Les voyages vers la Lune ou Mars compromis pour les années à venir

Capture d’écran 2020-08-16 à 11.31.41.png

Les richissimes privilégiés qui ont déjà payé une réservation pour un voyage vers la planète Mars ou encore plus modestement vers la Lune en auront pour leur argent : aucun voyage de longue durée dans l’espace proche ne sera possible avant 2050, c’est-à-dire au plus haut de l’activité solaire du cycle #26. En effet, alors que le cycle solaire #24 se termine, toutes les prévisions des astrophysiciens au sujet de l’intensité du cycle solaire #25 à suivre sont pessimistes : au mieux ce cycle d’activité solaire atteindra en intensité celle du cycle #24. Il faut remonter au tout début du XIXe siècle pour retrouver une activité solaire aussi étriquée, cette période climatique que l’on a coutume d’appeler « le petit âge glaciaire ». Sans activité magnétique solaire soutenue les voyages de longue durée dans l’espace peuvent avoir des conséquences fatales sur les êtres humains embarqués. Je me permets d’exprimer ici mon admiration pour le courage des personnels se trouvant dans la station spatiale internationale en ce moment : ils sont irradiés en permanence par des rayons cosmiques d’origine galactique de très haute énergie que le champ magnétique solaire est incapable de dévier, ceci depuis la fin du cycle solaire #23 :

Capture d’écran 2020-08-16 à 12.02.56

Ce que les astrophysiciens ont fait pour tenter d’affiner leurs prédictions, outre l’utilisation du modèle prédictif du Docteur Valentina Zharkova dont j’ai souvent mentionné les travaux sur ce blog, a été tout simplement de comparer les cycles solaires contemporains et ceux du minimum de Dalton, cycles solaires #5 et #6 (1790-1830), et du minimum de Gleissberg, cycles solaires #12 et #13 (1890-1920) partant du principe qu’il existe des variations des cycles solaires suivant des périodicités d’environ un siècle. Le cycle solaire #25 pourrait ressembler au cycle #6 ou au cycle #13 ou encore à un intermédiaire entre ces deux cycles. Les conséquences sont simples : 1) une diminution notable de la vitesse du vent solaire qui contribue à la déviation des rayons cosmiques selon un processus encore mal connu et une diminution durable du champ magnétique solaire jusqu’à 4,5 nT (nanoTesla) alors qu’il avait atteint au cours des années 1980-2000 des valeurs proches de 8 nT. Et 2) quant aux radiations provenant des rayons cosmiques galactiques telles que mesurées par le téléscope dédié à ce rayonnement se trouvant dans le satellite lunaire Lunar Reconnaissance Orbiter elles dépasseront largement les valeurs permises autorisées considérées comme non dangereuses de 620 mSv (milli Sievert) pour un homme et 470 mSv pour une femme. La limite de dangerosité est ici considérée comme ne dépassant pas une incidence de cancers de plus de 3 % par rapport à la moyenne statistique. Donc à moins d’inclure dans un vaisseau spatial à destination de la Lune ou de Mars un protection lourde et encombrante, tout voyage vers ces deux astres serait suicidaire.

Qu’en sera-t-il pour le climat terrestre ? Les tenants de l’effet direct ou indirect de l’activité solaire sur le climat de la Terre ne peuvent qu’être terrifiés par le refroidissement généralisé à venir du climat d’autant plus que les prévisions pour les cycles solaires suivants ne trouvent un regain d’optimisme qu’au delà des années 2050. Le Docteur F. Rahmanifard ne s’est pas hasardée à prédire quoi que ce soit pour le cycle solaire #26 mais si l’activité solaire venait à s’effondrer durablement comme ce fut le cas pour le minimum de Maunder alors l’humanité, hors régions intertropicales, disparaîtrait, tout simplement.

Source : F. Rahmanifard et al. doi : 10.1029/2019SW002428

5 réflexions au sujet de « Les voyages vers la Lune ou Mars compromis pour les années à venir »

    • Il me semble avoir dans mes archives cet article paru en mars dernier il me semble. Je vais chercher et si je ne le trouve pas je redemanderai à Valentina de me le communiquer. Nous avons eu plusieurs échanges de courriers par le passé.

  1. Je me fais l’avocat du diable, depuis le cycle 22 l’activité solaire baisse, pourquoi ne commence t’on pas à voir un refroidissement ? J’imagine que l’inertie thermique des océans doit lisser tout ça, mais au bout de 20 ans…

    • Vous avez, me semble-t-il, répondu à votre question, du moins en partie. L’inertie thermique des océans est considérable mais personne n’a pu en mesurer l’amplitude. On sait par exemple qu’il faut 1000 ans pour transporter la chaleur de l’hémisphère sud vers l’hémisphère nord via les courants marins qui ceinturent la planète. L’inertie thermique de l’eau est, sur une échelle beaucoup plus restreinte, également plus restreinte : c’est le cas des glaciers alpins qui ont considérablement avancé au cours du XIXe siècle à tel point qu’à Chamonix les habitants organisaient des processions pour sauver le village d’Argentière de l’engloutissement par le glacier du même nom. Le réchauffement des années 1920-1950 a résulté en un recul spectaculaire des glaciers. En 1960 il y avait encore de très gros glaçons tout près de la route de Chamonix à Sallanches. Il faut 30 ans pour constater le recul d’un glacier après une période de réchauffement du climat. Il faudra attendre 30 ans pour assister à nouveau à une avance des glaciers alpins. Je serai mort depuis longtemps …

  2. Je pense que pour les voyages spatiaux au long cours il va falloir faire des avancées autant scientifiques que technologiques, rien que le moteur fusée a montré, depuis la fin des années 60, le maximum de ses capacités, ou non pas loin s’en faut.
    Le second problème est de notre adaptation à un refroidissement climatique à venir.
    Le troisième, le plus central, est l’incroyable frein à l’inventivité dont je détermine le tout début aux horizons des années dix du vingtième siècle.
    C’est ce bouchon qu’il faut faire sauter et si nous ne le faisons pas collectivement de manière consciente et volontaire, alors les événements s’en chargerons et, là, ce ne sera en rien un petit chemin de plaisir.

Laisser un commentaire