Climat. Enfin une bonne nouvelle : plus de CO2 = moins de réchauffement !

Les lecteurs de mon blog vont croire que je suis définitivement devenu sénile. Oser titrer ainsi un article relève de l’inconscience puisque le monde entier est maintenant convaincu que la science du climat est un fait établi et par conséquent le réchauffement que l’on observe depuis plusieurs décennies est la conséquence directe de l’activité humaine, activité dépendante étroitement de l’énergie la plus facile à produire, en l’occurence les combustibles carbonés fossiles, charbon, pétrole et gaz. Or, de même que tous les êtres vivants rejettent du CO2 pour vivre, de même l’humanité a besoin d’énergie pour poursuivre ses activités et cette production d’énergie passe nécessairement par la production d’un déchet, ce gaz carbonique accusé d’être le premier facteur induisant le réchauffement du climat auquel on assiste depuis une centaine d’années. L’ère des observations globales à l’aide de satellites et l’amélioration de la sensibilité des instruments de mesure au sol a autorisé une corrélation entre ce réchauffement du climat et l’augmentation de ce gaz considéré maintenant comme toxique, le CO2.

N’importe quel scientifique honnête affirmera qu’une corrélation entre deux phénomène ne peut pas être considéré comme une preuve irréfutable car il peut s’agir d’une simple coïncidence. Les spécialistes autoproclamés du climat dont l’occupation est de préparer les réunions mondiales relatives à l’évolution du climat, réunions mondiales politiques appelées COP ou Conferences Of the Parties, qui n’ont plus rien à voir ni de près ni de loin avec le climat mais servent de grand-messe dont le but est de définir les grandes orientations à appliquer à l’échelle mondiale pour contrôler ce réchauffement du climat qui est supposé menacer la survie de l’humanité. Il y a cependant un très gros problème au sujet de ces “COPs”, il s’agit de l’ignorance totale des effets bénéfiques du CO2. Dans un récent billet sur ce blog (https://jacqueshenry.wordpress.com/2023/01/20/digressions-au-sujet-de-la-biomasse-terrestre/ ) il était question de l’importance des végétaux dans l’équilibre de la biomasse terrestre et de la vie tout court. Or il est indéniable que le CO2 est l’aliment universel de tous les végétaux terrestres et marins (incluant le phytoplancton). Énoncé autrement on peut écrire : sans CO2 dans l’atmosphère il ne peut y avoir de vie sur la Terre, c’est-à-dire que d’un côté le CO2 induit une évolution défavorable du climat vers un réchauffement, d’un autre côté il s’agit de l’élément indispensable à toute vie sur notre planète.

L’homme est-il capable de faire un choix ? Ce choix ne dépend pas de l’homme car quelle que soit l’évolution des technologies créées par l’homme la Terre s’auto-régule et répond aux évolutions du climat, on l’a bien montré par la mise en évidence incontestable de l’alternance de glaciations et de périodes climatiques favorables par le passé. Les variations du niveau des océans et l’expansion suivie de la régression des forêts et de toute autre couverture végétale n’a jamais dépendu de l’homme durant les centaines de millénaires passés. De même la teneur en CO2 de l’atmosphère a toujours fluctué en obéissant à des lois complexes mal connues.

Depuis environ 40 ans les observations à l’aide de satellites de la Terre ont montré que celle-ci “verdissait”. Les instruments de mesure embarqués dans les satellites permettent de quantifier deux paramètres importants pour comprendre l’effet global du CO2 atmosphérique sur l’évolution des conditions climatiques et de la couverture végétale terrestre. Ces deux paramètres sont la température à la surface des terres LST (Land Surface Temperature) et l’indice de couverture végétale mesuré à partir de la couleur verte émise par les feuilles de cette couverture végétale LAI (Leaf Area Index). Disposant des résultats accumulés depuis 20 ans il a été possible de corréler ces deux paramètres en calculant l’évolution de la température, LST, par rapport à la couverture végétale, LAI, au cours des saisons et localement selon les latitudes. Et les résultats obtenus par une équipe de scientifiques de l’Université de Beijing sont tout simplement spectaculaires  https://doi.org/10.1038/s41467-023-35799-4 ).

En exprimant la relation entre les deux paramètres mentionnés ci-dessus, c’est-à-dire l’évolution en fonction de LAI de l’albedo, de la chaleur latente au sol, de la chaleur sensible au sol, des radiations atteignant la surface du sol dans les courtes longueurs d’onde, visible et UV et les plus longues, infra-rouge, appliquant la différentielle de LST “biophysique” versus LAI (δLSTbio/δLAI) les résultats globaux obtenus à partir de toutes les observations rassemblées au cours des 18 dernières années montrent que plus la couverture végétale augmente plus la température au sol diminue. Cette diminution de température est donc une conséquence indirecte de l’augmentation de la teneur en CO2 dans l’atmosphère.

Globalement voici le résultat obtenu (fig. 5 de l’article cité), la température étant exprimée en °K :

Et pour chaque type de couverture végétale et selon les latitudes et les saisons l’effet de la végétation est encore plus spectaculaire (OWV englobant les autres végétations ligneuses, essentiellement les savanes semi-arides et les steppes :

En fonction des latitudes le profil saisonnier est inversé selon qu’il s’agit des latitudes nord et sud et c’est normal mais la différence entre ces deux parties du profil qui devrait être symétrique est due à l’importance des océans dans l’hémisphère sud en comparaison de celle de l’hémisphère nord. Les types de végétation jouent également un rôle significatif. Mais il faut souligner que toutes les surfaces cultivées (cropland) jouent un rôle central dans ce processus d’amortissement de la température globale mesurée au sol. Que se passe-t-il au sud de la Somalie, au Kenya et au nord de la Tanzanie ainsi qu’au nord-est du Brésil ? La déforestation intense afin de transformer la forêt en terres cultivées a provoqué un bouleversement de l’équilibre formulé par la différentielle évoquée ci-dessus (δLSTbio/δLAI) provoquant un échauffement probablement transitoire puisque les terres consacrées à la culture (cropland) sont considérées selon les résultats de cette étude des “puits” de chaleur vive. L’apport hydrique dans ces situations nouvelles fait l’objet d’un débat dont le futur pourrait être houleux. Mais encore une fois la surface la Terre est un système très complexe qui saura s’adapter à toutes les nouvelles conditions. Il n’y a donc pas lieu de désespérer et de prévoir un apocalypse proche, car somme toute le CO2 semble indirectement bénéfique, c’est la source de toute vie et la Terre considérée globalement est en cours d’adaptation depuis la fin du récent épisode glaciaire, qu’est-ce que 15000 années dans un cycle de 100000 ans … À la lecture de cet article de haute tenue scientifique il faut se rendre à une évidence : la “science” climatique n’est pas arrêtée (“settled”) mais elle continue à évoluer au fur et à mesure que les données observationnelles sont interprétées le plus objectivement possible, ce qu’ont fait les auteurs chinois. Puissent les écologistes aveuglés par leur idéologie et les décideurs politiques s’inspirer de tels travaux pour réviser leur prise de position au sujet du climat.

En effet si le taux de CO2 atmosphérique continuait à augmenter le verdissement de la planète s’accélérerait et par conséquent un “refroidissement” tel qu’il a été démontré dans cet article deviendrait encore plus significatif. Il n’y a donc plus de raison logique de s’occuper de toutes sortes de projets inutiles et couteux comme le piégeage du CO2, la transition énergétique vers plus de sources d’énergie bas carbone ou dites “renouvelables” ou le bannissement des combustibles fossiles carbonés et également le projet insensé de généralisation des véhicules électriques alors que les sources accessibles de cobalt et de nickel sont limitées. Cet article remet donc en cause le mouvement actuel de restriction des énergies carbonées.

Oh je vois venir les protestations et les critiques de toute part. C’est une étude chinoise donc elle n’a pas de valeur puisque la Chine est le premier utilisateur de combustibles fossiles carbonés. Je rappelle que les universités chinoises forment plus de 10 millions de diplômés de haut niveau par an et que ce pays est maintenant classé le premier du monde pour le nombre de publications scientifiques. Raisonnant sur le long terme les autorités chinoises développent l’énergie nucléaire car il ne leur a pas échappé que le temps des combustibles fossiles à bon marché est limité, il faut ainsi se préparer dès aujourd’hui. L’écologie et les critères ESG concernent les pays occidentaux et la Chine est imperméable à cette idéologie et reste pragmatique. Enfin il faut mentionner que la Russie, petit pays par sa population exporte des réacteurs à neutrons rapides dont la fiabilité est maintenant prouvée. Ce dernier point fera l’objet d’un prochain article sur ce blog.

Pourquoi la France construit un centre hospitalier sur le plateau de Saclay ?

Alors que le système hospitalier français est en décrépitude pour diverses raisons, et je n’en citerai que deux, d’une part avec l’invasion d’un secteur administratif qui contrôle la gestion de la tarification à l’acte et alourdit considérablement l’emploi du temps du personnel strictement hospitalier. Dans un hôpital de taille normale un secrétariat d’une vingtaine de personnes suffit pour une gestion optimale de deux cent lits et mille personnels. Le système administratif mis en place par le Ministère a créé une sorte de monstre : pour ce même hôpital il y a maintenant 300 parasites qu’il faut rémunérer au même titre que le personnel médical. L’informatisation de l’ensemble des fonctions administratives devrait au contraire autoriser la réduction du nombre de personnels administratifs. La deuxième raison est le niveau salarial de misère de la majorité des personnels médicaux, depuis les aide-soignants et les infirmiers jusqu’aux médecins spécialisés. Par voie de conséquence il y a de moins en moins de candidats aux professions médicales, le numerus clausus de la formation de médecins ayant provoqué une désertification progressive de cette profession.

L’apparition de tout un éventail de nouvelles technologies de diagnostic et de traitement oblige parfois les hôpitaux à se spécialiser et l’un des exemples illustrant les contraintes nouvelles apparues avec ces nouvelles technologies est la médecine dite “nucléaire”. Qu’est-ce que la médecine nucléaire ? Dans un sens global il l’agit d’utiliser un radio-isotope artificiel utilisable pour le diagnostic et pour certains traitements. L’exemple du technétium-99 résume la problématique rencontrée en médecine nucléaire car c’est le produit radioactif le plus utilisé en médecine nucléaire. Un revue des autres radio-isotopes sera exposé dans la seconde partie de ce billet. Le technétium-99 est utilisé comme outil de diagnostic chez 20 millions de personnes dans le monde chaque année. Il permet de réaliser des diagnostics par imagerie gamma du cerveau, de la thyroïde, des poumons, du foie, de la vessie, des reins ou du squelette pour la détection et la localisation de tumeurs ou des problèmes circulatoires. La production de ce radio-isotope est problématique en raison de sa durée de demi-vie et des techniques d’extraction utilisées. Le technétium-99 est produit dans les réacteurs nucléaires de recherche à partir du molybdène-99, un produit de fission de l’uranium-235. Il est nécessaire d’utiliser de l’uranium enrichi en isotope 235 pour obtenir cet isotope du molybdène. Le noyau de ce molybdène se réarrange spontanément pour former le technétium-99. La demi-vie du Mo-99 est de 66 heures et celle du Tc-99 est de 6 heures. Avant d’utiliser le Tc-99 pour injection intra-veineuse en vue d’un diagnostic il faut le séparer du Mo-99, le radio-isotope parent, et cette opération est effectuée à l’hôpital par une chromatographie sur échangeur d’ions. L’hôpital doit être spécialement équipé car le Mo-99 comme le Tc-99 sont des émetteurs de rayons gamma. Il existe à Saclay deux réacteurs de recherche, Osiris et Orphée, susceptibles de produire du Mo-99. Cependant sur le même site du CEA à Saclay (Commissariat à l’Energie Atomique) il existe aussi l’accélérateur linéaire de particules, le LAL, et le synchro-cyclotron SOLEIL. On en vient donc à la deuxième méthode d’obtention du Mo-99 mais surtout de Tc-99. Ce dernier apparaît en bombardant avec des neutrons émis tangentiellement par le cyclotron, appelés improprement “radiation de synchrotron” avec également des rayons X, une cible de Mo-100 ultrapure. Le molybdène-100, faiblement radioactif, représente près de 10 % du molybdène naturel et doit être séparé jusqu’à un degré de pureté poussé pour obtenir le Tc-99 sans production parasite de technétium-99 “g” qui se transforme rapidement en ruthénium et empoisonne la cible de Mo-100. Un réglage fin de l’énergie des neutrons utilisés est donc nécessaire.

Le nouvel hôpital en construction sur le plateau de Saclay disposera donc sur le site d’une source d’approvisionnement en Tc-99 et c’est l’une des importantes raisons pour lesquelles le site de Saclay a été choisi. Outre le Tc-99 les infrastructures existantes du CEA sont à même de produire une série d’autres radio-isotopes utilisés tant pour le diagnostic que pour le traitement de cancers. La liste non exhaustive de ces radio-isotopes est la suivante et mes lecteurs comprendront l’importance méconnue de la médecine nucléaire. L’usage externe de rayons gamma dont la source la plus fréquente est du cobalt-60 et éventuellement du césium-135 est communément utilisée pour traiter certaines tumeurs et pour obtenir une aplasie médullaire avant une greffe de moelle et dans ce dernier cas l’irradiation peut être massive et à des doses proches de la dose mortelle. Enfin toujours dans le but de traiter certaines tumeurs localisées, l’implantation temporaire d’isotope radioactifs sous forme de filaments (cobalt-60, iridium-192, palladium-103) pendant quelques minutes ou quelques heures est pratiquée directement au niveau de la tumeur. Dans le cas de la thyroïde l’iode se fixe préférentiellement sur cette glande et les tumeurs sont traitées par injection d’iode-131 sous forme de iodure. Le strontium-89, le samarium-153 et plus récemment le rhénium-186 sont utilisés pour réduire les douleurs provoquées par les tumeurs osseuses lorsque ces douleurs ne peuvent plus être atténuées par les dérivés morphiniques. Enfin récemment l’utilisation d’anticorps monoclonaux marqués avec du bismuth-213 ou du plombe-212 ont été utilisés expérimentalement pour tenter de traiter les métastases multiples d’une tumeur cancéreuse utilisée auparavant pour obtenir ces anticorps monoclonaux. Ce type d’approche encore au stade expérimental est utilisé dans le cas de certaines leucémies et des mélanomes. Il s’agit alors de mettre en œuvre le rayonnement alpha émis par ces radio-isotopes. Le gadolinium-157 est enfin utilisé comme émetteur de neutrons en combinaison avec du bore injecté par voie intraveineuse qui capte les neutrons après fixation préférentielle du gadolinium radioactif dans le tissu cancéreux. À ne pas confondre avec le gadolinium stable utilisé comme agent contrastant dans l’imagerie par résonance magnétique nucléaire, le terme nucléaire ne mettant pas en œuvre de radioactivité. Tous ces traitements utilisent des doses variables allant de 20 à 60 grays à l’exclusion des traitements faisant appel à l’iode-131 pour traiter les tumeurs cancéreuses de la thyroïde car dans ce dernier cas les doses utilisées étant (rayons gamma) massives pouvant atteindre 1,2 gigaBecquerels. Les locaux hospitaliers doivent être spécialement conçus pour que le personnel ne soit pas irradié par le rayonnement gamma alors que ce radio-isotope émet également des électrons très énergétiques (rayonnement beta moins). Compte tenu de la période de demi-vie de l’iode-131 de 6 jours le patient reste confiné jusqu’à ne plus émettre que 1,2 Gbq ou 0,07 mSV/heure à une distance de 1 mètres. Certaines approches de radiothérapie spécifiques sont en cours de développement et utilisent du phosphore-32 pour le traitement de la polycythémie, une maladie rare caractérisée par une production anarchique d’hématies. D’autres approches sont en cours d’étude et elles utilisent toutes de radio-isotopes à courte durée de vie comme par exemple l’actinium-225, émetteur de rayons alpha avec une demi-vie de 10 jours et obtenu par désintégration du thorium-225 lui-même issu de l’uranium-233.

Tous ces radio-isotopes sont produits dans des réacteurs d’étude et leur purification et leur formulation se trouvent donc en amont de la médecine nucléaire. On comprend dès lors l’importance de la place que la radioactivité a pris dans le domaine médical, un aspect trop souvent oublié par le grand public malgré le fait qu’un jour ou l’autre il puisse, en tant que patient, être confronté à un traitement spécifique dans un service hospitalier de médecine nucléaire. La médecine nucléaire sauve des vies, faut-il le rappeler.

Les autres utilisations de la radioactivité sont courantes et industrielles dans le domaine de la stérilisation à l’aide de rayons gamma dont la source universelle est le cobalt-60. Dans le domaine de l’imagerie médicale par émission de positrons le désoxyglucose marqué avec du fluor-18 est l’une des approches les plus courantes. Le fluor-18 est un émetteur de rayons beta plus, c’est-à-dire de noyaux d’hydrogène. La rencontre avec un électron provoque leur annihilation avec émission de deux photons gamma qui sont alors détectés par des caméras permettant d’obtenir une image tridimensionnelle. Cette technique est utilisée pour étudier les fonctions du cerveau et également pour détecter et localiser certaines tumeurs cancéreuses. Le fluor-18 est produit à cet effet en soumettant de l’eau enrichie en oxygène-18 à un flux de protons de haute énergie à l’aide d’un accélérateur linéaire de particules, il en existe un sur le plateau de Saclay, et la proximité du site de production de ce radio-isotope est critique puisque la période de demi-vie du fluor-18 n’est que de une heure quarante minutes. L’eau ainsi soumise à ce flux de protons (H+) se transforme en avide fluorhydrique directement utilisée pour synthétiser le fluoro-désoxyglucose.

Enfin, pour conclure ce billet, les radio-isotopes sont d’un usage courant dans la recherche biologique. J’ai moi-même utilisé au cours de ma carrière du tritium, du carbone-14, du phosphore-32, du fer-59 et de l’iode-125. Pour l’anecdote je me suis trouvé contaminé involontairement avec ce dernier radio-isotope (demi-vie 60 jours) à deux reprises en l’utilisant pour effectuer des radio-immuno-essais. Le technicien qui contrôlait le personnel de l’institut de recherche situé en Californie du Sud m’a préconisé une cure d’ormeaux puisqu’il savait que mon technicien passait beaucoup plus de son temps qu’au laboratoire à s’occuper de son élevage d’abalones dans la baie de La Jolla ! Source partielle World Nuclear Association et Wikipedia en anglais.

Faible ensoleillement, absence de vent : l’Allemagne plonge dans l’abime

La politique énergétique de l’Allemagne se rapproche de plus en plus de l’échec et du désastre… « avec plus de CO2 émis par kilowattheure d’électricité que l’Inde ou la Chine »… « l’Allemagne se trouve à la 127e place sur 147 pays dans le classement des pays les plus producteurs de CO2 ».

Plus tôt cette année, même si l’approvisionnement en gaz naturel de la Russie avait été interrompu, l’Allemagne est restée déterminée à aller de l’avant et à fermer ses trois centrales nucléaires restantes d’ici le 1er janvier 2023. Mais le bon sens cette fois a finalement réussi à pénétrer à travers les crânes des fanatiques de l’énergie verte au commandement, et donc il y a quelques semaines le gouvernement allemand a reporté la fermeture de 90 jours au 1er avril 2023. Sans les trois centrales nucléaires qui fonctionneront encore cet hiver, l’Allemagne serait confrontée à la perspective réelle de pannes généralisées. Il était clair que l’énergie éolienne et solaire ne serait pas en mesure de garder les lumières allumées dans le pays.

Petit vent, soleil sur une semaine

Aujourd’hui, Blackout News rapporte qu’il n’y a pratiquement plus de soleil et de vent depuis une semaine. Et bien que cela ne soit pas inhabituel en hiver, cela « cause actuellement d’énormes problèmes à la politique énergétique allemande. Parce que sans vent et soleil, les centrales solaires et éoliennes produisent très peu d’électricité. La semaine dernière, leur part représentait parfois moins de 10 % de la demande totale d’électricité ». Un coup d’oeil sur le site d’Agora, qui surveille la production d’énergie allemande, le confirme :

La ligne continue supérieure en rouge montre la demande d’énergie de l’Allemagne, les zones grisées en jaune montrent la quantité produite par l’énergie solaire. Le bleu clair et le bleu foncé indiquent respectivement la production d’énergie éolienne terrestre et offshore. Source : Agora. Ce n’est qu’au cours des dernières heures que la capacité installée de 60 gigawatts d’éoliennes en Allemagne a commencé à produire de l’énergie réelle. La production d’énergie solaire ne reviendra pas avant 2 ou 3 mois. Pourtant, le gouvernement allemand est toujours convaincu que l’Allemagne peut encore s’en sortir sans énergies fossiles.

Aucune réponse du gouvernement

Le quotidien allemand « Bild » a demandé au ministre de l’Economie, Robert Habeck, comment cela devrait fonctionner en Allemagne à l’avenir. Selon Bild, « Habeck ne voulait pas faire de commentaires sur les « conditions météorologiques concrètes », mais des « précautions » avaient été prises pour de tels cas, pour lesquels « d’autres capacités » étaient disponibles, selon le commentaire. » Ce à quoi Habeck faisait référence reste mystérieux.

Commentaires de Blackout News :

Avec la fermeture des dernières centrales nucléaires et au charbon, l’Allemagne va bientôt manquer de puissance de secours nécessaire pour combler ces accalmies sombres. La poursuite de l’expansion des énergies renouvelables n’aidera pas dans cette situation, car si 1000 éoliennes ne produisent pas d’électricité, 3000 turbines ne produiront plus non plus. L’autre solution serait de construire de nouvelles centrales au gaz, mais celles-ci émettent aussi du CO2. Le problème beaucoup plus important est qu’il n’y a pas assez de gaz. Alors que l’Allemagne est plongée dans une crise énergétique, le gouvernement devra aller quémander de l’énergie à ses voisins, comme acheter de l’électricité au charbon à la Pologne ou du nucléaire à la France.

Blackout News résume les résultats de la stratégie énergétique de l’Allemagne pour novembre :

L’Allemagne a émis plus de CO2 par kilowattheure d’électricité que l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, et s’est classée 127e sur 147 pays dans le classement. C’est un échec.

Et les choses risquent d’empirer avant de s’améliorer. Les météorologues et les modèles prévoient un temps plus froid au cours des prochains jours, et non les conditions douces que les politiciens espéraient plus tôt.

Source : Notrickszone.com.

Il est nécessaire d’ajouter à cet article de Pierre Gosselin sur son site que l’industrie allemande est pratiquement à l’arrêt afin de privilégier le peuple et éviter des soulèvements populaires. Le résultat de la politique de transition énergétique imposée par les écologistes est indiscutablement un échec total. Le résultat de cette politique est opposé au but recherché car outre le CO2 émis par l’Allemagne il faut souligner également que ce pays est le plus important émetteur d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azote et de poussières d’Europe en utilisant un charbon de piètre qualité. Ces rejets favorisent la formation de nuages en altitude et contribuent à réduire l’ensoleillement contrariant ainsi le putatif réchauffement que pourraient provoquer les émissions de CO2. Si les écologistes allemands espéraient que ce réchauffement du climat serait providentiel ils se sont donc doublement trompé. Que la situation de l’Allemagne serve au moins de leçon aux autres pays européens et que les écologistes français, fondamentalement opposé à l’énergie nucléaire, admettent enfin qu’ils sont dans l’erreur. Malgré le fait que l’Allemagne mais également d’autres pays d’Europe occidentale plongent droit dans l’abime, on peut toujours espérer.

Taxonomie énergétique : les syndicats européens de l’énergie font pression sur le Parlement.

Les 20 syndicats représentant les travailleurs de l’énergie belges, bulgares, tchèques, finlandais, français, hongrois, lituaniens, roumains, slovaques et slovènes affirment que l’inclusion du nucléaire et du gaz dans la taxonomie de l’UE est essentielle pour lutter contre le changement climatique et accroître l’indépendance énergétique.

Dans la lettre aux membres des commissions de l’économie, de l’environnement et de l’industrie et de l’énergie du Parlement européen, elle les invite instamment à « voter pour (ou du moins ne pas s’opposer) » à l’acte délégué complémentaire sur le climat (CDC) qui prévoit l’inclusion du nucléaire et du gaz dans la taxonomie de l’UE.

Dans un communiqué commun, les syndicats déclarent : « Pour les salariés des industries électriques et gazières représentés par les syndicats européens signataires de cette lettre, l’inclusion du nucléaire et du gaz dans la taxonomie européenne est primordiale pour le défi climatique, pour diversifier l’approvisionnement énergétique et l’augmentation de l’indépendance énergétique de l’Europe, pour la justice sociale, pour la durabilité économique et pour l’avenir de leurs emplois dans un secteur industriel et de services essentiel. De plus, la guerre en Ukraine est un signal d’alarme pour que l’Europe diversifie ses ressources énergétiques et renforce son autonomie énergétique ».

« Nous tenons à souligner que l’acte délégué complémentaire était le meilleur compromis qui pouvait être atteint. Considérer l’énergie nucléaire comme une énergie de transition ne peut être considéré comme approprié, cependant, la qualification transitoire pour l’énergie nucléaire vaut mieux que de ne pas l’avoir du tout couverte par la taxonomie … la dimension transitoire du gaz dans le CDA est appropriée étant donné que certains investissements seront nécessaires pour la diversification des ressources gazières de l’UE (et mettre fin à la dépendance russe) ».

Le Parlement européen a jusqu’au 10 juillet pour se prononcer sur la proposition de la Commission européenne d’inclure, sous certaines conditions, les activités énergétiques nucléaires et gazières dans la liste des activités économiques couvertes par la taxonomie de l’UE – c’est-à-dire classées comme « écologiquement durables ».

Dans le cadre de l’examen en cours du projet de la Commission, les commissions des affaires économiques et monétaires et de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen tiendront une audition publique le 30 mai avant un vote d’opposition prévu le 14 juin. Un rapport publié le mois dernier dans l’Irish Times suggérait qu’une consultation interne avait révélé qu’une grande majorité de députés européens des commissions de l’environnement et de l’économie s’opposaient à la proposition actuelle. Si la proposition de la Commission ne rencontre pas l’opposition du Conseil européen – ce qui est considéré comme peu probable – ou à la majorité simple lors d’un vote du Parlement européen, elle devrait entrer en vigueur à la fin de l’année. Source World Nuclear News et pour tout savoir sur le Traité de la Charte de l’Energie : https://www.investigaction.net/fr/9-questions-sur-le-traite-de-la-charte-de-lenergie/

La nouvelle taxonomie énergétique englobe le gaz naturel et le nucléaire

C’est maintenant acquis ce 2 février 2022 après des palabres incessantes depuis plusieurs années au sein de la Commission européenne le gaz naturel et le nucléaire font partie des énergies dites vertes, renouvelables et tout ce que vous voudrez comme qualificatifs. Le « Complementary Delegated Act » (CDA) proposé le 31 décembre 2021 a fait l’objet d’intenses discussions entre les « experts » comme des ONGs, des financiers et des entreprises telles qu’ Iberdrola, entreprise espagnole spécialisée dans l’installation de moulins à vent, et quelques rares spécialistes de l’énergie nucléaire. Puisque le gaz naturel n’est pas une source d’énergie zéro-carbone la poire a été coupée en deux tout en précisant quelques détails ubuesques comme le taux de rejets de CO2 admissible pour les centrales électriques au gaz qui est fixé à 270 g par kWh pour toute installation construite avant 2030. Au delà ce plafond sera réduit à 130 g, ce qui encore inconcevable en l’état des technologies actuelles. Pour le nucléaire les permis de construire ne seront plus accordés après 2045, on ne sait pas trop pourquoi. La gestion des déchets n’a pas été abordée et pour cette raison la taxonomie approuvée ce mercredi dernier pourrait faire l’objet d’amendements dans le futur.

Il est assez surprenant que le principal acteur de la Commission européenne impliqué dans cette négociation soit le DG FISMA, le Directoire général de la stabilité financière de l’Union européenne contrôlant les services financiers et le marché des capitaux. Les investissements dans l’énergie nucléaire répondront donc aux critères dits ESG. En effet une centrale nucléaire n’est amortie qu’après 25 à 30 ans contrairement à un parc éolien immédiatement rentable. 

Sans l’inclusion de l’énergie nucléaire il serait très difficile voire impossible d’atteindre les objectifs net-zéro fixés pour 2050. Le texte doit être approuvé par une majorité de 20 pays de l’Union européenne et soumis au Parlement européen. Douze pays sont déjà résolument orientés vers un développement de l’énergie nucléaire. Il s’agit de la Bulgarie, de la Croatie, de la République tchèque, de la Finlande, de la France, de la Hongrie, des Pays-Bas, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie et de la Suède. Il paraît clair qu’il y aura rapidement un marché pour les réacteurs modulaires d’une puissance de 300 MW électriques fabriqués en série en usine et assemblés sur site pour réduire le montant des investissements attirant de facto les investisseurs puisque le retour sur investissements sera plus rapide. 

Standard&Poor analyse le futur énergétique de l’Europe : il n’y a de place pour aucun optimisme …

La transition énergétique « propre » de l’Union européenne « laisse de côté un certain nombre de technologies éprouvées » dans une approche qui est « plus une économie politique qu’une économie de marché », a déclaré cette semaine un analyste du cabinet S&P Global Ratings Infrastructure and Utilities. (Les brefs commentaires et ajouts de mon cru figurent entre parenthèses et en caractères italiques).

S’adressant aux journalistes le 16 novembre 2020, avant la conférence annuelle de l’agence de notation sur les infrastructures et les services publics, Pierre Georges, directeur principal de EMEA Utilities (producteurs d’électricité de la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique), a déclaré que la part de la capacité nucléaire dans le mix énergétique du bloc européen devrait baisser de 32 GW d’ici 2030 par rapport à son niveau de 2018. Il s’agit du chiffre net de S&P pour l’UE et le Royaume-Uni, (qui comprend la mise en service de la centrale nucléaire de Mochovce en Slovaquie sur cette période (2020)). L’Allemagne, l’Espagne et la Belgique – qui ont toutes des plans de sortie du nucléaire – représentaient respectivement 9,5 GW, 7,1 GW et 5,8 GW de capacité nucléaire à la fin 2018. Le chiffre de 32 GW est une baisse de capacité légèrement plus rapide que celle projetée dans le scénario le plus bas du rapport sur le combustible nucléaire de l’Association nucléaire mondiale.

Interrogé sur l’avenir de la nouvelle construction nucléaire en Europe, Pierre Georges a déclaré : « Mis à part les développements des nouvelles technologies, des points d’interrogation planent sur les perspectives du secteur nucléaire en Europe datant d’avant la pandémie et celles-ci persistent ». Le parc de réacteurs vieillissant à travers l’Europe atteint sa 40e année dans de nombreux pays, a-t-il déclaré, et le démantèlement de ces centrales est « inévitable ». Les nouveaux projets de construction au Royaume-Uni, en Hongrie et en Pologne ne mettront pas de nouvelles capacités en ligne avant 2030, a-t-il ajouté (hors EPRs d’Olkiluoto et de Flamanville).

Le manque de nouvelles unités va au-delà de la question de l’acceptation publique du nucléaire, a-t-il dit, et des problèmes de la chaîne d’approvisionnement (et de la gestion des déchets). Le savoir-faire et l’expertise disparaissent lentement mais sûrement, il faut donc vraiment relancer une nouvelle industrie pour y arriver dans les décennies à venir. Les perspectives pour les petits réacteurs modulaires pourraient être meilleures que pour les usines à grande échelle, a-t-il dit, et celles-ci pourraient éventuellement faire partie du secteur de la production d’hydrogène.

Choix technologiques

La croissance des énergies renouvelables n’a pas été affectée par la pandémie en raison d’un renforcement des signaux politiques nationaux et européens, a-t-il déclaré. Les moteurs politiques de cette année comprennent le fonds de relance de 750 milliards d’euros de la Commission européenne. L’objectif de l’UE est une réduction de 55% ou plus des émissions d’ici 2030 et de la neutralité carbone d’ici 2050, en matière d’hydrogène vert capacité d’électrolyse de 6 GW d’ici 2024 et de 40 GW d’ici 2030 (à l’évidence cela relève du rêve 6GW = 7 réacteurs nucléaires type Fessenheim), l’Allemagne portant ses objectifs éoliens offshore à 20 GW d’ici 2030 et 40 GW d’ici 2040, et le Royaume-Uni (qui ne fait plus partie de l’Union européenne) augmentant son objectif éolien offshore en 2030 de 30 GW à 40 GW. Mais les ambitions gouvernementales pour le « net zéro » se déroulent dans un environnement macro-économique « fragile », a-t-il dit, et de nouveaux modèles d’investissement devront être définis.

Il y a la question autour du « bon choix » de technologie, a-t-il dit, car « une technologie appliquée trop rapidement peut être dangereuse voire mortelle, mais aller trop lentement ne nous permettra pas d’atteindre les objectifs zéro carbone ». (Pierre Georges n’a pas précisé ce qu’était dans son esprit une technologie mortelle : mortelle en terme de vie humaine ou mortelle pour l’économie ?) « La transition énergétique de l’UE laisse de côté un certain nombre de technologies éprouvées par le passé, ce qui impliquera une adaptation plus drastique. C’est le cas des acteurs des énergies fossiles – charbon, pétrole et gaz – et dans une certaine mesure l’industrie nucléaire ». Il a été demandé à Pierre Georges s’il y avait un décalage entre les projections de l’Agence internationale de l’énergie (IEA) et d’autres organisations selon lesquelles le nucléaire doit être inclus dans la transition énergétique propre si le monde veut atteindre les objectifs de réduction des émissions de carbone, et le fait que la taxonomie de l’UE sur la finance durable néglige le rôle de l’énergie nucléaire. Il a déclaré à ce sujet : « Le nucléaire est bien sûr une technologie proche du zéro carbone qui pourrait avoir un rôle à jouer. Les questions qui se posent aujourd’hui sont qu’il faut trouver le bon modèle [de financement]. La France, qui est le pays le plus exposé lorsque il s’agit du nucléaire retarde toute réponse sur le « nouveau » nucléaire jusqu’au prochain mandat présidentiel et vous pouvez voir que c’est un sujet hautement sensible politiquement. Mais c’est aussi très rationnel, étant donné l’incapacité jusqu’à présent à achever les projets existants, que ce soit avec Olkiluoto-3 en Finlande ou Flamanville en France. Regardez ces deux projets et posez-vous la question suivante : pouvons-nous effectivement construire un nouveau cycle d’investissement pour le nucléaire alors qu’il est tout à fait évident qu’il existe aujourd’hui des faiblesses techniques et d’expertise dans l’industrie ? » (Les deux EPRs du site chinois de Taishan dont la construction a commencé en 2009 ont été connectés au réseau respectivement en 2018 et 2019, ce détail n’a pas échappé à Pierre Georges qui en a conclu qu’il n’y avait plus d’expertise dans ce domaine industriel en Europe. Les prochaines unités construites en Europe le seront par la Chine ou la Russie). Les prévisions de l’IEA ont une vision globale et prennent ainsi en compte les chaînes d’approvisionnement nucléaire en Russie et en Chine, où les pipelines d’investissement sont plus certains et l’expertise dans le nucléaire « ne s’est jamais éteinte ».

La voie vers une économie nette zéro carbone présente aux services publics un certain nombre de défis technologiques dans la mesure où le secteur de l’électricité est « encore en phase de R&D pour que la décarbonisation se produise », a-t-il déclaré. Ces défis incluent le développement de technologies de production de l’hydrogène et de capture du carbone et l’intégration de la numérisation (difficile de comprendre de quoi il s’agit, les « smart-grids » peut-être, encore une vue de l’esprit : on ne pilote pas la consommation électrique d’un logement comme on pilote la consommation d’un pays tout entier). Un autre défi, non seulement dans le secteur des producteurs d’électricité mais aussi dans le pétrole et le gaz, est d’adopter une approche stratégique de la gouvernance environnementale, sociale et d’entreprise en ligne avec la transition vers l’énergie propre. Un autre défi consiste à déplacer l’accent mis dans la réglementation des préoccupations sur le maintien des industries très grosses consommatrices d’électricité et donc à l’incitation des opérateurs de réseau et des développeurs d’infrastructures à faire les investissements nécessaires. (De ce fait il est prévisible que dans quelques années seulement il n’y aura plus de sidérurgie ni de production d’aluminium en Europe et l’industrie chimique sera gravement pénalisée).

La vie après COVID

La voie de la reprise après la pandémie de coronavirus « reste cahotique » mais le rebond des économies dans les États membres de l’UE après la première vague de verrouillage a été plus fort que prévu, a déclaré Georges. Selon S&P, le PIB de la zone euro dans son ensemble a baissé cette année de 7,4% par rapport à son niveau de 2019, mais devrait augmenter de 6,1% en 2021. À titre de comparaison, les variations des PIB des États-Unis et de la Chine ont été respectivement, -4% et + 2,1% cette année et devraient augmenter de 3,9% et 6,9% l’an prochain (Ah bon ! chacun ses prévisions mais je serais beaucoup plus pessimiste. Exemple : le Japon n’a jamais confiné le pays et l’activité économique et industrielle n’a pas cessé comme c’est encore le cas dans certains pays européens. Pourtant l’économie japonaise s’est contracté de 5 % sur les 9 premiers mois de 2020 simplement en raison du ralentissement de l’économie de ses pays clients, c’est-à-dire des facteurs extérieurs au Japon). « La situation favorable est susceptible de perdurer et, de plus, le monde financier fait également pression pour une économie plus verte visant à construire un portefeuille de prêts dans le développement durable et l’innovation verte. Les investisseurs qui s’intéressent à l’Europe intègrent de plus en plus les facteurs énergétiques dans leur analyse et leurs choix d’investissement », a-t-il déclaré. « Cela change progressivement les stratégies des entreprises qui y intègrent de plus en plus le cadre énergétique ».

Sur ce que la pandémie COVID-19 signifie pour la transition énergétique, Georges a déclaré que les infrastructures énergétiques entrent dans une décennie d ‘« investissement de super-cycle ». « C’est formidable, mais qu’arrive-t-il à la chaîne d’approvisionnement et à la clientèle, qui ne bénéficient pas de la même manière dans leur cœur de métier, et sont peut-être un peu démunis pour faire face à cette croissance ? Le secteur des services publics aura toujours un bilan assez serré et Il faudra trouver un équilibre avec les opportunités d’investissement élevées. C’est vraiment ce dont nous aurons besoin pour saisir pleinement les prochaines mises à jour de la stratégie découlant du secteur de l’énergie pour nous assurer que cette combinaison de croissance élevée et de bilans contraints puisse fonctionner ensemble ». La nouvelle situation créée par la pandémie a conduit à des « messages contrastés » sur les infrastructures, a-t-il déclaré. « Nous voyons d’un côté que le COVID-19 affecte certains secteurs du monde des infrastructures, comme les aéroports et les transports en général. D’un autre côté, les considérations environnementales, la lutte contre le changement climatique et l’assouplissement des restrictions budgétaires donnent un énorme coup de pouce aux besoins en infrastructures, ouvrant la voie à une décennie de super-cycle d’investissement à partir des infrastructures vertes à une époque de coût du capital historiquement bas ».

S&P prévoit que les investissements dans les énergies renouvelables « augmenteront massivement » dans le monde et qu’il y aura « quatre fois plus de solaire, trois fois plus d’éolien terrestre et trois fois plus d’éolien offshore » d’ici 2030. Dans l’UE et au Royaume-Uni, cela va provoquer un changement de paradigme, a déclaré Georges, avec une capacité installée d’énergie renouvelable augmentant de 50% d’ici 2025 par rapport aux niveaux de 2018. « Nous pensons que les réseaux électriques se développeront le plus pour connecter et intégrer les énergies renouvelables, tandis que les réseaux de gaz ont plus d’incertitudes dans une économie décarbonée, et nous voyons leurs perspectives à long terme dépendant de la montée en puissance de l’hydrogène. L’intégration de la numérisation nécessitera une mise à niveau de l’infrastructure de base existante, ce qui nécessitera des investissements massifs », a-t-il déclaré.

« Les défis incluent le fait que cette transition énergétique est une économie politique par opposition à l’économie de marché que nous connaissons bien. Elle découlera de l’efficacité énergétique ainsi que de la décarbonisation et de l’électrification de l’économie. Ces défis seront coûteux et nécessiteront un consensus de la part de tous les gouvernements ». (Quand on sait que les gouvernements et les entreprises rémunèrent les agence de notation et d’analyses pour qu’elles leur présentent de telles divagations on ne peut qu’être figé d’effroi. Première question : comment les pays européens produiront-ils massivement de l’hydrogène, 6 GW d’ici 2024 et 40 GW d’ici 2030, 40 GW représentant 22 fois la capacité de la totalité de la centrale nucléaire de Fessenheim, 2 réacteurs de 0,9 Gwe, maintenant fermée et destinée à la ferraille. J’ignore quelles sont les qualifications du staff de S&P mais il est évident que cette institution a viré vers l’écolo-gauchisme pur et dur pour oser déclarer un tel tissu d’inepties).

C’est à cause des militaires que l’énergie nucléaire civile est dangereuse !

Demandez à quelqu’un pourquoi il est contre les OGMs, d’une manière générale il n’en sait rien. Si vous lui dites que la vaccination contre le SARS-CoV-2 à l’aide d’ARN messager viral transformera tous les hommes en OGMs il croira que c’est une blague de mauvais goût, et pourtant c’est la triste vérité. Demandez à une personne pourquoi elle est opposée à l’énergie nucléaire civile et de préciser ses arguments. Elle balbutiera et ne saura pas trop quoi répondre si ce n’est que c’est dangereux tout en ignorant totalement l’aspect dangereux de l’énergie nucléaire en comparaison d’autres sources d’énergie. Dans ces deux cas emblématiques qui agitent l’opinion il y a une ressemblance frappante : les gens sont pour ou contre telle ou telle nouvelle technologie et qu’ils soient pour ou contre, ni les uns ni les autres ne connaissent vraiment les raisons qui ont motivé leur prise de position devenue avec le temps immuable. Ils ont cru à un moment donné, dont ils ne se souviennent plus, que l’énergie nucléaire était dangereuse comme ils ont cru aussi que les OGMs étaient une invention mauvaise pour la nature. À de très rares exceptions ces personnes n’ont pas pris la peine de faire l’effort basique de se documenter. Avec Internet c’est facile, il n’est plus nécessaire d’aller musarder dans une bibliothèque universitaire pour trouver un ouvrage confus qui exposera en détail le fonctionnement d’un réacteur nucléaire ou le cheminement complexe permettant d’aboutir à une plante génétiquement modifiée. Encore faut-il décider de se documenter objectivement et cela demande un réel effort auquel peu de personnes acceptent de se plier.

Pour l’énergie nucléaire la situation émotionnelle est trop souvent prédominante et il est malheureusement nécessaire d’admettre que si l’atome n’avait pas été en premier lieu utilisé par les militaires pour confectionner des armes de destruction massive l’énergie nucléaire à usage civil aurait été parfaitement admise par l’opinion et serait probablement aujourd’hui la source d’électricité la plus répandue dans le monde, du moins dans les pays pouvant se le permettre sur le plan technologique et financier. Si la bombe atomique n’avait jamais existé, une sorte d’utilisation déviante de la fission nucléaire, il y a bien longtemps qu’on ne brûlerait plus un seul kilo de charbon ou un seul litre de pétrole pour produire de l’électricité. Il y a eu malheureusement l’intervention des militaires et c’est à eux qu’incombe la responsabilité d’avoir rendu l’énergie nucléaire aussi impopulaire. Tout a commencé avec le premier essai nucléaire « Trinity » au Nouveau-Mexique, le 16 juillet 1945, prélude aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki au Japon, l’aboutissement du projet Manhattan. Voici donc le récit de Satya Vatti, une journaliste de BreakThroug News qui vit à Albuquerque dans ce même Etat du Nouveau-Mexique qui démontre la dangerosité du nucléaire militaire.

Les victimes du premier test nucléaire sur le sol américain, 75 ans après, cherchent toujours réparation auprès de la justice.

«Ils pensaient que le monde touchait à sa fin», explique Genoveva Peralta Purcella (12 novembre 2020).

Le 16 juillet 1945, la toute première bombe nucléaire a été testée au Nouveau-Mexique, dans le sud-ouest des États-Unis. La détonation portait le nom de code « Trinity ». C’est le jour qui scellerait le sort de nombreux Américains vivant dans les environs pour les générations à venir. À soixante-dix miles (75 kilomètres) de ce qui est devenu connu sous le nom de Ground Zero – le site d’essai de Trinity – la famille de Genoveva vivait dans un ranch juste à l’extérieur du village de Capitan au Nouveau-Mexique. Genoveva est née l’année suivant l’explosion. Maintenant âgée de 74 ans, elle raconte solennellement comment sa famille se souvient du jour qui allait changer leur vie à jamais. Les sœurs de Genoveva étaient venues rendre visite à leur père et à leur mère enceinte au ranch. À précisément 5 h 30, à l’aube, le ciel s’est soudainement assombri. N’ayant pas d’autre point de référence, ils ont confondu les rugissements et les grondements anormalement forts dans le ciel pour du tonnerre. La maison entière a commencé à trembler. Effrayée, la famille s’est blottie dans un coin.

Lorsque le ciel s’est dégagé, son père est sorti de la maison et il a remarqué qu’il était d’un coup recouvert d’une poudre blanche. La poudre était partout et couvrait tout autour de lui. Rien n’y échappait, ni les vaches que la famille avait élevées, ni les légumes du jardin, ni l’eau de pluie qu’ils stockaient en l’absence d’eau courante. Comme d’autres familles qui ont vécu cette expérience, la famille de Genoveva a balayé la poudre et consommé ses légumes et l’eau stockée. L’explosion a produit tellement d’énergie qu’elle a incinéré tout ce qu’elle avait atteint et a formé une boule de feu qui s’est élevée à plus de 12 kilomètres dans l’atmosphère. Cette boule de feu a créé des cendres qui sont retombées comme de la neige sur les communautés entourant le site de l’explosion. Les gens ne le savaient pas alors, mais ces cendres qui couvraient des milliers de kilomètres carrés étaient les retombées radioactives de l’explosion.

L’effroi a saisi les communautés du bassin de Tularosa qui ont soit été témoins, soit ont vécu le phénomène qu’elles ne pouvaient pas comprendre. Pendant ce temps, la réaction immédiate du personnel du projet Manhattan, qui a créé la bombe, a été « de la surprise, de la joie et un grand soulagement ».

Paul Pino, le cousin de Genoveva, né neuf ans après l’explosion de Trinity, dit que sa famille, qui vivait à 33 miles (55 kilomètres) du site de l’explosion, comptait parmi les nombreuses personnes qui ignoraient ce qui s’était passé ce jour-là. Dans les jours et les mois qui ont précédé l’explosion, les responsables du gouvernement américain n’ont informé aucunes des personne vivant dans la région du test imminent d’une bombe nucléaire. Personne dans le bassin de Tularosa n’a été évacué en lieu sûr. Le lendemain de l’essai nucléaire, les responsables ont commencé à construire un faux récit dans la conscience de la nation : la région était isolée et inhabitée. Et pourtant, des dizaines de milliers de personnes vivaient dans le bassin de Tularosa en 1945. Pendant longtemps, les habitants du bassin ont cru que l’explosion était celle d’un dépôt de munitions. « Le gouvernement nous a menti », a déclaré Pino.

Il faut 24 000 ans pour que la moitié de ce qui reste du plutonium radioactif utilisé dans la bombe Trinity se désintègre. Les habitants de la région ont inhalé et ingéré des particules radioactives pendant 75 ans en raison de la contamination environnementale. Les personnes au pouvoir refusent d’accepter leur responsabilité et de prendre des mesures correctives. À ce jour, il n’y a eu aucun effort de nettoyage.

L’exposition aux radiations a causé des taux élevés de cancers agressifs, de maladies thyroïdiennes, de mortalité infantile et d’autres anomalies de santé dans des générations de familles dans la région du bassin de Tularosa. L’ampleur de l’impact sur la santé ne peut être déterminée avec précision car les études épidémiologiques à long terme n’ont été entreprises que récemment. Les résultats des dernières études de recherche du National Cancer Institute ont été publiés en septembre 2020 dans la revue Health Physics.

« Nous étions 10 et maintenant, un seul survit », a déclaré Genoveva en parlant d’elle-même. Elle a perdu tous les membres de sa famille à cause de cancers. Dans un pays sans soins de santé universels, l’endettement des dépenses médicales a entraîné la ruine économique des communautés proches du site de Trinity. « Toute la douleur et ces souffrances que nous avons dû endurer, et pas un soupçon d’aide du gouvernement », dit Pino, et « pendant ce temps, ce gouvernement a dépensé des milliers de milliards pour les armes nucléaires ». L’histoire de Genoveva n’est pas exceptionnelle. C’est l’histoire de dizaines de milliers de familles aux États-Unis.

Plus de 1 000 essais de bombes nucléaires ont été effectués aux États-Unis entre 1945 et 1992. Un total de 100 essais hors sol ont été effectués sur le site d’essai du Nevada de 1951 à 1962. Les vents ont transporté des retombées radioactives sur des milliers de kilomètres. Des centaines de millions de personnes vivant aux États-Unis ont été exposées à des niveaux de rayonnement variables au fil des ans, sans qu’ils en aient été informés. Le Nouveau-Mexique était sous le vent du site d’essai du Nevada, et les gens qui y vivaient ont continué à être exposés à la radioactivité pendant des décennies après l’exposition initiale pendant l’essai nucléaire de Trinity.

Les habitants des communautés touchées ont fondé le Consortium des Downwinders (personnes se trouvant « sous le vent » du Nevada) du bassin de Tularosa en 2005 pour lutter pour obtenir justice pour les survivants et leurs descendants. Tina Cordova, l’un des cofondateurs du groupe, a été choquée d’apprendre que quelques-uns des États touchés voisins du Nouveau-Mexique recevaient une compensation financière en vertu de la loi sur la compensation de l’exposition aux radiations depuis 1990. Les communautés du Nouveau-Mexique, cependant, ont été exclues des clauses de cette loi. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, Cordova a répondu : « C’est la question à un milliard de dollars. Je pense que nous sommes exclus parce que nous sommes principalement des Hispaniques mexicains, des Autochtones et des Latinos. Nous sommes des minorités et nous sommes pauvres ». Cordova elle-même est la quatrième génération de sa famille à avoir un cancer. Elle s’est jointe à d’autres comme elle pour éduquer et organiser les communautés affectées, pour lutter afin d’établir la vérité. « Dans leur précipitation [du gouvernement] pour bombarder le Japon, nous avons été sacrifiés dans le processus. Nous avons été enrôlés au service de notre pays, sans le savoir, ne le voulant pas, et nous restons toujours sans compensation.

Liens. https://en.wikipedia.org/wiki/Trinity_%28nuclear_test%29

https://www.osti.gov/opennet/manhattan-project-history/Events/1945/trinity.htm

https://eu.detroitnews.com/story/news/nation/2015/07/16/trinity-test-anniversary/30233105/

https://www.atomicheritage.org/history/trinity-test-1945

https://dceg.cancer.gov/research/how-we-study/exposure-assessment/trinity

https://www.trinitydownwinders.com/

http://www.radiationexposurecompensationact.com/

Réflexions au sujet de la Chine, suite.

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Il est un domaine où la planification sur le long terme est nécessaire et c’est ce que la France fit lors des législations De Gaulle et Pompidou, la planification de l’électrification d’origine nucléaire du pays. Lorsque j’étais collégien en pension chez les curés les rares souvenirs positifs que je garde sont la visite du chantier du barrage hydroélectrique au fil de l’eau sur le Rhône au sud de Lyon à Pierre-Bénite. Si on n’a pas visité ce chantier au cours de l’élaboration des fondations du barrage, que l’on circule sur l’autoroute du sud et que l’on regarde la structure à peine visible de cette réalisation on ne peut pas comprendre l’ampleur des travaux effectués pour produire des kWh pratiquement gratuits aujourd’hui. Il fallut une planification rigoureuse sur le long terme pour que de tels ouvrages puissent être réalisés. L’autre visite qui me marqua profondément fut celle de la centrale nucléaire de Bugey I, une visite très spectaculaire ! En effet il s’agissait d’un réacteur nucléaire consommant de l’uranium naturel avec un modérateur constitué de briques de graphite et le tout refroidi avec du CO2 sous pression permettant d’actionner une turbine pour produire de l’électricité. La particularité de ce réacteur était que l’on pouvait marcher tranquillement sur la dalle supérieure du réacteur en fonctionnement sans craindre d’être contaminé. Le bruit de la soufflerie du circuit de refroidissement était impressionnant ainsi que celui de la turbine couplée à l’alternateur dans la salle des machines. La construction des réacteurs graphite-gaz avait été planifiée bien avant la décision de l’administration De Gaulle dans le but de produire assez de plutonium pour réaliser ensuite des bombes … Bref, le programme électronucléaire décidé par De Gaulle et dont la France profite encore fut le fruit d’une planification sur le long terme : on ne construit pas un réacteur nucléaire en quelques années car il s’agit d’un technologie complexe, tout aussi complexe que de reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris à l’identique dont l’édification dura plus de 100 ans.

Venons-en donc à la Chine et à l’énergie nucléaire dans ce pays. Les dirigeants chinois se moquent d’être élus, réélus ou non, ce n’est pas leur problème comme c’est le cas pour les politiciens occidentaux, entre parenthèses il s’agit ici d’un système totalement débile, je parle bien sûr des pays occidentaux. Les dirigeants chinois pensent à l’avenir et ils savent qu’un jour viendra où la natalité de leur pays diminuera et il n’y a pas d’autre solution pour attendre ce but, c’est l’embourgeoisement de la population. En ce qui concerne l’énergie ces mêmes dirigeants savent très bien qu’il faudra un jour sauvegarder le charbon dont ce pays dispose en d’immenses réserves pour l’utiliser dans l’industrie chimique. Le développement de l’énergie nucléaire est donc devenu un priorité absolue pour la Chine. Il y a aujourd’hui 47 réacteurs nucléaires couplés au réseau électrique dont les deux premiers EPRs du monde opérationnels. Il y a 16 réacteurs nucléaires en construction à divers stades dont un surrégénérateur sous licence russe et un réacteur haute température à combustible en lit fluidisé refroidi à l’hélium pour la production d’hydrogène utilisant le procédé iode-soufre et deux autres EPRs de technologie maintenant entièrement chinoise. Sont planifiés en outre 63 autres réacteurs nucléaires, majoritairement des AP1000, c’est-à-dire des PWRs type Fessenheim un peu améliorés dont la durée de vie envisagée est d’au moins 70 ans comme d’ailleurs celle des deux EPR déjà opérationnels. En France comme dans beaucoup d’autres pays européens on planifie le retour au XVIIIe siècle, en Chine on planifie l’énergie vers l’horizon 2100. Voilà toute la différence entre la Chine et les pays occidentaux …

Sources : Wikipedia, illustration WNN, les deux EPR chinois opérationnels.

De la nécessité d’inclure l’énergie nucléaire dans un système énergétique propre

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Document de l’IAEA repris par la World Nuclear Association

Résumé

Dans un monde centré sur des solutions à court terme, bon nombre des caractéristiques qui font de l’énergie nucléaire un acteur clé dans la transition vers un monde durable ne sont pas correctement valorisées et souvent considérées comme acquises. En réfléchissant au discours populaire dans le monde de la politique énergétique, il semblerait que les énergies renouvelables, et les énergies renouvelables seules, seront responsables et capables de fournir un système énergétique zéro carbone – et que ce n’est qu’une question de temps.

Aujourd’hui, la réalité est que les émissions mondiales de dioxyde de carbone et l’utilisation de combustibles fossiles sont toujours en augmentation. Cela rend non seulement la lutte contre le changement climatique beaucoup plus difficile, mais entraîne également des centaines de milliers de décès par pollution chaque année.

L’énergie est l’agent essentiel de la promotion du développement humain, et la demande mondiale devrait augmenter considérablement au cours des prochaines décennies. Garantir l’accès à une énergie moderne et abordable est essentiel pour sortir les gens de la pauvreté et pour promouvoir l’indépendance énergétique et la croissance économique.

L’énergie nucléaire est une solution éprouvée avec une longue expérience bien établie. Les réacteurs nucléaires – un grand total de 445 dans 30 pays – sont l’épine dorsale à faible émission de carbone des systèmes électriques, fonctionnant en arrière-plan, jour après jour, souvent hors de vue et hors de nos esprits. Capables de générer d’immenses quantités d’énergie propre, ce sont les géants silencieux sur lesquels nous comptons quotidiennement.

L’énergie nucléaire a montré – que ce soit en France ou en Suède – qu’elle pourrait être le catalyseur de la réalisation de transitions énergétiques durables, bien avant que le changement climatique ne soit à l’ordre du jour. L’utilisation de l’énergie nucléaire est la voie rapide vers un système énergétique puissant et propre, qui non seulement offre un environnement plus sain et un approvisionnement en électricité abordable, mais renforce également la sécurité énergétique et contribue à atténuer le changement climatique.

L’industrie nucléaire mondiale, dirigée par la World Nuclear Association, est prête à relever le défi. Dans le cadre du programme Harmony, nous nous sommes fixé pour objectif de construire 1 000 GWe supplémentaires de réacteurs à travers le monde avant 2050, portant la part mondiale de la production d’électricité d’origine nucléaire à 25%.

Afin de réaliser le plein potentiel de l’énergie nucléaire, nous avons identifié trois domaines clés où des actions sont nécessaires :

La nécessité de créer des conditions équitables qui valorisent la fiabilité et la sécurité énergétique

Le besoin d’harmonie dans l’environnement réglementaire nucléaire

La nécessité d’un paradigme de sécurité holistique pour l’ensemble du système électrique.

Les éléments d’un système d’énergie propre

L’électricité est au cœur de la vie moderne – elle alimente notre vie quotidienne, ainsi que nos rêves et nos ambitions. La demande n’a cessé de croître depuis plus de 100 ans et continuera de le faire à mesure que de nombreuses régions du monde continueront de se développer, et l’électrification joue un rôle central dans les efforts de décarbonisation (figure 1, voir références en fin d’article). Avec près d’un milliard de personnes dans le monde vivant toujours dans l’obscurité, sans accès à l’électricité, l’humanité a la responsabilité d’apprendre du passé – chacun a le droit de profiter d’un style de vie moderne d’une manière qui ne cause pas de tort aux personnes ou à la planète.

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Le défi qui nous attend, cependant, va bien au-delà de l’électricité – nous devrons trouver des moyens de décarboniser toutes les parties de l’économie qui sont susceptibles de l’être et nous avons besoin de solutions durables à long terme. Cela signifie changer la façon dont nous chauffons nos maisons et alimenter nos processus industriels, ainsi que garantir que la façon dont nous voyageons, exportons nos produits et expédions nos aliments s’éloigne des combustibles fossiles.

Malgré les efforts considérables déployés pour décarboniser l’économie et les innombrables milliards dépensés, notre monde reste fortement accro aux combustibles fossiles. La tendance est claire – au lieu de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles, nous l’augmentons (figure 2). En conséquence directe, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter lorsqu’elles doivent chuter de façon drastique.

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Nous devons apporter une transformation mondiale qui soit socialement, économiquement et écologiquement durable. Nous avons besoin d’un système abordable – personne ne devrait avoir à choisir entre le chauffage de sa maison et des éléments essentiels comme manger – ainsi qu’à aider à réduire la pauvreté et à assurer la réalisation du potentiel humain dans le monde. Nous avons besoin d’une source d’énergie qui peut non seulement nous aider à atténuer les effets du changement climatique et de la dégradation de l’environnement, mais aussi à apporter les énormes avantages d’une alimentation électrique fiable aux quatre coins du monde qui n’y ont pas accès.

L’énergie nucléaire apporte déjà une contribution majeure. En utilisant l’énergie nucléaire plutôt que les combustibles fossiles, nous évitons actuellement l’émission de plus de 2500 millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. Pour mettre cela en perspective, cela équivaut à retirer environ 400 millions de voitures des routes du monde.

La société moderne est tributaire de l’approvisionnement régulier en électricité, tous les jours de l’année – quelles que soient la météo, la saison ou l’heure – et l’énergie nucléaire est particulièrement bien adaptée pour fournir ce service. Étant donné que la majorité de l’approvisionnement de base en électricité est d’origine fossile, une augmentation de l’utilisation de l’énergie nucléaire entraînerait une décarbonisation rapide du système électrique. Le récent rapport III de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur l’énergie nucléaire a souligné l’importance de générateurs d’électricité fiables en charge de base et la nécessité de bien les évaluer et de les compenser pour les services de sécurité et de fiabilité qu’ils fournissent.

Malgré une croissance récente impressionnante, la dure réalité est que les énergies renouvelables ne pourront pas à elles seules résoudre notre dépendance aux combustibles fossiles. De toute évidence, le soleil ne brille pas toujours et le vent ne souffle pas toujours, ce qui est aggravé par le fait que plusieurs fois ces périodes coïncident avec le moment où la demande d’électricité est au plus haut, mais les énergies renouvelables peuvent être complémentaires de l’énergie nucléaire. Les solutions de stockage, telles que les batteries, ne pourront pas alimenter nos sociétés pendant des jours ou des semaines lorsque le temps n’est pas favorable. Le gaz naturel est actuellement la solution la plus utilisée pour résoudre le problème de l’intermittence, qui ne fait que renforcer la dépendance de notre économie vis-à-vis des combustibles fossiles, et compromet gravement les «pouvoirs verts» apparents de nombreuses énergies renouvelables.

Vers un avenir durable

Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le réchauffement climatique de 1,5 °C (référence iv) a examiné un grand nombre de scénarios différents pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Parmi les scénarios qui permettraient d’atteindre cet objectif de 1,5 °C, l’augmentation moyenne de la contribution de l’énergie nucléaire à la production d’électricité était 2,5 fois plus élevée qu’aujourd’hui. Cependant, le scénario « à mi-chemin » – dans lequel les tendances sociales, économiques et technologiques suivent les modèles actuels et ne nécessiteraient pas de changements majeurs, par exemple, le régime alimentaire et les habitudes de voyage – voit le besoin d’augmentation nucléaire de cinq fois fois dans le monde d’ici 2050.

L’AIE a conclu que sans une contribution accrue de l’énergie nucléaire, le défi déjà énorme de la réduction des émissions deviendra drastiquement plus difficile et plus coûteux. Dans leur dernier rapport sur l’énergie nucléaire (réf.v), publié en 2019, ils concluent également que ne pas utiliser le nucléaire aurait des implications négatives pour la sécurité énergétique et entraînerait des coûts plus élevés pour les consommateurs. L’AIE recommande des réformes politiques pour « … garantir la concurrence sur un pied d’égalité » et que « … l’accent devrait être mis sur la conception de marchés de l’électricité d’une manière qui valorise l’énergie propre et les attributs de sécurité énergétique des technologies à faible émission de carbone, y compris l’énergie nucléaire ». Ces réformes devraient également garantir que la fiabilité de la production d’électricité est correctement évaluée et compensée.

Dans le cadre du programme Harmony, l’industrie nucléaire mondiale a identifié trois domaines d’action clés pour libérer le véritable potentiel de l’énergie nucléaire : la nécessité de conditions de concurrence équitables, l’harmonisation des réglementations et la mise en place d’un paradigme de sûreté efficace.

En ce qui concerne la nécessité de règles du jeu équitables, nous constatons que de nombreux marchés mondiaux de l’électricité fonctionnent de manière non durable, dominée par une réflexion à court terme. Un approvisionnement en électricité abordable, fiable et disponible 24h/24 et 7j/7 génère de larges avantages pour la société et, comme le montre la figure 3, le nucléaire est l’une des sources d’électricité les plus abordables économiquement.

Cependant, les marchés n’accordent pas le crédit voulu aux producteurs d’électricité, comme l’énergie nucléaire, qui sont en mesure de répondre à ces demandes sociétales. Cela a entraîné des situations où l’énergie nucléaire a eu du mal à concurrencer les sources d’énergie subventionnées, elle ne tient pas compte des coûts cachés engendrés par son intermittence (par exemple, des dispositions de secours coûteuses et des investissements dans le réseau), ou n’a pas assumé sa responsabilité pour avoir utilisé notre atmosphère commune comme un dépotoir.

De plus, les marchés de l’électricité ne reconnaissent pas les coûts relatifs des différentes formes de production d’électricité. Alors que l’industrie nucléaire assume la responsabilité de ses coûts de cycle de vie (y compris le déclassement et la gestion des déchets), d’autres producteurs d’électricité ne le font pas. Les générateurs de combustibles fossiles sont rarement tenus de payer le prix des dommages environnementaux et sanitaires que leurs émissions provoquent, tandis que le coût de l’énergie éolienne et solaire n’inclut pas l’élimination des matériaux parfois toxiques en fin de vie.

En ce qui concerne la nécessité d’harmoniser les réglementations, les multiples barrières réglementaires découlant des divers processus d’autorisation nationaux et des exigences de sécurité limitent actuellement le commerce et l’investissement nucléaires mondiaux. Un manque de normalisation internationale impose des charges réglementaires inutiles aux activités nucléaires et entraîne des retards dans l’octroi de licences pour les nouvelles conceptions, ce qui entrave l’innovation.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a souligné l’importance de s’attaquer à ce problème, concluant que le manque d’harmonie réglementaire « … est la cause de nombreux inconvénients pour l’ensemble de l’industrie nucléaire, y compris les développeurs, les fournisseurs, les opérateurs et même les régulateurs eux-mêmes … Il en résulte une augmentation des coûts et une prévisibilité réduite de l’exécution des projets ». Il est donc crucial d’harmoniser le processus réglementaire pour remédier à ces faiblesses et éviter les doubles emplois et les incohérences inutiles.

En ce qui concerne la nécessité d’un paradigme de sécurité holistique pour l’ensemble du système électrique, nous devons considérer la sécurité dans une perspective sociétale, ce que le système énergétique actuel ne parvient pas à faire. Les avantages de l’énergie nucléaire pour la santé, l’environnement et la sécurité ne sont pas suffisamment compris et évalués par rapport à d’autres sources d’électricité. L’énergie nucléaire reste la forme de production d’électricité la plus sûre (figure 4). De plus, l’utilisation du nucléaire prévient régulièrement plusieurs dizaines de milliers de décès (résultant principalement de la pollution atmosphérique) chaque année en évitant l’utilisation du charbon, des mesures qui doivent être mieux reconnues et valorisées.

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Le nucléaire pour un avenir durable

L’énergie nucléaire contribue déjà de manière significative à fournir au monde une électricité propre et abondante et a fait ses preuves en tant que bête de somme fiable dans le monde entier. Des pays comme la France, la Suède et la Suisse ont prouvé qu’il est possible de dissocier la croissance économique d’une augmentation des émissions nocives et dans les délais nécessaires pour lutter efficacement contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement (figures 5 et 6, réf. ix et x). Le nucléaire peut garantir que les populations à croissance rapide atteignent un niveau de vie croissant – sans avoir à sacrifier la planète ou leur propre bien-être.

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L’incroyable densité énergétique de l’uranium signifie que quelques kilos suffisent pour fournir à une personne suffisamment d’énergie pour la vie. L’uranium est abondant et peut être trouvé dans de nombreuses régions du monde, ainsi que dans l’eau de mer (voir note en fin de billet). De plus, le combustible nucléaire usé est bien géré et peut dans la plupart des cas être recyclé pour produire encore plus d’énergie. En utilisant l’énergie nucléaire, les pays sont en mesure de prendre en main leur propre destin en diminuant leur dépendance à l’égard de l’énergie importée – une indépendance et une sécurité accrues en des temps incertains.

Contrairement à d’autres sources d’énergie, l’énergie nucléaire nous aide à réduire notre empreinte totale, au-delà de l’environnement. En tenant compte de facteurs tels que le coût (par exemple, les coûts de carburant et de construction), le carbone (émissions de gaz à effet de serre tout au long du cycle de vie), les empreintes hydriques et terrestres, le nucléaire est de loin plus performant devant tous les autres producteurs d’énergie.

L’énergie nucléaire offre une multitude de services au-delà de la simple électricité. Grâce au nucléaire, nous pouvons décarboniser la façon dont nous chauffons nos maisons, fournir de la chaleur de process à l’industrie et garantir l’accès à de l’eau propre. Les approvisionnements en eau douce étant soumis à une pression croissante dans le monde, les réacteurs nucléaires peuvent assurer le dessalement, assurant un débit fiable d’eau potable fraîche dans les zones où elle est rare.

L’énergie nucléaire peut être utilisée pour alimenter la nouvelle révolution de la mobilité en cours. Chaque jour, nous utilisons près de 20 millions de barils de pétrole pour alimenter nos véhicules. En passant à une flotte de transport électrique ou à hydrogène – tous alimentés par l’atome – nous sommes en mesure de relever l’un des principaux défis d’une économie durable (voir également la note en fin de billet à ce sujet).

Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre – nous avons besoin de chaque partie du puzzle pour contribuer à résoudre certains des plus grands défis auxquels l’humanité aura été confrontée depuis très longtemps. Les impacts du changement climatique toucheront d’abord les plus pauvres et les plus vulnérables, et le fait de ne pas agir aura des conséquences humanitaires incalculables.

L’énergie nucléaire est le géant silencieux du système énergétique d’aujourd’hui – elle fonctionne silencieusement en arrière-plan, capable de fournir d’immenses quantités d’énergie, quelle que soit la météo ou la saison, nous permettant de nous concentrer sur tout le reste de la vie. Il s’agit d’une technologie qui est disponible dès maintenant et qui peut être étendue rapidement à travers le monde pour nous aider à résoudre certains des défis les plus déterminants auxquels nous sommes confrontés. L’énergie nucléaire a le potentiel d’annoncer un monde nouveau, plus propre et vraiment durable – nous permettant de transmettre une planète plus propre à nos enfants.

Source : World Nuclear Association. Références :

i  International Energy Agency (2018), World Energy Outlook 2018. Data accessed from https://www.iea.org/weo/ – Based on the New Policies Scenario, which incorporates existing energy policies as well as an assessment of the results likely to stem from the implementation of announced policy intentions – with visual modification by World Nuclear Association.

ii  International Energy Agency (n.d.), Statistics. Accessed from: https://www.iea.org/statistics/?country=WORLD&year=2016&category=Electricity&indicator=ElecGenByFuel&mode =chart&dataTable=ELECTRICITYANDHEAT – with visual modifications by World Nuclear Association.

iii  International Energy Agency (2019), Nuclear Power in a Clean Energy System. Accessed from: https://www.iea.org/ publications/nuclear/

iv  Intergovernmental Panel on Climate Change (2018), Special Report on Global Warming of 1.5 °C. Accessed from: https://www.ipcc.ch/sr15/

v  International Energy Agency (2019), Nuclear Power in a Clean Energy System. Accessed from: https://www.iea.org/ publications/nuclear/

vi  International Energy Agency & OECD Nuclear Energy Agency (2015), Projected Costs of generating Electricity – 2015 Edition. Accessed from: https://www.oecd-nea.org/ndd/pubs/2015/7057-proj-costs-electricity-2015.pdf

vii  International Atomic Energy Agency (2015), Technical challenges in the application and licensing of digital instrumentation and control systems in nuclear power plants. Accessed from: https://www-pub.iaea.org/MTCD/ Publications/PDF/P1695_web.pdf

viii  Paul-Scherrer Institute. Data for nuclear accidents modified to reflect UNSCEAR findings/recommendations (2012) and NRC SOARCA study 2015

ix  International Energy Agency (2018), Electricity Information 2018 https://webstore.iea.org/electricity-information-2018-overview

x  Ibid.

Source : Agence internationale de l’énergie atomique

Notes. Dans le cadre d’un accord de coopération entre la France et je Japon la faisabilité technique de l’extraction de l’uranium de l’eau de mer a été démontrée. Par conséquent les ressources en uranium peuvent être considérées comme infinies (sur ce blog : https://jacqueshenry.wordpress.com/2018/06/20/luranium-de-leau-de-mer-cest-faisable/ ). L’engouement actuel pour les moteurs à hydrogène ou les « piles à combustibles » n’est pas justifié dans le mesure où pour l’instant les seules sources économiquement rentables d’hydrogène sont le « reforming » catalytique du pétrole, la gazéification du charbon et la production électrolytique du chlore à partir de saumures concentrées, l’hydrogène étant un sous-produit de ce processus industriel. Il n’existe aujourd’hui aucune autre technologie de production massive d’hydrogène. Ne pas mentionner ces évidences industrielles relève de la « fausse-nouvelle » quand un gouvernement veut promouvoir l’hydrogène comme combustible non polluant.

Fermeture de 14 réacteurs nucléaires français, un gâchis financier, humain et climatique.

L’article ci-dessous (voir le lien pour la source en fin de billet) provient du blog de Philippe Murer, auteur de ce texte. J’ajouterai que la Ministre de la transition écologique et solidaire, précédemment ministre des transports est X-Ponts de formation (Polytechnique + Ponts & Chaussées). Elle n’a jamais mis les doigts dans le cambouis car dès la fin de ses études elle a plongé à pleines mains dans la confiture administrative et politicienne. Sympathisante du parti écolo, pour ne pas dire écolo elle-même, elle représente l’archétype de ces hauts fonctionnaires qui ont décidé d’appauvrir irrémédiablement la France et de la faire entrer dans le club des pays sous-développés à coup de décrets passés en catimini alors que l’économie française est déjà gravement atteinte par l’incurie totale de ces mêmes politiciens dont elle fait partie dans la gestion tout simplement stupide de l’épidémie coronavirale, économie qui retrouvera une petite vitesse de croisière au mieux après 2025 avec 5 réacteurs nucléaires de plus arrêtés à tout jamais et des contribuables terrassés par des taxes variées pour mettre en place des énergies dites renouvelables dont on sait – et cette ministre le sait aussi – qu’elles sont totalement inefficaces. Quand on rapproche cette totale irresponsabilité du gouvernement français relative à l’énergie nucléaire de sa politique d’incitation à acheter des voitures électriques Renault ZOÉ on ne peut qu’en conclure que la France est gouvernée par des incapables dont il faut se débarrasser au plus vite pour ne pas laisser la France sombrer dans le chaos total. Bonne lecture.

Un décret du gouvernement du 23 avril, passé inaperçu dans cette période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années à venir[1].

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Un terrible gâchis climatique, financier et humain.

Ces 14 réacteurs représentent le quart du parc nucléaire français. Les centrales nucléaires, décriées par les écologistes, ont pourtant rendu un sacré service au climat en économisant depuis 40 ans de gigantesques quantités d’émission de CO2. Elles rendent aussi un service important à l’emploi et à l’économie française puisque la filière nucléaire emploie 250.000 personnes. Le gâchis financier qui résulterait de leur mise à la casse est lui aussi énorme, la construction des centrales françaises ayant coûté 96 milliards d’euros selon la Cour des Comptes.

Mettre à la casse de telles unités de production d’électricité, avant leur fin programmée, est un gâchis : gâchis d’argent par dizaines de milliards d’euros, gâchis d’emplois bien rémunérés, gâchis dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Nous n’avons pourtant aucun chemin pour produire de l’électricité en émettant moins de CO2. En effet, stocker les énergies éoliennes et solaires, intermittentes par nature, avec des batteries est irréaliste. L’académie des Sciences a publié en 2017 une étude rappelant que pour stocker 2 jours de besoins électriques d’hiver pour la France, il faut 15 millions de tonnes de batterie contenant 300.000 tonnes de lithium soit 7 fois la production mondiale actuelle de lithium[2]. La façon la plus propre pour remplacer l’électricité des 14 réacteurs est donc de produire de l’électricité avec des énergies renouvelables éoliennes et solaires complétées par des centrales au gaz lorsqu’il n’y a pas assez de vent ou de soleil, la nuit par exemple. Dans le meilleur des cas, à cause des périodes sans vent ou sans luminosité, les éoliennes et les panneaux solaires produiraient 35% de la production d’électricité avec peu d’émission de CO2 et des centrales au gaz complémentaires 65% avec beaucoup d’émission de CO2[3]. Le calcul, simple, montre que ces 14 réacteurs émettent 30 fois moins de CO2 que le couple énergies renouvelables et gaz[4] nécessaire pour les remplacer.

Si on réalise le programme d’Europe Ecologie les Verts, le remplacement de toutes les centrales nucléaires par des énergies renouvelables et des centrales au gaz, les émissions de CO2 de la France augmenteraient de 121 millions de tonnes de CO2. Ces calculs montrent toute l’absurdité d’un tel projet : chaque année, la France rejetterait 40% de CO2 en plus dans l’atmosphère qu’elle n’en rejette aujourd’hui !

Le nucléaire a économisé l’équivalent de 22 ans de rejets de CO2 d’un pays comme la France.

Le nucléaire a beau être brocardé par les « verts », il émet nettement moins de CO2 que l’électricité renouvelable intermittente, obligatoirement complétée par des centrales fossiles. Ce n’est pas pour rien que le champion des énergies renouvelables, l’Allemagne, a ouvert nombre de centrales au gaz (et même au charbon) ces dernières années. Ce pays démarrera d’ailleurs en 2020 une énième centrale… au charbon[5] !

De 1977 à aujourd’hui, les centrales nucléaires françaises ont économisé 22 ans de rejets de CO2 d’un pays comme la France d’aujourd’hui ou 9 ans de rejets de CO2 d’un pays comme l’Allemagne [6].

Le nucléaire permet à la France d’être le grand pays industrialisé le plus économe en CO2 : le français moyen émet selon la Banque Mondiale 4,6 tonnes de CO2 par an quand le terrien moyen en émet 5 tonnes par an, l’Allemand 8,9 tonnes par an.

Produire massivement de l’hydrogène, l’essence de demain.

Le nucléaire est donc nécessaire à une production d’électricité avec le minimum d’émission de CO2. Faut il en déduire que les éoliennes et les panneaux solaires ne peuvent servir à rien ? Assurément non.

Un pays comme la France, ayant une électricité rejetant très peu de CO2, peut installer des éoliennes et des panneaux solaires en nombre. L’électricité produite sera utilisée pour produire sans émission de CO2 de l’hydrogène dans des électrolyseurs[7]. Cerise sur le gâteau pour la France, les centrales nucléaires ne produisent pas toujours à plein régime. Il est possible et très rentable de se servir de cette production d’électricité supplémentaire à coût quasi nul pour produire encore plus d’hydrogène propre.

Cet hydrogène propre est produit à un coût acceptable et coute moins cher que l’essence si on ne lui met pas sur le dos les taxes excessives sur le carburant. L’hydrogène est bien l’essence de demain.

Il existe déjà des trains à hydrogène Alstom permettant de remplacer les trains au Diesel. Bizarrement, ce train roule en Allemagne. La SNCF va cependant commander 17 trains Alstom à hydrogène[8]. En utilisant cette technologie, nous pourrons remplacer les bus diesel par des bus à hydrogène en ville, allégeant du coût l’émission de particules fines. Les infrastructures hydrogène se développant, nous pourrons, dans une dizaine d’années, passer aux camions à hydrogène, aux voitures à hydrogène (3 voitures de série existent déjà et Paris compte 100 taxis à hydrogène et bientôt 600[9]). Dans un jour lointain, l’avion à hydrogène et le bateau à hydrogène sont un développement tout à fait réaliste.

Le système de transport peut donc à terme se passer d’énergie fossile.

Voilà pourquoi, la fermeture de Fessenheim et la fermeture programmée de nombre de centrales nucléaires françaises est une erreur fatale dans la transition énergétique : c’est un gâchis terrible dans la lutte contre le réchauffement climatique, un gâchis financier et un gâchis humain. Une très mauvaise décision de nos gouvernements qui n’ont malheureusement pas de stratégie réaliste et pragmatique pour que la France se passe à terme des énergies fossiles.

Le sujet de la transition énergétique et tous les autres sujets de la transition écologique sont développés dans un livre à paraître en mai : « Comment réaliser la transition écologique, un défi passionnant »[10].

[1] « La France adopte finalement sa feuille de route énergétique » https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/nucleaire-photovoltaique-la-france-adopte-finalement-sa-feuille-de-route-energetique-845962.html

 

[2] « La question de la transition énergétique est elle bien posée dans les débats actuels ? » https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/lpdv_190417.pdf

[3] En France, une éolienne produit à plein régime l’équivalent de 2000 heures par an, un panneau photovoltaïque produit à plein régime l’équivalent de 1100 heures par an. En additionnant les deux, ce qui est simpliste mais donne le résultat le plus favorable pour les énergies renouvelables, nous arrivons à 3100 heures par an soit 35% du temps. Le calcul réel est complexe, tient compte de la courbe réelle de consommation nationale d’électricité et de production heure par heure des énergies renouvelables, de la présence de vents et de soleil au niveau local quand il ne l’est pas au niveau national mais les ordres de grandeur sont acceptables.

[4] La production des 14 réacteurs est de 95 milliards de kilowatts-heure d’électricité par an. Chaque réacteur émet 12 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Ces 14 réacteurs émettent donc chaque année 4,56 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 95*109*12/1012=1,14).

Une centrale au gaz émet 490 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit quand le couple éolienne et solaire émet en moyenne 30 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Le couple énergie renouvelable centrale au gaz émettra donc chaque année 31,25 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 65%*(380*109*490/1012)+35%*(380*109*30/1012)=31,25). Pour remplacer l’ensemble du parc nucléaire français, le même calcul aboutit à un surplus de 125 millions de tonnes de CO2 émis.

[5] « L’Allemagne va mettre en service une toute nouvelle centrale à charbon en 2020 » https://www.bfmtv.com/economie/l-allemagne-va-mettre-en-service-une-toute-nouvelle-centrale-a-charbon-en-2020-1799343.html

[6] La production nucléaire de la France depuis 1977 est de 14 000 milliards de kilowatts heure. En les remplaçant par des centrales au gaz, puisque les énergies renouvelables n’existent que récemment, l’économie est environ de 6700 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 14000*109*(490-12)/ 1012=6692). La France a émis environ 300 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale). L’Allemagne a émis environ 700 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale).

[7] Lire par exemple « H2V prêt à déployer ses deux usines d’hydrogène vert » https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/h2v-pret-a-deployer-ses-deux-usines-dhydrogene-vert-993002

[8] A qui va profiter la future commande de 15 trains à hydrogène par la SNCF https://www.usinenouvelle.com/article/a-qui-va-profiter-la-future-commande-de-quinze-trains-a-hydrogene-par-la-sncf.N878830

[9] Et maintenant, les taxis à l’hydrogène http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/et-maintenant-les-taxis-a-l-hydrogene-24-02-2019-8019378.php

[10] Edition Jean-Cyrille Godefroy

source : http://leblogdephilippemurer.com/index.php/2020/04/26/fermeture-de-14-reacteurs-nucleaires-francais-un-gachis-financier-humain-et-climatique/