Après l’amiante, le talc ?

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Jacqueline Fox, une femme qui résidait dans le Missouri après avoir vécu longtemps dans l’Alabama, a été indemnisée à titre posthume par la firme Johnson & Johnson à hauteur de 72 millions de dollars. Cette société produit en effet un talc pour bébés (Baby Powder) que Madame Fox utilisa pendant trente ans pour talquer les parties intimes de son anatomie. Elle mourut d’un cancer des ovaires. La Cour de Justice de St.Louis a établi une relation de cause à effet indubitable après trois semaines d’audience et quatre heures de délibération du jury.

Les membres du jury ont considéré que J&J était coupable de fraude, de négligence et de complot. D’après l’avocat de la famille Fox, J&J mentait depuis 1980 en toute connaissance de cause (à effet). Selon plusieurs études scientifiques incontestables l’usage du talc au niveau du périnée et du pourtour de la vulve n’est pas cancérigène, ni plus ni moins que l’usage du talc au niveau des aisselles. Pour provoquer une irritation des ovaires et ainsi favoriser l’apparition d’un cancer, il faudrait que les particules de talc pénètrent dans le vagin (sans jeu de mot), remontent jusqu’à l’utérus et les trompes de Fallope pour atteindre enfin les ovaires. On n’a encore jamais observé de particules de talc munies de flagelles, suivez mon regard microscopique …

Toujours est-il que deux class-actions sont en cours dans le Missouri et la Floride pour poursuivre J&J et fortes de cette jurisprudence de la Cour de justice de St.Louis il est à craindre que cette firme soit alors lourdement sanctionnée. La dépêche de Reuters ne dit pas combien de dollars les avocats se mettent dans la poche, mais comme ils travaillent au pourcentage, environ 25 % taxes comprises on comprend qu’ils utilisent tous les arguments, y compris les plus fallacieux, pour se rétribuer grassement. Il n’y a pas lieu d’établir un parallèle avec l’amiante car ce minéral, quand il est manipulé avec les précautions adéquates, ne provoque pas de cancers de la plèvre, un fait reconnu et incontestable. Les procès qui ont été intentés aux sociétés commercialisant l’amiante ont toujours omis, au cours des instructions et des délibérations, d’admettre que les travailleurs de l’amiante n’avaient pas (jamais) pris ces précautions élémentaires de protection de leurs voies respiratoires.

Faudra-t-il qu’une mère de famille porte un masque quand elle talquera les fesses de son bébé au cas où le talc devienne par une décision de justice cancérigène pour les poumons ? Et quid de l’enfant ?

Il faut donc s’attendre à une interdiction mondiale du talc alors qu’il s’agit d’un minéral totalement anodin et inoffensif … Cette histoire est néanmoins intéressante car elle révèle la nature d’une société américaine outrageusement judiciarisée avec en corollaire ce genre de jugement totalement anti-scientifique. Mais ce n’est pas que le talc qui finalement ternira l’image de la société américaine puisque la firme Volkswagen vient de se voir signifier une class-action déposée devant le Tribunal de San Francisco et concernant 174 propriétaires de véhicules « fraudeurs ». L’un des objets de la plainte est que VW a délibérément nui à la santé des Californiens, ben voyons …

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Source : Thomson Reuters . Illustration : « Les Plaideurs », la seule comédie de Racine et son plus grand succès. Pour l’affaire VW, source AWP.

Note : Pour la petite histoire une publication datant de 1993 fait état du talc comme carcinogène. Il faut préciser que l’étude a été réalisée avec des rats mâles et femelles qu’on avait forcé à inhaler du talc 6 heures par jours, 5 jours par semaines pendant 113 semaines. Ces pauvres bêtes ont fini par développer de multiples tumeurs essentiellement liées à leur âge dont des tumeurs des ovaires. Ça ne vous rappelle rien ? ( https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12616290 )

On n’arrête pas le progrès, même intime, surtout quand il s’agit de climat !

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Dans le genre innovation on ne pouvait pas faire mieux, le slip pour femmes qui absorbe les règles ! Plus besoin de tampons, plus besoin de balançoires à minettes, tout est dans la petite culotte qui ressemble comme deux gouttes de … à n’importe quelle petite culotte sexy. Et il ne s’agit pas d’un gadget pour obsédée de l’hygiène intime, c’est du vrai, du concret, ça vient de sortir et ça va révolutionner l’hygiène féminine. Justement, parlons-en, l’hygiène féminine réalisera un chiffre d’affaire annuel de 15 milliards de dollars en 2017, business dominé par trois grandes firmes (et quelques autres) Procter&Gamble, Kimberly-Clark et Johnson&Johnson. Il y a bien l’OB à corolle, la Diva Cup et les Tampax vulgaires à ficelle mais ce n’est pas écolo comme par exemple les couches pour bébé lavables dont on est rapidement revenu car elles n’ont rien du tout d’écolo ! Les tampons insérés dans le vagin ont été inventés en 1931 et depuis il n’y a pas eu d’avancées technologiques majeures pour améliorer la qualité de vie des femmes ni faire tomber le tabou des problèmes d’hygiène intime lors des règles. Dans les pays de l’OCDE, 70 % des femmes utilisent des tampons qu’elles doivent insérer dans leur vagin et ce « détail » hygiénique revient à environ 120 dollars par an, aux alentours de 100 euros, et c’est une estimation minimale car certaines femmes doivent utiliser deux tampons par jour, voire plus !

Alors entrons dans le détail de cette innovation qui va révolutionner le bien-être de peut-être des milliards de femmes, il s’agit du THINX, une ligne de petits dessous chics ultra-absorbants, jusqu’à l’équivalent de la limite d’adsorption de deux tampax de taille normale, sans fuites, sans odeurs, sans avoir de sensation d’être « mouillée » ! Ce sont des super-couches-culottes qui ont l’aspect indéniable des petits dessous dont je raffole personnellement, mais je m’égare …

Comment ça se présente ? Comme ça :

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Comment ça marche ? Comme ça :

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Rien qu’aux USA 12 milliards de protège-slip et 7 milliards de tampax se retrouvent dans des décharges d’ordures « ménagères ». La créatrice de ce concept, une dénommée Miki Agrawal, déclare qu’en une année d’utilisation de son invention elle n’a pas contribué d’une ppm à la « carbonisation » de l’atmosphère puisque ses dessous chics magiques peuvent être réutilisés comme n’importe quelle petite culotte chic ou pas chic, une prouesse environnementale ! Entre 24 et 34 dollars par culotte anti-règles, avec sept culottes, soit environ 200 dollars une femme réglée peut non seulement réaliser des économies substantielles puisqu’elle peut aussi porter chaque jour ces dessous chics spéciaux mais contribuer à la sauvegarde de l’environnement ! C’est carrément bluffant de constater que même les femmes modifient le climat avec leurs règles … La nature est vraiment mal faite.

Non satisfaite de son innovation la Miss Agrawal a imaginé un système de douche intime adaptable à n’importe quel bidet ou siège de chiotte, une très pâle copie de ce que les Japonais font de mieux en matière d’hygiène des orifices naturels sub-abdominaux. Allez sur le site de Tushy, ça vaut le coup, c’est totalement surréaliste, à croire que cette mousmée (voir note) n’a jamais mis les pieds au Japon.

Liens pour les lectrices (réglées) de mon blog intéressées par ces hautes technologies :

http://www.tushy.me , http://www.shethinx.com , http://www.shethinx.com/pages/how-it-works , illustrations tirées du site Think. Note : mousmée, terme d’origine japonaise signifiant « fille » a été introduit dans la langue française par Pierre Loti dans son très célèbre roman Madame Chrysanthème (1888).