Au Myanmar le combat contre la malaria s’organise

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La Birmanie ou Myanmar défraye la chronique internationale en raison du conflit religieux et ethnique entre les Rohingyas musulmans et les bouddhistes. Ces Rohingyas sont indésirables tant au Myanmar qu’au Bangladesh et ce dernier pays a décidé de parquer quelques réfugiés dans une île isolée au large du delta du Gange. Mais le Myanmar est beaucoup moins connu pour son action sanitaire de grande ampleur et de longue haleine pour contenir la malaria. Ce pays couvert de forêt tropicale humide est totalement infesté de moustiques anophèles qui transmettent la malaria. Les villageois qui côtoient ces forêts constituent le réservoir du Plasmodium et la stratégie adoptée depuis plusieurs décennies pour sinon éradiquer du moins contenir la malaria est de réduire ce réservoir au niveau local, c’est-à-dire de réduire la population villageoise porteuse de plasmodium, et non pas d’utiliser massivement des insecticides pour éradiquer les moustiques, une mission impossible en pratique.

Cette stratégie consiste à entrainer des personnels pour dépister systématiquement les sujets infectés et d’une part les traiter avec des médicaments anti-malaria et d’autre part à traiter l’ensemble de la population du même village avec ces mêmes médicaments. Le principe est simple. Le cycle de reproduction sexuée du parasite à l’intérieur des glandes salivaires du moustique pour produire des sporozoïtes, la forme transmise par piqûre, est alors rompu si tous les habitants d’un village donné sont exempts de parasite à la suite de ces traitements médicamenteux.

Cette approche semble prometteuse puisque les résultats montrent que dans de nombreux villages, plus d’une cinquantaine, ayant servi de plateforme d’essai et de mise au point de cette stratégie les cas de malaria ont pratiquement disparu. Cette stratégie met à profit le fait que les moustiques ne parcourent jamais de très longues distances. Mais la vigilance reste de mise car l’éradication ne peut être vraiment atteinte que si le nombre de cas reste nul pendant plusieurs années. Il apparaît alors deux situations qui doivent être prises en compte. D’une part un manque de vigilance en cas de fièvre, il faut rapidement dépister la cause de la fièvre à l’aide du test sanguin et le dépistage est peu coûteux et simple à mettre en oeuvre. Si le sujet s’avère positif il doit être immédiatement traité et isolé afin d’éviter que des moustiques s’en approchent. D’autre part l’immunité des individus diminue puisqu’ils ne sont plus en contact avec le parasite et ils deviennent ainsi plus vulnérables à une nouvelle infection. La Fondation Bill & Melinda Gates est très impliquée dans ce programme d’éradication d’un nouveau genre mais les projections de cet organisme indiquant une possible éradication totale de la malaria à l’horizon 2030 paraissent optimistes. Il y a en effet d’autres maladies qu’il faudrait aussi prendre en considération et qui demanderaient les mêmes efforts comme la tuberculose et le HIV également endémiques au Myanmar.

Source : Bill & Melinda Gates Foundation

Note. Au sujet de l’immunité supposée protéger contre la malaria je voudrais mentionner ici mon cas personnel. Je souffre de la malaria (P. vivax) depuis maintenant 21 ans et si les crises, aujourd’hui, n’ont plus la même ampleur que les premières, celles-ci n’ont pas disparu, loin de là. Il me semble, mais ce n’est qu’une opinion personnelle, que parler d’immunité dans le cas du P. vivax paraît abusif sinon excessif.

Une réflexion au sujet de « Au Myanmar le combat contre la malaria s’organise »

  1. Il existe pourtant des immunités naturelles. Plus de 50 ans habitant dans des régions paludéennes (Casablanca et Zaïre) piqué des milliers de fois par des moustiques toutes mes analyses n’ont jamais rien détecté. Alors que mon entourage sans exception a eu des crises de malaria.

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