La mortalité des abeilles : un lointain souvenir ?

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J’ai écrit dans ce blog plusieurs billets sur les malheurs des abeilles depuis le 16 janvier 2013 et l’inquiétante mortalité des colonies. Vous pouvez retrouver tous ces billets en effectuant une recherche avec l’onglet situé en haut et à droite de la page. Le dernier en date relate les « zombees » parasitées par une minuscule mouche qui pond un oeuf dans l’abdomen de l’abeille avec un ovipositeur spécialisé. L’une des conclusions qu’on pouvait entrevoir de la volumineuse presse scientifique au sujet du mal des colonies d’abeilles est qu’il s’agit d’un phénomène multifactoriel, les pesticides n’étant que l’un de ces facteurs. Depuis deux ans les néonicotinoïdes, accusés de décimer les ruchers, ont été interdits en Europe et aux dernières nouvelles il n’y a pas eu d’amélioration notable de l’état sanitaire des ruches. Devant ces observations déroutantes certaines personnes ont eu l’audace d’incriminer le changement du climat comme une des causes de la mortalité des abeilles.

Mais que se passe-t-il aux USA ? Sans qu’aucune restriction n’ait été imposée au sujet de l’utilisation de pesticides, en particulier les néonicotinoïdes, depuis 2006 le nombre de ruches n’a cessé d’augmenter, passant d’un plus bas de 2,4 millions à maintenant 2,7 millions de ruches dûment répertoriées. On est encore loin des 3,7 millions de la fin des années 80 mais la tendance est au repeuplement. C’est un peu un pavé dans la mare des alarmistes qui revendiquent haut et fort un monde sans produits chimiques et un retour à la nature primordiale telle qu’en rêvait Rousseau, pas le douanier mais l’exécrable pseudo-philosophe dont l’idéologie est encore encensée par les néo-écologistes. Et ce pavé a été lancé par le Washington Post non pas hier matin mais le 23 juillet dernier. Naturellement l’information a été soigneusement occultée, en particulier en Europe, sur ordre des gouvernements et de la Commission Européenne pourris de l’intérieur par les mouvements écologistes.

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Certes le Washington Post n’a pas pour réputation d’abonder dans le sens des mouvements écologistes, mais cet article relate des faits incontestables. Ces mouvements écolos clament que chaque année 30 % des ruchers disparaissent. À ce rythme-là il y a belle lurette qu’il n’y aurait plus une seule abeille tant en Amérique du Nord qu’en Europe ou encore en Chine. Comme on peut le constater ce n’est pas le cas. Aux USA, les producteurs, par exemple d’amandes ou de pommes, payent les apiculteurs pour qu’ils viennent entreposer leurs ruches au moment de la floraison près des vergers. Comme cette sorte de transaction commerciale est répertoriée auprès de l’USDA, on peut suivre presque en temps réel le mouvement des ruches sur tout le territoire américain. D’autre part, compte tenu de l’impact de la pollinisation par les abeilles sur la production agricole, tout a été organisé pour optimiser la production d’essaims et de reines : n’importe quel apiculteur peut trouver sur le marché un essaim avec une reine pour la somme de 100 dollars. Les abeilles sont contrôlées sur le plan sanitaire et l’apiculteur a l’obligation de déclarer aux autorités sanitaires compétentes toute maladie apparaissant dans ses ruches.

Depuis 2006 le prix du miel a doublé comme a également doublé le prix de la pollinisation. C’est un business incontournable quand on le met en face de ce que cette pollinisation rapporte au secteur agricole : 15 milliards de dollars par an !

Qu’en est-il dans les autres pays, en particulier en Europe ? J’espère que mes lecteurs m’apporteront quelques éléments de réponse …

Source et illustrations : The Washington Post du 23 juillet 2015. Les abeilles : de parfaites capitalistes, industrieuses, efficaces, obsédées dans leur recherche du succès …

4 réflexions au sujet de « La mortalité des abeilles : un lointain souvenir ? »

  1. Bonjour,

    M’étant déjà étalé sur le sujet, je vais être très robotique :

    -Les néonicotinoïdes représentent un danger immédiat pour les abeilles, comme l’a montré une étude parue dans le magazine Science dès 2010. Les études sur le sujet n’ont eu de cesse de se multiplier depuis, montrant la toxicité, et poussant des associations comme des groupes de particuliers à porter plainte contre les gros groupes de fabricants.
    (Source parce que sinon , vous n’acceptez pas ce qu’on vous raconte : Whitehorn, P. R., O’Connor, S., Wackers, F. L., & Goulson, D. (2012). Neonicotinoid pesticide reduces bumble bee colony growth and queen production. Science, 336(6079), 351-352.)

    – Deux règlements européens sont alors entrés en vigueur, en décembre 2013, pour limiter l’usage de trois insecticides néonicotinoïdes et du fipronil, une situation réévaluée en mars 2015 pour la prolongation de cette limitation. Il s’agissait d’interdire l’utilisation de ces pesticides pour les cultures attirant les abeilles.
    (La petite source qui va bien : GIROLAMI, V., MARZARO, M., VIVAN, L., et al. Fatal powdering of bees in flight with particulates of neonicotinoids seed coating and humidity implication.Journal of Applied Entomology, 2012, vol. 136, no 1‐2, p. 17-26.)

    -La situation n’arrange évidemment pas les gros groupes de fabricants, à l’instar de Bayer et Syngenta, qui avaient même porté plainte contre l’Europe. Or, la société Dow Chemical a, elle, réussi à faire commercialiser son sulfoxaflor, commercialisé sous les noms de Transform et Closer dans un premier temps aux Etats-Unis, et dont l’Agence de protection environnementale nord-américaine, l’EPA, avait approuvé la mise sur le marché en mai 2013. Une partie de l’Asie, dont le Vietnam, utilise dorénavant aussi ce produit, lequel est très proche dans sa composition des néonicotinoïdes, tenus responsables du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.
    En septembre 2015, une cour d’appel des Etats-Unis revenait sur l’autorisation, faisant ainsi jurisprudence pour la suite concernant l’évaluation de la santé des colonies. Elle a publié une décision annulant l’homologation du sulfoflaxor, avançant comme motif que « les preuves d’acceptabilité de la toxicité du produit pour la santé des abeilles sont insuffisantes
    (rivière: « Court revokes approval of insecticide, citing ‘alarming’ decline in bees ». LA Times,‎ 10 septembre 2015.)

    -Et pourtant, en octobre 2015, la Commission européenne validait l’autorisation de commercialisation et d’utilisation du Sulfoxaflor. Pendant le même temps, l’Agence européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, a émis des doutes sur la toxicité du produit, et laissa deux ans à l’industrie agrochimique pour prouver sa non-toxicité pour les abeilles. Un délai jugé trop important par les apiculteurs, qui alertent sur les possibles catastrophes écologiques engendrées par l’introduction d’un tel pesticide.
    (Fleuve : EFSA. Conclusion on the peer review of the pesticide risk assessment of the active substance sulfoxaflor. 2014. http://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/3692.)

    -Trois associations sont montées au créneau : le Centre Apicole de Recherche et Information, CARI, qui rassemble 13 associations nationales d’apiculteurs, le Pesticide Action Network Europe (PAN Europe), qui rassemble 35 associations environnementales issues de 25 pays européens, et l’association des apiculteurs italiens (UNAAPI). Elles ont décidé d’introduire un recours auprès de la Cour européenne de justice contre la décision de la Commission européenne. « La toxicité de cette nouvelle molécule n’est pas claire et c’est un gros problème, explique Etienne Bruneau pour le CARI. Il n’y a pas eu suffisamment de tests pour évaluer les conséquences de ce produit sur les abeilles. » PAN Europe souligne une décision « irrationnelle et illégale » : « Comme d’autres néonicotinoïdes, le Sulfoxaflor est très dangereux pour les abeilles. Le produit peut être absorbé par les plantes et l’on peut en retrouver dans leur nectar et pollen. En outre, on peut retrouver des traces de pesticides très longtemps dans le sol et dans l’eau. »
    Très longtemps ? oh? Cela signifie donc que si j’arrête d’épendre en 2016, je risque encore d’en avoir en 2020 ? oh ?
    C’était pareil pour 2006, puis pour 2011 aux USA ? oh ?
    (Mer : http://www.cari.be/t/miel/ )

    -Mais le plus drôle là dedans, c’est que le Sulfoxaflor n’est pas un néonicotinoïde comme on peut le lire ça et là, mais une sulfoximine. Il agit sur le système nerveux central des insectes, à la manière des néonics, en se fixant (pour les bloquer) sur les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine (nAChR).
    Ah ben voila, d’où le combat débute….
    (Océan, dixit Syngenta : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23112103 )

    – L’explication de ta courbe : http://www.berkeley.edu/news/media/releases/2006/08/28_honeybees.shtml
    2006….comme c’est intéressant n’est-ce pas !?
    2010/2011, augmentation=Meilleur santé? : http://news.berkeley.edu/2011/06/20/wild-pollinators-worth-billions-to-farmers/

    -Selon l’EFSA il y a des usages du Sulfoxaflor sûrs pour les abeilles ; la dangerosité pour les abeilles était 40 fois inférieure à celle des trois nicotinoïdes qui font l’objet de limitations ; la dose d’utilisation en Europe est cinq fois inférieure à celle autorisée par l’EPA
    (Planète : http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/3692)
    Mais ce n’est pas grave. Les agriculteurs utiliseront des produits (encore) autorisés, comme les pyréthrinoïdes. Ou bien, ils réduiront la sole de colza.
    Qui en fera les frais ? Les abeilles !
    Qui en discuterons encore? Vous !

    Amicalement
    Gus

  2. je vous conseille un documentaire, des abeilles et des hommes, plus que les pesticides et autres produits, c est la facon dont les abeilles sont traitees qui les deciment, le manque de respect.

    • Oui sauf que là, c’est tout de même un berger d’abeilles qui te parle…pas un apiculteur !
      😉
      Pour le reste, l’irrespect est effectivement une partie de la cause, notamment quand on s’en sert pour pourrir le vivant….

      Amicalement
      Gus

      • Rhoooo, la production de miel 2015 en france vient d’être publiée, c’est l’hécatombe chez les abeilles : La production a pratiquement doublé . lol

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