Le grand « reset » basé sur l’énergie verte est voué à l’échec.

Avant propos. Après la pandémie coronavirale les « forces de l’ombre » ont immédiatement embrayé sur le climat et la situation préoccupante qui doit être traitée aussi efficacement que cette pandémie. Je fais de l’humour mais les chefs d’Etat européens ont insisté à l’issue de leurs négociations marathon que les capitaux débloqués pour aider les pays européens les plus fragilisés devraient respecter des « critères climatiques », je n’invente rien. On ne peut que s’attendre à de très mauvaises surprises. Ci-après figure la traduction d’un article de Gail Tverberg, une actuaire partageant en partie les thèses de Jean-Marc Jancovici au sujet de l’énergie et du pic pétrolier. On ne sait d’ailleurs pas trop si Jancovici s’inspire des thèse de Gail Tverberg ou l’inverse dans la mesure où Tverberg travaillait dès le début des années 1970 pour une compagnie d’assurance américaine, elle est donc bien plus âgée que Jancovici. Diplômée de l’Université de Chicago Tverberg s’est intéressée au cours de sa carrière à l’évolution des prix de l’énergie. Elle n’a jamais dissimulé sa sympathie pour les mouvements écologistes dont en particulier Greenpeace et elle est convaincue de l’imminence du réchauffement climatique. Ce long article que j’ai pris la peine de traduire puisqu’il ne figure nulle part en français a le mérite d’être clair et semble-t-il objectif. Pour Gail Tverberg, c’est du moins ce que j’ai compris, coronavirus ou pas, c’est le marché qui décidera et les décisions politiques ne pourront pas influer sur les tendances économiques à moins de continuer à détruire les économies occidentales. Dès lors l’épicentre mondial de l’économie se déplacera vers l’Extrême-Orient, et il est inutile de le nier c’est déjà le cas. J’ai inséré quelques remarques et précisions entre parenthèses et en italique.

Il semble qu’une réinitialisation d’une économie devrait fonctionner comme la réinitialisation d’un ordinateur : éteignez-le et rallumez-le : la plupart des problèmes devraient être résolus. Cependant, cela ne fonctionne pas vraiment de cette façon pour l’économie. Examinons quelques-uns des malentendus qui amènent les gens à croire que l’économie mondiale peut évoluer vers un avenir à énergie verte.

[1] L’économie ne ressemble pas vraiment à un ordinateur qui peut être allumé et éteint : l’économie est plutôt comparable à un corps humain mort, une fois éteinte.

Un ordinateur est quelque chose qui est fabriqué par des humains. Il y a un début et une fin au processus de création. L’ordinateur fonctionne parce que l’énergie sous forme de courant électrique le traverse. Nous pouvons couper et rallumer l’électricité. D’une manière ou d’une autre, presque comme par magie, les problèmes de logiciels sont résolus et le système fonctionne mieux après la réinitialisation qu’avant (ce qui n’est pas toujours le cas).

Même si l’économie ressemble à une construction faite par les humains, elle est vraiment extrêmement différente. En termes de physique, c’est une « structure dissipative ». L’économie ne peut « croître » qu’en raison de sa consommation d’énergie, comme le pétrole pour alimenter les camions et l’électricité pour alimenter les machines.

Le système s’auto-organise en ce sens que de nouvelles entreprises sont créées en fonction des ressources disponibles et du marché apparent des produits fabriqués à partir de ces ressources. Les anciennes entreprises disparaissent lorsque leurs produits ne sont plus nécessaires. Les clients décident de ce qu’ils achètent en fonction de leurs revenus, du montant de la dette dont ils disposent et du choix des produits disponibles sur le marché.

Il existe de nombreuses autres structures dissipatives. Les ouragans et les tornades sont des structures dissipatives. Les étoiles aussi. Les plantes et les animaux sont des structures dissipatives. Les écosystèmes de toutes sortes sont des structures dissipatives. Toutes ces choses grandissent pendant un certain temps et finissent par s’effondrer. Si leur source d’énergie est supprimée, ils échouent assez rapidement. La source d’énergie pour les humains est la nourriture de divers types; pour les plantes, c’est généralement la lumière du soleil (avec le CO2 comme aliment de base).

Penser que nous pouvons éteindre et rallumer l’économie revient presque à supposer que nous pouvons ressusciter les êtres humains après leur mort. C’est peut-être possible dans un sens religieux. Mais supposer que nous pouvons le faire avec une économie nécessite un énorme acte de foi.

[2] La croissance économique est assujettie à un modèle fini, plutôt que simplement augmenter sans limite.

De nombreuses personnes ont développé des modèles reflétant le fait que la croissance économique semble se produire par vagues ou par cycles. Ray Dalio montre un graphique décrivant sa vision du cycle économique dans un aperçu de son prochain livre « The Changing World Order ». La figure 1 est le graphique de Dalio, avec quelques annotations que j’ai ajoutées en bleu.

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Les modélisateurs de toutes sortes aimeraient penser qu’il n’y a pas de limites dans ce monde. En réalité, il y a de nombreuses limites. C’est le fait que les économies doivent contourner ces limites qui conduit à de tels cycles. Quelques exemples de limites incluent des terres arables inadéquates pour une population croissante, l’incapacité de lutter contre les agents pathogènes et un approvisionnement énergétique qui devient excessivement coûteux à produire. On peut s’attendre à ce que les cycles varient rapidement, à la fois à la hausse et à la baisse du cycle plus rapidement.

Le danger d’ignorer ces cycles est que les chercheurs ont tendance à créer des modèles de croissance économique future et de consommation d’énergie future qui sont loin d’être synchronisés avec ce à quoi on peut vraiment s’attendre. Les modèles précis doivent inclure au moins une version limitée du dépassement et de l’effondrement sur une base régulière. Les modèles de l’économie future ont tendance à être basés sur ce que les politiciens aimeraient croire ce qui se produira, plutôt que sur ce que l’on peut s’attendre à ce qu’il se produise dans le monde réel.

[3] Les prix des produits de base se comportent différemment à différents stades du cycle économique. Au cours de la seconde moitié du cycle économique, il devient difficile de maintenir les prix des matières premières suffisamment élevés pour les producteurs.

Il est communément admis que la demande de produits énergétiques sera toujours élevée, car tout le monde sait que nous avons besoin d’énergie. Ainsi, selon cette croyance, si nous avons la technologie pour extraire les combustibles fossiles, les prix finiront par augmenter suffisamment pour que les ressources en combustibles fossiles puissent être facilement extraites. Beaucoup de gens craignent que nous ne « manquions » de pétrole. Ils s’attendent à ce que les prix du pétrole augmentent pour compenser les pénuries. Ainsi, de nombreuses personnes pensent que pour maintenir un approvisionnement adéquat, nous devrions nous préoccuper de compléter les combustibles fossiles par l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables.

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Si nous examinons les prix du pétrole (graphique 2), nous voyons qu’au moins récemment, ce n’est pas ainsi que les prix du pétrole se comportent réellement. Depuis la flambée des prix du pétrole en 2008, le gros problème est que les prix tombent trop bas pour les producteurs de pétrole. À des prix bien inférieurs à 100 dollars le baril, le développement de nombreux nouveaux champs pétrolifères n’est pas économique. Les bas prix du pétrole sont particulièrement un problème en 2020, car les restrictions de voyage associées à la pandémie de coronavirus réduisent la demande (et les prix) de pétrole même en dessous de ce qu’ils étaient auparavant.

Curieusement, les prix du charbon (figure 3) semblent suivre un modèle très similaire aux prix du pétrole, même si l’on pense généralement que le charbon est disponible en grande quantité, et que le pétrole est généralement considéré comme en état de pénurie.

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En comparant les figures 2 et 3, nous constatons que les prix du pétrole et du charbon ont atteint un sommet en 2008, puis ont fortement reculé. Le moment de cette baisse des prix correspond à la «crise de la dette» à la fin de 2008 qui est illustrée à la figure 1.

Les prix ont ensuite atteint un autre sommet en 2011, après plusieurs années de Quantitative Easing (QE). Le QE vise à maintenir le coût d’emprunt à un niveau bas, encourageant le recours à davantage de dette. Cette dette peut être utilisée par les citoyens pour acheter plus de produits fabriqués avec du charbon et du pétrole (comme des voitures et des panneaux solaires). Ainsi, le QE est un moyen d’augmenter la demande et donc de contribuer à augmenter les prix de l’énergie. Au cours de la période 2011-2014, le pétrole a pu mieux maintenir son prix que le charbon, peut-être en raison de sa pénurie d’approvisionnement. Une fois que les États-Unis ont mis fin à leur programme de QE en 2014, les prix du pétrole ont chuté brutalement (figure 2).

Les prix étaient très bas en 2015 et 2016 pour le charbon et le pétrole. La Chine a stimulé son économie et les prix du charbon et du pétrole ont pu augmenter à nouveau en 2017 et 2018. En 2019, les prix du pétrole et du charbon chutaient à nouveau. La figure 2 montre qu’en 2020, les prix du pétrole ont de nouveau chuté, à la suite de toute la destruction de la demande causée par tous les arrêts économiques provoqués par la pandémie. Les prix du charbon ont également chuté en 2020, selon Trading Economics ( https://tradingeconomics.com/commodity/coal ).

[4] Les prix bas depuis la mi-2008 semblent conduire à la fois au pic du pétrole brut et au pic du charbon. La production de pétrole brut a commencé à baisser en 2019 et devrait continuer de baisser en 2020. L’extraction du charbon devrait commencer à baisser en 2020.

Dans la dernière section, j’ai montré que le pétrole brut et le charbon ont tous deux le même problème : les prix ont tendance à être trop bas pour que les producteurs réalisent un profit en les extrayant. Pour cette raison, les investissements dans de nouveaux puits de pétrole sont réduits et des mines de charbon non rentables sont fermées ( https://www.oilandgas360.com/coronavirus-threatens-to-hobble-the-u-s-shale-oil-boom-for-years/ , https://www.argusmedia.com/en/news/2115543-china-outlines-coal-capacity-plan-for-2020 )

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La figure 4 montre que la production mondiale de pétrole brut n’a pas beaucoup augmenté depuis 2004. En fait, la production de l’OPEP n’a pas beaucoup augmenté depuis 2004, même si les pays de l’OPEP font état de réserves de pétrole élevées et, en théorie, ils pourraient pomper plus de pétrole s’ils le voulaient.

Au total, les données de BP montrent que la production mondiale de pétrole brut a chuté de 582 000 barils par jour si on compare 2019 à 2018. Cela représente une baisse de 2,0 millions de barils par jour de la production de l’OPEP, compensée par des augmentations plus faibles de la production aux États-Unis, au Canada et Russie. La production de pétrole brut devrait encore baisser en 2020, en raison de la faiblesse de la demande et des prix.

En raison de la faiblesse des prix du charbon, la production mondiale de charbon est sur un plateau cahoteux depuis 2011. Les prix semblent être encore plus bas en 2020 qu’en 2019, exerçant une pression à la baisse supplémentaire sur l’extraction du charbon en 2020.

[5] Les modélisateurs ont oublié le fait que l’extraction de combustibles fossiles disparaîtrait à cause des bas prix, laissant presque toutes les réserves et autres ressources dans le sol. Les modélisateurs ont plutôt supposé que les énergies renouvelables seraient toujours une extension d’un système alimenté par des combustibles fossiles.

Ce que la plupart des gens ne comprennent pas, c’est que les prix des produits de base sont fixés par les lois de la physique, de sorte que l’offre et la demande sont en équilibre. La demande est vraiment très proche de «l’abordabilité» (néologisme déduit de « affordability »). S’il y a trop de disparité salaire / richesse, les prix des matières premières ont tendance à baisser trop bas. Dans un monde globalisé, de nombreux travailleurs ne gagnent que quelques dollars par jour. En raison de leurs bas salaires, ces travailleurs faiblement rémunérés n’ont pas les moyens d’acheter une grande partie des biens et services du monde. L’utilisation de robots a tendance à produire un résultat similaire car les robots ne peuvent pas réellement acheter des biens et des services fabriqués par l’économie.

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Ainsi, les modélisateurs examinant le rendement énergétique de l’énergie investie (energy return on energy invested, EROI) pour l’éolien et le solaire ont supposé qu’ils seraient toujours utilisés à l’intérieur d’un système alimenté par des combustibles fossiles qui pourrait fournir un équilibrage fortement subventionné pour leur production intermittente. Ils ont fait des calculs comme si l’électricité intermittente équivaut à l’électricité qui peut être contrôlée pour fournir de l’électricité lorsque cela est nécessaire. Leurs calculs semblaient suggérer qu’il serait utile d’installer des énergies éolienne et solaire. Ce qui a été oublié, c’est que cela n’était possible que dans un système où d’autres carburants permettraient un équilibrage à un coût très bas. (EROI : https://en.wikipedia.org/wiki/Energy_return_on_investment )

[6] Le même problème de faible demande conduisant à des prix bas affecte des produits de toutes sortes. En conséquence, il est peu probable que de nombreuses ressources futures sur lesquelles les modélisateurs comptent, et sur lesquelles les entreprises dépendent pour emprunter, ne soient pas vraiment disponibles.

Des productions de toutes sortes sont affectées par une faible demande et des prix de vente bas. Le problème à l’origine des prix bas semble être lié à une spécialisation excessive, à une utilisation excessive des biens d’équipement pour remplacer la main-d’œuvre et à une mondialisation excessive. Ces questions sont toutes liées aux besoins d’une économie mondiale qui dépend d’un haut niveau de technologie. Dans une telle économie, une trop grande partie de la production de l’économie est consacrée à la production d’appareils et à la rémunération de travailleurs hautement qualifiés. Il en reste peu pour les travailleurs non qualifiés.

Les bas prix de vente des produits de base empêchent les employeurs de payer des salaires adéquats à la plupart de leurs travailleurs. Ces bas salaires, à leur tour, alimentent les soulèvements que nous avons constatés ces dernières années. Ces soulèvements font partie des «Révolutions et guerres» évoquées dans la figure 1. Il est difficile de voir comment ce problème disparaîtra sans un changement majeur de «l’ordre mondial», mentionné dans la même figure.

Étant donné que le problème des bas prix des produits de base est très présent, notre capacité à produire des batteries de secours de toutes sortes, y compris la capacité de fabriquer des batteries, devrait devenir un problème croissant. Les produits de base, comme le lithium, souffrent de prix bas, tout comme les prix bas du charbon et du pétrole. Ces bas prix entraînent des baisses de leur production et des soulèvements locaux (cf. les évènements de Bolivie et https://www.benchmarkminerals.com/lithiums-place-in-chiles-social-unrest/ ).

[7] Prises isolément les énergies renouvelables intermittentes ont une utilité très limitée. Leur vraie valeur est proche de zéro.

Si l’électricité n’est disponible que lorsque le soleil brille ou lorsque le vent souffle, l’industrie ne peut pas planifier son utilisation. Son utilisation doit être limitée aux applications où l’intermittence n’a pas d’importance, comme le pompage de l’eau pour que les animaux la boivent ou le dessalement de l’eau. Personne n’essaierait de fondre des métaux avec de l’électricité intermittente parce que les métaux se solidifieraient au mauvais moment, si l’électricité intermittente disparaissait soudainement. Personne n’alimenterait un ascenseur avec de l’électricité intermittente, car une personne pourrait facilement être piégée entre les étages. Les propriétaires n’utiliseraient pas l’électricité pour alimenter les réfrigérateurs, car il est fort probable que les aliments se gâtent lorsque l’électricité est coupée pendant de longues périodes. Les feux de signalisation fonctionnent parfois, mais pas d’autres.

Le Liban est un exemple de pays dont le système électrique ne fonctionne que par intermittence. Il est difficile d’imaginer qu’un autre pays veuille imiter le Liban. Le manque d’approvisionnement en électricité fiable a contribué à l’apparition des manifestations au Liban ( https://english.alarabiya.net/en/features/2019/10/25/Daily-power-cuts-expensive-generators-Electricity-woes-spark-Lebanon-protests )

[8] Le véritable coût de l’énergie éolienne et solaire a été caché à tout le monde, en utilisant des subventions dont le coût total est difficile à déterminer.

Chaque pays a sa propre façon de subventionner les énergies renouvelables. La plupart des pays accordent à l’éolien et à l’énergie solaire une subvention de priorité. Les investisseurs reçoivent également une rémunération à taux fixe. Ces deux éléments sont des subventions. Aux États-Unis, d’autres subventions sont enfouies dans le système fiscal. Récemment, il a été question d’utiliser le QE pour aider les fournisseurs d’énergie éolienne et solaire à réduire leur coût d’emprunt.

Les journaux rapportent régulièrement que le prix de l’énergie éolienne et solaire est à la «parité du réseau», mais ce n’est pas du tout comme si on comparait deux pommes dans un panier. Pour être utile, l’électricité doit être disponible lorsque les utilisateurs en ont besoin. Le coût du stockage est beaucoup trop élevé pour nous permettre de stocker l’électricité pendant des semaines ou des mois quand elle est produite.

Si nous devions utiliser l’électricité intermittente comme substitut aux combustibles fossiles en général, nous aurions besoin d’utiliser l’électricité intermittente pour chauffer les maisons et les bureaux en hiver. Le soleil est abondant en été, mais pas en hiver. Sans stockage, on ne peut même pas compter sur les panneaux solaires pour fournir aux propriétaires de la chaleur pour préparer le dîner après le coucher du soleil le soir. Une quantité incroyablement gigantesque de stockage serait nécessaire pour stocker la chaleur de l’été à l’hiver.

La Chine précise qu’elle dispose de 42 milliards de dollars de subventions non remboursables pour l’énergie propre, et ce montant augmente chaque année. Les pays s’appauvrissent maintenant et les impôts qu’ils peuvent percevoir sont moins élevés en raison de l’appauvrissement des populations. De ce fait leur capacité à subventionner un système électrique coûteux et peu fiable disparaît. ( https://www.bloombergquint.com/technology/china-has-a-42-billion-clean-energy-debt-and-it-s-getting-worse ).

[9] L’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique ne représente aujourd’hui qu’un peu moins de 10% de l’approvisionnement énergétique mondial.

Nous nous faisons des illusions si nous pensons que nous pouvons nous en sortir avec un si petit approvisionnement énergétique total.

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Peu de gens comprennent ce qu’une petite part de l’énergie éolienne et solaire du monde fournit aujourd’hui. Les montants indiqués à la figure 6 supposent que le dénominateur est l’énergie totale (y compris le pétrole, par exemple) et pas seulement l’électricité. En 2019, l’hydroélectricité représente 6,4% de l’approvisionnement énergétique mondial. Le vent représente 2,2% et le solaire 1,1%. L’ensemble des trois représente 9,7% de l’approvisionnement énergétique mondial.

Aucun de ces trois types d’énergie n’est adapté à la production d’aliments. Le pétrole est actuellement utilisé pour labourer les champs, fabriquer des engrais, des herbicides et des pesticides, et pour transporter les produits de l’agriculture réfrigérés jusqu’au marché.

[10] Peu de gens comprennent à quel point l’approvisionnement énergétique est important pour donner aux humains le contrôle sur d’autres espèces et agents pathogènes.

Le contrôle d’autres espèces et agents pathogènes a été un effort en plusieurs étapes. Ces dernières années, cet effort a impliqué des antibiotiques, des antiviraux et des vaccins. La pasteurisation est devenue une technique importante dès les années 1800.

Le contrôle humain sur d’autres espèces a commencé il y a plus de 100 000 ans, lorsque les humains ont appris à brûler de la biomasse pour de nombreuses utilisations, notamment pour la cuisson des aliments mais aussi pour effrayer les prédateurs ce qui a conduit à la destruction de forêts entières pour améliorer leur approvisionnement alimentaire. Dans mon article de 2018, « Supplemental energy puts humans in charge », j’ai exposé les preuves de l’importance du contrôle du feu par les humains. Dans les couches inférieures d’une grotte en Afrique du Sud, les grands félins étaient les dominateurs : il n’y avait pas de dépôts de carbone provenant du feu et des os humains rongés étaient dispersés autour de la grotte. Dans les couches supérieures de la même grotte, les humains avaient clairement pris le contrôle de l’espace. Il y avait des dépôts de carbone provenant de feux et des os de grands félins qui avaient été rongés par les humains étaient éparpillés autour de la grotte ( https://ourfiniteworld.com/2018/08/02/supplemental-energy-puts-humans-in-charge/ ).

Nous avons affaire au COVID-19 aujourd’hui. Les hôpitaux d’aujourd’hui ne sont possibles que grâce à un mix énergétique moderne. Les médicaments sont très souvent fabriqués à partir de pétrole. Les équipements de protection individuelle sont fabriqués dans des usines du monde entier et expédiés là où ils sont utilisés, généralement en utilisant du pétrole pour le transport.

Conclusion

Nous semblons en effet nous diriger vers une grande réinitialisation. Cependant, il y a peu de chances que l’énergie verte puisse jouer le plus qu’un petit rôle. Les dirigeants sont souvent confus dans leurs décisions en raison de la modélisation erronée qui a été effectuée. Étant donné que l’approvisionnement mondial en pétrole et en charbon semble décliner à court terme, les chances que la production de combustibles fossiles augmente un jour aussi haut que les hypothèses formulées dans les rapports du GIEC semblent très minces.

Il est vrai que certains appareils à énergie verte peuvent continuer à fonctionner pendant un certain temps. Mais, alors que l’économie mondiale continue de se dégrader, il sera de plus en plus difficile de fabriquer de nouveaux équipements d’énergie renouvelable et de réparer les systèmes existants. On peut s’attendre à ce que les prix de gros de l’électricité restent très bas, d’où la nécessité de continuer à subventionner les énergies éolienne et solaire.

La figure 1 indique que nous pouvons nous attendre à davantage de révolutions et de guerres à ce stade du cycle. Au moins une partie de ces troubles sera liée aux bas prix des produits de base et aux bas salaires. La mondialisation tendra à disparaître. La réparation des lignes de transport de l’électricité deviendra un problème croissant, tout comme de nombreuses autres tâches associées à la disponibilité de l’approvisionnement en énergie.

Source : https://ourfiniteworld.com/2020/07/17/why-a-great-reset-based-on-green-energy-isnt-possible/

Commentaire de votre serviteur. L’exposé de Gail Tverberg est sans appel. Sa conclusion est effrayante mais on n’est pas obligé d’y croire. Je reste optimiste quant à un sursaut de sagesse et de lucidité de la part du monde politique qui selon cette conclusion devrait craindre pour son avenir car à un moment ou à un autre les peuples se retourneront contre les politiciens. Mes lecteurs savent que je suis un fervent partisan de l’énergie nucléaire or Gail Tverberg ne mentionne jamais cette source d’énergie électrique dans son exposé. De mon point de vue un « grand reset » énergétique consisterait en une décision de dimension mondiale pour développer à une vitesse accélérée l’énergie nucléaire en privilégiant les « SMR », petits réacteurs nucléaires modulaires, adaptés aux réseaux d’électricité existants. Des organismes intergouvernementaux tels que l’IAEA pourraient voir étendre leurs missions pour contrôler le cycle du combustible ainsi que la sécurité des installations. Sans développement massif de l’énergie nucléaire l’humanité signe son arrêt de mort en se donnant les moyens d’éviter le scénario catastrophe de Ray Dalio (fig. 1) car l’énergie nucléaire est la seule alternative plausible d’autant plus qu’avec le développement attendu des réacteurs à neutrons rapides les réserves en uranium et thorium permettraient à l’humanité de vivre avec les standards de vie actuels pendant des dizaines de milliers d’années. La notion de « monde limité » (finite world) revêt alors une signification contestable.

 

8 réflexions au sujet de « Le grand « reset » basé sur l’énergie verte est voué à l’échec. »

  1. Je pense qu(il n’y aura pas de sursaut des politiques, au moins en Europe, car il y a belle lurette que l’ère des géants a été remplacée par celle des nains.
    Il me semble néanmoins possible que certaines nations, Chine, Inde, voire USA, parviennent à développer des réacteurs à fission plus efficients et à terme des réacteurs à fusion.
    Les écolos de tout poil oublient par ailleurs que la chimie de synthèse, qu’ils détestent, apporte de nombreux bienfaits(eg médicaments) et qu’elle n’existe pas sans les composés organiques contenus dans les produits fossiles.
    je crains un avenir bien sombre pour mes petits -enfants dans cet occident recroquevillé sur de faux problèmes.
    IMO

  2. J’ai l’impression que ce mot pompeux de « grand reset » n’est qu’un avatar pour masquer l’effondrement du monde occidental et son retour à l’âge de pierre, avec peut-être une belle guerre en prime.
    Les Russes et les Chinois s’en sortiront bien car la Russie a fait d’énormes progrès dans la construction de réacteurs PWR fiables, petits et grands, et maîtrise désormais la technique des réacteurs à neutrons rapides qui lui permettront de se débarrasser des déchets de fission du reste du parc.
    Tôt ou tard, la Russie transfèrera ces technologies à Chine, volontairement ou pas.
    Pour les autres peuples vivant dans la brousse ou la forêt vierge, le grand reset ne changera pas grand chose, c’est nous qui allons les rejoindre dans la mouise.
    Jean Claude

    • Pour le transfert de technologie vers la Chine du « breeder » russe c’est déjà fait ! Les USA sont d’ors et déjà largués et l’Europe se maintient artificiellement avec Flamanville et Hinkley Point C mais il n’y a aucun autre projet d’EPR en vue donc le savoir-faire va disparaître et que Macron ait vendu ou non Alstom à GE n’y changera rien les Chinois et les Russes sont parfaitement capables de construire des turbines. Dans 20 ans quand l’Europe sera au pied du mur elle fera appel à ces deux pays pour construire des centrales nucléaires.

      • Dans 20 ans il n’y aura plus d’Europe ni d’Européens, ils auront été exterminés avant 2030. Ce continent sera une vague annexe de l’Afrique et retournera comme elle à l’âge de pierre.

  3. Que pensez-vous des dernière annonces des médias ? : les énergies renouvelables ont dépassé les énergies fossiles. Les causes : c’est du au confinement, l’arrêt (presque) de l’économie, le grand ensoleillement, et pour l’éolien, le vent a été régulièrement présent. Les écolos pavoisent !

    • c’est génial non?
      bon la courbe de concentration de CO2 n’était pas informée, elle a continué son ascension imperturbablement,pas la moindre micro variation.
      Mon avis faudra mettre encore plus de renouvelable.
      Si, pure hypothèse, cela n’avait pas non plus d’influence, faudra arrêter de respirer

  4. Ce qui est inquiétant, c’est que ces glands ont signé l’arrêt futur de 14 réacteurs, sans qu’aucun EPR ne soit lancé.
    Macron va finir capitaine de pédalo pour de bon.

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