Les télomères sont des appendices situés aux extrémités de chaque chromosome. Ils en assurent une certaine stabilité un peu comme les ficelles qui se trouvent aux extrémités d’un saucisson. L’analogie peut être poursuivie puisque les télomères comportent une à deux dizaines de milliers de paires de bases nucléotidiques constituants de l’ADN. À chaque division cellulaire ces « ficelles » perdent deux à trois cent bases et ce processus de raccourcissement est semble-t-il accéléré par diverses conditions de la vie quotidienne, manque d’exercice physique, tabac, facteurs génétiques, âge mais aussi par la qualité de la nourriture que l’on ingère. C’est sur ce dernier point que s’est penchée une équipe de biologistes de l’Université de Pamplona en Espagne (lien). Ces universitaires ont utilisé une banque de données comportant 886 participants suivis depuis mai 2008, sur un total de 1921 personnes d’un programme mis en place par les Universités de Navarre dans le cadre d’une veille sanitaire multifactorielle. Des questionnaires détaillés soumis aux participants ont permis de classer ces derniers selon le montant des calories ingérées quotidiennement et la nature de leur alimentation. Une distinction a pu être faite de manière précise parmi les participants entre la nourriture n’ayant jamais subi de transformation industrielle en regard de celle « ultra-transformée ».

La nourriture non transformée comprend des parties d’animaux ou de plantes (fruits, légumes, œufs, lait, viande, etc) que les participants se procurent pour se nourrir et qui sont fraiches et non modifiées par ajout préalable de sel, de sucre, de corps gras et ne contenant aucun additif alimentaire. Ces produits sont alors cuisinés « à la maison » en utilisant des additifs non transformés industriellement comme du sel, de l’huile non hydrogénée, du sucre, du vinaigre, des épices, etc à l’exclusion de tout autre additif d’origine industrielle. La nourriture transformée industriellement comprend des aliments d’origine naturelle ou déjà transformée auxquels sont ajoutés des substances alimentaires appelés additifs d’origines naturelles ou artificielles dans des proportions variées. La liste des additifs alimentaires est disponible ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_additifs_alimentaires ). Un classement de chaque individu étudié a été réalisé sur la base du montant de calories ingéré quotidiennement. Tous les participants se sont pliés à des prélèvement de salive pour mesurer par qPCR la teneur de leur ADN en télomères. Deux prélèvements ont été effectués pour étayer cette étude, l’un en 2008 et l’autre en 2016. Les participants âgés de 50 ans et plus devaient enfin remplir un questionnaire détaillé sur leurs habitudes alimentaires et leur mode de vie tous les deux ans.
Il ressort de cette étude que tous les participants se « sur-alimentant » ont vu leur état de santé se dégrader en termes d’obésité, de problèmes cardio-vasculaires et de taux de triglycérides sanguins élevés. En comparant ces groupes avec ceux ayant un régime alimentaire modéré, de style méditerranéen incluant peu ou pas d’aliments industriellement transformés y compris des sodas comme boissons présentaient systématiquement des télomères par analyse qPCR plus longs. Un classement par percentiles a pu ainsi être établi en référence au groupe dont les habitudes alimentaires étaient les plus naturelles avec un apport minimal en calories selon l’apport en aliments transformés industriellement et le résultat est évident. L’ensemble des participants a été classé sur la base de ces paramètres en 5 groupes. Les longueurs des télomères diminuent proportionnellement en fonction des quantités d’aliments transformés industriellement (UPF = ultra-processed food) de 29, 40 et 82 % pour un âge moyen de 67 ans, c’est-à-dire 8 ans après la première évaluation de ces longueurs. Cette longueur des télomères est généralement considérée comme un marqueur de la vieillesse : plus un sujet est âgé plus la longueur des télomères est réduite. La conclusion de cette étude est donc sans appel : toute ingestion de nourriture industrielle diminue la longueur des télomères et en conséquence accélère le vieillissement. On ne peut que blâmer l’activité des grandes entreprises de l’agro-alimentaire qui inondent les linéaires des super-marchés de « junk-food » et de sodas …Insérer le Tableau 1 de l’article cité en référence ci-dessous aurait été illisible.
Source. Doi : 10.1093/ajcn/nqaa075/5824715 aimablement communiqué par l’auteur principal de l’article qui est remerciée.