Médecines alternatives et cancer : une catastrophe !

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Ne parlons même pas de ces charlatans notoires qui prescrivent des herbes pour soigner un cancer, c’est presque trivial. Mais il y a presque pire dans le genre de l’engouement d’un certain public assourdi et lobotomisé par de véritables campagnes publicitaires pour à tout prix se gorger de suppléments alimentaires pour promouvoir une meilleur santé générale. On trouve tout et n’importe quoi dans ce registre et le nombre d’échoppes spécialisées dans ce commerce hautement lucratif fleurit à tous les coins de rue. Il n’y a pratiquement aucun contrôle, tout ce business est basé sur deux principes, la bonne foi des clients et leur inaptitude totale à se forger une opinion raisonnée sur les produits qu’ils achètent pour leur bien-être.

Il y a une vingtaine d’années la vogue était que les fruits et les légumes, sources de vitamines et de sels minéraux, étaient excellents pour la santé, ce qui est d’ailleurs vrai en un sens. De nombreuses études furent entreprises pour promouvoir les régimes riches en fruits et légumes car certaines d’entre elles montrèrent une légère diminution de l’apparition de cancers. Il n’en fallut pas beaucoup plus pour que les doctes représentants de la médecine alternative en déduisent que se bourrer de pilules contenant une panoplie de vitamines ne pouvait qu’être bénéfique pour prévenir certains cancers parmi les plus fréquents comme ceux du colon, du sein ou des poumons. On y ajouta une petite couche de propagande démagogique en relatant d’autres études qui montraient que ces mêmes régimes enrichis en « produits naturels » étaient également efficaces pour diminuer les risques cardiovasculaires. Le Docteur Tim Byers de l’Université du Colorado a voulu en avoir le cœur net pour reprendre une expression bien connue qui n’a rien de scientifique et comme certains résultats étaient prometteurs avec des animaux, il a mis en place une étude qui a duré dix années impliquant des dizaines de milliers de patients à qui on avait prescrit des suppléments « alimentaires » ou des placebos. Cette étude révéla le contraire de ce que l’on espérait ! Non seulement les suppléments vitaminiques étaient inefficaces mais une proportion loin d’être négligeable de patients suivis au cours de ces dix années développèrent plus de cancers que les patients examinés avec placebos. Les suppléments alimentaires contenant de la beta-kératine étaient même plutôt favorables au développement de maladies cardiovasculaires et de cancers du poumon.

L’ajout de beta-kératine dans ces potions magiques est d’ailleurs complètement inutile car l’organisme n’a pas besoin de ce produit et on est en présence d’un exemple évident de charlatanisme. La beta-kératine ne se trouve que dans les plumes des oiseaux ou encore les écailles de tortues et nous ne sommes ni des oiseaux ni des tortues. Dans le même genre la gelée royale ne nous fera jamais pousser une paire d’ailes dans le dos mais amincira simplement notre porte-monnaie, nous ne sommes pas des abeilles.

L’acide folique (vitamine B9 ou acide ptéroyl-glutamique) un autre supplément très populaire en médecine « marginale » et censé diminuer l’apparition de polypes intestinaux s’est révélé avoir l’effet inverse. D’après Byers, ce sont les surdosages qui sont en cause car les adeptes des compléments nutritionnels finissent par ne plus croire en la validité de ces derniers alors ils considèrent que quelques milligrammes de ceci ou de cela ne sont pas suffisants et ils endommagent finalement leur santé en s’administrant, sans aucun contrôle médical, des quantité massives, inutiles et toxiques de produits dont la pureté et la qualité ne sont pas non plus contrôlées.

Une posologie adaptée ne peut pas être dangereuse si les produits en question répondent à des critères de qualité adaptés, mais après tout une bonne alimentation équilibrée n’a pas de substitut. Ces travaux ont été présentés au dernier Forum de l’Association Américaine de Recherche sur le Cancer et les conclusions de l’ensemble de la journée consacrée à ces suppléments alimentaires fut que ces derniers sont plus mauvais pour la santé que bénéfiques. Qu’on se le dise …

Source : University of Colorado Cancer Center

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