Au cours de la vie nos glandes salivaires produiront 40 m3 ( de salive qui est utile pour la digestion, pour neutraliser l’acidité de la bouche et combattre les bactéries qui provoquent une mauvaise haleine et si on prend un minimum de soins de ses dents en les brossant au moins deux fois par jour nous utiliserons quelque chose comme 100 litres de pâte dentifrice durant notre vie, soit 4 minutes environ ou encore 24 heures à se brosser les dents chaque année ! La muqueuse buccale est plus de 4000 fois plus perméable que la peau aux drogues et même en n’avalant pas le dentifrice les produits chimiques et autres additifs qui s’y trouvent se retrouvent presque instantanément dans le circulation sanguine.
Compte tenu de cet état des lieux, si on peut dire les choses ainsi, il est préférable de s’inquiéter de la composition du dentifrice. Or ce produit est classé parmi les cosmétiques – bizarre, oui j’ai bien dit bizarre – et le fabricant, en général une grande multinationale, n’est pas tenu de communiquer une description détaillée de ses produits aux autorités de régulation de la sécurité sanitaire.
J’ai lu avec attention la composition du dentifrice que j’utilise (fabricant : GlaxoSmithKline) et il contient du bromure de domifen, un antiseptique léger, et du fluorophosphate de sodium parmi les matières actives. Pour le reste, plutôt du classique dont de l’oxyde de titane et toutes sortes de produits dont entre autres de la saccharine ( je ne comprends pas trop pourquoi ! ) et un ou deux détergents.
J’ai été étonné de ne pas y trouver de triclosan, un bactériostatique présent dans la grande majorité des dentifrices et dans plus de 2000 produits courants dans une maison. Le triclosan est une molécule organo-chlorée qui peut prendre une configuration spatiale telle qu’elle ressemble alors aux hormones thyroïdiennes T3 et T4 et là c’est carrément alarmant. Le triclosan est un bactériostatique qui, présent dans le dentifrice, est supposé contrôler l’apparition de la fameuse plaque dentaire, un film de bactéries propice à l’apparition de caries dentaires. Il suffit de se brosser les dents le matin pour prendre sa dose de triclosan …
Le triclosan se retrouve aussi dans les détergents pour vaisselle, dans les poudres et liquides pour machines à laver, de nombreux produits cosmétiques dont les crèmes à raser et les crèmes de beauté pour le visage, les shampooings et les gels pour les cheveux, les déodorants, les savons liquides pour se laver les mains mais aussi dans les sacs à ordures ménagères, et encore dans les vêtements neufs et la formulation de nombreux pesticides … Il n’y a pourtant aucune évidence scientifique qui permette d’affirmer que le triclosan améliore la qualité sanitaire ou prévienne l’apparition de maladies comme les caries dentaires ou l’acné. Pour embellir le tableau, le triclosan, difficilement biodégradable finit par se retrouver dans les nappes aquifères. Pour compliquer encore ce tableau, l’ajout de chlore dans l’eau pour la rendre potable transforme, certes lentement, le triclosan en dioxine, tout pour plaire !
Pourquoi la FDA et son équivalent européen l’EFSA viennent de préconiser l’interdiction du triclosan dans le savon liquide pour les mains et les liquides pour vaisselle mais pas pour les dentifrices ? Mystère. Toujours est-il que de nombreuses études indiquent que nous sommes presque tous littéralement imprégnés de triclosan depuis notre tendre enfance puisque ce produit traverse la barrière placentaire et se retrouve aussi dans le lait maternel. il se retrouve également dans la viande, de boeuf, de porc ou de poulet, bref, nous vivons avec mais au détriment de notre santé et de notre équilibre hormonal.
Sources. doi : 10.1289/EHP1788 et adapté d’un article paru sur le site lewrockwell.com. Illustrations : molécule de triclosan et molécule de thyroxine T4 (Cl = chlore, I = iode).