Depuis plus de deux ans les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter depuis 2020 comme en témoigne le graphique suivant (source Tradingeconomics.com) :

Ce n’est pas à cause du conflit ukrainien, ce n’est pas à cause de Poutine, ce n’est pas à cause de la Chine. La raison est étrangère à la conjoncture géopolitique du moment. Il s’agit de la mise en place des fameux critères dits ESG. Selon la brève définition de wikipedia en anglais ESG signifie un ensemble de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance des corporations qui se réfère à des données spécifiques rassemblées afin d’être utilisées par les investisseurs pour évaluer les risques matériels qu’ils prennent en considérant les externalités qui peuvent être générées par ces investissements source :https://en.wikipedia.org/wiki/Environmental,_social,_and_corporate_governance .
Cette prose ambiguë cache en réalité le véritable but de l’orientation que doivent choisir les investisseurs. Tout capital investi provenant par exemple de fonds de pension ne peut pas conduire à une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère. En d’autres termes les investissements doivent être réalisés dans le vaste domaine du « renouvelable » car les sources de biens mis à la disposition de l’homme par la nature ne sont pas renouvelables : un jour ils n’y aura plus de sources carbonées fossiles d’énergie, il n’y aura plus de minerai de fer, il n’y aura plus de terres rares. En conséquence les investisseurs ne peuvent plus investir dans cet éventail des industries extractives. L’énergie issue de la fission de noyaux fertiles comme ceux de l’uranium-238 ou du thorium-232 après capture d’un neutron a échappé de justesse au classement ESG car les technique dites de quatrième génération de production d’électricité aussi appelées surrégénération qui produisent plus de combustible qu’elles n’en consomment sont maintenant considérées comme des sources d’énergie renouvelables. Les investisseurs peuvent donc s’intéresser à ce pan de l’industrie.
Cependant l’ensemble des industries dépendant des hydrocarbures et du charbon ont vu les investisseurs les fuir dédaigneusement. L’application scrupuleuse des critère ESG par les gestionnaires des fonds de pension comme Blackrock ou Vanguard, pour ne citer que les deux plus importants, est contrôlée par une série d’organismes dont en particulier les agences de notation et d’autres organismes comme les agences de contrôle des investissements sur les marchés boursiers.Les investissements situés en amont, c’est-à-dire l’industrie de la prospection et de la mise en exploitation de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz a vu ses investissements se tarir en quelques semaines dès la fin des années 2010. La conséquence était prévisible. Les prix du gaz naturel et du pétrole ont tout simplement flambé, sans faire de jeu de mot, au détriment de l’industrie et des particuliers. Les investissements dans l’industrie extractive tant du pétrole que du gaz sont des décisions de long terme et il en est de même pour l’industrie nucléaire.
Confrontés à ce goulot d’étranglement et cherchant des profits de court terme les investisseurs se sont orienté vers les énergie renouvelables comme les moulins à vent ou les panneaux magiques (citation de Charles Gave) mais malgré les 1000 milliards investis moins de 1 % de réduction des émissions de carbone a pu être être quantifié en utilisant des modèles de lissage des données brutes fournies par la NOAA et la NASA qui restent contestables. Les grandes compagnies pétrolières et gazières comme le français Total se sont parées d’un vernis vert en investissant dans les énergies renouvelables ainsi qu’EDF en France. Mais pour ces entreprises il s’agit d’investissements à perte, non pas en raison de leur incrédulité ni parce que les moulins à vent et les miroirs magiques ne relèvent pas de leur compétence mais parce que les décideurs de ces entreprises savent qu’il s’agit de sources d’énergie intermittentes, un défaut que les technologies actuelles ne permettent pas de corriger.
Deux pays et non des moindres se moquent des critères ESG et investissent massivement dans l’énergie nucléaire alors qu’ils disposent de ressources et de réserves en carburants fossiles comptant parmi les plus abondants de la planète, qu’il s’agisse de pétrole, de gaz ou de charbon. Il s’agit de la Russie et de la Chine. Finalement les critères ESG ne sont respectés que par les pays occidentaux : Amérique du Nord, Europe, Australie, Nouvelle-Zélande, Corée et Japon. Si j’étais un investisseur je ne choisirais aucun de ces pays pour réaliser des profits car les économies de ces derniers vont rapidement s’effondrer. C’est d’ailleurs cette tendance qui se dessine maintenant en Europe occidentale, conglomérat hétéroclite de pays dont l’économie tend vers une récession catastrophique.
Pour plus d’information lisez cet excellent article de F. William Engdahl paru sur le site du magazine New Eastern Outlook traduit par le Saker Francophone et repris par Reseau International : https://reseauinternational.net/dou-vient-reellement-largent-derriere-le-nouvel-agenda-vert/
En ce qui concerne le Japon le tableau est un peu moins noir. Les banques et maisons de commerce japonaises investissent encore dans les hydrocarbures ce qui leur est violemment reproché. Le pays a construit récemment une série de centrales à charbon et malgré mars 2011 redémarre autant que possible les centrales nucléaires. On doit pouvoir les taxer d’ hypocrisie mais en l’occurrence elle est salutaire.
Les japonais sont pragmatiques. Ils ne se sont pas retirés du projet Sakhaline2 (https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20220901-projet-sakhaline-2-le-japon-ne-veut-pas-renoncer-au-gaz-russe).
Ou du moins ils espèrent ne pas en être exclus.
Les gisements de la mer d’Okhotsk bordée par la Russie continentale, l’île japonaise d’Hokkaido, l’île de Sakhaline et les Kouriles à l’est se trouvent sur le plateau continental au nord de l’île de Sakhaline. Ces gisements contiennent environ 5 milliards de tonnes de pétrole et de gas. Gasprom a proposé la construction conjointe entre ces gisements d’un gazoduc passant par l’île de Sakhaline puis Hokkaido. Les grands conglomérats japonais ont acquis des parts dans le projet de prospection. Quand Gasprom a fait sa proposition les USA ont manifesté leur désapprobation. Cependant, l’augmentation récente du prix du gaz sur le marché a rebattu les cartes. À ce jour le Japon achète son gaz majoritairement à l’Australie sous forme de LNG ainsi qu’au Qatar dans le cadre de contrats à long terme. La construction d’un gazoduc rendrait ce gaz à un prix sensiblement plus abordable pour le Japon mais les Américains s’y opposant seule la construction d’une usine de liquéfaction sur la côte continentale de Russie, province de Khabarovsk, soulagerait la note de gaz que paie le Japon. Quelle sera la prise de position des américains, là est toute la question …
Bonjour quand je vois avec quelle rapidité les pays occidentaux ont abandonné, à cause de la guerre en Ukraine, tous leurs idéaux, pacifisme, démocratie, énergies vertes, égalité de traitement, bien etre et protection, j’en déduis que ces investisseurs vont faire de meme quand ils verront les profits fondre, dans quelques mois.
L’Ukraine est la goutte d’eau de trop, le vol du papillon.
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