L’arrivée massive des voitures électriques : un défi économique et politique majeur !

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Comme je l’ai mentionné dans ce blog plusieurs fois, l’idée même d’abandonner l’énergie nucléaire comme l’ont décidé les Allemands est une erreur économique sur le long terme qui sera lourde de conséquences. Sous prétexte de réduire les émissions de « gaz à effet de serre » qui seraient néfastes pour le climat, l’Allemagne s’est lancée dans un vaste programme de verdissement de ses sources d’énergie et les politiciens de ce pays se rendent à l’évidence, il n’y a pas eu un seul gramme de réduction des émissions de CO2 depuis 5 ans et la facture par ménage de 4 personnes s’élève maintenant à 300 euros supplémentaires par an pour financer ce programme qui risque de déstabiliser le réseau électrique du pays. Pour satisfaire les exigences européennes de réduction des gaz à effet de serre les constructeurs d’automobiles allemands considèrent qu’il faudra à terme convertir le parc de véhicules en « tout électrique » quitte à abandonner rapidement le diesel qui les a précipité dans une crise sans précédent. Ce changement de stratégie sérieusement envisagé par Volkswagen et Daimler conduirait aux alentours de 2025 au renouvellement du parc automobile à hauteur de 30 % avec des véhicules tout électrique, selon une étude réalisée par UBS (Union des Banques Suisses).

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Prenons le cas de la France avec 35 millions de véhicules aujourd’hui. En 2025 le renouvellement annuel de 10 % de ce parc automobile avec 30 % de voitures électriques représentera un peu plus de 1 million de véhicules du type Chevrolet Bolt chaque année. Pour recharger quotidiennement ces voitures il faudra une puissance électrique disponible (à tout moment) équivalente à 5 réacteurs nucléaires type 900 MW comme ceux de la centrale de Fessenheim (vous avez bien lu ! il n’y a pas d’erreur). Les projections très réalistes et incroyablement documentées de UBS sont sans appel, il faudra donc dès aujourd’hui développer l’énergie nucléaire pour subvenir aux nouveau marché des voitures électriques car 2025 c’est dans 7 ans, c’est-à-dire demain … Les curieux peuvent se plonger dans cette étude qui réserve également d’autres surprises comme ils le découvriront au cours de la lecture de ce document et dont je vais faire part ci-dessous des principaux faits marquants. ( Disponible sur le site d’UBS : http://www.ubs.com/investmentresearch ).

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Outre la demande croissante en une source d’électricité fiable et constante que provoquera le marché à croissance exponentielle des voitures électriques, les constructeurs d’automobiles de ce type (EV = electric vehicle) atteindront une pleine compétitivité dès 2025 (2023 en Europe) en regard des modèles à combustion interne équivalents en termes de performances. À ce jour General Motors « perd » de l’argent sur chaque Bolt (première illustration) vendue, 7400 dollars sur un prix marché neuf de 36600 dollars, somme que GM récupère sous forme de subventions fédérales dans le cadre de l’EPA (Environment Protection Act). Selon les prévisions de UBS pour le même véhicule la marge du constructeur atteindra 5 % malgré le fait que le prix de vente du véhicule diminuera de près de 9 % d’ici à 2025. L’une des conséquences encore mal évaluée sera la totale restructuration du marché des matière premières nécessaires pour la construction de ces voitures électriques, que ce soit le modèle Bolt ou encore la Tesla modèle 3. Quel que soit le type de batteries utilisées dont les teneurs respectives en nickel, manganèse et cobalt, outre le lithium, diffèrent selon qu’elles sont fabriquées par LG Chem ou Tesla (technologie Panasonic) et les équipements électroniques et le moteur lui-même il y aura un bouleversement dans l’utilisation des matières premières : les demandes en nickel et cobalt pour les batteries exploseront ainsi que celles du néodyme et du dysprosium pour les aimants permanents du moteur dont la fabrication est dominée actuellement par Toyota et Denso.

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La plus grosse ponction dans les réserves disponibles concernera le cobalt (plus du tiers des réserves mondiales connues et prouvées) dans l’hypothèse d’un monde 100 % électrique … mais le recyclage de ce métal à partir des batteries hors d’usage peut fort heureusement être aisément mis en place.

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La conclusion de cette étude est l’apparition très claire du problème de la source en énergie électrique pour recharger les véhicules, opération qui dure en utilisation domestique normale entre 30 et 60 heures (220 ou 110 volts alternatif), en haut voltage rapide (380 volts alternatif) à la maison en une trentaine de minutes (si la maison est équipée en triphasé 380 volts) et à une borne publique moyennant un supplément de prix 1 heure 30 en courant continu haute intensité nécessitant un refroidissement concomitant des batteries.

Il apparaît donc clairement que la source d’électricité devra être fiable et constante de jour comme de nuit. Les décideurs européens qui ont fixé des objectifs de réduction de CO2 impossibles à atteindre en l’état actuel du parc automobile car ils se sont surtout focalisé sur l’électricité. Ils devraient revoir dans l’urgence leur copie et considérer que ce ne sont pas les énergies dites renouvelables qui seront capables de relever l’immense défi que constituera dans un proche avenir le développement des véhicules électriques. S’il faut encore brûler du charbon pour recharger les batteries des voitures électriques, ce sera un coup d’épée dans l’eau au niveau environnemental … Seule l’énergie nucléaire pourrai aider l’Europe à atteindre ses objectifs de réduction des gaz dits à effet de serre. En attendant le ministre français en charge de la transition énergétique nage dans une incohérence caricaturale puisqu’il veut fermer toutes les « vieilles » centrales nucléaires à l’horizon 2025. Après lui le déluge et la pauvreté généralisée. À se demander si son staff a mis sur son bureau de ministre d’état le document d’UBS … Terrifiant !

5 réflexions au sujet de « L’arrivée massive des voitures électriques : un défi économique et politique majeur ! »

  1. Cette histoire de voiture électrique revient à décréter l’arrivé d’une rupture technologique, ce qui est absurde.
    De plus la réalisation de cette utopie nécessite, pour remplacer le parc de voiture actuel, de disposer d’au moins deux à trois fois les réserves connues de matériaux nécessaires.
    Par ailleurs la mise en oeuvre de ce type de planification aboutit à nous livrer pied et poings liés à la Chine.
    Enfin, en adoptant un point de vue carbocentriste (ie AGW) la production de ces engins est un non sens « climatologique » et de toutes manière l’extraction des matières premières nécessaires à la réalisation de ce que pense être un délire s’avère écologiquement catastrophique, sans parler des sources d’approvisionnement en électricité « verte et renouvelable ».
    Tout ceci n’est pour moi qu’un marqueur supplémentaire de la décadence de l’occident et, en particulier de l’Europe occidentale.
    La digue est rompue et un tsunami de délires divers et variés va tous nous submerger et engendrer une tirs- mondisation de l’Europe.
    J’espère, égoïstement, que cela demandera 20 à 25 ans (en gros mon espérance de vie) …

    • Je vous précise que page 23 du document cité en référence (fig. 46) dans l’hypothèse d’un monde 100 % voitures électriques les réserves connues de cobalt seraient entamées de 34 %, d’aluminium de 10 %, de lithium 7,2 % et de nickel de 3 %. Le cobalt est assez aisément recyclable à partir d’une batterie usée et il existera probablement dans les années à venir une technologie de recyclage du lithium. Votre argumentaire n’est donc pas recevable en ce qui concerne les matières premières, ceci toujours dans l’hypothèse du « tout électrique » pour les véhicules.

      • Sauf si on tient compte du fait que les voitures électriques font partie d’une stratégie globale incluant la fabrication de grandes quantités d’éoliennes et de panneaux solaires; l’ensemble cumulé voitures électriques + technologie « verte » de production d’électricité exige bien l’utilisation de quantité de matières premières dépassant largement les les réserves connues.

  2. Je ne suis pas allé voir l’étude, mais il semble que ce soit pour du véhicule électrique imitant ceux qui existent en ce moment, je ne suis donc pas du tout sûr que ce sera comme cela. L’arrivée très prochaine des voitures sans conducteurs présentera un mixte d’usage (sur mon temps libre j’essaie de concevoir un tel véhicule http://passion.myouaibe.com/index.php/post/Conception-3D-vehicule-autonome )et aussi un mixte d’énergie, des véhicules motorisées par un moteur électrique fonctionnant avec une électricité provenant de carburant fossile (comme la volt d’ailleurs qui possède un groupe électrogène thermique).
    Ce qui m’interpelle comme vous c’est la non visibilité et la non anticipation de nos politiques tant au niveau des énergies que de la voirie, je suis près de Montauban (50 kms de Toulouse), en ce moment les politiques d’ici n’en ont qu’après 7 milliards qu’il manque pour prolonger la ligne TGV de Bordeaux à Toulouse en ne parlant de nouvelles taxes (ils disent même de taxes innovantes lol) perso je préférerais qu’il se tourne plutôt vers la construction d’un corridor pour véhicules automatisés (sur la place du tracé du TGV) ou qu’ils mènent une réflexion sur tous les nouveaux types et usages de véhicules qui vont révolutionner notre mobilité il y a une économie sous jascente à ses nouveaux transports à développer (service de nettoyage, de rechargement en tout genre…). Rien n’empêche d’imaginer des véhicules s’agrégeant et circulant aussi vite qu’un TGV dans ce corridor, d’autres qui seront des sortes de bureau camping car, d’autres permettant de se restaurer avec différents niveaux de restauration… Désolé d’avoir dérivé un peu du sujet, mais je trouve que l’enjeu n’est pas seulement énergétique et que justement ces nouveaux véhicules peuvent permettre un gain énorme !

  3. La question de l’énergie est centrale et il faut, pour y répondre, une vision globale.
    Toutes les automatisations en utilisent, mais il ne me semble pas qu’il y ai eu des analyses comparatives entre les divers médiats existants.
    Par exemple, qu’est-ce qui revient le plus cher, énergiquement parlant, entre le courrier électronique qu’une banques que le particulier publie chez lui et celui qui passe par la poste?
    il en est de même pour une voiture: quel est la différence de coût d’énergie, mais aussi d’efficacité entre un moteur à Explosion, le même équipé du système pantome, du seul moteur électrique ou un moteur hybride où celui à explosion recharge un bloc de batteries?
    Quel est le coût, aussi, des automations automobiles?
    Quoi qu’il en soit, tant que nous restons aux technologies actuelles, c’est à dire tant que nous ne faisons pas de bonds en science fondamentale, surtout en physique, nous en resterons aux centrales électriques, barrages, charbon, pétrole, gaz et nucléaire, même en changeant de filière, le reste ne représentant qu’un appoint minime.
    Hormis pour certains pays comme l’Islande et sa géothermie, ou ceux désertiques proche de l’équateur et leurs panneaux photovoltaïques.
    En sachant que les éoliennes sont anti-écologiques.
    Les questions de pollutions se posent, parfois gravement, mais il est notable que la vulgate sensationnaliste de l’écologisme primaire et, oserais-je le dire, obscurantiste, trouble tant de débat, quelquefois par la censure (ce qui est à la mode), que plus grand monde ne sait quoi penser de la situation et des choix collectifs qu’ils faudrait faire.
    Ne faut-il pas être crétin, par exemple, de penser qu’il soit possible, actuellement, qu’il y ait 7, 3 milliards d’habitants sur terre sans production de C.O.2 et sans centrale nucléaire?
    De la même façon, qu’ils m’expliquent comment il est possible de participer à la mondialisation économique, ce pour quoi ils sont, sans l’usage du pétrole et de l’énergie nucléaire.

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