L’équilibre énergétique et lipidique cellulaire : un vrai roman …

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Ce billet un peu technique relate la mise en évidence d’un mécanisme de régulation du métabolisme des acides gras et par conséquent du métabolisme énergétique dans les cellules jusque là ignoré car il va un peu à l’encontre des idées reçues sur les mécanismes biologiques de régulation. Et cette découverte réalisée à l’Université de Bonn en Allemagne sous la direction du Docteur Reinhard Bauer ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2 qui ravage les populations occidentales depuis plusieurs décennies et même la Chine depuis quelques années.

Pour bien comprendre l’importance de cette découverte il faut faire malheureusement quelques rappels de pure biologie qui sembleront peut-être ardus pour nombre de mes lecteurs. Les membranes cellulaires et sub-cellulaires sont constituées de lipides phosphatés appelés phospholipides, de cholestérol et d’une autre classe de lipides comprenant un résidu appelé sphingosine, un alcool gras comprenant 18 atomes de carbone. Il s’agit d’un composant essentiel pour la solidité des membranes biologiques, cireux à l’état pur, qui est ensuite lié à un autre acide gras, d’où le nom de céramide donné à ce constituant. Par exemple les membranes isolantes des neurones et des nerfs sont riches en ce dérivé qui est un constituant majeur de la myéline. Ce composé se trouve au coeur de la régulation du vieillissement des cellules et il intervient lors de désordres métaboliques dans l’apparition de l’obésité ou encore du diabète non dépendant de l’insuline. L’étude de la biosynthèse des céramides était donc d’une importance particulière pour tenter d’expliquer le mécanisme d’apparition de l’obésité. Les curieux peuvent se reporter à l’article de wikipedia à ce sujet (voir le lien).

L’équipe du Docteur Bauer a utilisé des mouches du vinaigre pour étudier l’enzyme clé du métabolisme des céramides pour la simple raison qu’il existe chez cette mouche, la drosophile, une seule forme de cet enzyme appelé céramide synthase (CerS Schlank) alors que chez l’homme il y en a 8 formes différentes, ce qui complique singulièrement les travaux de recherche. Cet enzyme très important pour le maintien de l’équilibre métabolique et surtout énergétique des cellules, on dit homéostase, a été remarquablement conservé au cours de l’évolution. Pour en terminer avec ces quelques informations très techniques il existe chez de nombreuses protéines ce que les spécialistes en la matière appellent un homéodomaine, une partie de la structure protéique qui a la faculté de se fixer à des portions bien précises de l’ADN et cette propriété est essentiellement rencontrée dans les protéines dites facteurs de transcription qui ont pour rôle d’initier la transcription de l’ADN en ARN messager pour la synthèse subséquente d’une protéine donnée, le plus souvent un enzyme. Le cas de la céramide synthase est tout à fait particulier car cet enzyme possède dans sa structure un homéodomaine qui régule la transcription de son propre gène, une situation très rare en biologie puisque seuls deux autres enzymes, parmi une vingtaine de milliers, régulent leur propre expression de cette manière !

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Mais la question que le biologiste est en droit de se poser est la suivante : il doit bien exister un autre signal pour que cette régulation puisse être optimale pour maintenir une homéostase cellulaire satisfaisante, ce qui n’est plus le cas dans les désordres métaboliques conduisant à l’obésité, au diabète de type 2 ou encore au vieillissement cellulaire et à la dégénérescence des neurones. Tout se passe au niveau de la membrane du noyau qui justement contient aussi cet enzyme, une protéine plus soluble dans les lipides que dans un milieu aqueux.

Dans la réalité c’est la disponibilité en acides gras qui va induire le rôle de facteur de transcription de la céramide synthase liée à la membre nucléaire. Et cette protéine régule également l’expression de deux autres gènes codant pour deux enzymes également cruciaux dans le maintien de l’homéostase lipidique, des lipases, qui ont pour rôle de catalyser comme leur nom l’indique l’hydrolyse des triglycérides afin de satisfaire les besoins énergétiques de la cellule. Pour prendre une image les acides gras sont un peu le pétrole de la cellule : des réserves énergétiques sur le long terme alors que les sucres, notamment le glucose, sont « brûlés » un peu comme un feu de paille. On comprend dès lors le rôle très important de la céramide synthase dans le maintien de l’intégrité cellulaire et la prévention des désordres métaboliques. Le foie et le pancréas sont en effet les principaux producteurs de lipases et toute atteinte à cette régulation est alors catastrophique comme par exemple l’ingestion d’acides gras dits « trans » qui apparaissent lors de l’hydrogénation partielle des graisses végétales. C’est une pratique industrielle qui devrait être formellement interdite car il est tout à fait plausible que ces acides gras « trans » induisent un désordre dans cette régulation d’une remarquable finesse. Il s’agit d’une suggestion que je me suis permis de soumettre au Docteur Bauer.

Note explicative de l’illustration : Schlank = céramide synthase de la drosophile, WT = type sauvage, NLS2 = protéine de la céramide synthase mutée sur l’homéodomaine, le noyau et le réticulum endoplasmique où a lieu la synthèse des protéines sont représentés en traits fins. L’ADN nucléaire est symbolisé par la barre en grisé. Feeding status = alimentation, starvation = jeûne, lip3 = gène de lipase.

Source et illustration (résumé graphique) : https://doi.org/10.1016/j.celrep.2017.12.090 en accès libre

https://en.wikipedia.org/wiki/Ceramide

La malbouffe industrielle et la santé

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Le National Obesity Forum (Grande-Bretagne) vient de rendre public un rapport qui bouscule les idées préconçues enfoncées dans nos têtes depuis le développement accéléré et généralisé de la malbouffe industrielle. Manger des graisses animales et végétales est bon pour la santé ! À condition toutefois que ces graisses n’aient pas été intentionnellement modifiées par hydrogénation partielle. Naturellement les critiques souvent violentes ont été immédiates. Manger des oeufs, de la viande grasse, des fromages, du beurre, permet, selon ce rapport, de réduire l’obésité, le diabète de type 2 et les pathologies qui y sont associées.

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Ce rapport sulfureux considère que le corps médical s’est focalisé sur l’apport en calories des aliments mais n’a pas dirigé son approche sur la qualité des aliments dans leur globalité. Et c’est là la grande erreur. Tant en Grande-Bretagne qu’aux USA, deux personnes sur trois souffrent de surpoids et la raison en est l’alimentation constituée de plats cuisinés produits industriellement. C’est plus facile, plus rapide et on a plus de temps pour regarder la télévision. Qui sait exactement ce que contient une soupe de légumes prête à être réchauffée que l’on trouve sur les linéaires de n’importe quel supermarché ? Qui connait la provenance des ingrédients d’une pizza congelée prête à être mise au four ? Ne parlons même pas des pâtisseries qui peuvent se conserver 8 jours voire plus sans que leurs propriétés gustatives aient été dégradées.

Les habitudes alimentaires modernes ont incontestablement conduit à l’ « épidémie d’obésité » accompagnée de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. La controverse récente tient à la mise en cause de nutriments spécifiques pour trouver une explication à cet état de fait. Si on considère les nutriments, à n’en pas douter l’alimentation industrielle introduit trop de sucre, trop de carbohydrates raffinés, trop de graisses et trop d’huile d’origine végétale. Il faut également considérer la dégradation de la qualité des productions carnées, poulet, porc et boeuf en raison des modes d’élevage intensif. Enfin l’industrie agro-alimentaire est aujourd’hui dominée par d’énormes multinationales qui ont « acheté » auprès du pouvoir politique leur impunité tout en développant dans des laboratoires dédiés les procédés de transformation des aliments qui inondent le marché grâce à un marketing hautement sophistiqué.

Les ingrédients bruts sont réduits en pulpe, en poudre et en concentrés. Des produits chimiques qui n’existaient pas il y a 50 ans sont utilisés pour émulsifier, amplifier le goût comme le sel et bien d’autres molécules synthétiques. Les nouvelles technologies alimentaires extraient, décolorent ou colorent, changent les extraits liquides en pâtes, extraient des carcasses animales les dernières parcelles carnées et « fortifient » enfin ces nouvelles matières premières appauvries en vitamines lors des traitements successifs en ajoutant des cocktails de ces vitamines.

Dans ces conditions comment est-il possible d’incriminer un constituant ou un autre d’un plat cuisiné industriel ? Il y a tout de même quelques éléments de réponse : trop de sel, trop de sucre dont des sirops enrichis en fructose, trop d’acides gras transformés par hydrogénation … pour que ce soit « mangeable ». Mais ne considérer que les constituants de la malbouffe industrielle est une erreur car la nourriture préparée industriellement est appauvrie en micro-nutriments et en fibres et contient le minimum d’eau pour se conserver plus longtemps. Insidieusement les emballages font un descriptif alléchant en terme de calories, de présence de vitamines, de métaux essentiels, de sucres, de protéines et de graisses pour rassurer le plus possible le consommateur. Les vertus de la margarine sont présentées comme un corps gras sans cholestérol mais les firmes produisant cet ingrédient oublient de mentionner qu’elle est enrichie en acides gras partiellement hydrogénés particulièrement dangereux pour la santé. Les céréales massivement consommées au petit-déjeuner sont présentées comme étant des apports indispensables en vitamines, en fibres et en fer mais il n’est mentionné nulle part qu’elles contiennent en poids plus de 25 % de sucre … N’importe quel consommateur obsédé par la composition de ce qu’il mange se prépare lui-même à être asservi par l’industrie agro-alimentaire qui contrôle les pâtisseries et sucreries, les plats cuisinés et les boissons. C’est le plus grand changement survenu pour l’homme depuis l’apparition de l’agriculture.

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Jamais un agriculteur ne vous vendra un choux avec une fiche analytique provenant d’un laboratoire digne de respect. Un choux est un choux et il possède toutes les qualités qui lui sont intrinsèques. D’ailleurs qui fera la promotion du choux, pourtant le roi des légumes : ça ne rapporte rien aux industriels de l’agroalimentaire …

Sources et illustrations : BBC, The Conversation et aussi The Lancet en accès libre : http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(12)62089-3

La grosse arnaque de Nestlé

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Nestlé est la plus grande firme mondiale dont la spécialité est presque exclusivement l’alimentation. En quelques chiffres : 335000 employés, 2000 marques commerciales, 436 usines de fabrication dans 85 pays, 189 des 195 pays du monde achètent des produits Nestlé, enfin la capitalisation de Nestlé est estimée à plus de 240 milliards de dollars. Nestlé vend du sucre, beaucoup de sucre, depuis que le créateur de la compagnie, Henri Nestlé, décida de commercialiser le lait condensé qu’il fabriquait pour un voisin dans la petite ville de Vevey au bord du lac Léman à la fin du XIXe siècle qui était chocolatier de son état. Le premier marché de Nestlé fut en effet des barres chocolatées utilisant ce lait condensé sucré comme ingrédient majeur. Puis Nestlé se lança encore dans le lait, cette fois en poudre, pour l’alimentation des enfants et comme ce marché devint très rapidement porteur, la société eut l’idée géniale de fabriquer du café en poudre instantané dont la fabrication restait secrète et qui fit un véritable malheur durant la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui Nestlé vend toujours énormément de sucre aussi bien dans les barres Kit-kat que dans les glaces Häagen-Dazs. Il serait fastidieux de citer tous les produits Nestlé riches en sucre. Or une administration comme la FDA américaine envisage de classer le sucre parmi les produits toxiques pour la santé au même titre que le tabac ou l’alcool. Le Mexique vient d’introduire une surtaxe sur les sodas sucrés et a été immédiatement suivi par la Grande-Bretagne en mars dernier. L’Arabie Saoudite, pays où l’épidémie d’obésité est alarmante, envisage très sérieusement de surtaxer tout produit alimentaire industriel, solide ou liquide, trop sucré. Dans le domaine de la malbouffe dont Nestlé est un grand contributeur, les choses commencent à bouger avec le sucre, le sirop enrichi en fructose, les quantités extravagantes de sel, mais aussi avec les acides gras partiellement hydrogénés et divers additifs alimentaires dont l’innocuité pour la santé est de plus en plus contestée.

C’est ainsi que les parts de marché de Nestlé ont chuté dans le domaine des produits dérivés du lait (condensé et sucré) mais aussi dans le créneau des plats cuisinés et des sodas. Il n’y a d’ailleurs pas que Nestlé qui a choisi une reconversion discrète pour parer à cette diminution de chiffre d’affaire. Mondelez International, le fabricant des biscuits Oreos vendus sous la marque Nabisco, est entré en force dans le marché du « sans gluten » : puisque la mode « sans gluten » existe autant l’exploiter. PepsiCo s’attaque aux snacks bons pour la santé comme l’hummus (voir notes en fin de billet).

Nestlé n’est pas en reste : puisque cette firme vend du sucre pourquoi ne pas vendre aussi des produits susceptibles de combattre le diabète ! Ce n’est pas une orientation soudainement prise devant la levée de boucliers mondiale contre la malbouffe mais un positionnement stratégique : Nestlé veut se redéfinir comme le leader mondial de la nutrition, de la santé et du bien-être sur des bases dites scientifiques. En d’autres termes cette firme vend d’une main ce qui nuit à la santé et de l’autre main ce qu’il faut pour remédier à cette dégradation de la santé. Dans les locaux du siège de Nestlé à Vevey, il existe maintenant un laboratoire de recherche en amont de la biologie de la nutrition employant plus de 160 scientifiques de haute qualification dont les centres d’intérêt vont de la maladie d’Alzheimer aux rhumatismes sans oublier naturellement le diabète. Les matières premières choisies sont les plantes, les légumes comme les tomates et aussi les champignons. Une sorte de librairie a été constituée pour développer de nouveaux produits à usage alimentaire thérapeutique. Elle comporte déjà plus de 40000 composés ! Mais ce n’est pas tout, le centre de recherche Nestlé sur la santé compte plus de 3000 personnes dédiées à la commercialisation des découvertes en amont dirigées par un certain Ed Baetge, biologiste moléculaire diplômé de l’Université Cornell qui a parachevé son expérience dans les biotech en Californie du sud. De nombreux « suppléments » sont déjà sur le marché et sont censés posséder des propriétés thérapeutiques. Jugez par vous-même :

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L’ingéniosité de Nestlé est d’arriver à vendre de nouveaux produits susceptibles d’améliorer la santé du consommateur en échappant à toute régulation car il s’agit de compléments alimentaires. Et comme l’image de marque de Nestlé est incontestable, c’est du profit pur jus ! La gigantissime firme Nestlé a donc mis au point une arnaque tout aussi gigantesque pour la plus grande satisfaction de ses actionnaires, mais qu’en est-il de celle du consommateur final ? Jamais un quelconque de ces compléments alimentaires n’a pu être clairement reconnu comme significativement bénéfique pour la santé … Pour preuve la société Accera, une filiale de Nestlé, a commercialisé une boisson contenant un triglycéride de l’acide caprylique, l’Axona, supposée être bénéfique pour combattre la maladie d’Alzheimer. Le produit en question est issu de l’huile de coprah et est donc « naturel ». La toute puissante FDA a déclaré cette boisson comme une drogue non approuvée et une class-action a été organisée par des consommateurs d’Axona pour le moins déçus par ses effets inexistants. L’affaire n’est pas arrivée devant les tribunaux car Nestlé l’a étouffée dans l’oeuf pour ne pas ternir son image de marque. Quand on s’appelle Nestlé …

Source et illustrations : Bloomberg

Notes :

https://en.wikipedia.org/wiki/Oreo et aussi sur ce blog : https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/10/17/oui-lobesite-est-une-maladie/

L’hummus est une sorte de purée préparée à partir de poix chiche, assaisonnée et pimentée. Ce plat originaire du Moyen-Orient est devenu très populaire aux USA en quelques années.

Dans le pays des obèses le sucre est roi !

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Une étude parue dans le British Medical Journal au début de ce mois de mars est révélatrice des habitudes alimentaires de facilité des Américains. Les deux tiers de la population nord-américaine sont en surpoids ou pathologiquement obèses. Cette épidémie qui se répand au Mexique, deuxième pays au monde en terme de surpoids de la population après les USA et atteint certains pays européens comme l’Espagne et la Grande-Bretagne ou encore le Brésil et l’Australie. Cette étude (voir le lien en accès libre) a pris en compte les habitudes alimentaires de 9300 Américains représentatifs de la population générale. Elle a révélé que 58 % des 2079 calories quotidiennement ingérées en moyenne par les Américains provenaient des sucres contenus dans les aliments ultra-industriels, un terme qui classe des milliers d’aliments sous emballage comme les pains industriels, les céréales, les biscuits apéritifs salés, les sodas … en passant par les barres chocolatées et autres amuse-gueule variés. Tous ces aliments de confort ou de facilité contiennent des additifs de texture, des émulsifiants, des colorants et des arômes artificiels, des conservateurs, des sucres enrichis en fructose, des constituants qu’on ne trouve pas dans l’alimentation naturelle fraiche.

Les autres 30 % de calories proviennent des légumes et du lait, 9 % des aliments peu transformés industriellement comme le jambon et le fromage et les 3 % restant du sucre de table. Cette étude fait état globalement d’une suralimentation déséquilibrée aux propriétés nourrissantes dégradées provoquant outre le surpoids et l’obésité, l’apparition de diabète, de maladies cardiovasculaires, de cancers, entre autres pathologies liées au surpoids. Les recommandations de l’Office fédéral de la prévention des maladies restent lettre morte, en particulier auprès des industriels de l’alimentation car les sucres ajoutés sont parfois cachés et leur présence n’est pas mentionnée dans les aliments ultra-industriels. Qui pourrait croire que les hamburgers contiennent du sirop de maïs enrichi en fructose ?

Dans l’esprit des consommateurs les jus de fruit supposés être 100 pour 100 issus de fruits pressés contiennent non seulement des substances chimiques qui les protègent des processus naturels d’oxydation mais ils ont été agrémentés de quantités substantielles de sucre. Une ration de 25 centilitres d’un jus d’orange quelconque contient l’équivalent de trois cuillères à café de sucre surajouté à celui naturellement présent dans le fruit pressé. L’Académie américaine de pédiatrie a lançé une alerte à ce sujet concernant les enfants afin que les parents limitent la consommation de jus de fruit commerciaux et conditionnés pour leurs enfants. Cette alerte est restée lettre morte en raison de la pression considérable exercée par le lobby des boissons à base de fruits sur les législateurs. Laisser les enfants prendre l’habitude de boire des jus de fruits auxquels des quantités presque extravagantes de sucre ont été ajoutées pour favoriser leur conservation est presque criminel car cette habitude favorise par la suite l’apparition d’obésité morbide !

L’alimentation industrielle répond à une tendance à la facilité, une attitude qui conduit imperceptiblement des peuples entiers vers un état de santé dégradé. Certains gouvernements ont décidé de taxer les sodas outrageusement sucrés, pourquoi alors ne pas également taxer les produits alimentaires traités industriellement et riches en sucres, en sel et en acides gras partiellement hydrogénés comme on a taxé les cigarettes en raison de leur dangerosité pour la santé ?

Source : bmjopen.bmj.com/content/6/3/e009892

Quand Coca-Cola finance des recherches académiques, c’est pour la bonne cause …

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L’épidémie d’obésité aux USA et dans beaucoup d’autres pays du monde est principalement provoquée par l’abus de sucres en tous genres ajoutés aux boissons gazeuses (ou non) et à de multiples préparations de nourritures industrielles que j’ai coûtume de qualifier dans ce blog de « malbouffe ». Les taxes et exemptions de taxes des sociétés sont accessibles au public, c’est une disposition dite de « transparence » introduite par Obama. Et quand on découvre que Coca-Cola déverse des dizaines de millions de dollars à des laboratoires universitaires impliqués dans la recherche sur l’obésité, le cancer, les maladies cardiovasculaires et la santé des enfants, on est en droit de se poser quelques questions car ces largesses extravagantes n’ont tout de même pas pour seul but de permettre à cette compagnie, leader mondial des boissons non alcoolisées, de payer moins d’impôts.

Quand on prend donc la peine d’éplucher les documents de l’IRS américain (Internal Revenue Service) l’équivalent du fisc français on découvre des faits tout à fait surprenants. Mais pour bien comprendre cette situation plutôt surréaliste il faut faire un petit rappel des désastres sanitaires que représentent l’obésité et le diabète qui y est lié aux USA. En 30 ans l’obésité a plus que doublé chez les enfants et quadruplé chez les adolescents. En 2012, dernières statistiques disponibles du CDC (Center for Disease Control, basé à Atlanta comme Coca-Cola), plus du tiers des enfants étaient obèses ou en surpoids. Les cas de diabète de type 2 ont triplé durant cette même période. Les buveurs compulsifs de Coca-Cola ignorent le plus souvent qu’une canette de 33 centilitres contient l’équivalent de 15 cuillères à café de sucre et quand on sait également que la consommation de sodas en tous genres a triplé durant ces 30 dernières années (toujours aux USA) il n’y a même pas de questions à se poser pour trouver des raisons à l’épidémie d’obésité.

Pour se donner bonne conscience, Coca-Cola a financé par exemple l’Académie Américaine de Pédiatrie (3 millions de dollars) pour qu’elle mette en place un site web ( healthychildren.org ) dédié à la santé des enfants, on croit rêver et pourtant c’est la stricte vérité : d’un côté Coca-Cola ne survit qu’en dépensant des milliards de dollars en publicité pour inciter les enfants et les adolescents à boire ses sodas et d’un autre côté cette compagnie subventionne des recherches pour se laver de tout soupçon. Par exemple Coca-Cola finance l’association américaine des médecins de famille à hauteur de 3,6 millions de dollars, le Collège Américain de Cardiologie ($ 3,2 M) l’American Cancer Society ($ 1,9 M) et y compris l’American Diabetic Association avec 1,1 million de dollars !

Plus fantastique encore, cette même société a financé à hauteur de 6,7 millions de dollars le Centre de recherches biomédicales de l’Université de l’Etat de Louisiane pour effectuer une étude réalisée dans 12 pays sur 6000 enfants. La conclusion de cette étude très attendue (c’est de l’humour) fut que l’obésité et le surpoids ne pouvaient être expliqués chez les enfants que par le manque d’exercices physiques, pas suffisamment de sommeil et trop de télévision sans jamais avoir mentionné le Coca-Cola comme boisson préférée de ces enfants et adolescents ! Cet institut d’où provient l’étude, le Pennington Research Center, s’est défendu en clamant que toutes les règles de l’éthique scientifique avaient été respectées. On comprend dès lors que de plus en plus de personnes mettent en doute les résultats de toutes ces « méta »-études qui sont biaisées dès le départ. L’Union of Concerned Scientists ( ucsusa.org ) clame qu’elle est totalement indépendante et qu’elle n’a jamais accepté le moindre dollar en provenance de corporations industrielles ou commerciales. Quand on voit quels sont les sponsors de cette association on ne peut qu’émettre de sérieux doutes sur sa probité. En effet, si cette association ne s’occupe pour ainsi dire que de changement climatique et de pollution, elle est financée par d’autres associations toutes orientées vers la promotion du danger du réchauffement climatique et dont le financement est pour ces dernières pour le moins opaque.

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Le monde scientifique s’est prostitué aux grandes compagnies industrielles et aux organisations politisées « non gouvernementales » pour survivre au détriment de la santé et du bien-être des populations … Faust avait vendu son âme au diable, le monde scientifique a fait de même.

Source : Huffington Post, illustration IMDB

La mort aux dents !

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Il y a quelques semaines j’ai relaté dans ce blog l’interaction entre le déséquilibre des acides gras omega-6 par rapport aux omega-3 dans les corps gras utilisés dans la malbouffe industrielle et l’apparition de maladies cardiovasculaires (voir le lien) à la suite du développement d’inflammations chroniques au niveau des artères provoquant l’apparition de plaques d’athérome. Souvent la malbouffe est associée, compte tenu de sa richesse en sucres à une mauvaise hygiène dentaire et ces deux facteurs conjugués forment un cocktail explosif pour les artères et en particulier les artères coronaires, mais pas seulement.

Une dentition mal entretenue favorise également l’apparition de rhumatismes articulaires. Or, on a toujours considéré que la bouche était une cavité indépendante du reste du corps et cette affirmation est totalement fausse. Un mauvaise hygiène buccale n’intervient pas directement sur l’ensemble de l’organisme mais par l’intermédiaire de bactéries particulièrement pernicieuses qui se sont munies d’armes redoutables pour survivre sur et dans la plaque dentaire au niveau des gencives qu’elles finissent par léser. Ce processus est de plus aggravé par un mauvais brossage des dents.

Une étude réalisée en Grande-Bretagne a montré sans ambiguité qu’une bactérie particulière était responsable du danger (voir le lien) et il s’agit de la bien-nommée Porphyromonas gingivalis, une bestiole qui envahit les fibroblastes de la gencive et se met ainsi à l’abri des antibiotiques. Elle se moque des antiseptiques présents dans les pâtes dentifrice et provoque un déséquilibre des défenses immunitaires de l’organisme grâce à l’action d’un mécanisme redoutablement destructeur qui favorise, ironie de la situation, la colonisation de la cavité buccale par d’autres bactéries, tout pour plaire …

Hippocrates avait en son temps affirmé que les infections dentaires favorisaient l’apparition d’arthrites et dans les années 1900 un médecin anglais du nom de William Hunter suggéra que les abcès dentaires étaient à l’origine de nombreux maux. Hunter s’appuyait sur une observation à faire grincer des dents : certaines personnes se faisaient extraire systématiquement toute dent douteuse et elles se trouvaient dans un état de santé général beaucoup plus satisfaisant que les sujets qui gardaient jalousement dans leur bouche comme des reliques des vieux chicots passablement pourris. Cette observation, sans base scientifique solide à l’époque, trouva son explication quand on découvrit la stratégie diabolique de la Porphyromonas gingivalis. Cette bactérie dispose en effet d’un équipement enzymatique d’une rare efficacité lui permettant de tout trouver pour survivre et se multiplier quand elle a commencé à infecter les cellules de l’épithélium buccal dont en particulier celui des gencives en contact avec la plaque dentaire. Puisque comme toute forme vivante a besoin de fer pour survivre, cette bactérie va se servir directement en détruisant la ferritine, une protéine du sang qui transporte le fer jusqu’aux cellules. Elle récupère ce fer à son profit tout en digérant la ferritine et affaiblit alors les cellules qu’elle a infecté. Pire encore, elle envoie dans la circulation sanguine et lymphatique ces enzymes qui à leur tour vont perturber la réponse immunitaire de l’organisme et favoriser toutes sortes de points d’inflammation. D’où l’apparition d’arthrites, de sclérose et de durcissement des artères dont en particulier les carotides et les coronaires, un vrai désastre organisé !

Depuis, on considère que non seulement cette bactérie et ses commensales est responsable direct de problèmes cardiovasculaires mais également de l’apparition de diabètes de type 2 (voir le lien, PlosOne) et même de cancers (lien, British Dental Health Foundation). Que faire ? Se brosser les dents avec une brosse électrique est fortement préconisé par les spécialistes de la bouche. Utiliser des pâtes dentifrice enrichies en fluor, et si on est courageux se faire des bains de bouche avec de l’eau de Javel relativement concentrée, les bactéries anaérobies comme celle mentionnée ont une aversion pour l’oxygène qui les tue instantanément … Et aussi et surtout ne pas garder comme des vestiges d’un passé révolu des dents infectées ou déchaussées, c’est tout simplement dangereux !

Inspiré d’un article paru dans The Guardian, illustration The Guardian.

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/06/26/malbouffe-industrielle-maladies-cardiovasculaires/

http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0128344

http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa063186#t=articleTop

http://www.dentalhealth.org/news/details/845

L’intolérance au glucose provoquée par les sucres artificiels !

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L’intolérance au glucose, l’une des principales manifestations du diabète, est induite par les agents sucrants de synthèse comme l’aspartame, le sucralose ou la saccharine (molécule ci-dessus). Ce qui veut dire que des centaines de millions de personnes se sont prises à leur propre piège. Pour combattre l’obésité qui résulte notamment d’un abus de sucre et qui favorise l’apparition de diabète de type 2, l’usage d’agents sucrants de synthèse aggrave la situation déjà critique des personnes en surpoids ou obèses. On croyait que les agents sucrants artificiels perturbaient la perception par le cerveau de la présence de sucre en agissant négativement sur le fonctionnement tant du pancréas que du foie. Or il n’en est rien, ce n’est pas du tout ainsi que les évènements se déroulent. Les agents sucrants de synthèse non caloriques perturbent profondément la flore intestinale et la situation est tout aussi critique chez l’homme que chez la souris, animal ayant été utilisé dans cette étude réalisée au Weizmann Institute of Science à Rehovot en Israël ( doi:10.1038/nature13793 ).

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Il est apparu clairement que l’usage d’agents sucrants artificiels modifiait profondément certaines activités enzymatiques toutes impliquées dans le métabolisme des sucres et que ces modifications reflétaient une modification de la flore intestinale avec comme conséquence la production d’acides indésirables dans les selles. Parallèlement l’intolérance au glucose se développait au cours de cette modification de la flore bactérienne intestinale. Une preuve de la relation de cause à effet a été apportée en inoculant cette flore prélevée dans l’intestin de ces souris dont le régime alimentaire comportait de la saccharine à des souris stériles, ces dernières développaient rapidement une intolérance au glucose. Pire encore, si on inoculait à ces mêmes souris stériles, ne possédant donc pas de flore intestinale, un échantillon de bactéries provenant de sujets humains utilisant des agents sucrants non caloriques, à nouveau ces souris développaient une intolérance au glucose. Il est donc clair que l’usage inconsidéré d’agents sucrants « zéro calories » est dommageable pour la santé et en particulier pour la bonne régulation du métabolisme du sucre. La modification du microbiome intestinal n’a pas que des conséquences néfastes sur ce métabolisme des sucres car ces bactéries sont également impliquées dans la bonne gestion des acides gras. Or l’ingestion de ces agents sucrants modifie tout aussi dramatiquement le métabolisme de certains dérivés d’acides gras notamment les sphingolipides et les lipopolysaccharides qui sont maintenant connus pour être directement associés à l’apparition du surpoids et de l’obésité.

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On se trouve donc devant une situation assez surréaliste : les agents sucrants artificiels – sucralose, saccharine ou aspartame – ont été introduits sur le marché pour combattre l’obésité en réduisant l’apport calorique et afin de normaliser la glycémie sanguine. Parallèlement l’introduction par les industriels de l’agro-alimentaire des graisses partiellement hydrogénées et du sirop de maïs enrichi en fructose a contribué à perturber l’ensemble du métabolisme tant des sucres que des corps gras. L’ « épidémie » d’obésité et de diabète de type 2 associé coïncident exactement avec l’augmentation des tonnages d’agents sucrants artificiels et ce n’est pas une relation due au hasard ! Cette étude prouve indiscutablement que la relation de cause à effet est indirectement la conséquence d’une modification de notre flore intestinale. Quand on perturbe la nature avec des produits artificiels les conséquences peuvent être catastrophiques. En conclusion il apparaît opportun d’interdire tout simplement et dans l’urgence ces agents sucrants. En ce qui concerne les stéviosides (voir la structure ci-dessous) utilisés depuis des années au Japon, le pays du monde où l’obésité est une rareté sociétale, ces composés sont naturels et leur structure complexe pourrait expliquer à elle seule qu’ils ne perturbent pas la flore intestinale, jusqu’à plus ample information …

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Source : Nature (voir le DOI), molécules de stévioside et de saccharine (Wikipedia)

Des laitues pour se vacciner !

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La cellule végétale est pourvue d’un noyau qui contient l’ADN nucléaire, de chloroplastes et de mitochondries qui contiennent également de l’ADN. Il y a donc en théorie trois possibilités pour réaliser des plantes génétiquement modifiées à des fins thérapeutiques. On connait maintenant la séquence de l’ADN chloroplastique de nombreuses plantes comme le tabac ou encore la laitue et l’idée de faire produire par le chloroplaste des protéines à usage thérapeutique présente un avantage sur les plantes modifiées au niveau de l’ADN nucléaire. En effet, il n’y a pas de risques de dissémination de l’ADN du chloroplaste modifié puisqu’il ne se retrouve pas dans le pollen. De plus, quand l’insertion du gène étranger est correctement réalisée, la plante reste tout à fait normale, ce qui est loin d’être le cas lors d’insertion de gènes étrangers dans l’ADN nucléaire. Il faut dans ce dernier cas vérifier que le phénotype de la plante et sa croissance ne sont pas modifiés et cette étape entraine des coûts et des délais supplémentaires dans la mise au point des transgènes. Rien de tout ça avec l’insertion dans l’ADN du chloroplaste du gène dont on veut obtenir une production rapide et efficace.

Et quand le produit à usage thérapeutique est une simple protéine les avantages sont doubles puisqu’il suffit de manger la dite plante pour par exemple se vacciner contre la grippe ! Une bonne salade de laitues et on est vacciné. Même pas besoin de purifier l’antigène produit par la plante, une opération coûteuse lorsque l’on produit ce même vaccin avec des bactéries ou des levures. Il faut en effet purifier la protéine en question et le processus est complexe et requiert des investissements parfois considérables. Bref, un champ de laitues banal, une petite installation de broyage et de dessiccation pour obtenir une poudre comestible qui se conserve aisément à la température ambiante et le tour est joué.

Cette approche s’est développée depuis qu’on a appliqué cette technique à des souris hémophiles en leur donnant dans leur nourriture de la poudre de laitues produisant le facteur de coagulation sanguine dont elles sont déficientes. Et ça a parfaitement bien fonctionné. C’était en 2010. L’équipe du Professeur Henry Daniell a réitéré ses exploits à l’Université de Pennsylvanie en faisant exprimer par les chloroplastes de la laitue une protéine qui stimule la production d’insuline qui s’est révélée être active avec des souris diabétiques. Toute application thérapeutique par voie orale peut être envisagée avec des laitues modifiées comme un vaccin contre la poliomyélite. La Fondation Bill et Melinda Gates a décidé de financer un établissement en Inde dans ce but. Cette technique relativement simple à mettre en œuvre dite de translation chloroplastique a été appliquée pour produire le vaccin contre la grippe H1N1 en quelques semaines seulement mais comportant aussi l’étape de purification nécessaire pour les vaccins injectables.

Les champs d’application de cette technique sont immenses mais les goulots d’étranglement restent les essais cliniques et les autorisations de culture en plein champ qui se heurtent à une certaine obstruction administrative alimentée par des écologistes et peut-être des grands groupes pharmaceutiques qui voient d’un très mauvais œil qu’une simple laitue les prive de substantiels revenus. On en est là …

Source : University of Pennsylvania News Desk

Saccharine, aspartame, sucralose : leurs effets pervers enfin dévoilés !

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J’étais tranquillement assis hier matin à la terrasse de mon bistrot préféré sirotant mon café matinal et j’observais deux femmes prenant leur café crème – ce n’est pas de la crème mais du lait – après y avoir ajouté un sachet d’aspartame. Ces deux femmes ne pouvaient visiblement pas cacher leur surpoids frisant la limite pathologique. Elles devaient certainement utiliser du faux sucre pour ne pas aggraver leur cas ou pour tout simplement se donner bonne conscience en suivant l’avis de leur médecin nutritionniste qui leur avait très probablement préconisé l’usage systématique d’une de ces molécules artificielles dites « sucres de synthèse zéro calories ». Le problème est que les boissons « zéro calories » sont devenues une mode car il n’y a pas que le café … Il y a aussi des confiseries basses calories ! On a reculé les limites du surréalisme alimentaire.

Pourtant, depuis l’arrivée sur le marché de l’aspartame en 1965, suivi du cyclamate en 1970, de la saccharine finalement autorisée à la fin des années 70 alors que ce produit était connu depuis 1950, un point final ayant été mis à la controverse sur ses propriétés cancérigènes, du sucralose apparu en 1998, un dérivé chloré du sucre ou saccharose, et d’autres agents sucrants cryptiques, l’épidémie d’obésité n’a cessé de progresser alors que ces produits étaient censés remplacer le sucre et donc diminuer l’occurrence de l’obésité.

Rien de tout ça bien au contraire. Mis à part le stévioside qui a fait ses preuves au Japon depuis des dizaines d’années – difficile de rencontrer des obèses dans ce pays à part les sumotori – et qui est un produit naturel, tous ces produits de synthèse aux propriétés « sucrantes » posent donc problème. On sait que le message « sucre » envoyé au cerveau se répercute au niveau du pancréas qui excrète alors de l’insuline à titre préventif et comme l’organisme a réagi à un leurre on comprend dès lors qu’il était impératif d’étudier dans le détail ce qui se passe au niveau du système digestif supposé recevoir du sucre ainsi qu’au niveau des bactéries intestinales qui ont peut-être aussi un rôle à jouer dans cette affaire de dupes.

C’est justement sur ce dernier point qu’une équipe de biologistes du Weizmann Institute a focalisé ses travaux puisque depuis toutes ces années, l’usage de « sucres artificiels » n’a eu aucun résultat positif sur la progression de l’obésité. Ce qu’ont découvert deux étudiants en thèse au Weizmann sous la direction du Professeur Eran Segal est pour le moins terrifiant et inattendu. Les succédanés du sucre auraient tendance à favoriser l’intolérance au sucre, donc le syndrome métabolique (l’obésité) et par voie de conséquence le diabète de type 2 mais pas comme on le suspectait en modifiant la réponse du pancréas au « signal sucre » transmis au cerveau, en agissant au contraire sur la flore intestinale, une perturbation résultant en une intolérance au glucose.

Toute hypothèse devant être naturellement vérifiée, après avoir justement vérifié que des souris, quelle que soit leur lignée, devenaient intolérantes au glucose après avoir ingéré des agents sucrants à des doses équivalentes à celles préconisées pour l’alimentation humaine, ils ont traité ces mêmes souris avec des antibiotiques pour détruire en grande partie leur flore bactérienne intestinale. Comme ils s’y attendaient un peu, ils constatèrent que l’intolérance au glucose, c’est-à-dire une glycémie élevée, disparaissait très rapidement. Comme on sait que tous ces produits ne sont pas absorbés par l’intestin et ne se retrouvent donc pas dans le sang, ils ont ainsi tout le temps de baigner la flore bactérienne intestinale au cours de la digestion. Un effet sur cette flore était donc fortement suspecté. Pour apporter une preuve supplémentaire, des souris élevées stérilement ne répondaient pas négativement aux agents sucrants mais si on leur inoculait les bactéries intestinales d’autres souris alors elles développaient immédiatement une intolérance au glucose. C’était un peu comme si ces bactéries transmettaient l’intolérance provoquée par les agents sucrants.

La dernière étape fut donc d’étudier cette flore et les modifications induites par les agents sucrants qui se révélèrent très profondes en favorisant certaines bactéries connues pour induire l’obésité tant chez la souris que chez l’homme. Comment dès lors transposer ces résultants alarmants aux humains ? D’abord il existe une banque de données très vaste qui passe en revue les connexions entre la flore bactérienne et la nutrition : ap04122001061

http://newsite.personalnutrition.org/WebSite/Home.aspx. Il y est répertorié un grand nombre de rapprochements entre nutrition et nature de la flore bactérienne intestinale. N’ayant pas froid aux yeux, ces deux étudiants ont voulu apporter des éléments de preuve supplémentaires en demandant à une dizaine volontaires de se plier à une expérience toute simple. Ces personnes n’utilisaient jamais d’agents sucrants et leur tolérance au glucose, leur glycémie, fut vérifiée. Ils leurs demandèrent alors de se soumettre à la consommation d’agents sucrants pendant une semaine par exemple avec leur café ou leur thé ou encore en buvant des boissons pétillantes de couleur brune bien connue affichant zéro calories sans aucunement changer leurs habitudes alimentaires. Le résultat fut évident : la majorité de ces volontaires bénévoles ont montré une intolérance au glucose à deux ou trois exceptions près et en analysant leur flore intestinale à l’aide du séquençage des ARN ribosomaux, ceux qui étaient resté indemnes, c’est-à-dire qui n’avaient pas développé d’intolérance au glucose, avaient une flore différente de celle des autres sujets. D’après les directeurs de thèse de ces étudiants, les Docteurs Segal et Elinav, certaines bactéries de l’intestin sécrètent au contact des agents sucrants des substances présentant des propriétés inflammatoires entrainant une modification de la capacité de l’organisme à assimiler le glucose. L’usage d’agents sucrants provoque donc les désordres métaboliques contre lesquels ils ont paradoxalement été destinés, que ce soit la perte de poids, un palliatif au traitement du diabète de type 2 ou d’autres situations métaboliques comme l’hypoglycémie résultant d’un excès d’insuline lors de l’ingestion de glucose. On se trouve donc devant un phénomène de société extrêmement préoccupant puisqu’on retrouve des agents sucrants dans plus de 1500 produits alimentaires et, de plus, ces agents sucrants sont en vente libre dans n’importe quel drugstore ou supermarché. Personne ne vous empêche de préparer à la maison des sorbets à la saccharine ou des tartes sucrées avec de l’aspartame pour réduire la quantité de sucre contenue dans les abricots ! Mais si vous développez un embonpoint peu esthétique ne vous en prenez qu’à vous-même …

Source : The Weizmann Institute

L’ « acidité » du sang : une belle application pour combattre le diabète.

La régulation de l’acidité de notre organisme est essentielle pour le bon fonctionnement de la plupart des fonctions métaboliques et cellulaires. Le pH de notre sang oscille entre 7,35 et 7,45 et outre l’effet amortisseur tant des protéines que des sels minéraux présents dans le sang sur cette valeur du pH, il existe un mécanisme qui va corriger toute variation indésirable et nocive pour l’ensemble des organes et leurs fonctions vitales. La régulation du pH est basée sur l’effet amortisseur essentiel du couple CO2 – bicarbonate sur la disponibilité en ions hydrogène, H+, afin de maintenir ce pH, d’aucuns parleront d’acidité, dans les bonnes valeurs. Il existe le cas particulier de l’estomac dont la fonction est de procéder aux premières étapes de la digestion et celles-ci sont d’autant mieux accomplies que le pH est fortement acide puisqu’il atteint 1,5 afin d’assurer le bon fonctionnement des enzymes gastriques. D’une manière générale la bonne valeur du pH sanguin est réglée par deux systèmes qui se complètent, l’élimination du CO2 au niveau des alvéoles pulmonaires lors de la respiration et l’activité d’un enzyme essentiel, l’anhydrase carbonique qui favorise la formation d’acide carbonique en présence de l’eau contenue dans le sang ou inversement libère le CO2 qui sera alors éliminé par les poumons. Enfin, de nombreuses fonctions cellulaires essentielles sont particulièrement sensibles au pH de leur environnement et les cellules sont elles-mêmes équipées pour pallier à toute variation indésirable de l’acidité.

L’une des pathologies les plus connues pour résulter en ce que l’on appelle une acidose chronique est le diabète de type 1. L’absence d’insuline oblige l’organisme à puiser dans les réserves d’acides gras pour produire le glucose nécessaire à toutes les cellules pour leur survie. Ce métabolisme dévié est très dommageable pour l’ensemble de l’organisme car le pH du sang et donc des fluides interstitiels peut chuter jusqu’à une valeur de 7,1 en raison de la production anormale d’acide beta-hydroxybutyrique par le foie lors de la tentative presque désespérée de produire du glucose qui n’est plus utilisé en raison des perturbations métaboliques au niveau cellulaire qu’induit cette acidose. Sans injection rapide d’insuline cette situation peut entrainer un choc métabolique grave pouvant être mortel. Fort heureusement notre organisme, dans les conditions normales, est parfaitement équipé pour éviter ce genre d’ennui et il est totalement inutile de s’imposer des régimes alimentaires particuliers pour maintenir le pH du sang et des autres fluides corporels à leur valeur physiologique normale.

Certaines cellules possèdent des récepteurs, des protéines associées à la membre cellulaire, particulièrement sensibles aux variations du pH. Par exemple certaines terminaisons nerveuses sensorielles sont capables d’apprécier d’infimes variations d’ « acidité » des aliments au niveau des papilles gustatives. Dans le sang, les lymphocytes T sont aussi équipés d’une sorte de récepteur de l’acidité produit du gène appelé TDAG8 qu’on a retrouvé également dans certains neurones suggérant qu’il modulerait les réactions à la douleur. Le promoteur de ce gène a été utilisé comme outil moléculaire pour induire la production d’insuline dans une construction génétique bien précise en fonction des variations du taux de CO2 dans des cultures de cellules. Cette construction schématisée dans la figure suivante tirée de l’article paru dans Molecular Cell et aimablement communiqué par le Docteur Martin Fussenegger, le coordinateur de l’étude réalisée à l’ETH de Zürich (voir DOI en fin de billet).

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La « construction » ayant pour but d’induire une production d’insuline en cas d’acidification du milieu a été introduite dans des cellules à l’aide d’un adénovirus, le vecteur communément utilisé en thérapie génique, et des lignées de cellules génétiquement modifiées ont été obtenues. Elles contiennent donc ce détecteur de pH induisant la production d’insuline (dans la figure « gene of interest »), production sous le contrôle du produit du gène TDAG8 qui réagit aux variations de pH et entraine une signalisation par la cellule pour initier cette production d’insuline. Les cellules ainsi modifiées ont été implantées dans des souris diabétiques sujettes à cette acidose (DKA dans l’illustration pour Diabetic KetoAcidosis) liée à l’absence d’insuline. Et comme on pouvait s’y attendre puisque le système avait préalablement été validé avec des cultures de cellules, les souris ont rapidement, en quelques jours seulement, retrouvé une production d’insuline normale avec une baisse du taux de glucose circulant ainsi qu’une quasi disparition de l’acidose.

Ce travail innovant constitue donc une approche élégante dans le traitement du diabète car la modification des cellules a été réalisée dans le seul but d’utiliser la modification du pH pour déclencher la production d’un gène bien précis, une sorte de « portail logique » intracellulaire artificiellement construit et ultra-sensible aux variations d’acidité induites par le CO2 ou les acides organiques produits en cas de diabète de type 1. Il s’agit en quelque sorte d’une prothèse moléculaire qui a pour but de corriger un défaut métabolique, induit ici par le défaut en insuline.

Source : ETH Zürich et Molecular Cell, DOI: 10.1016/j.molcel.2014.06.007