrance. Et cette mémoire des signaux nous met dans une situation dont la finalité est de fuir le danger ou de se protéger instinctivement. La réécriture dans le cerveau d’autres évènements ayant une signification inverse de celle de l’expérience passée de la peur n’efface pas complètement cette information et toute perception d’un danger ravive la « vieille » peur toujours présente. La peur dite ancestrale des araignées ou des rats est-elle transmise génétiquement ? Nul ne le sait, mais ce qui vient d’être précisé à l’Université de Bonn en Allemagne permet de préciser le mécanisme de ce qu’on appelle « l’extinction » progressive de la mémoire de la peur qui reste l’une des causes premières de l’anxiété quand ce processus d’extinction est partiellement déficient.

La maîtrise de cette « extinction » des souvenirs de peur constitue l’un des traitements centraux de l’anxiété. Par exemple une personne éprouvant une phobie non maîtrisable des araignées peut se soumettre à une sorte d’apprentissage lui permettant de réduire et de maîtriser cette phobie. Après s’être familiarisé avec des araignées – en images ou en courtes vidéos – le sujet peut finalement arriver à tenir une tarentule dans sa main, ayant appris ou plutôt pris conscience lors de cet apprentissage que la tarentule est une araignée certes repoussante mais tout à fait inoffensive. C’est cette maîtrise consciente du danger qui permet une guérison. Cependant l’apprentissage est très long et une rechute est toujours à craindre car la mémoire a gardé quelque part des traces de la peur originale. Le phénomène d’extinction n’est pas total comme lorsqu’on « écrase » un fichier avec un autre fichier dans un ordinateur. C’est la raison pour laquelle les thérapeutes cherchent à améliorer ce processus d’extinction afin de pouvoir mieux traiter des patients maladivement anxieux car l’anxiété ne concerne naturellement pas que les araignées !

L’hormone de l’amour ou ocytocine (voir le billet de ce blog du 13 octobre 2014) est aussi un puissant anxiolytique et c’est dans cette direction que des scientifiques du département de psychiatrie de l’Université de Bonn ont cherché à comprendre le mécanisme de la peur, sa mémorisation et le processus d’extinction. L’équipe dirigée par le Professeur René Hurlemann a exploré la réponse du cerveau au conditionnement pavlovien de l’extinction de la peur et de l’anxiété et parallèlement l’effet de l’ocytocine sur ce processus. Les sujets anxieux présentent en effet une sorte de découplage entre l’amygdale, première région du cerveau et le cortex préfrontal, l’autre région du cerveau, impliquées dans le « traitement cérébral » de l’anxiété. Etudier un effet de l’ocytocine est en effet relativement aisé dans la mesure où l’administration de cette hormone polypeptidique se fait par simple spray nasal. En effet l’ocytocine parcourt le trajets des nerfs olfactifs directement en contact avec l’extérieur et se retrouve immédiatement dans le cerveau sans pour autant que l’hypophyse ait participé à cet effet.

Soixante-deux sujets de sexe masculin en bonne santé, c’est-à-dire ne présentant pas de problèmes psychologiques et n’ayant pas utilisé de substances psychotropes, constituant un échantillon homogène selon une série de critères socio-économiques et non fumeurs, ont été choisis en les laissant dans l’ignorance de la nature des tests auxquels ils seraient soumis. Au cours du conditionnement des stimuli visuels neutres ou accompagnés d’une décharge électrique construisaient par effets répétés un réflexe dit de Pavlov en associant une image à l’aspect défavorable avec une décharge électrique. Cette première partie du test consistait donc à conditionner les sujets selon la terminologie de Pavlov.

La moitié des sujets étaient ensuite traités avec un spray nasal d’eau saline isotonique, les témoins placebo, ou d’une solution saline contenant de l’ocytocine. On leur faisait endurer une nouvelle série de tests mais en les soumettant également à une analyse par imagerie en résonance magnétique nucléaire fonctionnelle. Comme dans la première partie du test les images étaient montrées à l’aide d’un visionneur tridimensionnel attaché au visage comme ceux utilisés dans certains jeux vidéo. L’imagerie fonctionnelle fut basée sur le contraste dépendant du taux d’oxygène sanguin, une approche devenue maintenant classique pour suivre l’activité cérébrale. Durant la phase d’extinction plusieurs régions du cerveau semblent coopérer et cette activité est commandée par la partie droite de l’amygdale. Ce couplage fonctionnel n’est évident que durant la phase précoce de l’extinction. L’ocytocine amplifie ces connexions en particulier avec le cortex préfrontal droit mais réduit sensiblement l’activité au niveau de l’amygdale droit, le centre de la peur bien que cette même hormone ait tendance à exacerber la réponse à la peur des chocs électriques au début de la phase d’extinction.

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Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles thérapies pour les sujets chroniquement anxieux d’autant plus que l’ocytocine peut également faciliter l’échange entre le patient et le médecin traitant et ainsi augmenter les chances de succès du traitement.

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Dans les deux illustrations ci-dessus d’imagerie fonctionnelle par résonance magnétique basée sur la consommation d’oxygène les taches colorées résultent de la différence de contraste calculée entre les sujets traités avec de l’ocytocine (OXT) ou un placebo (PLC). Une région du cortex préfrontal droit (PFC) est fortement activée en présence d’ocytocine (ocytocine > placebo) alors qu’au contraire l’amygdale droit est moins activé en présence d’ocytocine (ocytocine < placebo). Ces résultats montrent pour la première fois quelles sont les régions du cerveau directement impliquées dans la perception de la peur, l’amygdale, et dans le processus d’extinction, le cortex préfrontal, et le rôle de l’ocytocine dans ces deux fonctions. L’exploration fine du fonctionnement du cerveau réserve donc encore bien des surprises !

Source : Biological Psychiatry ( http://dx.doi.org/10.1016/j.biopsych.2014.10.015 ) article aimablement communiqué par le Professeur René Hurlemann qui est vivement remercié ici, illustration tirées de l’article.

Demain jeudi 27, en route pour Chichi Jima

Demain jeudi 27, en route pour Chichi Jima

Mes chers lecteurs, ne soyez pas étonnés si vous n’aurez pas de grain à moudre demain 27 novembre. Je voguerai en effet entre le port de Tokyo et l’île de Chichi Jima (qui fait partie de la municipalité de Tokyo) pour y retrouver le temps d’une semaine un climat serein et presque tropical. J’espère pouvoir me livrer à l’observation des poissons de récif dans une eau presque chaude et me prélasser sur une plage de sable corallien blanc comme de la neige … Je vous raconterai, mes récits à venir feront partie de mes chroniques japonaises.

Nouvelles chroniques japonaises # 3 Visite de E. Macron à Tokyo

Le ministre français des finances E. Macron est arrivé à Tokyo tout fringant sous la pluie, mais oui et il pleuvra aussi mercredi 26 novembre, après avoir fait une première erreur, aller d’abord à Séoul avant de venir vanter l’Abenomics au Japon qu’il veut voir repris en France. On se demande s’il sait de quoi il parle. Apparemment il ignore que le Japon a une banque centrale, ce qui n’est pas le cas de la France. Il ignore aussi qu’une bouteille de vin français coute à peine plus cher qu’en France alors qu’il parle des droits de douane mis en place par le Japon pour protéger son économie. S’il n’y a que très peu de voitures françaises au Japon c’est tout simplement parce que le service après-vente est désastreux.

Cerise sur le gâteau, Macron parle d’une « ouverture totale et réciproque des marchés publics ferroviaires » entre la France et le Japon. On voit que Macron, qui ne prendra certainement aucun train ni métro à Tokyo durant son séjour éclair ne sait pas de quoi il parle. Le Shinkansen est l’ancêtre du TGV et à la gare de Tokyo les trains à grande vitesse partent ou arrivent à la seconde près. Ils sont propres et confortables même s’ils ont 40 ans d’age ! Les toilettes fonctionnent, il y a un service de restauration à la place, un écran de télévision discret indique où le train se trouve lors d’un trajet. J’attendais la Yamanote aujourd’hui à la station de Kanda et les trains à grande vitesse passaient tout près au rythme d’un train toutes les deux minutes allant ou revenant du nord de l’île de Honshu. De plus il n’y a jamais de grèves au Japon, ce n’est tout simplement pas dans la culture nippone. Comment la France peut-elle vendre des trains au Japon ? Je me le demande, elle qui n’a jamais été foutue de vendre la moindre rame de TGV. Que les Français se limitent au vin et aux fromages mais que ces derniers soient d’excellente qualité, ça suffira largement. Quant à « la loi sur l’activité et l’égalité des chances » dont Macron s’est félicité, d’ailleurs je ne sais pas de quoi il s’agit, qu’il aille donc voir les chantiers de construction où des septuagénaires coulent du béton et forment des jeunes au métier. C’est quoi l’égalité des chances ? Simplement que la France va encore plus s’enfoncer avec des incompétents pareils au pouvoir. Heureusement que Macron n’a pas parlé de la dette japonaise, la dépêche d’agence (AFP 25 novembre 13h17) ne le dit pas, mais dans le genre records avec les hors-bilans la dette de la France cumulée aux dettes des régions et communes bat tout simplement celle du Japon puisqu’elle frise les 300 % du PIB … Pas de quoi se vanter.

Des rats démineurs au secours de l’humanité

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Quand je suis arrivé à Narita dimanche dernier (le 16 novembre) il y avait une escouade de douaniers avec des chiens renifleurs, comme les avions du temps de Giscard, dont la mission était de détecter un bagage suspect contenant éventuellement de la drogue. Eduquer un chien pour sentir de la coke ou une autre drogue illicite est un travail harassant et de longue haleine, un peu comme un paysan des coteaux cévenoles apprend à son meilleur ami à trouver des truffes. Il faut procéder à une longue éducation dont le fil directeur est la récompense en cas de succès. Mais qu’en est-il de l’autre commensal de l’homme depuis des temps immémoriaux, je veux évoquer le rat ? On va donc ici parler de Gatuso. Ce n’est pas une star du foot-ball ni du show-bizz, il s’agit d’un rat et pas n’importe quel rat puisque l’on considère qu’il est une star dans son domaine, la détection de mines anti-personnelles. C’est vrai et c’est beaucoup moins compliqué et couteux d’éduquer des rats plutôt que des chiens et passons sur les interventions humaines à haut risque dans les opérations de déminage. Le chien présente un gros inconvénient dans la détection des mines qui infestent les campagnes du Sud-Soudan, de la Somalie ou encore de l’Angola et de bien d’autres pays puisqu’on estime qu’en Angola seulement il reste quelques 15 millions de mines dispersées dans des campagnes tout à fait aptes à produire de bonnes récoltes mais complètement désertées en raison des risques encourus si on tente d’aller dans ces no-man’s lands dûment signalés par des panneaux rouillés. Les chiens sont trop lourds et un coup de patte quand ils ont reniflé l’odeur du TNT (trinitrotoluène pour les intimes) les transforme en viande pour chat avec les quelques 10000 dollars qu’a coûté l’apprentissage.

Pour une somme encore conséquente (8000 dollars) il est plus rapide d’éduquer un rat, pas n’importe quel rat puisqu’il s’agit du Cricetomys gambianus, excusez du peu, qui va détecter presque infailliblement la présence de relents infimes de TNT dans un champ envahi d’herbes hautes depuis des années car il s’agit d’un endroit interdit en raison de la présence de mines anti-personnelles redoutables pour tuer ou mutiler des innocents. Ce sont les restes d’une longue guerre civile qui se termina il y a plus de douze ans en Angola et qui laissa entre dix et vingt millions de mines anti-personnelles un peu partout dans le pays. C’est originellement une idée de Bart Weetjens, un designer belge un brin excentrique et bouddhiste à ses heures perdues, que d’utiliser des rats plutôt que des chiens dans ce délicat travail. Le rat géant à bajoues fut choisi et Bart créa une petite société il y a une douzaine d’années dans le but d’entrainer ces rats à la recherche de mines ( apopo.org ). Jusqu’à ce jour le déminage avec des rats est un succès en Tanzanie comme en Angola. Dans ce dernier pays, 27 rats sont d’ors et déjà opérationnels avec un staff de 12 personnes bien entrainées. Ce projet a été financé par la Norvège et développé spécialement dans les alentours de Catamenda à 400 km de Luanda pour restituer aux villageois de bonnes terres arables où ils ne peuvent aller cultiver quoi que ce soit depuis la fin de la guerre civile.

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Mais revenons à Gatuso (photo ci-dessus). Il a en charge une vingtaine d’hectare de terrain recouvert d’herbes hautes et de restes de plantations de manioc. Son manager, un certain Austragildo Freitas, ancien combattant de la guerre civile qui s’occupe de déminage depuis douze ans, emmène Gatuso et ses collègues démineurs dans son 4 x 4 et aime à dire fièrement que Gatuso a trouvé plus de mines que Lionel Messi a marqué de buts ! Les meilleurs moments de la journée sont le matin et en soirée quand la température n’est pas trop élevée. L’idéal serait de faire travailler les rats la nuit car ce sont des animaux aux mœurs nocturnes mais il faudrait alors éclairer le terrain ce qui compliquerait considérablement l’opération. Gatuso a déjà localisé plus de 1300 mines et ce qu’il préfère comme récompense est une bonne banane mais certains de ses collègues démineurs ont un penchant pour des cacahuètes ou d’autres friandises locales beaucoup moins coûteuses que la nourriture pour chiens qu’il faut importer.

Il reste encore de par le monde une soixantaine de millions de mines réparties dans 65 régions ou pays du globe, un aspect terriblement sordide du comportement humain, privant des centaines de millions de personnes de bonnes terres agricoles. On estime que les gouvernements variés bellicistes que je ne nommerai pas ici disposent encore de près de 100 millions de mines alors que l’usage de ces petits objets mortels est interdit ! Heureusement que les rats sont là pour, cette fois, améliorer la vie de quelques humains …

Source : Forbes et APOPO. Illustrations APOPO

Les « trans-fats » altèrent les performances intellectuelles

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L’une des premières communications scientifiques du congrès de l’American Heart Association de cet automne a décrit les dommages induits par la consommation d’acides gras « trans » sur la mémoire non plus des personnes du troisième âge mais des hommes de moins de 45 ans. L’étude a en effet été réalisée sur un échantillon de 1000 hommes par la faculté de médecine de l’Université de San Diego et indépendamment de critères tels que l’âge, l’éducation, l’origine ethnique ou même un état dépressif, la consommation d’acides gras trans a systématiquement altéré l’aptitude de ces personnes à réussir un test simple de mémorisation de mots écrits sur 104 cartes différentes.

Le test pourtant très simple consistait à retrouver les mots dupliqués dans cette collection de cartes. Le régime alimentaire de chacun des sujets a été épluché soigneusement pour déterminer la quantité d’acides gras trans dans leur alimentation. Il s’est avéré que plus la quantité d’acides gras trans consommés était élevée plus le nombre d’erreurs augmentait. Or on sait que les acides gras trans perturbent le métabolisme énergétique cellulaire et amplifie le stress oxidatif. Dans le Laboratoire du Docteur Beatrice Golomb il a été aussi montré récemment que le chocolat noir réduisait ce stress oxidatif et améliorait les fonctions cognitives. Avec les acides gras trans c’est exactement le contraire qui se produit. Or on sait maintenant que ces acides gras sont mal reconnus par l’organisme et favorisent le développement de maladies cardiovasculaires, d’obésité et de cancers.

Pourtant les industriels de l’agro-alimentaire continuent à les utiliser dans de nombreux produits alimentaires pré-cuisinés, dans les fast-foods, les pizzas congelées, les crèmes en tout petits pots qu’on ajoute à son café qui n’ont plus rien à voir avec de la vraie crème et bien d’autres produits industriels.

Le Docteur Golomb n’y va pas par quatre chemins en déclarant, je cite : « Les trans-fats se sont avérées très étroitement liées à une dégradation de la mémoire chez des hommes jeunes en pleine activité professionnelle. Du point de vue de la santé la consommation de trans-fats a été liée à un surpoids, à plus d’agressivité et à des troubles cardiaques. Comme je le dis à mes patients, les trans-fats augmentent peut-être la durée de vie de certains aliments sur les linéaires des supermarchés, mais elles réduisent la durée de vie des gens ». Une étude similaire réalisées sur des femmes ménopausées a montré les mêmes résultats catastrophiques et une autre étude est en cours sur un échantillon de femmes de 20 à 45 ans pour préciser si on observe les mêmes effets en relation avec leur statut hormonal différent. Les acides gras trans ou trans-fats proviennent essentiellement du processus d’hydrogénation des triglycérides permettant d’obtenir une matière grasse solide à la température ambiante (margarine) contrairement aux huiles et largement utilisée dans la préparation de nombreux produits alimentaires pré-cuisinés ainsi que de nombreuses pâtisseries.

Bon appétit !

Source : American Heart Association et http://newsroom.heart.org/file?fid=544fa4e7ee750e20dd007750, illustration : margarine (Wikipedia).

Nouvelles chroniques japonaises # 2 : la veuve noire

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Une sexagénaire bon-chic-bon-genre a été arrêtée mercredi dans la banlieue de Kyoto pour assassinat. À 67 ans cette respectable veuve, riche de surcroit puisque sa fortune est estimée à près de 6 millions d’euros, est poursuivie pour l’assassinat avec du cyanure de son dernier époux en décembre dernier à peine deux mois après l’avoir épousé … en septièmes noces ou presque ! L’autopsie avait révélé des concentrations conséquentes de cyanure dans le sang du défunt. Chisako Kakehi, à peine deux mois avant d’épouser son dernier époux, se payait du bon temps avec un septuagénaire de 8 ans son aîné. Celui-ci se trouva subitement malade après un bon dîner dans un restaurant, tellement malade qu’il en mourut.

L’enquête menée par la police, s’intéressant au passé de cette ancienne employée de banque, a finalement soupçonné sinon acquis pour partie la certitude que cette femme était une empoisonneuse en série depuis vingt ans et qu’elle avait accumulé sa fortune sous forme d’assurances vies et de donations de ses divers époux et amants. Son premier mari mourut à l’âge de 54 ans en 1994, c’est un peu prématuré pour un Japonais, et Chisako eut peut-être la révélation consistant à vite se remarier, capter les biens de son nouvel époux et de s’en débarrasser le plus promptement possible pour arrondir ses fins de mois d’employée de banque anonyme. Son deuxième mari rencontré par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale mourut quelques années après leurs épousailles d’une hémorragie cérébrale. L’histoire ne dit pas si ce fut à la suite d’un empoisonnement. Dans le doute on ne peut pas accuser cette dame d’un premier (ou d’un deuxième) assassinat et ce d’autant plus que l’incinération est une pratique courante au Japon et qu’il ne reste plus aucunes traces de ces deux hommes. À peine remariée, son troisième mari mourut lui aussi soudainement en 2008. Le vieil homme avait seulement 75 ans. Ayant peut-être peur de la solitude, peu de temps après son troisième veuvage, cette femme, visiblement attirée irrésistiblement par les hommes peut-être pas tout à fait pour les raisons qu’on imagine, se trouva un amant mais leurs amours ne durèrent que quelques mois car le malheureux, qui souffrait d’une forme de cancer non encore précisée par l’enquête réouverte pour la bonne cause, mourut dans un accident de moto. L’autopsie qu’on pratiqua pour apaiser la compagnie d’assurance comme elle est en droit de l’exiger révéla des traces de cyanure dans son sang. Ça se passait en 2012. D’après la dépêche d’agence il semblerait qu’elle ait eu amplement le loisir de refroidir un autre amant après l’accident de moto du précédent et avant de se remarier pour la cinquième fois en justes noces, mariage qui ne dura que quelques mois puisqu’il se termina fâcheusement par une bonne dose de cyanure qui lui fut tout aussi fatale qu’à son mari puisqu’elle risque la peine de mort.

La police de Kyoto n’a pu que constater que la Dame Kakehi clamait son innocence et qu’elle avait grandement souffert de la mort de tous ces hommes qu’elle avait sincèrement aimé. S’il s’avérait que cette respectable femme est coupable d’assassinats en série lui ayant permis de devenir millionnaire, ce qui est maintenant hautement probable, elle serait la plus prolifique des veuves noires qu’ait connu le Japon. Reste à expliquer pourquoi les hommes se précipitaient vers elle … possiblement par attrait de l’argent, mais l’information ne le dit pas puisqu’ils sont tous morts.

Source : Agence Jiji

En un baiser de 10 secondes 80 millions de bactéries passent d’une bouche à l’autre !

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Si les oiseaux, les primates et encore certains poissons ont pour coutume de pratiquer le bouche-à-bouche pour diverses raisons, les hommes et les femmes sont les seuls à se livrer à des baisers intimes impliquant le plein contact des langues et l’échange de salive. Ce comportement résulte d’une adaptation du comportement de séduction unique au genre humain. Cette attitude est responsable d’un échange de bactéries et de virus présents dans la cavité buccale mais cet aspect microbiologique du baiser intime n’avait jamais été étudié en détail jusqu’à cette étude réalisée à l’Université d’Amsterdam et parue dans le périodique Microbiome disponible on-line : http://www.microbiomejournal.com/content/2/1/41

Inutile d’épiloguer sur l’importance sociale du baiser mais il faut rappeler quelques faits. Le baiser intime constitue la première étape du rapprochement entre deux êtres. Le premier baiser est une sorte de ballon d’essai pour détecter une éventualité de rapprochement impliquant plus que ce rapprochement des lèvres et des langues, les baisers suivants étant destinés à affermir une relation future mais l’apparition du désir sexuel ne s’explique que par la production encore une fois d’ocytocine, l’hormone de l’amour, le baiser étant une source de plaisir, personne ne peut le nier. Quant à la détection des saveurs chimiques de la salive, il y a bien longtemps que nous avons perdu cette faculté de discernement de la nature de la communauté bactérienne de la surface de la langue. Une autre hypothèse de l’utilité du baiser serait que l’acquisition du cytomegalovirus avant la conception aurait pour but de protéger le fœtus lors d’une grossesse future en accélérant une forme d’immunisation de la future mère contre ce virus pouvant provoquer des dommages sérieux au fœtus.

La cavité buccale renferme environ 700 bactéries différentes, la plupart vivant en anaérobiose. L’étude relatée dans ce billet concernait 21 couples dont deux couples homosexuels. Des échantillons de salive et des prélèvements du film bactérien lingual ont été analysés par séquençage de l’ARN ribosomique, soit un total de 84 échantillons. L’espèce bactérienne la plus présente et la plus abondante est un Streptocoque. Les autres bactéries prédominantes sont Rothia, Neisseria, Granulicatella, Haemophilus, Gemella, (Lactobacillus), Actinomyces, Veillonella, Fusobacterium, Prevotella, Leptotrichia, Porphyromonas, Oribacterium et Campylobacter dans l’ordre de l’illustration en fin de billet. Toutes sont connues pour être présentes dans la bouche. La première information est que les couples stables partagent une flore microbienne buccale quasiment identique et l’homogénéité de cette flore est atteinte et maintenue avec une dizaine de baisers quotidiens. L’équilibre de la flore d’un individu évolue rapidement après un baiser en raison de l’apport d’autres bactéries par le (la) partenaire. L’étude a tout de même montré que pour maintenir dans un couple une identité de la communauté microbienne buccale il fallait que ces couples s’embrassent au moins toutes les 100 minutes !

Pour évaluer la vitesse de transfert de bactéries au cours d’un baiser, le protocole le plus simple a été de demander à l’un des membres du couple de manger un yaourt ou un lait fermenté contenant un probiotique comme par exemple un Lactobacillus (delbrueckii bulgaricus) facilement reconnaissable. Après avoir mangé un yaourt, la flore buccale du « donneur » contenait entre 7 et 12 % de Lactobacillus et après un baiser de 10 secondes, celle du « receveur » contenaient environ 0,5 % de Lactobacillus. En considérant que les prélèvements contenaient jusqu’à deux milliards de Lactobacillus par millilitre de salive il a pu en être déduit qu’un baiser de 10 secondes permettait aisément le transfert de 80 millions de bactéries ! Enfin, la nature des bactéries localisées sur la langue présente une remarquable stabilité au cours de la journée ainsi qu’entre partenaires d’un même couple mais ce n’est pas tout à fait le cas pour la salive.

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Petite explication de l’illustration. Partie supérieure : résumé du protocole d’étude du transfert de bactéries au cours d’un baiser durant 10 secondes. Les échantillons sont prélevés avant le baiser (barre bleue), après le baiser (barre rouge). L’un des partenaires ingère 50 ml de yaourt (barre jaune) et après un autre baiser le transfert de Lactobacilles est quantifié chez l’autre partenaire (barre verte). Partie inférieure : abondance relative des dix principales bactéries. Les codes couleurs du protocole se retrouvent : bleu, rouge, jaune ou vert. L’abondance des bactéries est symbolisée par une représentation logarithmique imagée par des couleurs de froides vers chaudes selon l’abondance. On remarque que le transfert de Lactobacilles pour trois couples différents varie légèrement et que la salive du partenaire II (receveur) du couple III renferme des Lactobacilles avant le baiser de transfert (colonne bleu, saliva) ceci étant indiqué par le rectangle bleu-roi (log égal à 4 soit 10000) alors que ce même lactobacille ne se retrouve pas sur la langue. Un log égal à 12 correspond à mille milliards de bactéries ; tongue = langue.

Embrassez-vous quand vous voudrez pour être en pleine harmonie bactérienne avec votre partenaire … Illustration : A bactéries de la langue, B bactéries de la salive.