Réflexions géopolitiques : y a-t-il encore une place pour l’optimisme ?

Durant la guerre froide il y eut un déséquilibre entre l’Union soviétique et les États-Unis quand le bouclier de missiles anti-missiles balistiques fut mis en place par le Pentagone en Europe. L’URSS développa alors son propre système de protection. Divers traités de limitation des arsenaux nucléaires furent ensuite conclus en les deux grandes puissance puisque le constat d’une pléthore d’explosifs thermo-nucléaires de part et d’autres n’avait aucune signification ni stratégique ni politique. Les arsenaux étaient largement suffisants pour détruire toute vie sur la Terre plusieurs fois. Il restait à définir les termes d’une riposte car aucune des deux puissances nucléarisées ne voulait attaquer la première sa rivale. La situation évolua avec les nouveaux pays nucléarisés en dehors de la France et de la Grande-Bretagne. La Chine fut le cinquième pays à faire partie du club après les USA, la Grande-Bretagne, l’URSS et la France. Arrivèrent ensuite l’Inde, le Pakistan et Israël qui avec l’aide de la France sous l’administration de Guy Mollet, fut en mesure de construite son propre arsenal, un secret de Polichinelle dévoilé il y a quelques semaines quand les ultra-orthodoxes juifs ont évoqué le bombardement de la bande de Gaza avec des « petites » bombes nucléaires pour accélérer l’extermination des Gazaouis.

Le débat se situe maintenant au niveau de la tactique de l’utilisation de ces armes. En d’autres termes « qui dégainera le premier ? » et on se trouve transporté dans un scénario du genre « Le bon, la brute et le truand » en ce qui concerne la Russie et l’OTAN mais également dans le projet d’agression de la Chine par les États-Unis. Depuis la guerre froide jamais deux pays nucléarisés n’ont osé s’affronter directement. Et puisqu’il faut reconnaître que c’est bien l’OTAN qui est confronté à la Russie sur le théâtre des opérations en Ukraine la situation est dangereuse. D’un côté il y a la Russie, puissance nucléaire, et de l’autre une organisation supposée être pacifique ou défensive mais qui est devenue ouvertement belliciste car les pays membres achètent du matériel au complexe militaro-industriel américain. L’OTAN est devenu à la suite de la chute du mur de Berlin une organisation sans foi ni loi, exécutrice des ordres de Washington et de Londres, les Anglais étant les alliés les plus assidus et fidèles au grand maître du jeu, le président américain. De l’autre côté de la planète les États-Unis, qui ne veulent pas abandonner leur projet de domination du monde, envisagent de sortir le sabre de son fourreau contre la Chine puisque la puissance économique de ce pays leur fait de l’ombre. De plus, comme pour la Russie, ce pays est riche en matières premières …

Il y a cependant un problème insoluble favorisé par la politique de sanctions mise en place par les experts en géostratégie qui conseillent le Pentagone et le Département d’État américain : c’est le rapprochement entre la Russie et la Chine et pas seulement dans le cadre des routes de la soie. On arrive alors à un fait nouveau qui bouleverse les principes de la guerre froideL’armée russe a su exploiter les étude de Monsieur Jean-Pierre Petit, un scientifique français de haut niveau dénigré par ses pairs qui a formalisé sur le plan théorique la magnéto-hydrodynamique (MHD) alors que l’armée français a jugé cette technique dénuée d’intérêt. Aujourd’hui l’armée russe dispose de trois types de missiles supersoniques pouvant servir de vecteurs pour des explosifs conventionnels mais également nucléaires. Les accords stratégiques en la Russie et la Chine ont inclus la fourniture de tels missiles à la Chine. La Russie a également mis au point une super-torpille évoluant dans l’eau en appliquant le même principe à la vitesse inimaginable de 100 km/h (ou peut-être 100 miles nautiques, je ne me souviens plus de cette donnée dévoilée par JP Petit lui-même. Ces vecteurs sont produits pour l’instant en petite série mais ils ont changé le paysage stratégique en profondeur car tant les Européens que les Américains ne disposent d’aucunes possibilités de parade d’autant plus que les missiles super-soniques gros porteurs, une bombe H de trois mégatonnes par exemple commencent leur course dans le mode balistique puis descendent en piqué sur leur cible avec mise à feu de la charge explosive à une altitude prédéterminée. Aucune possibilité d’interception et effet destructeur garanti : voilà les nouvelles donnes stratégiques. Et comme du côté OTAN-Russie et du côté Chine-USA il s’agit ou s’agira de conflit entre puissances nucléaires autant dire qu’on s’achemine vers une nouvelle guerre froide dont les habitants de la jungle (allusion à Josep Borrell) ne seront que des spectateurs neutres à l’exception de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande qui seront définitivement marginalisées.

Il reste une inconnue de taille : une crise financière non pas mondiale mais limitée aux pays occidentaux car encore une fois la Russie y échappera. Cette crise portera le coup de grâce à l’empire américain et télé-transportera l’Europe occidentale au Bengladesh. Il suffit d’examiner l’évolution du CAC40, l’indice boursier phare de la France (vendredi 8 mars 2024) :

Toutes les crises financières ont été déterminées par une progression des indices boursiers et sur la place de Paris pour rester français dans cette illustration avant la crise des dot.com puis des sub-primes. Il faut remarquer que l’épidémie de coronavirus n’a pas significativement la progression de l’indice de la place boursière parisienne, ce qui signifie que cet indice est déconnecté de la santé économique du pays puisque toute l’économie était à l’arrêt. Les analystes racontent que l’indice CAC40 est porté par les multinationales du luxe et celles réalisant l’essentiel de leur chiffre d’affaires à l’étranger, certes, mais alors l’activité boursière serait-elle purement spéculative ? C’est la spéculation qui fut à l’origine de la crise de 1929 ! Enfin si l’ampleur de la crise à venir est proportionnelle à la progression de l’indice boursier français (ce n’est pas spécifique de la France faut-il le remarquer?) alors il faut s’attendre à une ampleur jamais atteinte y compris en 1929. Ce sera la fin de l’hégémonie du dollar, la fin de l’euro et de l’Union européenne et enfin la fin de l’OTAN. Seuls les BRICS+ et les membres de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) collaboreront pour préserver leurs économies. Il y aura donc à la faveur d’une telle crise financière l’émergence d’un ordre mondial basé sur des lois et des traités et non sur des règles. Ma conclusion est donc optimiste …

2 réflexions au sujet de « Réflexions géopolitiques : y a-t-il encore une place pour l’optimisme ? »

  1. Je peux me tromper, mais plutôt qu’une crise boursière, type 2008 ou 1929, je pencherai davantage vers une crise obligataire et/ou monétaire.
    Les USA et l’Europe dépensent sans compter. Hors période de récession, le déficit budgétaire US est supérieur (en % de PIB) au déficit observé pendant la 2nde guerre mondiale. Depuis quelques trimestres, leur dette augmente de 1000 milliards de $ tous les 100 jours en moyenne.
    La situation de la France est probablement encore pire, aucun budget équilibré depuis 50 ans, des dépenses sociales incontrôlables et ouvertes à la planète entière, un déficit commercial qui bat de nouveaux records quasiment tous les mois, et des français abrutis par le confort d’un état qui les materne.
    Assez rapidement les intérêts de cette dette vont devenir insoutenable.
    2 solutions : le défaut sur une partie ou la totalité de ces dettes, ou l’impression de $ et d’€ à gogo pour racheter la dette arrivant à échéance + les nouvelles dettes émises.
    La 1ere solution étant douloureuse, je penche plutôt vers une amplification de ce que font les banques centrales occidentales depuis 15 ans, imprimer.
    La conséquence serait une dévaluation des monnaies concernées, de l’inflation et des obligations d’état qui appauvrissent leurs détenteurs.
    Dans ce contexte la bourse pourrait servir de valeur refuge comme l’or. C’est ce qu’on voit par exemple en Turquie, ou l’inflation galopante s’accompagne d’une hausse marquée de la bourse Turque (en livre Turque).

  2. On lit partout que le CAC 40 bat tous ses records. Cela revient à dire que le pouvoir d’achat de l’Euro d’il y a des années est le même qu’aujourd’hui. Il n’en est rien, il faudrait exprimer l’indice en valeur corrigée de l’inflation.

    Pour qu’un portefeuille d’actions à la composition calquée sur celle de l’indice, constitué lors de l’un de ses plus hauts historiques, en septembre 2000, à 6945 points, représente la même valeur réelle, le même pouvoir d’achat, aujourd’hui, il faudrait que l’indice soit un peu supérieur à 10000 points. Le titulaire d’un tel portefeuille en serait encore pour ses frais…

    Ceci, en supposant que la composition du portefeuille a suivi les évolutions de celle de l’indice, et que les mises à jour ont été sans frais.

    Et sans tenir compte des dividendes. L’indice concerne le capital, pas ce qu’il rapporte.

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