Où les études sur le climat et le monde de la finance se rejoignent : mais pas où on le croirait !

Le 7 novembre 2018 j’avais laissé un billet sur ce blog qui précisait qu’à l’avenir il faudrait non pas se préparer à un réchauffement général du climat mais au contraire à un refroidissement de celui-ci, billet qui avait suscité une cinquantaine de commentaires, ce qui prouve bien que cette affaire de climat préoccupe tous les esprits. Tiraillée en effet entre la propagande officielle et le rappel au réalisme scientifique des spécialistes de cette discipline qu’est la climatologie, je le rappelle une science du passé puisque le climat futur, par définition, n’existe pas encore, l’opinion peine à trouver un repère. Dans ce billet du 7 novembre dernier (lien) les projections que faisait l’auteur auquel je me référais, Norman Page, puisque je ne suis pas du tout spécialiste de cette discipline (la dernière figure de ce billet), m’avaient paru, je dois l’avouer, surprenantes d’exactitude.

Je viens de trouver l’explication de ces prévisions qui émane d’une étude réalisée par un groupe de mathématiciens associés à des météorologistes de l’Université Zhejiang de Hangzhou en Chine. Ils ont appliqué les calculs dits K-line patterns (lien) sur les données climatiques relatives aux températures globales de la surface de la Terre (GLST, global land surface temperatures) telles qu’elles ont été observées depuis 1880. Les calculs prédictifs K-line sont utilisés par les économistes des salles de marché pour prédire l’évolution des cours des valeurs cotées. Il s’agit de fonctions mathématiques reconnaissant et modélisant des évolutions de données brutes pouvant être décrites par des polynômes de fonctions sinusoïdales :

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La modélisation est affinée par le calcul automatique afin de correspondre au mieux aux données expérimentales connues (donc du passé) pour être ensuite appliquées à un futur proche voire plus lointain. Ce type d’approche est bien connu de ceux que le grand public appelle des « traders » car il est inclus dans les algorithmes de prises de décisions qu’ils utilisent quotidiennement à la micro-seconde près pour intervenir sur les marchés. Si j’ai bien compris l’intérêt des K-line patterns l’ordinateur est capable d’ajuster ses calculs en essayant d’adapter puis de modifier en temps réel les paramètres de ces polynômes de calculs de simulation. C’est peut-être ce que l’on appelle l’ « intelligence artificielle » appliquée par l’industrie de la finance puisque la machine « apprend » à affiner ses calculs. En réalité il s’agit d’une perception anthropomorphique du travail de l’ordinateur qui ne peut calculer qu’en utilisant ce dont il dispose et qu’un développeur a introduit dans sa mémoire, ce que l’on appelle pompeusement le « machine learning ».

Les calculs ayant permis de déterminer le polynôme décrivant au mieux la réalité des observations des températures passées a fait appel au filtrage de 15295 fonctions périodiques pour atteindre un coefficient de corrélation de 0,903 ce qui est satisfaisant en regard de la forêt de points expérimentaux utilisés dans cette étude.

Voici le type de fonction numérique utilisée dans ces calculs d’analyse des données brutes de GLST :

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Les mathématiciens de l’Université Zhejiang ont retrouvé les prédictions mentionnées par Norman Page et il est intéressant de commenter le graphique produit par cette équipe avec quelques différences (voir l’illustration en fin de billet) :

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La modélisation ayant été satisfaisante pour les données passées, le modèle a donc été appliqué « vers le futur » exactement comme les spécialistes des marchés financiers le font quotidiennement.

Les températures moyennes de la surface de la Terre vont brutalement chuter mais cette chute va évoluer par vagues jusqu’en 2040, le temps pour les habitants de l’hémisphère nord de s’adapter, en quelque sorte. Ensuite la spéculation reste de mise car nul ne peut prévoir très exactement ce qui se passera au niveau « régional ». Le continent nord-américain qui n’est pas sous l’influence du Gulf Stream subit depuis plusieurs années des hivers particulièrement rigoureux. L’Europe, année après année, endure des hivers que l’homme de la rue qualifie de « pourris » qui vont donc, selon ce modèle, devenir de plus en plus froids mais avec modération car l’inertie thermique de l’Océan Atlantique amortira encore quelque temps cette tendance. Mais pour les Chinois la situation est plus préoccupante car le climat est directement dépendant des oscillations des températures de surface de l’Océan Pacifique.

La modélisation appliquée aux températures passées a été également élargie aux variations de température de surface de cet océan en particulier dans la zone inter-tropicale où apparaît le phénomène El Nino qui affecte temporairement l’ensemble des conditions météorologiques de la planète. L’application de l’analyse mathématique K-line a été appliquée aux phénomènes El Nino passés et elle a mis en évidence un paramètre peu connu de stabilisation du climat par ce que cette équipe a appelé l’ « ocean stabilization machine » qui n’a pas été incluse dans les prédictions issues du calcul K-line.

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On peut donc rester raisonnablement optimiste car la situation climatique ne changera pas brutalement en raison de l’inertie thermique des océans. Il reste néanmoins à préciser le rôle direct sur le climat des circulations océaniques qui est encore très largement méconnu. Pour l’Océan Atlantique nord il existe des oscillations dont la période est d’environ 60 ans mais dans l’ensemble ce rôle direct des océans sur l’évolution à long terme du climat constitue une discipline à part entière dans la science du climat elle-même très complexe.

Source et illustrations, doi : 10.4236/acs.2019.91009

https://www.hindawi.com/journals/mpe/2017/3096917/ et sur ce blog : https://jacqueshenry.wordpress.com/2018/11/07/le-refroidissement-a-venir-precisions-climatiques-precises-a-lusage-des-decideurs-politiques/

16 réflexions au sujet de « Où les études sur le climat et le monde de la finance se rejoignent : mais pas où on le croirait ! »

  1. La bonne grosse blague !!!
    En premier lieu, ces auteurs NE DONNE PAS accès aux données qu’ils utilisent. C’est le genre de détail absolument rédhibitoire qui discrédite le sérieux du papier. Depuis que les Courtillot, Le Mouel et al. (et d’autres) se sont fait taper sur les doigts à ce propos, ils prennent grand soin de fournir les liens (et les versions) des données utilisées. Sans cette précaution il est impossible de refaire les manips donc c’est directement poubelle.

    Puisque JacquesHenry vous vous posez en grand scientifique, je doute fort que dans vos cours de stat niveau maternel on vous ait appris qu’un polynôme de degré 19 avait un quelconque pouvoir prédictif.

    Enfin, si l’on fait confiance à nos amis chinois, les températures devraient baisser depuis 2010. Il est facile de comparer leurs prédictions à la réalité : depuis 2010 ça continue de monter.

    Aller. Courage. Ne lachez rien. Ca finira bien par redescendre un jour ou l’autre.

    • je ne vois où cela continue de monter…. heureusement qu’il y a eu un très fort el nino en 2015-2016 sinon cela risquerait d’être encore plus dramatique pour vous…

      • Toujours les mêmes courbes en crosse de Hockey pipeautées provenant de l’organisation « Berkeley Earth » qui ne compte parmi ses membres aucun climatologue évidemment et qui continue de faire des écarts de moyennes de températures sans aucune signification physique à partir de sources privées (Hadley etc.). Le tout relayé par un charlot qui se la pète en maths et qui ne sait même pas écrire en bon français. Bref, c’est direct poubelle pour moi et infiniment moins sérieux que les méthodes d’analyses prédictives intéressantes du billet du jour de Jacques Henry.

    • A propos de la fourniture de données, vous pensiez sas doute à Michael Mann « le hockeyeur », qui a longtemps refusé de donner les siennes, même après un jugement (DOI) ?
      Un seul point où je suis d’accord avec vous, c’est qu’en matière de « climat », et plus précisément de température (qui n’est qu’un aspect de la question), les prévisions, quels qu’en soient les « sens » oscillent entre la boule de cristal et les jeux Nintendo; Du coup sur les centaines de modèles « prédictifs », avec un peu de chance on en trouvera un ou deux de « correct », et on s’apercevra (c’est une simple supposition qui n’engage que moi) qu’ils tombent « juste », alors qu’un certains nombre de variables retenues ne sont pas (plus) les bonnes.

      • @Jacques Henry : c’est une attaque personnelle peu fair-play, assortie d’un commentaire laconique invérifiable consistant surtout à inflater l’égo de celui qui l’écrit…si son auteur a des commentaires pertinents à faire sur la méthode de calcul numérique développée par les auteurs (Yanjun Mao, Jiqing Tan, Bomin Chen et Huiyi Fan), il n’a qu’à leur en faire part directement. Cela devrait les amuser de constater qu’il a utilisé la fonction périodique globale utile pour identifier des motifs sous-jacents historiques (de 1880 à 2013) pour faire un calcul prédictif du futur (2014 à 2146), dans le seul but de calculer un historique antérieur à 1880 sans déterminer la nouvelle fonction périodique nécessaire pour le faire dans l’autre sens et sans les calculs nécessaires de corrélations. Le comble de la vantardise consistant à prétendre l’avoir fait sans avoir la base de données de températures GLST (données mensuelles d’indice d’anomalie de la température de surface du sol ) de 1880 à 2013, et ce à l’aide d’un simple tableur.
        Bonjour la rigueur et la modestie… LOL.

    • N’en déplaise à Camembert, et conformément à ce qu’en disent les auteurs dans leur article, le polynome est utilisable de moins l’infini à plus l’infini. Pour ma part, j’aurais aimé voir comment il se comporte sur les derniers 800 000 ans.
      Quand je pense que la plupart des climato-sceptiques considèrent les modèles climatiques comme nuls …

  2. La presse américaine commence à relayer certaines analyses de la NASA qui parle de refroidissement climatique en cours : https://www.zerohedge.com/news/2019-01-29/amidst-global-warming-hysteria-nasa-scientists-expect-global-cooling
    La lecture de ce papier de synthèse grand public est intéressante, je pense notamment aux résultats du radiomètre SABER embarqué à bord du satellite TIMED (Thermosphere Ionosphere Energy and Dynamics).
    Voici la traduction de propos rapportés en octobre dernier : « Mlynczak et ses collègues ont créé le Thermosphere Climate Index (TCI), qui mesure la quantité de NO rejetée par la thermosphère dans l’espace. Pendant Solar Maximum, le nombre de TCI est très élevé. En période de minimum solaire, le TCI est faible.
    « Pour le moment, le TCI est vraiment très faible », a déclaré Mlynczak. « SABER mesure actuellement 33 milliards de watts d’énergie infrarouge de NO. C’est dix fois moins que ce que nous voyons au cours de phases plus actives du cycle solaire ».
    Au vu des températures glaciales mesurées en Amérique du Nord, on est peut-être arrivé au début d’un cycle de refroidissement. A suivre donc.

    • J’ai lu l’article hier (je suis un lecteur de ZeroHedge quotidien et je pense que Donald Trump a probablement été informé par les diverses administrations américaines, dont la CIA, pour décider de dénoncer l’accord sur le climat de Paris. Ceci pourrait expliquer pourquoi les USA veulent organiser la main-mise sur les ressources pétrolières mondiales en vue d’un refroidissement généralisé du climat (sauf dans la zone inter-tropicale). En dehors de quelques billets de mon blog qui sont souvent anecdotique, j’essaie de prendre un peu de recul et je constate que la tendance vers un constat de l’imposture d’Al Gore et de James Hansen se précise. Il se trouve qu’en France, paradoxalement, ce sont les « gilets jaunes » qui ont pris conscience de cette imposture à propos de la taxe sur le diesel. Malheureusement leur mouvement a dévié de sa revendication première et c’est bien regrettable car comme je le fais sur mon blog il faut se battre contre cette intoxication internationale à propos du réchauffement du climat qui au contraire se refroidit : voir les prochains billets de ce blog …

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