« Je ne suis pas vraiment au courant de ce qui se passe en France, de l’évolution de la situation dans les grandes villes, de l’ambiance, du ressenti des différentes composantes de la société française. Je suis resté bloqué 15 ans en arrière mais je ressens quand même un certain malaise en ce qui concerne la décapitation de ce professeur d’histoire-géo (un fait divers en fin de compte un peu plus glauque que d’habitude) et ce qui a suivi.
Alors que le seuil de tolérance des autorités parait illimité quand il concerne ce qui se passe dans les banlieues pauvres françaises et qu’il semble même préférable de minimiser systématiquement la situation voire de carrément l’occulter afin de préserver l’harmonie au sein de la société et de ne pas envenimer une situation qui pourrait facilement dégénérer a la guerre civile, c’est une chose que je peux éventuellement comprendre vu la difficulté du problème. Les mêmes autorités, le même cerveau pensent utile de défendre le droit à caricaturer le prophète d’une religion fortement implantée dans notre pays, justement la religion des résidents des banlieues qu’on ne voulait pas stigmatiser.
Sous prétexte que l’intolérance à la caricature serait une sorte d’obscurantisme, voire de bêtise, ce qu’on a le droit de penser, on risque de mettre le feu a un tas de poudre qu’on semblait vouloir préserver a tout prix. Au prix de la tranquillité d’un nombre toujours plus important de nos concitoyens, au prix de tellement de chose qu’il serait difficile d’en faire la liste exacte.
Je n’ai aucune animosité envers le peuple musulman, au contraire, je suis parfois envieux de cette foi encore vivace, de ce sentiment d’appartenance à quelque chose de plus qu’eux-mêmes, à la communauté des croyants, la Ouma. Etant un agnostique irrécupérable ça me laisse un peu songeur et je pense qu’il est idiot de tuer des gens parce qu’ils ont fait des caricatures, mais il me semble encore plus idiot de blesser la sensibilité d’un peuple sous prétexte qu’on a le droit de le faire, que c’est marrant, qu’ils sont idiots de mal le prendre. Ce sentiment de supériorité me semble vraiment malsain et déplacé ».
Source: https://www.rosenight.net/?p=7807
Note de votre serviteur. L’auteur de ce billet est mon fils puiné. Il vit à Tokyo depuis près de 15 ans, la ville du monde classée au premier rang pour la sécurité. Mon fils s’est, disons, converti au shintoïsme, une philosophie plutôt qu’une religion. Il parle japonais mais je suis incapable d’en juger, lit et écrit (un peu péniblement) le japonais. Au cours de toutes ces années d’exil, si on peut dire les choses ainsi, mon fils a entretenu une solide amitié avec des copains de lycée d’origine maghrébine, la majorité d’entre eux des Kabyles, qui exercent tous aujourd’hui des métiers que beaucoup de Français de souche à 5 générations en arrière peuvent envier.