Le Shinkansen … 50 ans après !

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Le Japon est le pays des trains par excellence. Les agglomérations de Tokyo et Osaka ne pourraient pas être telles qu’elles sont sans trains et sans métros. Un Parisien ou un Londonien ne fait pas la confusion entre train et métro. En réalité toutes les lignes de métro japonaises se transforment en trains quand elles sont sorties de terre et vont parfois se perdre dans la nature à des dizaines de kilomètres du centre-ville. Les trains sont toujours parfaitement à l’heure, on peut dire à la seconde près. Depuis que je séjourne régulièrement à Tokyo, il m’est arrivé une seule fois de faire l’expérience d’un retard, à quelques centaines de mètres de la gare d’Ofuna au sud de Yokohama parce qu’un dépressif avait décidé de mettre fin à ses jours. Il n’a pas fallu plus de 30 minutes pour ramasser les restes humains et nettoyer un peu le ballast pour éviter de faire peur aux usagers. Seuls les tremblements de terre affectent la précision à la suisse des trains japonais. Par exemple le Shinkansen dont on célèbre cette année le cinquantenaire assure un liaison entre Tokyo et Osaka à la cadence incroyable d’un train toutes les trois minutes ! En quelque sorte Osaka et Tokyo, deux immenses métropoles, sont reliées entre elles par un trafic intense de super-métros roulant jusqu’à des vitesses atteignant 320 km/h sans que qui que ce soit ressente une quelconque perturbation. Les trains (je ne suis allé qu’à Kyoto en Shinkansen) sont d’une propreté irréprochable, le service à la place est assuré par de charmantes jeunes filles souriantes (c’est rare dans la voiture bar d’un TGV français), les toilettes ne sentent pas le remugle difficile à adjectiver comme dans les mêmes TGVs français, tous les sièges sont orientés dans le sens de la progression du train. En effet, à l’arrivée en gare de Tokyo Station, les sièges pivotent sur eux-mêmes, une armada d’employés impeccables s’active pour traquer le moindre grain de poussière afin que le train puisse repartir dans les 15 minutes qui suivent. La culture de la propreté des Japonais réduit en fait leur travail à quelques minutes.

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La culture du rail, nerf du développement du Japon d’après-guerre, constitue une exception mondiale. L’obsession de l’exactitude fait que les usagers considèrent qu’il en va de soi. Il n’y a jamais de mouvements sociaux du genre de ceux qui perturbent les voyageurs français et parisiens en particulier, tout simplement parce que les employés de JR (Japan Rail) sont tellement soucieux de leurs responsabilités professionnelles qui concernent des dizaines de millions de personnes chaque jour qu’il est hors de question d’envisager un quelconque mouvement social. Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse sembler à un Belge ou à un Français, le parti communiste japonais est tout puissant ! Mais la démagogie à l’européenne telle que la pratiquent les syndicats de travailleurs gauchisants européens est surannée et non advenue au Japon. En effet, le respect du travail bien accompli et procurant une satisfaction simple à celui qui l’a effectué fait aussi partie de la culture japonaise. Allez expliquer ça aux gauchistes de Sud-Rail !!!

Toute cette entrée en matière pour rappeler le cinquantième anniversaire du Shinkansen Tokyo-Osaka qui fut inauguré en grande pompe par l’Empereur lui-même qui sortit exceptionnellement de son Palais Impérial pour l’occasion :

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Pour relier Tokyo à Osaka, les deux plus grandes métropoles japonaises, il ne fallut pas moins 108 kilomètres de tunnels divers, plus de 3000 ponts et viaducs et la construction de la nouvelle ligne dont l’écartement des rails est semblable à celui du standard européen (1400 mm) et plus large que celui utilisé pour les autres trains. Cette ligne était réservée aux Tokaido Shinkansen. Ce train fut l’occasion d’innovations techniques reprises par la suite dans des pays comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne. Le train entier était en fait une motrice car les moteurs étaient répartis sur toute la longueur de la rame. Après la série 0 on en est maintenant à la série E6 qui atteint la vitesse de 270 km/h en trois minutes avec des pointes autorisées jusqu’à 320 km/h. Depuis l’inauguration du Shinkansen, quelques jours avant l’ouverture des JO de 1964, deux évènements célébrés par l’Empereur et dont le bref discours fut retransmis à la radio à la surprise générale de tous les Japonais qui n’avaient jamais entendu le son de sa voix, ce train a transporté 5,5 milliards de passagers sans aucun incident technique notoire à l’exception de deux déraillements, l’un provoqué par un tremblement de terre et l’autre par une tempête de neige d’intensité non prévue sans aucun blessé. Les rames de la série 0 sont restées en service de 1964 à 2008, un record dans le genre longévité alors que simultanément les trains étaient toujours améliorés :

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Le dernier né des Shinkansen, le Hayabusa :

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peut atteindre la vitesse de 330 km/h et pour faire encore mieux la firme Chuo a entrepris la construction d’une nouvelle ligne reliant Tokyo à Osaka par l’intérieur des terres afin de réduire les sections à vitesse réduite en attendant le Maglev … :

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Il faut enfin signaler que le train à grande vitesse s’exporte très bien, en particulier en Chine (CRH) :

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Sources : BBC (illustrations) et JR Transport Review ( jrtr.net )

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