Avec des transsexuelles la différence cérébrale des genres est enfin démontrée

Lors du dernier Congrès du European College of Neuropsychopharmacology qui a eu lieu à Amsterdam il y a quelques jours, une communication a fait état des modifications sur l’activité cérébrale qu’a entraîné l’administration de testostérone chez des femmes transsexuelles c’est-à-dire ayant choisi de devenir des hommes, tout du moins en apparence, il ne faut pas se leurrer … Il s’agit d’une première médicale car l’expérimentation directe chez des êtres humains est interdite. Ces volontaires à la transsexualité (voir note en fin de billet) se sont soumises de leur plein gré à des tests suivis par imagerie fonctionnelle à 7 Tesla (fMRI) concernant le langage et l’écriture et les résultats sont plutôt surprenants !

D’une manière générale les femmes sécrètent peu de testostérone et les traitements par cette hormone sexuelle masculine sont préconisées en cas de troubles de la libido, de troubles de l’identité sexuelle et dans certains cas de dépression nerveuse. Mais la testostérone joue également un rôle dans la maturation du cerveau au cours de la vie foetale et c’est pour cette raison que le cerveau des femmes ne fonctionne pas tout à fait de la même manière que celui des hommes, car un fœtus masculin sécrète de la testostérone, ce qui n’est pas le cas pour un fœtus féminin, c’est comme ça, tant pis pour la théorie du genre. Il en résulte des différences assez facilement quantifiables dans les mécanismes de l’élocution. Le langage est commandé par les aires cérébrales de Broca et de Wernicke. Ces deux régions du cortex sont connectées via des neurones situés dans la substance blanche et ces aires sont plus développées chez les femmes que chez les hommes. On peut dire que ce serait pour cette raison que les femmes papotent plus que les hommes mais ce n’est pas l’objet de ce billet :

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Dix-huit femmes âgées de 22 à 33 ans, ayant choisi de se masculiniser et donc de suivre un traitement quotidien sur-dosé en testostérone ont été soumises par leur médecin universitaire traitant à une imagerie fonctionnelle avant le début de ce traitement puis 4 semaines après le début du dit traitement. Les résultats ont montré que les volumes des deux aires du cortex intervenant dans le langage ont très nettement diminué et que chez ces personnes la « fluidité » du langage a également été altérée. Parallèlement les connections neuronales entre les deux aires précitées se sont trouvées être renforcées. Sans vouloir enfoncer le clou, si la facilité d’élocution a diminué en raison de la décroissance du volume des aires cérébrales précitées, le renforcement des interconnexions entre ces deux aires a eu un effet favorable sur le processing sémantique et la compréhension du langage, caractéristiques plutôt masculines … Ces interconnexions renforcées ont ainsi partiellement réduit le déficit en matière grise des aires de Broca et de Wernicke.

C’est donc la première fois qu’une étude de ce genre (ici sans aucun jeu de mot) montre un effet de la testostérone sur l’aptitude au langage et une nette différence fonctionnelle entre femmes et hommes, différence soumise au statut hormonal sexuel. Le Docteur Andreas Hahn de L’Université Médicale de Vienne en Autriche, travaillant dans le service du Professeur Rupert Lanzenberger ne mâche pas ses mots : « On sait depuis quelque temps que des taux élevés de testostérone sont liés à une pauvreté en vocabulaire chez l’enfant et que la fluidité verbale diminue chez les transsexuels « femme-vers-homme » après un traitement par la testostérone. Ceci est en accord avec une diminution de la matière grise que nous avons observé. Ce qui fut pour nous une surprise est le renforcement de substance blanche dans ces aires du langage. Nous pensons que lorsqu’on se penche sur certaines aptitudes à maîtriser le langage, la perte de substance grise peut ne plus être contrebalancée par les interconnexions via la matière blanche ».

Pour terminer il est bien connu que l’apprentissage du langage diffère entre garçons et filles et qu’il est directement lié aux différences de maturation du cerveau. Cette intéressante étude indique donc clairement qu’à l’âge adulte les cerveaux des femmes diffèrent de ceux des hommes et elle explique aussi pourquoi les femmes ont une élocution plus facile et souvent plus affirmée que celle des hommes. Les femmes marquent au moins un point même si, pour les mêmes raisons, elles ont parfois des pannes de libido et sont plus souvent dépressives que les hommes … En effet les statistiques indiquent que les femmes sont deux fois plus dépressives que les hommes. La testostérone joue un rôle dans la recapture de la sérotonine au niveau du cerveau et a donc un effet direct sur l’état dépressif ou l’anxiété comme cela a été montré par tomographie par émission de positrons également à l’Université Médicale de Vienne ( http://dx.doi.org/10.1016/j.biopsych.2014.09.010 ).

Note : Toutes les personnes recrutées pour cette étude souffraient de troubles de l’identité sexuelle et étaient prises en charge par un service spécial du Département d’Obstétrique et de Gynécologie de l’Université de Vienne.

Sources : European College of Neuropsychopharmacology, et communications personnelles du Docteur Andreas Hahn. Illustration Wikipedia

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