Extraire l’uranium de l’eau de mer est aujourd’hui envisageable

Alors que la COP28 a entériné le caractère « énergie verte » de l’énergie nucléaire suivant ainsi la décision des instances dirigeantes de l’Union européenne, des pays comme la Chine et la Russie confirment leur avance technologique dans le domaine des réacteurs nucléaires de nouvelle génération, en particulier l’utilisation des réacteurs à neutrons rapides qui sont déjà ponctuellement utilisés comme «poubelles » pour se débarrasser des actinides de haute activité, en particulier en Russie. La France était un précurseur dans le domaine des réacteurs à neutrons rapides avec le réacteur expérimental Phénix de Marcoule et surtout l’usine de Creys-Malville qui fut fermé et démantelé à la suite d’une décision du gouvernement français de gauche, non pas progressiste mais obscurantiste, ayant cédé aux injonctions idéologiques des opposants à l’énergie nucléaire. Quelle serait aujourd’hui l’attitude d’un Jospin compte tenu des décisions de l’Union européenne et de la COP28 ?

Ce n’est pas l’angoisse alimentée par le CO2 qui a favorisé ces décisions mais l’augmentation du prix des carburants d’origine fossile, phénomène mondial lié au tarissement des investissements dans la prospection de nouveaux gisements tant de pétrole que de gaz en raison de l’application des critères « ESG » eux-mêmes promus par ces mêmes idéologues qui obtinrent la fermeture de l’usine NERSA en France. Si on doute encore des effets destructeurs de l’idéologie verte irraisonnée il suffit d’examiner le cas de l’Allemagne, naguère leader économique de l’Europe et maintenant en voie de « tiers-mondisation » : une inflation incontrôlable, des faillites destructrices du tissu industriel, des troubles sociaux soigneusement dissimulés, des retraités dont l’avenir est incertain … un tableau tellement alarmant que le rejet des idéologies « vertes » a favorisé le regain des partis nationalistes comme l’AfD, ce qui ne présage rien de bon pour l’Europe, une relecture de l’histoire est là pour le démontrer.

Bref, de nombreux pays optent pour l’énergie nucléaire mais les leaders scientifiques et industriels dans ce domaine ne sont plus les Occidentaux mais la Russie et la Chine et dans le cadre du « Club » des BRICS cette position ne pourra que se renforcer. La Chine forme chaque année des dizaines de millions d’ingénieurs de haut niveau et encore plus de techniciens hautement spécialisés dans le domaine de l’énergie nucléaire. Qui est le principal partenaire d’EDF dans le projet Hinkley Point C en Grande-Bretagne ? Réponse : la Chine ! Qui effectue des travaux de recherche sophistiqués afin de tenter de récupérer de manière rentable les dizaines de milliards de tonnes d’uranium qui se trouve dans les océans ? Réponse la Chine ! Car à terme l’exploitation de l’uranium « terrestre » deviendra problématique. Par exemple le projet d’exploitation d’un site en Namibie, quatrième producteur mondial d’uranium métal surtout produit sous forme de « yellow cake », ne produira de l’uranium que durant 14 ans. Cette situation se renouvellera dans les 7 autres principaux pays producteurs d’uranium que sont le Kazakhstan, le Canada, l’Australie, le Niger, la Russie, l’Uzbekistan et la Chine, sans oublier la sécurisation des sites miniers en fin d’exploitation.

Or la quantité d’uranium dissous dans l’eau de mer correspond à 1000 fois l’ensemble des réserves terrestres prouvées dont l’exploitation est rentable à ce jour. Une équipe d’ingénieurs a pour cette raison mis au point un polymère sous forme de mousse fixé sur un substratum textile de carbone, polymère alliant des sites réactifs et catalytiques permettant de piéger l’oxyde d’uranium sous forme insoluble par action électrolytique directe, c’est-à-dire au cours du processus de piégeage dans l’eau de mer pouvant durer plusieurs semaines. Les illustrations ci-dessous sont des résumés graphiques de la publication relative à ce travail innovant ( https://doi.org/10.1021/acscentsci.3c01291 ) en accès libre :

En 24 jours de processus de fixation de l’uranium d’eau de mer l’efficacité est de l’ordre de 12,6 mg par gramme de polymère poly-aromatique greffé, une prouesse puisque la teneur en ion uranium de l’eau de mer est de 3,3 parties par milliard avec une quantité très abondante d’autres ions interférant avec ce piégeage qui est efficace dans la mesure où le procédé électrochimique associé transforme l’ion uranyle UO2 ++ solubleen oxyde d’uranium UO2 insoluble par réduction électrochimique cyclique comme indiqué dans ces illustrations. À n’en pas douter ce procédé est protégé par une multitude brevets et la Chine se positionne déjà comme leader mondial de cette technologie peu coûteuse et … respectueuse de l’environnement terrestre et atmosphérique !

5 réflexions au sujet de « Extraire l’uranium de l’eau de mer est aujourd’hui envisageable »

  1. Ping : Extraire l’uranium de l’eau de mer est aujourd’hui envisageable – Qui m'aime me suive…

  2. Bonjour et merci pour cet article fort intéressant.

    Un complément : La Chine est co-financeur de la centrale nucléaire HPC en UK seulement parce que la Chine voulait pouvoir y construire son Hualong (un réacteur de Génération 3 comme l’EPR, mais de conception 100% chinoise) sur le 3e site prévu pour recevoir des centrales de Generation 3 : Bradwell.

    Je résume de mémoire le deal qui était prévu : La Chine est co-investisseur à 20% de HPC pour un EPR EDF (1er site), puis de 50% de SZC pour un EPR EDF (Sizewell, 2e site), puis investisseur de 100% mais pour un Hualong 100% Chinois sur le 3e site (Bradwell). Cela leur permettait d’obtenir une licence de leur réacteur d’une autorité de sureté nucléaire occidentale, pour pouvoir ensuite prétendre pouvoir en vendre partout dans le monde (et donc pas seulement hors monde occidental).

    Mais suite à la guerre économique lancée par Trump contre la Chine, notamment les restrictions sur la techno chinoise, les autorités UK ont changé de stratégie, et les Chinois ne pourront pas aller au delà que HPC.

    Au final, sur HPC en UK, les Chinois ont simplement apporté de l’argent (et étant co-investisseur, ils ont un droit de regard, et par moment les ingénieurs rapportent que les Chinois ralentissent le processus de construction en posant « trop » de questions).

  3. Je vais poser une question audacieuse. Si de l’uranium est ainsi présent dans l’eau de mer (238 et/ou 235? )et sans doute ailleurs par exemple dans les roches sédimentaires alors cela veut dire que c’est compatible avec la vie, évidemment en fonction des doses …………..
    J’ai entendu que dans la zone d’exclusion de Tchernobyl la vie était prolifique végétaux et animaux (loup et sanglier) vivaient et paraissaient en pleine forme ?

    • N’oubliez pas que notre corps est radioactif en raison de la présence de potassium-40. Le psychodrame du tritium rejeté dans l’océan pacifique est une preuve de cette peur viscérale des peuples au sujet de la radioactivité. Allez vivre dans une vieille maison dans le Limousin ou dans la campagne où je suis né : les maisons sont radioactives puisqu’elles étaient construites avec du granit. Les caves sont un excellent endroit pour respirer du radon et on stockait des pommes et des pommes de terre ! S’il n’y avait jamais eu de bombes nucléaires personne n’aurait peur de la radioactivité. Quant à la zone interdite de Tchernobyl c’est juste une construction idéologique (je ne parle pas de l’usine toujours dangereuse) et comme vous le dites les animaux se portent très bien, merci pour eux … et on n’a jamais observé la présence de monstres comme le prétendaient les activistes de Greenpeace …

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