Pourquoi la France construit un centre hospitalier sur le plateau de Saclay ?

Alors que le système hospitalier français est en décrépitude pour diverses raisons, et je n’en citerai que deux, d’une part avec l’invasion d’un secteur administratif qui contrôle la gestion de la tarification à l’acte et alourdit considérablement l’emploi du temps du personnel strictement hospitalier. Dans un hôpital de taille normale un secrétariat d’une vingtaine de personnes suffit pour une gestion optimale de deux cent lits et mille personnels. Le système administratif mis en place par le Ministère a créé une sorte de monstre : pour ce même hôpital il y a maintenant 300 parasites qu’il faut rémunérer au même titre que le personnel médical. L’informatisation de l’ensemble des fonctions administratives devrait au contraire autoriser la réduction du nombre de personnels administratifs. La deuxième raison est le niveau salarial de misère de la majorité des personnels médicaux, depuis les aide-soignants et les infirmiers jusqu’aux médecins spécialisés. Par voie de conséquence il y a de moins en moins de candidats aux professions médicales, le numerus clausus de la formation de médecins ayant provoqué une désertification progressive de cette profession.

L’apparition de tout un éventail de nouvelles technologies de diagnostic et de traitement oblige parfois les hôpitaux à se spécialiser et l’un des exemples illustrant les contraintes nouvelles apparues avec ces nouvelles technologies est la médecine dite “nucléaire”. Qu’est-ce que la médecine nucléaire ? Dans un sens global il l’agit d’utiliser un radio-isotope artificiel utilisable pour le diagnostic et pour certains traitements. L’exemple du technétium-99 résume la problématique rencontrée en médecine nucléaire car c’est le produit radioactif le plus utilisé en médecine nucléaire. Un revue des autres radio-isotopes sera exposé dans la seconde partie de ce billet. Le technétium-99 est utilisé comme outil de diagnostic chez 20 millions de personnes dans le monde chaque année. Il permet de réaliser des diagnostics par imagerie gamma du cerveau, de la thyroïde, des poumons, du foie, de la vessie, des reins ou du squelette pour la détection et la localisation de tumeurs ou des problèmes circulatoires. La production de ce radio-isotope est problématique en raison de sa durée de demi-vie et des techniques d’extraction utilisées. Le technétium-99 est produit dans les réacteurs nucléaires de recherche à partir du molybdène-99, un produit de fission de l’uranium-235. Il est nécessaire d’utiliser de l’uranium enrichi en isotope 235 pour obtenir cet isotope du molybdène. Le noyau de ce molybdène se réarrange spontanément pour former le technétium-99. La demi-vie du Mo-99 est de 66 heures et celle du Tc-99 est de 6 heures. Avant d’utiliser le Tc-99 pour injection intra-veineuse en vue d’un diagnostic il faut le séparer du Mo-99, le radio-isotope parent, et cette opération est effectuée à l’hôpital par une chromatographie sur échangeur d’ions. L’hôpital doit être spécialement équipé car le Mo-99 comme le Tc-99 sont des émetteurs de rayons gamma. Il existe à Saclay deux réacteurs de recherche, Osiris et Orphée, susceptibles de produire du Mo-99. Cependant sur le même site du CEA à Saclay (Commissariat à l’Energie Atomique) il existe aussi l’accélérateur linéaire de particules, le LAL, et le synchro-cyclotron SOLEIL. On en vient donc à la deuxième méthode d’obtention du Mo-99 mais surtout de Tc-99. Ce dernier apparaît en bombardant avec des neutrons émis tangentiellement par le cyclotron, appelés improprement “radiation de synchrotron” avec également des rayons X, une cible de Mo-100 ultrapure. Le molybdène-100, faiblement radioactif, représente près de 10 % du molybdène naturel et doit être séparé jusqu’à un degré de pureté poussé pour obtenir le Tc-99 sans production parasite de technétium-99 “g” qui se transforme rapidement en ruthénium et empoisonne la cible de Mo-100. Un réglage fin de l’énergie des neutrons utilisés est donc nécessaire.

Le nouvel hôpital en construction sur le plateau de Saclay disposera donc sur le site d’une source d’approvisionnement en Tc-99 et c’est l’une des importantes raisons pour lesquelles le site de Saclay a été choisi. Outre le Tc-99 les infrastructures existantes du CEA sont à même de produire une série d’autres radio-isotopes utilisés tant pour le diagnostic que pour le traitement de cancers. La liste non exhaustive de ces radio-isotopes est la suivante et mes lecteurs comprendront l’importance méconnue de la médecine nucléaire. L’usage externe de rayons gamma dont la source la plus fréquente est du cobalt-60 et éventuellement du césium-135 est communément utilisée pour traiter certaines tumeurs et pour obtenir une aplasie médullaire avant une greffe de moelle et dans ce dernier cas l’irradiation peut être massive et à des doses proches de la dose mortelle. Enfin toujours dans le but de traiter certaines tumeurs localisées, l’implantation temporaire d’isotope radioactifs sous forme de filaments (cobalt-60, iridium-192, palladium-103) pendant quelques minutes ou quelques heures est pratiquée directement au niveau de la tumeur. Dans le cas de la thyroïde l’iode se fixe préférentiellement sur cette glande et les tumeurs sont traitées par injection d’iode-131 sous forme de iodure. Le strontium-89, le samarium-153 et plus récemment le rhénium-186 sont utilisés pour réduire les douleurs provoquées par les tumeurs osseuses lorsque ces douleurs ne peuvent plus être atténuées par les dérivés morphiniques. Enfin récemment l’utilisation d’anticorps monoclonaux marqués avec du bismuth-213 ou du plombe-212 ont été utilisés expérimentalement pour tenter de traiter les métastases multiples d’une tumeur cancéreuse utilisée auparavant pour obtenir ces anticorps monoclonaux. Ce type d’approche encore au stade expérimental est utilisé dans le cas de certaines leucémies et des mélanomes. Il s’agit alors de mettre en œuvre le rayonnement alpha émis par ces radio-isotopes. Le gadolinium-157 est enfin utilisé comme émetteur de neutrons en combinaison avec du bore injecté par voie intraveineuse qui capte les neutrons après fixation préférentielle du gadolinium radioactif dans le tissu cancéreux. À ne pas confondre avec le gadolinium stable utilisé comme agent contrastant dans l’imagerie par résonance magnétique nucléaire, le terme nucléaire ne mettant pas en œuvre de radioactivité. Tous ces traitements utilisent des doses variables allant de 20 à 60 grays à l’exclusion des traitements faisant appel à l’iode-131 pour traiter les tumeurs cancéreuses de la thyroïde car dans ce dernier cas les doses utilisées étant (rayons gamma) massives pouvant atteindre 1,2 gigaBecquerels. Les locaux hospitaliers doivent être spécialement conçus pour que le personnel ne soit pas irradié par le rayonnement gamma alors que ce radio-isotope émet également des électrons très énergétiques (rayonnement beta moins). Compte tenu de la période de demi-vie de l’iode-131 de 6 jours le patient reste confiné jusqu’à ne plus émettre que 1,2 Gbq ou 0,07 mSV/heure à une distance de 1 mètres. Certaines approches de radiothérapie spécifiques sont en cours de développement et utilisent du phosphore-32 pour le traitement de la polycythémie, une maladie rare caractérisée par une production anarchique d’hématies. D’autres approches sont en cours d’étude et elles utilisent toutes de radio-isotopes à courte durée de vie comme par exemple l’actinium-225, émetteur de rayons alpha avec une demi-vie de 10 jours et obtenu par désintégration du thorium-225 lui-même issu de l’uranium-233.

Tous ces radio-isotopes sont produits dans des réacteurs d’étude et leur purification et leur formulation se trouvent donc en amont de la médecine nucléaire. On comprend dès lors l’importance de la place que la radioactivité a pris dans le domaine médical, un aspect trop souvent oublié par le grand public malgré le fait qu’un jour ou l’autre il puisse, en tant que patient, être confronté à un traitement spécifique dans un service hospitalier de médecine nucléaire. La médecine nucléaire sauve des vies, faut-il le rappeler.

Les autres utilisations de la radioactivité sont courantes et industrielles dans le domaine de la stérilisation à l’aide de rayons gamma dont la source universelle est le cobalt-60. Dans le domaine de l’imagerie médicale par émission de positrons le désoxyglucose marqué avec du fluor-18 est l’une des approches les plus courantes. Le fluor-18 est un émetteur de rayons beta plus, c’est-à-dire de noyaux d’hydrogène. La rencontre avec un électron provoque leur annihilation avec émission de deux photons gamma qui sont alors détectés par des caméras permettant d’obtenir une image tridimensionnelle. Cette technique est utilisée pour étudier les fonctions du cerveau et également pour détecter et localiser certaines tumeurs cancéreuses. Le fluor-18 est produit à cet effet en soumettant de l’eau enrichie en oxygène-18 à un flux de protons de haute énergie à l’aide d’un accélérateur linéaire de particules, il en existe un sur le plateau de Saclay, et la proximité du site de production de ce radio-isotope est critique puisque la période de demi-vie du fluor-18 n’est que de une heure quarante minutes. L’eau ainsi soumise à ce flux de protons (H+) se transforme en avide fluorhydrique directement utilisée pour synthétiser le fluoro-désoxyglucose.

Enfin, pour conclure ce billet, les radio-isotopes sont d’un usage courant dans la recherche biologique. J’ai moi-même utilisé au cours de ma carrière du tritium, du carbone-14, du phosphore-32, du fer-59 et de l’iode-125. Pour l’anecdote je me suis trouvé contaminé involontairement avec ce dernier radio-isotope (demi-vie 60 jours) à deux reprises en l’utilisant pour effectuer des radio-immuno-essais. Le technicien qui contrôlait le personnel de l’institut de recherche situé en Californie du Sud m’a préconisé une cure d’ormeaux puisqu’il savait que mon technicien passait beaucoup plus de son temps qu’au laboratoire à s’occuper de son élevage d’abalones dans la baie de La Jolla ! Source partielle World Nuclear Association et Wikipedia en anglais.

Les chauve-souris au secours de la recherche sur le cancer !

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Les chauve-souris, outre le fait que ce sont les seuls mammifères capables de voler, ont une espérance de vie démesurément longue si on considère leur taille et leur poids comparés à d’autres mammifères. Elles ont envahi tous les continents à l’exception des régions arctique et antarctique et elles sont les seconds mammifères du monde de par leur diversité. Une autre caractéristique des chauve-souris est leur formidable adaptation à toutes sortes d’agents pathogènes dont en particulier des virus mortels tels que celui de la rage ou de la fièvre Ebola. Enfin, pour souligner ces particularités les chauve-souris semblent indemnes de cancers. Parmi toutes les chauve-souris en captivité répertoriées dans le monde – des dizaines de milliers – il n’y a eu que 5 cas de cancers avérés alors qu’elles ont une espérance de vie en moyenne 3,5 fois plus longue que d’autres mammifères du même poids et dont beaucoup ne sont pas du tout à l’abri d’un cancer. Le record de longévité d’une chauve-souris est de 30 ans.

Je me permets de glisser ici une anecdote vécue à propos de chauve-souris. Il y avait, quand j’habitais là-bas, un restaurant à Port-Vila (Vanuatu) – « l’Houstalet » – tenu par un Français qui proposait au menu de la roussette (Pteropus conspicillatus qui fait partie des grands chiroptères) cuite dans ses ailes et non vidée au préalable. Je n’ai jamais osé goûter à ce mets car le patron avait pour animal de compagnie une roussette femelle qui m’avait adopté. Chaque fois que j’allais boire un verre ou bavarder avec des amis je prenais cette créature contre moi, elle avait appris à se tenir la tête en haut, et elle me léchait le cou en me regardant avec ses grands yeux un peu jaunes pleins de douceur … Selon le patron du restaurant elle avait plus de 20 ans.

Mais revenons au propos de ce billet. Une équipe de biologistes de l’Ecole de Médecine de Singapour s’est intéressée à la chauve-souris pour tenter d’expliquer pourquoi elle était aussi résistante à toute forme de cancer et également pourquoi elle avait une espérance de vie aussi démesurément longue. Ils se sont penché sur des cultures de cellules de Pteropus alecto, un cousin de la roussette du Vanuatu, appelé aussi renard noir volant, commun en Indonésie. Si on met en contact des cellules de Pteropus en culture un puissant inhibiteur de la topoisomérase, enzyme qui provoque des cassures de l’ADN double-brin, comme de l’etoposide ou de la doxorubicine, l’etoposide étant utilisé pour traiter certaines formes de cancers chez l’homme, ces cellules semblaient remarquablement résistantes à cet agent. L’explication fut trouvée en constatant l’abondance dans ces cellules d’une forme phosphorylée d’histone H1. Cette même activité enzymatique spéciale consistant à transférer un phosphate sur ces protéines (les histones) intimement associées à l’ADN nucléaire était présente dans ces cellules avec des activités spécifiques beaucoup plus élevées que pour des cellules humaines ou murines en culture. De même, ces cellules étaient étrangement résistantes à une forte, mais non létale, irradiation avec des rayons gamma pour la même raison.

Il restait à expliquer pourquoi les chauve-souris vivent aussi longtemps et l’explication trouvée réside dans le fait que ces cellules de chauve-souris disposent d’un mécanisme incroyablement efficace pour se débarrasser de tout produit d’origine intra-cellulaire ou d’origine artificielle, on dit xénobiotiques. En effet les cellules originaires de chauve-souris possèdent un taux anormalement élevé d’un transporteur membranaire fonctionnnant dans une seule direction, de l’intérieur de la cellule vers l’extérieur, in vivo vers le liquide interstitiel. Il s’agit du transporteur ABC, acronyme de ATP Binding Cassette transporter, et dans le cas de celui impliqué dans l’expulsion – on peut appeler le processus ainsi – de la doxorubicine il s’agit du transporteur ABCB1. L’implication de ce type de transporteur dans certaines formes de cancer résistants aux traitement chimiothérapique avait déjà été observé. En effet sa biosynthèse, dans ces cancers, se trouve dérégulée et les cellules cancéreuses deviennent insensibles à tout traitement curatif.

Cette observation a permis d’expliquer en partie la longévité inattendue des chauve-souris : elles sont capables d’éliminer très efficacement toute substance pouvant provoquer une mort cellulaire prématurée car la chauve-souris surexprime cette forme de transporteur. Naturellement ce processus de transport consomme beaucoup d’énergie, il faut donc que les mitochondries soient capables de suppléer à cette demande en énergie, en d’autres termes que les cellules soient en bonne santé.

Ce qui intrigua aussi ces biologistes de Singapour est l’apparente immunité des chauve-souris à toutes sortes de virus. Encore une fois ce même transporteur est activé par la présence d’un virus, que ce soit ceux de la rage, d’Ebola, de la fièvre de Marburg, du SARS et de bien d’autres, et les cellules expulsent aussi ces virus à l’aide du même transporteur.

Quand on songe que les éoliennes installées à tort et à travers dans les pays développés tuent des millions de chauve-souris, il ne nous reste que les yeux pour pleurer la disparition de ces mammifères incroyablement divers et riches en enseignements – au moins pour les biologistes – qui pourraient améliorer la condition humaine …

Source : https://doi.org/10.1038/s41467-019-10495-4

Obésité et cancer : un lien ?

Obésité et cancer : un lien ?

L’illustration ci-dessus se passe de commentaires. Ça se passe à New-York, inutile de le préciser (source Associated Press). Cette photo appelle déjà un commentaire cinglant : les femmes n’ont plus aucun respect de leur corps. Elles se laissent envahir par de la mauvaise graisse, mangent n’importe quoi et ensuite elles se plaignent auprès de leur médecin car elles ont des difficultés pour marcher – un détail, la canne – ou pour se torcher le c**, beaucoup plus prosaïquement. Je suis délibérément cru dans mon propos qui décrit parfaitement la réalité. Il en est de même pour les hommes, je ne voudrais pas être taxé de misogynie … Bref, les statistiques américaines relatives à la santé ont conclu qu’en 2014 six-cent-trente mille cancers, soit 40 % des cancers décrits et répertoriés par l’administration, avaient été provoqués par le surpoids ou l’obésité ! Il est important sinon honnête de rapprocher cette statistique d’une autre donnée tout aussi officielle : aux USA 71 % de la population souffre de sur-poids ou d’obésité pathologique. L’obésité favorise donc, si mes calculs sont exacts, l’apparition de 29 % de la totalité des cancers. Parmi les cancers liés à l’obésité on retrouve, toujours selon le NIH (National Institute of Health) douze types de ces derniers : oesophage, thyroïde, vésicule biliaire, estomac, sein, foie, pancréas, rein, ovaires, utérus, côlon et rectum. C’est beaucoup ! Mais pas autant qu’on pourrait avoir tendance à le croire en rapprochant les cas de cancers et l’obésité. Encore une étude statistique sans valeur aucune qui compare des serpillières et des mouchoirs de soie … L’obésité favorise beaucoup plus significativement les maladies cardio-vasculaires, l’apparition de diabète (avec ses conséquences variées) et divers troubles squelettiques et circulatoires. Manger avec modération est incontestablement salutaire pour la santé en général. Notre corps nous est « confié » à la naissance, alors pourquoi ne pas en prendre soin comme on prend soin de sa voiture ou de sa maison. Il s’agit d’une forme de respect fondamental de la vie, mais c’est un autre débat.

Source : ats

CRISPR et bioéthique : La Chine a mis le turbo !

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Ce n’est pas une nouvelle très récente mais elle mérite d’être commentée : La Chine a édité des gènes dans des cellules immunitaires humaines en culture pour combattre une forme de cancer du poumon réfractaire à toute chimiothérapie ou radiothérapie. L’équipe du Docteur Lu You de l’hôpital universitaire de Chengdu a prélevé des cellules T du sang des patients enrôlés pour l’essai clinique prévu ce mois d’août et a modifié génétiquement ces cellules pour qu’elles attaquent spécifiquement les cellules cancéreuses. Un gène a été éliminé à l’aide de l’outil CRISPR-Cas9 et le promoteur du gène impliqué dans l’attaque des cellules cancéreuses par ces cellules T a été modifié pour amplifier la réponse immunitaire de ces cellules. Le souci, et c’est un peu le but de cet essai clinique sur des patients voués, certes, à une mort certaine, est que le « knock-out » du gène PD-1 qui contrôle justement l’agressivité des cellules T risque de provoquer des dommages sur d’autres organes sains.

Pour l’instant la première étape consiste à multiplier au laboratoire les cellules T modifiées génétiquement. Cette étape est réalisée par la société MedGenCell basée à Chengdu. Lors de l’essai clinique proprement dit ces cellules seront injectées en quantités variables dans le sang de 10 malades. Ceux-ci seront sous surveillance constante et divers marqueurs sanguins seront mesurés en temps réel. La Chine semble ne pas trop s’embarrasser avec la bioéthique diront certains analystes mais il faut tout de même reconnaître qu’il s’agit d’une tentative dont le but final est de sauver des vies, alors la frontière éthique, dans ce cas précis, est un peu floue.

Les scientifiques chinois n’en sont pas à leur première tentative d’édition de gènes. En mai 2015 l’équipe du Docteur Junjiu Huang finit par publier ses travaux sur la modification d’un embryon humain à l’aide de l’outil CRISPR dans une revue scientifique obscure, Protein&Cell. Les deux autres éditeurs sollicités, Nature et Science, avaient refusé de publier ce travail car il soulevait à l’évidence trop de questions éthiques. Certes l’embryon transformé se révéla non viable mais les Chinois avaient-ils transgressé les principes de la bioéthique presque universellement adoptés dans le monde au sujet des embryons humains ? Pas vraiment si les résultats ont montré au final que l’outil CRISPR n’était pas du tout aussi spécifique qu’on le croyait … La conclusion de ces travaux – l’embryon fut détruit à la fin de l’expérimentation – fut qu’il fallait considérablement améliorer la spécificité de reconnaissance des sites de modification sur l’ADN avant d’envisager une quelconque application biomédicale du CRISPR. Peut-être ont-ils résolu le problème avec les cellules T.

À suivre.

Sources en accès libre : doi : 10.1038/nature.2016.20302 et aussi 10.1038/522020a et encore : doi : 10.1007/s13238-015-0153-5

Marqueurs génétiques : business is business !!!

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La société Color Genomics propose pour 249 dollars la recherche des marqueurs génétiques liés à certaines formes de cancers parmi les plus fréquents. Il s’agit à l’aide d’un échantillon de salive prélevé avec un kit spécial de rechercher 31 marqueurs. Cette société exige de faire appel à un médecin pour effectuer cette démarche particulière car les résultats doivent être interprétés par un spécialiste pour éviter d’alimenter de fausses angoisses. Si le candidat curieux ne veut pas faire intervenir son médecin personnel Color Genomics peut le mettre en contact avec un autre praticien pour interpréter les résultats du test.

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Ce n’est en effet pas parce que par exemple on a une mutation sur le gène BRCA1 qu’on va obligatoirement développer un cancer du sein, du pancréas ou de la prostate. Il existe au jour d’aujourd’hui 13 marqueurs du cancer du pancréas dont les deux gènes BRCA1 et 2. Le style et l’hygiène de vie amplifient cette prédisposition d’origine génétique aux cancers sans que l’on en connaisse encore précisément le mécanisme. C’est la raison pour laquelle les conseils d’un praticien spécialisé sont très fortement encouragés par la société Color Genomics. Les autorités de santé considèrent que seulement 10 à 15 % des cancers sont d’origine génétique, 5 à 15 % d’origine familiale et 70 à 80 % d’origine sporadique inconnue et très largement provoqués par l’environnement et le style de vie. Il n’y a donc pas de quoi s’enquérir systématiquement de cette information génétique. Il est tout de même important de noter que si une femme possède les deux allèles mutés du gène BRCA1, comme c’est le cas pour Angelina Jolie, elle aura 80 % de chances de développer un cancer du sein durant sa vie. Une mutation sur les deux allèles du gène APC conduisent statistiquement à 100 % de chances de cancer colorectal. Mais ce sont des cas plutôt rares …

Ce n’est encore une fois que du gros business as usual !

Source et illustrations : https://getcolor.com/

Le colposcope pour smartphones : sauver des vies

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Environ 270000 femmes meurent d’un cancer du col de l’utérus chaque année dans le monde, surtout (85 %) dans les pays qui ne disposent pas d’infrastructures permettant un dépistage précoce de ce type de cancer dont la cause est le virus du papillome (HPV) pour lequel il existe maintenant un vaccin. Dans les pays en développement l’OMS considère qu’il s’agit d’un des cancers les plus meurtriers chez les femmes alors qu’il est très facilement décelé et éradiqué au stade précoce.

C’est pour faciliter le dépistage de ce cancer que la société israélienne MobileODT, basée à Tel-Aviv, a mis au point un accessoire pour téléphone mobile qui permet à n’importe quelle femme de faire un « selfie » du col de son utérus ! Il s’agit de l’exploitation de la puissance d’imagerie des téléphones qui a déjà été expérimentée avec succès dans des pays comme le Nicaragua, Haiti ou encore au Kenya. En Afghanistan, cet accessoire a d’ors et déjà remporté un vif succès auprès des médecins avec le soutien financier du Rotary Club. Dans ce pays et bien d’autres les femmes refusent de parler de leur santé intime et refusent également d’être examinées par un médecin, une tâche qui revient aux infirmières. La plupart des femmes qui se sont elles-mêmes examiné et qui ont vu une photo du col de leur utérus se sentent rassurées.

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Dans les dispensaires une coloscopie à l’oeil nu effectuée après un rinçage rapide du vagin avec de l’eau vinaigrée n’est pas un geste très apprécié par les femmes alors que le « Eva System » de MobileODT est beaucoup mieux toléré. Les photos peuvent être envoyées à un médecin qui décidera d’une intervention rapide le cas échéant. Ce même système peut également être utilisé pour obtenir des preuves d’une agression sexuelle. Finalement le smartphone, qui représente une des plus populaires avancées technologiques de ces dernières années, va pouvoir sauver des vies humaines. À n’en pas douter bien d’autres applications verront le jour dans un futur proche.

Source et illustrations :

http://www.mobileodt.com/cervical-cancer-screening-system.html

et aussi sur ce blog : https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/05/11/des-smartphones-pour-combattre-lonchocercose-et-le-loa/

Les jumeaux au secours de la recherche sur le cancer

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Malgré les progrès de la médecine, les hommes paient toujours un lourd tribu au cancer puisqu’on estime à 12 millions le nombre de nouveaux cas de cancers chaque année dans le monde entrainant 8 millions de décès. Dans les pays scandinaves, Danemark inclus, le cancer représente plus du tiers des décès. Pour améliorer la prévention il est nécessaire de mieux connaître les facteurs génétiques et environnementaux favorisant cette pathologie. De nombreuses études ont montré clairement qu’il existait des prédispositions familiales et la biologie moléculaire a apporté des éclaircissements sur les incidences de « cancers familiaux ». Par exemple il n’y a maintenant plus aucun doute au sujet de la prédisposition familiale au cancer de la prostate avec un risque augmenté de 42 %. Il en est de même pour les cancers colo-rectaux (35%) et du sein (27%). Pour mieux cerner cette prédisposition familiale il existe dans les pays scandinaves des registres détaillés datant des années 1870 relatifs aux jumeaux hétérozygotes ou homozygotes. Cette immense base de données, Nordic Twin Study of Cancer (NortwinCan), concerne au total 357377 jumeaux ! En excluant tous les individus pour lesquels il manquait des informations 203691 dossiers ont été étudiés et parmi ceux-ci 27156 cas de cancers ont été répertoriés.

Comme cette étude incluait les jumeaux hétérozygotes (faux-jumeaux) il a été possible d’établir une différence entre l’incidence familiale au sens large, des jumeaux hétérozygotes pouvant être considérés comme des enfants pouvant parfaitement avoir été issus de deux gestations séparées dans le temps, donc, et l’incidence génétique directe avec les jumeaux homozygotes. Cette étude comportait en effet 80309 jumeaux homozygotes et 123382 jumeaux hétérozygotes du même sexe dont 104251 étaient de sexe féminin. Comme le risque d’apparition de cancers augmente avec l’âge, l’étude s’est focalisée sur la tranche d’âge 50-95 ans et il est immédiatement apparu et très clairement que l’incidence cumulée d’apparition de cancers était 8 % plus élevée que la moyenne de la population générale chez les jumeaux hétérozygotes et 32 % pour les jumeaux homozygotes. En d’autres termes quand un jumeau homozygote souffrait d’un cancer, dans les 40 années suivantes l’autre jumeau avait jusqu’à 46 % de « chance » (ce n’est qu’un terme statistique) de souffrir d’un cancer, mais pas nécessairement du même type alors que dans le cas des jumeaux hétérozygotes ce pourcentage de chance n’était que de 37 %.

Parmi les 23 types de cancers étudiés, les corrélations les plus significatives, hors facteurs environnementaux, ont pu être établies par ordre décroissant pour les cancers de la prostate, du sein, des poumons, du colon, de la vessie, de la peau (mélanomes inclus) et de l’estomac chez les jumeaux homozygotes. Il est intéressant de constater que pour les cancers du poumon la fréquence d’apparition de ce type de pathologie n’est pas significativement différent entre les jumeaux homozygotes et les jumeaux hétérozygotes probablement en raison de la difficile quantification des facteurs environnementaux comme le tabac, l’activité professionnelle ou la pollution. Cette étude fait donc ressortir l’importance d’une prise en charge attentive de certains types de cancers compte tenu de l’environnement génétique familial en particulier pour les cancers de la prostate, du sein, des ovaires, de l’utérus et les mélanomes.

Source : JAMA, doi : 10.1001/jama.2015.17703 aimablement communiqué par l’un des auteurs de cet article, illustration Harvard School of Public Health

Le Centre International de Recherche sur le Cancer délire encore !

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Je laisse mes lecteurs carnassiers méditer sur la dépêche d’agence suivante :

La charcuterie est cancérogène, la viande rouge probablement aussi

La consommation de charcuterie est cancérogène, celle de viande rouge « probablement » aussi. C’est ce qu’indique selon une évaluation publiée lundi par l’agence cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Ces résultats confirment les recommandations de santé publique actuelles appelant à limiter la consommation de viande », a commenté le Dr Christopher Wild, le directeur du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à l’origine de l’évaluation. Le porc est inclus par le CIRC dans les viandes rouges au même titre que le boeuf, le veau, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre.

Le fait de ranger les charcuteries et autres viandes transformées dans le groupe des agents qui sont causes de cancer, comme le tabac ou l’amiante, ne veut pas pour autant dire qu’ils sont tout aussi dangereux, note toutefois le CIRC.

En effet, selon les estimations les plus récentes du projet « Fardeau mondial de la maladie », 34’000 décès par cancer par an environ dans le monde sont imputables à une alimentation riche en charcuteries, contre un million de décès par cancer imputables au tabac et 600’000 à la consommation d’alcool.

Cancer colorectal

Le CIRC s’est basé sur plus de 800 études pour ranger la viande transformée dont fait partie la charcuterie dans la catégorie des agents « cancérogènes pour l’homme (Groupe 1) ». Ce classement a été établi sur la base « d’indications suffisantes selon lesquelles la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal chez l’homme ».

« Ce risque augmente avec la quantité », selon le Dr Kurt Straif, du CIRC. Concrètement, chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement augmente le risque de cancer colorectal de 18%.

Problème de santé publique

« Compte tenu du grand nombre de personnes qui consomment de la viande transformée, l’impact mondial sur l’incidence du cancer revêt une importance de santé publique », ajoute-t-il.

Le CIRC relève que la question se pose d’autant plus que la consommation de viande a tendance à augmenter dans le monde, en particulier dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.

La consommation de viande rouge a pour sa part été classée comme « probablement cancérogène pour l’homme ». Les résultats semblent aussi indiquer une association entre sa consommation et le développement du cancer colorectal mais également des liens avec les cancers du pancréas et de la prostate.

(ats / 26.10.2015 13h08)

Encore une fois le Centre international de recherche sur le cancer s’illustre dans son idéologie fortement teintée d’écologisme militant. En deux mots cette nouvelle évidence de la consternante médiocrité de cet organisme onusien fait réfléchir sur son utilité. L’IARC ou CIRC en français ne sert finalement qu’à répandre le message des organisations écologistes qui prônent une agriculture ancestrale où les agriculteurs enlèveront les mauvaises herbes avec un piochon (voir les délires sur le glyphosate « probable » cancérigène). Pour les viandes, puisque les élevages en tous genres produisent du méthane, un épouvantable gaz à effet de serre qui dérègle le climat, il faut donc alimenter la peur en décrétant, preuves (?) à l’appui, que les charcuteries sont cancérigènes au même titre que l’amiante, les fumées de moteurs diésel et le tabac, ça produit un choc psychologique, et les viandes rouges potentielles ou probables cancérigènes, ça passe encore mieux !

Puisque les « chercheurs » du CIRC qui ne font qu’entrer des données dans des ordinateurs, les triturer ad libitum jusqu’à leur faire dire ce qu’ils ont initialement prévu – ça s’appelle de l’honnêteté scientifique – il en résulte un semblant de relation de cause à effet et un scoop repris naturellement par des multitudes de médias qui vont enfoncer le clou auprès d’un public totalement lobotomisé par la propagande et le tour est joué. Quand on sait que le CIRC se trouve à Lyon, la capitale française de la charcuterie, et qu’il existe pourtant toujours des Lyonnais qui souffrent ni plus ni moins de cancers du colon ou du rectum que les mangeurs de fromage de Mongolie, il faut tout simplement constater que cette énième étude payée par nos impôts est un torchon de plus …

Illustration : saucisson de Lyon à cuire à la pistache à consommer avec modération puisque c’est cancérigène !

La recherche médicale : majoritairement frauduleuse, c’est rassurant !

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Quand le Dr Richard Horton, rédacteur en chef du prestigieux journal de science médicale The Lancet, se met à douter de la science, il ne faut pas prendre ses propos à la légère. Je cite le docteur Horton : « Cette affaire d’anti-science est simple : une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, est tout simplement falsifiée. Pourrie par le caractère étriqué des échantillons étudiés, des effets observés pratiquement imperceptibles, des analyses exploratoires et des protocoles expérimentaux sans valeur sans oublier les conflits d’intérêt flagrants, en ajoutant l’obsession pour la poursuite dans des tendances douteuses à la mode du moment. La science a pris un virage vers les ténèbres ».

On ne peut pas mieux résumer l’état délabré de l’honnêteté scientifique et pour une fois je ne parlerai pas du climat mais de la recherche médicale encore que cette remarque peut s’appliquer pleinement à la recherche climatique si tant est qu’il s’agit bien de recherche. Premier point abordé par le Dr Horton la notion de peer-review est maintenant galvaudée pour le plus grand profit de groupes de pression et dans la recherche médicale il s’agit des grands laboratoires pharmaceutiques. Le Dr Horton le reconnaît, même cette institution vénérable qu’est The Lancet est pratiquement contrôlée par le lobby de la pharmacie. Les manuscrits soumis pour publication n’ont même plus l’apparence de travaux scientifiques. À la première lecture on comprend que les auteurs des articles se sont arrangé pour obtenir des résultats concordant avec une hypothèse pré dictée par les compagnies finançant ces travaux.

Le Docteur Marcia Angell, éditeur en chef du non moins prestigieux New England Medical Journal abonde dans le sens de Horton : « Il est devenu tout simplement impossible de croire en la validité des recherches cliniques publiées ou de se reposer sur le jugement d’autorités médicales reconnues. Après vingt années au poste d’éditeur en chef de ce journal je ne peux que faire ce constat écoeurant ».

Le nombre de fraudes scientifiques est devenu invraisemblable. La plupart des publications concernant par exemple certains vaccins et financées par les compagnies pharmaceutiques violent de manière flagrante la convention internationale d’Helsinki sur l’éthique médicale et les bonnes pratiques de laboratoire. Il en est de même pour un grand nombre de médicaments dont les effets adverses voire toxiques ont été sciemment dissimulés par ces mêmes compagnies pharmaceutiques. La grande majorité des recherches sur le cancer ne sont que frauduleuses. Le Docteur John Bailer, Directeur du Centre américain de recherche sur le cancer, ne prend pas de pincettes rhétoriques quand il déclare : « Mon sentiment général est que le programme national de recherche sur le cancer est un échec total ». Il ajoute que la grande majorité des traitements pharmacologiques contre le cancer ont été des fiascos complets. Il reconnaît que la majorité des fonds dédiés à la recherche sur le cancer ont été déviés vers la recherche sur les animaux qui est complètement inutile car les humains ne fonctionnent pas à l’évidence comme les animaux de laboratoire. Presque tous les traitement anti-cancéreux ont été découverts et mis au point en milieu hospitalier et non en laboratoire avec des animaux et pourtant l’essentiel des crédits de recherche alloués vont vers les laboratoires pharmaceutiques qui utilisent ces modèles animaux éloignés de la réalité et donc inutiles.

L’une des plus grandes fraudes de ces 30 dernières années est le fluor supposé améliorer la santé des dents et du squelette. Ce ne sont même plus des compagnies pharmaceutiques qui sont impliquées dans ce scandale mais des fabricants de lessives et les compagnies de distribution de l’eau qui ajoutent du fluor dans l’eau ! Le docteur Irwin Bross, ancien directeur du Sloan-Kettering Cancer Research Institute, n’y va pas par quatre chemins à propos du fluor des pâtes dentifrice et de l’eau du robinet : « Le fluor cause plus de cancers que toutes les autres substances chimiques. J’en suis arrivé à cette conclusion scientifiquement et biologiquement évidente après mes 50 années de recherche sur le cancer ». Les cancers causés par le fluor représentent deux fois plus de cas que les cancers du sein et, pire, deux fois plus de cas que les cancers du poumon des fumeurs. Le gros souci est qu’on retrouve ce fluor dans toutes les boissons industrielles, sodas, bières et autres jus de fruits. Sous prétexte d’améliorer la santé dentaire le fluor des pâtes dentifrices et de l’eau constitue aussi selon le Docteur Dean Burk un crime des autorités publiques en favorisant l’apparition de millions de cas de cancer. Enfin pour l’anecdote, aucun des soit-disant travaux scientifiques sur les effets du cannabis sur la douleur ou le cancer n’a fait l’objet d’études cliniques sérieuses reconnues pour leur probité. Il s’agit encore d’anti-science caractérisée.

Finalement le monde scientifique revient à grands pas vers l’époque des alchimistes et pire encore vers l’âge des cavernes. Quand la science régresse comme on peut s’en rendre compte, alors l’humanité toute entière régresse. Et paradoxalement les éditeurs des journaux scientifiques sont aussi complices de ce délabrement de la qualité scientifique car ils se soucient du facteur d’impact de leur journal. En quelque sorte « il faut faire du chiffre » quitte à ignorer les règles les plus élémentaires de l’honnêteté et de l’éthique. Bien évidemment cette situation n’est pas unique à la recherche bio-médicale …

Sources :

https://en.wikipedia.org/wiki/Declaration_of_Helsinki

https://www.youtube.com/watch?v=ClqK7XvfLg0

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2964337/

http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736%2815%2960696-1.pdf

Avoir un enfant constitue-t-il un risque pour la santé de la femme ?

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Les progrès analytiques dans le domaine de la biologie moléculaire ouvrent toutes sortes de perspectives qui il y a encore à peine dix ans étaient inenvisageables. L’une des dernières remises en question est ce qu’on appelle en termes savants le microchimérisme chez la femme enceinte. Il s’agit de l’invasion d’un certain nombres d’organes par des cellules foetales qui traversent la barrière placentaire pour aller s’installer dans le cerveau, la thyroïde ou les glandes mammaires. Ce processus de transfert cellulaire existe dans l’autre sens, de la mère vers le fœtus, mais à un bien moindre degré. Durant la grossesse, comme le système immunitaire de la mère est affaibli afin de ne pas rejeter ce corps étranger qu’est le fœtus, ces cellules ne sont pas rejetées systématiquement. Ce n’est qu’après l’accouchement que l’organisme maternel se charge de se débarrasser du maximum de cellules foetales qui sont toutes en provenance du placenta.

Quel est l’intérêt de ces transferts cellulaires pour la mère et le fœtus ? Ce n’est pas très simple à comprendre mais on suspecte qu’il s’agit d’un phénomène évolutif ayant apparu lors de l’apparition des mammifères placentaires il y a environ 160 millions d’années. Les mammifères placentaires étant l’une des formes les plus sophistiquées de l’évolution il en est résulté une imbrication extraordinaire entre l’utérus et le placenta et d’ailleurs ce transfert de cellules débute au tout premier stade du développement du placenta. Malgré le fait que la mère est littéralement inondée d’hormone gonadotrope en provenance du placenta et dont le rôle est de maintenir un taux élevé de progestérone dans le sang et de diminuer la réponse immunitaire, cette invasion de cellules foetales devrait en toute logique avoir une finalité dans le processus de la grossesse.

Pour le moment les avis divergent car les hypothèses sont pour le moins contradictoires. Ces cellules foetales peuvent tout simplement être délétères pour la mère en entrainant des phénomènes d’inflammation. Elles peuvent aussi être considérées comme des cellules souches qui participent à des processus de réparation des tissus endommagés chez la mère et enfin l’hypothèse la plus plausible serait qu’il s’agit d’un accident de la nature, la barrière placentaire n’étant pas aussi hermétique qu’on le croit communément.

Pour ce qui concerne l’ « installation » de cellules foetales au niveau de la thyroïde, l’explication la plus évidente serait que ces cellules participent à la régulation de la thermogenèse de la mère au cours de la grossesse. Au niveau du système immunitaire ces cellules « habitueraient » la mère à supporter le corps étranger que constitue le fœtus. Au sujet de l’invasion du cerveau, on peut spéculer sur un rôle éventuel de ces cellules au niveau de l’activité de l’hypothalamus et de l’hypophyse. Quant aux glandes mammaires il n’y a pas d’explications rationnelles puisque la prolactine se charge de stimuler la croissance de ces glandes pour assurer la lactation.

Ce que les techniques modernes d’analyse ont montré c’est la présence d’ADN foetal étranger à la mère dans de nombreux tissus cancéreux bien après une grossesse. Ceci prouverait que quelques cellules foetales survivent au nettoyage immunitaire qui a lieu après la naissance et non seulement elles survivent mais se multiplient pendant longtemps. Dans le cerveau des souris on a même montré qu’elle se différenciaient et s’intégraient aux circuits neuronaux car il ne faut pas oublier que les cellules foetales provenant du placenta sont d’origine embryonnaire et peuvent donc parfaitement se différencier !

Dans une forme de cancer du sein dit HER-2, HER étant l’abbréviation de « human epidermal growth factor receptor », cancer très aggressif, on a retrouvé de l’ADN foetal masculin dans de nombreux cas mais pas systématiquement, résultat qui laisse donc planer un doute quant à la participation des cellules foetales dans l’apparition de ce type de cancer. Pour ce qui concerne la thyroïde la situation paraît plus évidente car on a identifié la présence d’ADN d’origine foetale dans des cas de thyroïdite (Hashimoto) et pour la maladie de Graves. La maladie d’Hashimoto est suspectée d’origine autoimmune mais il est étrange qu’on retrouve de l’ADN foetal dans une incidence significative. Pour ce qui est de la maladie de Graves, un hyperthyroïdisme caractéristique, également considéré comme une maladie autoimmune, la présence d’ADN foetal a aussi été notée … Enfin, pour conclure cette revue un peu inquiétante, dans certaines formes d’arthrite rhumatoïde la présence d’ADN foetal d’origine masculine, donc de cellules foetales d’enfants mâles, a été à de nombreuses reprises détectée en quantités significatives et dans certaines tumeurs pulmonaires c’est aussi le cas par rapport au tissu sain du même patient.

Si ce type de résultat semble effrayant, il faut tout de même modérer cette approche et ses conclusions. En effet l’organe le plus exposé aux cellules foetales est le poumon puisque le sang revenant de l’utérus est immédiatement réoxygéné dans cet organe. Or l’incidence de cancers du poumons associés à la présence d’ADN foetal ne permet pas d’établir une relation de cause à effet claire. De plus de nombreuses formes de cancer produisent des cellules qui présentent souvent toutes les caractéristiques de cellules embryonaires ou foetales. Il faut donc s’entourer de précautions quand on lit ce genre de revue alarmante en provenance de l’Université d’Arizona à Tempe mais qui a créé une petite salve d’articles soulevant l’émotion des lecteurs, c’est souvent le but que recherchent des journalistes totalement dénués de sens critique.

Tug-of-war se traduit par conflit ou duel

Source et illustration : DOI 10.1002/bies.201500059 (accès libre).