La science n’est plus ce qu’elle était !!!

brain washing system

Le 28 juin dernier, je laissais ce billet sur mon blog ( https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/06/28/comment-le-cerveau-se-debarrasse-de-ses-dechets/ ) et je constate que les médias se sont emparé aujourd’hui d’un sensationnel article scientifique paru dans le journal Science hier sur le sommeil et l’élimination des déchets accumulés par le cerveau au cours de la période d’éveil, ce qui expliquerait pourquoi on a besoin de sommeil. En injectant à des souris du bromure de tétraméthylammonium, une équipe de biologistes de l’Université de Rochester a pu montrer que le mécanisme de « nettoyage » du cerveau était plus de deux fois plus actif durant le sommeil et que c’était (peut-être, ajout de ma part) la première explication « moléculaire » du besoin de sommeil. En effet, en utilisant ce que l’on appelle la fluorescence « deux photons » ( http://en.wikipedia.org/wiki/Two-photon_absorption ) ces chercheurs ont montré de manière non ambigüe que le bromure de tétraméthylammonium fluorescent dans le bleu après excitation à l’aide d’impulsions ultra brèves d’une lumière laser de haute énergie ressortait du tissu cérébral plus vite pendant le sommeil. Mais tout ce travail illustré de belles photos n’explique pas pourquoi le cerveau a besoin de sommeil. J’ai moi-même fait la douloureuse expérience du recalage du cycle jour-nuit à mon retour du Japon il y a une semaine. Malgré les pilules de mélatonine, il m’a fallu six jours pour arriver à me resituer par rapport au jour et à la nuit et une amie médecin rencontrée ce matin m’a fait remarquer que j’avais l’air fatigué et je l’ai rassurée en attribuant cette fatigue au jet-lag avec de surcroit une petite crise de paludisme pour aider. J’en profite pour expliquer à mes lecteurs pourquoi il m’arrive d’avoir une crise de paludisme après avoir pris l’avion, pas toujours mais souvent. Mon hypothèse serait que le foie, au cours d’un long voyage (12 heures de vol) en avion, se dilaterait en raison de la pressurisation de la cabine qui correspond à une altitude d’environ 2000 mètres. Cette dilatation libérerait des larves de Plasmodium vivax dans le sang conduisant à une petite crise que mon système immunitaire a appris à combattre presque efficacement depuis 15 ans. En conséquence, ne dormant pas très bien et titillé par le paludisme, mon cerveau a eu un surcroit de travail pour éliminer ses déchets ce qui ne m’empêche nullement de continuer à écrire sur mon blog. Bref, comme pour valider leurs résultats ces même biologistes de l’Université de Rochester ont fait une digression sur le besoin en sommeil et la taille du cerveau qui me paraît spécieuse. Les éléphants qui ont un gros cerveau et une immense mémoire comme chacun sait – ils se souviennent même de l’endroit où ils iront mourir, c’est dire – n’ont besoin que de 4 heures de sommeil par jour. A l’inverse les chauve-souris dorment 20 heures par jour pour justement éliminer leurs déchets. Et les linottes ? Conclusion, moins on a d’éléments scientifiques à prouver, plus on utilise des techniques d’investigation sophistiquées pour bien montrer qu’on a effectué un beau travail (comme le montre la photo) voilà la science contemporaine !

Et si le mercure n’était pas aussi toxique qu’on le croit …

On associe l’ingestion de méthyl-mercure à des désordres mentaux tels que l’autisme dont on ignore d’ailleurs toujours les causes précises et il est depuis une dizaine d’années recommandé aux femmes enceintes de ne pas manger trop de poissons pélagiques, pour la plupart en bout de chaine alimentaire océanique (voir l’illustration) dont le thon albacore, qui accumulent le méthyl-mercure dans leurs muscles. Pourquoi cette recommandation, parce qu’on craint un effet toxique du méthyl-mercure sur le fœtus et en particulier sur le développement du cerveau.Mais c’est un peu comme l’effet de serre du gaz carbonique, on n’a jamais montré d’évidente relation de cause à effet. Pour en avoir, comme on dit, le cœur net, une équipe de médecins de l’Université de Rochester, NY a mené une enquête détaillée dans la République des Seychelles parce que les habitants de cet archipel plus connu des touristes que des scientifiques mangent des quantités extravagantes de poisson, les touristes aussi mais quand ils rentrent dans leurs contrées natales embrumées et pluvieuses, ils se remettent vite au hamburger d’où l’impossibilité de mener une étude épidémiologique sur les effets du mercure dans des pays où l’éventail de nourriture protéinée fausserait les statistiques et les protocoles d’étude. Cette étude a débuté en 1986 sur 1784 enfants observés depuis leur naissance jusqu’à aujourd’hui, en ayant pris soin d’échantillonner quelques cheveux de la mère au moment de la naissance afin d’y mesurer la quantité de mercure, le cheveu accumulant particulièrement bien le méthyl-mercure. Les enfants ont ensuite été suivi à l’école par leurs professeurs (les Seychelles font partie de ces pays ayant un taux de scolarisation de 100%) et ils ont également été soumis à divers tests afin d’évaluer leurs facultés cognitives, sachant que leurs mères, au moment de leur naissance, montraient des taux de mercure dans leurs cheveux très supérieurs (jusqu’à dix fois plus) à ce que l’on considère comme la limite acceptable pour la bonne santé du foetus. Dans cet échantillon étudié, il fut tenu compte également du fait que toute la population avait été vaccinée et que les vaccins contenaient du Thimérosal, un mercuriel contenant de l’éthyl-mercure. Or l’éthyl-mercure, contrairement à son petit frère le méthyl-mercure, est rapidement éliminé dans les urines et ne s’accumule pas dans l’organisme. Le thimérosal est un agent stabilisateur des vaccins qui a été interdit à la fin des années 90 en raison de soupçons de dangerosité. Mais revenons à cette étude sur cette population « sentinelle » des Seychelles. En éliminant tous les facteurs pouvant perturber la bonne interprétation des résultats, l’équipe de l’Université de Rochester n’a pas pu établir d’effets du mercure (sous forme de méthyl-mercure dans les poissons) sur les capacités cognitives des enfants. Les auteurs écrivent même ceci : « Nous avons plutôt observé un effet inverse, une association bénéfique (du mercure) avec le degré de sociabilité des enfants (…) qui peut être attribuée à des effets inconnus ou non quantifiables des nutriments contenus dans les poissons marins ». Les médecins en ont donc conclu que les poissons pélagiques contiennent des ingrédients qui protègent l’enfant au cours de la grossesse puis plus tard lors de la croissance de ce dernier. On peut incriminer la qualité de l’étude et le nombre réduit d’enfants impliqués dans cette étude pas toujours réalisée en suivant des critères précis de la part des professeurs ou des parents et dans le doute, les autorités américaines ont maintenu leur alarme auprès des femmes enceintes de ne pas trop manger de poissons pélagiques. Pour ma part, je continuerai à baver pour un tartare de « yellow fin » (thon jaune ou albacore) pêché quelques heures avant de le déguster dans mon restaurant local préféré sans état d’âme. 

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Source : US News and World Reports, Forbes, crédit photo, Forbes

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/?term=Autism+Spectrum+Disorder+Phenotypes+and+Prenatal+Exposure+to+Methylmercury