Lettre ouverte à Didier Maîsto et Elise Blaise (TVL)

Didier Maïsto, au cours d’une entrevue avec Elise Blaise, la brillantissime journaliste de TVL, lors de l’émission phare de cette chaine privée de télévision « Le Samedi Politique », a tout simplement « pourri » cette émission en pérorant au sujet de la grossesse pour autrui. Le point central que Maïsto a omis de mentionner (et ceci indique qu’il ne savait pas de quoi il parlait) et qui détruit toute son argumentation est que la mère porteuse n’est pas la mère biologique de l’enfant qu’elle « héberge » durent neuf mois dans son utérus, organe qu’elle a tout simplement loué à un couple pour cette durée. La grossesse pour autrui est une expression inappropriée car il s’agit stricto sensu d’un hébergement comme cela vient d’être souligné. Pour avoir travaillé sur les milieux de culture d’embryons humains dans le cadre d’une étude dont l’objectif était de déterminer pourquoi il faut implanter au moins deux embryons, voire trois, pour que la procédure réussisse, je connaissais en détail la problématique des « fivettes », les enfants issus de fécondations in vitro. En ce qui concerne les mères porteuses, les grossesses pour autrui, il est nécessaire de procéder initialement à une fécondation in vitro entre l’ovule de la mère et le sperme du père. Je rappelle que cette procédure clinique fait appel à une série de gestes particuliers. Tout d’abord les ovaires de la mère biologique sont stimulés par un traitement hormonal pour effectuer une ponction ovarienne afin de disposer d’ovules qui sont alors fécondés par les spermatozoïdes du père biologique, puis mis en culture pour éliminer les spermatozoïdes restants. Enfin l’ovule fécondé, c’est-à-dire l’embryon, est implanté dans l’utérus de la mère biologique dans le cas d’une fivette nécessaire en raison de problèmes physiologiques de la mère et éventuellement du père. En ce qui concerne la mère porteuse de l’embryon issu de cette procédure « fivette » pour un hébergement dans son utérus loué à un couple désirant un enfant mais ne pouvant pas atteindre ce projet pour diverses raisons est strictement identique à l’exception de la mise en œuvre devant correspondre au moment propice correspondant à l’ovulation de la « mère porteuse ». Ce n’est que dans cette condition que l’utérus est préparé par le système hormonal pour recevoir un embryon afin que le placenta puisse s’implanter correctement.

Ce fait de société est comparable au « service complet » que propose une prostituée à son client, c’est-à-dire la pénétration vaginale, en quelque sorte une mise à disposition de son vagin moyennant finance. Michael Cook, auteur du blog BioEdge avec qui j’ai eu quelques échanges de courriels au sujet des mères porteuses en Espagne était tout à fait d’accord avec moi : une mère porteuse se prostitue, tout simplement, et il est vain de vouloir pérorer comme le fit Didier Maïsto au sujet de l’hypothétique relation s’établissant durant la vie intra-utérine durant neuf mois de l’enfant à venir et la mère porteuse. C’est un geste hautement rentable tant pour l’organisation ayant mis en place ce genre de prostitution que pour la dite « mère porteuse » rémunérée pour ce service rendu.

À propos de la prostitution, lorsque j’étais au lycée puis à l’Université j’ai pu vivre grace à des répétitions de mathématique, physique et chimie, mes élèves étaient exclusivement des enfants de prostituées du quartier dit « chaud » de la presqu’île de Lyon. J’ai pu ainsi me rendre compte dans quel cadre de vie ces dames vivaient et à quel point leur enfant était important pour elles. Lorsque je finis par acquérir un appartement ancien dans une rue également chaude deux prostituées vivaient dans l’immeuble et elles avaient décidé de me rendre une visite amicale e&gulièrement apportant les meilleurs petits gâteaux de la ville et une bouteille de champagne dont le prix dépassait mon budget. Pourtant je n’ai jamais fait appel à cette corporation parce que j’ai toujours respecté ces dames …

4 réflexions au sujet de « Lettre ouverte à Didier Maîsto et Elise Blaise (TVL) »

  1. je ne suis vraiment pas en accord avec votre vision de la GPA que vous décrivez pour les couples hétérosexuels !
    quel rapport entre une pénétration vaginal de quelques secondes (ou minutes peut-être) et le développement d’un être humain dans le ventre d’une mère porteuse.
    vous faites bien peut de cas de la relation qui se tisse inévitablement entre la mère et l’enfant et donc de la souffrance que peut ressentir la mère porteuse. La somme d’argent versé à l’organisme et un peu à la mère n’étant pour les différents protagonistes que l’excuse permettant provisoirement de faire abstraction de tout sentiment (le rêve des transhumanistes).

  2. Rien du patrimoine génétique de la mère porteuse n’est présent dans celui de l’embryon, mais le processus qui débute une fois celui-ci implanté avec succès est tout de même une grossesse. Un médecin qui ignorerait son origine n’y verrait qu’une grossesse comme n’importe quelle autre, avec tout ce que cela implique.

    Par « grossesse pour autrui », on veut dire qu’il est convenu avant son début, entre la mère porteuse et le ou les fournisseurs de patrimoine, que l’enfant sera confié/donné/rendu (ou autre, comme il plaira au lecteur) à ces derniers après sa naissance.

    A la différence de la prostitution, il n’y a pas, en principe, de rapport sexuel entre le père biologique et la future mère porteuse. Mais ce genre de formule pourrait bien avoir du succès…

    • Outre les problèmes moraux, il y a une question d’éthique qui devrait s’inquiéter de la relation entre l’embryon (support génétique) et le développement du foetus dans le sac amniotique avec ce que l’on commence à connaître de l’épigénétique.

      Quant aux aspects psychologiques de la « porteuse » pour elle-même, l’impact psychologique en elle-même vis-à-vis de sa conception d’un bébé (et qui peut évoluer durant la grossesse, déformation du corps, stress …) et l’influence in utero de son comportement aux différents stades de développement du cerveau du foetus, n’en parlons pas !

  3. Récemment des jumeaux sont nés d’embryons congelés depuis presque 30 ans. Ça fait froid dans le dos (et pas seulement celui des embryons.)

    A-t-on idée (un retour scientifique, une prospective) de l’effet sur la vie (physique, psychologique) des adultes qu’ils vont devenir ?

    Comme pour les transitions de genre, je crains que les perspectives de marchés juteux (surtout en Fronce ou c’est pas cher, c’est l’État qui paye) associées aux lobbies communautaires n’aient balayé toute éthique.

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