L’apparition de la vie sur Terre : l’autre hypothèse

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L’hypothèse évoquée dans un précédent billet appelée « panspermie » par les spécialistes exclut cependant qu’une forme de vie ait pu provenir d’une étoile éloignée du système solaire compte tenu des distances considérables séparant les étoiles les unes des autres dans cette région de la Galaxie où se trouve le Soleil. L’étoile Proxima Centauri se trouve à près de 42000 milliards de kilomètres du Soleil. La recherche très active de planètes dites « habitables » dans notre « région galactique » n’existe donc que pour satisfaire la curiosité des scientifiques et il est hautement improbable que l’humanité puisse établir, un jour, un contact avec d’autres créatures intelligentes extra-terrestres, ce qui ne signifie pas que la vie n’existe que sur la Terre.

L’autre hypothèse relative à l’apparition de la vie sur la Terre fait état d’un phénomène cataclysmique ayant eu lieu sur la Terre il y a 4,47 milliards d’années soit à peine plus de 60 millions d’années après que l’accrétion de divers débris ait eu pour résultat une boule de taille déjà confortable qui serait entrée en collision avec un objet de la taille de la Lune riche en fer et ayant créé par son impact la rotation de la Terre sur elle-même. Au sein de cette hypothèse il fallait qu’il existe déjà de l’eau sur la Terre car elle repose sur le fait que l’espèce de pluie de particules solides riches en fer qui dura peut-être des milliers d’années dissocia une partie de l’eau présente sur Terre pour former des dépôts bruns riches en oxydes de fer présents sur la presque totalité de la croute terrestre encore aujourd’hui. L’atmosphère devint alors réductrice au sens chimique du terme en raison de la présence d’hydrogène générée par la dissociation de l’eau par la pluie de particules de fer à haute température.

Selon ce scénario les conditions favorables à l’apparition de la vie auraient été réunies. De simples molécules organiques auraient conduit progressivement à des molécules plus complexes :

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L’idée que l’ARN fut la première structure chimique ayant favorisé la complexification de la chimie prébiotique provient de la découverte récente de propriétés catalytiques de certains petits ARNs. Dans la cellule vivante « moderne » l’ADN, les ARNs et les protéines jouent un rôle vital. L’ADN est le support de l’information, les ARNs transmettent cette information à la cellule et les protéines constituent la force de travail cellulaire. La production de chacun de ces trois éléments nécessite la participation des deux autres. Il paraît peu probable que ces trois éléments essentiels à la vie aient pu apparaître simultanément et il semble plausible que les candidats les plus anciens dans ce processus d’apparition de la vie soient les ARNs car ils peuvent à la fois stocker des informations et catalyser des réactions chimiques comme cela a d’ailleurs été découvert récemment dans les cellules modernes. À l’aide d’oxydes métalliques tels que le bore le formaldéhyde et le glycolaldéhyde se condensent pour former du ribose et les bases puriques et pyrimidiques se forment dans des conditions favorables comme les bords des sources d’eau chaude en présence de sels de nickel à partir de « prébiotiques » simples. On ne connaîtra jamais en détail la séquence d’apparition de ces diverses molécules organiques complexes : les protéines d’abord et les ARNs ensuite ou l’inverse.

Des observations récentes indiquent que les zones favorables à la formation de « soupe primordiale » étaient soumises à des cycles de pluies et de sécheresse et que l’activité volcanique probablement beaucoup plus intense qu’aujourd’hui répandait des quantités considérables d’oxydes de soufre qui combiné au formaldéhyde qui se forme spontanément à partir d’eau et de méthane sous rayonnement UV aurait conduit à des accumulations d’hydroxymethanesulfonate et dans des conditions hygrométriques favorables ce composé aurait alors permis l’apparition de glycolaldéhyde et aussi de glycéraldéhyde. Et pour les groupements phosphate ils étaient probablement aussi présents dans une Terre suffisamment refroidie pour que de l’eau liquide soit présente. Ce dernier point a été confirmé en analysant des inclusions de zircon dans les roches les plus anciennes de la planète situées dans les Jackson’s Hills en Australie (illustration).

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Tous les éléments étant réunis pour que des petits ARNs apparaissent, bien entendu dans des conditions favorables, le processus s’est alors accéléré. Le comportement des micro brins d’ARN a été étudié ces dernières années et presque magiquement ces brins de quelques bases arrivent à fusionner spontanément pour former des brins plus longs. L’un des spécialistes de ce genre d’étude, le Docteur Niles Lehman de la Portland State University, a déclaré : « si vous me donnez un brin d’ARN de 8 bases je vous donnerai la vie ! » En effet la présence d’amino-acides formés spontanément en présence de décharges électriques, par exemple au cours d’un orage, peut alors conduire grâce aux propriétés catalytiques de ces brins d’ARNs à des enchainements d’amino-acides et donc la formation de peptides.

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La confirmation des propriétés catalytiques des ARNs a été indirectement confirmée en étudiant la présence d’un ARN particulier au sein de la structure extrêmement complexe des ribosomes, ces énormes machines à synthétiser des protéines. Cet ARN est remarquablement conservé depuis l’apparition des archéobactéries comme celles retrouvées dans les stromatolites (première illustration), les premières formes de vie terrestre. L’hypothèse de l’impact sur la Terre par un objet céleste de la taille de la Lune a aussi été confirmée par les géologues qui se sont toujours demandé pourquoi la présence de platine était anormalement élevée dans la croute terrestre alors que ce métal aurait normalement plongé dans les profondeurs du magma liquide de la Terre au tout début de sa formation en raison de sa densité. Cette anomalie peut parfaitement s’expliquer en prenant en considération un tel impact. La « finalisation » de la Terre est donc intimement liée à l’apparition de la vie : il y a 4,53 milliards d’année, date de naissance de la Terre, il y a 4,51 milliards d’années, date de naissance de la Lune et il y a 4,47 milliards d’années, date de l’impact qui provoqua ensuite l’apparition de la vie en favorisant un environnement atmosphérique réducteur (au sens chimique du terme) et enfin apparition des premières formes de vie à peine plus de 500 millions d’années plus tard.

Source et illustrations, doi : 10.1126/science.aaw6068

19 réflexions au sujet de « L’apparition de la vie sur Terre : l’autre hypothèse »

  1. Génération spontanée, donc.

    Sinon, n’est t’il pas envisageable que la terre fut ensemencée par des « pluies de météores » dont l’age aurait permis le voyage jusqu’à la toute nouvelle planète qui est la notre ?

    Quand on voit les capacités des tardigrades, on peut penser que ce n’est pas impossible !

    Merci pour ce passionnant article

  2. L’hypothèse d’une origine extra-terrestre de la vie sur Terre (la théorie de la panspermie chère à feu Sir Francis Crick) est discutable et pas forcément exclusive dans le phénomène de l’apparition de la vie sur Terre. Certains chimistes de l’université de Strasbourg ont en effet réussi à démontrer que la seule tension superficielle des gouttes d’eau suffisait à fournir l’énergie nécessaire à certaines réaction d’organo-synthèse en leur sein, ce qui permet d’éviter le recours théorique à des sources de chaleur, de rayonnements et de catalyseurs (comme le platine ou le palladium) pour créer des molécules organiques nouvelles plus complexes. De plus, pour faire de la synthèse asymétrique, chose que la nature adore faire, l’action de substances comme les argiles est d’une aide précieuse. De proche en proche, on peut se rendre compte que la présence de composants rudimentaires comme l’eau, une source de carbone, d’azote , de phosphore et d’oxygène en milieu réducteur (hydrogène) peut suffire dans certaines conditions pour aboutir à des molécules autocatalytiques, et donc de proche en proche à une chimie prébiotique à base d’ARN puis d’ADN, jusqu’aux premiers organismes comme par exemple les cyanobactéries qui ont permis d’enrichir l’atmosphère en oxygène.
    Il me semble que c’est André Brack qui a dit quelque chose comme « la nature a mis plusieurs milliards d’années pour mettre au point la chimie de la vie…laissez-nous encore un peu de temps pour découvrir comment elle s’y est prise »…alors soyons encore un peu patients pour découvrir le fil d’Ariane de la vie, et souhaitons bonne chance à l’Université d’Orléans qui est très active dans cette quête du Graal. Si cela se confirme, cela voudra dire que la vie est un phénomène standard dans tout l’univers. L’exobiologie aura alors droit enfin à ses premières lettres de noblesse.

    • PS : après une conférence à la cité des sciences et de l’industrie de La Villette, j’ai demandé à une astrophysicienne ce qu’elle pensait de la possibilité de l’existence de la vie dans l’univers. Sa réponse fut simple : « il faut compter une planète habitable en moyenne par soleil, sachant que rien que pour la Voie Lactée, on compte 200 milliards d’étoiles, et que le nombre de galaxies dans l’univers est également de 200 milliards. La conclusion est évidente, mais je n’ai pas le droit de vous dire officiellement que la vie extraterrestre est une certitude au sens statistique du terme ». Inutile donc de faire chauffer l’équation de Drake pour comprendre que « the whole universe is probably teeming with life ». Ajoutons à cela que des micro-organismes sont capables de résister aux rayons cosmiques, que l’ADN est relativement stable dans des conditions extrêmes, et que nous découvrons de jour en jour de nouvelles exoplanètes semblables à la Terre.
      J’ai d’ailleurs lu hier que le système Trappist-1 qui ne se trouve qu’à 40 années-lumière de nous, possède 7 planètes rocheuses d’une taille comparable à notre Terre; elles sont situées dans la zone habitable de leur étoile (une naine rouge, de type spectral M) dont une (la planète G) possède une atmosphère « évoluée » [https://www.space.com/43093-trappist-1-largest-exoplanet-evolving-atmosphere.html].
      Passionnant tout ça 🙂 .

      • une planète habitable par soleil ? encore faut-il qu’elle soit habitable 4 000 000 000 d’années sans interruption pour produire une vie intelligente…

      • L’univers est supposé être âgé d’environ 14 milliards d’années (13,799 ± 0,021 pour être plus précis). Donc, 4 milliards d’années (âge de la Terre = 4.54 milliards d’années) font de la Terre une planète jeune dans un système solaire jeune qui a connu pas mal de chaos (les débris résultants d’impacts, et contenus dans nos 2 ceintures d’astéroïdes sont là pour nous le rappeler).
        Malgré plusieurs extinctions, le vivant a toujours fini par triompher et nous sommes là pour témoigner de l’existence et de la pérennité d’une vie intelligente. Imaginez maintenant une planète plus ancienne dans un environnement moins tumultueux et vous aurez une civilisation qui aurait au minimum 1 milliard d’années d’avance sur nous. L’estimation que j’ai fournie au-dessus est celle d’une astrophysicienne française (1 planète habitable en moyenne par soleil). Des chercheurs canadiens avancent le chiffre de 15 milliards d’exoplanètes habitables identiques à la Terre juste dans notre voie lactée. Ce ne sont que le fruit de calculs de probabilités. Ce qui nous intéresse, ce sont les ordres de grandeurs. Ajoutons également que le nombre de galaxies dans l’univers visible n’est plus de 200 milliards comme le pensaient les astrophysiciens il y a seulement 5 ans mais selon des statistiques récentes liées à Hubble, ce nombre doit être multiplié par un nombre compris entre 10 et 100 (1). Cela devrait être confirmé dans les années qui viennent avec les futurs télescopes en orbite. Ca fait du monde tout ça. Dans l’équation de Drake, il y a un facteur important qu’il ne faut pas négliger, c’est la capacité d’une civilisation à ne pas s’autodétruire, avec des armes nucléaires par exemple. Ce facteur est à mon sens plus important que les événements de type impacts d’astéroïdes pour permettre à une civilisation d’atteinte le chiffre 2 dans l’échelle de Kardachev. Nous en sommes à 0.7 selon le physicien américain Michio Kaku.

        (1) : Les choses sont un poil plus compliquées et les derniers chiffres sont les suivants :
        Superamas dans l’univers visible = 10 millions
        Amas de galaxies dans l’univers visible = 25 milliards
        Grandes galaxies de l’univers visible = 350 000 000 000
        Galaxies naines de l’univers visible = 7000 000 000 000
        Étoiles dans l’univers visible = 3.10²²

      • @Camembert Electrique: Si on joue avec l’infini, un groupe de singes pourrait rédiger tous les livres parues…
        Je suis étonné que cette astrophysicienne ne relativise ses chiffres par la durée de vide des étoiles, ou la position de ces dites 200 milliards d’étoiles dans la Voie Lactée, justement plutôt en son centre, donc dans des conditions extrêmement changeantes. Des étoiles qui se rapprochent et valdinguent leurs planètes dans des orbites différentes ou qui explosent et arrosent leur alentours de radiations, sont des phénomènes fréquents dans les zones denses.
        Ensuite, il faut distinguer la vie basique, avec un organisme d’ordre supérieur et intelligent. Les grandes extensions n’ont fait que réduire les espaces de vie : les trapps du Deccan ou de Sibérie, ce n’est pas la surface entière de la Terre, la Terre boule de glace n’a pas asséché les océans, et les quelques météorites n’ont eu qu’un impact limité à un continent. Et si l’Amazonie devenait un désert sec, il resterait habitable. Soit assez peu dures pour les premières, mais très difficiles pour les secondes.

        Je ne suis pas absolutiste, je pose simplement une mesure et un gros doute sur une civilisation avancée sur une planète d’une étoile à 2 doigts d’un trou noir gigantesque.
        Dire qu’il y a forcément une planète dans la zone dite habitable (eau liquide) autour d’une planète n’est pas équivalent à voir aboutir 200 000 000 000 de civilisations passées, présentes ou futures dans notre galaxie.

      • @amike : en l’absence d’informations scientifiques complémentaires tangibles, ce débat de savoir où sont les E.T. (paradoxe de Fermi) procède de la statistique et de la croyance personnelle. En ce qui me concerne, comme j’ai eu la chance de voir plusieurs fois des ovnis (ce n’était absolument pas des hallucinations visuelles, faites-moi confiance), la question qui se pose n’est plus de savoir s’il existe des civilisations avancées mais à quoi elles ressemblent et quels sont leurs systèmes de valeurs.
        Si par un hasard extraordinaire il m’arrivait d’avoir la chance de croiser de près des E.T. en chair et en os, j’organise une pizza-bière party et je vous invite 🙂

      • Camembert Electrique apprécie les facéties de albundy17 et lui balance une croquette au saumon pour le récompenser.

      • Suis pas étonné, quand on se pense sorti de la cuisse de Jupiter y’a plus de limites macronesques.

        J’ai toujours trouvé très rigolos les gens voyant des aliens venant surveiller notre planète, mais ki vont intervenir si on fait des bêtises, hein ^^ (ils sont sur la face cachée de la lune, pour les interventions rapides)

        J’avoue ne pas en avoir rencontré depuis un moment, vous êtes sans doute libre pour un dîner ?

      • Camembert Electrique envoie une seconde croquette de saumon à albundy17. Camembert Electrique se demande cependant s’il ne devrait pas envoyer une cacahuète, un objet alimentaire très apprécié sur la planète Terre, le sujet albunty17 semblant présenter une évolution remarquable de son intelligence proche de celle de quelques primates terrestres appréciant ce genre de récompenses. Camembert Electrique note ces observations sur sa nano-tablette et envoie l’ensemble de ses données dans l’hyper-espace en direction de sa planète d’origine.

  3. De retour d’une soirée foot PSG-Lyon bières pizzas, je me suis demandé comment on pouvait décrire la vie à partir de pas grand chose (par analogie au big-bang où tout n’était qu’information et énergie). Voici le résultat de mes réflexions…je ne suis pas sûr qu’elles soient comprises, mais ça ne mange pas de pain de les partager. Attention, c’est très condensé.
    « Titre : La vie, c’est de l’information fractale.
    Résumé : L’information se stocke, se transporte, se transforme et à nouveau se stocke puis se transporte et se transforme encore. Cette spirale produit de façon prismatique une complexité selon le principe de la fractalité (un programme informatique tout bête qui crée de la complexité à partir d’un motif de départ tout simple). L’information se reproduit et se complexifie donc. Son support paraît être l’énergie. Cette dernière produit des particules élémentaires à l’origine de la chimie. Les atomes et puis les molécules sont le vecteur physique d’une information d’origine. Plus celles-ci vont interagir pour stocker et transmettre l’information initiale, plus la vie sera évoluée. La fractalité est donc un programme qui pilote l’évolution. Le degré minimal de la complexité critique sera appelé la conscience primitive, l’information de base devenant à même d’être autonome, donc de réaliser qu’elle existe. C’est ainsi devenu un programme autonome, alors à même de piloter son existence. La réalisation de son existence va engendrer l’impératif de sa protection, de sa pérennité et donc de sa reproduction. Cette conscience appliquée à une organisation moléculaire complexe s’appelle la vie ».
    C’est loin d’être parfait, mais je pense qu’il y a un fil de réflexion intéressant qui sous-tend ma conviction personnelle que la vie est un phénomène universel dans l’univers.

  4. Pour alimenter cette réflexion, j’y mettrai quelques « informations » complémentaires et non exhaustives :
    – une itération fractale n’est pas vraiment ce qu’on appelle une source de vie du fait qu’elle fasse circuler ou engendre de l’information ; les cristaux s’assemblent selon des mailles qui pourraient être définies par ces modules répétitifs. Il y a expansion de la dite information selon des séries qui autorisent à parler de niveau d’organisation car à un moment de la progression il y aura similitude formelle à un degré N+1. Ceci induit un passage par une autre forme avant de revenir à celle antérieurement définie.
    – Le processus de complexification de la vie nous fait constater que le tout est supérieur à la somme des parties quant aux propriétés développées ce qui ne correspond pas aux propriétés des fractales (même si certains parlent « d’échelles » en biologie comme en économie) ; mais inversement les parties rendent compte de propriétés qui ne sont pas exprimées au niveau du tout et qui réalisent des fonctions autonomes. Ceci nous amène à considérer la relation de la partie au tout et l’aspect hautement symbiotique de la vie.
    – N’oublions pas qu’un des apports de l’autopoïèse est de mettre en relief le fait de maintenir son organisation en plus de le reproduire : une machinerie de propagation de l’information par processus autocatalytique c’est bien, une enveloppe lipidique pour la maintenir en tant qu’unité autonome c’est mieux et un système de réparation de cette unité devient une identité dudit niveau d’organisation appelé cellule -brique unitaire du vivant.
    – Nous avons affaire dans une cellule à une symbiose entre un facteur d’expansion et une enceinte de limitation spatiale (et cette enveloppe lipidique n’est pas si simple cf. Oparine de mémoire) : il y a interaction entre une pression extérieure et un intérieur qui demande une source d’énergie dans votre appellation pour continuer sa croissance et une membrane dont la fonction est de ne pas éclater dans cette contre pression interne . Ces deux systèmes en soi s’accordent et vont donner lieu au phénomène de la reproduction. Celle-ci apparaît alors comme une émergence de propriété d’un tout dont chacune des parties (fonction catalytique et fonction membranaire de contenant) assurent un rôle divergeant pour aboutir à la reproduction d’un « même » selon le MEME niveau d’organisation. Pour dire que ce n’est pas à un niveau N+1 d’ordre de grandeur,mais qu’un chat donne un autre chat et pas 2 chat en 1 !
    – Il s’agit ici de conservation des espèces et comme disait Pierre-Paul Grassé, avant de parler d’évolution il faudrait se pencher sur les espèces panchronique pour comprendre l’étonnante stabilité du vivant. La conservation de l’information malgré les variations de l’environnement rend compte de cette capacité autopoïètique.
    – Par ce regard en recul, le rapport contenu/contenant s’apparente au rapport dualiste information/énergie ou encore celui du fond et de la forme – comme celui de l’inconscient et du conscient ou encore d’un système nerveux central / système nerveux végétatif, etc. La question de la vie n’est pas réductible à une approche physique dite informationnelle où les grands savants du Big bang vont essayer de faire intervertir l’énergie (notion abstraite de rapport de forces bien déterminés eux) en information (dont le concept devient tout aussi abstrait) pour faire passer la singularité d’un commencement sans espace et sans temps – du coup et d’un coup !
    – La vie se doit d’être prise en compte selon un regard qui dépasse ces compartimentations que donne l’homme dans sa vision particulaire. La philosophie nous fait réfléchir et prendre conscience de ces circulations qui existent d’un système à un autre par établissement de relations qui nous poussent à envisager un tout qui nous dépasse (déjà dès la caverne de Platon jusque Deleuze qui nous pousse dans son rhizome). Mais restons humble et sachons que nous ne parlons que de vivant et bien malin qui pourrait parler de la Vie, même ceux qui soi-disant revienne de la mort (EMI) lol.

    • A chaud, quelques réflexions en retour :
      – les ruptures de symétries engendrent souvent au niveau physique des forces motrices; ainsi, les membranes dont la fonction primaire est de compartimenter des contenus, provoquent des différences de potentiels chimiques et électriques, à l’origine de champs électriques de haute intensité; les membranes sont des filtres sélectifs et à ce titre participent aux échanges d’informations de la cellule avec son milieu extérieur; on est dans une problématique information/énergie avec les membranes;
      – l’eau elle-même (et aussi d’autres molécules de signalisation) peut être considérée dans la cellule non pas comme un simple solvant mais également comme un réseau d’aimants permanents susceptibles de servir de support à de la transmission de vibrations électro-magnétiques, et donc de servir de « bus » de la carte-mère cytoplasmique; on est dans le transport de l’information; le couple ADN/ARN est le disque dur et le microprocesseur de la cellule qui peut être vue comme une machine à stocker et traiter de l’information; on sait que ce couple contient des programmes subtils susceptibles de réagir aux informations externes et de jouer un rôle actif dans l’évolution vers un degré de complexité supérieur (fractalité : faire du complexe à partir du simple);
      – c’est quand on considère d’autopoïèse que la fractalité trouve en effet ses limites, surtout quand on considère la méïose qui consiste à marier les différences pour évoluer.

      • Merci pour cette précision sur votre approche.
        En 1, sur la notion de différence de potentiel qu’engendre la membrane cellulaire (active par la pompe à sodium) et son rôle de filtre (par ses ouvertures dimensionnées dans la double paroi) et on pourrait rajouter d’identifiant par les différents sucres et protéines qui en font une sorte de donjon de surveillance (lol), nous observons un rôle complexe (au sens du nombre d’interactions) entre le milieu intérieur et extérieur. Ces fonctions spécialisés nécessite une forte consommation d’énergie pour garantir son fonctionnement. La machinerie ATP des mitochondries s’en charge et par ce biais nous relevons une symbiose supplémentaire dans le mécanisme d’évolution d’une cellule vivante. Qui dit symbiose dit aménagement de 2 formes (au sens large) en associations qui de par vont développer de nouvelles relations : d’où synergie potentielle. La rupture de symétrie est alors une conséquence de cette nouvelle organisation. Les formes deviennent en elle-même source d’information de par leur dynamique associative. In-formation, d »-formation, trans-formation montrent par ce langage que la forme est elle-me contenu et contenant de sens. Un sens qui prend une orientation dès le départ car les formes chimiques dans le vivant utilisent un spectre de déviation de la lumière qui est lévogyres pour les protéines et dextrogyre pour les glucides, par exemple.
        En 2 et par l’exemple de l’eau qui n’est plus considérée comme simple support d’une information détenue par les éléments chimiques qui règnent au sein de la cellule, nous avons une fois encore le principe de la « mise en forme » de l’eau (polymérisation des tétraèdres H2O) qui soutiendra activement les échanges ioniques entre les macromolécules de structures (auxquelles il faudra bien entendu rajouter toutes les fonctions des enzymes et autres catalyseurs pour faire ces synthèses chimiques à « basses » énergies). Ainsi, si la machinerie protéinique se sert du couple ADN/ARNm, la succession des formes qui assure cette dissymétrie prend en compte un ARN ribosomique et de transfert. On y remarque un découplage tripartite d’une molécule autocatalytique ce qui tendrait à montrer qu’un couple structurel se décompose en 3 fonctions. D’une manière plus générale nous pourrions y remarquer des symétries réflexive, commutative et transitive pour reprendre une terminologie de la théorie des groupes.
        In fine, l’apport de la théorie des ensembles (cf. von Neumann) nous rapprocherais de la physique nucléaire sous l’angle des symétries dont notre univers physique s’est démarqué en CPT (gros mot pour désigner la Charge, la Parité et le ….Temps !). Rupture de symétrie énergétique, spatiale et …temporelle ! Ca nous rappelle pas l’évolution ça ?Du quantique dans le macro …. ?
        Qui a dit qu’on pouvait expliquer les changements biologiques rien que par du hasard et de la sélection ? Je laisse tout à chacun un fil d’Ariane pour revenir de nos rêves sur Terre 😉

      • Excellente analyse…bien vu (le soi et le non-soi avec les motifs antigéniques de surface membranaire, la symétrie CPT et la théorie des ensembles).
        Merci 🙂

      • PS : Sur les 3 fonctions ARN : ARMm de l’ordre du réflexif car représentant fidèle de la mémoire ADN spécifique de l’organisme ; ARNr machinerie de lecture transcription ou de commutation entre ARMm et ARNt (symbolisé par une double unité) ; ARNt comme unité de transport ou plus précisément de transition sur un autre niveau d’organisation qui relie bien l’ADN à une protéine via un ARN.

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