Des parents bilingues, des enfants plus éveillés …

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La ville-Etat de Singapour, peut-être l’un des endroits les plus cosmopolites du monde, a quatre langues officielles, l’anglais, le malais, le mandarin et le tamil. Il n’est donc pas surprenant que de nombreuses familles soient bilingues car l’anglais est, si on peut le dire ainsi, la langue vernaculaire qui permet par exemple aux personnes parlant le malais de converser avec des Chinois ou des Européens. Singapour est aussi l’un des pays du monde avec le plus haut standard de vie et l’excellence de son système de santé est tel que le « tourisme médical » constitue une véritable industrie pour le pays. Mais ce dernier point n’est pas l’objet de ce billet. Tous les sujets relatifs à la santé des individus sont étudiés et la dernière étude réalisée sur une cohorte de 114 enfants suivis dès la naissance s’est intéressée au développement cognitif au cours des premiers mois de la vie. La moitié des enfants étaient issus de couples bilingues et l’étude a consisté à détailler les facultés cognitives des enfants à l’âge de six mois et comparer les résultats obtenus lors de tests visuel très simples sur la base du bilinguisme ou au contraire du monolinguisme.

Il est apparu que les enfants de ménages bilingues montraient dès cet âge précoce une plus grande curiosité quand on leur montrait des images et cette préférence pour les objets nouveaux est directement corrélée, selon des études précédentes, à des performances cognitives dans de nombreux domaines ainsi que l’apprentissage de plusieurs langues, avec plus tard des tests de QI plus performants. L’étude a été entourée de toutes les précautions méthodologiques nécessaires pour pouvoir objectivement établir des différences significatives car il faut rappeler que cette étude a été réalisée sur des enfants âgés de six mois ! Un enfant de six mois dans un ménage bilingue n’apprend pas seulement deux langues différentes. Son cerveau doit s’habituer à faire la différence entre les deux langues parfois très différentes. On ne peut pas dire que le malais et l’anglais puissent présenter même des phonèmes communs … Les enfants doivent donc disposer très précocement d’une plus grande efficacité dans l’analyse cérébrale des informations et donc plus tard de facultés cognitives largement améliorées en comparaison des enfants de couples ne parlant qu’une seule langue. Pour un adulte, apprendre une nouvelle langue peut constituer un véritable pensum. Et on a tendance à imaginer que chez l’enfant il doit régner une véritable confusion dans sa « petite tête » si ses parents ne parlent pas la même langue. Ce n’est absolument pas le cas comme le confirme le Professeur Leher Singh, coauteur de l’étude, ces enfants tirent d’immenses bénéfices de cette expérience qui leur est imposée par les faits pour leur avenir. Parallèlement à ces évaluations des réactions cognitives, l’organisme appelé GUSTO impliqué en profondeur dans le suivi des enfants dès leur naissance a également développé des environnements favorables pour ces enfants afin de suivre par résonance magnétique nucléaire leur activité cérébrale sans qu’ils soient soumis à une quelconque sédation et également à les habituer à porter épisodiquement quelques heures par jour le complexe équipement permettant de suivre leur activité cérébrale par électro-encéphalographie afin d’affiner les résultats obtenus toujours très difficiles à apprécier avec des sujets âgés de six mois. Même si l’échantillon d’enfants était de faible taille, il ressort clairement que les enfants vivant dans un environnement bilingue étaient systématiquement « plus éveillés » que les autres enfants.

Source : Singapore Agency for Science, Technology and Research, http://www.a-star.edu.sg/Media/News/Press-Releases/

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