La Grande-Bretagne a décidé de classer l’énergie nucléaire dans la catégorie « renouvelable »

Alors que le gouvernement britannique vient de se rendre à la dure réalité du choix désastreux des énergies dites renouvelables pour la production domestique d’électricité afin d’attirer les investisseurs dans son vaste programme de transition énergétique, l’énergie nucléaire a été classée parmi les énergies renouvelables. C’est une conséquence prévisible du « Brexit » puisque la Grande-Bretagne ne se soucie plus des injonctions de la Commission européenne. Ces investisseurs respecteront ainsi les critères ESG qui classent toujours cette énergie parmi les plus polluantes et dangereuses. Il est vrai que l’énergie nucléaire civile doit redorer son image ternie depuis des lustres par l’utilisation de l’arme nucléaire deux fois au Japon en 1945 par les Américains puis par la multitude d’essais nucléaires atmosphériques. L’association nucléaire civil et nucléaire militaire reste donc un stéréotype profondément imprimé dans le susbconscient, mémoire entretenue par les organisations non gouvernementales qui n’ont pas modifié leur point de vue depuis leurs premières actions d’opposition aux essais nucléaires souterrains en Alaska. L’urgence climatique dont se sont emparé ces organisations n’a pas été perçue comme une opportunité pour reconsidérer l’énergie nucléaire civile dans le schéma de la transition énergétique. Or le but de ce projet largement partagé par les pays occidentaux est d’atteindre une réduction des émissions de CO2 afin de satisfaire les exigences des organismes onusiens préoccupés par le climat.

L’opinion publique britannique ne remet pas en cause les choix du gouvernement. L’énergie nucléaire civile est entrée dans les faits et les projets ambitieux sont en cours de réalisation sur les sites de Sizewell et Hinkley Point. D’autres sites sont en cours d’étude, notamment Heysham et Hartlepool. L’énergie nucléaire civile en Grande-Bretagne est une vieille histoire puisque le premier réacteur nucléaire producteur d’électricité de l’Occident fut connecté au réseau en 1956, succédant de peu à celui d’Obninsk en Union Soviétique (1954). Ces deux installations de faible puissance, 5 MW, étaient destinés à produire du plutonium à usage militaire. Depuis le début du conflit ukrainien les prix de l’énergie ont conduit le gouvernement britannique à décider d’accélérer le développement de cette énergie considérant que d’une part il entrera dans le cadre général de réduction des émissions de carbone et qu’il sera considéré comme renouvelable dans la mesure où la deuxième étape de ce programme consistera à développer les « breeders », comprenez les réacteurs à neutrons rapides puisque cette technologie produit plus de combustible qu’elle n’en consomme.

De plus le pragmatisme britannique a conduit à organiser un programme international pour le développement de cette filière. L’ensemble de ce programme a été confié à EDF, l’opérateur de toutes les unités de production électrique d’origine nucléaire du Royaume, en collaboration étroite avec Rosatom pour l’enrichissement de l’uranium, CNNC en Chine pour une partie de l’ingénierie, Mitsubishi et Sumitomo pour la fourniture des cuves. Les projets de Sizewell et Hinkley Point sont donc de nature internationale, EDF restant le maître d’oeuvre. Ce choix des Britanniques a pour but de réduire les coûts du projet sans faire appel aux contribuables. L’autre raison qui a motivé les décideurs britanniques est le total fiasco des énergies renouvelables, éolien en particulier, qui n’a pas réussi à satisfaire la demande en énergie malgré le coût global prohibitif de cette forme d’énergie. Les organisations non gouvernementales britanniques se sont donc rendues à l’évidence : en ces temps de difficultés financières et sociales les énergies renouvelables relèvent du rêve idéologique déconnecté de la réalité.

Le partenariat avec la Chine représente une garantie pour le futur car, forte de 150 projets en cours et planifiés ce pays apportera en outre son expertise dans la filière des petits réacteurs modulaires. Tous les autres pays du monde, à l’exception de la Russie en sont encore aux projets sur le papier. L’approche des petits réacteurs modulaires correspond également à la même préoccupation de réduction des coûts globaux. Enfin la réussite de la Chine dans la construction des deux EPRs de Taishan en collaboration avec EDF a conduit la Grande-Bretagne à opter pour 4 EPRs dans une première étape.

En ce qui concerne la France le projet de construction d’au moins 8 EPR pour remplacer les plus « vieilles » installations dont la durée de vie pourrait être prolongée de 30 ans, risque de ne jamais voir le jour. En effet les caisses de l’Etat français sont désespérément vides et le montant total de la dette de la France va faire fuir les investisseurs car il faudra emprunter sur les marchés pour concrétiser ce projet stupide de renouvellement d’une partie du parc nucléaire existant. Seule une approche similaire au choix des Britanniques aura quelque chance de réussite et quant aux SMR ce seront les Chinois qui les vendront clé en main … avec leur avance de dix ans par rapport à tous les autres pays du monde dans ce domaine.

ARENH : « l’usine à électrons »

Par analogie avec l’expression populaire « usine à gaz » on peut appeler l’ARENH usine à électrons et vous allez comprendre, je l’espère, pourquoi et de quoi il s’agit. L’illustration ci-dessous est tirée du site Elucid et sa source est Nicolas Haag. Il s’agit bien d’un véritable « machin » inextricable décidé par la Commission de Bruxelles.

Quand on effectue une recherche sur le site du gouvernement français en entrant ARENH (accès régulé à l’énergie nucléaire historique) on trouve ceci : « Le dispositif de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique a été instauré par la loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité dit loi NOME ». Je suis donc allé naturellement voir ce qu’était cette loi NOME (liens en fin de billet) et on trouve cette belle définition : « La loi n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant organisation du marché de l’électricité, dite loi NOME, prévoit une réorganisation du marché de l’électricité pour permettre une ouverture effective du marché … ». N’importe qui commence à avoir des doutes. Si ces deux lois parues le même jours au Journal Officiel il y a un problème. Il s’agit apparemment de mettre en place une libéralisation (ce n’est pas explicitement mentionné) du marché de l’électricité exclusivement d’origine nucléaire. Dans ces conditions ces lois sont clairement destinées à pénaliser la compagnie d’Etat EDF qui détient et contrôle la production d’électrons d’origine nucléaire mais ni la production de ces même électrons avec du charbon, du fuel ou du gaz et encore moins l’électricité hydraulique. Il y a donc dans ces deux lois un but caché.

J’ai cherché sur internet s’il était possible de trouver des informations supplémentaires puisque ces lois ne sont pas tombées des nuages magiquement. Rien ! En réalité il faut se souvenir que les représentants du peuple français votent des lois proposées par le gouvernement or ces lois sont dans la très grande majorité issues de directives, on pourrait plutôt dire injonctions, émanant de la Commission de Bruxelles. Par voie de conséquence les députés et les sénateurs français ne sont que des chambres d’enregistrement des lois décidées par Bruxelles. Comme je nourrissais le projet d’écrire un billet au sujet de cette loi ARENH j’ai par hasard, aujourd’hui même (3 mars 2023) écouté un exposé de Loïc Le Floch-Prigent ancien président de Gaz de France qui connait parfaitement le dossier (troisième lien) sur la radio Europe-1 et j’ai compris que ces deux lois scélérates avaient été votées à la hâte car Bruxelles exigeait de casser le monopole de l’Etat français relatif à la production d’électricité en très grande majorité d’origine nucléaire. Et cet état monopolistique de fait déplait aux verts allemands qui ont fait pression sur la Commission de Bruxelles pour qu’elle menace la France d’une amende de 20 milliards d’euros si ce monopole n’était pas cassé. Sarkozy a refusé.

Il n’est fait mention nulle part sur tous les sites internet que j’ai tenté de retrouver de cette information. J’ai tendance à croire Le Floch-Prigent car tout semble plausible. Le capitaine de pédalo, successeur de Sarkozy, venait d’accéder au trône de l’Elysée et on ne pouvait attendre de lui rien d’autre que de dire oui à la Commission européenne, de se coucher pour ne pas obliger le pays à payer cette amende considérable qui aurait ajouté près de 20 % pendant une année à la contribution du pays au budget de l’Europe. Il est donc clair que l’usine à électrons illustrée ci-dessus est l’oeuvre directe de la Commission de Bruxelles sous la pression des Allemands qui préfèrent abriter des fusées américaines porteuses de bombes nucléaires sur leur territoires plutôt que des centrales nucléaires productrices d’électricité totalement décarbonée considérées comme dangereuses comme si les bombes n’étaient pas dangereuses. On touche là la logique des verts allemands, mais je n’en dirai pas plus.

Le système mis en place sous la dictée de Bruxelles est donc à l’évidence destiné à pénaliser EDF. Macron a fermé Fessenheim pour plaire aussi à la Commission de Bruxelles (et aux Allemands) et paradoxalement les aides aux entreprises françaises au bord de la faillite en raison de l’ « usine à électrons » mise en place vont coûter à la France beaucoup plus que 20 milliards d’euros car à ces aides il faut ajouter le manque à gagner de l’Etat quand 10000, peut-être 50000 petites entreprises, voire beaucoup plus, auront baissé le rideau. Mon pays natal sera alors mûr pour instaurer un collectivisme à la Lénine. La France est déjà très lourdement endettée, plus de 4 fois son produit intérieur brut si on prend en compte tous les « hors-bilan », ce pays n’est plus une démocratie puisque la censure est omniprésnte, … alors les Français ne posséderont plus rien mais seront heureux avec 700 euros par mois généreusement distribués par l’Etat collectiviste car il n’y aura plus d’autre choix.

https://www.cre.fr/Electricite/Marche-de-gros-de-l-electricite/acces-regule-a-l-electricite-nucleaire-historique

https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/LOI-NOME

et aussi : https://www.youtube.com/watch?v=rMOG9tBi1Uo&ab_channel=OMERTA

Pourquoi les prix de l’énergie ont augmenté en Europe, en France et dans le monde ?

Ce billet est un ensemble de réflexions. Il peut paraître un peu décousu mais le fil directeur reste l’énergie … Ce ne sont pas les évènements d’Ukraine qui sont la cause de l’augmentation internationale du prix de l’énergie contrairement à ce que les médias « main-stream » que d’aucuns traduisent maintenant par « de grand chemin ». Il faut analyser le paysage énergétique des principaux consommateurs de cette énergie depuis l’Amérique du Nord à l’Asie en passant par l’Europe. Depuis l’instauration des critères dits ESG aux alentours de l’année 2010 (https://en.wikipedia.org/wiki/Environmental,_social,_and_corporate_governance ) les grandes compagnies pétrolières et gazières occidentales ont vu les investissements de recherche de nouveaux gisements de pétrole et de gaz réduits de 340 milliards de dollars. Seuls Rosnef et Gasprom qui opèrent exclusivement sur le territoire de la Fédération de Russie ont continué à investir dans la recherche de nouveaux gisements avec des succès majeurs comme dans la Mer d’Okhotsk située entre l’île de Sakhalin au nord d’Hokkaido et la péninsule du Kamchatka. Toutes les explorations et les mises en exploitation des gisements identifiés précédemment ailleurs dans le monde ont été arrêtées. Par conséquent l’offre a diminué en regard de la demande et le jeu naturel de la fixation des prix par le marché a eu son effet.

Aux Etats-Unis lors de la première moitié du mandat Biden l’oléoduc XXL supposé acheminer le pétrole extrait des schistes bitumeux de l’Alberta au Canada a été arrêté et les exploitants de gaz de schiste de roche mère n’a pas été encouragé. L’oléoduc XXL supposé alimenter les raffineries du Texas spécialisées dans le traitement des pétroles lourds type vénézuélien n’est toujours pas d’actualité, l’industrie pétrolière iranienne est toujours soumises aux sanctions américaines, les gisements prometteurs situés au large de la province du Cap en Afrique du Sud ne sont toujours pas en exploitation ainsi que ceux découverts au nord du Brésil et de la Guyane française. Tous conjugués ces éléments ont conduit à une forte augmentation des prix du gaz et des produits pétroliers raffinés. Dès le débuts des évènements d’Ukraine les USA ont retourné leur veste car il y avait de gros profits à réaliser en vendant du gaz de schiste (liquéfié) à l’Europe occidentale. Il ne faut pas être dupe, le sabotage des gazoducs NordStream 1 et 2 a été prémédité pour que les Etats-Unis vendent leur gaz de schiste aux Européens de même qu’ils ne veulent pas entendre parler du gaz iranien.

En ce qui concerne l’énergie nucléaire on peut dire que la situation est identique. Les seuls pays continuant à investir dans cette énergie sont la Chine et la Russie et quelques autres pays dont l’Inde qui construit des unités de production importées de Russie ou de Chine. La Chine développe des SMR haute température très prometteurs et la Russie continue à développer la filière à neutrons rapide que l’Europe malheureusement abandonné lors de la fermeture de l’usine NERSA de Creys-Malville. Les Allemands, sous la pression constante des écologistes (ceux-là mêmes qui ont obtenu la fermeture de l’usine de Fessenheim) ont été contraints de fermer l’ensemble de leur parc nucléaire pour des raisons strictement idéologiques. Dans le même contexte de pression de la part de ces écologistes, les gouvernements successifs français ont lancé dans l’air, sans réfléchir un instant, que le « mix » énergétique français ne devrait comprendre que 50 % de nucléaire, une décision sans aucune espèce de fondement ni économique ni technique. La France, subissant la pression des Allemands, a baissé les bras et s’est conformée au marché spot du kWh dont les modalités ont été mises en place par Berlin et que la France a appliqué servilement (voir à la fin de ce billet à propos des lois NOME et ARENH). En un mot l’unique producteur français (EDF) doit vendre ses kWh à un prix décidé par le gouvernement français aux détaillants qui revendent ces électrons au prix du marché spot déterminé la veille par le fixing sur le prix du dernier kWh produit, dans la plupart des situations par des turbines à gaz. De facto ce prix est indexé sur le prix du gaz.

L’inscription de l’énergie nucléaire dans la nomenclature européenne en tant qu’énergie renouvelable laisse un espoir encore ténu que les investisseurs s’intéresseront à nouveau à cette forme de production d’énergie. Les petits réacteurs modulaires pourraient attirer des capitaux. Mais il reste le combustible le plus utilisé dans le monde pour produire de l’électricité et il s’agit du charbon dont les réserves mondiales prouvées et économiquement exploitables seront en mesure de satisfaire une demande au rythme actuel pendant encore au moins un siècle, d’ailleurs personne n’entend parler d’un « pic de charbon » contrairement au pétrole dont l’avènement est repoussé tous les dix ans. Les investissements se tarissant ce « peak oil » pourrait cependant devenir plus proche.

En résumé le prix de l’énergie ne cessera d’augmenter dans les années à venir malgré le retour sur les marchés de l’Iran et du Vénézuela prévu lorsque le gaz de schiste américain s’épuisera, une éventualité proche dans le temps qu’il faut garder en mémoire. Et au milieu de tout cela les énergies vertes ou dites renouvelables n’ont aucune place économique à laquelle se fier. D’ailleurs le volume des investissements dits ESG ne cessent de décroître, ce qui est un signe de prise de conscience réaliste des investisseurs.

Mais il y a un point qu’il faut aborder ici et qui concerne tous les Français, les entreprises petites et grandes et les particuliers. Un petit historique de la mise en place du marché libre de l’électricité dans l’Union européenne s’impose. En 2011, afin de « libéraliser » le marché de l’électricité la France suit servilement les directives européennes de mise en place du marché de l’électricité et, ce n’est pas une coïncidence, la mise en place de la loi NOME et de la loi ARENHsont adoptées presque à la date du grand tsunami qui ravagea le Japon dont la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. S’il faut insister sur le cas de la France c’est tout simplement parce l’Etat français est le plus « nucléarisé » du monde et que l’opérateur est une entreprise d’Etat, ce qui déplait aux néo-libéraux et aux écologistes de l’intelligentsia européenne.

La loi NOME adoptée le 7 décembre 2010 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/LOI-NOME ) stipule que le marché de l’électricité

doit être ouvert aux opérateurs privés selon les directives européennes de libéralisation totale de tous les marchés. La Commission Champsaur a oublié de comprendre que l’électricité n’est pas une denrée comme les autres parce que les électrons ne peuvent pas être stockés comme par exemple de la laine ou du sucre. Le producteur d’électricité en l’occurence EDF pour la France doit en temps réel adapter la production à la consommation. Cette loi NOME adoptée sous l’administration Sarkozy sur ordre de l’Allemagne n’a donc pas pris en compte cet élément pourtant central. Elle a été suivie de la loi ARENH dont le décret d’application date du 28 avril 2011 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/arenh ) et elle régule le tarif de l’électricité produite spécifiquement par le producteur « historique » français, c’est-à-dire l’électricité d’origine nucléaire associée à l’énergie hydraulique. Il n’est pas difficile de comprendre la forte connotation idéologique de cette loi sous la pression des écologistes allemands. En deux mots il faut fragiliser EDF pour finalement démanteler le parc nucléaire français et la France s’est mise à genoux devant l’Allemagne pour défavoriser EDF en vue de ce démantèlement alors que l’Allemagne venait de décider de l’abandon de son énergie nucléaire après le grand tsunami du 11 mars 2011.

Si on ne prend pas de pincettes pour le dire Sarkozy, puis Hollande qui a laissé faire, sont deux traitres à la nation française. Le président actuel est également un traitre puisque depuis que les vannes approvisionnant l’Europe et en particulier l’Allemagne en gaz russe à bon marché ont été fermées et les gazoducs sous-marins sabotés sur ordre des USA il n’a rien fait pour sauver l’économie française massacrée par des tarifs électriques déments qui ne font qu’enrichir des parasites financiers qui ni ne produisent ni ne transporte les électrons. Pour faire court, les Français doivent payer et c’est leur punition de ne pas avoir suivi l’Allemagne en ne dénucléarisant pas le pays. On vit dans un monde totalement surréaliste créé de toutes pièces par des politiciens corrompus qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel et à celui des financiers et se courbent devant le plus fort : pour les Français ce sont les Allemands qui dirigent et pour les Européens ce sont les Américains qui dirigent. Fin de l’histoire. Pour se faire une idée de la crise énergétique actuelle voici une vidéo intéressante : https://insolentiae.com/tv-finance-la-france-a-perdu-sa-souverainete-energetique/

EDF : un historique explicatif

Ceci est un texte écrit par Christian Stoffaës, ancien directeur auprès d’EDF, ingénieur X-Mines. Ce texte très clair est en quelques sorte une notice explicative de la « crise électrique » qui préoccupe l’opinion publique française aujourd’hui. Je suggère à mes lecteurs de lire cet article riche d’enseignements.

Note. Pour l’anecdote j’ai eu le privilège de rencontrer très brièvement Monsieur Marcel Boiteux au siège de l’EDF rue Murat à Paris en présence de Monsieur Bénat (dont j’ai oublié le prénom) au sujet d’un projet de vente de la centrale thermique à charbon de Loire-sur-Rhône à l’Indonésie que j’avais étudié dans ses moindres détails. De mémoire Monsieur Boiteux me répondit qu’il ne pouvait pas accepter ce projet car la CGT s’y serait automatiquement opposée. Pour Monsieur Boiteux la CGT considérait que toute installation de production électrique, qu’elle soit dans le domaine hydraulique, dans le domaine thermique ou nucléaire fait partie d’un patrimoine qui est la pleine propriété du peuple français. Où en est aujourd’hui le gouvernement français projetant de vendre à l’encan le secteur hydroélectrique français à des investisseurs apatrides ? Quelle est la position de la CGT ? Il est évident que le peuple français devrait être consulté par référendum à ce sujet. Mais étant entendu que le gouvernement actuel considère que le droit fondamental de propriété n’est plus inaliénable alors l’avenir du peuple français lui-même devient incertain. Voici le document faisant l’objet de ce court billet.

L’avenir de l’énergie électrique en France : bien sombre !

Après l’annonce purement démagogique de Macron de lancer une filière française de petits réacteurs nucléaires modulaires, à la suite des retards à rebondissements de la finalisation du réacteur EPR de Flamanville et enfin après la fermeture précipitée et stupide des deux réacteurs de Fessenheim, un gâchis technologique et financier monstrueux, force est de constater que le secteur énergétique français se porte très mal. Pour satisfaire aux délires des écologistes la situation va encore s’aggraver. Construire à prix d’or encore plus de moulins à vent n’améliorera pas la situation, mettre en demeure les automobilistes d’acheter des voitures électriques pour préserver le climat non plus. Mais il y pire encore et tous les Français vont en souffrir. Ce sont les arrêtés de la Commission européenne au sujet du prix du kW électrique qui grèvent les comptes d’EDF, le prix du marché spot de l’énergie électrique étant fixé sur celui produit par la dernière turbine à gaz mise en service en temps réel. Or le gouvernement français, dans sa grande mansuétude, a obligé EDF à ne vendre sa production qu’à un prix régulé invariable et à chaque pointe de consommation cette société d’Etat perd des sommes colossales puisqu’elle doit trouver des kW sur ce marché spot. Comme un fait exprès, EDF, déjà lourdement endetté, peine à entretenir ses centres de production.

Un autre facteur dont personne ne parle ouvertement, certainement pas le gouvernement qui n’y comprend rien, est la rareté d’une main-d’oeuvre qualifiée pour procéder aux opérations de maintenance des réacteurs et Areva se trouve dans la même situation : on ne trouve plus de soudeurs qualifiés ! À ce jour sur les 56 réacteurs (hors Fessenheim) que compte la France 28 d’entre eux sont à l’arrêt. Des arrêts pour maintenance programmée, pour rechargement en combustible ou plus inquiétant pour remise en état des système de sécurité d’urgence dans l’îlot nucléaire, comprenez le bâtiment réacteur. La seule consolation pour la France se situerait dans une comparaison avec certaines installations nucléaires commerciales américaines qui sont dans un état de délabrement dangereux. Bref, on ne va pas ternir l’image du voisin pour redorer celle d’EDF. Voilà donc la situation en France à ce jour :

Les conséquences immédiates vont se faire sentir auprès des consommateurs puisque EDF doit acheter sur le marché spot les kW manquants. Premier effet le prix du kW était 4 fois plus élevé en ce dernier mois de décembre 2021 qu’à la même période une année auparavant. Or comme le gouvernement français impose un prix à EDF indépendant du marché spot, l’entreprise perd des fortunes. Paradoxalement le prix du kW français est maintenant plus élevé à la production que celui de l’Allemagne qui, malgré l’augmentation du prix des combustibles fossiles, a su produire une énergie plus rentable, financièrement parlant, que le kW nucléaire. Cette situation française va perdurer au moins jusqu’au milieu de 2023. Dans le contexte géopolitique actuel la situation ne saurait que s’aggraver. L’Agence Bloomberg a calculé que la perte d’EDF pourrait atteindre 26 milliards d’euros en raison des arrêts pour maintenance de ses réacteurs. De plus EDF ne va plus exporter d’électricité au cours des six prochains mois. La situation est donc tout simplement catastrophique pour l’entreprise qui peine à effectuer les opérations de maintenance exigées par l’Agence de Sécurité Nucléaire.

Manque de main-d’oeuvre qualifiée, perte des compétences, gouffre financier, politique des prix imposée par le gouvernement aberrante, pression de la Commission européenne sur les prix spot, et bien d’autres facteurs rendent l’avenir du secteur énergétique français très incertain voire calamiteux. Source partielle et illustration : ZeroHedge

Brève. EDF relégué au rang de figurant !

EDF met le bout de ses pieds en Inde avec l’EPR. Alors que les EPRs finlandais et français ne sont toujours pas opérationnels, peut-être que celui d’Olkiluoto commencera à produire de l’électricité au printemps 2022 puisque le chargement en combustible vient de démarrer pour effectuer les ultimes essais dans les conditions réelles, EDF ose entrer en négociation avec la Nuclear Corporation of India Ltd (NPCIL) pour la construction de 6 EPRs à Jaitapur dans l’Etat du Maharashtra. Ces négociations entrent dans le cadre des critères dits ESG* puisque l’Inde veut afficher sa volonté de réduction des émissions de carbone. Le problème, à mon humble avis, mais je ne suis pas dans le secret des dieux, est l’organisation de ce titanesque chantier qui sera confié exclusivement à des sociétés indiennes. EDF fournira la technologie (comprenez le savoir-faire théorique et l’ingénierie), Framatome les études d’ingénierie de l’îlot nucléaire et les fournitures pour les circuits vapeur primaires, et General Electric les turbines Arabelle, qui ne sont plus françaises depuis que Macron a vendu Alstom-Energie aux Américains**, ainsi que le circuit vapeur secondaire. Le combustible sera entièrement sous la maîtrise indienne. Enfin tout ce qui pourra être fabriqué en Inde le sera prioritairement. L’Inde dispose déjà d’un parc nucléaire de 24 réacteurs et n’est pas un débutant dans ce domaine. Peut-être que la France fournira les pompes du circuit primaire, ce sera mieux que rien …

On ne sait pas si EDF sera le véritable maître-d’oeuvre. En tout état de cause le gouvernement français a certainement pris des précautions pour qu’EDF ne se retrouve pas dans une situation inextricable comme cela va être le cas à n’en pas douter pour le projet Hinkley Point C en Grande-Bretagne (2 EPRs). Ce projet n’est donc que l’aboutissement d’une prise de position d’EDF pour relancer le nucléaire en France pour cet opérateur qui considère, à juste titre d’ailleurs, que l’énergie nucléaire est une technologie incontournable pour diminuer les émissions de carbone :

Remontons un peu dans le temps. Lorsque EDF est parvenu à un accord pour la construction des deux EPRs chinois, l’exigence pratiquement non dissimulée fut de livrer l’ensemble de la technologie de cette usine, tous éléments confondus y compris les plus sensibles en termes de technologie. Il n’est pas difficile de comprendre que le succès de Taishan a laissé des traces amères chez les dirigeants d’EDF …

Notes. * Environment friendly, Sustainable, Government compatible

** Il faudra un jour démasquer les agissements obscurs d’Emmanuel Macron au sujet de la vente d’Alstom-Energie à General Electric qui a porté atteinte à la souveraineté de la France.

Source : World Nuclear News

Nouvelles des EPRs

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Sur site les ingénieurs et techniciens ont finalisé les tests à chaud de l’EPR en construction en tant que tranche 3 de la centrale nucléaire de Flamanville en France. Ces tests – qui ont débuté le 21 septembre de l’année dernière – visent à simuler les températures et les pressions auxquelles les systèmes du réacteur seront soumis en fonctionnement normal.

Les tests à chaud doivent garantir que les circuits de refroidissement et les systèmes de sûreté nucléaire fonctionnent correctement avant de charger le combustible. De nombreuses opérations ont été réalisées à Flamanville 3 pour la première fois lors de ces essais. Des conditions de fonctionnement normales ont été atteintes, avec de l’eau dans le circuit primaire à une température de 303ºC et une pression de 154 bars. Le refroidissement du circuit primaire par le circuit secondaire dans les générateurs de vapeur a également été réalisé. Des tests de coupure de courant ont également été effectués. Plus tôt ce mois-ci, la turbine de Flamanville 3 a été exploitée pour la première fois à vitesse nominale – 1500 tours par minute au cours de ces essais à chaud.

«Cela fait plus de 20 ans que nous n’avions pas réalisé d’essais à chaud sur une centrale [nucléaire] démarrant en France», a précisé Sébastien Bachère, directeur de la mise en service de Flamanville 3. «Il s’agit d’une étape déterminante pour le projet EPR. Avec plus de 1 000 tests effectués, 10 000 critères de conception testés et un taux de conformité de plus de 95%, nous pouvons être satisfaits des résultats de ces tests. »

La construction de l’EPR de Flamanville a débuté en décembre 2007, avec une exploitation commerciale initialement prévue en 2013. Le chargement de combustible dans le cœur du réacteur est désormais prévu pour fin 2022.

« Grâce aux tests à chaud, le fonctionnement du réacteur nucléaire a été étudié, y compris dans de nombreuses situations accidentelles, pour vérifier le bon fonctionnement des installations dans les configurations les plus restrictives possibles », a déclaré EDF. « Cette séquence a également permis de vérifier la capacité de l’équipe à exploiter le réacteur en toute sécurité. »

En décembre 2018, l’unité 1 de l’usine de Taishan dans la province chinoise du Guangdong est devenue le premier EPR à entrer en exploitation commerciale. Taishan 2 a commencé ses opérations commerciales en septembre 2019. Olkiluoto 3 en Finlande, le premier EPR du genre, a terminé des tests fonctionnels à chaud et se prépare à charger le combustible. Deux unités EPR sont également en construction dans le cadre du projet Hinkley Point C dans le Somerset, au Royaume-Uni.

Source : World Nuclear News

Notes. L’EPR français de Flamanville devait être construit en 5 ans pour un coût de 3,3 milliards d’euros. Finalement il sera mis en service en 2022 après 15 ans de chantier et 12,4 milliards d’euros. Les deux EPR chinois ont été mis en service après 9 ans de chantier pour un prix unitaire de 6,1 milliards d’euros. Quant à l’EPR finlandais d’Olkiluoto dont la construction a débuté en 2005 le coût final de cette installation n’est pas connu précisément car il existe un contentieux entre AREVA devenue une filiale d’EDF et la société finlandaise TVO mais il devrait dépasser 15 milliards d’euros et le surcoût sera pris en charge par les contribuables français via leur facture d’électricité alors qu’EDF est contraint, dans ces conditions financières pour le moins inquiétantes, à fermer les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim. Le peuple français est démuni de son patrimoine nucléaire civil, le seul secteur industriel fonctionnant encore à peu près correctement dans ce pays. Ce pays est foutu comme le dit H16 …

Qui connait mieux la vache que le paysan ?

Un  »ancien » du nucléaire tacle le Canard Enchaîné …  Excellent papier de quelqu’un dont la crédibilité peut difficilement être contestée… (voir note en fin de billet, illustration Centrale nucléaire de Tricastin, Wikipedia)

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Mon cher Canard,

Bien qu’étant un très ancien lecteur (depuis 40 ans), c’est la première fois que je prends la plume (pardon … le clavier !) pour t’écrire.

En effet, je t’ai été très fidèle pendant une vingtaine d’années. J’ai même une collection de tes exemplaires reliés en 8 volumes bisannuels magnifiques…  Mais lorsque je me suis aperçu que tu me trompais, ma fidélité s’est un peu émoussée et j’ai cessé de te lire toutes les semaines…

Qui suis-je ?  Un retraité, Ingénieur de formation, qui a traîné ses guêtres pendant 25 ans dans les centrales nucléaires françaises. J’ai été successivement Ingénieur, Chef de Service, Directeur Adjoint de Centrale, Directeur de centre de formation nucléaire, Inspecteur de Sûreté Nucléaire…

Sache que je ne tire aucune gloire de ces fonctions… mais si j’éprouve le besoin de les énumérer, c’est pour te dire que je connais plutôt bien mon Nucléaire !… Le fait d’avoir traîné pendant des années mes souliers et mes combinaisons parmi les tuyaux, les pompes et les réservoirs, d’avoir côtoyé quotidiennement les travailleurs de cette industrie, me donne, en tous cas je le crois, une certaine légitimité pour parler du sujet.

Sûrement plus que certains « scientifiques notoires », tels Monique SENE, dont je connais les travaux systématiquement à charge contre le Nucléaire depuis 25 ans, et qui travaillent principalement au fond de leur bureau, échafaudant des hypothèses et des conclusions pas toujours prouvées…mais toujours empreintes d’une certaine mauvaise foi.

 Ce préambule étant fait, tu dois comprendre pourquoi je me suis senti trompé par toi, de par tes positions systématiquement anti nucléaires où j’ai senti beaucoup plus d’idéologie que de rationalité ! Or, tu m’avais habitué  à l’objectivité et à la rationalité.

 Je vais m’appuyer sur ton article de ce jour qui traite des déchets nucléaires, non pas en énumérant des hypothèses ou des suppositions comme d’autres le font, mais en m’appuyant sur des faits réels et avérés. Les chiffres que je cite sont des chiffres tirés des rapports EDF, AREVA, de la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) et de la Cour des Comptes. Il ne me reste qu’à faire quelques multiplications et divisions simples qu’Alzheimer ne m’empêche pas encore de faire…

Dernière précision : je ne suis guidé par AUCUN intérêt personnel … Seul l’intérêt que j’ai pour la vérité me guide !

 COÛTS DU NUCLEAIRE

Dans son rapport 2012, la Cour des Comptes avait chiffré à 258 Milliards le coût total du Nucléaire (hors déchets et démantèlement) depuis l’origine jusqu’en 2010…Hors, jusqu’en 2010, le Nucléaire  avait produit en France environ 14 000 Milliards de KWH…..Ce qui met le KWH  à  :  258/ 14000 = 0,0185 Euros /KWH ( 18,5 Euros par MWH )

Même en doublant ce chiffre (258 Milliards pour les déchets et le démantèlement ce qui est considérable) on arrive à 37 Euros par MWH ! Ce qui est loin des 75 ou 90 Euros que je lis dans ton article de ce jour !

Il est question de 1 Milliards de travaux préconisés par l’ASN  pour prolonger Fessenheim de 10 ans…En 10 ans les deux tranches de Fessenheim produiront 100 Milliards de KWH….Ce qui majorera le KWH de 1/100= 0,01 Euro  (10 Euros par MWH …. Est-ce rédhibitoire quand on le compare au coût des énergies renouvelables que je donne plus bas ?…). S’agissant de Fessenheim a-t-on chiffré l’investissement en réseau nécessaire pour garantir la sécurité électrique de l’Alsace lorsque cette centrale sera arrêtée?… Si elle s’arrête !

 Quant à l’EPR, la tête de série (toujours plus chère parce qu’elle essuie les plâtres) de Flamanville , il devrait couter  8 Milliards….somme considérable, certes !  Oui, mais elle devrait produire 600 Milliards de KWH au cours de sa vie…ce qui met l’investissement à 8 / 600 = 0,0133 Euros par KWH (13, 3 Euros par MWH)… même en triplant ce coût ( +16 Milliards) pour l’exploitation, la maintenance, les déchets et le démantèlement on arrive à 40 Euros par MWH…loin des 90 Euros que je lis dans ton article !

 D’ailleurs ces coûts sont cohérents avec le prix de vente des KWH nucléaires à  » prix coûtant » que pratique Mr PROGLIO, vis à vis des producteurs privés et que lui impose la loi NOME :  il vend à 42 Euros par MWH !  … et ce chiffre est contesté par ses clients, qui le trouvent trop élevé. Crois-tu que Mr PROGLIO est homme à vendre à perte ?

 COÛTS DU RENOUVELABLE

Je lis dans ton article que l’éolien coûterait un peu plus de de 90 Euros par MWH …. Si on se réfère aux installations existantes, (j’ai vérifié celles qui se trouvent dans ma région) les coûts sont proches de 180 Euros par MWH pour l’éolien terrestre et 250 Euros pour l’éolien marin ou le solaire (Pour information le charbon est à peu près à 120 Euros / MWH)… A noter que ces coûts ne comprennent ni la maintenance ni la déconstruction (élevé pour les panneaux solaires qui contiennent des métaux rares très toxiques).

Je passe sur les investissements en réseau supplémentaires qu’il est  nécessaire d’ effectuer  pour préserver l’intégrité de l’alimentation électrique .  En effet, s’agissant d’énergies intermittentes, susceptibles de varier très brutalement sur un aléa climatique soudain, elles peuvent mettre en péril la stabilité du réseau électrique…

Et puis, mon cher Canard, est ce que tu ne t’éclaires ou ne te chauffes que lorsqu’il y a du soleil ou du vent… ?

Pourquoi les « grands médias », à part Le Monde partiellement, ne nous informent-ils pas de l’arrêt du soutien des Gouvernements Espagnol et Anglais à l’énergie éolienne, jugeant que c’est un gouffre financier ? 

Pourquoi, Canard, ne nous dis-tu pas que 14 000 éoliennes sont en train de rouiller aux USA ?

Pourquoi, ne nous dis-tu pas que l’Allemagne, souvent citée en exemple, vient de stopper son soutien financier à l’éolien, jugeant que c’était un gouffre financier ? Il faut dire que la « transition énergétique » de l’Allemagne vient d’être évaluée à 1000 Milliards ! Pourquoi ne nous dis-tu pas qu’elle brûle massivement du charbon ( lignite ) pour remplacer les 8 réacteurs nucléaires qu’elle a arrêtés (elle n’arrive pas à arrêter ceux qui restent )….  et qu’un Allemand rejette trois fois plus de CO2 qu’un Français et paye son électricité 2 fois plus cher ? 

Les Français ont, sur leur facture d’électricité, une rubrique CSPE (Contribution au Service Public d’Electricité) qui représentait en 2012, environ 10 % du total…Cette CSPE comporte pour 60 % le surcoût lié  aux énergies renouvelables ….

Selon la CRE ce surcoût va passer de 2, 8 Milliards en 2013 à 3,5 Milliards en 2014 ce qui devrait générer une augmentation de la facture de 2 % (hors prix du KWH qui augmentera de son côté ) … 3,5 Milliards cela représente 5 % du CA d’EDF !…Si le solaire et l’éolien n’existaient pas la facture serait réduite d’autant !

Est-ce opportun d’imposer ce surcoût aux Français en période de crise ?   Au moment où on nous rebat les oreilles avec la compétitivité des entreprises, faut-il alourdir inutilement leur facture d’électricité ?

D’autant plus que le développement de ces énergies donne du travail aux étrangers (Chinois en particulier) et que les investisseurs, qui ont flairé le bon filon, sont aussi, pour la plupart étrangers !  Il parait (à vérifier) que même la mafia italienne a investi dans le domaine, en Allemagne, pour blanchir de l’argent sale!

 Je crois avoir apporté suffisamment d’éléments, qui montrent que la politique énergétique choisie par le Gouvernement, à travers la « transition énergétique », pour faire plaisir aux « arrivistes » Verts nous conduit à une catastrophe économique…

 SÛRETE NUCLEAIRE

Je te connais Canard…tu ne vas pas manquer de m’objecter que quels que soient les arguments économiques, la Sécurité n’a pas de prix…et tu auras raison ! Mais il faut pousser un peu plus loin l’analyse…

En tous domaines, le risque pris se mesure en multipliant les conséquences potentielles d’un accident par sa probabilité d’occurrence.

Pour ce qui concerne les conséquences d’un accident nous les connaissons à travers Tchernobyl et Fukushima ou tout au moins nous en avons une idée !  Je rappelle, tout de même qu’à Hiroshima et Nagasaki, la vie est aujourd’hui, 70 ans après, tout à fait normale.

Quant à la probabilité il est nécessaire de la réduire au maximum  par la qualité de la construction, de l’exploitation, de la maintenance et…du contrôle.

Pour avoir exercé les fonctions d’Inspecteur en Sûreté Nucléaire, je crois pouvoir affirmer que notre ASN est la meilleure au monde, de par son indépendance, sa compétence, sa rigueur et sa neutralité…Ce n’était pas le cas au Japon…et encore moins à Tchernobyl, où elle était inexistante.

 Dans ton journal, cher Canard, tu fais référence à St Laurent des Eaux où une partie du cœur a fondu…Oui c’est vrai …mais quelles conséquences pour l’environnement ?  A ma connaissance, quasiment aucune…et c’est cela qui est important !

 Là où tu dis la vérité, c’est lorsque tu dis nos réacteurs graphite gaz  présentaient le même défaut que Tchernobyl  : l’absence d’enceinte de confinement ….Mais ce qui est rassurant c’est que la France, a immédiatement pris la décision d’arrêter ses réacteurs graphite gaz après Tchernobyl :  Bugey 1, Chinon 2 et 3, St Laurent 1 et 2…Et dans les deux ans, ils étaient tous à l’arrêt ….A noter que cette technologie avait été voulue par De Gaulle pour ne pas copier les Américains …et leurs réacteurs à eau légère !

 Tu nous parles aussi, à juste titre, des fusions du cœur à TMI et à Fukushima….Encore exact, mais il ne faut pas faire d’amalgame…Fukushima est un réacteur à EAU BOUILLANTE avec une enceinte de confinement légère qui n’a pas résisté aux explosions d’Hydrogène (pourtant quelques temps auparavant Areva leur avait proposé des re-combineurs d’Hydrogène que TEPCO a refusés, les jugeant trop chers… (Tous nos réacteurs Français en sont pourvus)…..

Quant à TMI, l’accident confirme, en grandeur réelle, que le cœur d’un réacteur à EAU PRESSURISEE peut fondre presque entièrement SANS conséquence pour l’environnement !  Pourquoi ? Parce que l’enceinte de confinement a tenu…Au passage je t’informe que les enceintes de l’EPR sont encore plus résistantes que celles de TMI… Ce type de réacteur est le plus répandu au monde, et en France nous n’avons que ceux-là ! 

 Sachant qu’une probabilité n’est jamais nulle, le fait que JAMAIS il n’y a eu d’accident AVEC des rejets radioactifs sur un réacteur a EAU PRESSURISEE du type de ceux que nous avons en France, et qui est le plus répandu au monde, est plutôt rassurant  pour notre pays !

 CONCLUSION:

Mon cher Canard, j’ignore si je t’ai convaincu, mais j’espère au moins, t’avoir fait réfléchir…. Je te demande simplement lorsque tu t’empares d’un sujet, d’essayer de le traiter à charge ET à décharge …. comme tu m’y avais habitué ! 

Je ne peux pas terminer sans te faire deux remarques :

–  le « lobby Nucléaire » si cher aux Verts n’existe pas! Un lobby est en général là pour défendre des intérêts privés…et le CEA est 100% public et AREVA  et  EDF  sont à 85 % publics !  Alors que le « lobby privé renouvelable » est une réalité. Il est même soutenu par les Verts.

– le Professeur de Médecine Nucléaire Jean ARTUS du CHU de Montpellier, sommité internationale, qui n’a aucun lien, ni intérêt dans l’énergie nucléaire, écrivait, il y a quelques temps dans les journaux régionaux : « les écologistes mentent en matière de Nucléaire » ou encore « le Nucléaire est l’avenir de notre pays »!

Ne l’oublie pas, cher Canard quand tu parles de Nucléaire….

Avec toute ma sympathie….et peut-être, à nouveau, mes 1,20 Euros hebdomadaires ! Un lecteur (un peu) averti

Jean ABRAS

Note. Jean Abras, ingénieur diplômé de l’ENSAM, a fait carrière à l’EDF et l’a terminée comme ingénieur production au centre de production nucléaire de Tricastin de 1978 à 1990. Il a ensuite occupé un poste de responsabilité au sein de l’ASN jusqu’à son départ à la retraite.

Nouvelles des EPR de par le monde

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Alors que le second EPR chinois sur le site de Taishan a atteint la phase critique de la divergence neutronique, en d’autres termes que la fission de l’uranium 235 enrichi à 5 % s’auto-entretient en produisant de la chaleur, qu’en est-il des autres EPR ? Le réacteur EPR 1 du même site chinois dont la construction avait débuté en 2009 avait atteint le même stade le 6 juin 2018 et a été connecté au réseau trois semaines plus tard. La certification finale fut accordée le 13 décembre de la même année. En ce qui concerne l’EPR finlandais d’Olkiluoto, le combustible est en cours de chargement et il devrait être connecté au réseau électrique à la fin du mois d’octobre de cette année 2019. Son exploitation commerciale certifiée est prévue pour janvier 2020.

Venons-en à l’EPR franco-français puisque cette technologie a été développée en France avec la collaboration du groupe allemand Siemens. L’EPR de Flamanville est toujours en « construction », celle-ci débuta en décembre 2007. Toujours en construction signifie qu’il reste 6 soudures au niveau du circuit primaire de vapeur à réparer car elle sont considérées comme défectueuses par l’ASN, le « gendarme du nucléaire » français. L’EPR français ne sera probablement pas connecté au réseau avant la fin de l’année 2022 !

Il aura donc fallu au mieux 15 ans pour que l’EPR finlandais soit connecté au réseau, La construction des deux EPR chinois débuta respectivement en 2009 et 2010 et le premier à être connecté au réseau le fut 9 ans plus tard. Il en sera de même pour l’unité 2 du site de Taishan. Quand à l’EPR de Flamanville, au mieux, il sera connecté au réseau 15 ans après la première coulée de béton, comme l’EPR finlandais. Les dirigeants d’EDF, qui ne sont pas maîtres d’oeuvre en Chine, n’ont cessé de répéter qu’il faut toujours beaucoup de temps pour atteindre le stade du fonctionnement commercial d’un prototype. Il ne faut pas se moquer des observateurs. Le fait est que les Chinois sont plus efficaces que les Français ou les Européens d’une manière générale et ils en ont fait une brillante démonstration à Taishan.

Inutile d’insister sur les coûts que représentent les retards successifs qu’il serait fastidieux d’examiner ici dans le détail. Il faut retenir pour se faire une idée des capitaux engagés dans la construction de ces monstres que le coût global estimé pour un réacteur EPR britannique sur le site d’Hinckley Point C avoisinera les 10 milliards d’euros et sera environ le double de celui d’un réacteur Chinois sur le site de Taishan. Je tiens le pari que le prochain EPR construit en France le sera par une entreprise chinoise …

L’unité 1 de l’usine électronucléaire de Taishan est connectée au réseau

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EDF, acteur à hauteur de 30 % du projet conjoint avec Guangdong Taishan à 140 kilomètres à l’ouest d’Hong-Kong peut enfin se féliciter de voir que le premier EPR au monde vient d’être connecté au réseau électrique chinois. La deuxième unité EPR sur le même site devrait être connectée avant la fin de cette année 2018. Le chantier aura duré seulement 9 ans et ceci est le résultat de l’efficacité des entreprises chinoises. Il ne faut pas mettre sous le tapis le transfert massif de technologies depuis la France vers la Chine (c’était prévu dans le contrat de joint-venture) et il ne fait aucun doute que bientôt ce pays deviendra le leader incontesté de la technologie électronucléaire dans son ensemble. EDF peut se flatter d’être aussi devenu, par la force des choses à la suite de la débâcle d’Areva, le maître d’oeuvre des 3 autres EPR en cours de construction, Taishan 2, Flamanville 3 et Olkiluoto 3 lorsque les activités d’ingénierie d’Areva (ex-Framatome) ont été reprises mais il ne faut pas oublier que sans l’aide de l’Etat français, donc des contribuables, le projet d’Hinkley Point C en Grande-Bretagne n’aurait pas pu être concrétisé. Dans ce dernier projet la Chine est également partenaire d’EDF, curieuse situation assez paradoxale.

Où est l’époque dorée des constructions françaises de centrales nucléaires en Corée et en Afrique du sud (Koeberg) par Framatome ? La filière nucléaire française constituée d’entreprises étatiques a été mal gérée et elle continuera à se dégrader car EDF est maintenant obligé de s’occuper de moulins à vent en s’endettant monstrueusement alors que ce n’était pas sa vocation initiale, celle décidée par les plan quinquennaux des années 1960-1970. Il y avait à cette époque de vrais techniciens à la tête d’EDF et non pas des crânes d’oeuf incompétents. Chaque fois que l’Etat français actionnaire d’entreprises industrielles et commerciales veut diriger celles-ci il est certain que ce sera une catastrophe ! Et cette situation est exacerbée par la porosité entre le gouvernement français et les écologistes anti-nucléaires. Dans 20 ans ce sont les Chinois qui viendront construire de nouvelles unités sur le sol français car personne ne pourra s’en passer …

Enfin, pour terminer ce pamphlet, les syndicats dans leur ensemble s’inquiètent à juste titre de l’avenir de l’entreprise car le gouvernement constitué d’incapables veut obliger EDF à diversifier ses sources d’électricité, au risque de me répéter. Sous le fallacieux prétexte qu’il faut réduire l’empreinte carbone de l’entreprise (ah bon ?) les écologistes poussent le gouvernement à réorienter la politique énergétique alors qu’il faudrait en premier lieu, au sujet de cette empreinte, se préoccuper des transports mais ces mêmes écologistes ne veulent pas toucher à la fibre sensible des Français trop attachés à leur tas de tôle monté sur 4 roues (cf un prochain billet sur ce blog). Un choix critique confié à des ministres nullissimes qui ne connaissent même pas la loi d’Ohm. La France est déjà descendue dans les limbes et sera bientôt un pays classé parmi ceux du Tiers-Monde.

Source et illustration : CGNPC