Obésité, mode d’emploi (pour la Ministre de la Santé)

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J’ai lu un article intéressant il y a quelques jours dans National Geographic en ligne au sujet de l’obésité. On s’est rendu compte que depuis les années soixante, l’obésité considérée comme une maladie et en passe de devenir la première cause de morbidité dans le monde entier, n’était pas uniquement l’apanage des humains. Les marmousets, les chiens, les chats, les rats ont aussi tendance (au moins aux USA) à prendre du poids ! Ce n’est pas parce que Michael Bloomberg a interdit les grands verres de boissons sucrées dans les fast-food de New-York que l’obésité diminuera dans sa ville, ce n’est pas non plus parce que la compagnie Samoa Air surtaxe les obèses dans ses avions (comme RyanAir) qu’il y aura tout d’un coup moins d’obèses dans ce pays, ce n’est pas non plus la fourchette électronique commercialisée par une société de Hong-Kong qui vous prévient que vous mangez trop qui fera que vous ne prendrez pas (ou moins) de poids. C’est en fait une conjonction de divers facteurs qui fait que l’obésité se répand dans le monde entier. On a incriminé des virus (les personnes positives à l’adénovirus 36 sont plus disposées à devenir obèses), les bactéries intestinales, la mal bouffe, les acides gras trans (hydrogénés), le fructose, la sédentarisation, on ne marche plus pour aller travailler, on se pose dans un train, un métro ou une voiture, la lumière, nos ancêtres ne mangeaient pas la nuit, ils se couchaient « comme les poules », l’air conditionné et le chauffage, on dépense moins d’énergie s’il ne fait ni trop chaud ni trop froid, la télévision qui perturbe le sommeil, quand on dort mal on a tendance à grossir, ou encore parce qu’il y a plus de femmes obèses que d’homme, c’est la discrimination entre hommes et femmes qui est fautive, et on peut continuer, le bisphenol A, les pesticides, les hormones et les antibiotiques retrouvés dans la viande et les légumes, 247 molécules chimiques artificielles trouvées dans le sang de cordon ombilical selon une étude danoise. Mais alors pourquoi les Néerlandaises nées en 1944-1945 et ayant subi au cours de leur vie foetale la plus terrible malnutrition qu’aient connu les Pays-Bas au XXe siècle ont mis au monde une génération plus tard des enfants devenus plus souvent obèses que les enfants de celles nées au début des années quarante ou à la fin de cette même décennie. On considère alors que l’obésité est affaire d’épigénétique durablement imprimée au cours de la vie foetale. Bloomgerg, encore lui, prétend que pour éviter l’obésité, il faut appliquer un principe simple de thermodynamique : ne manger que ce dont on a besoin, tout surplus est stocké et on grossit. Ce n’est pas si simple. La qualité de la nourriture est aussi déterminante, mais naturellement aussi la quantité et la quantité d’exercice physique, ce qui revient à considérer que Bloomberg a en partie raison. Mais tout cela est tellement complexe et coûteux pour la société qu’il faudra peut-être attendre une ou deux décennies pour comprendre réellement ce qu’est l’obésité, une maladie multifactorielle. D’ici là bon nombre de systèmes de protection sociale auront fait faillite à cause du coût faramineux de l’obésité évaluée aujourd’hui à mille milliards de dollars par an dans le monde. Il faut vite que le gouvernement français instaure une taxe spéciale pour les obèses afin d’éviter une faillite précipité du système français (obèse) de protection sociale.

Acné ou thrombose pulmonaire, encore un choix cornélien !

Androcur, Diane-35, Lumalia, Minerva, Evepar, Climène, Holgyème … comme ça sonne bien aux oreilles et je suis toujours autant étonné par la créativité des chimistes pour trouver un nom « vendeur » à leurs poisons* ! En réalité il s’agit d’une combinaison de deux contraceptifs largement utilisés pour combattre aussi l’acné et c’est sur ce dernier point que le bât blesse. Ces spécialités, un petit milliard de dollars de chiffre d’affaire encore que les données ne soient pas totalement transparentes pour ce qui est du seul traitement de l’acné, sont notoirement connues pour provoquer des thromboses pulmonaires. Les deux molécules actives, le 17-alpha-éthinylestradiol et la cyprotérone, cette fois un analogue sur-dosé de la progestérone, combinés, présentent des propriétés anti-androgènes chez l’homme avec comme conséquence une diminution de la sécrétion de testostérone (voir un de mes récents billets) et chez la femme des effets contraceptifs reconnus. Mais l’usage de cet anticonceptionnel a été détourné pour combattre l’acné juvénile qui est lié au statut hormonal, tant chez la femme que chez l’homme. Les laboratoires pharmaceutiques se contentent de préciser dans la notice d’utilisation que les personnes « prédisposées aux thromboses veineuses doivent s’abstenir et privilégier un traitement topique de l’acné. Comme c’est dit en termes rassurants, on croirait un curé qui dit à ses ouailles de donner pour la paroisse, le salut de leur âme sera assuré. Naturellement, les suspicions de l’Agence Française du médicament, échaudée par l’affaire du Mediator dont l’usage avait aussi été détourné comme coupe-faim, l’avaient conduite à prendre la décision d’interdire ce médicament (Diane-35 en France et commercialisé par Bayer) compte tenu des risques de thrombose pulmonaire. La Commission Européenne, qui comme chacun sait est envahie par les lobbyistes de toute nature, depuis McDonald jusqu’à Greenpeace (suivez mon regard), a désavoué l’Agence Française de sécurité du médicament et enjoint Bayer de continuer la commercialisation de ce produit. La Miss Touraine a certainement apprécié. On se souvient du fameux et inoubliable « responsable mais pas coupable » au sujet du sang contaminé, à n’en pas douter la Ministre renverra sa responsabilité sur la Commission Européenne et tant pis pour les ados acnéiques. Autant dire que l’industrie pharmaceutique, toute puissante, dicte sa loi et la Commission n’a qu’à bien se tenir !

Les Suisses sont plus prudents à propos du Diane-35, on y trouve dans la notice d’utilisation : 

« Plusieurs facteurs de risques de thromboses artérielles ou veineuses, migraines, diabète avec altérations vasculaires, pancréatite, affections hépatiques, tumeurs hépatiques, maladies malignes des organes génitaux ou du sein, saignements vaginaux, … »

Quant au traitement de l’acné …

* Note : Les industriels de la chimie et de la pharmacie organisent des concours internes pour trouver un nom commercial à attribuer à un nouveau produit. La petite liste en tête de ce billet est une brillante illustration de la créativité mortifère de cette industrie. 

Source : Le Point en ligne

 

Pourquoi sommes-nous monogames ?

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Plus de 90 % des oiseaux sont monogames, c’est-à-dire qu’une femelle et un mâle forment un couple stable, et cette situation est d’autant plus répandue que les oisillons nécessitent l’intense travail du père et de la mère pour leur subsistance. Il y a des exceptions comme certains oiseaux nidifuges dont la progéniture est à même de subsister dès l’éclosion sous la surveillance de la mère. Dans ce cas les femelles comme les mâles ont une activité sexuelle diversifiée, on appelle alors ce comportement la polygynandrie. J’ai découvert ce mot en lisant un article paru il y a quelques jours dans les PNAS (voir le lien) et dissertant du pourquoi et du comment de la monogamie et de la polygamie. Mais venons-en aux mammifères dont l’homme fait partie. Chez les mammifères moins de 3 % des espèces sont monogames. Et chez les primates, dont nous faisons également partie, la proportion n’est pas plus élevée. En dehors de quelques lémuriens, de l’homme et d’un groupe de singes d’Amérique Centrale et du Sud, les Callitrichidés, il n’y a pas de primates monogames. Les Callitrichidés (voir la photo trouvé sur Wikipedia) qui comprennent le tamarin, le ouistiti, le marmouset et le singe écureuil vivent en groupe et pourtant les couples sont stables pour une raison évidente : les femelles ont systématiquement des grossesses gémellaires, ce qui a pour conséquence d’obliger le père à s’occuper d’au moins une des deux progénitures, la mère ne pouvant pas les prendre en charge simultanément, cette prise en charge par le père constitue d’ailleurs une exception chez les primates. Les lémuriens vivent également en groupe et les couples sont le plus souvent stables. Pour tenter d’expliquer l’apparition de la monogamie chez les primates (dont l’homme) il n’y a pas beaucoup de possibilités. Soit la tâche consistant à élever les petits est trop lourde pour une mère seule, et c’est le cas des Callitrichidés, ou encore la durée entre la naissance et l’acquisition d’une certaine indépendance pour la subsistance alimentaire est très longue, c’est le cas évident chez l’homme, mais cette hypothèse entre dans le même cadre que celui des Callitrichidés, ce serait le coût de la survie qui nécessite une monogamie, situation qui peut être rapprochée également des mammifères élevant leur progéniture en solitaire comme par exemple l’ours, mais l’ours est pourtant polygame. Enfin, pour en revenir aux primates, la monogamie peut s’expliquer par les risques d’infanticides et la durée de la lactation par rapport à celle de la grossesse. Puisque 25 % des primates sont monogames, le plus fort pourcentage de tous les mammifères, il fallait trouver une explication rationnelle. D’abord l’apparition de la monogamie ne date pas d’aujourd’hui. En analysant l’arbre phylogénétique des primates, celle-ci remonte à environ 16 millions d’années malgré le fait que certaines espèces auraient opté pour la monogamie et seraient retombées, si l’on peut dire, à une polygynandrie originelle. La polygynandrie peut se définir brièvement comme suit : les femelles appartiennent à tous les mâles et réciproquement. L’infanticide est beaucoup plus répandu qu’on ne le croit, par exemple chez les gorilles, plus du tiers des nouveaux-nés est tué par un mâle afin de trouver une femelle réceptive et chez les colobes (Cercopythèques) cette proportion atteint plus de 60 %. Comme les gorilles et les colobes ne sont pas monogames, l’explication simple serait que la monogamie permet de réduire l’incidence des infanticides, le père protégeant sa progéniture. Il y a enfin un bénéfice inattendu pour le mâle monogame car, par les soins qu’il apporte à sa progéniture, la durée de la lactation diminue sensiblement, rendant la femelle réceptive plus précocement. Il faut rappeler ici que parmi les primates, seule la femme et la femelle bonobo sont réceptives indépendamment de l’oestrus, c’est-à-dire du fait d’être fécondes ou non. D’ailleurs chez les chimpanzés et les bonobos, les mâles protègent les petits qu’ils soient leur enfant ou non car ils vivent en groupes hiérarchisés bien que la polygynandrie y soit de mise. En définitive la raison la plus plausible de l’apparition de la monogamie est de réduire l’incidence des infanticides d’autant plus fréquents que le sevrage est tardif en raison de la complexité du cerveau nécessitant un allaitement tout aussi tardif. Pour rappel, les humains sont monogames à l’exception des Mormons et des Musulmans, il s’agit donc d’exceptions religieuses et non pas comportementales. Quant aux infanticides, le fait des mâles chez les primates, il n’existe chez les humains qu’en de très rares occasions, du fait de la mère de l’enfant, souvent en souffrance psychique, ou de religieux pour des exécutions rituelles, une pratique heureusement d’un autre âge.  

Source : http://www.pnas.org/content/early/2013/07/24/1307903110

Les feuilles mortes de l’automne …

On n’est jamais mieux informé de ce qui se passe réellement en France qu’en lisant quelques blogs anglo-saxons. Certes, le monde politique au pouvoir en France, fortement teinté de rouge socialo-marxiste saupoudré de verdâtre, ignore sous ses lambris dorés et dans ses limousines aux vitres teintées ce qui va se passer réellement dans les prochaines semaines, ou feint de l’ignorer en clamant que la croissance va revenir et que le chômage (sa courbe, comme si ces gens-là savent ce qu’est une courbe sinon celle des reins de leurs maîtresses) ne sera plus qu’un mauvais souvenir quand les feuilles mortes commenceront à tomber sur les trottoirs humides de la rue de Rivoli ou de l’Avenue Matignon … Qu’ils se reprennent tout de suite et abandonnent leur délire stalinien. Juergen Stark, l’ancien économiste en chef de la Banque Centrale Européenne, vient de se lâcher sans peser ses mots dans le quotidien allemand Handelsblatt : « La crise européenne va s’aggraver à l’automne, le programme d’achat d’OMT d’Espagne et d’Italie par l’ECB ne pourra pas être honoré car la France ne pourra pas y échapper ». Il y a de quoi frémir même si aujourd’hui, l’agence France Trésor a levé près de 8 milliards d’euros à des taux inchangés par rapport au dernier appel d’offre. Au milieu de la léthargie estivale (c’est vrai qu’il fait chaud) n’importe quel investisseur accepte les conditions plancher pour retourner à la plage et boire des pina-colada ou des mojitos bien frappés. Je caricature mais à peine. La platitude des places boursières, exceptés les soubresauts médullaires du Nikkei qui réagit dix fois plus que le moindre écart du yen par rapport aux autres devise, et la baisse continue de la place de Shanghai, rien à signaler alors que tous les éléments sont en train de se rassembler pour une chute brutale de la finance européenne car si la France doit affronter des taux de 3 ou 4 % ce serait suicidaire pour l’ensemble de l’économie du pays. Peillon, cette rare espèce d’incapable (s’il fallait l’inventer on ne pourrait pas) veut embaucher 60000 nouveaux enseignants mais il ne trouve que des bras cassés qui ne savent même pas parler correctement français. Il faut au contraire embaucher 60000 policiers déterminés à en découdre pour faire face aux émeutes populaires inévitables qui auront lieu quand les feuilles mortes commenceront à tomber. Bon courage au capitaine de pédalo en perdition !

Migraines : il faudra attendre

L’irrigation sanguine du cerveau est faite de telle manière que le flux sanguin est en permanence contrôlé par des interconnections entre les principales artères, carotides et autres afin d’éviter un déficit même momentané pour une partie du cerveau qui pourrait être désastreux. En effet, le cerveau est l’organe le plus énergivore du corps et la vascularisation y est donc très importante et complexe. Comme je ne suis ni médecin ni physiologiste et encore moins neuro-physiologiste, je me contenterai juste de mentionner, illustration à l’appui obtenue par résonance magnétique, que toutes ces artères sont interconnectées par ce qu’on appelle le cercle de Willis, une boucle reliant entre elles les carotides internes, les artères cérébrales antérieures, médianes et postérieures et les artères basilaires. Les artères vertébrales ne sont normalement pas connectées au cercle de Willis. Ca fait beaucoup d’artères et tout se passe bien heureusement dans la majorité des cas. Par IRM en champ élevé (3 Tesla) on peut obtenir une image très fine de l’agencement de ce cercle de Willis, il s’agit d’angiographie non invasive. Une équipe de médecins de l’Université de Pennsylvanie a examiné par IRM 170 personnes âgées de 25 à 50 ans réparties en trois groupes, un tiers de patients souffrant de migraines, un autre tiers souffrant de migraines avec aura, c’est-à-dire un genre d’hallucinations visuelles colorées liées aux migraines et un tiers de volontaires témoins. Même si les résultats ne sont pas vraiment tranchés, il faut toujours se méfier des statistiques comme par exemple en climatologie, il apparaît tout de même que les personnes sujettes à des migraines présentaient plus de défauts au niveau du cercle de Willis que les sujets sains et cela significativement malgré la faiblesse du nombre d’échantillons. L’interprétation de cette étude est difficile du fait que près de 50 % des sujets normaux, c’est-à-dire non sujets à des migraines, présentaient un cercle de Willis incomplet. Néanmoins, les perturbations des flux sanguins étaient également plus fréquents dans la partie postérieure du cerveau où se trouve justement le cortex visuel, ce qui selon ces chercheurs pourrait expliquer l’apparition d’auras au cours des épisodes de migraines. De là à intervenir sur le cercle de Willis, il y a un grand pas impossible à franchir. Cette étude ne peut que faciliter le choix d’un traitement mais la plupart des migraines sont malheureusement incurables.

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Source : PlosOne et University of Pennsylvania School of Medicine

Histoire de trains, suivez mon regard

En l’espace de quelques jours deux accidents de train ont endeuillé l’un la France, l’autre l’Espagne. Le premier accident en banlieue parisienne est emblématique de l’état d’esprit délétère qui règne désormais dans l’Hexagone. Une éclisse délibérément ôtée de son logement à la jonction de deux rails et posée tout aussi délibérément dans le mécanisme de l’aiguillage voisin pour en neutraliser le fonctionnement. S’il ne s’agit pas d’un sabotage délibéré, je me répète, on peut alors considérer que le réseau ferré français présente des particularités étonnantes d’autant plus que presque au même moment, à trois cent kilomètres de Brétigny-sur-Orge, une éclisse identique est aussi sortie de son logement, sur la même ligne provoquant le déraillement d’une locomotive roulant à faible vitesse, curieuse coïncidence qui ne semble étonner personne. L’enquête ne révélera rien, s’il y a effectivement enquête approfondie, ce dont je doute pour diverses raisons, suivez mon regard. L’accident de Brétigny-sur-Orge a donné lieu à des caillassages, des agressions des secouristes et des vols de biens des personnes blessées, on se croirait revenu à l’époque des bandits des grands chemins qui attaquaient les diligences. Mais là aussi la justice bâclera l’enquête car elle risquerait d’être politiquement incorrecte, suivez encore mon regard. Maintenant je vais faire un bref commentaire au sujet de l’accident de Santiago de Compostelle. En l’espace de quelques minutes des centaines de personnes se sont portées volontaires, non pas pour détrousser les personnes accidentées ni caillaisser les services d’urgence, mais pour les secourir, les uns apportant des boissons, des couvertures, d’autres brandissant leur carte de donneur de sang pour éventuellement le donner à des accidentés graves, bref, une solidarité exemplaire et spontanée lors d’un accident non pas dû à un sabotage mais à la folie d’un conducteur qui s’est probablement pris pour Fernando Alonso, le héros national comme Rafa Nadal. Le Talgo (le TGV espagnol) qui a déraillé a, cerise sur le gâteau, donné lieu à des commentaires pour le moins sordides de la part de la presse française, du genre « cet accident pourrait nuire aux exportations du Talgo dans le monde ». On croit rêver en observant l’effondrement progressif de la France, jamais aucun TGV n’a trouvé de marché en dehors de la France (comme le Rafale), les populations marginalisées, communautarisées par le système éducatif français obsolète entrent en délinquance comme les politiciens qui les protègent et qui, eux, sont déjà depuis des années des délinquants notoires. En 1968 c’était l’université, bientôt ce seront les banlieues, mais à n’en pas douter, les évènements ne prendront pas tout à fait le même chemin, suivez encore mon regard … vivement la crise pour que tout ce système pourri explose !

Parkinson ou cholestérol ? Il faudra choisir !

La testostérone est la principale hormone mâle et elle est synthétisée essentiellement par le testicule à partir du cholestérol. Cette synthèse presque continue chez l’homme, comme chez de nombreux animaux mâles, est régulée par l’axe hypothalamus-hypophyse. La production de testostérone est maximale vers la trentaine puis diminue progressivement d’environ 1 % par an. On attribue d’ailleurs partiellement l’élévation du taux de cholestérol sanguin chez l’homme à cette réduction de la synthèse de testostérone, ce phénomène étant moins marqué chez la femme. Outre ses effets primaires sur le maintien de l’activité sexuelle, la testostérone intervient dans de nombreux autres processus biologiques tels que l’appétit, le sommeil, l’hématopoïèse, le tonus musculaire. Mais on ignorait jusqu’à récemment que la testostérone jouait également un rôle majeur dans le maintien de l’intégrité fonctionnelle d’une partie du cerveau, plus précisément du mésencéphale, appelée substantia nigra dont les fonctions peuvent être décrites globalement par la négative en considérant les symptômes de la maladie de Parkinson, syndrome dont on ignore encore les causes primaires et qui se termine par une perte totale des fonctions cérébrales. Comment la testostérone agit au niveau de cette petite partie du cerveau si importante ? C’est justement en tentant de trouver un modèle animal à la maladie de Parkinson qu’on a découvert le rôle indirect de la testostérone dans son développement. De tous les modèles animaux de la maladie de Parkinson induite par des toxines, aucun n’est satisfaisant (pour la recherche de médicaments) car les symptômes de dégénérescence cérébrale sont réversibles, ce qui n’est pas le cas chez l’homme puisque cette maladie suit inexorablement son cours jusqu’à la démence et la mort. Une équipe de neurologues de la Rush University à Chicago s’est aperçue que des souris mâles castrées, c’est-à-dire dont le taux de testostérone chutait d’un seul coup pour atteindre pratiquement zéro, développaient les symptômes de la maladie comme si une andropause accélérée y conduisait. Un certain nombre de marqueurs spécifiques de la maladie de Parkinson apparaissaient et pouvaient être parfaitement corrélés à une altération fonctionnelle de la substantia nigra. Pour ceux de mes lecteurs intéressés par ces marqueurs, je cite pèle-mêle la protéine fibrillaire gliale, l’alpha-synucléine et surtout la synthétase de l’oxyde nitrique (iNOS pour inducible nitric oxide synthase) qui augmentent, le facteur neurotrophique glial qui diminue et une perturbation du fonctionnement et la mort de certains neurones spécifiques dopaminergiques de la substantia nigra. Bref, un tableau coïncidant avec ce que l’on observe avec la maladie de Parkinson. La iNOS augmente brusquement d’un facteur 10, ce qui est considérable quand on sait que l’oxyde nitrique est toxique pour les neurones. En implantant des pastilles de 5-alpha-dihydroxy-testostérone sous la peau des souris mâles castrées, tous ces effets étaient réversés, la dihydroxy-testostérone étant transformée dans le foie en testostérone authentique. Pour en savoir plus car cette observation était pour le moins inattendue, ces chercheurs ont utilisé des souris dont le gène de la iNOS avait été désactivé. La castration de ces souris mâle incapables de produire d’oxyde nitrique avec l’iNOS, celle-là même qui se trouve dans les neurones ne présentaient plus aucun signe de type « Parkinson ». C’était largement suffisant pour attribuer un rôle majeur à l’iNOS et à l’oxyde nitrique dans le développement de cette maladie. Pour être bien clair, l’oxyde nitrique n’a rien à voir avec l’oxyde nitreux (N2O) utilisé comme anesthésiant et le dioxyde d’azote (NO2) un polluant majeur et toxique de l’atmosphère des grandes villes produit par les gaz d’échappement des automobiles. L’oxyde nitrique (NO) est une molécule très simple mais cependant un régulateur et un médiateur biologique majeur aussi bien en neurologie qu’en immunologie. Les cardiaques qui se collent des patchs de trinitrine ignorent le plus souvent que la trinitrine (nitroglycérine) en se décomposant produit l’oxyde nitrique qui passe dans le sang et permet un meilleur fonctionnement du cœur. Le NO joue aussi un rôle dans la vasodilatation et donc la régulation de la circulation sanguine, la fonction rénale et en tant que neurotransmetteur le NO joue un rôle dans de nombreuses fonctions cérébrales dont l’apprentissage. Le NO est donc produit par des NOS et il semblerait selon ces résultats (c’est mon interprétation personnelle) que l’expression de la forme inductible de NOS soit d’une manière ou d’une autre régulée par la testostérone, au moins dans le cerveau. En effet, la testostérone joue un rôle central dans la libido et l’oxyde nitrique intervient comme vasodilatateur dans l’érection du pénis mais pas directement puisqu’encore une fois le NO ne sert que de signal primaire pour induire la production d’un second messager le GMP cyclique entrainant un relâchement des muscles lisses des vaisseaux et donc une vasodilatation permettant l’érection. Ce GMP cyclique est aussi le messager secondaire interagissant au niveau des neurones avec d’autres récepteurs comme ceux de la dopamine dont la fonction est endommagée dans la maladie de Parkinson. Pour aller au delà de ces résultats encourageants dans la mesure où on dispose maintenant d’un modèle animal satisfaisant pour l’étude de la maladie de Parkinson, si l’apparition de cette maladie résulte d’un déficit en testostérone « des études complémentaires doivent être conduites pour trouver comment cibler les niveaux de testostérone chez les hommes afin de trouver un traitement viable » selon Kalipada Pahan, l’un des auteurs de l’étude. Enfin, à la lumière de ces nouvelles données sur la maladie de Parkinson, il apparaît que les statines, ces médicaments largement utilisés pour diminuer le cholestérol, pourraient au final accélérer l’apparition de la maladie de Parkinson en réduisant d’autant la synthèse de la testostérone. La question est alors : Parkinson ou cholestérol ?

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Source : Rush University Medical Center, J. Biol. Chem

La bêtise (des politiciens) n’a pas de limite …

Le gouvernement français a décidé de taxer les utilisateurs de Skype pour la simple raison que ce service gratuit de téléphonie et de vidéo conférence (Google + propose sensiblement le même service, est-ce que le gouvernement va aussi taxer Google ? Ca promet d’être épique) entre en concurrence directe avec la téléphonie fixe ou mobile et qu’il s’agit d’un avantage injustifié. Mais il y eut des précédents en France dans le même genre de stupidité affligeante comme par exemple la pétition des fabricants de chandelle (http://bastiat.org/fr/petition.html) combattue par l’économiste Frédéric Bastiat en … 1845. Dans la même veine de bêtise frisant l’irrationnel plutôt que le ridicule, le gouvernement espagnol a décidé de taxer les panneaux solaires à usage personnel pour produire de l’électricité (mais c’est vrai : http://elpais.cr/frontend/noticia_detalle/6/83700?fb_action_ids=604341192919588&fb_action_types=og.likes&fb_source=other_multiline&action_object_map={« 604341192919588 »:604892356217086}&action_type_map={« 604341192919588″: »og.likes »}&action_ref_map=[] ).

Tout se délite, les politiciens ont perdu le sens de la réalité …

Et si le mercure n’était pas aussi toxique qu’on le croit …

On associe l’ingestion de méthyl-mercure à des désordres mentaux tels que l’autisme dont on ignore d’ailleurs toujours les causes précises et il est depuis une dizaine d’années recommandé aux femmes enceintes de ne pas manger trop de poissons pélagiques, pour la plupart en bout de chaine alimentaire océanique (voir l’illustration) dont le thon albacore, qui accumulent le méthyl-mercure dans leurs muscles. Pourquoi cette recommandation, parce qu’on craint un effet toxique du méthyl-mercure sur le fœtus et en particulier sur le développement du cerveau.Mais c’est un peu comme l’effet de serre du gaz carbonique, on n’a jamais montré d’évidente relation de cause à effet. Pour en avoir, comme on dit, le cœur net, une équipe de médecins de l’Université de Rochester, NY a mené une enquête détaillée dans la République des Seychelles parce que les habitants de cet archipel plus connu des touristes que des scientifiques mangent des quantités extravagantes de poisson, les touristes aussi mais quand ils rentrent dans leurs contrées natales embrumées et pluvieuses, ils se remettent vite au hamburger d’où l’impossibilité de mener une étude épidémiologique sur les effets du mercure dans des pays où l’éventail de nourriture protéinée fausserait les statistiques et les protocoles d’étude. Cette étude a débuté en 1986 sur 1784 enfants observés depuis leur naissance jusqu’à aujourd’hui, en ayant pris soin d’échantillonner quelques cheveux de la mère au moment de la naissance afin d’y mesurer la quantité de mercure, le cheveu accumulant particulièrement bien le méthyl-mercure. Les enfants ont ensuite été suivi à l’école par leurs professeurs (les Seychelles font partie de ces pays ayant un taux de scolarisation de 100%) et ils ont également été soumis à divers tests afin d’évaluer leurs facultés cognitives, sachant que leurs mères, au moment de leur naissance, montraient des taux de mercure dans leurs cheveux très supérieurs (jusqu’à dix fois plus) à ce que l’on considère comme la limite acceptable pour la bonne santé du foetus. Dans cet échantillon étudié, il fut tenu compte également du fait que toute la population avait été vaccinée et que les vaccins contenaient du Thimérosal, un mercuriel contenant de l’éthyl-mercure. Or l’éthyl-mercure, contrairement à son petit frère le méthyl-mercure, est rapidement éliminé dans les urines et ne s’accumule pas dans l’organisme. Le thimérosal est un agent stabilisateur des vaccins qui a été interdit à la fin des années 90 en raison de soupçons de dangerosité. Mais revenons à cette étude sur cette population « sentinelle » des Seychelles. En éliminant tous les facteurs pouvant perturber la bonne interprétation des résultats, l’équipe de l’Université de Rochester n’a pas pu établir d’effets du mercure (sous forme de méthyl-mercure dans les poissons) sur les capacités cognitives des enfants. Les auteurs écrivent même ceci : « Nous avons plutôt observé un effet inverse, une association bénéfique (du mercure) avec le degré de sociabilité des enfants (…) qui peut être attribuée à des effets inconnus ou non quantifiables des nutriments contenus dans les poissons marins ». Les médecins en ont donc conclu que les poissons pélagiques contiennent des ingrédients qui protègent l’enfant au cours de la grossesse puis plus tard lors de la croissance de ce dernier. On peut incriminer la qualité de l’étude et le nombre réduit d’enfants impliqués dans cette étude pas toujours réalisée en suivant des critères précis de la part des professeurs ou des parents et dans le doute, les autorités américaines ont maintenu leur alarme auprès des femmes enceintes de ne pas trop manger de poissons pélagiques. Pour ma part, je continuerai à baver pour un tartare de « yellow fin » (thon jaune ou albacore) pêché quelques heures avant de le déguster dans mon restaurant local préféré sans état d’âme. 

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Source : US News and World Reports, Forbes, crédit photo, Forbes

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Autism+Spectrum+Disorder+Phenotypes+and+Prenatal+Exposure+to+Methylmercury

Abeilles : encore des preuves contre les pesticides !

J’avais mentionné dans un précédent billet que les bourdons importés pour polliniser les cultures sous serres ne répondaient pas toujours aux critères sanitaires imposés par les règlements en vigueur et que compte tenu du surcoût que représentait une inspection sanitaire détaillée, celle-ci était tout simplement négligée. Tant pis pour les bourdons mais surtout tant pis pour les abeilles qui, exposées aux bourdons infectés, contractent diverses maladies dont des bactéries détruisant le tractus intestinal des ouvrières et des butineuses sans épargner la reine et mettant en danger la survie de la ruche. L’un des parasites transporté par les bourdons est le Nosema spp. apis, un parasite unicellulaire classé parmi les champignons qui affaiblit les butineuses à tel point qu’elles ne peuvent plus revenir à la ruche. On a attribué ce comportement des butineuses à l’abus de pesticides, mais on comprend ainsi que le déclin inexorable des abeilles est multifactoriel. La sensibilité des abeilles aux parasites est exacerbée par les pesticides mais jamais une étude détaillée n’avait été vraiment conduite pour le prouver sur le terrain.

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C’est ce que vient de publier une équipe de biologistes de l’Université du Maryland à College Park. L’étude a été effectuée avec des ruches placées au milieu de cultures maraîchères et fruitières variées, comprenant des amandiers, des pommiers, cassis et canneberge ainsi que des concombres, pastèques et courges. Cette étude a été réalisée dans plusieurs Etats dont la Californie, le New-Jersey, le Delaware ou encore la Pennsylvanie. D’une part l’analyse des pollens ramenés à la ruche par les butineuses a montré qu’ils contenaient tous des pesticides et parfois jusqu’à trente pesticides différents comprenant des fongicides, des insecticides et même des herbicides pour un quart des échantillons de pollens analysés. Je n’ai pas l’intention d’ennuyer mes lecteurs mais il semble intéressant de noter les diverses familles de pesticides trouvés parfois à des doses supérieures à celles dites sub-létales. Dans l’énumération qui suit, les données entre parenthèse représentent le pourcentage d’échantillons de pollen contaminés par le pesticide en question : oxadiazines (10,5), néonicotinoïdes (15,8), carbamates (31,6), cyclodiènes (52,6), formamidines (52,6), organophosphates (63,2) et pyréthroïdes (100). Ca fait carrément peur surtout quand on sait que tous ces produits aux noms évocateurs se retrouvent dans le miel avec lequel on fait des tartines au petit déjeuner pour nos enfants et petits-enfants. Sans vouloir abuser de la patience de mes lecteurs il faut tout de même mentionner que huit fongicides différents ont été détectés dont un, le chlorothalonil, à une dose quatre fois supérieure à la dose sublétale admise (LD50) et 21 insecticides différents pratiquement tous présents à des doses supérieures à la LD50 en particulier les pyréthroïdes et les néonicotinoïdes. Pire encore, dans une étude séparée pour déterminer ceux parmi les pesticides détectés dans le pollen lesquels pouvaient avoir une incidence sur l’infection des abeilles par le Nosema, 22 d’entre eux (parmi les 35 détectés) augmentaient significativement le risque d’infection et en particulier le chlorothalonil, le résidu le plus abondant trouvé dans tous les pollens étudiés et qui est pourtant un fongicide. Un autre fait marquant révélé par cette étude est la tendance des abeilles à récolter le pollen des cultures qu’elles « connaissent » comme celui des amandiers ou des pommiers et à ne récolter que le nectar des autres cultures en particulier de la canneberge, mais pas pour les concombres, les citrouilles ou les pastèques, et se contenter de récolter le pollen des fleurs sauvages se trouvant près des champs cultivés. Cette observation précieuse montre que ce ne sont pas nécessairement les pesticides répandus sur les cultures qui nuisent aux abeilles mais ces mêmes pesticides se trouvant « par erreur » sur les fleurs sauvages et transportés par le vent lors des applications par pulvérisation. On comprend dès lors la nécessité pour les agriculteurs de respecter des règles très strictes lors des applications de pesticides afin de préserver la viabilité des abeilles, comme par exemple l’absence totale de vent. Enfin, l’effet délétère des fongicides tels que le chlorothalonil ou la pyraclostrobine sur la susceptibilité des abeilles au Nosema constitue un fait nouveau. Ce genre de situation n’avait été observé qu’avec l’utilisation de pesticides dirigés contre le varroa. Les biologistes auteurs de cette étude parue dans PlosOne insistent aussi sur le fait que les divers pesticides retrouvés dans le pollen à des doses incroyablement élevées puissent agir en synergie pour finalement détruire les ruchers en peu de temps. Si les abeilles pouvaient (encore) parler, elle remercieraient chaleureusement les chimistes qui n’ont aucun état d’âme sinon de réaliser des profits … après les abeilles le déluge, ou plutôt non, la famine … 

Source: PlosOne, crédit photo: Université du Maryland