La simplification administrative communale vue sous un autre angle

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En France, le pays aux 36000 communes et aux 500 fromages, il n’y a pas de problèmes de « dépopulation » car les lois françaises sont favorables à une natalité débordante, des crèches, des écoles maternelles, des allocations de maternité, des aides au logement pour les familles nombreuses et les fameuses allocations familiales (créées à la fin de la guerre pour favoriser le repeuplement intensif de la France) qui, couplées aux réductions d’impôts pour ces familles nombreuses et de plus en plus nombreuses, font que finalement faire des enfants est presque un business rentable, au moins sur le court terme : à la limite un mec bien pourvu par la nature peut se passer de travailler et élever une famille nombreuse aux frais de l’Etat, éventuellement avec plusieurs épouses, c’est la règle à Mayotte, département français, aux frais de l’Etat entendez les autres contribuables qui pour satisfaire leurs pulsions utilisent des protections en latex certifié non allergène. Il faut appeler les choses par leur nom !!

Rien de tout cela au Japon, le pays vieillit inexorablement puisque le taux de natalité n’atteint même pas 1,3 enfant par femme en âge de procréer. La situation est déjà alarmante et ne va qu’empirer puisque les études démographiques en arrivent à cette prédiction effrayante que le nombre de femmes de 20 à 39 ans, c’est-à-dire grosso modo en âge de procréer, diminuera de plus de 50 % en 2040 dans la moitié des 1800 municipalités qui restent dans le pays.

Dans de nombreuses communes rurales c’est déjà la panique car la population vieillissante ne peut plus assumer les charges basiques de la vie communautaire comme par exemple l’entretien des routes ou des réseaux de distribution de l’eau ou encore de remplacer les ampoules des réverbères ! L’exode rural n’arrange rien au tableau, de plus en plus de rizières sont tout simplement à l’abandon, faute de repreneurs quand l’exploitant est devenu trop vieux pour continuer à travailler. Et pourtant il n’y a pas vraiment d’âge légal de départ à la retraite au Japon !

C’est pourquoi la moitié des 1800 municipalités japonaises ont lancé un programme, le « furusato nozei », pour faire appel à des dons, d’abord auprès de ceux dont les ascendances familiales étaient issues de ces villages, mais aussi tout le monde peut participer à ce programme car il entre dans le cadre des déductions fiscales encouragées à nouveau par le Premier Ministre Shinzo Abe à la suite du grand tremblement de terre du 11 mars 2011 qui a vu, cette année-là seulement, l’arrivée massive de dons vers les villes sinistrées qui avait atteint 65 milliards de yens, essentiellement en provenance des habitants de Tokyo et des environs. Le Gouvernement provisionne déjà pour la prochaine année fiscale 2015-2016 quatre mille milliards de yens pour revitaliser les communes rurales en déperdition avec de nouvelles routes et de nouvelles lignes de trains. Même si il y a une arrière-pensée électorale dans ce programme puisque les élection municipales auront lieu en avril 2015, il y a urgence pour ne serait-ce qu’attirer de nouveaux habitants dans ces municipalités en voie de disparition. Le mouvement a d’ailleurs pris de l’ampleur puisque ces 15 dernières années plus de 1500 communes avaient disparu en créant des communautés de communes comme on dirait en France, non pas pour augmenter les administrations, le mille-feuille administratif français est fait pour embaucher encore plus de fonctionnaires, mais au contraire pour réduire drastiquement les coûts, la raréfaction des contribuables locaux rendant ces fusions de communes impératives.

La ville d’Higashikawa dans l’île d’Hokkaido a vu sa population grossir de 100 habitants l’année fiscale dernière grâce aux incitations fiscales et à la promotion du tourisme qui a convaincu certains visiteurs de venir s’installer tout simplement dans cette ville après y être venu séjourner comme simples touristes. L’illustration ci-dessus montre des étudiants prenant des clichés des résidents de cette ville au milieu des rizières juchés sur un petit escabeau pliant très populaire au Japon (source Higashikawa City). La ville de Tendo, dans la préfecture de Yamagata, a mis en place un vaste programme de cadeaux envoyés aux généreux donateurs qui, pour un don de 10000 yens (environ 70 euros), ont reçu un petit colis de cerises ou ensuite des pêches ou encore une belle tranche de bœuf et le volume des dons a été multiplié par mille en quelques mois, naturellement avec une sorte de connivence de la part de conseillers fiscaux de l’agglomération de Tokyo :

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On est très loin de ce genre de comportement en France et dans bien d’autres pays européens, où de nombreux villages sont condamnés à leur propre mort, car il n’existe plus aucune espèce de solidarité, les dispositions législatives étant faites en sorte que les initiatives citoyennes non approuvées par les gouvernements en place sont considérées comme indésirables pour ne pas dire illégales.

Inspiré d’un article paru sur le site de Bloomberg

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