Souvenirs, souvenirs …

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Au printemps de l’année 1984, je suis arrivé depuis Paris à l’aéroport de San Francisco, j’ai loué une Chevrolet de grosse cylindrée pour me rendre par la route à Sacramento, capitale de l’Etat de Californie. J’avais un rendez-vous très spécial car il s’agissait de vendre le TGV français à la Californie pour établir une liaison grande vitesse entre San Francisco et Los Angeles avec une subséquente prolongation vers San Diego.

La société Alsthom qui ne m’avait pas officiellement mandaté pour cette tentative de marketing était plutôt réticente et ne connaissait absolument rien du tout aux possibles développements de la technologie unique au monde de son TGV dont la particularité par rapport au Shinkansen japonais, un autre train à grande vitesse qui existait déjà et qui a largement fait depuis ses preuves de fiabilité, est la conception des bogies solidaires des deux voitures adjacentes munies d’amortisseurs pneumatiques.

J’avais avec moi un dossier technique détaillé que m’avait été confié avec un certain dédain par la direction d’Alsthom qui ne croyait pas un mot en la véracité de ma démarche.

Dans les affaires, si on ne tente rien il vaut mieux rester chez soi. Les représentants du gouvernement californien me reçurent poliment et ne cachèrent pas leur admiration pour la technologie ferroviaire française mais ma visite et les négociations qui s’en suivirent furent sans suite. Je n’invente rien, je ne suis pas un mythomane, j’étais bien mandaté pour tenter de vendre les technologies françaises de pointe et pas seulement dans le domaine ferroviaire mais également dans le domaine du nucléaire civil.

Bref, ce n’est pas vraiment l’Etat de Californie qui freina des quatre fers mais plutôt Alsthom. Jamais ils n’ont cru que ma démarche pourrait déboucher sur un marché très juteux pour l’industrie française, pour eux le marché américain n’existait pas, tout simplement, car les Américains se déplacent en avion ou en voiture, point barre. Alsthom n’a jamais tenté par la suite de pénétrer le marché américain car l’inertie de cette entreprise dans ses prises de décision était notoire pour ne pas dire déplorable.

Plus de 30 ans plus tard, je viens d’apprendre que, selon une dépêche d’agence AWP, la compagnie AmTrack, l’équivalent de la SNCF, vient de commander des rames de TGV à Alsthom, sensiblement identiques à ceux qui circulaient entre Paris et Lyon à l’époque où je tentais d’en vendre aux Californiens mais cette fois sur la côte est pour relier Boston à Washington sur une distance de 730 km. La ligne à grande vitesse est en construction et, ironie de l’actualité, une ligne à grande vitesse est également en construction entre San Francisco et LA.

Dépêche d’AWP du 26.08.2016 à 22H06 (illustration SNCF)

7 réflexions au sujet de « Souvenirs, souvenirs … »

  1. Ping : Quand Alstom a raté sa vente du TGV aux États-Unis | Contrepoints

  2. Inutile.
    Si vraiment il y avait moyen depuis 30 ans, vous n auriez pas pu insister un peu? À mon avis vous n avez plus de doute sur le destin… Au service d un politique, d un vendeur d arme? Excusez l expression mais dans le langage courant actuel on appelle ça un article putaclic.
    Bravo vous auriez pu le vendre mais vous avez échoué… Merci quand meme

  3. Cela confirme qu’il ne faut pas avoir raison trop tôt ! Mais d’un autre côté mieux vaut tard que jamais ! On a toujours un proverbe à notre disposition.

  4. Et pourquoi n’avez-vous pris le train entre St Francisque et Sacrement ?
    Il me semble qu’il y a 30 ans existaient encor des transports ferrés entre ces 2 villes !
    De plus, n’auriez-vous pu vendre les autres produits Alsthom tels des trains plus ordinaires, de banlieue ou régionaux voire des trams puisqu’à l’époque le courageux maire de St Diègue y rétablissait 1 itinéraire avec semble t-il du matériel Allemand ?

    • Je pense que vous ne connaissez pas la configuration de la baie de San Francisco. Peut-être aurais-je pu aller en taxi à San Jose et trouver un hypothétique train pour Sacramento. De toutes les façons j’étais assez bousculé dans mon programme car je repartais le lendemain pour Birmingham dans l’Alabama tenter de vendre une autre technologie française … Pour les curieux j’avais loué une Chevrolet Corvette.

      • Ce n’était reproche mais juste interrogation de pure curiosité ;
        Je ne suis assez riche pour avoir pu me rendre aux EU y observer la baie de St François le Pacifique, mon atlas date de 1968, l’an de ma conception et les plans de ville disponibles de nos jours sont – hélas – trop routiers : Je ne puis connaître donc l’état du réseau ferré Américain !
        Ce qui appert bien triste est la fuite en avant déraisonnable vers la vitesse …

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