La très célèbre statuette d’une hauteur de 11 cm découverte en Basse-Autriche en 1908 rassemble tous les symboles de la fertilité. Elle a été datée du Gravettien à 30000 ans avant l’ère commune. Elle a été taillée dans un calcaire appelé oolithe qui ne se trouve pas dans la région de Willendorf et ce détail, si l’on peut dire, a occupé l’esprit des anthropologues pendant plus d’un siècle. Le Docteur Gerhard Weber de l’Université de Vienne a soumis la statuette à une micro-tomographie atteignant une résolution de 11,5 microns pour en révéler la composition interne. Faisant appel aux connaissances de géologues spécialistes des oolithes des échantillons de cette roche provenant de toute l’Europe, de la France à la Russie occidentale et de l’Allemagne à la Sicile ont été examinés pour tenter de trouver l’origine de l’oolithe de la Vénus de Willendorf.

L’oolithe est une roche sédimentaire composée de dépôts marins d’origine planctonique se présentant sous forme de globules (ooïdes) dont la partie interne se dissous avec le temps rendant la roche particulièrement facile à sculpter. Par tomographie et surtout microscopie en fluorescence sous éclairage UV l’origine de l’oolithe de la Vénus correspond parfaitement avec celle trouvée près de Lac de Garde sur le versant sud des Alpes. À cette époque la chaine des Alpes était probablement recouverte de glaciers infranchissables et les communautés humaines se déplaçaient sans cesse pour trouver du gibier. La voie la plus probable empruntée par ces chasseurs-cueilleurs était celle d’un contournement des Alpes par l’est le long des rivières sans jamais être obligés d’emprunter des itinéraires à des altitudes supérieures à 1000 mètres car seules les plaines étaient habitables et giboyeuses en raison des rigueurs du climat. Pour se rendre du Lac de Garde à Willendorf il s’agissait d’un périple d’environ 700 kilomètres passant la la plaine du Po, la Slovénie actuelle, la Bulgarie, les côtes ouest de la Mer Noire jusqu’à l’embouchure du Danube. Cette observation montre l’incroyable mobilité des groupes humains à cette époque. Pour rappel l’homme d’Ötzi retrouvé récemment dans les Alpes effectua la traversée du massif montagneux il y a 5300 ans c’est-à-dire lors de l’Holocène bien après le Dryas qui marque la fin de la dernière glaciation de l’Europe.
Source : doi : 10.1038/s41598-022-06799-z