L’illustration de l’éditorial du numéro de janvier du Journal of Ethics de l’American Medical Association (AMA) provient des « procès des médecins » à Nuremberg en 1947. Une jeune femme maussade portant des écouteurs se tient entre deux soldats casqués dans le box des accusés. C’est le Dr Herta Oberhauser, la seule femme qui ait comparu au cours des procès, et elle a été condamnée à 20 ans d’emprisonnement (dont cinq seulement) pour crimes contre l’humanité. Elle a effectué des expérimentations sur des femmes au camp de concentration de Ravensbruck – créant délibérément des blessures gangreneuses pour tester l’efficacité des sulfamides. Elle a également administré des injections mortelles à plusieurs de ses patients. Oberhauser était un petit poisson parmi les médecins et infirmières nazis qui ont commis des atrocités médicales avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Le numéro spécial du Journal of Ethics (lien en fin de billet) vise à aider les médecins à ne pas oublier ce qui peut arriver si les travailleurs de la santé abusent de leurs compétences et de leur statut particulier.

Étonnamment, les éditeurs disent que de nombreux médecins américains ignorent que la bioéthique est née de l’expérience des procès de Nuremberg.
L’impact historique de l’Holocauste en bioéthique a généralement été d’une faible intensité aux États-Unis. Cette histoire douloureuse a été largement ignorée dans l’enseignement médical américain, peut-être parce que pour l’examiner de près, il faut d’abord perturber la vision confortable de la nation et de la profession en tant qu’acteurs héroïques de la Seconde Guerre mondiale. Les éditeurs de ce journal soutiennent que l’année 2020, avec la pandémie de Covid et les manifestations Black Lives Matter, a montré aux médecins américains qu’ils doivent également être conscients des recoins sombres de la médecine dans leur propre pays. il est devenu largement reconnu comme problématique – et pas seulement aux États-Unis – de considérer les professionnels de la santé comme des guérisseurs purement altruistes et indifférents aux origines ethniques, irréprochables dans la création et le maintien de systèmes de santé qui génèrent de manière prévisible et constante des disparités raciales et ethniques en matière de santé. L’histoire médicale de l’Holocauste reste pertinente – et essentielle – dans une solide formation médicale.
Peut-être que l’année 2021 deviendra l’année au cours de laquelle chaque programme de formation des professionnels de la santé prendra en compte le fait que les étudiants (et les praticiens) en sciences de la santé doivent apprendre et réfléchir aux rôles historiques des professionnels de la santé dans la création des deux atrocités raciales et ethniques de la seconde guerre mondiale et de l’injustice raciale dont nous sommes témoins aujourd’hui. Après tout, ces héritages sont profondément liés. L’implication de la profession médicale ne peut être dissociée de l’histoire du racisme scientifique durant cette période et de son influence continue, puissante et omniprésente sur le monde d’aujourd’hui. Ce numéro fascinant de la revue contient plusieurs articles sur des aspects de l’Holocauste et de l’éducation médicale. Cela vaut la peine d’être lu.
https://journalofethics.ama-assn.org/issue/legacies-holocaust-health-care
Je conseille à mes lecteurs anglophones de lire l’article : https://journalofethics.ama-assn.org/article/ama-code-medical-ethics-opinions-related-legacies-holocaust-health-care/2021-01 en regard de la précipitation douteuse de la mise sur le marché des vaccins anti-SARS-CoV-2 développés à partir d’ARNs messagers alors que cette technologie n’a jamais été appliquée chez l’homme auparavant en dehors de quelques essais sur des patients souffrant de cancers incurables. Le cas de ce vaccin d’un type nouveau consiste dans le fait qu’il s’agit d’un ARN messager synthétique (fabriqué par des robots) codant pour la protéine S1 du SARS-CoV-2, la protéine d’ « accrochage » du virus à la cellule épithéliale des muqueuses respiratoires. Or cette protéine S1 présente de fortes similitudes structurales (conformation tridimensionnelle) avec la syncitine-1, une protéine présente naturellement dans l’organisme pour également faciliter des fusions entre cellules. La syncitine-1 intervient en particulier dans la mise en place du placenta dans l’utérus, une sorte de fusion des cellules foetales avec celles de la paroi interne de l’utérus. Cette syncitine-1 joue également un rôle non négligeable dans le processus de la fécondation de l’ovule par le spermatozoïde, un autre genre de fusion entre cellules, pour faire bref. Les laboratoires pharmaceutiques ont-ils testé scrupuleusement quelle était la spécificité des anticorps apparaissant dans l’organisme d’une personne ayant accepté de se faire administrer ce vaccin lors des essais cliniques ? Ces anticorps « croisent-ils » avec la syncitine-1 ? J’émets quelques doutes, n’étant nullement spécialiste dans ce domaine que je connais pourtant (voir note en fin de billet)) mais dans l’affirmative il apparaît alors une autre fonction de cette vaccination, tout simplement de « stériliser » des populations entières. En effet une neutralisation de l’activité de la syncitine-1 conduirait à une fertilisation et une implantation du placenta difficiles voire impossibles. C’est assez terrifiant et à l’évidence on se trouve aujourd’hui à l’extrême limite du domaine de la bioéthique … tout en rejoignant les visées malthusiennes du « club de Davos ». À l’époque de l’Allemagne nazie les médecins qui ont comparu devant la cour lors du procès de Nuremberg n’auraient pas pu faire mieux dans le domaine de l’eugénisme !
Note. Lors de ma carrière de scientifique j’ai été confronté à un problème considérable. Il s’agissait de montrer la présence du précurseur de l’ACTH, adrénocorticotropine, dans le placenta humain. L’outil de laboratoire, en d’autres termes la technique utilisée, était un anticorps dirigé contre ce précurseur dont la spécificité n’avait jamais été mise en doute et provenant de béliers immunisés contre le polypeptide d’origine humaine. Il s’avéra que la petite protéine que je finis par isoler après d’immenses difficultés se trouvait être un fragment d’immunoglobuline G qui présentait une analogie dans sa structure primaire tout à fait surprenante mais suffisante pour qu’il soit reconnu par cet anticorps. La technique très sensible était ce que l’on appelle un radio-immuno-essai utilisant de l’iode radioactif. Ces résultats, négatifs pourtant, firent l’objet d’une publication dans la revue Science car elle jetait un énorme pavé dans la mare des certitudes liées à l’utilisation d’anticorps hautement spécifiques. Mon article fit l’objet de vives critiques de la part de John Maddox alors éditeur en chef de la revue Nature. Cette anecdote personnelle met en évidence le fait que la protéine S1 du SARS-CoV-2 codée par l’ARN-messager servant de vaccin pour tenter de juguler à l’aide des anticorps apparaissant après synthèse de cette protéine dans notre propre organisme est considérée comme l’antigène « primaire » mais les anticorps apparaissant peuvent « croiser » avec d’autres protéines humaines, cette fois, dont la syncitine-1 …