Pourquoi les prix de l’énergie ont augmenté en Europe, en France et dans le monde ?

Ce billet est un ensemble de réflexions. Il peut paraître un peu décousu mais le fil directeur reste l’énergie … Ce ne sont pas les évènements d’Ukraine qui sont la cause de l’augmentation internationale du prix de l’énergie contrairement à ce que les médias « main-stream » que d’aucuns traduisent maintenant par « de grand chemin ». Il faut analyser le paysage énergétique des principaux consommateurs de cette énergie depuis l’Amérique du Nord à l’Asie en passant par l’Europe. Depuis l’instauration des critères dits ESG aux alentours de l’année 2010 (https://en.wikipedia.org/wiki/Environmental,_social,_and_corporate_governance ) les grandes compagnies pétrolières et gazières occidentales ont vu les investissements de recherche de nouveaux gisements de pétrole et de gaz réduits de 340 milliards de dollars. Seuls Rosnef et Gasprom qui opèrent exclusivement sur le territoire de la Fédération de Russie ont continué à investir dans la recherche de nouveaux gisements avec des succès majeurs comme dans la Mer d’Okhotsk située entre l’île de Sakhalin au nord d’Hokkaido et la péninsule du Kamchatka. Toutes les explorations et les mises en exploitation des gisements identifiés précédemment ailleurs dans le monde ont été arrêtées. Par conséquent l’offre a diminué en regard de la demande et le jeu naturel de la fixation des prix par le marché a eu son effet.

Aux Etats-Unis lors de la première moitié du mandat Biden l’oléoduc XXL supposé acheminer le pétrole extrait des schistes bitumeux de l’Alberta au Canada a été arrêté et les exploitants de gaz de schiste de roche mère n’a pas été encouragé. L’oléoduc XXL supposé alimenter les raffineries du Texas spécialisées dans le traitement des pétroles lourds type vénézuélien n’est toujours pas d’actualité, l’industrie pétrolière iranienne est toujours soumises aux sanctions américaines, les gisements prometteurs situés au large de la province du Cap en Afrique du Sud ne sont toujours pas en exploitation ainsi que ceux découverts au nord du Brésil et de la Guyane française. Tous conjugués ces éléments ont conduit à une forte augmentation des prix du gaz et des produits pétroliers raffinés. Dès le débuts des évènements d’Ukraine les USA ont retourné leur veste car il y avait de gros profits à réaliser en vendant du gaz de schiste (liquéfié) à l’Europe occidentale. Il ne faut pas être dupe, le sabotage des gazoducs NordStream 1 et 2 a été prémédité pour que les Etats-Unis vendent leur gaz de schiste aux Européens de même qu’ils ne veulent pas entendre parler du gaz iranien.

En ce qui concerne l’énergie nucléaire on peut dire que la situation est identique. Les seuls pays continuant à investir dans cette énergie sont la Chine et la Russie et quelques autres pays dont l’Inde qui construit des unités de production importées de Russie ou de Chine. La Chine développe des SMR haute température très prometteurs et la Russie continue à développer la filière à neutrons rapide que l’Europe malheureusement abandonné lors de la fermeture de l’usine NERSA de Creys-Malville. Les Allemands, sous la pression constante des écologistes (ceux-là mêmes qui ont obtenu la fermeture de l’usine de Fessenheim) ont été contraints de fermer l’ensemble de leur parc nucléaire pour des raisons strictement idéologiques. Dans le même contexte de pression de la part de ces écologistes, les gouvernements successifs français ont lancé dans l’air, sans réfléchir un instant, que le « mix » énergétique français ne devrait comprendre que 50 % de nucléaire, une décision sans aucune espèce de fondement ni économique ni technique. La France, subissant la pression des Allemands, a baissé les bras et s’est conformée au marché spot du kWh dont les modalités ont été mises en place par Berlin et que la France a appliqué servilement (voir à la fin de ce billet à propos des lois NOME et ARENH). En un mot l’unique producteur français (EDF) doit vendre ses kWh à un prix décidé par le gouvernement français aux détaillants qui revendent ces électrons au prix du marché spot déterminé la veille par le fixing sur le prix du dernier kWh produit, dans la plupart des situations par des turbines à gaz. De facto ce prix est indexé sur le prix du gaz.

L’inscription de l’énergie nucléaire dans la nomenclature européenne en tant qu’énergie renouvelable laisse un espoir encore ténu que les investisseurs s’intéresseront à nouveau à cette forme de production d’énergie. Les petits réacteurs modulaires pourraient attirer des capitaux. Mais il reste le combustible le plus utilisé dans le monde pour produire de l’électricité et il s’agit du charbon dont les réserves mondiales prouvées et économiquement exploitables seront en mesure de satisfaire une demande au rythme actuel pendant encore au moins un siècle, d’ailleurs personne n’entend parler d’un « pic de charbon » contrairement au pétrole dont l’avènement est repoussé tous les dix ans. Les investissements se tarissant ce « peak oil » pourrait cependant devenir plus proche.

En résumé le prix de l’énergie ne cessera d’augmenter dans les années à venir malgré le retour sur les marchés de l’Iran et du Vénézuela prévu lorsque le gaz de schiste américain s’épuisera, une éventualité proche dans le temps qu’il faut garder en mémoire. Et au milieu de tout cela les énergies vertes ou dites renouvelables n’ont aucune place économique à laquelle se fier. D’ailleurs le volume des investissements dits ESG ne cessent de décroître, ce qui est un signe de prise de conscience réaliste des investisseurs.

Mais il y a un point qu’il faut aborder ici et qui concerne tous les Français, les entreprises petites et grandes et les particuliers. Un petit historique de la mise en place du marché libre de l’électricité dans l’Union européenne s’impose. En 2011, afin de « libéraliser » le marché de l’électricité la France suit servilement les directives européennes de mise en place du marché de l’électricité et, ce n’est pas une coïncidence, la mise en place de la loi NOME et de la loi ARENHsont adoptées presque à la date du grand tsunami qui ravagea le Japon dont la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. S’il faut insister sur le cas de la France c’est tout simplement parce l’Etat français est le plus « nucléarisé » du monde et que l’opérateur est une entreprise d’Etat, ce qui déplait aux néo-libéraux et aux écologistes de l’intelligentsia européenne.

La loi NOME adoptée le 7 décembre 2010 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/LOI-NOME ) stipule que le marché de l’électricité

doit être ouvert aux opérateurs privés selon les directives européennes de libéralisation totale de tous les marchés. La Commission Champsaur a oublié de comprendre que l’électricité n’est pas une denrée comme les autres parce que les électrons ne peuvent pas être stockés comme par exemple de la laine ou du sucre. Le producteur d’électricité en l’occurence EDF pour la France doit en temps réel adapter la production à la consommation. Cette loi NOME adoptée sous l’administration Sarkozy sur ordre de l’Allemagne n’a donc pas pris en compte cet élément pourtant central. Elle a été suivie de la loi ARENH dont le décret d’application date du 28 avril 2011 ( https://www.cre.fr/Pages-annexes/Glossaire/arenh ) et elle régule le tarif de l’électricité produite spécifiquement par le producteur « historique » français, c’est-à-dire l’électricité d’origine nucléaire associée à l’énergie hydraulique. Il n’est pas difficile de comprendre la forte connotation idéologique de cette loi sous la pression des écologistes allemands. En deux mots il faut fragiliser EDF pour finalement démanteler le parc nucléaire français et la France s’est mise à genoux devant l’Allemagne pour défavoriser EDF en vue de ce démantèlement alors que l’Allemagne venait de décider de l’abandon de son énergie nucléaire après le grand tsunami du 11 mars 2011.

Si on ne prend pas de pincettes pour le dire Sarkozy, puis Hollande qui a laissé faire, sont deux traitres à la nation française. Le président actuel est également un traitre puisque depuis que les vannes approvisionnant l’Europe et en particulier l’Allemagne en gaz russe à bon marché ont été fermées et les gazoducs sous-marins sabotés sur ordre des USA il n’a rien fait pour sauver l’économie française massacrée par des tarifs électriques déments qui ne font qu’enrichir des parasites financiers qui ni ne produisent ni ne transporte les électrons. Pour faire court, les Français doivent payer et c’est leur punition de ne pas avoir suivi l’Allemagne en ne dénucléarisant pas le pays. On vit dans un monde totalement surréaliste créé de toutes pièces par des politiciens corrompus qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel et à celui des financiers et se courbent devant le plus fort : pour les Français ce sont les Allemands qui dirigent et pour les Européens ce sont les Américains qui dirigent. Fin de l’histoire. Pour se faire une idée de la crise énergétique actuelle voici une vidéo intéressante : https://insolentiae.com/tv-finance-la-france-a-perdu-sa-souverainete-energetique/

Deux enfants de putes !

Depuis que j’ai laissé sur ce blog un article intitulé “Fils de pute …” en octobre 2016 je me sens libre de relater mes impressions sur la géopolitique actuellehttps://jacqueshenry.wordpress.com/2016/10/03/fils-de-pute/ en des termes crus. En ce début d’année qui n’augure vraiment rien de bon je voudrais établir un parallèle entre le prix Nobel de la paix Obama et le couple d’enfants de pute que sont Merkel et Hollande. Consécutivement Merkel et Hollande ont déclaré qu’ils n’avaient jamais soutenu les accords ni de Minsk-1 ni de Minsk-2 dont ils étaient garants avec le président russe et le Conseil de sécurité des Nations-Unies. La raison de leur mépris pour ces accords était claire : laisser à l’Ukraine le temps de s’armer et de s’organiser pour parer à l’évidence d’une invasion de la Russie dont le but était défendre, protéger et libérer les populations civiles russophones de l’est et du sud de l’Ukraine soumises à des bombardements incessants et des séries de décisions vexatoires mises en place par le gouvernement de Kiev depuis le coup d’Etat de Maïdan fomenté par la CIA et Victoria Nulland. Les estimations font état de 15000 à 30000 morts civils dans le Donbass depuis les évènements de Maïdan. Le choix de la population de la péninsule de Crimée d’être rattachée à la Fédération de Russie à la suite d’un référendum démocratique a conforté le gouvernement ukrainien à intensifier ses efforts de fortification du “front” défini comme la frontière ethnique entre les ukrainophones et les russophones.

Le Président de la Fédération de Russie espérait que ces accords de Minsk éviteraient un conflit qui, à ses yeux, allait devenir inévitable si la situation des populations du Donbass continuait à empirer. Merkel et Hollande trainèrent les pieds pour faire respecter par Kiev ces accords de Minsk comme ils l’ont déclaré tout récemment. Ces deux fauteurs de guerre, sous les ordres de Washington et de son bras armé l’OTAN, sont donc restés lamentablement inactifs. Ce sont eux les responsables du conflit actuel qui se terminera sans aucun doute par une destruction de l’Ukraine et sa partition en diverses entités comprenant la partie très majoritairement russophone du Donbass jusqu’à Odessa, une rétrocession des territoires anciennement parties intégrantes de la Hongrie à la fin de la première guerre mondiale, de des territoires la Pologne à la suite du redécoupage des frontières à l’époque de Staline et de la Roumanie dépossédée de la Moldavie devenue une république soviétique à l’issue de la seconde guerre mondiale également selon la volonté de Staline. Ces trois pays ont affirmé leurs revendications territoriales car les frontières actuelles sont pour le moins artificielles.

Durant l’occupation allemande la grande moitié sud-ouest de l’Ukraine fut nazifiée et il en reste aujourd’hui un noyau dur de nationalistes qui ne cachent pas leur sympathie pour l’ancien régime nazi, les bandéristes du nom de leur chef et inspirateur Stepan Bandera, l’un des pires criminels de guerre du vingtième siècle, dont l’idéologie criminelle a été reprise par les bataillons Azov par exemple qui se sont fait un plaisir de massacrer de sang froid les civils innocents du Donbass.

Ceci étant écrit l’objectif présent du Président de la Fédération de Russie est d’affaiblir le potentiel humain de l’armée ukrainienne et de détruire systématiquement les équipements militaires qui ont été fournis par l’Occident pour alimenter ce conflit dans le but d’affaiblir la Russie. On assiste aujourd’hui à une aide militaire massive de la Chine, de l’Iran et même de la Corée du Nord apportée à la Russie pour renforcer son potentiel destructeur afin de mettre un terme à ce conflit. La guerre d’usure mise en place par Moscou avec l’appui des Républiques du Donbass consiste à réduire le potentiel humain de l’armée ukrainienne. On parle de près de 1000 combattants mis hors d’état chaque jour tués et blessés, près des “chaudrons” fortifiés situés à l’ouest de Donetsk, dans les localités d’Artemiosk et Soledar. Le nombre de combattants qui seront pris au piège dans ces chaudrons dont l’encerclement est en bonne voie est estimé à plus de 70000 ! Lorsque ces “citadelles” fortifiées imbriquées dans le paysage urbain seront tombées alors les bombardements qui ont débuté en 2015 sur la ville de Donetsk cesseront et les civils pourront reprendre une vie normale.

Depuis que j’ai laissé sur ce blog un article intitulé “Fils de pute …” en octobre 2016 je me sens libre de relater mes impressions sur la géopolitique actuellehttps://jacqueshenry.wordpress.com/2016/10/03/fils-de-pute/ en des termes crus. En ce début d’année qui n’augure vraiment rien de bon je voudrais établir un parallèle entre le prix Nobel de la paix Obama et le couple d’enfants de pute que sont Merkel et Hollande. Consécutivement Merkel et Hollande ont déclaré qu’ils n’avaient jamais soutenu les accords ni de Minsk-1 ni de Minsk-2 dont ils étaient garants avec le président russe et le Conseil de sécurité des Nations-Unies. La raison de leur mépris pour ces accords était claire : laisser à l’Ukraine le temps de s’armer et de s’organiser pour parer à l’évidence d’une invasion de la Russie dont le but était défendre, protéger et libérer les populations civiles russophones de l’est et du sud de l’Ukraine soumises à des bombardements incessants et des séries de décisions vexatoires mises en place par le gouvernement de Kiev depuis le coup d’Etat de Maïdan fomenté par la CIA et Victoria Nulland. Les estimations font état de 15000 à 30000 morts civils dans le Donbass depuis les évènements de Maïdan. Le choix de la population de la péninsule de Crimée d’être rattachée à la Fédération de Russie à la suite d’un référendum démocratique a conforté le gouvernement ukrainien à intensifier ses efforts de fortification du “front” défini comme la frontière ethnique entre les ukrainophones et les russophones.

Le Président de la Fédération de Russie espérait que ces accords de Minsk éviteraient un conflit qui, à ses yeux, allait devenir inévitable si la situation des populations du Donbass continuait à empirer. Merkel et Hollande trainèrent les pieds pour faire respecter par Kiev ces accords de Minsk comme ils l’ont déclaré tout récemment. Ces deux fauteurs de guerre, sous les ordres de Washington et de son bras armé l’OTAN, sont donc restés lamentablement inactifs. Ce sont eux les responsables du conflit actuel qui se terminera sans aucun doute par une destruction de l’Ukraine et sa partition en diverses entités comprenant la partie très majoritairement russophone du Donbass jusqu’à Odessa, une rétrocession des territoires anciennement parties intégrantes de la Hongrie à la fin de la première guerre mondiale, de des territoires la Pologne à la suite du redécoupage des frontières à l’époque de Staline et de la Roumanie dépossédée de la Moldavie devenue une république soviétique à l’issue de la seconde guerre mondiale également selon la volonté de Staline. Ces trois pays ont affirmé leurs revendications territoriales car les frontières actuelles sont pour le moins artificielles.

Durant l’occupation allemande la grande moitié sud-ouest de l’Ukraine fut nazifiée et il en reste aujourd’hui un noyau dur de nationalistes qui ne cachent pas leur sympathie pour l’ancien régime nazi, les bandéristes du nom de leur chef et inspirateur Stepan Bandera, l’un des pires criminels de guerre du vingtième siècle, dont l’idéologie criminelle a été reprise par les bataillons Azov par exemple qui se sont fait un plaisir de massacrer de sang froid les civils innocents du Donbass.

Ceci étant écrit l’objectif présent du Président de la Fédération de Russie est d’affaiblir le potentiel humain de l’armée ukrainienne et de détruire systématiquement les équipements militaires qui ont été fournis par l’Occident pour alimenter ce conflit dans le but d’affaiblir la Russie. On assiste aujourd’hui à une aide militaire massive de la Chine, de l’Iran et même de la Corée du Nord apportée à la Russie pour renforcer son potentiel destructeur afin de mettre un terme à ce conflit. La guerre d’usure mise en place par Moscou avec l’appui des Républiques du Donbass consiste à réduire le potentiel humain de l’armée ukrainienne. On parle de près de 1000 combattants mis hors d’état chaque jour tués et blessés, près des “chaudrons” fortifiés situés à l’ouest de Donetsk, dans les localités d’Artemiosk et Soledar. Le nombre de combattants qui seront pris au piège dans ces chaudrons dont l’encerclement est en bonne voie est estimé à plus de 70000 ! Lorsque ces “citadelles” fortifiées imbriquées dans le paysage urbain seront tombées alors les bombardements qui ont débuté en 2015 sur la ville de Donetsk cesseront et les civils pourront reprendre une vie normale.

L’Union Européenne et la Guerre syrienne de l’énergie.

Cet article est une traduction par mes soins d’un point-de-vue de F. William Engdahl paru sur le site New Eastern Outlook ce 10 octobre 2016. Remarque : pour la bonne compréhension du texte anglais il m’a fallu parfois modifier la traduction sans en changer le sens.

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Le silence des agneaux-réfugiés, L’Union Européenne et la Guerre syrienne de l’énergie.

L’un des phénomènes les plus bizarres dans une situation elle-même très bizarre apparue l’année passée est le refus de toutes les autorités politiques européennes de discuter ouvertement de la réalité de la destruction sociale engendrée par l’afflux de plus de 4 millions de réfugiés depuis la Syrie et d’autres pays d’Afrique du Nord. Le débat européen au sujet des réfugiés, en raison de ce silence, ou le refus de parler ouvertement des réelles causes et des remèdes possibles, conduit les politiciens expérimentés à des interprétations totalement absurdes alors qu’ils connaissent pourtant par ailleurs les vraies raisons de cette situation. Ce silence alimente in fine les guerres pour l’énergie mais certainement pas un développement économique et social en particulier en Europe.

Les réfugiés sont la conséquence directe de la guerre. La guerre est la conséquence des décisions de certaines compagnies pétrolières et des intérêts militaires de l’OTAN de reprendre ou d’établir un nouveau contrôle des marchés de l’énergie, le pétrole et aujourd’hui le gaz naturel. De même la guerre est la conséquence des réactions des autres nations comme la Russie, l’Iran et la Chine de contrecarrer les tentatives des USA et de l’Union Européenne de contrôler les flux globaux d’énergie. De plus il y a la réaction des éléments ukrainiens néo-nazis mis en place après le coup d’état de 2014 fomenté par les USA pour rejoindre cette guerre de l’énergie avec l’appui de l’Union Européenne sur des bases totalement fabriquées. Il résulte de cette situation – le silence des leaders politiques européens – un drame tragique qui se noue et constitue un relent écoeurant du roman de Thomas Harris « Le Silence des Agneaux ».

Un danger endogame ?

Un exemple de l’idiotie inventée par les politiciens européens pour justifier leur silence sur la question de la guerre de l’énergie est le récent commentaire du Ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. Schäuble est un politicien européen qui a enduré beaucoup de situations difficiles et il est clair qu’il ne parle pas pour ne rien dire. Il servit de conseiller au Chancelier Helmut Kohl durant la difficile réunification des deux Allemagnes dans les années 1990, période qui vit l’élimination par assassinats ciblés de quelques figures prépondérantes de la réunification dont Alfred Herrhausen et Detlev Rohwedder, deux dirigeants de la Deutsche Bank, des faits qui affaiblirent Schäuble bien qu’il fut par la suite blanchi, ces crimes ayant été officiellement commis par des « tireurs isolés » … Que dit donc aujourd’hui Schäuble à propos de la crise sociale la plus grave que traverse l’Allemagne depuis la Seconde Guerre Mondiale ? Dans une interview accordée au journal German Zeit, s’opposant à l’idée que l’Europe puisse s’isoler de l’afflux de réfugiés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Schäuble a déclaré ceci : « Cette isolement pourrait nous ruiner et nous conduire à la dégénérescence provoquée par l’endogamie. Pour nous les musulmans allemands enrichissent notre peuple et notre diversité« . Il a ensuite ajouté ce commentaire étrange : « il suffit d’observer les femmes d’origine turque de troisième génération : elles constituent un immense potentiel d’innovation ! ».

Aussi loin que je sache (c’est Engdahl qui l’écrit), le seul politicien allemand qui a osé dire la vérité au sujet des capitaux qui sont derrière la création de l’Etat islamique ou DAESH a été promptement réduit au silence : le Ministre du Développement allemand Gerd Mueller, au cours d’une interview accordée à la chaine de télévision ZDF en août 2014, accusa ouvertement le Qatar de financer les militants de l’Etat islamique. Il déclara ceci : « Vous devez vous demander qui finance et arme les troupes de l’ISIS. Le mot-clé est le Qatar – et comment on doit se comporter vis-à-vis de cet Etat et de ces gens politiquement ? » Mueller fut définitivement réduit au silence par Angela Merkel.

Pour être certaine d’éviter tout propos embarrassant qui pourrait dévoiler la vérité sur les financements des terroristes en Syrie et au Moyen-Orient la même Angela Merkel a limogé le chef des services secrets allemand, Gerhard Schindler, en raison d’un mémo interne qu’il divulgua à la presse, mémo dans lequel il faisait mention de sa grande préoccupation au sujet de l’Arabie Saoudite et de son Ministre de la défense le Prince Muhammad bin Salman qui finance et soutient l’instabilité au Moyen-Orient, un membre de la famille royale saoudienne de facto Roi puisque son père souffre de démence aggravée.

Le silence de l’Union Européenne au sujet de l’Ukraine et de la Russie est tout aussi assourdissant, autant que le silence à propos des guerres au Moyen-Orient et en Libye.

Ce même silence pesant des politiciens européens fut incroyable quand, en 2014, une conversation téléphonique entre Victoria Nuland, Secrétaire d’Etat assistante américaine aux affaires européennes et est-européennes avec l’ambassadeur US à Kiev Pyatt fut interceptée et rendue publique. Lors de leur discussion téléphonique relative à la mise en place d’un gouvernement post-Yanukovych et considérant les préférences de l’Union Européenne, Pyatt lui déclara : « J’encule l’Union Européenne ! », « fuck the UE » dans le texte. Le remarquable silence de l’ensemble de la classe politique européenne au sujet de cet incident fait vraiment penser au silence des agneaux. Il s’ensuivit une poursuite des sanctions économiques à l’encontre de la Russie dont souffre l’ensemble de l’économie européenne. La seule Allemagne a perdu 120 milliards d’euros depuis la « révolution » de Maiden à la fin de 2013 …

Le tabou de la réalité

Qu’est-ce qui peut bien conduire des politiciens avisés comme Schäuble à proclamer des non-sens pareils sur les dangers de la consanguinité allemande et la qualité des femmes turques de troisième génération à juguler ce danger ? Ce n’est pas vraiment ce que pensent les politiciens européens mais il s’agit plutôt de ne pas dire la vérité de peur de représailles de la part des USA et c’est ce qui est important ici. Ce que Merkel, Schäuble et bien d’autres leaders politique européens savent parfaitement mais gardent le silence est l’agenda de la CIA, du Département d’Etat américain et du Pentagone, de concert avec leurs homologues anglais, français et allemands, avec Erdogan en Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar : il s’agit d’une grande réorganisation du contrôle de la majeure partie du pétrole et du gaz naturel dans le monde.

Cette stratégie est simple et remonte à un discours de Dick Cheney à Londres en 1999. Cheney était l’ancien CEO d’Halliburton. Cet agenda remonte en réalité au temps où Cheney était Secrétaire d’Etat à la Défense en 1992, une stratégie globale pour assurer la main-mise totale des USA sur les hydrocarbures mondiaux et assurer le statut de super-puissance aux Etats-Unis d’Amérique avant qu’une autre nation ou un groupe de nations n’entre en compétition dans ce dessein mondial. Il ne s’agissait plus pour Cheney de guerres préventives mais de guerres pour l’énergie. Ces guerres pour l’énergie ont été maquillées en guerres saintes – une vraie mascarade – pour prendre le contrôle mondial de l’énergie. La guerre en Syrie, initiée il y a 5 ans à la suite des « Printemps Arabes », des changements de régime fomentés et favorisés par la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, est un élément clé de cette stratégie américaine de contrôle de l’énergie mondiale et du futur de cette énergie en particulier pour l’Union Européenne. Pour les petits copains de Dick Cheney à Washington c’est un jeu à la vie à la mort.

Le prix du gaz en Europe

L’Union Européenne est potentiellement le plus gros consommateur de gaz naturel dans le monde en raison des mesures déjà en partie adoptées de réduction des émissions de CO2. Je n’argumenterai pas sur le bien-fondé ou non du réchauffement global (c’est Engdahl qui l’écrit). Ce qui est important de retenir pour l’évolution du marché mondial de l’énergie est le fait légal que les Etats membres de l’UE ont approuvé un programme de réduction d’émission du CO2 : en 2020 une réduction de 20 % de l’émission des gaz à effet de serre par rapport à 1990 ; en 2030, au moins 40 % de réduction par rapport toujours à 1990. Tous les gouvernements européens ont reconnu que la seule solution était d’avoir massivement recours au gaz naturel pour remplacer le charbon et le pétrole. En Allemagne se surajoute la décision post-Fukushima d’abandonner totalement l’énergie nucléaire. Cette situation européenne est une véritable mine d’or pour qui contrôlera le marché du gaz naturel, et pas seulement pour le Qatar …

L’entrée en scène de Washington

Jusqu’au coup d’Etat organisé en Ukraine par les Américains en 2014, la Russie était le principal fournisseur de gaz de l’Europe à partir des immenses gisements de ce pays. Le but de Washington a été de couper cet approvisionnement en gaz russe vers l’Europe. L’Administration Obama conseillée par Nuland et le vice Président Joe Biden a installé un régime vassal à Kiev et fomenté une mascarade pour défier la compagnie russe Gazprom par des retards de paiement des sommes dues pour le gaz naturel fourni à l’Ukraine. Ils ont également ordonné à ce régime installé à Kiev d’entrer en guerre contre la partie russophone du Donbass et Kiev a obéi servilement. Ces évènements ont provoqué une crise stratégique en Crimée, berceau d’une grande base militaire navale russe, région qui était administrativement reliée à Kiev depuis l’époque soviétique mais historiquement russe et tatare. Un référendum organisé par les habitants de la Crimée au cours duquel plus de 90 % de la population vota pour le rattachement à la Russie servit de prétexte à Washington pour obliger l’Union Européenne à décider de sanctions économiques envers la Russie et certains dirigeants de compagnies énergétiques russes, des sanctions qui ont largement impacté négativement l’économie européenne.

La propagande organisée par l’OTAN et les médias européens contrôlés par les Etats européens a finalement rendu impossible le projet de gazoduc dit « South-Stream ». Ce gazoduc, depuis la mise en place opérationnelle du gazoduc « North-Stream » depuis l’oblast de Saint-Petersbourg vers le nord de l’Allemagne dans la Mer du Nord, aurait privé les USA d’un moyen de chantage vis-à-vis de Gasprom par l’intermédiaire de l’Ukraine. La Bulgarie qui devait héberger le terminal du gazoduc South-Stream a subi une pression constante de la part de Bruxelles pour se désengager de ce projet et finalement en décembre 2014, le Président Poutine déclara le projet caduque. Maintenant ce sont la Syrie et dans une moindre mesure l’Irak à majorité chiite qui constituent un obstacle à l’agenda de contrôle de la fourniture de gaz à l’Europe.

Retour à 1991

L’agenda US de domination de l’énergie remonte à 1991. Le Général 4 étoiles de l’OTAN Wesley Clark décrivit le meeting auquel il participa avec Dick Cheney et Paul Wolfowitz, sous-secrétaire d’Etat à la défense, au Pentagone pour mettre en place l’agenda développé par les néo-conservateurs soutenus par le complexe militaro-industriel américain, les grandes compagnies pétrolières et les banques de Wall Street : « Monsieur le Secrétaire, vous devez être satisfait de la performance de vos troupes lors de l’Opération Desert Storm ». Il répondit : « Oui, mais pas vraiment. En vérité nous aurions du éliminer Saddam Hussein et nous le l’avons pas fait … Ce que nous avons par contre appris est que nous pouvons utiliser nos forces armées dans la région – le Moyen-Orient – et les soviétiques (dans le texte) ne nous arrêteront pas. Et nous avons 5 à 10 ans pour faire le ménage et éliminer ces vieux régimes clients du régime soviétique – Syrie, Iran et Irak – avant qu’une nouvelle super-puissance émerge pour contrecarrer nos desseins« .

À la suite de l’invasion de l’Irak en 2003 durant la présidence Bush-Cheney avec Paul Wolfowitz de nouveau au Pentagone, cette fois pour éliminer Saddam et prendre possession de l’Irak, le Général John Abizaid fit une remarque d’une évidente limpidité : « Naturellement que (cette guerre) c’est pour le pétrole, c’est surtout pour le pétrole et on ne peut pas le nier« . Peu de gens se souviennent que le premier jour de son installation comme vice-président en janvier 2001, Dick Cheney, qui venait de quitter Halliburton, la plus grande société de services pétroliers du monde, mit en place une « Task Force » dédiée à l’énergie à la Maison-Blanche. Ce qui est moins connu est que cette task force ne s’intéressait pas seulement aux besoins en énergie des USA … Cheney invita les CEOs des majors pétrolières occidentales et leur demanda de lui fournir des cartes détaillées ainsi que des statistiques tout aussi détaillées des ressources pétrolières de l’Irak et des autres pays du Moyen-Orient. Condoleeza Rice, conseillère du Président pour la sécurité nationale et ancien membre du conseil d’administration de Chevron, demanda à son staff de coopérer entièrement avec la task force de Cheney. Les minutes de ces meetings furent réclamées par diverses organisations d’intérêt public conformément à la loi sur l’information. Cheney refusa catégoriquement. Le but de cette task force était d’organiser au plus haut niveau de l’Etat américain la mise au pas des « Etats voyous » et de s’approprier les champs pétrolifères et gaziers existants et potentiels selon des informations qui fuitèrent à cette époque.

Comme le déclara Dick Cheney en 1999 dans son discours au Institute of Petroleum, « en 2010 nous aurons besoin d’environ 50 millions de barils de plus par jour. D’où viendra alors ce pétrole ? Les Gouvernements et les compagnies pétrolières contrôlent à l’évidence 90 % des ressources. Le pétrole reste fondamentalement un business d’Etat. Si de nombreuses régions du monde offrent des opportunités non négligeables, le Moyen-Orient avec les deux tiers des réserves mondiales et son prix d’extraction très raisonnable reste l’endroit où le profit est le plus tangible … ». Ce qui transparait est un portrait d’un Dick Cheney comme l’homme central d’un système de gouvernement parallèle secret indépendant des Présidents que ce soient GHW Bush, Bill Clinton, GW Bush Junior ou Obama. Il agit en conséquence depuis au moins 1991 en utilisant son carnet d’adresse tant au Gouvernement qu’à la CIA ou les majors du pétrole pour réorganiser le contrôle à l’échelle mondiale du pétrole et maintenant du gaz. C’est un grand projet, un design de portée géopolitique mais il est aussi promis à l’échec.

Gaz qatari ou russe ?

Revenons à l’année 2009. Quand le marché du gaz pour l’Union européenne apparut être potentiellement le plus important du monde et que les terminaux de GNL (gaz naturel liquéfié) et les réseaux de pipe-lines fleurissaient un peu partout dans le monde, le gaz naturel devint de plus en plus un marché régional. En 2009, Roland Dumas, ancien Ministre des affaires étrangères français, révéla que les militaires anglais se préparaient à une invasion de la Syrie d’Assad. C’était deux années avant les printemps arabes et les allégations de massacres de masse par l’armée et la police de Assad qui constituèrent le feu vert pour le déclenchement d’une guerre en Syrie avec le support de la Maison-Blanche. Dumas déclara à la télévision française : « j’étais en Angleterre deux ans avant le déclenchement des hostilités en Syrie pour d’autres préoccupations. J’ai rencontré des officiels britanniques de haut niveau qui confessèrent qu’ils préparaient quelque chose en Syrie. C’était en Grande-Bretagne et non pas aux USA. Les Anglais préparaient des troupes pour envahir la Syrie. » Des e-mails fuités de la firme de renseignement privée Strafor révélèrent des notes de meetings avec des officiels du Pentagon qui confirmèrent que dès 2011 des entrainements conjoints des forces spéciales américaines et britanniques avaient pour objectif d’assurer la chute d’Assad « de l’intérieur ».

En août 2009 l’Emir du Qatar rendit visite à Assad à Damas. Le Qatar est propriétaire du champ gazier de Northfield au milieu du Golfe Persique, le plus important du monde. L’Emir proposa à Assad de faire passer par la Syrie un gazoduc pour aller vers la Turquie puis vers le marché européen. Peu de temps avant ce meeting à Damas le Sheikh Al Tani, l’équivalent d’un premier ministre au Qatar, rencontra Erdogan alors premier ministre de la Turquie et lui déclara que son pays était désireux de voir la construction d’un gazoduc traversant la Syrie et arrivant en Turquie pour approvisionner l’Europe. Un groupe de travail fut mis en place pour obtenir des résultats concrets sans délais.

Assad déclina l’offre qatari car elle mettait en danger les intérêts de son allié de toujours, la Russie, le principal fournisseur en gaz naturel de l’Europe. Ce fut le point de départ de la décision de l’OTAN de détruire militairement la Syrie dès 2011 sur le modèle des évènements de Libye. Comme pour insulter et mettre à mal le plan énergétique de Cheney au Moyen-Orient, l’année suivante, en 2012, le Président Assad entama des discussions avec l’Irak, la cible première du complot de Cheney pour prendre possession des champs pétrolifères de ce pays, et aussi avec l’Iran, la bête noire des Américains. Il faut noter que le gisement gazier qatari est une partie seulement de la plus grande réserve de gaz connue au monde à ce jour qui s’étend aussi dans les eaux territoriales iraniennes sous le nom de South Pars. Ce gisement est mal exploité en raison des sanctions économiques qui furent imposées à l’Iran par les Américains.

En juin 2012 un mémorandum d’intention fut signé entre la Syrie, l’Irak et l’Iran pour la construction d’un gazoduc aboutissant au Liban ou dans un port syrien au nord du Liban. Ce projet de 10 milliards de dollars court-circuitait le projet turc, pays membre de l’OTAN. Peu de temps après cet accord ces trois même pays se mirent d’accord pour un projet d’oléoduc avec un terminal dans le port syrien de Banias. Ce projet devait prendre en charge les productions des gisements d’huile et de gaz de Kirkuk et de South Pars. En outre un tel projet mettait hors circuit tant la Turquie qu’Israël. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase et conduisit Washington et l’OTAN à organiser une guerre civile avec des combats s’étendant de Damas à Alep. Sans ressources gazières le Qatar serait un pays féodal avec des chameaux et des faucons. Sa religion est le même wahhabisme sunnite fondamentaliste que celui de l’Arabie Saoudite, son seul voisin. Les têtes coupées au sabre, la peine de mort pour les homosexuels, la lapidation des femmes adultères, toutes ces horreurs sont autorisées par une stricte charia. Avec le gaz le Qatar est le pays le plus riche par tête d’habitant du monde et le monde occidental feint d’ignorer ces coutumes d’une autre époque. Longtemps protectorat anglais le Qatar héberge à Doha l’une des plus importantes bases militaires américaines du Moyen-Orient. Au Qatar seulement 13 % de la population a un passeport qatari, le reste ce sont des travailleurs étrangers « invités » réduits le plus souvent à l’esclavage. Les Frères Musulmans, expulsés en particulier d’Egypte, résident au Qatar ainsi que la chaine de TV Al Jazeera qui entretient des liens étroits avec l’OTAN. En bref, le Qatar est le partenaire idéal pour la CIA, le MI6 et l’OTAN pour faire avancer l’agenda américain concernant les ressources en hydrocarbures du Moyen-Orient. Il faut ajouter qu’à la suite de la levée des sanctions contre l’Iran en raison de son programme controversé d’enrichissement d’uranium, ce pays est devenu soudainement un ennemi juré du Qatar avec comme cerise sur le gâteau que c’est un pays musulman chiite …

Le péché impardonnable de la Russie

C’est alors que la Russie entra en scène en Syrie après avoir opposé par deux fois son véto aux Nations-Unies pour la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne comme ce fut le cas en Libye qui aurait réduit à néant les efforts d’Assad pour reprendre le contrôle de son pays devant les avancées des terroristes. Une telle zone d’exclusion aurait accéléré la balkanisation de la Syrie et son démembrement total favorisant ainsi la mise en place du gazoduc qatari vers la Turquie. À ce point la Russie devint la principale cible à abattre pour les USA car elle mettait à mal l’ensemble de la stratégie énergétique de Washington, qu’elle en fut informée ou non. George Friedman, fondateur de Strafor, aussi appelé la « CIA de l’ombre », finit par admettre cet état de fait au cours d’une interview inattendue par un journal russe de première importance, Kommersant, le 17 janvier 2015. Friedman dont les principaux clients sont le Pentagone et les services de renseignement américains déclara ceci : « La Russie a adopté des positions que les Américains ont considéré comme inacceptables. D’abord en Syrie. C’est là que les Russes ont montré qu’ils étaient capables d’influencer la politique au Moyen-Orient. Les USA ont pensé que l’intention des Russes était de les blesser. C’est dans ce contexte que nous devrions réévaluer les évènement d’Ukraine. » Il ajouta même en décrivant les évènements d’Ukraine qu’il s’agissait d’un coup d’Etat financé par les USA à la seule fin de renverser le Président pro-russe Victor Yanukovych en février 2014, « La Russie considère qu’il s’agissait d’un coup d’Etat organisé et financé par les USA : c’était en effet le plus flagrant coup de l’histoire« .

Voué à l’échec

Les conséquences du complot fou de Cheney pour tenter de contrôler le pétrole et le gaz dans le monde entier commencent à devenir très claires. Ces derniers jours, à la suite d’un cessez-le-feu en accord avec Washington, la Russie a laissé entendre qu’elle ne permettrait pas aux USA de continuer à armer les terroristes du front Al-Nusra en dépit du fait que John Kerry ait affirmé que les rebelles « modérés » combattent sur le terrain ces terroristes affiliés à Al-Qaeda. Il s’agit encore une fois d’un autre mensonge de Washington. Les forces russes jointes à l’armée régulière syrienne ont clairement affirmé leur résolution de détruire tous les terroristes tant à Alep que dans d’autres localités syriennes qu’ils soient des « modérés » ou des membres d’Al-Nusra/Al Qaeda. Les bombardements de la Libye en 2011 pour prendre le contrôle des champs pétrolifères de ce pays ont été un fiasco abyssal. Le pays autrefois riche et prospère est maintenant entre les mains de bandes armées qui massacrent à l’aveuglette pour le contrôle de quelques barils de pétrole. La manipulation de la riche Arabie Saoudite pour financer le grand dessein américain sur les hydrocarbures du Moyen-Orient s’avère un autre désastre. Le Royaume est en train de sacrifier en pure perte ses réserves de devises d’autant plus que la guerre fomentée au Yémen par les Américains coûte à ce pays une vraie fortune sans résultats tangibles. La Turquie a perdu sa boussole et Erdogan conduit aussi son pays, il y a quelques mois encore très prospère, à la ruine en dépit de son récent rapprochement de façade avec la Russie car la Turquie reste un membre stratégiquement important de l’OTAN.

Plus dramatiquement enfin, les nettoyages ethniques et religieux organisés en sous-main par les USA en Syrie ont eu pour conséquence une émigration massive qui a traversé la Turquie pour s’établir depuis 2015 principalement en Allemagne et en Suède, menaçant les fondements mêmes de l’Union européenne en déstabilisant l’équilibre social des pays européens. On retrouve là le silence des politiciens européens, en particulier d’Angela Merkel ou de Wolfgang Schäuble. Ils savent tous que cet afflux de réfugiés en Europe a été intentionnellement créé par Washington avec la complicité d’Erdogan pour déstabiliser l’Europe et ouvrir la voie au contrôle par les USA des gazoducs acheminant, à terme, le gaz qatari et irakien vers l’Europe et coupant de ce fait les ressources de la Russie. C’est la vraie histoire au sujet de laquelle les politiciens européens restent silencieux.

Le roman de Thomas Harris décrit le silence qui règne après que le dernier agneau ait été acheminé à l’abattoir. Le silence pour dissimuler la vérité est une forme de communication tout aussi destructrice que les mensonges pour dissimuler ce silence, comme les récentes déclarations de Wolfgang Schäuble à propos des dangers de la consanguinité et des femmes turques de troisième génération.

Il faut un leader politique qui ait le courage moral de dire la vérité comme l’eut un certain Charles de Gaulle quand il refusa de diaboliser l’Union soviétique et qu’il retira la France de l’OTAN en 1966 plutôt que de faire la courbette devant des politiciens américains imprévisibles et dangereux.

Source : New Eastern Outlook online

Remarques finales personnelles. Sans vouloir abonder dans le sens de la théorie du complot, il est intéressant de noter le tournant détestable que prend la campagne électorale américaine. On accuse maintenant Vladimir Poutine de collusion sinon de complicité avec Donald Trump. Poutine aurait ordonné à des hackers russes d’entrer dans les sites gouvernementaux américains pour sortir des révélations affligeantes relatives à la candidate Clinton via Julian Assange qui réside à Moscou. Poutine, comme Kadhaffi, Saddam Hussein et Assad est un dictateur mangeur d’enfants qu’il faut abattre. Voilà la propagande orchestrée par les néo-conservateurs américains qui ont avancé leur candidate va-t’en guerre pour éventuellement provoquer un conflit nucléaire généralisé car il y a dans les arsenaux des puissances nucléaires suffisamment de bombes pour vitrifier l’ensemble de la planète.

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D’autre part le récent protocole d’accord entre la Russie et la Turquie (lundi 10 octobre 2016, date de parution de l’article de William Engdahl) pour faire passer un gazoduc sur le sol turc pour alimenter l’Europe dans le seul but de court-circuiter l’Ukraine ne pourra voir le jour que si la Turquie se désengage de l’OTAN. Une telle décision l’exposerait à des mesures de rétorsion de la part des USA. Le coup d’Etat manqué récent apparemment organisé avec le support des Américains serait-il avant-coureur de ce qui pourrait arriver à la Turquie dans le cas où ce projet de gazoduc se concrétisait ? Erdogan serait alors classé comme un dictateur sanguinaire à éliminer. Affaire à suivre.

Fracking ?

Le fracking est interdit en France jusqu’à nouvel ordre, tel en avait décidé le gouvernement de la précédente législature à des fins purement électoralistes dans le but d’attirer quelques voix des électeurs écolo-sympathisants de droite avant les élections présidentielle et municipales. Las ! La droite a perdu les élections et la gauche, épaulée par les écolo-sympathisants de tendance crypto-trotskyste plutôt que raisonnablement verte et responsable, n’a pas remis en question cette décision sarkozienne alors que de nombreuses autres lois, décrets et autres comités truc-muche institués par la droite ont été purement et simplement supprimés, sans parler des affaires pseudo-judiciaires. (Fin de l’aparté politique …)

 

L’un des arguments spécieux des écologistes pour interdire le fracking en France est « l’énorme » consommation d’eau que requiert cette technique, les risques de tremblement de terre induits et la pollution des nappes dites phréatiques. Pour ce qui concerne les nappes phréatiques, celles-ci sont pour la plupart très proches de la surface du sol et sont atteintes le plus souvent grâce à des puits creusés par nos ancêtres à la sueur de leur front ne dépassant que rarement la trentaine de mètres. A ne pas confondre avec les aquifères profonds tels ceux de l’Ile de France où on y puise de l’eau avec des puits de forage sensiblement identiques aux forages pétroliers de la même région, en Seine-et-Marne pour être plus précis, l’eau remontant à la surface par simple effet hydrostatique. On n’a encore jamais entendu parler de pollution de cet aquifère par les nombreux forages pétroliers effectués en région parisienne. Les pollutions enregistrées aux USA au cours des premières tentatives de fracking furent occasionnées par des rejets non contrôlés des eaux remontant au niveau des sites de forage qui n’étaient pas gérés de manière satisfaisante, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Pour les risques de tremblement de terre, on a effectivement noté des secousses à peine perceptibles dans le sud-ouest de l’Angleterre qui n’ont occasionné aucun dommage matériel. Ces secousses sont le résultat du réarrangement de micro-failles préexistantes ou induites par le fracking mais en aucun cas elles peuvent conduire à des effets dévastateurs comme le grand tremblement de terre du Kanto au Japon le 11 mars 2011, durablement présent dans les esprits, en tous les cas dans ma mémoire puisque quelques jours plus tard, me trouvant à Tokyo, j’ai ressenti une réplique d’intensité 6,9, un niveau considéré comme invraisemblable par les spécialistes en ce qui concerne le fracking, tout simplement parce que l’énergie nécessaire pour entrainer une telle secousse est hors d’atteinte. Mais revenons à l’eau. Au Texas et en Arizona, l’eau utilisée pour le fracking va être majoritairement une eau saumâtre existant en profondeur dans le bassin Permien riche en gaz et pétrole de schiste. Une étude récente émanant d’une agence indépendante, le CERES (http://www.ceres.org/about-us/who-we-are), non inféodée aux grands groupes pétroliers ni contrôlée par les politiciens ou de quelconques idéologues mais orientée professionnellement vers le développement durable avec notamment la « Union of Concerned Scientists », a conclu que les idées reçues sont souvent complètement éloignées de la réalité. Pour prendre l’exemple du Texas, le fracking qui a créé des dizaines de milliers d’emplois nouveaux dans cet Etat ces dernières années, augmenté de 14 % la production de pétrole et multiplié par six la production de gaz naturel consomme vingt fois moins d’eau que l’arrosage des pelouses des particuliers devant leur maison, ce qu’on appelle le « front-yard », pour satisfaire une obsession esthétique, et près de deux fois moins que ce que font partir en vapeur les 18 centrales électriques de l’Etat. De plus, cette eau est souvent impropre à la consommation et à l’arrosage puisqu’elle est souvent (au moins 25% pour le moment) saumâtre étant considéré que le bassin Permien du Texas renferme l’une des plus importantes réserves d’eau saumâtre des USA. Quand observera-t-on une telle objectivité en France ? On peut toujours rêver …

 

Source : CERES (voir le lien) via Forbes

Rapprochement inattendu.

 

Je ne suis pas un expert en géopolitique surtout quand la situation est tellement globale qu’il est souvent difficile de faire des rapprochements évidents, et pourtant …

Prenons par exemple la nouvelle situation énergétique des USA qui exploitent les gaz et huiles de schiste par « fracking » tellement rapidement et efficacement qu’ils sont devenus indépendants des énormes importations d’hydrocarbures auxquelles ils devaient se soumettre pour étancher leur soif énergétique. Les USA sont maintenant pratiquement indépendants des pays de l’OPEP et cette nouvelle situation va durer suffisamment longtemps pour que l’ensemble de la donne géopolitique actuelle soit profondément modifiée. D’abord, les Américains vont se désengager du contrôle stratégique du détroit d’Ormuz, ça leur coûte cher et ils n’ont plus vraiment besoin d’y stationner deux ou trois porte-avions avec toute la flotte afférente, restrictions budgétaires obligent. Qui se sentira concerné ? En premier lieu la Chine qui n’a pas les moyens logistiques pour prendre la relève des USA dans cette région mais qui compte quelques alliés comme la Syrie dont on connait la dangereuse déliquescence en cours. L’Iran, peut-être, mais peut-on faire confiance à ce pays (totalitaire) isolé diplomatiquement et en pleine crise économique et sociale qui va inévitablement se terminer par des troubles profonds lors de toutes prochaines élections (j’en ai dit un mot lors d’un précédent billet). Or la Chine a besoin du pétrole du Moyen-Orient et ne peut pas se permettre de voir son approvisionnement brutalement stoppé par une fermeture inopinée du détroit d’Ormuz sur un coup de sang du gouvernement iranien. Le désengagement américain dans la région nuira donc d’abord à la Chine et l’ensemble de la stratégie s’en trouvera modifiée. Alors, pourquoi la Chine se frotte au Japon au sujet des îles Senkaku, tout simplement pour assurer son approvisionnement en hydrocarbures au cas où il y ait quelques millions ou milliards de barils exploitables sur le plateau continental appartenant au Japon par le fait que ces îlots habités de quelques chêvres rendent officiellement propriétaire le Japon de cette zone sous-marine où la présence d’hydrocarbures n’est encore qu’hypothétique. Voilà, selon mon humble analyse, pourquoi les Chinois s’énervent à propos de ces îlots justement au moment où les Américains ont atteint leur indépendance énergétique. Comme quoi des forages dans l’Arkansas et le Montana peuvent influer sur la politique mondiale … A n’en point douter cette nouvelle donne énergétique globale va avoir de nombreuses répercussions, même en Europe, quand les gouvernements des divers pays de l’Union européenne reconsidéreront le fait qu’ils sont assis sur des centaines de milliards de mètre-cube de gaz et qu’ils continuent en silence à se faire étriller par la Russie et les pays de l’OPEP. On assiste donc au début d’une nouvelle ère géopolitique. Sachant par exemple que 60 % du déficit commercial de la France est dû à l’importation de pétrole et de gaz, à n’en pas douter un instant, le gouvernement français reconsidérera sa position au sujet du « fracking » et dans des délais plus courts qu’on ne le pense.