L’industrie française a disparu et c’est irréversible !

La France devrait être une sorte d’eldorado pour les industries très dépendantes de l’énergie électrique comme par exemple la chimie, les aciéries, la production d’aluminium et d’alliages d’aluminium que ce soit pour l’aéronautique ou plus trivialement pour produire des canettes de boissons gazeuses, pour les verreries dont les fours pourraient être reconvertis vers l’électricité comme source d’énergie thermique, et l’énumération est presque sans limite. Je ne parle pas des boulangers, un exemple significatif de ce genre de conversion. Bref, avec son parc nucléaire unique au monde et de haute sureté la France aurait pu être cet eldorado précipitant l’arrivée d’une multitude d’entreprises sur son territoire. Malheureusement la France a choisi l’Europe, de facto dominée par les Allemands, le quatrième Reich – n’ayons pas peur des mots – et elle a accepté de se soumettre au marché européen de l’énergie qui, selon la Commission européenne, exclut tout monopole d’État au sujet de l’énergie en général et de l’énergie électrique en particulier. Le système électrique français repose sur trois piliers : les unités de production électronucléaire, un réseau très diversifié de barrages, des centaines de kilomètres de galeries souterraines intégrées à ce système hydrauliques pour non seulement pallier aux heures de consommation de pointe mais également pour remonter vers les barrages situés en altitude l’eau et chaque jour assurer ce matelas de réserve d’énergie électrique afin de maintenir la stabilité des réseaux de transport et de distribution. En effet l’énergie électrique ne se stocke pas sauf si des stations de pompage permettent de « remonter » l’eau en altitude pour un usage ultérieur. La France est le seul pays au monde ayant réussi cette sorte d’intégration. Je me sens investi du droit d’en parler car j’ai participé durant ma vie active à la réalisation de cette prouesse avec mes impôts et parce que je connais l’énergie nucléaire pour avoir travaillé au sein d’EDF-International afin de promouvoir les technologies nucléaires développées spécifiquement par EDF et ses nombreux centres de recherches et de développement.

Sous la pression du gouvernement allemand et des lobbys écologistes anti-nucléaires la Commission européenne a adopté une attitude de garde-à-vous devant l’Allemagne et contre la France et ce complot contre la France, et je pèse mes mots en écrivant complot, dirigée par l’Allemagne ne date pas de l’incident de Fukushima-Daichi provoqué par le grand tsunami du 11 mars 2011 mais de l’action subversive des écologistes allemands et anecdotiquement des Suisses pour réussir à obtenir la fermeture du réacteur à neutrons rapide, projet européen faut-il le rappeler, de NERSA situé sur le site de Creys-Malville, mouvement soutenu par l’avocate Corinne Lepage et Greenpeace. La décision de fermeture de cette usine de nouvelle génération fut prise par Jospin, le plus minable, insignifiant et stupide de tous les premiers ministres français depuis 1945 ! Il faut se rendre à l’évidence : les autorités politiques allemandes ont succombé à l’émotion orchestrée par les partis écologistes et à la suite de l’incident de Fukushima-Daïchi au Japon il fut décidé d’abandonner totalement l’énergie électronucléaire. Et comme les Allemands ont vite compris qu’ils s’étaient tiré une balle dans le pied ils ont tout fait pour détruire l’énergie nucléaire de leur voisin et ennemi de toujours qu’est la France car elle risquait de devenir un pays attrayant pour les industries lourdes dépendant étroitement de l’énergie électrique. La suite on la connait avec le sabotage terroriste par les Américains des gazoducs NordStream devant avoir comme conséquence d’une part l’effondrement de l’économie russe, le souhait surréaliste du ministre des finances français (aussi incompétent que l’était Jospin), et d’autre part pour remplir les caisses des compagnies américaines productrices de gaz de schiste par fracturation hydraulique. Les Allemands, gouvernés par des politiciens gangrenés par les écologistes ont cru béatement que les moulins à vent pourraient produire suffisamment d’énergie pour faire fonctionner leur économie. Ils n’ont pas compris que l’électricité ne se stockait pas et qu’il fallait sans cesse adapter le réseau afin d’équilibrer l’offre et la demande. Avec l’entrée massive des énergies renouvelables dites « vertes » ce problème auquel ont toujours été confrontés les électriciens a été rendu très complexe. Le gaz est la seule solution pour maintenir ce réseau équilibré en temps réel puisqu’une turbine à gaz produit de l’électricité en quelques minutes : il suffit d’appuyer sur un bouton !

Les trois présidents français qui se sont succédé, Sarkozy, Hollande et Macron, tous les trois incompétents, c’est-à-dire incapables de prendre les bonnes décisions, donc de prévoir, ont répondu au chant des sirènes écologistes et décrété que le fameux (et fumeux) « mix énergétique » comporterait une part croissance d’énergies « vertes » et qu’il fallait réduire la part du nucléaire dans ce nouveau paysage énergétique. Les écologistes de tout poil ont eu pour mission de terroriser les populations en utilisant des ONGs comme par exemple la Criirad, financée par les impôts des contribuables pour désinformer et maintenir cette peur du nucléaire. Pendant près de 20 ans EDF n’a construit aucun nouveau réacteur. Le savoir-faire des multiples entreprises sous-traitantes indispensables pour la construction puis le fonctionnement des unités de production électronucléaire a disparu et aujourd’hui la situation est devenue critique. Il n’y a plus de soudeurs expérimentés sur le sol français et pire encore il n’y a plus de chaudronniers ni de forgerons et je vais m’expliquer plus en détail.

Les « Utilities » américaines toutes privées y compris la Tennessee Valley Autority ont vite compris que le seul composant qui ne pouvait pas être remplacé dans une unité de production nucléaire était la cuve du réacteur, tout le reste peut être changé voire légèrement modifié. La cuve est soumise à un violent flux de neutrons et doit être régulièrement inspectée et éventuellement traitée en surface pour éliminer les micro-fissures pouvant apparaître au cours du temps. Les compagnies d’électricité américaines, près de leurs sous, ont compris par retour d’expérience que ces cuves pouvaient être utilisées peut-être pendant 100 ans et tout le reste changé à moindre coût. Le problème est qu’il faut des industriels capables de fabriquer tout ce qui se trouve autour de la cuve du réacteur dans le bâtiment réacteur et il y a beaucoup de choses, les pompes, les générateurs de vapeur, le pressuriseur, les tuyauteries primaires et secondaires ainsi qu’une multitude d’autres accessoires notamment de sécurité. La France est aujourd’hui confrontée au changement des générateurs de vapeur lorsque le nombre de tubes fuyards devient supérieur à 10 % des quelques 350 tubes en épingle à cheveux que comporte ce gros module de production de vapeur dans le circuit secondaire qui va faire tourner la turbine à l’extérieur du bâtiment réacteur. La question que je me suis posé et qui m’a encouragé à écrire cet article est la suivante : et si la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim n’avait pas été une excellente opportunité pour récupérer les générateurs de vapeur, deux par réacteur, afin de les utiliser pour remplacer des générateurs de vapeur défectueux dans d’autres unités de production puisqu’ils étaient flambant neufs. Je me suis donc documenté et j’ai découvert que l’ex-Creusot Loire devenu partie intégrée à Framatome était devenu incapable de fabriquer ces générateurs de vapeur ! EDF s’est donc adressé à Mitsubishi Heavy Industry de même qu’EDF s’est également adressé à cette même entreprise pour obtenir l’une des cuves des deux EPRs construits en Chine.

Pour conclure et puisque je viens de mentionner les EPRs chinois il est nécessaire de rappeler quelle fut la genèse de ce projet. Il s’agissait au départ d’une collaboration entre Areva et Siemens pour construire un réacteur hyper-sécurisé, copie conforme des derniers réacteurs construits par EDF comme ceux de Saint-Alban. Les Allemands ont manoeuvré pour conduire Areva au désastre, Siemens s’est désolidarisé du projet finlandais et on connait la suite : c’est EDF qui a payé l’ardoise, c’est-à-dire les contribuables français avec leurs impôts et leurs notes d’électricité pour éponger les pertes astronomiques accumulées avec l’EPR finlandais. Ce sont donc les Japonais et les Chinois qui construiront les futurs unités de production électronucléaire planifiées depuis que cette énergie est classée « renouvelable ». Au passage le cœur des vierges écologistes a volatilisé 150 milliards d’euros partis avec le vent pour hérisser de moulins à vent le paysage de la campagne française profonde en pure perte puisque la France n’avait pas besoin de ce type d’énergie intermittente. Voilà l’histoire telle qu’on peut l’interpréter : une guerre franco-allemande d’un nouveau type, le énième conflit entre ces deux pays depuis la Guerre de Trente Ans … et comble d’ironie il n’y a pas de gagnant mais deux perdants !

Note additionnelle après mise en ligne. J’ai oublié dans cette lutte entre l’Allemagne et la France au sujet de l’énergie nucléaire de mentionner l’ARENH et la mise en place du marché européen de l’énergie électrique. Tout a été organisé par la Commission européenne qui n’a rien fait d’autre que de satisfaire les exigences des Allemands. Ce point particulier a été largement documenté lors des commissions d’enquète de l’Assemblée nationale française et je n’ai pas jugé opportun d’y revenir ici.

6 réflexions au sujet de « L’industrie française a disparu et c’est irréversible ! »

    • Pourquoi pas ! Pour obtenir une maîtrise de chimie puis un doctorat de Chimie il faut acquérir de solides connaissances en physique et l’énergie nucléaire était à l’époque enseignée dans ce cursus. J’ai été détaché pendant trois ans auprès d’EDF et quand je faisais visiter une centrale nucléaire française à des ingénieurs américains je devais être au courant de ce que je racontais surtout quand on se trouvait dans le bâtiment réacteur lors d’un arrêt pour rechargement en combustible. Et après je suis revenu à la biologie tout naturellement puisque mon second doctorat était plus précisément la chimie biologique. Je réponds donc à votre question plus généralement : un scientifique doit entretenir une certaine curiosité et une ouverture d’esprit vers des disciplines pas nécessairement liées à sa spécialité …

  1. Ping : L’industrie française a disparu et c’est irréversible ! – Qui m'aime me suive…

  2. La vérité se lit en creux, encore une fois.
    Vous ne mentionnez pas le fait fondamental que les réacteurs de France sont basés sur la technologie etazunienne Westinghouse.

    Hasard ou complot ?

    Les Américains sont nombreux : Mexicains, Vénézuéliens etc et pas seulement Yankees.

  3. Bien d’accord avec votre commentaire sur Jospin certainement un des pires nuisibles. Je me rappelle comme si c’était hier ses déclarations comme quoi la gauche avait le monopole de la vérité, ses objectifs de 80% d’une classe d’age avec le bac et de réduire l’industrie pour se diriger vers les services. Nous y sommes 90% d’une classe d’age avec un bac qui ne vaut même pas un certificat d’étude année 50. Ces jeunes qui encombrent les universités ne savent pas ce qu’ils veulent faire, et après de multiples échecs se retrouvent aigris comme caissière chez carrefour ou livreur chez Amazon. Quel gâchis. Pour la faillite d’AREVA ne pas oublier notre chère Anne Lauvergeon dont le toupet et les capacités de nuisance sont monstrueuses

  4. Bonjour Monsieur Henry,
    Etant encore fin janvier, je vous souhaite une bonne année avec tous mes vœux pour vous ainsi que vos proches.
    Je vous remercie pour cet article qui est très instructif, mais réveille également une pointe de douleur.
    Je suis sorti d’une école d’ingénieur de Génie des Procédés de province en 1998 et je n’ai jamais travaillé dans le secteur chimique, notamment du fait d’un niveau d’anglais et d’allemand insuffisant car le nombre de postes proposés était relativement faible sur les sites chimiques et para-chimiques situés en France, et une grande partie de ma promotion a soit continué comme professeur, enseignant-chercheur, ou comme moi a été recruté par une SSII pour faire du développement informatique, donc pour travailler dans le tertiaire.
    Je ne m’en plains pas car cela me permet de gagner ma vie plus que correctement depuis 25 ans.
    Mais malgré tout, je me désole de constater la désindustrialisation de la France, et la relative absence d’usines.
    Lors de mes études, j’avais acheté le guide spécial annuel de l’Usine Nouvelle qui recensait les plus grandes usines de France, et c’était un ravissement et encouragement pour moi de le lire.
    Et je fais appel aux souvenirs de votre public, il me semble que ce guide recensait les 500 plus grandes usines françaises, tous secteurs industriels confondus ?
    Et je ne suis pas sûr que ce guide puisse encore être fait avec le même nombre d’usines.
    Ensuite ont eu lieu les politiques d’entreprise très bien décrites par Serge Tchuruk « la société sans usine », c’est à dire on délocalise ou on sous-traite la fabrication en Asie ou en Europe de l’Est, et on garde la R&D en France.
    Cette stratégie mortifère a contribué à tout perdre car la Chine (et peut-être l’Inde aussi) ont maintenant les deux.
    Ces dirigeants de grandes sociétés, qui sont très souvent issus des mêmes grandes écoles françaises, sont pour moi autant responsables que les dirigeants politiques français.
    Ils sont tous anti-patriotes, sont soumis aux intérêts des USA (par idéologie, lâcheté ..), et ne pensent qu’à leur carrière et leurs intérêts personnels.
    De Gaulle et Messmer très sont loin hélas ….

    Je me permets modestement de soumettre l’interview suivante de Christian Harbulot sur l’intelligence économique qui est très intéressante :

    Encore un grand merci à vous pour la tenue de votre blog et vos analyses sourcées et vos prises de position.

Laisser un commentaire