Pourquoi les prix de l’énergie ont augmenté en Europe, en France et dans le monde ?

Ce billet est un ensemble de réflexions. Il peut paraître un peu décousu mais le fil directeur reste l’énergie … Ce ne sont pas les évènements d’Ukraine qui sont la cause de l’augmentation internationale du prix de l’énergie contrairement à ce que les médias « main-stream » que d’aucuns traduisent maintenant par « de grand chemin ». Il faut analyser le paysage énergétique des principaux consommateurs de cette énergie depuis l’Amérique du Nord à l’Asie en passant par l’Europe. Depuis l’instauration des critères dits ESG aux alentours de l’année 2010 (https://en.wikipedia.org/wiki/Environmental,_social,_and_corporate_governance ) les grandes compagnies pétrolières et gazières occidentales ont vu les investissements de recherche de nouveaux gisements de pétrole et de gaz réduits de 340 milliards de dollars. Seuls Rosnef et Gasprom qui opèrent exclusivement sur le territoire de la Fédération de Russie ont continué à investir dans la recherche de nouveaux gisements avec des succès majeurs comme dans la Mer d’Okhotsk située entre l’île de Sakhalin au nord d’Hokkaido et la péninsule du Kamchatka. Toutes les explorations et les mises en exploitation des gisements identifiés précédemment ailleurs dans le monde ont été arrêtées. Par conséquent l’offre a diminué en regard de la demande et le jeu naturel de la fixation des prix par le marché a eu son effet.

Aux Etats-Unis lors de la première moitié du mandat Biden l’oléoduc XXL supposé acheminer le pétrole extrait des schistes bitumeux de l’Alberta au Canada a été arrêté et les exploitants de gaz de schiste de roche mère n’a pas été encouragé. L’oléoduc XXL supposé alimenter les raffineries du Texas spécialisées dans le traitement des pétroles lourds type vénézuélien n’est toujours pas d’actualité, l’industrie pétrolière iranienne est toujours soumises aux sanctions américaines, les gisements prometteurs situés au large de la province du Cap en Afrique du Sud ne sont toujours pas en exploitation ainsi que ceux découverts au nord du Brésil et de la Guyane française. Tous conjugués ces éléments ont conduit à une forte augmentation des prix du gaz et des produits pétroliers raffinés. Dès le débuts des évènements d’Ukraine les USA ont retourné leur veste car il y avait de gros profits à réaliser en vendant du gaz de schiste (liquéfié) à l’Europe occidentale. Il ne faut pas être dupe, le sabotage des gazoducs NordStream 1 et 2 a été prémédité pour que les Etats-Unis vendent leur gaz de schiste aux Européens de même qu’ils ne veulent pas entendre parler du gaz iranien.

En ce qui concerne l’énergie nucléaire on peut dire que la situation est identique. Les seuls pays continuant à investir dans cette énergie sont la Chine et la Russie et quelques autres pays dont l’Inde qui construit des unités de production importées de Russie ou de Chine. La Chine développe des SMR haute température très prometteurs et la Russie continue à développer la filière à neutrons rapide que l’Europe malheureusement abandonné lors de la fermeture de l’usine NERSA de Creys-Malville. Les Allemands, sous la pression constante des écologistes (ceux-là mêmes qui ont obtenu la fermeture de l’usine de Fessenheim) ont été contraints de fermer l’ensemble de leur parc nucléaire pour des raisons strictement idéologiques. Dans le même contexte de pression de la part de ces écologistes, les gouvernements successifs français ont lancé dans l’air, sans réfléchir un instant, que le « mix » énergétique français ne devrait comprendre que 50 % de nucléaire, une décision sans aucune espèce de fondement ni économique ni technique. La France, subissant la pression des Allemands, a baissé les bras et s’est conformée au marché spot du kWh dont les modalités ont été mises en place par Berlin et que la France a appliqué servilement (voir à la fin de ce billet à propos des lois NOME et ARENH). En un mot l’unique producteur français (EDF) doit vendre ses kWh à un prix décidé par le gouvernement français aux détaillants qui revendent ces électrons au prix du marché spot déterminé la veille par le fixing sur le prix du dernier kWh produit, dans la plupart des situations par des turbines à gaz. De facto ce prix est indexé sur le prix du gaz.

L’inscription de l’énergie nucléaire dans la nomenclature européenne en tant qu’énergie renouvelable laisse un espoir encore ténu que les investisseurs s’intéresseront à nouveau à cette forme de production d’énergie. Les petits réacteurs modulaires pourraient attirer des capitaux. Mais il reste le combustible le plus utilisé dans le monde pour produire de l’électricité et il s’agit du charbon dont les réserves mondiales prouvées et économiquement exploitables seront en mesure de satisfaire une demande au rythme actuel pendant encore au moins un siècle, d’ailleurs personne n’entend parler d’un « pic de charbon » contrairement au pétrole dont l’avènement est repoussé tous les dix ans. Les investissements se tarissant ce « peak oil » pourrait cependant devenir plus proche.

En résumé le prix de l’énergie ne cessera d’augmenter dans les années à venir malgré le retour sur les marchés de l’Iran et du Vénézuela prévu lorsque le gaz de schiste américain s’épuisera, une éventualité proche dans le temps qu’il faut garder en mémoire. Et au milieu de tout cela les énergies vertes ou dites renouvelables n’ont aucune place économique à laquelle se fier. D’ailleurs le volume des investissements dits ESG ne cessent de décroître, ce qui est un signe de prise de conscience réaliste des investisseurs.

Mais il y a un point qu’il faut aborder ici et qui concerne tous les Français, les entreprises petites et grandes et les particuliers. Un petit historique de la mise en place du marché libre de l’électricité dans l’Union européenne s’impose. En 2011, afin de « libéraliser » le marché de l’électricité la France suit servilement les directives européennes de mise en place du marché de l’électricité et, ce n’est pas une coïncidence, la mise en place de la loi NOME et de la loi ARENHsont adoptées presque à la date du grand tsunami qui ravagea le Japon dont la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. S’il faut insister sur le cas de la France c’est tout simplement parce l’Etat français est le plus « nucléarisé » du monde et que l’opérateur est une entreprise d’Etat, ce qui déplait aux néo-libéraux et aux écologistes de l’intelligentsia européenne.

La loi NOME adoptée le 7 décembre 2010 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/LOI-NOME ) stipule que le marché de l’électricité

doit être ouvert aux opérateurs privés selon les directives européennes de libéralisation totale de tous les marchés. La Commission Champsaur a oublié de comprendre que l’électricité n’est pas une denrée comme les autres parce que les électrons ne peuvent pas être stockés comme par exemple de la laine ou du sucre. Le producteur d’électricité en l’occurence EDF pour la France doit en temps réel adapter la production à la consommation. Cette loi NOME adoptée sous l’administration Sarkozy sur ordre de l’Allemagne n’a donc pas pris en compte cet élément pourtant central. Elle a été suivie de la loi ARENH dont le décret d’application date du 28 avril 2011 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/arenh ) et elle régule le tarif de l’électricité produite spécifiquement par le producteur « historique » français, c’est-à-dire l’électricité d’origine nucléaire associée à l’énergie hydraulique. Il n’est pas difficile de comprendre la forte connotation idéologique de cette loi sous la pression des écologistes allemands. En deux mots il faut fragiliser EDF pour finalement démanteler le parc nucléaire français et la France s’est mise à genoux devant l’Allemagne pour défavoriser EDF en vue de ce démantèlement alors que l’Allemagne venait de décider de l’abandon de son énergie nucléaire après le grand tsunami du 11 mars 2011.

Si on ne prend pas de pincettes pour le dire Sarkozy, puis Hollande qui a laissé faire, sont deux traitres à la nation française. Le président actuel est également un traitre puisque depuis que les vannes approvisionnant l’Europe et en particulier l’Allemagne en gaz russe à bon marché ont été fermées et les gazoducs sous-marins sabotés sur ordre des USA il n’a rien fait pour sauver l’économie française massacrée par des tarifs électriques déments qui ne font qu’enrichir des parasites financiers qui ni ne produisent ni ne transporte les électrons. Pour faire court, les Français doivent payer et c’est leur punition de ne pas avoir suivi l’Allemagne en ne dénucléarisant pas le pays. On vit dans un monde totalement surréaliste créé de toutes pièces par des politiciens corrompus qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel et à celui des financiers et se courbent devant le plus fort : pour les Français ce sont les Allemands qui dirigent et pour les Européens ce sont les Américains qui dirigent. Fin de l’histoire. Pour se faire une idée de la crise énergétique actuelle voici une vidéo intéressante : https://insolentiae.com/tv-finance-la-france-a-perdu-sa-souverainete-energetique/

15 réflexions au sujet de « Pourquoi les prix de l’énergie ont augmenté en Europe, en France et dans le monde ? »

  1. Bonjour il y 40 ans que je repond à ceux qui sont favorables au mode de vie utopique ecologiste, que ce mode de vie est incompatible avec le confort et la consommation de notre mode de vie actuel en Europe.

    Et que notre mode de vie actuel ne peut être etendu à 8 milliards d’humains, du moins avec nos capacités technologiques.

  2. Ping : Pourquoi les prix de l’énergie ont augmenté en Europe, en France et dans le monde ? – Qui m'aime me suive…

  3. Pour EDF, la technique est digne de toute mafia financière qui se respecte : mettre à genoux une entreprise en utilisant le lobbying, la loi et la justice, ensuite la racheter trois francs six sous, la « milker » et la revendre ensuite plusieurs fois son prix.
    Les USA nous ont déjà fait le coup avec les turbines d’Alstom via l’actuel locataire de l’Elysée.

  4. NB – Pour info, le 5 février prochain, l’UE exécute un embargo total sur le gazole russe. Cela risque d’être assez « Rock-and-Roll » sur la circulation des VL, des PL, des engins agricoles et du BTP et du fonctionnement des industries légères et lourdes sur le territoire européen….une fois que les stocks existants de gazole seront consommés. On assistera donc d’ici quelques semaines à une explosion des prix du gazole à toutes les pompes, gazole qui sera importé de loin à grands frais bien évidemment. Sauf si les psychorigides de la Commission Européenne changent d’avis d’ici là (ce qui ne s’est jamais vu dans la catégorie des idiots narcissiques).

  5. @Paul-Emic et FD : quand on constate que l’Union européenne vient au secours d’un régime ouvertement nazi qu’est celui de Kiev et qui plus est est notoirement corrompu récupérant sur les blessés des organes pour les revendre sur le marché international il ne faudra pas que les peuples occidentaux s’étonnent en constatant que l’Union européenne s’achemine aussi vers un régime nazi, vers une domination de l’Allemagne c’est-à-dire un quatrième Reich avec toutes conséquences attendues : il y a eu en France le pass sanitaire, ce sera bientôt le pass carbone, le rétablissement des visas pour pénétrer dans l’espace Schengen est un autre signe avant-coureur. Le Général Delawarde l’a bien sous-entendu dans son exposé (lien dans le post précédent) : l’Europe « otanienne » renoue avec les fantasmes d’Hitler d’un grand Reich éternel … avec l’assentiment des Anglais et des américains qui ont pourtant combattu Hitler !

    • ce n’est pas parce que les Russes, pour des raisons évidentes de rappel aux grandes heures de leur histoire qualifient le régime de Kiev de nazi qu’il faut les suivre sur ce chemin. Certes des Banderistes rhabillés et tatoués de sigles nazis font partie des forces armées voire du énième cercle du pouvoir, mais le premier cercle est juif . et toute la population n’est pas bandériste.
      Nazi c’est très daté dans l’histoire. C’est avant tout un système germano-centré nationaliste et socialiste. Le nazisme est aussi connu pour ses dérives raciales mais qui n’ont de sens que dans le but d’épurer la race allemande. Il n’y a pas de race ukrainienne à épurer. Les dérives néo-nazies de certains ukrainiens montrent bien qu’à notre époque « plus personne ne sait où il habite » . C’est ainsi que l’ont voit des gauchistes-écolos LGBT etc s’engager pour servir dans les milices mercenaires ukrainiennes aux côtés d’ukrainiens bon ton et de néo-nazis complètement défoncés croyant revivre les belles heures de 1942.
      Pour faire court, un mondialiste qui prône l’universalisme et le melting-pot ne peut en aucune façon être qualifié de nazi. Le régime de Kiev n’est pas nazi. Peut-être est-il sioniste, une idéologie raciale inversée mais très proche du nazisme par de nombreux aspects ?

      • Je ne suis pas d’accord sur la définition du nazisme.
        Hitler dans Mein Kampf, declare que la terre et le pouvoir appartiennent à l’ethnie qui devient supérieure par ses propres efforts.
        Et qu’ensuite on peut classer les peuples ou ethnies, generalement associees à un territoire à l’epoque, en fonction de cette capacité a faire les efforts nécessaires pour gagner du pouvoir. En bas les slaves, puis les polonais, puis les français, puis les anglais…
        Qu’en consequence il propose aux allemands de devenir cette ethnie, et ensuite de conquerir le grand Est.
        , Le grand est car Hitler n’a pas compris l’interet du moyen orient, une erreur majeure.
        D’un autre côté il avait une haine des juifs, et aussi d’ailleurs des politiques, sentiment très partagé à l’époque, du fait de son vecu à Vienne.
        Vient ensuite ce qu’il emprunté à Mussolini pour l’organisation de la société, aux musulmans et à Genkis Khan pour la conduite de la guerre, et au socialisme pour le droit ses travailleurs et sa propagande de paix.

        Je ne sais pas si des ukrainiens sont nazis, ou manipules par les USA. Ce que je constate c’est que chacun des belligerants, Russie Ukraine OTAN a sa part de responsabilité, et que cette guerre est un gachis où tous sortiront perdants, comme pour tout conflit.

      • Je suis d’accord avec la plupart de ce que vous dites, tout ce que je dis c’est que le terme d’État nazi pour l’Ukraine me semble un peu déplacé .

      • Je n’ai aucune idee de ce qui se passait réellement en Ukraine. Ni de ce qui se passe actuellement.
        Les quelques Ukrainiens que j’ai recu ou rencontrés ne m’ont paru ni fanatiques, ni anti russes, d’ailleurs ils parlaient russe, ni sous la férule d’un état totalitaire, ni traumatisés par une guerre civile passee ou presente. Toutefois ils disaient clairement qu’il y avait la guerre larvee circonscrite à la zone actuellement devenue russe. Et qu’il ne fallait pas y aller, c’etait dangereux.
        Il est vrai aussi que Zelenski avait interdit l’usage et l’apprentissage du russe, ce qui reviendrait à interdire le français en Belgique ou en Suisse, et autres lois brimant les russophones.
        Et Merkel a reconnu sa trahison au regard des accords de Minsk.
        Le conflit entre les Gréco romains et les slaves dure depuis 2500 ans en Ukraine.

  6. « Après la révolte du Maïdan, le début de la guerre civile au Donbass et l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, le président ukrainien Petro Porochenko promulgue, en mai 2015, les « lois de décommunisation (1) ». Elles punissent la promotion des idées communistes, interdisent les symboles soviétiques et élèvent au rang de « combattants pour l’indépendance » des groupes antisémites ayant collaboré avec les nazis : l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), dont les milices participèrent à l’extermination des Juifs, et sa branche militaire, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), responsable entre autres du massacre de cent mille Polonais. L’une et l’autre bénéficient désormais d’un hommage national, le 14 octobre. Et chaque 1er janvier, à Kiev, une marche aux flambeaux honore la mémoire de Stepan Bandera, dirigeant de ces deux organisations et collaborateur du IIIe Reich. Ce sympathique tableau serait incomplet sans mentionner l’intégration à l’armée, en mai 2014, du bataillon Azov, une milice néonazie qui emprunte son emblème à la division SS Das Reich. (…) ». Pierre Rimbert (sociologue, chercheur au Centre de sociologie européenne et au Centre d’études de l’emploi en 2004 et journaliste français du Monde diplomatique) – https://www.monde-diplomatique.fr/2022/03/RIMBERT/64441 – Mars 2022.

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