Les « antivaxxers » ont atteint leur but, semer la terreur !

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Et naturellement les politiciens s’en mêlent …

Il y a quelques semaines 6 employés de Dysneyland Anaheim, le plus vieux parc d’attraction de ce genre, se sont retrouvés lourdement malades : ils avaient été contaminés par un visiteur inconnu ayant la rougeole. L’enquête, si tant est qu’on puisse en réaliser une qui soit fiable, n’a pas pu déterminer l’origine de ce visiteur. Toujours est-il que plus de 100 cas de rougeole ont été signalés dans 14 Etats américains quelques jours plus tard. Et la situation continue à s’aggraver sans que l’on ne sache trop quelles mesures prendre. L’idéal serait de tout simplement mettre en prison ou condamner à de lourdes amendes les parents refusant de vacciner leurs enfants car la rougeole peut éventuellement dégénérer en encéphalite exposant un enfant et même un adulte à de graves dommages cérébraux. Qu’à ce là ne tienne les antivaxxers continuent leur campagne surréaliste indiquant sans aucune preuves à l’appui que la vaccination, et pas seulement celle dirigée contre rougeole « serait » l’une des causes de l’autisme. C’est vraiment n’importe quoi. Un commentateur de Slate a même écrit que, je cite : « l’issue de cette campagne anti-vaccins est beaucoup plus grave que la constitution d’un petit groupe de terroristes qui tirent sans distinction en se bouchant les oreilles ».

Les médecins se sentent directement visés car ils n’ont pas su (ou voulu) convaincre les parents de procéder aux vaccinations officiellement obligatoires, dont celle contre la rougeole, maladie dont aucun cas n’avait été répertorié en 2013 sur le territoire américain. Un série d’études portant sur des dizaines de milliers d’enfants n’a pas pu prouver que l’autisme était lié à la vaccination contre quelque maladie que ce soit et non pas seulement la rougeole. Les activistes anti-vaccins se basent sur des déclarations tonitruantes de charlatans qui entrent dans la catégorie de la « mauvaise science » consistant à manipuler des données disparates et à établir une soit-disante corrélation effet-cause entre autisme et vaccins. L’origine de ce mouvement qui défie le bon sens est un article publié dans The Lancet en 1998 par un dénommé Andrew Wakefield, article dont la validité scientifique fut dénoncée par la suite par l’Editeur en Chef du Journal. Wakefield fit de la mauvaise science en faisant du « cherry-picking » ou cueillette de cerises. Cette expression résume la mauvaise science en question : on choisit des données qui n’ont le plus souvent aucun lien entre elles pour constituer un ensemble à partir duquel on va échafauder une conclusion crédible, la démonstration de l’hypothèse et l’hypothèse elle-même étant connues avant même qu’on ait commencé à constituer le panier de cerises en ayant choisi les plus mûres ou les plus rouges sur diverses branches de l’arbre, en d’autres termes avant même d’avoir procédé à la moindre expérimentation ou au début du commencement d’une quelconque observation … Ça s’appelle de la mauvaise science, on pourrait dire de la malhonnêteté organisée. Séralini en est un exemple français récent, il savait que ses rats développeraient des tumeurs avec l’âge et il aurait pu tout aussi bien réaliser les mêmes expériences biaisées avec n’importe quel produit ou aliment comme par exemple des Kinder Surprise.

Cette attitude est malheureusement de plus en plus répandue dans tous les domaines et non pas seulement en médecine. Je pense tout de suite à l’extraordinaire imposture du changement climatique supposé provoqué par l’utilisation de combustibles fossiles. Si les émissions de CO2 devaient effectivement modifier le climat dans 50 ans ou plus, il est raisonnable de penser que dans un demi-siècle toute l’électricité ou presque sera produite par des réacteurs nucléaires de quatrième génération et tous les véhicules automobiles légers seront électriques. Les émissions de CO2 ne présentent donc à terme qu’un danger minime pour l’humanité, si danger il y a. Par contre les campagnes tonitruantes des antivaxxers représentent pour des centaines de millions de personnes un réel danger de mort immédiat !

La vaccination contre la variole n’est plus obligatoire puisqu’on considère que la maladie a été éradiquée de la planète grâce à la vaccination systématique. Il faut absolument rappeler ici que la variole, entre 1900 et 1979 a tué trois cent millions de personnes dans le monde et défiguré des centaines de millions d’autres ayant survécu à la maladie. Sans vaccination la variole continuerait à tuer plus que toutes les guerres réunies. Mais il faut aussi mentionner l’immense succès de la vaccination combinée contre la rougeole, les oreillons, la rubéole et le tétanos ou encore la diphtérie, des maladies qui ne sévissent plus que dans les pays dits « pauvres ». Mais, si on ne se soucie pas trop de ces pays « pauvres », quand une épidémie de rougeole apparaît dans un pays « riche » parce que des terroristes anti-vaccins y sévissent, alors ça fait très désordre ! Les vaccinations contre les hépatites A et B ont déjà réduit significativement les cas de carcinome hépatocellulaire à Taiwan, pays où ces virus sont endémiques. Les campagnes de vaccination systématique contre ces deux virus a réduit de 90 % les cas d’hépatites et de 50 % les cas de cancers du foie.

Il en est de même de l’HPV (virus du papillome), principale cause des cancers du col de l’utérus, de l’oropharynx et de l’anus. En Australie, la vaccination a déjà montré ses effets bénéfiques et on attend à terme une amélioration qui aboutira à l’élimination de centaines de milliers de cas de cancers particulièrement agressifs et mortels. Inutile de mentionner la poliomyélite : en 1988 l’OMS nota encore 350000 cas, en 2013 seulement 500. L’Inde a totalement éradiqué cette maladie lourdement handicapante alors qu’elle persiste encore au Pakistan. Il existe un vaccin contre le rotavirus A, considéré comme le virus le plus facilement transmissible. Chaque hiver les pouvoirs politiques s’agitent en brandissant la menace d’une épidémie de gastroentérite. Certes la mortalité due directement au rotavirus est nulle mais il a été clairement montré que si l’on vaccinait les enfants systématiquement contre ce virus l’incidence familiale de cas de gastroentérites diminuerait considérablement et le coût social de cette maladie bénigne serait grandement diminué. L’illustration ci-dessous montre, puisqu’il y est fait mention d’une comparaison entre Ebola et rougeole que la dangerosité de la rougeole n’est pas nulle mais qu’elle entre dans la catégorie des maladies pour lesquelles la vaccination est nécessaire.

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Au Japon, la vaccination contre la tuberculose est obligatoire comme 8 autres vaccins – l’OMS préconise 11 vaccins mais peu de pays suivent les recommandations de cet organisme – et il n’y a plus aucun cas de tuberculose répertorié par les autorités sanitaires japonaises alors que c’est loin d’être le cas dans d’autres pays de l’OCDE y compris en France. Les antivaxxers ont d’ailleurs décrié l’efficacité du BCG qui serait parait-il inadapté, vieux et peu efficace, il n’y a qu’à considérer les statistiques du Japon ! Pourtant la tuberculose tue près de 70 % des personnes qui contractent cette maladie, presque autant qu’Ebola …

Il y a également l’aspect financier que les antivaxxers passent soigneusement sous silence, comme les écologistes passent sous silence le coût financier pharaonique pour les usagers finaux de l’installation de centaines de milliers de moulins à vent pour produire de l’électricité par intermittence afin de satisfaire leurs lubies. À côté des données irréfutables concernant l’efficacité des vaccins – sauf pour les antivaxxers – la vaccination a permis d’économiser plus de 6 milliards de dollars en 2013 aux USA uniquement en considérant le coût des traitements, le versement d’indemnités d’arrêts de maladie et la surcharge financière pour les entreprises en raison d’absences au travail n’étant pas pris en compte dans cette statistique !

L’aspect le plus glauque de cette phobie des vaccins est l’obscène récupération par les politiciens, en particulier par des Républicains comme le Sénateur Rand Paul (Kentucky) qui déclara tout de go à la télévision le 2 février à propos de la vaccination obligatoire (voir le lien), je cite : « Les Etats n’ont aucun droit de propriété sur les enfants. Les enfants appartiennent aux parents. C’est une question de liberté ». En d’autres termes les parents peuvent se mettre hors-la-loi en refusant de faire vacciner leurs enfants, ils en ont le droit. Quant à considérer que la vaccination obligatoire porte atteinte à la liberté, l’argumentation de Rand Paul est plutôt spécieuse. À l’évidence on nage ici dans la plus sordide démagogie électoraliste …

Les pseudo-scientifiques en tous genres continueront à promouvoir la fausse science en dépit des évidences et si personne ne réagit contre ces terroristes d’une espèce exécrable soutenus par des politiciens tout aussi écoeurants dans leur démagogie, appuyés par des organisations transnationales pour lesquelles le malthusianisme du « Bon Sauvage » à la Rousseau et le retour à la nature sont leurs piliers de réflexion, ce pourrait être infiniment dommageable pour des milliards de personnes. Et de toute évidence et pour toutes ces raisons la régression intellectuelle, le mensonge, l’imposture et l’obscurantisme s’installent outre-Atlantique mais aussi dans bien d’autres pays de par le monde …

Sources : Business Insider ( http://www.businessinsider.com/vaccinations-kids-school-anti-vaxxers-2015-2#ooid=k4OGtvcjq8opexFd2b9tXycCZXevrQqn )

http://scienceblogs.com/insolence/2015/02/03/is-republican-party-becoming-antivaccine-party/

Lire aussi : http://stm.sciencemag.org/content/6/253/253ps11.full

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