L’homéopathie revisitée

 

LedumPalustre15CH

Il faut d’abord définir ce qu’est l’homéopathie car beaucoup d’utilisateurs des médicaments homéopathiques ne savent pas trop ce dont ils parlent. L’homéopathie est apparue il y a environ 200 ans et constitue aujourd’hui la première médecine alternative. Le traitement est basé sur le principe de « similitude » qui consiste à traiter un patient avec des substances faisant apparaître les mêmes symptômes que ceux de la maladie dont il souffre. Dans la pratique, des substances variées allant d’un métal commun comme le fer jusqu’à des extraits de plantes voire d’insectes sont diluées presque jusqu’à l’infini pour potentialiser l’eau. Cette eau est ensuite mélangée avec du glucose, le tout est séché et transformé en petites sphères éventuellement colorées. D’autres préparations homéopathiques se présentent sous forme liquide et il s’agit dans ce cas d’extraits hydroalcooliques également fortement dilués. La littérature scientifique et médicale relative à l’homéopathie est abondante, on s’en doute, puisque les laboratoires pharmaceutiques qui vendent en définitive de l’eau avec un peu d’alcool et surtout du glucose doivent entretenir le bien-fondé de leur business à l’aide d’études variées donnant lieu à des publications supposées être d’une valeur scientifique inattaquable.

Une étude australienne récente (fin 2013, voir le lien) s’est penchée sur la question de la validité de l’homéopathie en ratissant très largement le domaine. Juste pour situer l’immense travail qui a été réalisé la base de données Medline (EMBASE.com) a permis de faire sortir 436 citations valides sur 172931 comprenant le mot homeopathy, la base PubMed 711 citations, la base PubMed Health 169 et la base Cochrane 50 soit un total de 1367 articles relatifs à l’homéopathie et susceptibles d’analyses ultérieures, le reste étant sans valeur. L’étude a été naturellement réalisée selon des critères de tri suivant des protocoles d’analyse parfaitement définis internationalement afin de ne pas introduire d’erreurs d’appréciation préjudiciables à l’analyse globale finale. Sur ces 1367 publications seulement 60 se sont révélées présenter une qualité scientifique suffisante pour être prises en compte en détail.

On peut immédiatement se rendre compte que la littérature scientifique relative à l’homéopathie semble relever du « n’importe quoi » sans aucune valeur stricto sensu. Chacun pourra penser ce qu’il veut mais on se trouve dans un domaine relativement opaque supposé être scientifique par ailleurs. Que ressort-il de cette longue et soigneuse étude ? Pas grand chose ! Mais il est vraiment intéressant de parcourir cette étude dont le lien est en fin de billet pour les curieux. Soixante-huit pathologies pour lesquelles sont décrits des traitements homéopathiques ont été analysées en détail et il est tout à fait intéressant d’en citer quelques-unes pour bien situer l’analyse. C’est un peu fastidieux mais riche d’enseignements. Le traitement des enfants susceptibles aux otites (3 revues, 365 cas) aucune évidence d’une quelconque efficacité de l’homéopathie ! Diarrhées chez l’enfant (4 revues, 544 cas), qualité médiocre des études mais aucune différence détectable (Pulsatilla nigrans, soufre, camomille, Calcarea carbonica) par rapport à un placebo. Enfants « faisant pipi au lit » (énurèse nocturne, 20 cas) aucun effet significatif. Amibiase et giardiase (19 études) pas d’effets notoires. Rhumes, rhinites (1259 cas) aucun effet (Oscillococcinum) par rapport à un placebo. Candidiase vaginale récurrente (150 cas) aucun effet ! Spondylite ankylosante (104 cas), injections intramusculaires d’extraits de Formica rufa) aucun effet ! Je rappelle à mes aimables lecteurs que Formica rufa désigne la fourmie commune et que cet insecte est utilisé en homéopathie selon le principe de base de la cure du mal par le mal. Polyarthrite chronique (traitement avec Rhumaselect) : idem, aucun effet ! …

Vous en voulez une autre louche ? Continuons.

Fibromyalgies en d’autres termes plus compréhensibles douleurs musculaires, les traitements avec Arnica, Rhus toxicodendron et bryone, la bryone étant suffisamment diluée pour n’avoir aucun effet car c’est une plante hautement toxique (7 études, 163 cas), aucun effet ! Arthrite rhumatoïde, migraines et maux de tête, une soixantaine de « spécialités » disponibles selon les patients, ça coûte plus cher, aucun effet ! Anxiété, le traitement le plus couramment prescrit est le nitrate d’argent (à des doses homéopathiques naturellement) aucun effet ! Règles douloureuses : étude peu significative (205 cas, seulement 103 pris en compte) traitement avec « folliculinum », aucun effet !

Pour le traitement des allergies, on entre dans le délire le plus total et je conseille à mes lecteurs de lire ce rapport, il m’est venu comme une lassitude dans mon énumération car globalement l’homéopathie ne sert strictement à rien, c’est un miroir aux alouettes coûteux, un business qui exploite la crédulité des malades et dont le remboursement par les systèmes de protection sociale tant des consultations chez les médecins soit-disant spécialisées en homéopathie que des médicaments devrait être immédiatement supprimé. Une telle décision ferait prendre conscience à des millions de personnes qu’elles sont cyniquement trompées par un corps médical peu regardant et avide de profits et par des firmes pharmaceutiques qui n’ont de pharmaceutique que le nom. Je me souviens de Christian Boiron des Laboratoires Boiron bien connus en particulier des Français qui me disait en souriant qu’il était le plus gros vendeur de glucose de France …

http://www.nhmrc.gov.au/_files_nhmrc/file/your_health/complementary 

_medicines/nhmrc_homeopathy_overview_report_october_2013_140407.pdf