La peau d’un être humain comme celle de ses cousins les grands singes est recouverte de plus de 4 millions de poils et pourtant l’homme fait partie des primates plutôt démunis en matière de système pileux. L’homme a souvent pris pour habitude de se raser le visage depuis son adolescence quand il guettait l’apparition de ses premiers poils au menton et au pubis, signe qu’il « devenait un homme ». Se raser quotidiennement est une contrainte que j’ai abandonné surtout par fainéantise il y a plus de 20 ans et je m’en porte très bien, merci. Quant aux femmes leur système pileux facial est sous-développé (par rapport à celui des hommes) malgré le fait qu’elles n’aient rien à envier de ce côté-là aux hommes tant au niveau des aisselles que du pubis. C’est d’ailleurs pour cette raison que la grande majorité des femmes rasent au moins leurs aisselles pour des raisons strictement esthétiques et parfois leur pubis ce qui me paraît tout à fait excessif, mais c’est un point de vue que je ne partage qu’avec moi-même comme disait le regretté Pierre Desproges.
Pourquoi les femmes n’ont-elles que peu ou pas du tout de poils visibles sur le menton et la lèvre supérieure et n’ont donc pas besoin de se raser ? C’est l’endocrinologue David Ferriman qui s’est posé la question en 1961 et a trouvé une explication aux exceptions, en d’autres termes les femmes qui ont des « poils au menton » bien visibles et doivent s’épiler presque quotidiennement. Entre 5 et 15 % des femmes passent plusieurs dizaines de minutes par semaine à éliminer les poils indésirables de leur menton et, quand elles en ont le courage, de leur lèvre supérieure. Le Docteur Ferriman (voir le doi) constata que pour certaines des femmes qu’il avait examiné d’autres parties de leur corps était parfois abondamment fournies en poils.
Il formula alors une sorte de test facile à passer soi-même pour définir si on souffre de ce qu’on appelle de l’hirsutisme léger ou aggravé. Mesdames vous pouvez effectuer ce test en examinant tout votre corps. Après avoir attribué une note de 0 à 4 aux 9 parties du corps décrites dans le test si la somme finale des scores est inférieure à 8 vous êtes « une femme normale », entre 8 et 15 votre corps est légèrement « velu » et au delà vous souffrez d’hirsutisme. Dans ce cas allez voir un endocrinologue car vous risquez de présenter un excès de testostérone provoqué le plus souvent par une sécrétion anormale de testostérone par vos ovaires (syndrome de Stein-Leventhal) qui touche près de 3 % des femmes mais dont les causes sont encore mal connues.
Après la ménopause de nombreuses femmes découvrent que leur système pileux se développe anormalement et c’est compréhensible puisque, pour faire court et pas nécessairement totalement exact, la balance hormonale se modifie et la production basale de testostérone chez la femme est moins bien contrecarrée par l’estradiol dont le taux diminue après la ménopause. Alors les poils se mettent à pousser. Ma « novia » (fiancée en espagnol) s’épile d’ailleurs le menton presque tous les jours (quand elle vient me rendre visite) et je lui ai interdit, se plaignant d’être devenue « velue », de se raser le pubis et ses alentours pour mon confort personnel, l’esthétique pileuse ayant pour moi une importance très mineure dans cet endroit particulier de l’anatomie féminine.
Bon test !
Source scientifique et illustration : 10.1093/humupd/dmp024 et inspiré d’un article paru dans The Guardian