L’oligopole de l’audit méconnu du grand public

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Pour que mes lecteurs comprennent l’article traduit par mes soins et paru sur le site wolfstreet (lien en fin de billet) il est nécessaire de disposer de quelques informations. Les 4 grandes sociétés d’audit, de comptabilité et de conseil fiscal et juridique dont il est question ici sont KPMG (Amsteveen, Pays-Bas), Deloitte (Londres, UK), Ernst&Young (Londres, UK) et PricewaterhouseCooper (Londres, UK). En raison de récentes faillites retentissantes comme Carillion en Grande-Bretagne il était nécessaire de faire le point sur cet état dans les Etats que constituent ces « Big Four » dont les services auprès des entreprises cotées en bourse sont indispensables en raison des régulations nationales et internationales. À l’heure du Brexit et compte tenu des législations fiscales laxistes de la City de Londres et des Pays-Bas il m’est apparu opportun de traduire cet article. Bonne lecture.

L’oligopole de l’audit des « Big Four » s’étend de plus en plus.

Les 4 géants de la comptabilité des entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation inattendue, les gouvernements et les régulateurs, après plusieurs faillites retentissantes d’entreprises clientes, semblent vouloir casser leur position monopolistique. Mais cela ne les a pas empêchés de se diversifier pour accroitre leur expansion. L’une de ces nouvelles activités est l’aide juridique globale auprès des entreprises clientes, un marché estimé à plus de 600 milliards de dollars. C’est Deloitte qui, la première, a offert ce type de services holistiques rapidement suivie par Ernst&Young. Les cabinets de conseils juridiques traditionnels ne voient naturellement pas d’un bon oeil cette récente diversification des « Big Four » car elles joueront un rôle très important sur ce marché en raison de leur base de clientèle considérable. Par exemple Ernst&Young vient de racheter Riverside Law, l’un des cabinets juridiques majeurs de Londres pour bien montrer l’extension de son territoire d’activité. Les « Big Four » ont immédiatement exploité la nouvelle loi britannique qui précise que les cabinets d’avocats ne doivent plus obligatoirement être dirigés que par des avocats, une modification de la loi très probablement obtenue à la suite d’un lobbying intense de ces « Big Four ».

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L’immense richesse des « Big Four » à une vaste échelle leur permet de conquérir ce marché juteux du conseil juridique. En 2017 PwC a réalisé un chiffre d’affaire de 37 milliards de dollars et Deloitte 39 milliards alors qu’un « gros » cabinet londonien comme Latham&Watkins a à peine atteint les 3 milliards, et tout ça malgré la méfiance grandissante des gouvernements devant la puissance immense de ces 4 firmes. Les « Big Four » ont réalisé en 2017 134 milliards de chiffre d’affaire avec 890000 employés dans pratiquement le monde entier, et elles continuent de s’étendre avec les acquisitions de plus petits concurrents ainsi que l’augmentation incessante du coût de leurs prestations en dépit de la détérioration de la qualité de ces dernières, pointée du doigt par les gouvernements. En Grande-Bretagne, le gouvernement cherche à casser le monopole des « Big Four » dans la mesure où il existe le plus souvent des conflits d’intérêt entre l’activité d’audit et le conseil juridique et fiscal. Au contraire la Commission Européenne à Bruxelles a rétribué les « Big Four » à hauteur de 105 millions d’Euros en 2016 pour seulement évaluer l’impact que pourraient avoir l’établissement de nouvelles dispositions relatives à l’optimisation fiscale des entreprises transnationales alors que tout le monde sait très bien que ces « Big Four » sont justement impliquées dans l’optimisation fiscale de leurs clients. Comme s’il n’y avait pas de conflit d’intérêt favorisé, qui plus est, par cette même Commission Européenne (source euobserver.com du 10 juillet 2018) !

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Les « Big Four » auditent 99 des 100 compagnies cotées au FTSE 100, 497 des 500 compagnies cotées au S&P 500 et plus de 90 % des sociétés cotées sur l’Euronext. Et cette situation monopolistique ne fait que s’accroître malgré le scandale Enron (voir note) et toutes les économies occidentales – et les gouvernements – resteront encore longtemps sous leur coupe.

Source : Wolfstreet.com, https://wolfstreet.com/2018/08/12/big-four-audit-oligopoly-expands-global-reach-further/

Note. La société texane Enron auditée par le cabinet Arthur Andersen subit une retentissante faillite au début des années 2000 car sa comptabilité était complètement falsifiée. Ce scandale eut pour conséquence la disparition dévastatrice du cabinet Arthur Andersen qui faisait partie alors du club des « Big Five » qui ne sont plus que 4 aujourd’hui.

18 réflexions au sujet de « L’oligopole de l’audit méconnu du grand public »

  1. A une époque où j’avais des responsabilités opérationnelles dans des multinationales anglosaxonnes, on a vu arriver en comité de direction un lundi matin un jeune freluquet de PwC imposé par notre « World General Headquarters » de Toronto pour nous aider à finaliser notre business plan hexagonal à 5 ans qui était en cours d’élaboration sous les auspices d’un DG belge spécialisé en cost-cutting (genre Jean-René Fourtou pour ceux qui ont connu ce sinistre personnage, polytechnicien de son état qui a fait ses classes chez Bossard Consultants).
    C’était le temps où les grandes corporations -américaines notamment- insistaient pour que les filiales sortent des résultats de « dingues » (10 % de rentabilité avant impôts).
    Après interrogation de mon collègue DAF, il est apparu que le consultant de PwC -tout juste sorti d’une école de commerce pour fils à papa- facturait ses prestations 3000 € la journée hors frais. Chaque directeur a fait sa présentation sur les scénarios d’évolution du business à moyen terme.
    Le gars nous a gentiment écouté et nous a finalement expliqué qu’il était catégoriquement « impossible de faire de la croissance sur un marché en décroissance ».
    C’est qu’on apprend aux petits jeunes à l’école, mais manque de bol, c’est ce qu’on faisait depuis des années grâce aux innovations technologiques dont j’avais la responsabilité et qui nous permettaient de tailler des croupières aux concurrents sur des marchés matures et légèrement en déclin.
    J’ai demandé au jeune consultant s’il avait examiné les « matrices BCG » qu’on avait mis au point (graphique du Boston Consulting Group qui donne une image du portefeuille produits selon des catégories qui rapportent plus ou moins de profits). Le type qui avait vu nos matrices BCG n’en comprenait pas la portée et n’en avait apparemment jamais entendu parler. Dommage.
    Silence gếné dans la salle. On s’est tous regardé d’un air entendu.
    On a finalement remercié le type de PwC en fin de ComDir, et on lui a gentiment prié de ne plus intervenir dans nos affaires marketing. J’ai insisté pour qu’on vérifie si cet amateur avait bien signé un accord de confidentialité, il avait eu sous les yeux nos plans stratégiques de développement.
    Ca ne m’avait pas surpris toutefois, j’avais été consulter avant de m’expatrier au Royaume-Uni de charmantes jeunes consultantes propres sur elles (genre collier de perles, foulard Hermès, Austin mini ou Golf GTI noire) d’un cabinet qui a disparu : Cooper & Lylebrand, pour mon rattachement à la sécu et régimes de retraites français. Ma boîte les a grassement payé et j’ai été obligé malgré tout -une fois expatrié- de faire tout le boulot administratif moi-même (ils n’avaient aucune idée de la façon de s’affilier à la CFE, la CRE et l’IRCAFEX…bref les caisses pour français à l’étranger).

    Moralité sur les consultants des Big 4 : vous leur demandez l’heure, ils regardent votre montre et vous font payer très cher la prestation….la plupart du temps.

    • effectivement les consultants à 3k$/j de ces big 4 ne sont pas des gens de marketing ou des stratèges ( à la différence de ceux du BCG que vous évoquez) :leur rôle consiste uniquement à bien présenter les stratégies selon un format classique pour les actionnaires.C’est un job de comm et non de créativité. Ils sont au courant des concepts à la mode ( cela change tous les 3 / 4 ans) et savent les utiliser. Ils ne sont pas là pour savoir ce qu’l faut faire mais pour embobiner les actionnaires avec les histoires que ceux-ci veulent entendre.Cette homogénéité est aussi le résultat de la mondialisation forcée.Avec une finance folle le rôle des communicants est important car ils sont chargés de maintenir des illusions et d’endormir l’esprit critique des uns ou des autres.

  2. Cher Jacqueshenry,
    De retour de vacances, j’ai découverts un ensemble d’articles des plus intéressants.
    Le dernier lu, sur l’affaire Bennala ( http://www.voltairenet.org/article202160.html ), met en lumière une lutte sourde au sein de l’empire allant bien au-delà de ce que j’avais bien pu imaginer.
    La question restant de comprendre pourquoi se fut le journal Le Monde qui fut le révélateur de ce scandale d’état, lui qui put être acquis par ses propriétaires actuels grâce à notre président du moment.
    Si cela put se faire ce ne peut, à mon sens, qu’en raison de pressions boursières, d’autant plus que les-dits propriétaires sont deux et que je vois mal comment d’autres scandales, portant sur ces personnalités, auraient pu apparaître dans de quelconques médiats français.
    Or, qui dit possiblement pressions boursières (seuls des amateurs éclairés de la chose pourraient peut-être nous le confirmer), ne peut que vouloir dire que cette lutte interne à l’oligarchie impériale dépasse largement le cadre que nous pourrions en percevoir.
    Que cette affaire soit survenue au mois d’Août et qu’elle ait cessé si rapidement de faire la une des journaux, me laisserait à penser, intuitivement, qu’il s’agirait d’une série d’opérations tout azimut fleurant bon les anciens barbouzes de la guerre froide.
    Au-delà de ces considérations, que Mr. Barroso ait participé à une réunion du groupe de pression Bilderberg et qu’il soit le Président de Goldman-Sachs International, nous montrerait, me paraît-il, que c’est bien la médiocrité ( https://www.telerama.fr/idees/en-politique-comme-dans-les-entreprises-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir,135205.php?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1524467942 ) qui gouverne le monde.
    Réflexion appuyant ce que nous conte plus haut Camembert Électrique.
    C’est pourquoi je suis moins que vous pessimiste quand à notre futur, en tout cas en ce qui concerne un contrôle opérant par la censure des populations mondiales: nos chers génies des alpages d’oligarques impériaux étant dans l’impossibilité de comprendre qu’ils se conduisent eux-mêmes à leur propre ruine par la banqueroute généralisée.
    Ce qui, cela va de soi, nous mettra au-devant de difficultés infinies et l’arrêt probable du fonctionnement d’internet n’en étant pas la moindre.

  3. Le vrai danger de ces sociétés est qu’en fait ce sont, comme d’autres aides type qualité, le meilleur moyen de faire les poches de groupes qui ouvrent grand leur porte à l’oncle SAM…
    On nous rabat les oreilles avec l’intelligence économique, mais on fait la guerre en pantalon garance par souci de chevalerie !!!
    Une clause de confidentialité ne vaut plus grand chose pour un requin.

  4. N’oublions pas non plus que les Big 4 aident les grosses entreprises à faire de l’évasion fiscale, évasion qui se monte rien que pour la France à un peu moins de 100 milliards, et pour l’UE dans les 1000 milliards d’euros selon la Commission Européenne.
    Les Big 4 c’est quelque part un outil d’industrialisation global de la fraude fiscale.
    Les montants cachés de la fraude fiscale dans les paradis fiscaux tutoient l’endettement total américain soit environ 20,000 milliards.
    Quelqu’un a-t-il une idée des suites du procès de PwC suite à l’affaire des LuxLeaks et pourquoi seul un tribunaux local (Metz) a engagé des poursuites contre le cabinet d’audit alors que l’affaire revêt une dimension européenne, pour ne pas dire mondiale ?
    Le ministre Sapin a-t-il bougé le petit doigt pour protéger les lanceurs d’alerte, suite au reportage d’Elise Lucet (Cash Inversigations) sur le sujet ?

    • l’évasion fiscale est légale ( ce n’est pas de la fraude). par contre, le comportement du fisc Francais vis à vis des sociétés qui la pratiquent est totalement mafieux ( intimidations, menaces, harcèlement…) et est,lui,illégal. Le fisc annonce clairement aux dirigeants son pouvoir de nuisance ( temps perdu,perte de clients.. donc baisse des profits..) et finit par négocier !! On est plus proche des républiques bananières alors que les entreprises ne font que saisir les opportunités légales. Les primes des fonctionnaires sont basées sur le montant demandé et non sur le montant obtenu!! cela explique les chiffres délirants demandés par le fisc. Si l’état Français ne spoliait pas aussi abusivement les entreprises il n’y aurait pas tant d’évasion fiscale mais le problème se pose d e moins en moins car les entreprises françaises hyper taxées sont rachetées par des entreprises étrangères peu taxées et c’est le jeu de la concurrence et c’est plus clair et cela évite les montages de plus en plus compliqués.Les pigeons sont ceux qui ne peuvent pas délocaliser.Pour compenser la spoliation l’état déverse des milliards € de subventions en échange d’une soumission. C’est donc les états semi totalitaires et obèses qui fonctionnent pour eux mêmes qui sont à l’origine du pouvoir obtenu par les big4.

      • L’état ne peut pas fonctionner sans l’impôt et tout système de non contribution, légal ou non, est une forfaiture et se devrait d’être passible de prison, les entreprises nationalisées!
        Parce que c’est du vol pur et simple et ceux qui agissent ainsi sont des maffieux.
        Un système politique, ici l’Union-Européenne, qui permet de telles malversations ne peut qu’être considéré que comme illégitime de fait et tous ceux qui en sont les auteurs des criminels.
        La loi n’est ce qu’elle est, mais dans toute démocratie la légitimité du pouvoir prévaut sur la loi parce que c’est le peuple, la nation qui est souverain.
        N’oublions pas que l’apartheid d’Afrique-du-Sud était parfaitement légal et donc marqué dans la loi.
        Seules les entreprises dégageant de la plus-value font fonctionner l’économie d’un pays, tout le reste, dont les banques, sert qu’à rendre la patrie, le sol, et l’état, le pouvoir politique, efficient.
        Je ne parle pas de bonheur des peuples mais d’efficience collective, le bonheur ne peut qu’être qu’une notion individuelle et inter-individuelle, en revanche, la fluidité de fonctionnement d’un pays dépend de décisions politiques, et non pas économique, ainsi que du haut niveau culturel de la population lui permettant d’être consciente de sa légitimité.
        Et oui, 1515 Marignan, la connaissance des départements, l’orthographie et la syntaxe, la règle de trois, les arts, les techniques et tutti quanti, doivent devenir et redevenir le B.A. ba de tout enfant à l’école
        Si je suis radical c’est en tant que démocrate, démocratie ne pouvant exister dans ce bidule débile qu’est l’Union-Européenne.
        C’est bien parce que la politique nous fut progressivement confisqué par l’oligarchie euro-atlantiste sous l’égide de l’empire étasunien, lié de tout ce fatras idéologique néolibéral, exactement inverse du communisme et tout aussi stupide, ceci doublé de notre appartenance à une union totalitaire, que notre pays souffre autant.
        N’oublions pas que l’Ukraine est dirigée par une clique néo-nazie, soutenue par l’Union-Européenne, clique qui prit le pouvoir suite à un coup d’état grâce à l’aide de l’Allemagne de Merkel et les Etasunis d’Obama.
        Mais sous le Chili de Pinochet il y avait des gens pour soutenir ce régime, tout comme sous la France de Vichy il y avait des collabos, l’histoire est ainsi.
        Et puis, il faut bien se justifier, non?
        Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes!

  5. @theuric
     » néolibéralisme… inverse du communisme  »
    Tout d’abord ce qui est appelé néolibéral n’a pas grand chose à voir avec le véritable libéralisme: il s’agit en fait de capitalisme de connivence, donc très lié aux états et il s’agit d’obliger les peuples à subir la mondialisation.par ailleurs le néolibéralisme n’est pas l’inverse du communisme car il lui emprunte la volonté de faire disparaitre les frontières, les peuples et leurs cultures.Le néolibéralisme se rapproche beaucoup du fascisme dans le sens où il y a une base socialiste ( avec un état très fort) mais avec des capitaux privés.

    • Vous avez raison et, en fait, je suis allé un peu trop rapidement de mon commentaire.
      Mon idée de base est de considérer que c’est à la politique de gérer les affaires de l’état et non pas l’inverse.
      De cela j’en conclus que la création monétaire diot être sous le contrôle stricte du pouvoir politique, comme il peut en être des métiers armés, militaires et policiers, en tant que domaine régalien.
      La seconde idée est que les deux empires et leur idéologie qui ont forgé l’histoire humaine pendant près de 75 ans, l’U.R.S.S. et les U.S.A., ainsi que leur dogme communiste et libéral, se rapprochent par le fait de considérer l’économie comme étant central pour toute politique, ce que j’appelle l’économisme dogmatique, quand, à mon sens, comme dit précédemment, c ‘est le contraire qui est vrai.
      C’est en cela, entre-autre, que je me considère comme étant un démocrate radical, bien moins, toutefois, de ce qu’exprime Monsieur Chouard.
      La troisième de ces idées est en même temps un effondrement idéologique patent, où il est visible que l’ensemble des partis politiques officiels, soit ceux passant dans les médiats en toute quiétude, ont une approche idéologique très proche, au sujet de l’U.E. par exemple, les extrêmes n’affirmant juste que de vouloir réformer l’union, ceci sachant ce que furent les réels extrémistes d’il y a ne serait-ce qu’une cinquantaine d’années.
      En même temps, donc, que nous nous retrouvons claquemuré au-dedans d’une Union-européenne qui, à bien des égards, ressemble à ce que put être l’U.R.S.S. en ce sens où, comme elle, notre union est triplement verrouillée, institutionnellement, politiquement et idéologiquement.
      En quatrièmement, l’étrange ressemblance inversée entre ce que fut l’Union-Soviétique juste avant son effondrement et les États-Unis-d’Amérique d’aujourd’hui.
      La comparaison, par exemple, entre la personnalité de Mr. Trump, intelligente mais vulgaire, voulant réformer son pays, et celle de Mr. Gorbatchev, intelligente également, mais d’une haute tenue, lui aussi qui voulait réformer le sien, tous deux provenant de leur oligarchie et luttant contre elle, rejetés par leurs paires, avec, central, l’Europe vassalisée dont chacun cherche à se débarrasser ( voir le programme électoral annoncé par le président U .S.).
      La haine déversée dans les médiats envers le président U.S. provenant, justement, de ce qu’il veut que l’U.E.€.O.T.A.N. disparaissent.
      A cela j’ajoute le fort intérêt des étasuniens pour le socialisme (75% des jeunes de ce qu’il me semble avoir lu), ce qui, là encore, est l’inverse de ce qu’il se passât dans feue l’U.R.S.S. où le capitalisme avait la cote populaire.
      Cet ensemble de phénomènes est réellement passionnant et pose une infinité de questions, dont celle de notre libre arbitre.
      Quand au néolibéralisme, c’est certes un lien très fort entre l’oligarchie ploutocratique euro-atlantiste et l’état, à ceci près que c’est le premier qui contrôle le second, il n’est qu’à voir qui sont ceux qui avait choisi Mr. Macron pour devenir Président de la République Française, qui l’avait présenté dans les médiats, le battage médiatique qui avait suivit, en tout point semblable au lancement d’une nouvelle marque d’une crème dessert.
      Et oui, notre président nous fut vendu comme un pot de yaourt au goût bien amer.
      Mr. Attali avait annoncé il y a peu que le prochain serait une femme, vous savez, ce type qui expliquait qu’à partir d’un certain âge tout le monde devrait être euthanasié, âge qu’il a, quand à lui, largement dépassé sans avoir jamais bu de bouillon de onze heure.
      S’il n’y avait que les paroles qui se perdent…..

      • @theuric : analyse très intéressante …merci 🙂

        Le politique transcendait l’économique comme ce fut le cas avant les années 70. Force est de constater qu’aujourd’hui dans beaucoup de pays, la démocratie et ses élites méritocratiques ont laissé la place à des oligarchies entourées d’un cortège de baronnies le plus souvent « médiocratiques », terme qui fait référence à la médiocrité et au « moutonnisme » qui sont devenus la base des évolutions de carrière dans de nombreux groupes…y compris bien entendu dans les cabinets de consultants Big 4 (qui prennent de jeunes auditeurs ambitieux fraîchement sortis de l’école, prêts à bûcher 15 heures par jour, week-end compris, pour certifier à la va vite des comptes le plus souvent frauduleux dont ils ne comprennent pas grand chose étant donné leur inexpérience…ce qui permet de vendre à prix d’or des entreprises qui ne délivreront jamais la valeur ajoutée promise…et c’est bien entendu tout le but de la manoeuvre…voir les scandales financiers Connaught, BHS, Enron, Bankia etc… ).
        Quant à Jacques Attali et Alain Minc, son alter-égo, ils ont toujours conseillé les puissants et à chaque fois qu’ils ont touché de façon opérationnelle à une entreprise, c’était pour l’esquinter. Ce sont d’ailleurs ces mêmes grands esprits transcendants qui ont convaincu Giscard et ses successeurs de lâcher l’industrie française pour les services. On voit ce que cela a donné…(ce n’est pas un hasard si par exemple Fourtou -après avoir bousillé l’industrie chimique française- est devenu conseiller de Sarkozy qui lui a même offert la légion d’honneur pour services rendus à la nation). L’inexpérience, la connivence et l’entre-soi ne peuvent rien produire de sérieux.
        Pendant ce temps, les allemands ont consolidé leur industrie avec le succès qu’on connait. Ils n’ont pas les mêmes conseillers que chez nous.
        Chez les teutons, on ne devient consultant que bien après 50 ans, après avoir eu une carrière bien remplie consacrée en grande partie à des activités opérationnelles. C’est un des secrets de la réussite du pays des « Herr Doktor ».

      • @Camembert Électrique,
        Ce qui me fascine le plus c’est l’incohérence de ces personnages tels que Attali et Minc, les plus visibles.
        En effet, seules les entreprises et les fabriques, les extractions minières et l’agriculture génèrent de la plus-value ,or, ce sont ces plus-values qui conduisent à la richesse des nations.
        Je me souviens que, quand je faisais parti des jeunesses communistes, le P.C.F. avait organisé pour nous, les jeunes, une conférence, un cour, même, au sujet de la nature de cette plus-value, sur le moment je n’y avais pas compris grand-chose, je l’avoue.
        Mais si cette notion était enseignée dans ce parti, c’est qu’il devait être connu de tous, surtout de ces crânes d’œufs sus-nommés.
        Ils devaient bien savoir que la société de service est d’une imbécilité, non pas profonde mais abyssale, ou étaient-ils déjà emprunt de cette médiocrité dont ils font aujourd’hui étalage.
        Il faut dire que j’ai lu, il y a peu, que le gouvernement chinois propose le même type de loufoquerie appauvrissante à sa population, comme quoi, il n’y a pas qu’en France où l’on couve l’incompétence et la met en exergue.
        Quand aux allemands, certes ils affirment dorénavant vouloir sortir de l’euro ( https://www.upr.fr/actualite/france/regarde-cest-deja-laube-un-article-de-vincent-brousseau ) mais en oubliant une petite chose: vouloir réformer, même de manière détournée ou de façon limitée, un système politique triplement verrouillé, institutionnellement, politiquement et idéologiquement, comme le fut l’U.R.S.S. et l’est U.E., ne peut que le détruire, l’Union-Soviétique en étant l’exemple historique éclairant.
        L’Allemagne ne peut pas agir autrement, sa survie économique est à ce prix, même si, pour générer sa richesse, elle a ruiné ou mis sous sa domination tous les autre pays de l’U.E. et jeté sa population dans la pauvreté.
        Ne vous en faites pas, nous ne sommes pas les seuls à être gouverné par des irresponsables, surtout en Europe, l’empire U.S. a pris grand soin, par le passé, de mettre de coté tous ceux qui, en politique, étaient trop intelligent out trop indépendant d’esprit, ce qui souvent revient au même, pour croire aux sornettes qui nous étaient déversées à longueur de temps et que nos décideurs, tant économiques que politiques, gobèrent à pleines bouches.
        Une remarque en passant, ce fut à la même période où l’on commençait à nous bassiner avec les élucubrassions néolibérales que le P.N.B. se changea en P.I.B.,, comme quoi tous ces gugusses savaient vers quoi ils nous conduisaient, la pauvreté, sans comprendre qu’ils se conduisaient eux-mêmes à leur propre future banqueroute.
        Comme quoi, ils furent depuis le début des médiocres branquignolesques mais à l’époque on les prenait au sérieux, et oui les temps changent.

  6. +1 à theuric ; +1 à Prolux et aux autres aussi; ces points de vue sont tous intéressants.

    Sur un plan strictement économique, on peut calculer que la mise-à-disposition d’un bac+5/+8 à une entreprise privée coûte à l’état un peu moins d’1 million d’euros, argent avancé et payé par la collectivité et la famille qui a été en charge de l’éducation de ce Bac+5 (la répartition de cette somme varie selon le pays, dépend si l’état finance comme en France l’intégralité du coût ou non).
    Rappelons-nous qu’aux USA, une année d’enseignement supérieur dans une université prestigieuse (voir classement de Shanghaï) peut coûter jusqu’à 45,000 USD.
    Les systèmes d’instruction sont plus ou moins équivalents en UE, du fait de l’équivalence des diplômes de l’enseignement supérieur et ces coûts ne sont jamais supportés par les entreprises privées (pusillanimes, beaucoup d’entre elles préfèrent considérer ces coûts comme un placement financier personnel…ben voyons !).
    Dès lors, il me paraît normal (mais je suis peut-être trop naïf) que les système fiscaux -dont un des buts est de financer les états et leurs systèmes d’instruction- puissent récupérer cette mise de fond énorme (la France compte plus d’un million de personnes rémunérées juste par le ministère de l’éducation nationale).
    Et effectivement, ce n’est pas parce que la loi est sciemment mal faite (elle autorise en effet l’évasion et pas la fraude fiscale) qu’il faut fermer les yeux.
    PwC dans l’affaire des LuxLeaks n’a pas eu un comportement conforme à la déontologie qui devrait prévaloir dans leur profession.
    PwC a en effet servi de plateforme de négociation entre le Grand Duché du Luxembourg et les grosses multinationales (Deutsche bank, Amazon et Apple, Pepsi etc…) pour le calcul et le paiement de l’IS (impôt sur les sociétés) à l’échelle de l’Europe.
    Le Luxembourg n’a pas vocation à servir de plateforme de dumping fiscal pour les rentrées fiscales européennes. C’est contraire à tous les traités déjà signés. (Même remarque pour l’Irlande et la City of London, la CIty étant un des paradis fiscaux officiels le plus important du monde, chose que peu de gens savent).
    Ce point fâche énormément l’ensemble des états membres de l’UE.
    Le fait que l’éthylomaniaque de service Jean-Claude Junker soit le président de la Commission Européenne n’arrange pas les choses.
    Moscovici aux affaires économiques et fiscales étant un bras cassé (on a vu sa médiocrité dans le gouvernement Hollande à l’économie et aux finances), et ayant été repêché par la Commission grâce à Juncker, le problème du dumping fiscal en UE n’est pas prêt d’être solutionné sauf si les véritables patrons de l’UE (Merkel et Trump) tapent du poing sur la table (on peut toujours rêver…).
    D’un point de vue plus général, il est impératif que les Etats puissent bénéficier de rentrées fiscales correctes et justes pour ensuite les répartir de façon équilibrée.
    La création de richesses sans une juste répartition est un cancer qui se métastase en dettes (l’exemple des USA est instructif à ce sujet, voir dernier billet de Jacques Henry à ce sujet), en misère sociale et finit même par laminer les classes moyennes qui sont les moteurs de la création de richesses (on peut en conclure que l’ultra-libéralisme tue le libéralisme, mais c’est un autre sujet philosophique que des gens comme Charles Gave sont plus à même de traiter que moi).

    • Concernant l’enseignement  » gratuit » il est malsain d’utiliser les impôts car iln’y a aucune garantie de retour sur investissement ( études non adaptées genre psycho-socio … et surtout fuite des cerveaux ou même salariés d’entreprises œuvrant contre les intérêts du pays qui paye). Ceci pourrait se concevoir si il y avait des obligations ( de travailler pour l’intérêt du pays ou de faire certains jobs en particulier.) .Indirectement les entreprises payent les études car les diplômes de valeur se monnayent et il y a quantité de charges et impôts sur les salaires.Il y a une fâcheuse tendance à mutualiser les coûts mai à individualiser les profits. L’état Français accorde des dérogations fiscales illégales et inadmissibles ( ex du Quatar) car il mêle la géopolitique et les lois) et il est plus intransigeant avec les petits artisans qu’avec les google-facebook et autres. Quand l’impôt n’est ni juste ni consenti il y a une grosse dérive
      A lire:  » la tyrannie fiscale  » de Pascal Salin : excellent livre.

      • @Prolux : Il appartient aux états d’établir des clés justes de répartition du recouvrement de l’impôts, et vous avez raison, certaines clés chez nous en France procèdent du clientélisme le plus pur et les choses risquent de rester en l’état (il suffit de voir que la liste des bénéficiaires de privilèges fiscaux qui doivent être abrogés depuis des décennies reste peu ou prou inchangée : journalistes, sportifs, parlementaires, etc..) malgré les récriminations constantes de la Cour des Comptes.

        Vouloir financer les études par un système méritocratique me paraît être la conséquence de la devise de la République : liberté, égalité, fraternité. Surtout l’égalité des chances sur laquelle est bâti un système de sélection des élites étudiantes basé théoriquement sur la méritocratie.
        Autrement, cela voudrait dire que seuls les plus aisés peuvent avoir une progéniture capable d’accéder à l’enseignement supérieur, ce qui chez nous est totalement inacceptable, on a guillotiné pour moins que ça…

        En France, les deux systèmes (enseignements public et privé) coexistent et ces deux systèmes d’enseignement mettent à disposition des gens compétents pour des filières publiques ou privées.
        Quand je vais voir mon médecin, ce dernier est rémunéré indirectement par l’état (via la sécurité sociale); je suis content que ce dernier ait une excellente formation pour me soigner, formation qui a été longue, et financée par également l’état.
        Je peux également consulter des médecins à l’étranger ou encore dans des structures comme des cliniques privées ou des hôpitaux comme l’hôpital américain de Neuilly et par contre, je serais obligé de payer la consultation et les actes médicaux plein pot.
        Pour le moment, je suis très satisfait des prestations de mon médecin généraliste et de celles de l’hôpital public près duquel je réside, bien que les plans de réduction de coûts engagés par les différents ministres de la santé commencent à induire une précarisation des soins qui devient palpable quand on va dans des structures médicales industrielles comme les grands hôpitaux parisiens ;
        je vous conseille de faire un tour par exemple à l’hôpital des Quinze Vingt qui est le centre d’excellence de l’ophtalmologie en France, et je vous garantis une crise cardiaque quand vous verrez la foule qui y rentre, et les moyens dont disposent les médecins pour consulter et opérer.
        On comprend alors que dans ces conditions, les plus fortunés vont se faire opérer ailleurs.

      • @MichelC : c’est tout-à-fait exact. Voici un extrait de la « pantoufle » :

        « Les élèves français de l’École polytechnique servent sous statut militaire comme officiers sous contrat et, à ce titre, ils bénéficient d’une solde spéciale (473,10 € net) à laquelle s’ajoute une indemnité représentative de frais à partir du 9ème mois (411,44 €). Les élèves bénéficient d’une couverture sociale et leur temps de scolarité crée des droits qu’ils pourront ensuite faire valoir dans le calcul de leur retraite. Les élèves de l’École bénéficient d’avantages annexes (tarif militaire pour la circulation en train, subvention d‘action sociale sur le prix des repas, …) et la scolarité à l’École polytechnique est gratuite.(…)
        Les élèves qui, après leur sortie de l’École, servent 10 ans dans la fonction publique (étatique, hospitalière ou territoriale), dans une entreprise publique ou dans une fonction pouvant donner droit à détachement pour les fonctionnaires ne sont pas tenus de rembourser les sommes correspondant aux rémunérations perçues durant leur scolarité.(…)
        Les élèves qui, après leur sortie de l’École, ne remplissent pas l’obligation de service mentionnée ci-dessus, seront tenus de rembourser la somme correspondant aux sommes perçues (solde et indemnité représentative de frais) durant leur scolarité (à l’exception de la première année), soit environ 31 000 €. Ce remboursement est exigible 3 ans après la sortie de l’École et peut être échelonné sur une période de 4 ans. Dès lors que l’obligation de service est
        partiellement commencée dans les 3 ans, le délai pour satisfaire cette obligation est porté à 15 ans et l’exigibilité d’un remboursement partiel est examinée à l’issue de cette période. »

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